mesotherapie et traitement antalgique et anti

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mesotherapie et traitement antalgique et anti
UNIVERSITE PIERRE & MARIE CURIE
FACULTE DE MEDECINE PITIE-SALPETRIERE
91, boulevard de l’Hôpital
75634 PARIS CEDEX 13
MESOTHERAPIE ET TRAITEMENT
ANTALGIQUE ET ANTI- INFLAMMATOIRE PAR VOIE
GENERALE DANS LES MANIFESTATIONS
DOULOUREUSES DES AFFECTIONS DEGENERATIVES
A PROPOS DE 5 CAS
MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIU DE MESOTHERAPIE
Docteur Marie-Thérèse JACOB
Sous la direction de Monsieur le Professeur PERRIGOT - PARIS
Mai 2003
INTRODUCTION
I - MISE EN PLACE DE L'ETUDE
1-Critères de sélection des patients
a/ Critères cliniques
b/ Critères psychologiques
2-Traitements utilisés par voie classique
a/ Mélanges utilisés
b/ Techniques utilisées
3-Traitements et techniques mésothérapiques
4 -Résultats attendus
II - OBSERVATIONS CLINIQUES
1-Patient numéro 1
a/ Histoire de la maladie
2- Patient numéro 2
b/ Traitements
3- Patient numéro 3
c/ Rythme des séances
4- Patient numéro 4
d/ Résultats cliniques
5- Patient numéro 5
III- ANALYSE DES RESULTATS
1-Tolérance Mésothérapie
2-Tolérance autres traitements
3-Efficacité comparée des différentes voies utilisées
a/ Travaux fondamentaux
b/ Analyse comparative pour les cinq cas
4-Discussion
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
INTRODUCTION
-1-
MESOTHERAPIE
Du grec Mesos (au milieu) et Therapia (traitement) est une conception
thérapeutique simple visant à rapprocher le lieu de la pathologie pour une plus
grande efficacité ; c’est une allopathie par voie intradermique et sous-cutanée,
superficielle, loco-régionale, polyvalente et micro-dosée.
Au départ, une technique dont je ne connaissais pas grand chose et qui
m’intéressait peu.
Puis, en ajoutant à ma clientèle, celle d’un confrère parti en retraite, le docteur
S. Michelet, membre toujours passionné de la SFM, j’ai eu envie d’en savoir
un peu plus, d’abord par obligation puis par curiosité quant à l’efficacité de la
mésothérapie.
Tout d’abord de nombreuses questions me sont venues à l’esprit :
- La mésothérapie a-t-elle vraiment de l’intérêt en médecine générale ?
De nombreux patients ne sont pas ou insuffisamment soulagés par la médecine
dite classique
- Dans ce cas peut-on leur apporter un réel soulagement grâce à la
mésothérapie ?
- Peut-on comparer l’efficacité de la mésothérapie à tout autre traitement
antalgique ?
Les patients notamment âgés présentent une altération de leur fonction
rénale, voire hépatique, présentent des risques plus importants d’intolérance
digestive, notamment aux AINS ou des contre-indications à ces mêmes AINS
(AVK) ;
- Peut-on substituer la mésothérapie aux autres traitements antalgiques
et /ou anti-inflammatoires et l’utiliser seule ?
- Enfin, les manifestations douloureuses des affections dégénératives
représentent un volume important dans une clientèle, un coût important.
- la mésothérapie peut-elle ainsi intervenir dans une politique
d’économie de santé et pour une meilleure qualité de vie des patients ?
Pour essayer de répondre à mes interrogations, la création du DIU de
Mésothérapie était tout à fait opportune.
-2-
I - MISE EN PLACE DE L’ ETUDE
-3-
1-Critères de sélection de l’étudea/ Critères cliniques –
Il s’agit de patients de plus de 50 ans, présentant tous au moins une atteinte
dégénérative.
Tous souffrent régulièrement de manifestations douloureuses vertébrales et de
scapulalgies, parfois de plus de 3 mois. On trouve pour tous au moins une lésion
d’arthrose rachidienne et dans la plupart des cas un conflit sous-acromial.
