numérologues, voyants, astrologues… les nouveAux psys

Transcription

numérologues, voyants, astrologues… les nouveAux psys
Pour en savoir +
Flavie Flament
consacrera son
émission On est
fait pour s’entendre
aux arts divinatoires
le vendredi 16 janvier
de 15 h à 16 h
Société
numérologues,
voyants,
astrologues…
les nouveaux psys ?
Un véritable phénomène de société.
L’expression, bien que galvaudée, qualifie parfaitement l’engouement des
Français pour les extralucides. « Nous
estimons que 2,5 à 3 millions de consom­
mateurs font appel aux arts divinatoires
chaque année dans notre pays. Étant
précisé que chaque client consulte sou­
vent plusieurs fois au cours de l’année :
deux, trois fois ou même, pour certains,
quotidiennement ! Quant au chiffre d’af­
faires annuel généré par cette florissante
pratique, il est d’au moins 3 milliards
d’euros », affirme Youcef Sissaoui, président fondateur de l’Inad (Institut
national des arts divinatoires).
Au gré des aléas
de l’histoire
Cette appétence pour l’occulte ne date
pas d’hier. Elle remonte aux tréfonds de
l’histoire et se confond d’ailleurs avec
celle de l’humanité. « Les arts divina­
toires sont liés à la condition de l’homme
mortel. Depuis qu’il est sur terre et a pris
conscience de sa finitude, il a toujours
cherché à connaître son avenir afin de se
Depuis la nuit des temps,
l’homme cherche À
connaître son futur. Et
Chaque année, ce sont
près de trois millions de
Français qui ont recours
aux services de voyants,
astrologues et autres
médiums. que viennent-ils
donc chercher auprès
de ces pythies et oracles
des temps modernes ?
Par Isabelle Gravillon
Illustrations
Aurelia Fronty, Pierre Mornet,
Emmanuel Polanco / Colagene.com
pour Femme Majuscule
prémunir contre les événements indé­
sirables de la vie. Et ce, dans toutes les
civilisations », note Serge Dufoulon,
anthropologue et sociologue, spécialiste des phénomènes magico-religieux (1). Chez les Chinois, qui, plusieurs
siècles avant Jésus-Christ, passaient
au feu les carapaces de tortue et déchiffraient les desseins des dieux dans les
craquelures apparaissant à la chaleur
de la flamme. Chez les Romains, qui
prédisaient l’avenir en observant le vol
et le chant des oiseaux. Chez les Gaulois,
qui pratiquaient la divination en lisant
dans les songes et les nombres.
Aisément tolérées dans les civilisations traditionnelles, cohabitant en
bonne intelligence avec le religieux et
le sacré, ces croyances païennes ont été
placées sur le banc des accusés par le
christianisme au fur et à mesure de son
institutionnalisation. Au Moyen Âge,
des milliers de personnes – essentiellement des femmes, considérées comme
des sorcières – furent ainsi envoyées
au bûcher par l’Inquisition pour pratiques hérétiques. « La naissance du
positivisme après la Révolution fran­
çaise a constitué un nouveau coup dur
pour les arts divinatoires. La science
étant censée pouvoir tout expliquer, tout
ce qui lui échappait fut, à partir de là,
ostracisé. Sous le double feu de la religion
et du rationalisme, les arts divinatoires
furent alors repoussés aux marges de la
société, à sa périphérie. Sans disparaître,
ils devinrent des croyances quelque peu
honteuses », poursuit le spécialiste.
Quelques siècles plus tard, nouveau
revirement de tendance. « Les mou­
vements hippies de retour à la nature
des années 1960-1970, puis le succès
de la mouvance New Age dans les
années 1980 remettent au goût du jour
certaines croyances animistes et cha­
manistes. Beaucoup de gens développent
alors des comportements pseudo-reli­
gieux individuels, dans lesquels les arts
divinatoires ont toute leur place, et cette
fois-ci une place au grand jour », conclut
Serge Dufoulon.
Aurelia Fronty Passionnée par le dessin depuis son enfance, elle fait des études à l’école des arts appliqués Duperré. Elle est créatrice
textile et illustratrice pour de nombreux éditeurs français et étrangers. Dernière publication : Les bêtes noires ont bon dos (éd. Rue du Monde).
Elle exposera en février à la galerie La Fiancée du pirate à Toulon. (aureliafronty.com)
N o24 ✦ ja n v i e r - f é v r i e r 2015 ✽ FemmeMajuscule
29
Société
