Revue de presse mars 2016

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Revue de presse mars 2016
Maghreb mars 2016
Table des matières
PanoraPost - Publié le 26 février 2016
4ème Forum Afrique développement, les choses se concrétisent
Le Forum international Afrique Développement, co-organisé par le groupe Attijariwafa Bank
et Maroc Export, se tient à Casablanca les 25 et 26 février. Cette 4ème édition est axée du
thème « Agriculture et électrification : mobiliser les énergies » et cette année, le Club Afrique
développement a été officiellement créé. 2.400 participants se sont enregistrés pour ce
Forum, en vue de (lucratives, effectives et actives) rencontres en B2B.
PanoraPost - Publié le 03 mars 2016
Que signifie de défendre et de porter des valeurs qui ne sont pas, en réalité, les
nôtres ?, par Sanaa Elaji
Que signifie que nous ayons des discours qui ne reflètent pas nos comportements au
quotidien ?
PanoraPost - Publié le 05 mars 2016
Les détails des substances biologiques saisies par le BCIJ, et l’évolution de la nature
des risques
Il y a dix jours, le Bureau central d’investigations judiciaires réussissait une opération
importante, et inédite. Un ressortissant français, converti, un mineur, des projets d’attentats à
la fourgonnette piégée et à l’aide de substances biologiques... Il s’agissait d’un véritable
commando, ainsi que l’avait qualifié Abdelhak Khiam, chef du BCIJ. Mais la nouveauté, en
dehors du Français et du mineur, était la découverte de produits et matières pouvant servir à
un attentat biologique majeur. Les détails.
The Guardian - Thursday 3 March 2016 12.42 GMT
Sorry, France, but razing the Calais ‘Jungle’ is not humanitarian
Clare Moseley
The police are using disproportionate force to clear the camp, and now the majority of its
inhabitants have nowhere to go
LIBERATION –
Affaire Kamel Daoud : la polémique sur l’islam et les femmes n’en finit pas
Malgré divers soutiens, dont celui de Manuel Valls mercredi, l’auteur algérien confirme
renoncer au journalisme. Mais la controverse, déclenchée par ses propos sur «le rapport
malade à la femme» dans le monde arabo-musulman, perdure.
Al-Ahram HEBDO - Semaine du 2 au 8 mars 2016 - Numéro 1116
Le Daech culturel
Ceux qui luttent contre la culture, la pensée et la littérature ne sont pas moins dangereux que
ceux qui dressent des drapeaux noirs et tuent sous prétexte qu’ils sont des moudjahidin. Et
si le mot Daech est devenu le symbole du terrorisme armé le plus féroce, il convient
également pour désigner le terrorisme culturel qui s’est propagé en Egypte menaçant le peu
qui reste de créativité artistique, culturelle et intellectuelle. En effet, si le « Daech culturel »
n’avait pas existé, il n’y aurait pas eu de Daech armé.
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Femmes sous influences
Les femmes migrantes sont de plus en plus nombreuses à quitter leur terre, par volonté
d'émancipation, par souhait de ne plus se soustraire aux contraintes familiales, pour fuir des
rites dégradants, par désir de pouvoir faire des études et imaginer une autre vie.
youtube.com Published on Sep 29, 2015
Migrants : Frère Rachid démasque les pays musulmans ( version française ) / France
Nation
Le « Frère Rachid », un ex-musulman marocain, anime tous les jeudi soir une émission en
arabe intitulée Sou’âl jarî’ (Daring question – Question audacieuse) sur la chaine satellitaire
Al-Hayat basée aux États-Unis. Il dialogue avec des dignitaires religieux et des chercheurs
musulmans ainsi qu’avec des ex-musulmans. Il commente souvent les textes fondateurs en
islam relatifs à la violence contre les non-musulmans et portant atteinte à la dignité humaine.
Grâce à cette émission, il est devenu l’animateur-phare de cette chaine de langue arabe,
regardée par plusieurs millions de musulmans dans le monde.
PanoraPost - Publié le 07 mars 2016
Les trois « grandes » lois des ministres PJD bloquées
Trois ministres PJD connaissent de grandes difficultés pour faire passer les lois qui devront,
ou devraient, marquer leur passage au gouvernement. Il s’agit de Mustapha Ramid,
Mustapha el Khalfi et Bassima Hakkaoui, avec respectivement le Code pénal, le Code de la
presse et les lois sur la violence contre les femmes et sur le travail domestique. La raison en
est une idéologie trop marquée…
El Watan - Mercredi 9 mars 2016
Nebbou à l’occasion de la journée mondiale de la femme
«Continuer dans les mêmes politiques est suicidaire»
Le premier secrétaire national du FFS évoque, dans ce contexte, les luttes de la femme
algérienne pour arracher ses droits.
El Watan - Mercredi 9 mars 2016
Conseil français du culte musulman
«Les principes d’égalité et d’équité ne sont pas respectés»
Les femmes ont-elles leur place dans les instances musulmanes en France ? Une série de
réunions a été initiée par le CFCM.
