[Retour sur] Le numérique aujourd`hui : enjeux en Sciences

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[Retour sur] Le numérique aujourd`hui : enjeux en Sciences
[Retour sur] Le numérique aujourd’hui : enjeux en Sciences Humaines et Sociales
Le Numérique aujourd'hui : Enjeux en sciences humaines et sociales
Le 8 juin s’est tenue en Sorbonne la Journée d’Étude de la Faculté de Sciences Humaines et Sociales sur le thème
du numérique. Considérant la richesse et la complexité de ce champ, la Faculté a décidé de confronter les approches
de chercheurs et de professionnels, s’intéressant aussi bien au rapport du numérique au savoir, à la langue écrite, à
la sociabilité et à la culture des jeunes, qu’aux évolutions de la démocratie, de la citoyenneté, et plus largement à
l’histoire des idées qui en découle.
Ce qu’on peut désigner comme les « humanités numériques » est un thème riche, protéiforme et évolutif, impactant presque
toutes nos activités quotidiennes, qui se voient orientées et contraintes par l’utilisation de nouveaux instruments informatisés.
Par conséquent, il est admis qu’il est difficile, voire impossible, de traiter le sujet dans sa globalité : il est un peu comme un
polyèdre dont ne voit que quelques faces simultanément, où l’analyse ne peut s’appuyer sur des traditions ou des
jurisprudences, et où le vocabulaire même ne fait pas l’objet d’un consensus fort.
L’écueil principal des discussions aurait été de fonder des consensus sur des malentendus et de nourrir des malentendus par
des désaccords terminologiques.
80 personnes, dont de nombreuses personnalités extérieures, ont assisté aux deux conférences et trois tables rondes où les
échanges entre les intervenants et public ont été privilégiés. Au fil de la journée, trois grandes problématiques ont
successivement été abordées : Transmettre / apprendre / savoir ; Le Numérique dans la cité et Reconfiguration des pratiques
discursives et sociales.
Ces thématiques, recouvrant un spectre relativement large, ont permis de soulever un certain nombre de points, sur lesquels
la Faculté dispose d’un ensemble de compétences de recherche reconnues.
En voici une synthèse partielle :
Nous vivons désormais dans un monde où la sociabilité s’exerce beaucoup par l’intermédiaire de liens faibles entre
des personnes représentées par des alias, qui sont « ami.e.s » sans se connaître réellement. La vigilance y est de
rigueur, face aux conséquences de la « viralité » déclenchée parfois par des « trolls » et abuseurs divers, certains
n’étant d’ailleurs pas des humains mais des algorithmes.
Il y a plus : à force d’assistance par des prothèses numériques, ne risque t’on pas, comme le suggère M. Blay
(CNRS), d’aller vers une humanité « diminuée » ?
Du point de vue de la production et du traitement de données, trois notions sont essentielles comme l’a argumenté
S. Abiteboul (INRIA & Académie des Sciences) : la neutralité, la transparence, l’équité.
Dans le registre sémiotique, les entités habituelles sur lesquelles opèrent les chercheurs, la figure du texte, du
corpus, de l’auteur même, changent, alors que la logosphère tend à être contaminée par la blogosphère.
Le rapport au savoir change aussi ; les conséquences pour la formation des jeunes sont importantes. Mais
lesquelles ? Comment enseigner l’informatique ? Les décideurs politiques insistent actuellement sur le « codage ».
Mais l’enjeu est aussi de sensibiliser les jeunes à une « culture technique », permettant de comprendre ce qui se joue
en termes d’acculturation, notamment lorsque des flux de données sont traités pour orienter la décision.
La Journée d’étude de la Faculté a été marquée par la diversité et la complémentarité des échanges et des intervenants, et a
permis de souligner que dans ce domaine effervescent, la recherche, et en particulier la recherche pluridisciplinaire, a une
responsabilité particulière.
