Houston, on a un problème !
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Houston, on a un problème ! TABLE DES MATIÈRES HOUSTON, ON A UN PROBLÈME ! 2 Lundi 13 avril 1970, 21h 59 HNE 2 Un accident dans l’espace 2 Autour de la Lune 4 Survie sur un radeau 5 Retour sur Terre vendredi 17 avril 1970, 13h 07 HNE 6 ANNEXE 1. Un lancement sous le signe du chiffre 13 7 ANNEXES 7 ANNEXE 2. Le vétéran et les deux recrues d’Apollo 13 8 ANNEXE 3. La mission qui aurait pu avoir lieu 9 ANNEXE 4. Un réservoir problématique -Centre de Documentation Youri Gagarine© Cosmodôme 2010 1 10 Houston, on a un problème ! Il y a 40 ans, les trois astronautes d’Apollo 13 surmontaient brillamment l’échec d’une mission lunaire avortée en revenant sains et saufs sur Terre au terme d’une opération sans précédent de sauvetage dans l’espace « Failure is not an option » – Gene Kranz, Directeur de vol d’Apollo 13 VENDREDI, 12 MARS 2010, 16H 48 HNE OLIVIER-LOUIS ROBERT Centre de documentation Youri Gagarine LE COSMODÔME Lundi 13 avril 1970, 21h 59 HNE « L’équipage d’Apollo 13 souhaite à tous une agréable soirée. Nous sommes en train de terminer l’inspection d’Aquarius et nous nous préparons à réintégrer Odyssey. Bonne nuit. » Sur ces mots, alors qu’un magnétophone flotte autour de lui en jouant le thème musical du film 2001 : L’Odyssée de l’espace, le commandant Jim Lovell met fin à cette émission vidéo commencée à 21h 24, la dernière avant l’arrivée sur la Lune, prévue dans une trentaine d’heures. Lovell et son coéquipier Fred Haise, se préparent ensuite à prendre des photos de la comète Bennett mais, auparavant, le Centre de contrôle, à Houston, leur demande d’activer les éventails à l’intérieur des réservoirs d’oxygène liquide et d’hydrogène liquide alimentant les piles à carburant qui produisent l’électricité et l’eau potable. Dans l’espace, les gaz liquéfiés ont tendance à se stratifier et il faut donc les remuer de temps en temps. Un accident dans l’espace Soudainement, à 22h07, alors que le vaisseau lunaire, voguant vers sa destination, se trouve à presque 330 000 km de la Terre, un bruit sec se fait entendre. Croyant qu’il s’agissait de la valve de pressurisation de la cabine du module lunaire qui émettait un claquement sec lorsqu’on l’activait, Lovell consulte Haise, encore dans le tunnel reliant le module lunaire Aquarius au module de commande Odyssey, où est resté leur coéquipier Jack Swigert. Haise répond qu’il n’a pas touché à la valve. Au même moment, un signal d’alarme retentit. Les trois hommes se rendent vite à l’évidence : quelque chose de terrible vient d’arriver. « Hé, on a un problème ici », lance Swigert. « Ici Houston, dites-le encore », réplique, incrédule, le capcom Jack Lousma. « Houston, on a un problème », répète alors Jim Lovell, ajoutant à la célèbre phrase, passée depuis dans notre mémoire collective : « On n’a pratiquement plus de courant dans le bus principal… » -Centre de Documentation Youri Gagarine© Cosmodôme 2010 2 La gravité de l’accident qu’on appréhende est vite confirmée par les données de télémétrie. Dans le module de service auquel Odyssey est attaché, le réservoir d’oxygène n° 2 (voir encadré Un réservoir problématique), où deux fils dénudés du moteur électrique de l’éventail se touchent, vient d’exploser, entraînant la mise hors service du réservoir n° 1 et de deux des trois piles à carburant. On réalisera quelques jours plus tard que l’explosion avait percé la paroi extérieure du gros module cylindrique. À Houston, le directeur de vol Eugene F. Kranz rappelle ses troupes à l’ordre. L’ancien aviateur de la Guerre de Corée s’emploie à secouer les contrôleurs médusés de son équipe afin qu’ils se concentrent sur les problèmes qu’ils ont à résoudre. L’homme au déjà célèbre veston sans manche blanc annule d’abord l’atterrissage sur la Lune. Puis, il affirme que le seul enjeu qui doit dorénavant mobiliser les énergies du Centre de contrôle est le retour sain et sauf des trois astronautes dans leur vaisseau agonisant, concluant avec quatre