HISTOIRES SECRÈTES DE L`AMÉRIQUE

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HISTOIRES SECRÈTES DE L`AMÉRIQUE
Lauric Guillaud
HISTOIRES SECRÈTES
DE
L’AMÉRIQUE
Chapitre 1
La quête du paradis terrestre
L
a recherche du paradis terrestre induit le motif du voyage,
deux concepts à la base de l’Amérique mythique. Les
chrétiens croient que le paradis, sauvé du Déluge, existe
quelque part sur terre, même s’il est toujours inaccessible. Mais,
tout autour, des terres ont conservé certains caractères du paradis
terrestre. De cette croyance vont naître de nombreuses légendes
que reflète la géographie médiévale : le royaume du Prêtre Jean,
les Îles Fortunées, l’île de Saint-Brendan, Ophir. Ces croyances
dans l’existence des terres paradisiaques jouent un rôle indiscutable dans les grandes découvertes du XVe et XVIe siècles. Il
s’agit de redécouvrir le paradis perdu, ce « jardin primitif » »,
selon l’étymologie grecque et iranienne, dont l’homme se trouve
exclu, mais qui est néanmoins un lieu « réel », appartenant toujours à l’espace terrestre, même si sa localisation demeure mystérieuse. Pendant tout le Moyen Âge, le topos littéraire du paradis
terrestre est géographique et cartographique, et situé immanquablement à l’orient du monde connu.
Parmi les lieux féériques de l’imaginaire médiéval, l’île joue
un rôle éminent. Dante donne au paradis terrestre les caractéristiques d’une île, et dans le récit de Jean de Mandeville, le
royaume du Prêtre Jean est insulaire. « L’éloignement embellit
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L’invention de l’Amérique
et l’isolement préserve », écrit Jean Delumeau, qui suggère déjà
le potentiel utopique de ces îles.
La réactivation du mythe gréco-romain des Îles Fortunées par
Isidore de Séville correspond à un déplacement topographique
important : ces îles aux jardins enchanteurs sont « situées dans
l’océan, à gauche de la Mauritanie », et non plus en Afrique.
Dans son Ymago Mundi, Pierre d’Ailly précise : « entre le Midi
et le Couchant, proche de l’Occident ». Une mappemonde du
XIIe siècle mentionne des « Îles Fortunées » à l’ouest de l’océan
qui entoure la terre (c’est-à-dire à l’ouest de l’Europe), et l’atlas
catalan commandé par Charles V à la fin du XIVe siècle confirmera la cardinalité occidentale des îles paradisiaques, « du côté
de la main gauche ».
Les Celtes furent toujours hantés par le rêve de lancer des
expéditions vers d’autres mondes féériques et il est probable que
ce peuple se soit réellement mis en mouvement vers l’Ouest,
dans une atmosphère de merveilleux. Les navigations de Maël
Duine, de Bran fils de Fébal (VIIIe siècle) ou de Teigué fils de
Cian mêlent fable et réalité. Dans le voyage de Teigué, les descriptions se rapportent à un rivage boisé, aperçu à l’automne, à
une latitude tempérée. C’est peut-être l’Écosse, ou l’Angleterre.
Peut-être même la côte américaine… On se perd en conjectures
sur l’origine de la tour de Newport, au sud de Boston : serait-elle
l’œuvre de Celtes, bretons ou irlandais, ayant débarqué dans la
région du Cap Cod avant même que ne le fassent les Vikings
aux alentours de l’an 1000 ? Plusieurs sagas islandaises évoquent
le Hvitramannaland, le « pays des hommes blancs », situé non
loin du Vinland. Des marins, comme Ari Marson et Gudleifr
Gudlaugsson, auraient abordé une terre inconnue 1. En 1170,
1 En 963, le Viking Ari Marson est jeté par la tempête sur une côte inconnue, « à l’ouest, près du bon Vinland », raconte le Landnamabok, et, en 967,
Ullman Jarl touche terre à Panuco, dans le golfe du Mexique, avec quelque
sept cents Vikings. Les expéditions norvégiennes au Vinland auront lieu à
partir de l’an 1000.
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La quête du paradis terrestre
d’après d’anciens manuscrits irlandais, le roi du pays de Galles,
Madoc, aurait traversé l’océan et découvert la Grande Terre
de l’Ouest. Après son retour en Angleterre, il y repart avec dix
navires et disparaît. Cinquante ans avant Christophe Colomb,
une charte royale octroie à l’abbaye de Kerity, près de Paimpol, le
droit de percevoir une dîme sur le produit des pêches exécutées
« de l’autre côté de l’océan » (Terre-Neuve). Pourquoi le dialecte
des « Indiens blancs » Tuscaroras, établis au Kentucky, en Caroline et en Virginie, comporte-t-il des mots gaéliques ? Quelle réalité faut-il conférer à ces voyages fantastiques ? Entre paganisme
et christianisme, la motivation du voyage change mais le merveilleux subsiste : on le constate avec la quête de saint Brendan.
La navigation célèbre du moine irlandais saint Brendan
(VIe siècle), qui sera popularisée au XIIe siècle, lui fait découvrir l’entrée du paradis dans une île au large des Canaries. La
« Terre des Bienheureux » se trouve bien à l’ouest, confirmant
le déplacement occidental du mythe édénique qui était situé,
selon les exégètes de la Bible, dans l’ancienne Mésopotamie.
