HISTORIQUE DES GRADES DE SAGESSE DU RITE FRANÇAIS
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HISTORIQUE DES GRADES DE SAGESSE DU RITE FRANÇAIS
HISTORIQUE DES GRADES DE SAGESSE DU RITE FRANÇAIS Pierre DAUDON 11 juin 2014 L'historique des « Grades de Sagesse » ou « Hauts Grades » du Rite français est étroitement lié aux trois grades des Loges bleues dont ils constituent le prolongement. Le grade de Maître, apparu entre 1725 et 1730, inconnu d'Anderson en 1723, est d'une nature nouvelle, s'éloignant des grades du "métier", faisant de la légende d'Hiram le fondement de l'enseignement Maçonnique. L'histoire de ce grade se situe déjà dans l'origine des « Hauts Grades » dont il est le premier d'entre eux selon Roger Dachez et la majorité des historiens. Leur création tient son origine entre l'Angleterre et la France et se situe entre 1720 et 1740. Le 24 juin 1745 les statuts de la RL Saint Jean de Jérusalem révèlent l'existence du premier système de hauts grades pratiqués dans la Loge du Comte de Clermont à Paris. En 1773, la réforme de la Première Grande Loge de France aboutit à sa transformation en Grand Orient de France pour l'administration des Loges Bleues. La question des Hauts Grades restait en suspens. Le Grand Orient constitua en son sein une commission des Hauts Grades dès 1773 dont l'activité fut assez modeste pour aboutir à la création de la Chambre des Grades en 1782. Son règlement précise qu'elle s'occupera de la rédaction des Grades au-delà des trois Grades Symboliques et que le Grand Orient de France ne s'occupera que des trois premiers Grades. er La 121 ème assemblée du GO élit le 1 février 1782 les Frères constituant cette assemblée la première réunion de la Chambre des Grades se tenant le 19 février 1782. Dans sa deuxième séance du 5 mars 1782, le frère Orateur Roëttier de Montaleau propose d'étudier les grades existants selon l'ordre analytique connu et d'y mettre un peu d'ordre sans créer un nouveau système. En effet les Hauts Grades sont présentés comme un véritable fouillis avec appellations multiples et grades atypiques renvoyant à l'alchimie ou à la magie. ème A sa 21 assemblée le 4 février 1783, la Chambre des Grades aura examiné 38 Hauts Grades sans résultat ,ne pouvant mener à bien aucune rédaction au-delà des trois grades symboliques.2 Le 2 février 1784 est publiée une circulaire annonçant que les sept Souverains Chapitres Rose Croix s'associent pour former le Grand Chapitre Général de France. La Maçonnerie des « Hauts Grades » de France vient d'être constituée avec règlement et statuts qui sont arrêtés le 19 mars 1784. Roëttier de Montaleau, Salivet, Graffin, Million et Oudet en sont les principaux animateurs. Les « Hauts Grades »ou Grades de Sagesse seront constitués de 5 Ordres, les 4 premiers correspondant à la pratique traditionnelle des Chapitres de l'époque et pour des raisons pratiques, chacun des Grades sera résumé dans un Ordre qui reprendra l'essentiel des enseignements et la forme la plus traditionnelle de la famille de grades qu'il représente. Il est décidé de fixer un rituel pour chacun des Ordres réunis sous le nom de Régulateur des Chevaliers Maçons publié au début du XIX ème siècle. Les quatre « Grades de Sagesse » sont Elu Secret, Grand Elu Ecossais, Chevalier d'Orient ème et Souverain Prince Rose Croix, le 5 Ordre étant un grade de type académique. L'une des caractéristiques de l'Ordre d'Elu Secret, adopté le 10 juillet 1784, qui se situe dans le prolongement du grade de Maître et de la symbolique de l'Elu des Neuf est son refus des abus de mise en scène sanguinaire auxquels avaient donné lieu certains grades d'Elu du XVIII ème siècle. Le deuxième Ordre ou Grand Elu Ecossais, adopté le 18 décembre 1784, se trouve être la juxtaposition de deux grades : l'Ecossais ou Parfait Maître Anglais et l'Ecossais de Perfection intégrant des procédures inhabituelles de purification. Le troisième Ordre ou Chevalier d'Orient, adopté le 19 mai 1785, restera jusqu'au début du XIX ème siècle l'archétype du grade chevaleresque. Le quatrième Ordre ou Souverain Prince de Rose Croix, adopté en 1786, n'a pas suscité de débats au sein du Grand Chapitre Général car il représente un rituel assez stable au XVIII ème siècle. Par ailleurs la constitution du Grand chapitre général de France par les sept Souverains Chapitres Rose Croix sous-entend que cet Ordre était la clef de voûte