La mésothérapie a été utilisée pour tous les cinq en seconde intention.
Dans un premier temps, on évalue la douleur avant la première séance de
mésothérapie ; pour cela, le plus simple est d’utiliser l’EVA (évaluation verbale
analogique).
Dans un deuxième temps, on utilise l’EVA avant chaque nouvelle séance.
b/ Critères psychologiques –
J’ai essayé d’éliminer des douleurs psychogènes, en utilisant l’échelle de
dépression et d’anxiété ou HAD (D. Mrejen).
Cinq patients parmi les sept retenus avaient un score < 7 et ont donc pu entrer
dans cette étude ; je ne voulais analyser que le versant nociceptif des douleurs et
non pas un versant psychogène associé.
2- Traitements utilisés par voie classique
Tous ont eu des traitements par voie orale avant de débuter la mésothérapie.
Il s’agit de traitements classiques, Anti- inflammatoires non stéroïdiens,
Antalgiques de palier 1 et 2, des Myorelaxants ainsi que des traitements de fond
de l’arthrose tels que ZONDAR 50, PIASCLEDINE 300, STRUCTUM.
Certains ont eu des traitements physiques à type de kinésithérapie, ionisations,
voire des infiltrations.
-4-
3- Traitements et techniques mésothérapiques
a/ Mélanges utilisés –
Il s’agit essentiellement d’un mélange Lidocaïne 1%, Thiocolchicoside et
AINS surtout Piroxicam, dans un cas vitamine B12 et Etamsylate.
b/ Techniques utilisées –
La technique utilisée est mixte : IDP à 4 mm en point par point et
épidermique sur les cellulomyalgies et douleurs diffuses. Le Piroxicam est plutôt
utilisé en IDP comme le veulent les recommandations.
4 - Résultats attendus
Plusieurs études ont démontré la prévalence de la mésothérapie sur
d’autres techniques.
D. Mrejen en particulier a montré la prévalence de la mésothérapie sur
les infiltrations.
E. Marcais-Lefèvre, a montré que la mésothérapie représente
l’alternative thérapeutique la plus utilisée dans le mal de dos,
D. Laurens, Ch. Bonnet, P.L. Borg, Ph. Marijnen, Ph. Salato ont
montré que la mésothérapie entrait dans un ensemble thérapeutique en ce qui
concerne la ténosynovite du long biceps ;
-5-
On peut donc dans un premier temps inclure la mésothérapie dans le
protocole antalgique des manifestations douloureuses des atteintes dégénératives
(SID de Mrejen) –
Dans un second temps pourra-t-on montrer que la mésothérapie peut
être utilisée seule ou en alternance avec d’autres traitements ?
Enfin, peut-on espérer une diminution ou un espacement des récidives
douloureuses ?
-6-
II – OBSERVATIONS CLINIQUES
-7-
J’ai donc choisi cinq patients parmi ceux traités en mésothérapie, quatre
femmes et un homme.
Ces patients répondent tous aux critères de sélection définis au-dessus ;
L’âge moyen de ces patients est de 69 ans.
Le traitement par mésothérapie s’échelonne de 1988 à 2003.
Pour les patients les plus anciens, j’ai utilisé les fiches d’observation de mon
prédécesseur.
Une patiente n’avait plus consulté depuis 1 an, deux autres ont commencé la
mésothérapie en janvier 2003 ; une de ces patientes est malheureusement
décédée en mars 2003 à la suite de la mise en place d’une prothèse de genou. Je
l’ai néanmoins gardée parmi mes cas cliniques. L’observation était menée à
terme pour ce mémoire.
Tous ces patients ont été et sont traités pour douleurs rachidiennes diffuses
souvent étagées, associées souvent à des scapulalgies, pathologies que je
rencontre le plus souvent dans ma clientèle.
A chaque observation clinique correspond l’histoire de la maladie, les
traitements utilisés, le rythme des séances et les résultats cliniques.