Déjà, « l’utopie » de la Renaissance se profile dans l’imagination
collective : entre 1526 et 1721, quatre expéditions partiront des
Canaries à la recherche de la « Terre promise » de saint Brendan.
La conclusion des navigateurs de la Renaissance – corroborée
par certains auteurs modernes – est que Brendan et son équipage atteignirent les côtes de St. John’s Rivers, en Floride, où
l’Espagnol Ponce de León devait plus tard chercher la fontaine
de Jouvence, mais tout cela n’est peut-être qu’une belle légende.
Pourtant, progressivement, on passe d’une quête de merveilleux
à une réalité, celle des premières grandes navigations.
Les cartes existent, même si elles ont gardé du Moyen Âge la
confusion poétique des lieux réels et chimériques. Antonin de la
Salle, précepteur de Jean d’Anjou, rédige un roman de chevalerie, Le petit Jehan de Saintré (1447), qui contient une carte des
mers nordiques faisant mention du Groenland, quarante-cinq
ans avant la découverte de Colomb. Les itinéraires spirituels
seraient-ils balisés par des prédécesseurs bien réels ?
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L’invention de l’Amérique
Le royaume de Norumbega, qui figurait sur les cartes marines
dès 1529, constituait dans les imaginations une sorte de monde
perdu utopique qu’auraient découvert des explorateurs norvégiens.
D’autres légendes vont par ailleurs se greffer sur le mythe
de saint Brendan, comme celle de l’île du Brasil, du vocable
irlandais « O Brazil » signifiant « Île Fortunée ». Comme le
mythe du moine navigateur, cette légende est enracinée dans
la mythologie celtique. De même, il existe un lien entre l’île de
Saint-Brendan et la légende des Sept Cités : après avoir navigué dans l’Atlantique, sept évêques auraient abordé une île pour
y bâtir sept villes. Cette île, comme celle de Saint-Brendan et
de Brazil, excitera la curiosité des futurs découvreurs avant de
se muer, au XVIe siècle, en « Sept Cités de Cíbola » que les
capitaines et aventuriers espagnols chercheront en vain, dans les
années 1530-1540, à l’intérieur de ce qui devint les États-Unis.
« Du moins découvrirent-ils le Grand Canyon (1540) et atteignirent-ils à la fois les prairies du Kansas par les cours d’eau et
les côtes de l’Oregon par la mer » 2.
Les Sept Cités de Cíbola Nombre de mythes apparurent dans le sillage des expéditions
de Christophe Colomb, dont celui des « cités d’or », quand les
conquistadors se mirent en quête de villes prétendument
gorgées d’or. Un moine franciscain, Marcos de Niza, affirma
avoir découvert l’existence de sept riches cités (qu’on ne
trouva jamais). Par la suite, ce mythe s’agrégea à plusieurs
autres légendes qui marquèrent l’imaginaire collectif, tel le
mythe de l’Eldorado. La légende de Cíbola remonte en fait au
XIIe siècle lorsque sept évêques quittèrent Mérida, investie par
les Maures, afin de mettre à l’abri leurs précieuses reliques. La
2 J. Delumeau, Histoire du Paradis, vol. 1, op. cit., p. 131.
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La quête du paradis terrestre
rumeur courut que les évêques auraient fondé les villes de
Cíbola et Quivira en quelque lieu secret et qu’elles prospérèrent
grâce à l’or et aux pierres précieuses. Plusieurs expéditions
tentèrent de retrouver ces cités mythiques en 1539 et 1540,
mais elles demeurèrent introuvables. Leur quête permit
toutefois d’explorer le sud des États-Unis actuels : ainsi Garcia
Lopez passe-t-il pour avoir été le premier Européen à visiter le
Grand Canyon. Les cités de Cíbola, comme d’autres mythes
semblables, montrent surtout l’invraisemblable soif d’or des
conquistadors qui les conduisit à la folie destructrice !
Deux mythes fameux, ceux d’Ophir et de l’Eldorado,
illustrent pareillement ce va-et-vient fascinant entre imaginaire
et réalité. Le rêve d’un paradis accessible cherchait confirmation
dans la Bible qui attestait l’existence de la cité d’Ophir, dont
les mines du roi Salomon avaient assuré l’opulence. Cette cité
apparaît non seulement sur les cartes médiévales, mais Christophe Colomb, au retour de son deuxième voyage, annonce
qu’il a découvert l’Ophir de Salomon. Au XVIe siècle, Charles
Quint envoie Sébastien Cabot rechercher la terre extraordinaire du Livre des Rois, ce qui va conduire l’explorateur jusqu’au
Paraguay.
Durant tout le XVIe siècle, plusieurs aventuriers (Dalfinger,
Hohermuth, Queseda) partent à la recherche d’une chimère :
l’or du Nouveau Monde. Certaines de ces expéditions, comme
celle de Pedro de Ursua et de Lope de Aguirre, soldats égarés
de l’histoire en quête du pays de l’Eldorado (1560), connaîtront surtout une issue dramatique. Les souvenirs de l’Éden se
dégradent en mirages de richesses purement matérielles.