El Watan - Mercredi 9 mars 2016
Contribution : L’institutionnalisation du Genre au Maghreb et en contexte migratoire
La résilience de catégories binaires
L’Institutionnalisation des études sur le genre au Maghreb et en immigration publié aux
éditions EME Bruxelles sous la direction de Aïssa Kadri et de Nassima Moujoud (décembre
2015) est tout à fait d’actualité en cette journée du 8 Mars et dans le contexte des agressions
et viols supposés être le fait de migrants à Cologne.
Media24 – 09/03/16
Les ménages gérés par des femmes sont moins exposés à la pauvreté
Le Haut commissariat au plan a publié, à l'occasion de la journée internationale des droits
des femmes, une note récapitulative sur les disparités qui existent entre les hommes et les
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femmes au Maroc.
Ces statistiques, aussi intéressantes qu'inquiétantes, sont tirées du dernier recensement
global de la population (2014) et des résultats de récentes enquêtes menées par le HCP.
Diminution de l'âge du premier mariage
Les femmes, meilleures chefs de foyers
Les violences à l'égard des femmes plus présentes en ville
Media24 - 09/03/16
N'importe qui peut créer une journée mondiale de n'importe quoi
300 journées mondiales et internationales sont répertoriées. Qui peut en créer? Comment?
Qui valide? Les réponses.
Le Soir.be - 1/03/2016
La renaissance de Tombouctou
La ville emblématique du nord du Mali a été rasée il y a trois ans et demi par les barbares
djihadistes. Les extrémistes ont détruit 16 mausolées dédiés aux saints les plus vénérés par
la population. Un groupe de maçons locaux lutte à présent pour récupérer cet héritage
historique et culturel.
Au secours des manuscrits islamiques
PanoraPost - Publié le 12 mars 2016
Samira Sitaïl a raison de dire que « le Maroc n’est pas un Etat arabe », par Aziz
Boucetta
Elle a dit ce qu’elle pensait et elle s’est attirée les attaques de tous bords, en interne et
ailleurs. Elle a dit que le « Maroc n’est pas un Etat arabe » et les Arabes, arabisants et
autres panarabes se sont rués sur elle. Elle, c’est Samira Sitaïl, directrice de l’information à
2M, et elle n’a fait que lire la constitution, pourtant adoptée à la quasi unanimité des
Marocains, et redire ce qui y figure, ou plus précisément ce qui n’y figure pas…
PanoraPost - Publié le 13 mars 2016
Maroc-France : des relations économiques durables
Trouver un juste équilibre entre le développement durable et la croissance, c’est chose
possible. « Les entreprises peuvent faire de l’économie durable une économie pour
développer leur compétitivité », a affirmé la présidente de la CGEM, Miriem Bensalah
Chaqroun lors de la rencontre économique Maroc-France placée sous le thème « Construire
ensemble durablement ».
Le Soir.be - 12/03/2016
Crise des migrants: «Une certaine idée de l’Homme»
Les récentes négociations de l’Union européenne avec la Turquie au sujet des réfugiés n’ont
de « négociation » que le nom. La chronique de Vincent Engel.
The Economist – Mar 12th, 2016
Illegal immigration
Channel hopping
There has been a twelvefold increase in clandestine attempts to enter Britain via European
ports and train tunnels since 2012, according to figures obtained by The Economist under
freedom of information laws. Lorries are X-rayed for stowaways and sniffer dogs patrol
regularly, making the obstacle course harder than ever. Yet this has done little to deter
migrants—nor to soothe the fears of Eurosceptic voters ahead of the June 23rd referendum
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PanoraPost - Publié le 14 mars 2016
Plus de 10 millions de Marocains sont francophones
En plein débat sur le français dans l’école publique marocaine et suite à la polémique entre
le ministre de l’Education nationale et le chef du gouvernement, l’Organisation internationale
de la Francophonie (OIF) vient de rendre public un rapport sur l’usage de la langue française
dans le monde. Il y aurait donc quelque 10 millions de francophones au Maroc, sur un total
de plus de 220 millions de personnes dans le monde, dont 110 environ reçoivent leur
enseignement en français.
PanoraPost - Publié le 14 mars 2016
Le respect de l’Autre, par Ahmed Aassid
Il existe encore un grand nombre de personnes qui n’ont pas compris le sens de l’expression
« respect de l’Autre », considérant que ce respect ne s’applique qu’à elles et que les autres
doivent respecter leurs valeurs et leurs conceptions des choses. Mais elles ne pensent pas à
la réciproque, et elles ne conçoivent pas que les opinions et la sécurité de l’Autre a la même
importance que les leurs.