Plus encore, car même si une manifestation ponctuelle n’est qu’un signe dans un flux sémiotique impétueux, la Faculté a su
mettre à profit la capacité d’analyse, d’écoute et d’interaction de ses chercheurs.
Quant aux conséquences pratiques, c’est une autre affaire ; peut-être suffit-il de relever, comme le disait Mallarmé en 1897
que « toute pensée émet un coup de dés » ?
Georges Louis Baron
Professeur en sciences de l’éducation (EDA, université Paris Descartes)
Retrouvez le programme, photos et vidéos ainsi que la bibliographie complète des interventions :
https://jnum.sciencesconf.org
Bibliographie sélective
Abiteboul S.
2016, « Analyse des données et choix de société », HAL [En ligne].
Consulté à l’adresse https://hal.inria.fr/hal-01273439/document
Baron G.-L., Bruillard E. et Drot-Delange B. (dir.)
2015, Informatique en éducation : perspectives curriculaires et didactiques, Clermont-Ferrand, Presses universitaires
Blaise-Pascal.
Baron G.-L. et Bruillard E.
2011, « L’informatique et son enseignement dans l’enseignement secondaire général français. Enjeux de pouvoir et de
savoirs. » in Lebeaume J., Hasni A. et Harlé I. (dir.), Recherches et expertises pour l’enseignement scientifique, Bruxelles, De
Boeck : 79-90.
Consulté à l’adresse http://www.stef.ens-cachan.fr/annur/bruillard/2010_B&B_DeBoeck.pdf
Beauné A.
2015, « Contribution à l’étude des pratiques instrumentées des formateurs d’adultes : le cas du Diplôme Initial de Langue
Française (DILF) », Adjectif.net [En ligne].
Consulté le 14 décembre 2015, à l’adresse : http://www.adjectif.net/spip/spip.php?article369 .
Blay M.
2016, Penser ou cliquer. Comment ne pas devenir des somnambules, Paris, CNRS éditions.
Cazeaux G.
2013, Odyssée 2.0 : La démocratie dans la civilisation numérique, Paris, Armand Colin.
Dagiral É. et Peerbaye A.
2013, « Voir pour savoir », Réseaux, 178/179 : 163-196.
Consulté à l’adresse http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=RES_178_0163 .
Sockett G.
2014, The online informal learning of English, Houndmills /Basingstoke/Hampshire/New York, Palgrave Macmillan.
Zarka Y. C. (dir.)
2015, « L’éducation à l’âge du numérique », Cités, 63.
La Faculté remercie les personnes ayant rendu possible cet événement :
Georges Louis Baron, professeur en sciences de l’éducation (EDA), organisateur, et son équipe : Walid Araouri, Aurélie
Beauné, Sévina Touloupaki et Solène Zablot, ainsi le personnel administratif ayant apporté son soutien à l’organisation.
Le Doyen de la Faculté de Sciences Humaines et Sociales – Sorbonne, J. Lebeaume, professeur en sciences de l’éducation
(EDA), ainsi que les unités de recherche de la Faculté : CANTHEL, CERLIS, EDA, CEPED et PhiléPol.
Les intervenants :
M. Blay, CNRS ;
C. Bedel, fondateur d’Edunao, éditeur de solutions de campus numériques pour l’éducation & la formation ;
E. Bruillard, professeur en informatique, STEF, École Normale supérieure de Cachan ;
G. Sockett, professeur en sciences du langage, EDA, université Paris Descartes ;
S. Abiteboul, INRIA, Académie des sciences ;
Y. C. Zarka, professeur en philosophie, PHIléPOL, université Paris Descartes ;
S. Bureau, éditeur spécialisé en SHS, chargé d’enseignement, université Paris III ;
G. Cazeaux, SFR ;
J. Alonso, maître de conférences en sciences du langage et sémiotique, PHILéPOL, université Paris Descartes ;
M. Razanadrakoto, ATER en sciences du langage, EDA, université Paris Descartes ;