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L’invention de l’Amérique
L’Eldorado, ou le « roi doré »
L’Eldorado (de l’espagnol el dorado : « le doré ») est, comme
la cité de Cíbola, un lieu mythique censé regorger de richesses
et d’or. Ce mythe, fondé sur les récits de voyage de Orellana
et Carvajal, est apparu vers 1536 dans la région de Bogota et
alimentera pendant près de quatre siècles la fièvre de l’or chez
les conquistadors. Une coutume des Indiens Chibcha semble
être à l’origine du mythe, le chef recouvert de poudre d’or se
baignant dans le lac de Guatavita tandis que des objets d’or
étaient jetés dans l’eau. La légende perdura jusqu’au XIXe siècle
avec les expéditions de Humboldt. Beaucoup se lancèrent à la
découverte de la contrée mythique : Pedro de Ursua organisa
une expédition sur le fleuve Maranon avant d’être tué sur
l’instigation de Lope de Aguirre en 1561. Ce dernier prendra la
tête de l’expédition mais finira par se perdre dans la folie. Sir
Walter Raleigh partira pour la Guyane en 1617 et Charles Marie
de la Condamine descendra l’Amazone en 1743-1744. Dans son
roman utopique Candide (1759), Voltaire utilisera le mythe de
l’Eldorado dans un but philosophique.
Cette transposition dans le Nouveau Monde du mythe
d’Ophir se conclut par une tragédie : même si les Espagnols
découvrent de nouvelles terres, c’est au prix de souffrances horribles. Cette marche vers le paradis terrestre se révèlera une fois
encore une descente aux enfers avec les trois expéditions de
l’Anglais Walter Raleigh (1595, 1596, 1617) qui se solderont
par l’exécution de ce dernier à la tour de Londres. La quête du
paradis est décidément éprouvante.
Cette réélaboration des mythes participe ainsi de l’invention
du Nouveau Monde, où l’âge d’or du passé est réinstauré dans
le présent. La découverte de « l’étrangeté américaine » ouvre
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La quête du paradis terrestre
les portes de l’utopie. « L’invention de l’autre », comme l’écrit
Fernando Aínsa 3, inscrit peu à peu l’Amérique dans un espace
idéal offrant une « réalité alternative possible ». La quête des
utopies géographiques, cet élan que l’on trouve à la base des
grandes navigations, polarise l’énergie exploratoire vers l’Ouest.
Le mythe devient certitude. Aínsa affirme ainsi que l’Amérique
fut « une région désirée avant d’être trouvée », car « déjà recherchée de tous côtés, avant d’être un fait prouvé, elle est d’abord
un pressentiment à la fois scientifique et poétique ». Ainsi se
fait jour une notion fondamentale : la découverte de l’Amérique
ne doit rien au hasard, mais tout à la Providence. L’Europe la
découvre parce qu’elle la requiert. L’Amérique est dé-couverte au
moment opportun.
On lit déjà en pointillés le concept de « Destin manifeste » qui
sera défendu par les Américains au XIXe siècle. Paradoxalement,
la foi dans le Nouveau Monde se fonde sur son côté originel,
ou original, offrant une nouvelle source d’images archaïques.
L’imaginaire européen trouve dans cette Terre promise la confirmation de ses chimères comme le jardin des Hespérides – nymphes du couchant que les Grecs situaient à la limite occidentale
du monde – ou bien l’Âge d’or – promesse au Moyen Âge d’un
avenir paradisiaque. Sur le futur du Nouveau Monde se projette
la nostalgie collective de l’Ancien qui voit dans la découverte de
l’Amérique la répétition cyclique d’un temps perdu retrouvé.
Le voyage peut être un moyen d’élucider mythes et légendes.
Au XVIIe siècle, le père Yves d’Évreux qui remonte un fleuve du
Brésil compare les femmes guerrières des Indiens Tapinambos
aux Amazones antiques. On nommera le fleuve « Amazone »,
et Humboldt, deux siècles plus tard, se demandera si l’origine
du mythe n’est pas l’Amérique. Amérique, terre privilégiée du
chassé-croisé entre rêve et réalité…
3 F. Ainsa, « La découverte de l’autre et l’invention de l’utopie », L’Invention
de l’Amérique, Europe, n° 756, avril 1992.
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L’invention de l’Amérique
« Les Espagnols, écrit Claude Lévi-Strauss, ne sont pas tant
allés acquérir des notions nouvelles que vérifier d’anciennes
légendes : les prophéties de l’Ancien Testament, les mythes
gréco-latins comme l’Atlantide et les Amazones ; à cet héritage
judéo-latin s’ajoutent les légendes médiévales comme L’Empire
du Prêtre Jean et l’apport Indien : L’Eldorado et la Fontaine de
Jouvence » 4.
4 C. Lévi-Strauss, cité par F. Ainsa, art. cit., p. 50.
Chapitre 2
L’étrange quête de Christophe Colomb
L
e cinquième centenaire de la découverte de l’Amérique
a été l’occasion de réévaluer Christophe Colomb (14511506), l’homme et sa quête. Curieusement, une multitude
de livres publiés sur la question, loin d’éclairer le personnage,
semble avoir brouillé les pistes, ravivant les polémiques à propos
de la nationalité de Colomb, sa véritable identité, ses étranges
croyances et la motivation profonde de ses quatre voyages.