El Watan - Jeudi 17 mars 2016
Guerre sournoise du Royaume wahhabite contre l’Algérie
Les Saoudiens veulent la tête de Mohamed Aïssa
Les prises de position du ministre des Affaires religieuses sur le wahhabisme irritent le
royaume saoudien, au demeurant de plus en plus remonté contre l’Algérie pour ses
dernières «démarcations» diplomatiques au sein de la Ligue arabe.
El Watan - Jeudi 17 mars 2016
Le retour de la «Diaspora algérienne» vu par Giulia Fabbiano
Entre la saga Riyad Mahrez et l’article 51…
Le conte de fées que sont en train de vivre les Foxes — surnom de la modeste équipe de
Leicester —, leader surprise de la très prestigieuse Premier League anglaise, ne laisse
manifestement pas indifférents les «tifosi» algériens.
EUobserver.com - BRUSSELS, 17. MAR, 18:53
Has the EU stopped lying to itself on refugees?
"Americans can always be counted on to do the right thing … after they have exhausted all
other possibilities" is a famous quote, versions of which have been attributed to Winston
Churchill.
EUobserver.com - BRUSSELS, 17. MAR, 11:48
EU-financed migration projects ignore human rights
EU-funded migration projects in North Africa and Eastern Europe have not achieved their
goals and have broadly ignored human rights, the EU's financial watchdog says.
In a 70-page report out on Thursday (17 March), the European Court of Auditors found that
respect for human rights "remains theoretical and is only rarely translated into practice".
PanoraPost - Publié le 17 mars 2016
Après les manuels d’éducation religieuse, ceux d’histoire seront aussi réformés
La réforme de l’éducation nationale marche lentement, mais sûrement semblerait-il cette
fois… Le ministre de l’Education nationale Rachid Belmokhtar a annoncé avoir demandé aux
services de son ministère de réviser les contenus dans les programmes d’histoire, dans
l’objectif de lutter à la base contre le fondamentalisme.
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OreLa - Lundi 21 Mars 2016
Salah Echallaoui à la tête de l’Exécutif des Musulmans de Belgique
Le 30 mars 2014, un nouvel organe représentatif du culte islamique était présenté à la
presse belge. Issu pour la première fois d’un processus d’élection interne aux mosquées, cet
Exécutif des Musulmans de Belgique avait pour mission de stabiliser l’organisation du culte
islamique et faire progresser des dossiers importants, en particulier la reconnaissance de
nouvelles mosquées. Deux ans plus tard, un constat d’échec entraine un remaniement de sa
composition et la nomination d’un nouveau président, sur fond de moyens supplémentaires
alloués par les pouvoirs publics au culte islamique.
Le Soir.be - 23/03/2016
«Mes excuses»: lettre à mon fils, à ma fille
Après la colère et la tristesse, le temps est venu pour moi de te présenter mes excuses. Cela
fait 20 ans que je te mens. La chronique de Béatrice Delvaux
El Watan - Vendredi 25 mars 2016
D’accord/Pas d’accord : Pour libérer un grand nombre de détenus
Les prisons algériennes vont libérer un grand nombre de détenus, de l’ordre de 30 à 40%,
durant les prochains mois.»
El Watan - Vendredi 25 mars 2016
La question de la semaine : Est-ce qu’on va pouvoir se payer le hadj cette saison ?
Le coût du pèlerinage de la saison 1437 Hijri/2016 a été fixé à 49 millions de centimes
(490 000 DA), incluant le prix du billet et l’argent de change estimé à 2500 RS, soit 600
euros», a publié l’Office national du pèlerinage et de la omra (ONPO) sur sa page Facebook.
El Watan - le 23.03.16
Richard Labévière. Spécialiste des réseaux djihadistes
«Des réseaux dormants qui se réveillent et se vengent»
Spécialiste des réseaux djihadistes et de leur financement, Richard Labévière, rédacteur en
chef du magazine en ligne Proche&Moyen-Orient.ch, explique que les attentats de Bruxelles
sont une réponse des réseaux dormants salafo-djihadistes implantés en Belgique, à
l’arrestation de Salah Abdeslam et de ses complices.
El Watan - le 20.03.16
Le président français célèbre le 19 mars
Un geste positif» et «un acte courageux». La décision du président français de rendre
hommage aux victimes de la Guerre d’Algérie à l’occasion du 19 Mars, qui correspond à la
Fête de la victoire, est fortement saluée en Algérie.
El Watan - le 22.03.16
Polémique autour du 19 mars : La guerre d’Algérie est-elle finie ?
La tendance OAS, qui n’a jamais baissé les bras, pleure aujourd’hui les drames humains de
1962 qu’elle a elle-même causés.
El Watan - Vendredi 25 mars 2016
Et petit à petit, les migrants ont changé le regard de la société
La pluie claque sur la baie vitrée de l’hôtel. A travers la vitre du premier étage, on aperçoit
sur le parking cinq migrants subsahariens qui poussent des brouettes remplies de béton.
Dans la salle, dix-huit associations sont réunies autour d’une table pour unifier le travail de la
société civile en faveur des migrants. L’une des participantes se lamente du racisme.