En quête de réassurance
Adieu donc, la honte d’antan ! Cette stigmatisation des diverses « mancies »
– cartomancie, chiromancie, numéro­
logie, astrologie… – n’est plus de mise en
ce début de xxie siècle. Sans forcément
crier sur les toits qu’il leur arrive de
consulter des professionnels de la destinée, les adeptes de ces pratiques
n’éprouvent plus le besoin de se cacher.
Certains même, y compris parmi les
grands de ce monde, le font de manière
décomplexée. François Mitterrand, par
exemple, n’a jamais fait mystère de ses
liens avec l’astrologue Elizabeth
Teissier, dont il sollicitait régulièrement les lumières. Et les hommes, qui
longtemps se sont tenus éloignés des
arts divinatoires (du moins le prétendaient-ils…), sont presque aussi nombreux aujourd’hui que les femmes à
fréquenter les devins modernes, sans
le dissimuler.
Mais que vont-ils faire dans les cabinets des extralucides, qu’espèrent-ils y
trouver ? « Le terme même de “voyants”
est particulièrement intéressant. Ce
sont ceux qui vont voir clair pour nous
quand nous sommes perdus, quand nous
sommes dans le brouillard », note Nicole
Prieur, psychologue et philosophe (2).
« À notre époque, nous avons des destins
beaucoup moins tracés qu’auparavant
– en termes de choix professionnels et
affectifs notamment –, ce qui engendre
de nombreux questionnements sur les
voies à suivre ou à ne pas suivre. Cette
multitude de choix provoque énormé­
ment de doutes. Chez les voyants, on
cherche donc avant tout de la réassu­
rance », poursuit-elle.
« Il m’est arrivé plusieurs fois dans ma
vie de consulter des voyantes. Avec le
recul, je me rends compte que c’était tou­
jours dans des moments de grande
inquiétude. Par exemple, à 18 ans, alors
que je venais de perdre mon père dans un
accident de voiture, raconte Lucie,
53 ans, peintre et illustratrice. Je ne
savais pas ce que j’allais devenir, à quoi
allait ressembler ma vie. Cette voyante,
qui travaillait avec les taches d’encre,
m’a dit que plus tard je gagnerais ma vie
grâce au dessin et à la peinture, que je me
marierais deux fois. D’un seul coup, j’ai
eu l’impression de retrouver un sens à
mon avenir. À ce moment-là, j’avais pro­
fondément besoin d’être rassurée, et ma
mère n’était pas en état de le faire. Cette
voyante, elle, y est parvenue », ajoutet‑elle, en précisant que toutes ses prédictions se sont réalisées.
Une époque anxiogène
La crise qui s’éternise et l’anxiété
qu’elle entraîne peuvent aussi, en
grande partie, expliquer le regain
actuel pour les arts divinatoires. « La
crise est multiforme. Elle est bien sûr
économique mais aussi politique, envi­
ronnementale, sociétale. À longueur de
journée, on nous répète qu’on va perdre
notre travail, que ce que l’on mange est
pourri, que ce que l’on respire est pourri,
que la manière dont on aime et on
éduque les enfants n’est pas la bonne,
que les hommes politiques sont tous cor­
rompus ! Du fait du déclin du religieux
et de la perte de foi dans le politique et la
démocratie, les gens n’ont plus de
valeurs sûres auxquelles se raccrocher.
Alors ils se tournent vers des formes de
réponse traditionnelles et ancestrales,
celles que les voyants peuvent donner »,
décrit Serge Dufoulon.
Petit abécédaire (non exhaustif) des arts divinatoires
› Astrologie
Elle établit une
correspondance entre
l’homme et son
environnement
(planètes et étoiles).
Fondée sur
des observations
remontant
à l’Antiquité, elle
détermine les
caractéristiques
psychologiques
d’une personne en
fonction des
positions planétaires
au moment de
sa naissance et prédit
certains événements
de sa vie.
› Cafédomancie
Elle apparaît
au xviie siècle, quand
le café est importé
en Europe. Elle
consiste à prédire
l’avenir en interprétant
les signes et symboles
dessinés par du
marc de café renversé
sur un support
de couleur blanche.
celles du tarot de
Marseille (78 cartes,
appelées « lames »
ou « arcanes »).
Le voyant interprète
les cartes tirées
par le consultant
en fonction des
symboles qu’elles
comportent (le
Bateleur, la Papesse,
l’Impératrice…).
› Cartomancie
Cette pratique
apparue en Europe
au xive siècle se fonde
sur des cartes