-8-
1- Patient numéro 1
a/ Histoire de la maladieHomme de 69 ans, chauffeur mécanicien de profession Souffre de cervico-dorso-lombalgies et de douleurs de la ceinture
scapulaire gauche, parfois bilatérales persistantes depuis plusieurs mois,
récidivantes depuis plusieurs années.
Radiographies réalisées : -Calcifications sur l’insertion du sus-épineux
droit- Arthrose gléno-humérale.
b/ TraitementsCommence la mésothérapie en 1988Auparavant a eu des ionisations en 1970 pour cervicalgies en sus des
traitements classiquesTraitements médicamenteux : Trancopal, Efferalgan Codéine,
Apranax550, Profénid –
A signaler un ulcère gastro-duodénal avec le Profénid.
c/ Rythme des séancesPremière séance le 05/11/1988 pour lombalgies, cervico-dorsalgies,
Deuxième séance à J7, J15 puis espacement des séances en moyenne à 1
fois par mois avec parfois interruption de 3-4 mois environ pour diverses
raisons.
-9-
d/ Résultats cliniquesIl a été noté une amélioration dès la deuxième séance avec néanmoins
persistance de douleurs de la ceinture scapulaireDouleur sur l’EVA à 5 avant méso, à 3 aprèsA la troisième séance, nette amélioration non quantifiéeOn note par la suite des récidives douloureuses régulières de localisations
diverses mais avec prédominance au niveau lombaire.
L’Indocid utilisé une fois en mésothérapie a donné de moins bons
résultats que le Piroxicam.
L’association Trancopal, Efferalgan codéine et mésothérapie a entraîné
une amélioration avec régression des douleurs pendant un mois ;
La mésothérapie seule a, elle aussi entraîné une nette régression des
symptômes pendant un mois également ;
L’association mésothérapie /Efferalgan codéine suivi de mésothérapie
/Apranax a donné de moins bons résultats que Mésocaïne+Coltramyl+Vibalgan.
Actuellement, après 15 ans de mésothérapie relativement régulière, sur
tout le rachis, le patient reste 2 semaines sans douleur et ne prend aucun
antalgique.
-10-
1- Patient numéro 2
a/ Histoire de la maladieFemme de 72 ans.
A eu un accident de voiture en 1964Présente des cervico-brachialgies et douleurs de l’épaule droite.
Tendinite sus-trochitérienne droite calcifiante, tendinite du sus-épineux D.
En octobre 2002, rupture partielle du biceps droit.
A commencé la mésothérapie en 1975A consulté pour des cervico-dorsalgies avec des douleurs de l’épaule
droite-
b/ TraitementsTraitements médicamenteux: Di-Antalvic, AINS de tous types,
infiltrations au niveau de l’épaule-
c/ Rythme des séancesPremière séance le 22/05/1995 pour cervico- dorsalgies et douleurs de
l’épaule droiteDeuxième ,troisième et quatrième séance à J7, J15 et J30 puis séances
tous les mois avec arrêt d’un an environ.
Reprise des séances le 27/01/2003 puis J7, J15, j21 et J 35.
-11-
d/ Résultats cliniquesOn obtient des résultats moyens à partir de la troisième séance, soit 5 sur
l’Eva (avait 7 au départ)Amélioration à la quatrième séance.
La patiente a ensuite une séance par mois en moyenne avec alternance
d’amélioration et de rechute et n’a pas eu de mésothérapie en 2002, où elle
revient pour douleur de l’épaule droite et rupture bicipitale G il y a 3 mois ;
L’EVA est à 5.
On échelonne les séances à J0, J7, J15 au niveau cervico- dorsal et aux
bras
A J7, reste trois jours sans douleurs avec sommeil amélioré la première
nuit ;
A J15, va nettement mieux ; EVA à 2 ; elle peut remuer son bras ;
A J35, elle a ressenti peu de douleurs depuis la précédente séance,
uniquement quelques myalgies, liées à un syndrome grippal semble-t-il.
A J50, la patiente se sentait tellement en forme qu’elle s’est remise au
jardinage et se plaint à nouveau de quelques douleurs du bras droit.