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El Watan - Vendredi 25 mars 2016
Montréal : Un hommage aux victimes algériennes du terrorisme intégriste
Ajouad Montréal organisera ce jeudi 24 mars un hommage aux victimes algériennes du
terrorisme islamiste de la décennie noire.
El Watan - le 19.03.16
Focus .Le théâtre tunisien à l’épreuve de la liberté
Planches et langue de bois
Le théâtre tunisien post-Révolution est très bavard. Le besoin de dire et le besoin de
crier sur scène sont si forts que les auteurs et les metteurs en scène ne se maîtrisent
presque plus.
-------- Message transféré -------Sujet :Caroline
Date :Fri, 25 Mar 2016 17:26:15 +0100
De :Paul <[email protected]>
Pour :MOpin <[email protected]>
La fille de mon ami Claude est parmi les victimes de la bombe du métro, mardi, à Bruxelles.
Le Soir.be - 26/03/2016
Edouard Delruelle: «La société a besoin de faire communauté»
Après les attentats de Bruxelles, l’hommage national, le recueillement de nombreux citoyens
et la démission avortée des ministres Jan Jambon et Koen Geens, le Grand Oral RTBF-Le
Soir reçoit Edouard Delruelle. Professeur à l’Université de Liège, il décortique d’un point de
vue philosophique ce que vit la Belgique depuis le 22 mars.
La Libre.Be - LUNDI 28 MARS 2016
Les assassins appartiennent à notre monde
L’histoire nous démontre que la main-d’œuvre du crime est issue de notre société.
UNE OPINION DE DENIS SIEFFERT - DIRECTEUR DE L'HEBDOMADAIRE POLITIS.
La Libre.Be - LUNDI 28 MARS 2016
La Belgique est inféodée depuis trop longtemps, fini le temps du politiquement correct
!
Une opinion de Latifa Aït-Baala, vice-présidente du MRI (Mouvement Réformateur
International).
C’est au nom de cette religion d’Amour et de Paix (Islam) que les attentats les plus
meurtriers qu’ait connus la Belgique ont été perpétrés ce 22 mars 2016. 28 personnes y ont
laissé la vie et 340 blessés sont à déplorer. Les victimes sont des quatre coins du monde et
l’on peut craindre un bilan encore plus lourd.
La Libre.Be - LUNDI 28 MARS 2016
Terreur : des débats difficiles mais nécessaires
Meurtrie dans sa chair, désignée comme base arrière du djihadisme européen, la Belgique
doit aujourd'hui aborder des débats qui s'annoncent difficiles. J'en distingue trois :
La Libre.Be - LUNDI 28 MARS 2016
"Pourquoi les musulmans ne descendent pas en masse dans la rue pour condamner
?"
Un texte d'Ismaël Siadi, publié par l'auteur et réalisateur de cinéma, télévision et de théâtre,
sur sa page Facebook.
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La Libre.Be - LUNDI 28 MARS 2016
"Il est temps d'arrêter la complaisance aveugle envers la communauté musulmane"
Une opinion de Jonathan Claes, un lecteur de La Libre Belgique, en réponse au texte
d'Ismaël Saïdi
La Libre.Be - LUNDI 28 MARS 2016
La laïcité, entre rejet et tolérance
Pas plus que la religion, la laïcité n’a intérêt à devenir l’arme d’un combat politique, dans
tous les sens du terme. "Liberté en tout et pour tous" : cette maxime reste d’actualité dans le
domaine des opinions, des croyances et des convictions.
FRANCE 24. - 03/04/2016
À Sidi Moumen, au Maroc, l’art et la culture pour combattre l’intégrisme
Convaincus que l’art peut changer des vies, deux artistes ont ouvert un centre dédié aux
enfants dans un quartier défavorisé de Casablanca. L’objectif ? Leur permettre de s’exprimer
et s’émanciper. Reportage en clair-obscur, entre espoir et réalité.
Contrepoints (France) 2 avril 2016
D’où sortent les djihadistes ?
L’éradication de la terreur passe par une réflexion à long terme sur les sources peu
théologiques du néo-djihadisme.
Sciencesetavenir Mis à jour le 29-03-2016
Khaled Asaad, archéologue et martyr de Palmyre
En août 2015, l'archéologue français Jean-Baptiste Yon avait rendu hommage à l’ancien
directeur du Département des Antiquités du site archéologique de Palmyre, en Syrie,
assassiné à la mi-août 2015 par Daech. Nous republions ce témoignage alors que Palmyre
est libérée.
A voir :
Plus de 2000 photos de la Mission Archéologique Française à Palmyre de 1901 à 1939, sont
aussi disponibles. Une partie de la photothèque d’archéologie et des archives MédiHAL de
l’Institut Français du Proche-Orient (Ifpo) ont été mis en ligne.