petits mots qui passeront à l’histoire : « Failure is no option » (L’échec n’est pas une option). On s’emploie donc fiévreusement à reconfigurer la trajectoire de vol de manière à ce que les astronautes puissent revenir le plus vite sur Terre. À 23h 24, Houston annonce : « … Nous étudions une mission alternative pour faire le tour de la Lune et qui utiliserait les systèmes d’alimentation électrique et de propulsion du module lunaire… ». Comme ils allaient devoir recourir au module de commande, avec son bouclier thermique, pour revenir sur Terre, les astronautes d’Apollo 13 ferment son réservoir d’oxygène et réduisent la puissance pour économiser les batteries. À 23h 50, ils abandonnent Odyssey et entrent dans le module lunaire qui n’a pas été touché par l’explosion. Aquarius devient alors leur radeau de sauvetage. Le problème avec le module lunaire, c’est que, conçu pour supporter deux hommes pendant 45 heures, il allait maintenant devoir en supporter trois pendant plus de 90 heures. Disposant de ses propres réserves en électricité, en eau, en oxygène et en propulsion, le module lunaire, d’un poids de 15 000 kg, se met alors à remorquer l’ensemble comprenant le module de commande et le module de service, d’un poids combiné de 27 000 kg. -Centre de Documentation Youri Gagarine© Cosmodôme 2010 3 Autour de la Lune Sans données de navigation, il n’y a aucun espoir de retour. Les astronautes d’Apollo 13 doivent donc d’abord aligner la plateforme navigationnelle du module lunaire. Malheureusement, c’est impossible, à cause des multiples particules de débris issus de l’explosion, qui réfléchissent la lumière du soleil et brillent donc comme des étoiles. Sans cette plateforme, ils seront perdus dans l’espace. Il n’y a plus qu’une solution, le système électrique d’Aquarius doit activer l’ordinateur du module de commande juste assez longtemps pour qu’il puisse transférer ses données de navigation au module lunaire. Une opération difficile pour ces trois hommes privés d’eau et de sommeil. Et transis de froid car, rapidement la température a baissé à un point tel que leur respiration forme de la condensation sur les vitres des hublots. Un autre problème, tout aussi important que le système de navigation, doit maintenant être réglé : changer la trajectoire du train lunaire inversé. Si la mission lunaire avait été lancée sur la même trajectoire qu’avaient empruntée les missions Apollo 8, 10 et 11, le retour sur Terre aurait été plus facile. Mais comme il s’agissait maintenant d’explorer des régions plus occidentales de la Lune, on avait modifié le tracé de la trajectoire de manière à ce que l’arrivée sur la Lune se déroule sous les meilleures conditions d’éclairage. En conséquence, le plan de vol d’Apollo 13 prévoyait que le vaisseau lunaire passerait à 96,5 km au-dessus de la surface de la Lune. Dans cette nouvelle situation, l’effet de fronde d’une trajectoire à une telle altitude au-dessus de la Lune irait placer les trois malheureux voyageurs de l’espace sur une orbite, à 4 827 km au-dessus de la Terre, d’où ils ne pourraient plus jamais revenir. Mardi le 14 avril, à 3h 42 HNE, le commandant Lovell allume donc le moteur de descente d’Aquarius pendant 30 secondes, ce qui aura pour effet que l’ensemble du train lunaire passera maintenant à une altitude plus élevée au-dessus de la Lune, lui permettant ainsi de capturer le bon effet de fronde pour ramener les trois astronautes sur Terre. À 19h 15, le vaisseau Apollo disparaît derrière la face cachée de la Lune qu’il frôle à quelque 220 km de sa surface. Il émerge de l’autre côté à 19h 49 pour entreprendre alors le long voyage de retour. Malgré le froid et une fatigue que le sommeil ne parvient pas à dissiper, Lovell, Haise et Swigert prennent de nombreuses photos de la face cachée de la Lune – dont celle de l’impressionnant cratère Tsiolkovsky. Le moteur de descente d’Aquarius est allumé avec succès une seconde fois à 21h 40, pendant 4 minutes et 23,4 secondes. Cet allumage, qui a ajouté 943 km/h à la vitesse