-12-
2- Patient numéro 3
a/ Histoire de la maladieFemme de 66 ans –
Depuis début 1995, douleurs rachidiennes, des épaules et des brasRadios réalisées : Cervicarthrose étagée de C4 à C7 ;
Arthrose interapophysaire postérieure ;
Ostéoporose.
b/ TraitementsDébut de la mésothérapie en janvier 1996Traitements médicamenteux :
Nalgésic, Algisédal avant de débuter la
mésothérapie, Di-Antalvic, Brexin et autres AINS non précisés, Topalgic,
ZondarIntolérance au Voltarène, au Cébutid à type d’épigastralgies ;
Allergie au Topalgic, au Coltramyl ;
Syndrome diarrhéique sous Zondar-
c/ Rythme des séancesPremière séance de mésothérapie pour douleurs rachidiennes, épaules et
bras le 12/01/1996 avec séances à J7, J15 puis J45 puis adaptation des séances
suivant les périodes douloureuses, rapprochement à 8 jours ou espacement à 1
mois.
-13-
d/ Résultats cliniques-
Résultat positif à la troisième séance, mais avec persistance surtout de
lombalgies qui nécessitent après J0, J7, J15 des séances tous les 15 jours,
associées dans un premier temps à Di-Antalvic et Atépadène, puis Tilcotil et
Dafalgan pendant deux semaines, apportant peu d’amélioration ;
A J40, toujours en association cette fois avec Voltarène 75, Di-Antalvic,
la patiente note une nette amélioration non chiffrée qui se poursuit un mois
environLes séances s’espacent ensuite à un mois avec alternance amélioration
/douleur et localisations diverses, soit le plus souvent rachis /membres
supérieurs
Pendant sept ans, il y a toujours eu association traitements per os/mésoEn 2001, la patiente est placée sous Zondar 50, qui en association avec la
mésothérapie seule donne d’excellents résultats , avec un épisode de sciatalgie
droite encore jamais observée, amendée rapidementEn 2002, réapparition de dorsalgies hautes et douleurs scapulaires
améliorées par la mésothérapie seule puisque le Zondar a été arrêté à cause d’un
syndrome diarrhéique.
Depuis un an, la patiente ne prend plus aucun traitement per os , seules
les séances de mésothérapie sont poursuivies une fois par mois.
En mars 2003, la patiente est plus gênée par un problème de canal
carpien compliqué d’une algodystrophie en post-opératoire que par son rachis,
même si les cervicalgies ont repris pendant deux jours avec une intensité de 70
sur l’EVA.
-14-
4- Patient numéro 4
a/ Histoire de la maladieFemme de 72 ansATCD de traumatisme de l’épaule droite-Séquelles d’entorse ;
Névralgies cervico-brachiales bilatérales, prédominant à gaucheRadios : - à D : important conflit acromio-huméral, nette réduction de
l’espace acromio-huméral ;
- à G : élargissement de l’espace acromio-claviculaire.
b/ TraitementsIl s’agit d’une patiente sous AVK (Embolies pulmonaires)
Traitements médicamenteux : Di-Antalvic
Patiente décédée en mars 2003 des suites de la mise en place d’une
prothèse de genou.
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c/ Rythme des séancesPremière séance pour douleurs du bras droit le 23/01/2003, puis J7, J15,
J30 et J45 avec uniquement un mélange Mésocaïne /Coltramyl.
d/ Résultats cliniquesAvant la première séance de mésothérapie la douleur est à 5 sur l’EVA ;
Les différents tests comme le test de Jobe, sont positifs, la mise en
rotation externe de la main lors de l’élévation du bras diminue la douleur ;
Après J0, la douleur est à 2, la patiente peut se coucher sur le côté, peut
lever le bras un peu plus haut et le passer derrière le dos
Elle a simplement noté une reprise des douleurs à J6 ;
A J7, j’ai ajouté de la Dicynone au mélange ;
A J15, la douleur reste à 2 mais avec une progression dans l’élévation du
bras ; entre J7 et J15, elle a pris 2 gélules de Di-Antalvic pour des douleurs de
l’épaule gauche cette fois ;
A J30, la douleur est parfois totalement absente, sinon à 2 sur l’EVA.
