À Arches, Arjowiggins joue cartes sur t able

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À Arches, Arjowiggins joue cartes sur t able
entreprise papeterie
Jeu collectif
À Arches, Arjowiggins joue cartes sur t
Arjowiggins Arches s’est fixé comme objectif
de former ou recycler périodiquement
l’ensemble du personnel à la prévention des
risques professionnels. En s’appuyant sur les
ressources de son service qualité, sécurité,
environnement, la papeterie vosgienne a mis au
point une formule originale associant démarche
informative et pédagogique, et dynamique
collaborative du jeu en équipe.
Arjowiggins Arches
• Activité : fabrication de papiers d’art, de décor, de papiers
abrasifs et de stratifié imprimé.
• Nombre de salariés : 500 personnes.
• Équipements principaux : machines à papier et machines
à impression, pont roulant, chariots de manutention.
• Production annuelle : près de 80 000 tonnes dont
50 000 tonnes de papier de décor.
• Chiffre d’affaires 2008 : 145 millions d’euros.
R
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Travail & Sécurité ­­– Décembre 2009
© Serge Morillon pour l’INRS
éunies autour d’une
table de jeu, quatre
équipes de l’établis­
sement Arjowiggins d’Arches,
dans les Vosges, s’opposent.
Leur objectif : boucler un par­
cours semé d’embûches et
trouver les actions de préven­
tion les plus appropriées en
respectant les principes géné­
raux de prévention (1). En asso­
ciant évaluation des risques
professionnels et formation
de l’ensemble du personnel
à la prévention, l’entreprise
réussit un doublé. Depuis qua­
tre ans, la papeterie vosgienne
propose chaque année à l’en­
semble de son personnel de
suivre un module d’une jour­
née de formation-sensibilisa­
tion à la prévention. En 2009,
Arjowiggins a conçu une
session de formation à carac­
tère ludique qui contribue à
enrichir son document uni­
que d’évaluation des risques.
« Pour cette année, nous avons
souhaité rendre ces sessions
de formation plus actives en
faisant participer les salariés à
un jeu, explique Jean-François
Duvoid, le directeur de l’éta­
blissement. Baptisé RIQSE
(risque, qualité, sécurité, environnement), celui-ci combine
acquisition de connaissances et
visite d’atelier centrée sur l’observation d’anomalies ou de
situations à risques. » Autour
du plateau de jeu, les équipes
se retrouvent confrontées à
des situations de risques. La
dynamique du jeu conduit le
groupe à formuler les solu­
tions de protection collective
et/ou individuelle les plus
appropriées.
Ces formations, programmées
tout au long de l’année, font
partie du temps de travail. La
baisse de la demande dans
l’activité papetière au cours
du premier semestre 2009 a
permis d’organiser une quin­
zaine de sessions. « Plus de
300 salariés ont déjà eu l’occasion de suivre cette séquence »,
commente Yannick Habert,
responsable qualité, sécurité,
environnement (QSE). Lorsque
cela est possible, un groupe
de dix à quinze salariés est
constitué de façon à réunir
des personnes provenant des
Autour du plateau de jeu, les
équipes se trouvent confrontées à
des situations de risques.
différents secteurs d’activité :
opérateurs machine, d’en­
tretien et de maintenance,
personnel de laboratoire ou
des services administratifs.
Arjowiggins a mobilisé ses
ressources internes pour défi­
nir le contenu et réaliser les
différents éléments de ce jeu
à vocation pédago­gique. Son
able
À la manière
du jeu de l’oie
L
e module de formation
se déroule en deux
séquences. Dans un premier
temps, les équipes se
rendent sur le terrain. Elles
visitent un atelier afin
de détecter les situations
à risques et relèvent les
anomalies rencontrées. La
phase suivante se déroule
autour d’une table de jeu :
les différentes équipes
se confrontent au hasard
des cases pièges. Au
préalable, chacune d’entre
elles crée des cartes dites
« d’attaque » à partir des
anomalies constatées. Le
jeu progresse à l’aide de
dés sur un plateau constitué
de cases disposées en
spirale à la manière d’un
jeu de l’oie. Chance, pause,
risque, accident, urgence
attaque, méga-attaque
sont autant de figures qui
parsèment ce parcours.
Si une équipe tombe sur
une case « attaque »,
elle doit surmonter
l’épreuve correspondant
à la situation anormale
observée sur le terrain en
proposant les dispositions
de prévention formalisées
par une carte adaptée au
risque. La première équipe
arrivée au but doit faire
face à une méga-attaque
correspondant à une attaque
collective où les autres
équipes créent une situation
à risque commune.
service sécurité en a conçu
la maquette et son bureau
d’études en a élaboré le
design et fabriqué le plateau.
« Nous l’avons imaginé en partant d’une double contrainte,
commentent Ariane Amiel,
technicienne QSE, et Patrice
Oudenot, formateur. Nous
souhaitions qu’il soit concret
et qu’il intègre une démarche
d’évaluation des risques sur le
terrain. »
Motivés
L’idée d’alimenter les épisodes
du jeu par des situations anor­
males observées sur le terrain
s’est alors imposée. Outre la
transmission ou le rappel de
connaissances, RIQSE vient
conforter l’action de préven­
tion au quotidien. « Chaque
session est mise à profit par les
formateurs de l’entreprise pour
rappeler aux participants l’intérêt des fiches d’incident et les
familiariser à leur utilisation,
complète le responsable QSE.
Les opérateurs alimentent ainsi
la mise à jour du document
unique. » Au cours de l’année
dernière, environ 600 de ces
fiches ont été exploitées, et
le service QSE constate que
leur pertinence s’accroît au
fil des mois. Outre l’enrichis­
sement du document unique,
ces observations peuvent
contribuer également au lan­
cement d’actions correctives
de prévention ou à la révision
de certaines procédures de
travail. Si nécessaire, des dis­
positions urgentes sont mises
en œuvre. « Dans un souci de
cohérence et pour crédibiliser
l’ensemble des démarches de
prévention, nous assurons au
besoin la mise à jour des fiches
de sécurité au poste de travail,
qui sont actuellement au nombre de 120 », souligne le direc­
teur de l’établissement.
« Cette manière de transmettre des connaissances de
façon ludique et de recueillir
des observations issues du
terrain constitue un moyen
efficace pour impliquer à la
fois le personnel et l’encadrement », commente Christine
Kolczynski, ingénieur-conseil
à la CRAM Nord-Est. Un point
de vue conforté par les appré­
ciations des participants : « Ce
mélange de formation à la
prévention, de visites d’observation et de jeu est sympa, rap­
porte Stéphane Desgranges,
sécheur. D’autant que le jeu en
équipe est convivial. » Comme
lui, tous soulignent l’apport
de la formation en termes de
connaissance de l’entreprise et
des personnes qui y travaillent.
Soulignant l’effort accompli,
Martine Laroche, médecin du
travail, propose à Arjowiggins
de relever un nouveau défi :
adapter la formule aux patho­
logies professionnelles.
1. Art. L. 4121-2 du Code du travail. Voir
aussi www.inrs.fr/focus/pgp.html.
Jean-Paul Richez
© Serge Morillon pour l’INRS
© Serge Morillon pour l’INRS
En 2009, Arjowiggins a conçu une
session de formation à caractère
ludique qui contribue à enrichir
son document unique.
La journée de formation
débute par une visite d’usine
et un relevé d’anomalies.
Travail & Sécurité –
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