existante, a raccourci le trajet de retour de 10 heures et permis à la capsule Apollo d’amerrir là où c’était prévu, dans l’océan Pacifique. Si ce second allumage – tout aussi critique que le premier – n’avait pas été réussi, Odyssey se serait posé plutôt dans l’océan Indien, où ne se trouvait aucun navire de récupération. -Centre de Documentation Youri Gagarine© Cosmodôme 2010 4 Survie sur un radeau Puis l’odyssée des trois naufragés de l’espace se poursuit pendant plus de deux longues journées remplies de froid, de silence, de fatigue et d’anxiété. La température ambiante ayant baissé à 3,3°C, Haise et Lovell doivent enfiler les bottes de leur scaphandre de sortie extravéhiculaire pour garder leurs pieds au chaud, ce que ne peut faire Swigert qui, évidemment, ne dispose pas de telles bottes. Les trois astronautes essaient de dormir tant bien que mal dans l’espace contigu du module lunaire ou dans l’étroit tunnel qui le relie au module de commande Comme il n’est plus question d’évacuer l’urine dans l’espace, par crainte que l’activation du dispositif d’évacuation modifie l’attitude de leur vaisseau, ils doivent recueillir celle-ci dans des sacs. Mais le danger le plus grave qui guette les astronautes est celui causé par le bioxyde de carbone produit par leur organisme. Dans l’espace, ce bioxyde de carbone stagne autour du corps. Dans le module de commande, il y avait de grosses canettes contenant des cristaux d’hydroxyde de lithium. Lorsque le bioxyde de carbone passait à travers, l’atmosphère se purifiait à des niveaux tolérables pour les humains. Malheureusement, les purificateurs d’air moins performants d’Aquarius ne suffisent plus à la tâche. À moins qu’on ne puisse utiliser l’hydroxyde de lithium qui se trouve en abondance dans la capsule Odyssey, les occupants d’Aquarius mourront empoisonnés par le bioxyde de carbone. Vite, il faut trouver un moyen pour connecter les deux systèmes de purification. Le problème, c’est que les connecteurs du système d’Aquarius sont ronds alors que ceux des canettes d’Odyssey sont carrés. À Houston, on s’attelle à la tâche. Pensant à tout ce qui pouvait se trouver d’utilisable à bord du vaisseau Apollo, les ingénieurs réunissent donc du carton, du ruban gommé, du plastique et différents instruments. Ils créent de toutes pièces un prototype de « boîte postale », un adapteur où les deux types de connecteurs peuvent se rencontrer. C’est ainsi que le mercredi 15 avril, à 4h 48 HNE, l’équipage d’Apollo 13 se met, guidé par le Centre de contrôle de mission, à construire la boîte postale qui sauvera leur vie en utilisant le carton du plan de vol, les tuyaux des scaphandres lunaires et un rouleau de ruban gommé. Après plus d’une heure de travail, l’appareil improvisé est connecté aux deux systèmes de purification. Au sol, les contrôleurs de vol regardent anxieusement les indicateurs mesurant le niveau du bioxyde de carbone. Soudain, les astronautes entendent le chuintement caractéristique de l’air qui commence à circuler à travers l’adapteur. Au grand soulagement de tous, ça fonctionne, l’air commence à se purifier. -Centre de Documentation Youri Gagarine© Cosmodôme 2010 5 Mercredi après-midi, un bruit sourd se fait entendre. La batterie n° 2 de l’étage de descente d’Aquarius explose, provoquant une baisse de courant momentanée. Cependant, les trois autres batteries compensent en augmentant leur tension de sortie. Retour sur Terre vendredi 17 avril 1970, 13h 07 HNE En fait les événements relatifs à la réentrée dans l’atmosphère ont commencé presque 15 heures après que le vaisseau spatial soit entré dans la sphère gravitationnelle de la Terre, mercredi matin, à 8h 38. Le soir du même jour, à 23h 31, une troisième correction de trajectoire nécessite encore l’allumage du moteur de descente d’Aquarius pendant 15,4 secondes. Une dernière correction de trajectoire est effectuée vendredi, le 17 avril, à 7h 52 HNE, en utilisant cette fois les microfusées du système d’attitude du module lunaire qui sont allumés pendant 22,4 