Une dernière séance a été réalisée à J45 avec le même bénéfice avant son
hospitalisation pour prothèse.
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5/ Patient numéro 5
a/ Histoire de la maladieFemme de 65 ans- Femme de ménageDouleurs chroniques, diffuses, nécessitant arrêts de travail ; en retraite
depuis -En décembre 2002, réapparition de cervico-dorsalgies.
Radios : -majoration de la lordose cervicale ;
-Rétrolisthésis C3-C4, C4-C5, uncodiscarthrose C3-C4, C4C5 ;
-Pincement des 2 disques ;
-Canal rachidien cervical étroit ;
-Arthrose interapophysaire postérieure ;
-Scoliose dorsale sinistro-convexe ;
-Dorsarthrose étagée ;
-Ostéophyte marginale antérieure ;
-Ostéocondensation sous-chondrale du toit des cotyles.
b/ TraitementsAntalgiques variés, Voltarène –
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c/ Rythme des séances Première séance pour cervicalgies et lombalgies le 27/01/2003, puis
J7, J15, J30 puis arrêt.
d/ Résultats cliniques-
Avant la mise en route de la mésothérapie, la douleur est à 7 sur l’EVA ;
A J7,les douleurs sont plus localisées au niveau des cervicales, des épaules et du
rachis lombaire avec douleur estimée à 5 ;
La patiente n’a plus pris de Voltarène ;
A J15, la douleur est à 4 ;
La rotation de la tête est plus aisée ;
Elle n’a pris aucun antalgique ;
Séance avec IDP en D12 et épaule droite ;
A J 30, la patiente va bien, arrêt de la mésothérapie pour l’instant.
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III- A NALYSE DES RESULTATS
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1- Tolérance de la Mésothérapie
Pas de réaction allergique ou d’intolérance cutanée n’ont été
relevéesCertains patients ressentent une légère sensation de chaleur après
une séance.
Une patiente a ressenti une sensation de relâchement musculaire,
voire de léger engourdissement dans la soirée suivant la séance.
Un cas d’allergie à la vitamine B12 a été signalé, mais elle n’a été
utilisée qu’une seule fois.
2- Tolérance aux autres traitements
Les effets secondaires retrouvés sont surtout d’ordre digestif :
Deux cas de gastralgies, un ulcère gastro- duodénal ont été notés avec les
AINS, un syndrome diarrhéique est apparu sous Zondar 50 ;
Sur le plan de l’allergie, ont été retrouvés :
Une allergie aux AINS, dont Feldène, non retrouvée en mésothérapie,
Une allergie au Tramadol ;
Une intolérance non précisée au Chondrosulf a été également
signalée.
-20-
3- Efficacité comparée des différentes voies utilisées
De nombreuses études ont montré l’intérêt de la mésothérapie par rapport
aux autres voies.
-21-
a/ Travaux fondamentauxDans les années 1980 à 1985, Le Professeur Pitzurra a montré que
les concentrations tissulaires locales étaient plus importantes par voie IDPc que
par voie IM ;
Les travaux des Docteurs Dupont et Le Coz ont montré la
présence importante de produit dans l’articulation ;
Les travaux du Docteur Questel démontrent l’intérêt d’adjoindre
un anesthésique local ; la Procaïne, habituellement associée aux médicaments
utilisés en ID-thérapie, a été considérée comme un « vecteur » conférant à la
molécule administrée par voie ID, une meilleure diffusion et un effet retard.
Surtout, les travaux des docteurs Corbel, Kaplan et Rincourt,
qui ont utilisé l’exploration radio-isotopique de sa pharmaco-cinétique, montrent
que la voie intradermique, c’est :
- le dépôt extravasculaire IDS du produit
- le ciblage de la zone à traiter
- les propriétés de réservoir et de biodistribution de la zone
épiderme/derme
- la biodisponibilité à 100%
- la biodistribution comparable à l’IV
- le suivi thérapeutique à 100%
- la suppression du passage hépatique et de la filtration rénale.