divinatoires, les plus
connues étant
› Chiromancie
De chiro (la main en
grec) et mancie
(la divination). Cet art
divinatoire se base
sur l’observation de la
forme de la main,
des doigts et des
lignes de la paume
(lignes de tête, de vie,
de cœur, de chance,
de santé, etc.) pour en
dégager le caractère
et les événements
à venir.
› Encromancie
La voyance par taches
d’encre se popularise
surtout à partir
du début du xxe siècle.
Le voyant interprète
la symbolique
des taches réalisées
par la personne venue
consulter, afin
de prédire son avenir.
› Numérologie
Elle repose
sur la symbolique
des nombres.
En analysant les
valeurs numériques
des lettres qui
composent le nom
de naissance
du consultant, le
numérologue dispose
d’éléments sur
sa personnalité, ses
potentialités,
ses qualités et défauts.
Sa date de naissance
le renseigne
sur les événements
susceptibles de
se produire.
Pierre Mornet Diplômé de l’école Penninghen, il travaille pour l’édition et la presse (Vogue Japan, The New Yorker, Libération,Télérama…).
Il collabore également avec Prada, le parfum Flower by Kenzo, l’Opéra de Lille… Dernier album publié : L’Anniversaire, éd. Autrement Jeunesse.
(pierremornet.com)
N o24 ✦ ja n v i e r - f é v r i e r 2015 ✽ FemmeMajuscule
31
Société
3 questions à
Youcef Sissaoui
Médium, président
fondateur de l’INAD
(Institut national des
arts divinatoires), un
organisme de défense
des consommateurs.
Pour vous, la voyance à
distance, par téléphone et
surtout par Internet, est un
véritable fléau, pourquoi ?
Parce que ces plates-formes
qui emploient jusqu’à 300 ou
400 voyants – des pseudovoyants plus exactement –
sont d’énormes machines
à faire de l’argent, financées
par des banques et des
multinationales. La majorité
des arts divinatoires n’étant
pas reconnus par l’État, les
exploitants de ces platesformes se déclarent sous la
Emmanuel Polanco est auteur, illustrateur. Il travaille pour la presse (Time Magazine, M…), le théâtre (Royal Shakespeare Company) et
l’édition. Il utilise la technique du collage, la peinture, le crayon, l’encre de chine. Dernier ouvrage paru : Les Animaux dans la nuit, éd. Giboulées.
32 FemmeMajuscule ✽ ja n v i e r - f é v r i e r 2015 ✦ N 24
o
rubrique professionnelle
« gestion de biens
immobiliers » ou « conseils
et services informatiques ».
Cela leur permet d’échapper
à tout contrôle et toute
surveillance des pouvoirs
publics. À partir de là, toutes
les dérives sont possibles.
Quel type de dérives ?
L’exploitation financière des
personnes les plus
vulnérables ou souffrant
d’une addiction à la voyance.
Les pseudo-voyants de ces
plates-formes – les trois
quarts sont des illuminés,
des charlatans, de simples
étudiants ou des
commerciaux rapidement
formés pour la
circonstance – reçoivent la
« Depuis quelques années, les
demandes de mes clients ont très nette­
ment évolué, elles sont connotées d’une
angoisse certaine, confirme Florence
Phillips, voyante à Paris. Je suis notam­
ment frappée d’avoir de plus en plus de
questions sur la santé. Il y a deux ans
encore, c’était très rare. “Vais-je avoir
une maladie grave ?” Cette interrogation
revient en boucle, y compris chez des per­
sonnes très jeunes », confie-t-elle. « Il y a
30 ans, quand j’ai ouvert mon cabinet, les
gens venaient beaucoup me voir dans
une optique de connaissance de soi et des
autres. Puis, il y a quelques années, est
survenu le questionnement sur le travail :
“Vais-je être licencié ?” Actuellement, je
suis énormément sollicitée par des per­
sonnes en souffrance professionnelle et
qui envisagent une réorientation, un
changement complet de vie : “Est-ce le
bon moment pour tout quitter et partir
m’installer à la campagne ?” » relate
Suzie­Gentile, astrologue à Marseille.
consigne de faire durer
les communications
téléphoniques ou les
connexions Internet des
clients. Ils vont même,
souvent, jusqu’à les relancer,
les menacer du « mauvais
œil » s’ils ne reprennent pas
contact très vite. Certains
clients se retrouvent ainsi
avec des débits sur leur carte
bancaire de plusieurs milliers
d’euros ! On est dans le
registre de l’arnaque et de la
manipulation mentale.
Quelles sont les