Chez Colomb, tout paraît appeler le mythique : le flou de ses
origines, sa vie pareille à un parcours initiatique, sa destinée courageuse et mystérieuse. Ajoutons à cela le paradoxe de sa « découverte » – qui n’en fut pas une – et l’ingratitude de l’histoire qui
fit que l’Amérique porte le nom de son rival, Amerigo Vespucci 1.
1 En fait, l’origine du mot « Amérique » est incertaine. On trouve le nom dès
1507 sur une carte, montrant que le nom a été accepté d’emblée par les géographes, peut-être parce qu’il est déjà très répandu. Il peut s’agir d’une adaptation, par les premiers explorateurs, de noms de lieux indigènes rencontrés sur
les côtes du Brésil, de la Guyane et du Venezuela. Les variantes comprennent
Amaracao, Maracaïbo, Emeria et Amaricocapana. Il peut aussi provenir des Amérindiens qui, à la vue des Européens, ont eu tendance à les considérer comme
des êtres supérieurs, employant des mots tels que Tamaraca, Tamerka et Maraca.
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L’invention de l’Amérique
Christophe Colomb
Colomb, indissolublement lié à sa « découverte » de 1492, est tout entier un symbole
pour l’histoire de l’Occident, celui de la
naissance des temps modernes et de la colonisation. Tout se passe comme si l’homme
Colomb était dématérialisé au profit d’un
statut certes mythique, mais ambigu.
Les multiples zones d’ombres dans la biographie de Colomb
ont donné naissance à des thèses contradictoires sur son lieu de
naissance, sa famille et sa religion. Pas moins de quatorze pays
se disputent son berceau originel. On fait de l’aventurier un juif
secret ou un pur catholique, un illuminé ou un fin politique, un
millénariste ou un réaliste. On ignore enfin jusqu’à l’emplacement de sa tombe.
Homme à multiples facettes, Christophe Colomb est avant
tout un érudit et un homme de croyance, à la frontière de deux
temps et de deux mondes. Dès son arrivée au Portugal en 1476,
Cristoforo Colombo, qui se fera appeler Colon à partir de
1485, est saisi par le problème de la possibilité d’atteindre l’est
par l’ouest. Il fallait fonder ce projet, écrit Michel Lequenne,
« sur l’acquisition de tout le savoir hérité de l’Antiquité, via
les Arabes et les Byzantins, et tant bien que mal enrichi par les
clercs et les livres des voyageurs modernes » 2. Colomb a un livre
de chevet, l’Ymago Mundi de Pierre d’Ailly, où ses commentaires en marge indiquent clairement les buts du voyage : « Le
paradis terrestre est l’endroit le plus agréable de l’orient éloigné
par terre et par mer de notre monde habitable […]. Une partie
de notre terre habitable se termine au soleil levant par une terre
inconnue. Au midi par une terre inconnue. Au couchant par
2 M. Lequenne, Le Livre des Prophéties de Christophe Colomb, Grenoble,
Jérôme Millon, 1992, p. 6.
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L’étrange quête de Christophe Colomb
une terre inconnue » 3. Colomb ne sera pas le seul à ressentir
cet éblouissement de l’Éden matérialisé. Amerigo Vespucci, évoquant la nature sud-américaine (1499-1502), affirmera : « En
moi-même je pensais être près du paradis terrestre » 4.
Un événement extraordinaire semble avoir convaincu
Colomb de la possibilité de traverser l’Atlantique. Dans les
années 1470, un groupe d’Amérindiens, deux au moins, peutêtre plus, atteignirent les côtes d’Irlande à Galway Bay. Selon
J. D. Forbes, « cet événement considérable marque le début
des temps modernes puisque c’est précisément à cause de ce
fait majeur que Colomb acquit la certitude absolue qu’il pourrait naviguer vers l’ouest vers Cathay (Katayo ou la Chine) et
l’Inde » 5.
Dans l’Historia rerum ubique gestarum de Piccolomini, le futur
pape Pie II, Colomb écrivit en marge : « Des gens de Katayo se
sont dirigés vers l’Est. Nous avons vu des choses remarquables,
précisément à Galway, en Irlande, un homme et une femme ».
Un traducteur précise : « un homme et une femme de grande
taille dans des barques en dérive » 6. Il est probable que Colomb
visita Galway en 1476-1477, lors de son périple vers le Nord
(Thulé ou l’Islande) et qu’il vit ces « Américains », ce qui l’incita
à préparer son voyage vers l’Ouest.
L’élite intellectuelle de l’époque semble fascinée par les terres
dites paradisiaques. Le premier historien de l’Amérique, Pierre
Martire d’Anghiera, parlera de « terre élyséenne » pour décrire
le Venezuela actuel, et le père Rui Pereira écrira, en 1560 : « s’il
existe un paradis sur terre, je dirai qu’il se trouve maintenant
3 Cité par Y. Vadé, « Du Paradis perdu aux enfers égarés », Mondes Perdus,
Modernités, n° 3, Presses Universitaires de Bordeaux, 1991, pp. 28-29.