COURRIER INTERNATIONAL - 29/03/2016
Maroc. “Tous pareils, tous africains” : la vidéo de Leila Alaoui que la télévision refuse
de diffuser
“A l’université, il est très difficile de se faire des amis marocains” ; “Il y a même des taxis qui
ne veulent pas s’arrêter dans la rue pour me prendre.” Voici quelques-une des phrases
prononcées dans le spot de quarante secondes réalisé il y a un an par la photographe
franco-marocaine Leila Alaoui. “
APS (algerie)
Pour la création à Adrar d’une académie internationale de formation d’imams et
prédicateurs
ADRAR - Les participants au séminaire international sur "l’école de soufisme algérienne et
ses ramifications africaines", clôturé dimanche à Adrar, ont plaidé pour la création dans cette
wilaya d’une académie internationale spécialisée dans la formation d’imams et de
prédicateurs.
Assawra - lundi 4 avril 2016
Le scandale Panama Papers met en lumière une manière de faire de l'évasion fiscale
très élaborée.
C'est la révélation de la journée. Le Monde et le Consortium international des journalistes
d'investigation (ICIJ) ont mis en lumière l'existence d'un système offshore mondial qui
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représente, selon le quotidien, « la percée la plus spectaculaire jamais effectuée dans le
monde obscur de la finance offshore ». L'occasion de faire le point sur un mode opératoire
très répandu pour faire de l'évasion fiscale.
The Economist – Apr 2nd, 2016
Arab universities
The kingdom is king
A snapshot of the region’s higher education
The Economist – Apr 2nd, 2016
Afghan refugees
Living in limbo
The treatment of Afghans shows how Europe’s asylum system is collapsing
The Economist – Apr 2nd, 2016
A religious killing in Scotland
A quiet man with a loud message
A horrific murder prompts fears of more attacks on a small Islamic sect
The Economist – Apr 2nd, 2016
Counter-radicalisation (1)
Battle of ideas
In the first of three articles about Western countries’ attempts to counter Islamist
violence, we look at a Belgian programme for disaffected Muslim youngsters
Counter-radicalisation (2)
Talking cure
France puts its faith in secular authorities to help fight radical Islamist ideas
Counter-radicalisation (3)
A disarming approach
Can the beliefs that feed terrorism be changed?
CCLJ - Lundi 4 avril 2016
ATTENTATS DE BRUXELLES
LUC DARDENNE : "DANS LES ANALYSES SUR LE DJIHADISME, ON NE PREND PAS
ASSEZ EN COMPTE LE FACTEUR RELIGIEUX".
Dans ce texte publié dans les Inrocks*, le cinéaste belge Luc Dardenne exprime son
désaccord avec une certaine analyse de gauche disant que la radicalisation dépend de
causes sociales.
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Articles
PanoraPost (maroc)
Publié le 26 février 2016
4ème Forum Afrique développement, les choses se concrétisent
http://www.panorapost.com/article.php?id=12240
Le Forum international Afrique Développement, co-organisé par le groupe Attijariwafa Bank
et Maroc Export, se tient à Casablanca les 25 et 26 février. Cette 4ème édition est axée du
thème « Agriculture et électrification : mobiliser les énergies » et cette année, le Club Afrique
développement a été officiellement créé. 2.400 participants se sont enregistrés pour ce
Forum, en vue de (lucratives, effectives et actives) rencontres en B2B.
Lors de la cérémonie d’ouverture, le ton a été donné sur les deux thèmes agriculture et
électrification, avec un accent particulier sur la coopération Sud-Sud, qui ne doit pas rester
un leitmotiv creux ou un slogan marketing. Il est temps de mettre la coopération interafricaine
en mouvement, prenant appui sur le fameux discours de Mohammed VI prononcé à Abidjan
voici deux ans, et dans lequel le roi avait longuement loué les vertus de cette coopération.
Dans son allocution d’ouverture, le PDG d’Attijariwafa Bank Mohamed Kettani s’est montré
fier et heureux d’annoncer la participation de 2.400 délégués, venant de 29 pays dont 24
pays africains (l’Inde et la Chine en guest stars) avec 4.500 rendez-vous programmés en
B2B. il a rappelé que cette 4ème édition se tient dans une conjoncture internationale encore
ébranlée par les séquelles de la grande crise économique et financière, insistant sur le fait
que le FMI a même révisé 3 fois ses perspectives de croissance mondiale en quelques mois,
de même que l’OCDE. Kettani est également revenu sur les deux thèmes de ce Forum,
agriculture et électrification, avec en plus et en corollaire l’entreprenariat nécessaire pour le
développement de l’Afrique, un continent où, a-t-il souligné, près de 600 millions de
personnes n'ont pas d'accès aux réseaux électriques et où les taux d'électrification moyens
des pays subsahariens ne dépassent guère 20%.