du système. Quant au Cinquième Ordre, son rôle est double. D'un côté, il s'agit d'un ordre académique chargé d'étudier et de conserver" tous les grades physiques et métaphysiques et tous les systèmes ". De l'autre, il constituera le bureau de correspondance du Comité du Grand Chapitre Général de France comme le précise le règlement fixé en date du 19 mars 1784 dans son article 29. Bien que les comptes-rendu de cet Ordre aient été considérés comme perdus, les allusions faites dans les procès-verbaux qui ont subsisté attestaient de cette double activité. Les archives Russes provenant de la spoliation des archives françaises par les nazis entre 1940 et 1944, restituées au Grand Orient de France en 2000 permirent de découvrir fortuitement « les cahiers de procès-verbaux des réunions du Vème ordre du 24 avril 1784 au 4décembre 1787 », confirmant son existence. Tout en normalisant les rituels, le Grand Chapitre Général de France continua à réunir et fédérer les ateliers des « Grades de Sagesse » du royaume avec la mise en place d'une véritable administration .Entre 1784 et 1787, il réunira soixante souverains chapitres en France et dans les Colonies. Mais le développement du Grand Chapitre Général de France (GCGF) provoqua quelques remous au sein du Grand Orient qui redouta de se voir imposer la " loi des Hauts grades "! Deux événements vont alimenter la polémique entre le GCGF et le Grand Orient : l'apparition du Dr Gerbier avec une vraie fausse patente de 1721 prétendant être la seule autorité légitime au sein des chapitre Rose Croix .Puis une patente délivrée par la Grande Loge Provinciale de l'Ordre Royal d'Ecosse d'Hérédom de Kilwinning à deux loges dissidentes , l'"Ardente Amitié"(Rouen) et " Le Choix " (Paris) offrait la concurrence d'une patente antérieure authentique et bien réelle pour la pratique du Grade de Rose Croix. ème Finalement, lors de sa 167 séance plénière du 17 février1786, le Grand Chapitre général de France et Grand Orient décident de se rapprocher " dans la paix et l'harmonie" ce qui sera adopté le 5 décembre 1788 le Grand Chapitre Général de France devenant le er Souverain Chapitre Métropolitain le 1 juin 1787 soit deux ans avant la Révolution. Ce n'est qu'en 1796 que le Grand Orient renaîtra de ses cendres sous l'impulsion de Roëttier de Montaleau ayant assuré la sauvegarde des archives qui, ainsi, échapperont à la tourmente Révolutionnaire. Grand Chapitre Général et Ordres renaissent sous le premier Empire avec une forte concurrence du REAA créé le 24 juin 1801à Charleston au Etats-Unis (suivant une patente détenue par Etienne Morin des autorités Françaises depuis 1761 et Anglaises depuis 1763) et de la Grande Loge Générale Ecossaise de France qui tiendra sa première séance le 27 octobre 1804. Grand Orient de France et Grande Loge Ecossaise fusionneront le 3 décembre 1804 selon la volonté de l'Empereur Napoléon Ier, semant la confusion au sein du Grand Chapitre er Métropolitain contraint, à partir du 1 juin 1820 de tenir ses tenues de façon alternative au Rite Français et Ecossais. La Restauration sera plus favorable au REAA, pourtant très minoritaire, son Grand Commandeur le duc Elie Decazes étant par ailleurs ministre de Louis XVIII. ème Le fait de faire commencer les « Hauts Grades » du REAA au 18 degré (Rose Croix) ème place le début du parcours écossais à la suite du 5 Ordre comme si les Hauts Grades écossais venaient après ceux du Rite Français et leurs étaient supérieurs! En 1858, le Grand Orient de France procédera à une profonde réforme de ses rituels portant le nom de "réforme Murat" du nom de son Grand Maître sous l'autorité duquel ils auront été rédigés. ème ème Les quatre Ordres antérieurs seront remplacés par les 18 , 30 ème, 32 ème et 33 grades du REAA marquant ainsi le début du déclin des « hauts Grades « ou « Grades de Sagesse » du Rite Français. Ils cesseront d'exister vers le milieu du XIX ème siècle et ne se maintiendront que dans des zones isolées comme les Pays Bas et le Brésil détenteur de sa patente via le Portugal depuis 1822. Leur réveil est étroitement lié à celui du Rite français ayant perdu sa régularité en 1877. Le réveil du Rite Ecossais Rectifié en 1913 après sa dissolution en 1828 faisait retrouver la maçonnerie régulière, suivi par les rites Emulation et Rite Ecossais Ancien et Accepté regroupés au sein de la Grande Loge Indépendante et Régulière