Une notion fondamentale est le concept des quatre unités de
compétence du tissu conjonctif, avec le diagramme de Venn, imaginé par
A.Dalloz-Bourguignon et développé par Y.Huteau qui permet d’orienter son
choix dans la profondeur d’injection, d’orienter également le choix du produit
leader et des produits du mélange et de discriminer les produits en fonction de
leurs propriétés.
Ce concept sert aussi de base de réflexion en cas d’échec ou dans
des situations difficiles, notamment nutritionnelles chez la personne âgée.
-22-
b/ Analyse comparative pour les cinq cas cliniquesDans un premier temps,
En ce qui concerne les traitements généraux, on observe que les
molécules administrées changent régulièrement, avec souvent alternance ou
association de différents produits, essais d’autres molécules de la même classe ;
Ils entraînent souvent une intolérance, après prises réitérées (par
exemple les AINS),
Certains patients sont intolérants à plusieurs molécules (patient n°3),
Un patient (patient n°4) est sous Anti-vitamines K.
On ne connaît pas l’efficacité réelle de certaines molécules comme
l’Utéplex, la Piasclédine,…
Dans un second temps,
On peut se demander à quelle fréquence, quelle posologie les
médicaments sont pris, si les ordonnances sont suivies correctement, le patient
ayant souvent peur d’une surconsommation ou s’il y a automédication par
ailleurs. Et enfin si le traitement est poursuivi pendant toute la durée de la
période algique.
Dans le cas de la mésothérapie, le suivi thérapeutique est de 100%,
les patients reviennent de façon régulière, surtout lors des premières séances où
le rythme est défini par le médecin ; pour les séances suivantes ils peuvent gérer
eux-mêmes leur fréquence.
Les périodes où les patients ne reprennent pas rendez-vous où
annulent leurs rendez-vous correspondent souvent à des périodes d’amélioration
ou de rémission de la douleur ou dans quelques cas à des événements
intercurrents.
Certains oublient parfois leurs rendez-vous, mais là aussi, on peut
supposer que la douleur est moins intense.
-23-
Dans un troisième temps, on peut réellement comparer l’efficacité de
la mésothérapie, versus voie orale ;
Tout d’abord l’amélioration de la symptomatologie s’observe pour
deux patients après J15, pour deux patients à partir de J7 et pour un patient, on
note une amélioration dès J1.
Ces patients avaient tous eu pendant plusieurs semaines, voire mois,
d’autres traitements ;
La mésothérapie semble avoir eu un effet plus rapide sur la douleur ;
La patiente numéro 3 ne prend plus aucun antalgique depuis un an,
alors qu’elle en prenait pratiquement tous les jours depuis sept ans ;
La patiente numéro 5 a vu une disparition de ses douleurs en 1 mois
Le patient numéro 1 a ressenti la disparition de ses douleurs pendant
quinze jours avec récidive douloureuse d’intensité moindre, et ne nécessitant pas
la prise d’antalgiques ;
La patiente numéro 2 a vu réapparaître une douleur uniquement parce
que la mobilisation du bras n’était plus douloureuse et lui a permis de jardiner.
En fait, la mésothérapie semble parfois avoir été le seul traitement qui
ait apporté des résultats là où rien n’a marché.
-24-
4- Discussion
Au travers de ces cinq cas, on s’aperçoit que la mésothérapie
apporte une efficacité certaine dans la symptomatologie douloureuse ;
Elle n’empêche bien sûr aucunement la récidive de ces
douleurs ; elle n’agit bien sûr que localement, mais raccourcit l’intensité et la
durée de la symptomatologie sans autre traitement, ce qui limite
considérablement les effets indésirables ;
Il est à remarquer que plus les séances sont débutées de façon
précoce, plus l’action de la mésothérapie est rapide et son efficacité
remarquable ; on pourrait donc en déduire que le traitement de première
intention de ces manifestations douloureuses serait la mésothérapie ;
Peut-on également parler de traitement « de fond » de la
douleur, si l’on considère le cas numéro 3 qui ne prend plus aucun traitement
antalgique, après plusieurs années de mésothérapie ?