Prenant la parole à son tour, le ministre de l’Agriculture Aziz Akhannouch a lancé à une salle
comble qu’ « il faut gagner la bataille de l’agriculture », rappelant que le Maroc a structuré
son secteur primaire autour de l’agriculture moderne à haute rentabilité certes, mais aussi et
surtout vers une agriculture familiale et solidaire. Le Plan Maroc Vert, a insisté le ministre, a
permis de passer de 160.000 hectares irrigués en système goutte-à-goutte en 2008 à
450.000 aujourd’hui, avec de bonnes perspectives pour atteindre avant l’heure l’objectif de
550.000 hectares initialement programmé de 2020. Quant au PIB agricole, cette année et en
dépit de la pluviométrie inquiétante, il sera maintenu à plus de 100 milliards de DH, ce qui
montre bien la capacité de résilience du Plan.
Et puis arrive le ministre des Affaires étrangères, qui évoque de prime abord et avec une
pointe d’humour son « décalage », que les gens ont effectivement observé ces derniers
temps… Plus sérieusement, il a martelé que le continent devait passer de l’afro-pessimisme
qui l’a caractérisé jusque-là à une posture de création de richesse et de partage
d’expérience et d’expertises. Il a également rappelé que la COP22, qui se tient en fin
d’année sur notre sol, sera le prolongement de la COP21 en France, qui n’a pu réussir que
grâce à l’engagement et aux engagements des pays africains, et du Maroc en particulier. «
Le Maroc souhaite faire de la COP 22 celle de l’Afrique et celle de ceux qui sont les plus
menacés par les changements climatiques. Et en faire celle de la concrétisation et du début
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du financement programmés », a expliqué le chef de la diplomatie, qui a suggéré cette idée
que le Maroc, en allant vers ses frères africains, n’est pas « venu avec ses grosses bottes »
pour prendre la place de certains ou comme le pensent certains, en allusion claire à la
France , mais pour bâtir des relations de confiance en vue d’assurer l’avenir.
Rappelons que depuis les quelques années que se tient le Forum Afrique développement,
5.500 opérateurs économiques y ont participé et 13.000 rendez-vous B2B ont été organisés.
PanoraPost (maroc)
Publié le 03 mars 2016
Que signifie de défendre et de porter des valeurs qui ne sont pas, en réalité, les
nôtres ?, par Sanaa Elaji
http://www.panorapost.com/article.php?id=12277
Que signifie que nous ayons des discours qui ne reflètent pas nos comportements au
quotidien ?
Que signifie de brandir tous ces slogans, en agissant exactement à l’inverse tant que le
public qui reçoit ces slogans ne nous regarde pas agir, après nous avoir entendu clamer et
proclamer tant et tant de choses ?
Il existe d’aussi nombreux que divers exemples de ce qui précède dans nos vies de tous les
jours : Des associations, des organismes de défense des droits humains… qui piétinent
allégrement les droits de leurs propres employés. Rien de plus « normal », pourrait-on dire
puisque ces droits, et surtout leur respect, n’apparaissent pas en fin d’année dans les bilans
d’activité, pas plus qu’ils ne se reflètent dans les discours et les proclamations.
Voilà une institution de défense, au grand jour, des droits des personnes à besoins
spécifiques, mais qui, derrière le rideau, refuse de reconnaître à une employée enceinte le
droit de demander à ne pas prendre le train chaque jour pour aller à son travail. Cette
femme propose pourtant des solutions qui lui permettraient de prendre soin de sa santé tout
en arrivant aux mêmes résultats ; mais non, cette association ne veut pas admettre que l’état
de grossesse peut engendrer, et engendre souvent, des besoins spécifiques que l’on doit
prendre en considération, surtout quand la femme concernée préconise des formes de
travail qui assure les performances et la productivité habituelles.
Voilà encore des groupes ou entreprises de presse qui critiquent à tout va, brandissent des
slogans rageurs quant au respect de la loi et de la démocratie, qui ne laissent rien passer à
personne mais qui, vérifications faites, ne paient pas leurs cotisations sociales… et nous ne
parlons même pas des retraites ou des assurances-maladies complémentaires, mais bel et
bien des cotisations légales obligatoires… Oh bien évidemment, on critique le roi, on
égratigne le gouvernement, on s’attaque au parlement, même si l’institution qui fait cela ne
respecte aucunement ses propres obligations réglementaires et sociales.