propositions de l’Inad pour
assainir ce marché ?
Nous avons d’ores et déjà
mis en place une charte
morale contenant des règles
de bonne conduite à
Une mise en danger ?
Dans des périodes de doute et de fragilité,
est-ce vraiment le bon choix que de s’en
remettre aux cartes, aux taches d’encre
ou aux visions d’un médium ? se demanderont les sceptiques et rationnels invétérés. Tout dépend de l’état d’esprit dans
lequel on effectue cette démarche. « Je
vais voir une voyante quand j’ai une déci­
sion importante à prendre. Je dis pour
m’amuser que je consulte ma conseillère
occulte ! Mais je n’abdique en rien mon
libre arbitre : c’est moi qui prendrai la
décision finale. La plupart du temps, elle
vient conforter ma propre analyse et mon
propre raisonnement. Surtout, elle me
permet de m’écouter, moi, et ce que me
dicte mon instinct profond, alors que je
peux avoir tendance à ne pas vouloir l’en­
tendre. Elle m’aide à avancer, à ne pas
rester bloquée sur une décision sans par­
venir à la prendre », raconte Catherine,
respecter par les
professionnels de la voyance
(loyauté, sincérité,
tarification raisonnable et
annoncée à l’avance).
Mais il faudrait aller plus loin,
avec l’attribution d’une
carte professionnelle aux
praticiens confirmés,
l’inscription au répertoire des
métiers de la pratique
des sciences occultes afin
de pouvoir recenser
avec précision les praticiens,
et enfin la création
d’un organisme de contrôle
et de surveillance.
Si vous avez été victime d’une
arnaque, contactez l’Inad,
qui pourra vous accompagner
dans un règlement à l’amiable de
ce litige, et si besoin en justice.
[email protected] / 01 40 35 70 89
50 ans, fondatrice d’une entreprise de
relations publiques. Saint Thomas
d’Aquin ne disait-il pas : « Les astres
inclinent mais n’obligent pas » ?
Selon la psychologue Nicole Prieur, les
arts divinatoires ne sont en effet pas
dangereux en eux-mêmes, pour peu
qu’on les aborde en sachant raison garder. « Quand nous allons voir une
voyante, cela ne révèle pas forcément un
réel désir de connaître l’avenir. Cette
démarche témoigne plutôt du fantasme
qu’il existerait quelque part une forme
de transcendance capable de confirmer
nos rêves et nos espérances. En réalité,
nous voulons seulement qu’on nous dise
que nos projections positives vont se réa­
liser ! Ce fantasme – tant qu’il reste fan­
tasme – est porteur. Il peut sans doute
débloquer certaines situations, nous
pousser à agir, faire sortir de notre
inconscient certains désirs refoulés, en
libérer certains que l’on n’osait pas assu­
mer », analyse-t-elle.
Société
À se demander si, parfois, il ne vaudrait pas mieux pousser la porte d’un
psy que celle d’une voyante… Les deux
ne sont pas antinomiques. « Si je vais
régulièrement voir des voyantes, je
consulte tout aussi régulièrement des
psys ! Faire un travail de fond sur soi per­
met de bien se connaître et de ne pas cou­
rir le risque ensuite de se mettre en situa­
tion de dépendance vis-à-vis d’un
médium. Le travail psychologique per­
met de conserver recul et esprit critique »,
affirme Lucie. Même son de cloche chez
notre voyante parisienne. « Voyance et
psychologie peuvent être complémen­
taires. Il m’arrive régulièrement d’en­
voyer des clients chez un thérapeute
quand je sens une grande fragilité. Ainsi,
à plusieurs reprises, des femmes ont
parlé pour la première fois chez moi de
violences sexuelles qu’elles avaient subies.
Je leur ai alors conseillé d’entamer une
thérapie. Le passage par la voyante leur
avait permis de s’ouvrir, de se préparer
en amont à ce travail sur elles », explique
Florence Phillips.
Une volonté d’aider
les autres
Si la profession compte son lot d’escrocs [voir l’entretien avec Youcef
Sissaoui­], bon nombre de voyants font
preuve d’une authentique bonne foi.
Depuis quelques années, le métier s’est
en quelque sorte respectabilisé. Le
temps de la Madame Irma en turban et
prenant des airs inspirés au-dessus de
sa boule de cristal est révolu. Les
« diseuses de bonne aventure » version
xxi e  siècle sont aussi très souvent
conseillères en développement personnel, accompagnatrices de changements
de vie. « J’observe chez beaucoup de ces