4 Cité par J. Delumeau, Une Histoire du paradis, vol. 1, op. cit., p. 146.
5 J. D. Forbes, The American Discovery of Europe, Urbana & Chicago, University of Illinois Press, 2007, p. 5.
6 Ibid., pp. 6-10.
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L’invention de l’Amérique
au Brésil ». L’Amérique intertropicale, par son climat, ses fruits
exceptionnels (les « fruits de la passion », au nom mythique),
ses « oiseaux de paradis » (perroquets) ou encore ses pierres précieuses (l’émeraude, symbole de vie éternelle), évoque une terre
bénie, antérieure au péché originel. Les Indiens eux-mêmes
seront dotés d’une longévité quasi biblique, vivant dans un
« état d’innocence » adamique – « leur naïveté originelle », dira
Montaigne dans ses Essais.
Les premières lettres de Colomb décriront la bonté naturelle
des habitants de ce paradis qui ignore convoitise et propriété
privée. En 1584, les colons envoyés par Sir Walter Raleigh en
Caroline du Nord trouveront que le pays est « le plus riche,
le plus agréable, le plus fertile et le plus salubre qui se puisse
trouver au monde », avec des indigènes « qui vivent encore à
l’âge d’or ». Plus tard, ce thème donnera naissance au mythe du
« bon sauvage » car la beauté physique et la nudité adamique des
Indiens devaient aller de pair avec une noble nature.
Très tôt, Colomb intègre à sa conception du monde terrestre
l’emplacement du paradis terrestre dans l’Extrême-Orient équatorial, convaincu du lien existant entre la découverte des terres
« cachées » et la réalisation de l’histoire universelle. La découverte
de 1492 est précédée d’une gestation à la fois cosmographique
et religieuse. Colomb découvre chez Silvio Piccolomini, le futur
pape Pie II, la base de ses calculs sur la fin des temps, lesquels
apparaîtront dans son Livre des prophéties, ouvrage fondamental
pour décrypter une entreprise aussi mythique que matérielle.
« Les grandes actions de mon père eurent pour premier principe une influence mystérieuse » 7, écrira le fils de Colomb, Fernando, renforçant l’aspect énigmatique de la motivation réelle
du navigateur. Colomb se présente comme un nouveau Jason en
quête d’une Toison d’or géographique, qui aspire à poursuivre
au-delà de Thulé, limite provisoire de l’univers.
7 Cité par J.-J. Bossa, Christophe Colomb, marin corse, grand initié, Buchet/
Chastel, Paris, 1992, p. 16.
32
L’étrange quête de Christophe Colomb
Thulé ou le bout du monde
L’explorateur grec et massaliote Pythéas (4e siècle av. J.-C.)
donna le nom de Thulé à une île qu’il présenta comme la plus
septentrionale d’Europe, à six jours de navigation du « pays des
Pictes » (l’Écosse). Lieu mythique pour les Grecs et les Romains,
Thulé figure dans l’Enéide de Virgile. Il est généralement admis
que l’Ultima Thulé désignait la Scandinavie et peut-être l’Islande
ou le Groenland. Sa position extrême lui conférait une espèce
d’absolu indépassable, proche de l’idée de bout du monde.
Au XXe siècle, les mouvements pangermanistes et pré-nazis
associèrent Thulé au continent mythique d’Hyperborée qu’ils
considéraient comme le berceau de la race aryenne.
Il est vrai que Colomb écrira : « L’an 1477, au mois de février,
je poussais en naviguant jusqu’à cent lieues au-delà de l’île de
Thulé ». Dans ses Prophéties, Colomb reproduira la fameuse
citation de la Médée de Sénèque : « Viendra le temps […] où la
mer océane brisera ses chaînes ; et une vaste terre se révélera aux
hommes lorsqu’un marin audacieux qui se nommait Tiphé et
fut guide de Jason découvrira un nouveau monde ; et alors Thulé
ne sera plus ». Il est clair que Colomb s’applique à lui-même
cette prophétie et qu’il s’identifie au pilote des Argonautes, nouveau David espéré par les millénaristes. Préoccupé par la reconquête de Jérusalem, Colomb s’affirme prophète du Nouveau
Monde. La quête du bout du monde indique aussi une volonté
de maîtriser le temps. Colomb veut non seulement atteindre la
fin des terres mais la fin des âges. La boucle spatiale définie par
le voyage de Colomb – il part à l’ouest pour atteindre l’est –
coïncide aussi avec une boucle temporelle – celle du début et de
la fin des temps.
Colomb souhaite ouvrir le monde à l’Évangile en réalisant la prophétie biblique du second avènement du Christ. Il
33
L’invention de l’Amérique
connaît les aspirations millénaristes des franciscains. Au terme
de son troisième voyage (1498-1500), Colomb comprend qu’il
a découvert un nouveau continent et croit y trouver le paradis.
Il trouve un fleuve, l’Orénoque, qu’il assimile à l’un des quatre
fleuves du paradis :
Je suis convaincu que là est le paradis terrestre, où personne ne peut
arriver si ce n’est par la volonté divine […]. Je ne conçois pas que le paradis terrestre ait la forme d’une montagne abrupte, comme les écrits à son
propos nous le montrent, mais bien qu’il est sur ce sommet […]. Ce sont
là de grands indices du paradis terrestre, car la situation est conforme à
l’opinion qu’en ont lesdits Saints et savants théologiens. Et les signes sont
très sûrs eux-mêmes, car je n’ai jamais lu, ni ouï dire, que pareille quantité d’eau douce fût ainsi à l’intérieur de l’eau salée et voisinant avec elle.