Il existe aussi des associations de la société civile et des médias qui portent haut les valeurs
citoyennes, qui proclament leur modernité et qui disent défendre les libertés individuelles et
collectives mais qui n’ont que très peu de considération pour leurs partenaires et/ou leurs
salariés : mensonges récurrents, retard dans le respect des engagements, irresponsabilité à
multiples facettes…
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Des gens qui nous assourdissent à longueur d’entretiens de leur amour pour leur patrie, de
leur attachement indéfectible à l’intégrité territoriale, qui n’en peuvent plus de brandir les
couleurs nationales… mais qui se gardent bien de payer leurs impôts le moment venu…
Des militantes qui font de leur combat en faveur des femmes une raison de vivre, dont les
noms deviennent quasi légendaires dans leurs domaines, mais qui n’ont que mépris pour les
droits les plus élémentaires de leurs personnels de maison car à leurs yeux, les seuls droits
des femmes qu’elles reconnaissent sont le quota et la discrimination positive qui permet des
responsabilités effectives…
Des défenseurs des droits qui passent leurs temps à parler modernité et à causer libertés
mais qui, une fois dans leurs vies habituelles, oublient tout cela… Ils ne sont pas
conservateurs – étant entendu qu’être conservateur n’est absolument pas une tare – mais
plutôt profanateurs et mystificateurs. Ces gens soliloquent à longueur de journées sur les
libertés individuelles mais, la nuit tombée, se trouvent offusqués de trouver face à eux des
gens qui ne consomment pas d’alcools, comme si la dive bouteille était en elle-même un
symbole de la modernité, alors même, on le sait, que la plupart des piliers de bars au Maroc
sont plus conservateurs que quiconque… Et même quand ils causent de la chose, aucun de
ces si vertueux personnages ne se résout à admettre que le respect des libertés
individuelles passe aussi par celui d’un individu portant les valeurs de modernité mais qui
n’aime pas boire de l’alcool.
Et nous avons, bien évidemment, les gens pieux – du moins en apparence – mais qui ne
crachent pas sur le matériel et le vénal, en piétinant au besoin les droits des faibles et des
opprimés, proches ou lointains. Ils mentent et bonimentent, se faisant tour à tour hypocrites
ou escrocs… en couvrant le tout d’un vernis de piété.
Des groupes, des grappes de gens passent des heures entières de leurs saintes journées à
vitupérer contre ces parents irresponsables qui gâtent leurs progénitures, qui exercent sur
elles de si néfastes influences (à leurs yeux) ou qui les délaissent et s’en
désintéressent…mais quand l’un d’eux, parmi ces preux et valeureux moralisateurs, déclare
qu’il ne veut pas avoir d’enfant car il ne sent pas capable d’endosser cette responsabilité
parentale pour une raison ou pour une autre, ses commensaux lui jettent des regards
obliques ou le toisent de haut en lui disant sur un ton docte : « Tu verras, tu finiras par
changer d’avis »…
Et que de jeunes qui se plaignent des exigences de noces faites par les filles, avec toutes
les dépenses et le tapage, mais qui, une fois qu’ils voient sur Facebook un jeune couple
ayant affiché des photos de leur voyage de noce décidé en lieu et place d’un mariage
princier, marquent leur désapprobation grincheuse et souvent réprobatrice.
Que de couples ont marié leur fils dans une débauche d’argent, un argent qu’ils n’avaient
pas et qu’ils ont dû rembourser des années après la noce mais qui, quand leur fille vient leur
apprendre qu’elle veut convoler sans tapage ni vacarme, dans la discrétion et l’intimité avec
son promis, la sermonnent et la mettent en garde contre cette déviance qui lui coûterait tant,
à elle et aussi à eux…comme si le mariage à la marocaine était le passage obligé vers le
bonheur ! Quelle candeur !
Des exemples comme ceux-là, on peut en dérouler à l’infini et nous en avons tous connu,
d’une manière ou d’une autre, sur tel ou tel sujet, jusqu’à la nausée… Mais on en arrive,
finalement, à la conclusion que le slogan est facile mais que sa mise en pratique n’est pas si
aisée… Le plus difficile est de faire ce que l’on dit et de concrétiser nos slogans, loin de toute
hypocrisie sociale… ou alors, que l’on se taise si on est incapables de changer en nos fors
intérieurs.
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Les Français ont un dicton qui résume bien tout cela : « Pour donner des leçons d’hygiène, il
faut avoir le cul propre ».
Al Ahdath al Maghribiya
PanoraPost (maroc)
Publié le 05 mars 2016
Les détails des substances biologiques saisies par le BCIJ, et l’évolution de la
nature des risques
http://www.panorapost.com/article.php?id=12282
Il y a dix jours, le Bureau central d’investigations judiciaires réussissait une opération
importante, et inédite. Un ressortissant français, converti, un mineur, des projets d’attentats à
la fourgonnette piégée et à l’aide de substances biologiques... Il s’agissait d’un véritable
commando, ainsi que l’avait qualifié Abdelhak Khiam, chef du BCIJ. Mais la nouveauté, en
dehors du Français et du mineur, était la découverte de produits et matières pouvant servir à
un attentat biologique majeur. Les détails.
PanoraPost a pu obtenir des informations sur ces produits, après analyse des substances
saisies, un cadavre de rat, des lamelles de citron et des clous. Ces produits ont été analysés
dans les laboratoires scientifiques de la police et les découvertes qui en ont été issues sont
effrayantes. La préparation de produits pouvant servir à une attaque biologique en étaient
encore au stade préliminaire, mais il semblerait que les terroristes connaissaient les
méthodes de fabrication de produits létaux, à grande échelle, et de diffusion avec des doses
de l’ordre du microgramme.