voyants une réelle volonté d’aider les
autres, comme s’ils avaient une sorte de
mission à remplir. Souvent, ils ont une
connaissance poussée de plusieurs disci­
plines, qu’ils ont étudiées longuement,
ainsi qu’une connaissance très intéres­
sante de l’être humain », souligne Nicole
Prieur. « Je ne veux surtout pas être dans
la toute-puissance avec les personnes qui
viennent me consulter, leur imposer des
orientations. Je préfère qu’on me dise
que je suis nulle, que je ne vois rien plutôt
que de prendre le pouvoir sur quelqu’un
qui attend une réponse immédiate et une
solution clé en main ! », insiste Suzie
Gentile. Des pistes de réflexion, des clés
pour ouvrir nos propres portes, c’est
sans doute cela que peut nous offrir la
voyance contemporaine. ✦
1. Auteur de Femmes de parole :
une ethnologie de la voyance, éd. Métailié.
2. Auteur de Petits règlements de comptes
en famille, éd. Albin Michel.
3 questions À… Pr Henri Broch
physicien et fondateur
du laboratoire
de Zététique
à l’Université de Nice
Sophia Antipolis (1).
Qu’est-ce que la zététique ?
Bien que peu connu,
le terme « zététique » est
répertorié depuis fort
longtemps en français.
Il vient du verbe grec zétèin,
qui signifie « chercher ».
Je résume la zététique
par une expression : l’art
du doute. J’ai décidé de
l’appliquer, au sein
du laboratoire que j’ai créé,
à un sujet très motivant : les
phénomènes paranormaux.
Voilà donc de nombreuses
années que je me
consacre à une approche
scientifique rigoureuse de
l’extraordinaire, notamment
des arts divinatoires.
Selon vous, pourquoi
autant de nos
contemporains ont-ils foi
dans les arts divinatoires,
malgré l’absence de
preuves scientifiques ?
Si vous expliquez à une
personne enthousiasmée
par les prédictions d’une
voyante qu’elle l’a ellemême orientée et lui a
donné de nombreuses
informations sans en avoir
conscience, simplement en
réagissant aux hypothèses
émises par des
onomatopées, des
mimiques, des postures, elle
ne voudra pas vous croire.
Si vous lui expliquez que la
mémoire humaine est
particulièrement sélective et
qu’elle n’a retenu que les
deux prédictions qui se sont
révélées à peu près justes
(car énoncées de manière
suffisamment généraliste
par la voyante) et qu’elle a
oublié les huit autres ne
s’étant réalisé ni de près, ni
de loin, elle ne vous croira
pas davantage. Pour
beaucoup de gens, les
explications scientifiques
leur apparaissent
compliquées, un peu sèches
et manquant de poésie.
Elles sont bien moins
satisfaisantes que les
prédictions des médiums
qui les rassurent et
répondent à un moment
donné à un besoin.
La rationalité est-elle
totalement absente
de toutes ces croyances ?
Justement non, et c’est
cela qui est assez amusant !
Beaucoup de gens
qui croient en la voyance
ou autres phénomènes
paranormaux ont besoin
de rationaliser leurs
croyances. Ils aiment à
penser qu’un jour la science
pourra expliquer ce qui
pour l’instant lui échappe,
que ce n’est qu’une
question de temps.
Beaucoup aussi privilégient
les arts divinatoires
où l’on pratique des calculs,
comme l’astrologie
et la numérologie. Pour le
scientifique que je
suis, cette recherche d’une
caution scientifique
est plutôt sympathique :
cela signifie que
la science séduit malgré
tout, en tout cas
inspire confiance !
1. Auteur de Comment déjouer
les pièges de l’information
ou les Règles d’or de la zététique,
éd. Book-e-Book
(book-e-book.com).

Documents pareils

Dimitri d`Alfange d`Uvril testé et recommandé dans le le livre LE

Dimitri d`Alfange d`Uvril testé et recommandé dans le le livre LE téléphone (audiotels, numéros surtaxés), sur internet, les travaux occultes imaginaires, les manipulations les plus courantes, le rêve brisé des consultants en situation de faiblesse, et la poussée...

Plus en détail

Institut National des Arts Divinatoires Information et demande d

Institut National des Arts Divinatoires Information et demande d Institut National des Arts Divinatoires Information et demande d’adhésion Depuis plus de 21 ans, l'INAD intervient régulièrement en qualité de médiateur amiable auprès des cabinets et des professio...

Plus en détail