De même vient à l’appui de cela la très douce température. Et si ce n’est
pas du paradis que cette eau descend, cela me paraît une plus grande merveille encore parce que je ne crois pas que l’on connaisse au monde fleuve
si grand et si profond. 8
C’est donc la main de Dieu qui a mené Colomb jusqu’à la
Nouvelle Jérusalem. Cette conviction est fondée sur la volonté
d’accomplir la prophétie de la diffusion évangélique avant la
fin du monde, imminente selon lui. Ainsi Colomb déclara-t-il
au prince Jean en 1500 : « Notre Seigneur m’a fait le messager
d’un nouveau ciel et d’une nouvelle terre, dont Il avait parlé
dans l’Apocalypse de saint Jean, après avoir parlé par la bouche
d’Isaïe ; et Il m’a montré le lieu où le trouver… ». 9
Colomb, voyageur visionnaire, accorde une signification
eschatologique à ses découvertes. La fin des temps serait « précédée par la conquête du nouveau continent, la conversion des
8 Cité par Y. Vadé, « Du Paradis perdu aux enfers égarés », Mondes Perdus,
Modernités, n° 3, Presses Universitaires de Bordeaux, 1991, pp. 29-30.
9 Cité par M. Eliade, La Nostalgie des Origines, op. cit., p. 153.
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L’étrange quête de Christophe Colomb
païens et la destruction de l’Antéchrist », affirme-t-il dans ses
Prophéties. C’est dans une atmosphère messianique et apocalyptique que vont se dérouler les expéditions transocéaniques.
« Partout en Europe, écrit Mircea Eliade, on croyait à une régénération imminente du monde ; on croyait que les temps étaient
venus de renouveler le monde chrétien, et le vrai renouveau était
le retour au paradis terrestre ou, tout au moins le recommencement de l’Histoire sacrée, la réitération des événements dont
parlait la Bible ».
Le rêve de Colomb est donc d’évangéliser le monde. L’empreinte de l’Ancien Testament, profonde en Colomb, a pu être
interprétée par son judaïsme supposé, jamais démontré, malgré
les efforts de Simon Wiesenthal 10. Il est indéniable que Colomb,
qui fréquentait de nombreux juifs ou « conversos » (juifs convertis au catholicisme), était lui-même proche des grands prophètes
juifs, et qu’il choisit pour l’accompagner Rodrigo de Jerez, un
juif converti qui connaissait l’hébreu et l’araméen, « les langues
que devaient parler les habitants de la Terre promise, de l’Éden
retrouvé » 11. Est-ce pour cela, comme le croit Wiesenthal, que
Colomb est à la recherche des Dix tribus perdues d’Israël ? Cela
reste à démontrer, d’autant que le voyageur semble imprégné
davantage de franciscanisme que de judaïsme.
Il demeure que la quête de Colomb s’accomplit sous l’égide
de l’Ancien Testament, et il faut y voir le signe durable de l’enracinement des idéaux bibliques dans la future société américaine,
dominée par le Dieu de justice. La croyance dans l’existence
des Tribus perdues d’Israël commence dès 1498 avec Annius
qui rapprocha les Indiens des tribus bibliques – croyance qui va
perdurer jusqu’au XIXe siècle avec Joseph Smith, fondateur des
mormons.
Proche des milieux initiatiques, Colomb était instruit des
enseignements cabbalistiques mais aussi templiers. La création
10 S. Wiesenthal, Les Voiles de l’Espoir, Paris, Robert Laffont, 1992.
11 J. Servier, Histoire de l’Utopie, Paris, « Idées » Gallimard, 1967, P. 123.
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L’invention de l’Amérique
en 1379 de la Milice du Christ, au Portugal, pour remplacer
l’ordre déchu du Temple, correspond à « une vocation de découvertes maritimes transposables sur le plan spirituel » selon A.
Faivre 12. Le beau-père de Colomb, grand maître de la confrérie,
aurait fourni au navigateur des cartes maritimes, propriété des
Templiers, favorisant ainsi son entreprise d’exploration, ce qui
expliquerait la figuration de la croix templière sur les voiles de
la Santa Maria. D’après la thèse de Jacques de Mahieu, les Templiers seraient apparus au Mexique dans les dernières années du
XIIIe siècle et auraient importé de l’argent en Europe en abondance, d’où l’énigmatique fortune de l’ordre. Grâce aux héritiers
du Temple, Colomb aurait pu se procurer la carte du « Nouveau
Monde » et refaire le périple des Templiers. Mais quelle est, au
juste, la signification de la croix pattée sur les voiles des navires ?
« Est-ce là un simple témoignage de reconnaissance à l’égard de
l’Ordre […] ? Ou bien les armateurs de ces vaisseaux sont-ils,
à l’époque des grandes découvertes, obligatoirement affiliés au
nouveau Temple, comme l’étaient, à celle de la construction des
cathédrales, les Enfants de Salomon à l’ancien ? », se demande
Jacques de Mahieu 13.
Ces questions sont sans réponse, et la thèse d’une « conspiration Colomb » destinée à recouvrer le Graal paraît relever du
film d’aventures à la Spielberg. Et pourtant, que d’éléments
mythiques dans l’aventure de Colomb, dont le nom même
semblait le prédestiner à sa quête : Christophe est le saint qui
porta Jésus-Christ au milieu des eaux, et « Colomb » évoque
« la colombe allant offrir le Saint-Esprit à tant de nations du
Nouveau Monde qui s’ignoraient comme s’ignorait le Sauveur
lui-même avant que la colombe ne fût venue, au jour de son
12 A. Faivre, Accès de l’ésotérisme occidental, Paris, Gallimard, 1986, p. 126.
13 J. de Mahieu, Les Templiers en Amérique, Paris, J’ai Lu n° 2137, 1989,
p. 203.