L’efficacité de la mésothérapie dépend- elle également de la
localisation des lésions ? Tous ces patients souffrent de scapulalgies et plus
particulièrement d’un conflit souvent sous-acromial et des travaux anatomopathologiques ont souligné des lésions profondes de la coiffe ; ces lésions sont
en rapport avec une zone ischémique au sein du tendon du sus-épineux.
Le concept d’unités circulatoire et fondamentale, je pense,
prend ici tout à fait sa place, permettant des échanges et un apport nutritionnel
au niveau de la zone lésée.
On peut donc supposer dans ce cas que la mésothérapie est
d’une efficacité supérieure à tout traitement général, associée par ailleurs à des
techniques de rééducation comme l’ont montré le Docteur Laurens et confrères.
Parfois les résultats sont mitigés avec sédation incomplète ou
retardée des douleurs pour certaines localisations, notamment lombalgies ; dans
ces cas sans doute la technique ou les mélanges utilisés auraient pu être
différents.
La MPS aurait pu être intéressante, avec une efficacité
supérieure, plusieurs patients présentant ou ayant présenté à posteriori une
symptomatologie de SID.
Dans les zones étendues, les douleurs chroniques, la
mésoperfusion aurait également pu avoir sa place.
Dans le cadre de douleurs persistantes, anciennes, d’autres
mélanges auraient pu être possibles, tels que la Calcitonine, des produits à visée
nutritionnelle, polyvitamines ou à visée microcirculatoire de type Buflomédil,
Etamsylate…
-25-
Enfin, en terme d’économie de santé, la mésothérapie peut
avoir tout à fait sa place :
-après 60 ans, il est tout à fait licite d’ajouter un IPP à un AINS soit
un coût moyen de 35 €, pour 10 jours en moyenne de traitement, si l’on ajoute
un myorelaxant (thiocolchicoside) ou pour un mois si l’on utilise un Coxib, alors
que le montant global d’une ordonnance avec des produits utilisés en
mésothérapie type Lidocaïne 1%, Thiocolchicoside, Piroxicam est globalement
de 4€ pour une séance, séances qui sont espacées au minimum d’une semaine,
voire 1 mois , 6 semaines en entretien.
-La mésothérapie utilisée en première intention pourrait
également éviter, en cas d’amélioration de la symptomatologie, le recours aux
spécialistes sur demande des patients et à des examens et traitements plus
agressifs et coûteux.
-26-
CONCLUSION
-27-
Il est bien sûr difficile de tirer des conclusions à partir de ces cinq cas.
Dans tous les cas, le patient est plutôt satisfait de la mésothérapie,
ressent une nette amélioration dans sa vie quotidienne sur le plan
symptomatique aussi bien que fonctionnel et surtout limite sa consommation
médicamenteuse, diminuant ainsi ses effets indésirables.
Enfin, pour ma part, j’ai eu la réponse à certaines de mes questions, ce
qui me conforte dans l’idée de pratiquer la mésothérapie, tout en affinant ma
technique, et me permettra d’avoir régulièrement recours à une autre voie pour
soulager le mieux possible mes patients et essayer de leur rendre une qualité de
vie meilleure tout en appliquant cette devise :
« PRIMUM NON NOCERE »
-28-
BIBLIOGRAPHIE
-29-
« Enquête pilote concernant des lombalgies communes d’origine
articulaire postérieure, traitées par infiltration ou mésothérapie dans un centre de
la douleur de 1999 à 2000 (Lariboisière)- 40 patients ;
Dr Didier Mrejen
« Etudes comparatives de diverses techniques utilisées dans le
traitement de la sciatalgie aiguë non chirurgicale (à partir de 120 cas) ;
Etude multicentrique du CERM de Franche-Comté.
« Enquête épidémiologique sur le mal de dos- Prévalence de la
mésothérapie sur les autres alternatives thérapeutiques ;
Dr Elisabeth Marcais-Lefevre- Caen.
« Etude randomisée de la mésothérapie versus infiltration de
Corticoïdes dans le syndrome articulaire postérieur lombaire.
Drs De Boysson,Lavignole, Cartron (CHU
Bordeaux).