secondes. À 8h 14, le module de service est largué, ce qui donne aux astronautes d’Apollo 13 l’occasion de le photographier avant qu’il ne se détruise en rentrant dans l’atmosphère. Ayant maintenant réintégré le module de commande, ils larguent à son tour Aquarius, le radeau de sauvetage qui les a ramenés à bon port. « Adieu, Aquarius, nous te remercions », lance, ému, Joseph Kerwin, le capcom de quart en cet instant empreint de nostalgie. -Centre de Documentation Youri Gagarine© Cosmodôme 2010 6 Enfin, à 13h 07 exactement, le module de commande Odyssey, suspendu au-dessous de trois immenses parachutes orange et blanc, amerrit doucement sur les eaux d’un océan Pacifique inhabituellement calme. Un peu comme pour faire un pied de nez à l’échec de la mission Apollo 13, Odyssey amerrit plus près du USS Iwo Jima, son navire de récupération, que ne l’avaient fait les capsules Apollo des missions précédentes. « Un bel amerrissage dans un océan bleu marine sur une merveilleuse, merveilleuse planète », conclut un James Lovell plein de joie d’avoir réussi à revenir sain et sauf sur Terre. © Cosmodome 2010 Photos : NASA Annexes ANNEXE 1. Un lancement sous le signe du chiffre 13 Deux jours auparavant, tout avait pourtant si bien fonctionné. Dans l’après-midi du samedi 11 avril 1970, à 14h 13 HNE très exactement, la puissante fusée Saturn V/508, haute comme un édifice de 30 étages, s’était majestueusement arrachée à son pas de tir du Centre spatial Kennedy, en Floride, emportant vers sa destination lunaire l’équipage d’Apollo 13, composé du commandant James A. Lovell, du pilote du module de commande John (Jack) L. Swigert Jr. et du pilote du module lunaire Fred W. Haise Jr. Il était 14h 13 en Floride, mais 13h 13 au Texas, où se trouve le Centre de contrôle de mission du Johnson Space Center, à Houston. Mauvais présage ? Les amateurs de numérologie ajouteront que l’addition des chiffres de la date 11.04.70 (11 avril 1970) donne pour résultat… 13. En guise de dérision face à la superstition entourant ce chiffre, Thomas (Ken) Mattingly, qui devait être à l’origine le pilote du module de commande d’Apollo 13, avait même souhaité que le lancement ait lieu un vendredi 13 et que leur vaisseau emporte l’image d’un chat noir. Mal lui en prit puisque, une semaine avant le décollage, il a été interdit de vol suite à une exposition à la rubéole la fin de semaine précédente… -Centre de Documentation Youri Gagarine© Cosmodôme 2010 7 ANNEXE 2. Le vétéran et les deux recrues d’Apollo 13 Vétéran de trois missions déjà (Gemini 7, en décembre 1965, Gemini 12, en novembre 1966, ainsi qu’Apollo 8 qui avait contourné la Lune en décembre 1968), James Arthur Lovell, né le 25 mars 1928 à Cleveland, détenait alors le record absolu de séjour dans l’espace, 572 heures. Depuis qu’il était devenu astronaute, en 1962, cet ex-pilote d’essai de la Marine américaine ne visait qu’un seul but : commander une mission au cours de laquelle il marcherait sur la Lune. Fred Haise et Jack Swigert, quant à eux, avaient été sélectionnés en avril 1966, dans le cinquième groupe d’astronautes, celui qu’on avait surnommé les Original 19. Les astronautes de ce groupe avaient ceci de particulier que, plus que leurs prédécesseurs, ils avaient développé une expertise inégalée des différents systèmes spatiaux d’Apollo. Fred Wallace Haise, un ancien pilote d’essai, né le 13 novembre 1933 à Biloxi, Mississipi, avait ainsi été détaché auprès de la société Grumman Corporation, le maître d’œuvre du module lunaire (LEM). Il avait notamment accepté, au nom de la NASA, les derniers trains d’atterrissage du LEM fabriqués par la firme Héroux, de Longueuil. Intégré à l’équipe de support du premier vol du LEM, au cours de la mission Apollo 9, Haise était ensuite assigné à la mission Apollo 11, en tant que relève de Buzz Aldrin. Il serait devenu le commandant d’Apollo 19 si cette mission n’avait pas été annulée. Quant à lui, John (Jack) Leonard Swigert, un ancien pilote de chasse de l’Air Force né le 30 août 1931 à Denver, au