36
L’étrange quête de Christophe Colomb
baptême, lui apprendre qu’il était le fils de Dieu » 14. Jusqu’à son
nom qui évoque, cette fois tragiquement, le phénomène de la
colonisation, signe de la fin pour nombre d’Indiens, et signe de
départ pour la civilisation occidentale.
Christophe Colomb incarne excellemment ce que Mircea Eliade nomme la « nostalgie des origines », celle du paradis primordial. Obsédé par la géographie mythique, Colomb
le chrétien se sent « constitué essentiellement par l’histoire des
ancêtres » 15. A-t-il songé à se donner à lui-même un statut de
messie eschatologique ? C’est peu probable car il reste fidèle au
millénarisme officiel, celui des souverains espagnols. D’ailleurs,
Colomb va faire des Espagnols un nouveau peuple élu prêt à
investir une nouvelle Terre promise, l’Amérique. « L’histoire de
l’Amérique a commencé avec le millenium », écrit L. I. Sweet
qui ajoute : « Désormais, les études sur le millénarisme dans
l’histoire américaine doivent commencer non avec l’Ancienne
ou la Nouvelle Angleterre, mais avec l’Espagne, non avec Winthrop à bord de l’Arabella, mais avec Christophe Colomb à bord
de la Santa Maria ». 16
Le rêve millénariste de Christophe Colomb se retrouvera
dans les premières révolutions bourgeoises des protestants,
ceux-là mêmes qui bâtiront la future Amérique. Croisade religieuse, la mission est aussi utopique. Les yeux tournés vers les
commencements béatifiques, Colomb ouvrit les portes des
temps modernes aux futurs « colons », à la fois aventuriers et
évangélisateurs, qui fonderont les États-Unis, une Bible d’une
main, l’Utopie de More de l’autre.
14 Fernando Colomb, cité par J.-J. Bossa, Christophe Colomb, marin corse,
grand initié, op. cit., p. 135.
15 M. Eliade, Mythes, rêves et mystères, Paris, « Idées », Gallimard, 1957, p. 58.
16 Cité par J. Delumeau, Mille ans de bonheur, op. cit., p. 229.
Chapitre 3
Les utopies
L
es prophéties ne sont pas seulement issues de la Bible,
mais aussi de la tradition hermétique qui va produire,
à la Renaissance, le mythe de l’utopie, grâce à Thomas More (1478-1535) en 1516. Cet isolat hiérarchisé, aux
cités géométriques, qui prône déjà la tolérance religieuse et
le principe de raison appliqué aux lois, est une exhortation
à la réforme. Le rêve utopique coïncide avec la conquête du
Nouveau Monde et, notamment, la découverte du monde des
Incas. L’Empire inca, tel qu’il était apparu aux conquistadores,
était un monde rationnel, géométrique, construit au début du
XVe siècle par le « Réformateur du Monde » 1, l’Inca Yupanki,
sans doute le fondateur du premier État totalitaire vers lequel
se tourna l’Occident.
Thomas More avait connaissance des lettres d’Amerigo
Vespucci. Le marin que l’écrivain nomme Raphaël Hythlodée (c’est-à-dire « professeur ès-sornettes »), et dont le récit
constitue la majeure partie de l’Utopie, n’a pas seulement
« navigué comme Ulysse voire comme Platon » ; il s’agit d’un
matelot portugais qui s’attacha à la personne et à la fortune de
1 J. Servier, op. cit., p. 141.
39
L’invention de l’Amérique
Vespucci. Le lien semble clair avec le monde des grandes
navigations.
Le continent américain, par ses territoires vierges, fournit
un modèle alternatif qui n’est plus seulement mythique, mais
rationnel. Nostalgie et réforme s’allient pour l’élaboration d’une
société juste et égalitaire qui s’oppose aux sociétés de l’époque.
Dans cette Terre promise à l’ouest, l’homme succombe à la tentation démiurgique : il veut bâtir de ses mains la cité de Dieu,
loin de l’Europe corrompue.
L’utopie a beau se situer « nulle part » (« U-topos »), elle
répond à un ailleurs bien réel : l’Amérique en devenir. À la lecture de l’Utopie, on est déjà frappé par les étranges similarités
avec l’Amérique d’aujourd’hui. Il s’agit pour More de jeter par
terre la vieille société et d’organiser le plan d’une vie sociale nouvelle, dont Platon avait rêvé quinze siècles plus tôt.
L’éducation est publique, toutes les croyances sont respectées, la justice prévaut grâce à la toute-puissance des magistrats,
la religion sanctionne la morale, glorifie la science et s’identifie
avec elle 2, partout l’on vénère la fraternité, l’amour de l’ordre et
du travail, le dévouement à la patrie, le mépris du luxe. L’utopien, modeste dans sa vie privée, insolemment fier de la supériorité de son pays et dédaigneux des autres nations, préfigure
déjà l’Américain de demain. Comme l’Américain vis-à-vis des
Amérindiens, il a dû asservir une population indigène pour
asseoir son pouvoir : « Le conquérant eut assez de génie pour
humaniser une population grossière et sauvage, et pour en former un peuple qui surpasse aujourd’hui tous les autres en civilisation ». L’identité règne sur l’île, à l’image des cinquante-quatre
villes bâties sur le même plan géométrique – caractéristique de
la majorité des futures villes américaines.