« Séquelles douloureuses de l’entorse du LLE de la chevillePrévalence de la mésothérapie.
Dr Denis Laurens -(INSEP).
« Ténosynovite du long biceps dans la gouttière bicipitale- Enquête
épidémiologique descriptive- A propos de 44 cas.
Drs D. Laurens, Ch. Bonnet, P.L. Borg, Ph.
Marijnen, Ph. Salato.
« Echelle du stress appliquée à la mésothérapie »
Dr Didier Mrejen
Consultation de la douleur –Hôpital Lariboisière.
« Premier double-aveugle en mésothérapie »
Dr Le Coz
Bull - SFM n°60 octobre 1984.
-30
RESUME
MESOTHERAPIE ET TRAITEMENT ANTALGIQUE ET ANTIINFLAMMATOIRE PAR VOIE GENERALE DANS LES
MANIFESTATIONS DOULOUREUSES DES LESIONS DEGENERATIVES
A PROPOS DE 5 CAS.
Dr JACOB Marie-Thérèse
Pour comparer l’efficacité de la mésothérapie et des traitements antalgiques
et anti-inflammatoires non stéroïdiens par voie générale, j’ai choisi cinq cas.
L’âge moyen de ces patients est de 69 ans.
Ils présentent tous des lésions dégénératives au niveau de l’épaule avec
conflit acromio-claviculaire ou à type d’arthrose rachidienne.
Il s’agit de douleurs nociceptives ; j’ai essayé d’éliminer les douleurs
d’origine psychogène.
La mésothérapie a été utilisée en deuxième intention, après échec des
différents traitements per os.
Certains de ces patients ont d’ailleurs présenté des effets indésirables à ces
produits, essentiellement à type de troubles digestifs.
Le traitement par mésothérapie s’échelonne entre 1988 et 2003.
Les techniques utilisées sont l’intradermique profonde (IDP) en point par
point et l’épidermique (IED).
Le mélange est essentiellement constitué de Lidocaïne, Thiocolchicoside et
Piroxicam.
Il n’a été noté aucune intolérance à ces produits par voie intradermique,
sinon une sensation de chaleur ou de relâchement musculaire après la séance.
.
Dans tous les cas, j’ai pu constater une efficacité certaine de la mésothérapie.
L’amélioration de la symptomatologie a été observée après J15 pour deux
patients, à partir de J7 pour deux patients et dès J1 pour un patient ;
Plus les séances de mésothérapie ont débuté de façon précoce après
l’apparition de la symptomatologie, plus celle-ci s’est amendée rapidement (cas
n° 5).
La mésothérapie pourrait être considérée comme traitement de fond, puisque
deux patients (cas n°1 et 3) ne prennent plus de traitement antalgique, même lors
de la réapparition de douleurs, qui restent supportables.
Enfin, une patiente (cas n°2), qui souffrait de scapulalgies depuis plusieurs
mois, a pu reprendre le jardinage, ce qui a occasionné la reprise de quelques
douleurs.
Dans un cas également, la mésothérapie a représenté la seule méthode de
traitement, la patiente étant sous AVK et non soulagée par le ParacétamolDextropropoxyfène.
Suivant la localisation des douleurs, notamment au niveau de l’épaule, où
les lésions peuvent être en rapport avec une mauvaise vascularisation, la
mésothérapie est sans doute d’une efficacité supérieure à un traitement per os.
Au niveau lombaire, où les douleurs reviennent plus régulièrement, et où la
symptomatologie peut correspondre à un SID (Souffrance intervertébrale
dégénérative), la technique la plus efficace, aurait pu être la Mésothérapie
ponctuelle systématisée (MPS) en dermo hypodermique (DHD).
Le mélange aurait pu également faire appel à d’autres molécules comme la
Calcitonine, des vaso-dilalateurs tels que Buflomédil ou Etamsylate et des
vitamines tels que Poly-vitamines.
Le coût, enfin de la mésothérapie est à moyen terme moindre qu’un
traitement classique.
Dans tous les cas, la mésothérapie apporte une meilleure qualité de vie au
patient et une satisfaction intellectuelle au médecin.