Colorado, avait été affecté à la société North American Rockwell, le constructeur du module de commande (de forme conique) et de son module de service (cylindrique). Il en avait développé une connaissance intime, plus qu’il était nécessaire pour bien piloter le module de commande. Swigert, qui s’entraînait avec l’équipage de relève d’Apollo 13, était donc tout naturellement prêt à prendre la place de Ken Mattingly quelques jours avant le lancement. Jack Swigert est décédé le 27 décembre 1982 des suites d’un cancer des os. -Centre de Documentation Youri Gagarine© Cosmodôme 2010 8 ANNEXE 3. La mission qui aurait pu avoir lieu Le lieu d’atterrissage pour cette troisième mission d’exploration humaine de la Lune était le cratère de Fra Mauro, au bord de l’Océan des Tempêtes. Lovell et Haise devaient poser leur module lunaire Aquarius le mercredi 15 avril, à 21h 55 HNE juste au nord de ce gros cratère et un peu à l’ouest du cratère Cone (ce que feront leurs collègues d’Apollo 14 en janvier 1971). Au cours de leur séjour sur le sol lunaire, d’une durée prévue de 33 heures et 27 minutes, ils devaient effectuer deux sorties extravéhiculaires de quatre heure chacune. Les deux astronautes seraient sortis d’Aquarius une première fois (EVA-1, ligne rouge) le 16 avril à 2h 13 HNE pour, entre autres, installer l’expérience ALSEP-3 (Apollo Lunar Surface Experiments Package – il s’agissait en fait d’un groupe de cinq instruments d’expériences scientifiques, dont un sismographe) à environ 90 mètres du module lunaire et recueillir 43 kilogrammes de roches et de sable lunaires. Lors de leur deuxième sortie (EVA2, ligne noire), prévue à la fin de la même journée, à 21h58, Lovell et Haise auraient entrepris une randonnée de 2,6 kilomètres qui les auraient menés au bord de l’ancien cratère Cone. Sur ce parcours, douze arrêts étaient prévus pendant lesquels ils devaient ramasser d’autres types d’échantillons, incluant deux carottes de sol lunaire creusées à 68,6 centimètres de profondeur. La ligne jaune indique des extensions ou modifications possibles de tracé -Centre de Documentation Youri Gagarine© Cosmodôme 2010 9 ANNEXE 4. Un réservoir problématique Les préparatifs pour le lancement d’Apollo 13 avaient pourtant été menés rondement. Le 24 mars 1970, on avait procédé à un décompte simulé de l’ensemble du train lunaire, composé de la fusée géante Saturn V/508, du module de commande Odyssey, du module de service n° 109, ainsi que du module lunaire n° 7 Aquarius. Or, au cours de la procédure de vidange des réservoirs qui suivait normalement un tel exercice, un incident, considéré alors comme mineur, est survenu, qui impliquait le réservoir d’oxygène n° 2 du module de service. Ayant été soumis à un voltage trop élevé, le thermostat de ce réservoir a fondu, tout en provoquant le fonctionnement prolongé des chaufferettes chargées de purger l’oxygène liquide en l’évaporant. La température interne du réservoir a alors grimpé à 538° C, ce qui a eu pour effet d’endommager l’isolant en Teflon des fils électriques. Rempli de nouveau d’oxygène liquide, ce réservoir est devenu rien de moins qu’une véritable bombe en puissance. Il faut préciser que ce réservoir n°2, immatriculé 10024X-TA0009 par son constructeur Beech Aircraft Corp., avait connu d’autres problèmes auparavant. D’abord, Beech avait négligé d’adapter le thermostat, qui acceptait un courant de 28 volts, à la norme de 65 volts en usage au Centre spatial Kennedy. Le 4 juin 1968, le réservoir avait été installé sur le module de service n° 106 de la mission Apollo 10. Quatre mois plus tard, lorsqu’on a dû l’en extraire pour qu’il subisse des modifications, on l’a déposé sur une étagère qui a faibli, ce qui a endommagé un tube de remplissage. Au cours d’un test effectué le 1er juin 1970, un thermostat (gauche) a fondu alors que l’isolation en Teflon brûle (droite) Photos : NASA Graphisme, montage, mise en page web : Marie-Eve Bourdages Révisé le vendredi, 26 mars 2010 -Centre de Documentation Youri Gagarine© Cosmodôme 2010 10