2 T. More, L’Utopie, in Voyages aux pays de nulle part, Paris, Bouquins,
R. Laffont, 1990, p. 118.
40
Table des matières
Introduction : La destinée de l’Amérique.................................... 7
Première partie : L’invention de l’Amérique............................. 19
Chapitre 1 - La quête du paradis terrestre..................................... 21
Chapitre 2 - L’étrange quête de Christophe Colomb..................... 29
Chapitre 3 - Les utopies............................................................... 39
Chapitre 4 - Le poids de la Réforme............................................. 55
Deuxième partie : Du cauchemar de Jamestown
à l’utopie puritaine.................................................................. 63
Chapitre 5 - Le naufrage du grand rêve :
Roanoke et Jamestown................................................................. 65
Chapitre 6 - L’utopie puritaine, un Éden retrouvé ?...................... 83
Une épopée mystique................................................................. 83
Les héros oubliés....................................................................... 90
Une foi intellectuelle................................................................. 92
Chapitre 7 - L’Éden retrouvé........................................................ 95
La Cité sur la colline................................................................. 95
Un homme nouveau pour un monde nouveau.......................... 102
De la pastorale à l’utopie politique........................................... 106
Chapitre 8 - La théocratie puritaine............................................ 111
Le contrat social calviniste....................................................... 111
Fissures dans la maison puritaine............................................. 118
Chapitre 9 - Morton ou l’antipuritanisme.................................. 127
Le nouveau Canaan alternatif................................................. 127
Un mythe subversif................................................................. 131
461
Table des matières
Chapitre 10 - L’autre voie........................................................... 137
Magie et hermétisme en Amérique........................................... 137
Johannes Kelpius, ou le millenium en Pennsylvanie................... 148
Troisième partie : L’Amérique maçonnique............................. 155
Chapitre 11 - Petit survol historique de la franc-maçonnerie :
de l’opératif au spéculatif.............................................................. 159
Chapitre 12 - La franc-maçonnerie américaine........................... 169
Les premiers francs-maçons américains..................................... 169
Vers l’insurrection................................................................... 174
La guerre d’Indépendance........................................................ 179
Les étranges missions de Franklin à l’étranger............................ 184
Les Français dans la guerre...................................................... 195
De la Déclaration d’indépendance à la Constitution................. 204
Chapitre 13 - Les symboles mythiques de l’indépendance.......... 211
George Washington, personnage mythique................................. 211
Le premier drapeau américain................................................. 222
Le symbolisme du Grand Sceau............................................... 223
Indépendance et Providence..................................................... 229
Chapitre 14 - L’architecture maçonnique.................................... 237
Chapitre 15 - Les Amérindiens, fondateurs oubliés ?.................. 243
Chapitre 16 - L’expédition Lewis et Clark.................................. 251
Quatrième partie : L’Amérique sectaire.................................. 265
Chapitre 17 - Les premières communautés utopiques................. 269
Les Mères : les shakers et l’Amie publique.................................. 272
Les « naïfs » : les rappites......................................................... 278
Séparatistes et inspirationnistes................................................ 279
Chapitre 18 - Le socialisme utopique......................................... 283
Le millénarisme socialiste de Robert Owen............................... 285
Les phalanstères de Fourier...................................................... 288
La nouvelle Icarie d’Étienne Cabet.......................................... 290
462
Table des matières
Chapitre 19 - Les nouveaux messies............................................ 293
Les « dissidents » : John Thomas et Thomas Lake Harris............ 293
Oneida, ou l’amour libre......................................................... 296
Les mormons.......................................................................... 299
Les adventistes, ou l’attente déçue............................................. 305
Chapitre 20 - Les sectes intellectuelles et métaphysiques............. 309
Les transcendantalistes............................................................ 310
La théosophie......................................................................... 315
La Nouvelle Pensée................................................................. 326
Les adeptes de la Terre creuse.................................................... 330
Chapitre 21 - Sectes, sociétés secrètes et politique....................... 339
La famille Adams................................................................... 340
Abraham Lincoln et P. B. Randolph......................................... 343
Le Ku Klux Klan.................................................................... 350
L’évolution de la franc-maçonnerie........................................... 363
Skull and Bones...................................................................... 383
La ghost dance et la fin d’une Amérique................................... 389
Chapitre 22 - Un XIXe siècle d’ombre et de lumière................... 403
Cinquième partie : Du XXe au XXIe siècle.............................. 411
Chapitre 23 - Les mouvements noirs.......................................... 415
Chapitre 24 - De la beat generation au New Age.......................... 419
Chapitre 25 - Les dérives sectaires et le début du terrorisme..........429
Chapitre 26 - L’essor du fondamentalisme.................................. 433
Chapitre 27 - La montée du communautarisme
et le retour des puritanismes....................................................... 439
Conclusion : L’Amérique à la croisée des chemins.................... 449
Bibliographie sélective.......................................................... 455