pour la France et les Colonies qui deviendra la Grande Loge Nationale Française (GLNF) en 1946. Vers 1965, plusieurs Frères du Rite Français dont Roger G., Jacques et Philippe T. ainsi qu’ Edmond M., soucieux de retrouver la régularité, sollicitèrent leur entrée à la GLNF qui les régularisa au sein de la Loge " Persévérance 27 " le 15 juin 1979, leur propre Loge étant consacrée sous le titre distinctif des "Anciens devoirs "N°238. Le rite français rejoignait à son tour la régularité, suivi par les Loges " St Jean Chrysostome "N°239 ainsi que la Loge " Au louis d'argent". Une quarantaine d'autres loges au Rite Français virent le jour dans les dix années suivantes Dès l'origine, il était admis que ce réveil serait suivi de ceux des « Hauts Grades ». La tache fut rude et dix-huit mois de démarches furent nécessaires. La décision de contacter le Grand Chapitre, Suprême Conseil du Rite Moderne pour le Brésil fut prise en décembre 1981 ce qui aboutit à la délivrance d'une patente de constitution le 7 août 1989 par le Grand inspecteur Général José COELHO DA SILVA. Cette patente délivrée aux FF Roger G., Edmond M., Jacques et Philippe T., Jean-Yves L., Levon D., Georges G., Daniel B. et Gilbert R. permettait d'établir, développer et diriger la pratique des « Hauts Grades » sur tout le territoire Français ainsi qu'en pays étranger si nécessaire. Le premier Suprême Commandeur du Grand Chapitre Français (GCF) fut Roger G.. Le premier Chapitre Français "Charles Martel O de Poitiers " vit le jour le 20 octobre 1993. Un protocole d'accord fut établi en février 1999 entre la GLNF et le Grand Chapitre Français pour confirmer leur reconnaissance mutuelle, la Régularité de leur appartenance mais leur indépendance dans le gouvernement de leurs institutions respectives. En 2010, soixante-quatorze Chapitres étaient répartis au niveau de l'hexagone auxquels il fallait rattacher celui de l'Ile Maurice, de Madrid, d'Andorre ainsi que du Togo, d'Italie et de Russie ce qui témoignait de toute la vitalité du Grand Chapitre Français sous l'autorité fraternelle de son Suprême Commandeur et de ses Grands Officiers. ème Une charte nous était accordée pour la pratique du 4 Ordre du Rite Hollandais en novembre 2010 à l’occasion de la célébration de notre dixième anniversaire à Bordeaux. En 2009, la Maçonnerie Régulière et Reconnue représentée sur notre territoire par la GLNF a traversé une crise sans précédent, conduisant à la rupture et au départ de 15000 Frères qui prirent le chemin de la reconstruction en créant une nouvelle obédience constituée en avril 2012, la Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française. Le Grand Chapitre Français (GCF) qui s’était tenu à l’écart de ces turbulences en décidant, au Congrès de Rennes de 2013, de ne recevoir que les Frères réguliers sans tenir compte de leur appartenance obédientielle, se trouva rattrapé par une déclaration de principes formulée par Roger GIRARD, son fondateur en juillet 1989. Cette déclaration fut considérée comme juridiquement incontournable malgré la rupture unilatérale des relations GLNF-GCF par le Grand Maitre de la GLNF de cette l’époque. Ainsi fut déclaré par la Chambre d’Administration du GCF, hors de toute décision d’une assemblée Générale Extraordinaire, que l’appartenance à la GLNF était obligatoire pour être membre de sa juridiction. Les Frères écartés par le GCF furent contraints de créer leur propre juridiction, le Grand Chapitre du Rite Français (GCRF) consacré à Lyon le 17 mai 2014. Nous espérons que désormais, au sein du Grand Chapitre du Rite Français, règnerons l’Union, l’Equité, la Paix, l’Egalité, le Silence, la Candeur, la Foi, l’Espérance et la Charité dans ce lieu très Saint, très Clos et très Fort. *Rappel des Constitutions d'Anderson. Article I-Dieu et la Religion. "Un maçon est obligé, de par sa tenure, d'obéir à la loi morale .S'il entend bien l'Art, il ne sera jamais un athée stupide ni un libertin irréligieux ". o-o-o Bibliographie. MOLLIER .P." Les Grades de Sagesse du Rite français" Editions A l'Orient. MOLLIER.P. « Une découverte inattendue : les procès-verbaux du Vème Ordre au XVIIIe siècle .N°163-164 Juillet-octobre 2011-Renaissance Traditionnelle. VIGIER.H. Rite Français : histoire d'une lente agonie. Hervé Vigier .Cahier N°3 Les amis de Girard Ed Télètes COMBES. André Histoire de la Franc-Maçonnerie à Lyon … Ed des traboules 6