Nature de la bactérie et sa létalité
Après les études et analyses biologiques en laboratoire, la présence d’une
bactérie Clostridium perfringens a été avérée. La particularité de cette bactérie est sa
production de toxines particulièrement dangereuses et qui, administrées à de très petites
doses, sont mortelles.
Les pathologies qui résultent de ces toxines sont diverses.
1/ Pour la toxine A :
a/ Gangrène gazeuse pouvant mener à l’amputation d’un membre ;
b/ Septicémie violente et mortelle. La septicémie est une infection grave de l'organisme, se
caractérisant par la présence dans le sang de germes pathogènes ;
c/ Pneumonie nécrosante conduisant à la mort.
2/ La Toxine Epsilon mène à des neurotoxines, des produits toxiques agissant sur le
système nerveux et entraînant invariablement la mort.
3/ Enfin, pour la toxine de type C, le sujet présente après administration du produit une
entérocolite nécrosante mortelle ou, autrement dit, une inflammation de l'estomac et de
l'intestin. La nécrose est la mort d’un tissu, ou d’une cellule.
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Ces résultats ont été obtenus par des expérimentations biologiques approfondies, combinant
les produits saisis dans la « planque » de la cellule démantelée à el Jadida. Elles ont été
ensuite éprouvées sur des souris qui ont présenté les différents symptômes décrits cidessus, avant de mourir entre 9 et 24 heures après avoir reçu les doses.
Méthodes de diffusion
La bactérie Clostridium perfringens et la neurotoxine qui en est tirée sont reconnus et
classifiés parmi les agents du terrorisme biologique car elles peuvent être utilisées dans la
contamination de l’eau et des aliments, et elles peuvent également contaminer l’air respiré
par un procédé d’aérosolisation, c’est-à-dire par administration à travers la voie aérienne en
aérosol.
Pour être plus précis, si ces produits sont répandus dans des bassins et/ou des cuves d’eau
potable, on imagine les catastrophes qui en résulteraient. Ces citernes sont approchées
quotidiennement par des dizaines de personnes…
Il est plutôt difficile de préparer ces produits en aérosol, mais avec la montée et le
développement des techniques, il devient à la portée d’une groupe organisé de réussir
l’aérosolisation. Le groupe arrêté par le BCIJ l’est… Un attentat commis dans un espace
fermé, parmi ceux commerciaux ou non cités par le BCIJ, pourrait utiliser le système de
ventilation, atteignant les centaines, voire les milliers de personnes qui s’y trouvent.
Comment ces produits sont arrivés au Maroc
Nous le disions dans un précédent article, ces produits sont entrés sur le sol national par les
frontières est. Pour être plus précis, ces frontières sont hermétiques au sud, avec le mur de
sécurité du Sahara et au nord, avec la barrière grillagée érigée depuis un an. Cela laisse
entre ces deux barrières quelques centaines de kilomètres de frontières franchissables par
un groupe organisé, en plusieurs fois.
Or, le matériel saisi et le degré de préparation de la cellule/commando arrêtée par le BCIJ
dévoile un degré élevé d’organisation, qui aurait pu permettre de faire entrer au Maroc,
séparément, des produits pouvant servir à la fabrication d’agents pathogènes, une fois ces
produits assemblés et préparés.
L’itinéraire suivi par les terroristes, et leurs produits, pourraient donc prendre son départ de
Libye, nouveau sanctuaire du groupe « Etat islamique ». Or, on sait le degré de porosité des
frontières algériennes est, avec la Libye, l’armée algérienne ayant montré son incapacité à
contrôler ces 750 km, en plus du demi-millier de km de frontières avec le Niger. Le Grand
Sud algérien étant terra nullus, avec des bandes de terroristes Aqmi (al-Qaida au Maghreb
islamique) qui y circulent en quasi liberté et dont les relations ont été établies, selon
plusieurs déclarations du patron du BCIJ, avec le Polisario.
Or, la cellule dernièrement démantelée avait fait allégeance à Daech. Il reste à déterminer
les relations entre les deux officines terroristes que sont Aqmi et Daech au Sahel. Le risque
est donc la circulation d’armes et de produits biologiques (et peut-être chimiques aussi) dans
la large bande du Sahel, et la possibilité d’infiltration au Maroc dans un premier temps, et en
Europe dans un second temps.
Et au-delà du Maroc ?
Mais le risque est encore plus grand de voir les expertises humaines en matière de produits
chimiques et biologiques traverser les frontières, l’organisation « Etat islamique » ayant
semble-t-il décidé d’utiliser des armes dites NRBC (nucléaires, radiologiques, biologiques et
chimiques). Le Maroc est menacé sur son flanc est, et donc l’Europe sur son flanc sud, en
plus des arrivées massives de migrants de Mésopotamie sur le Vieux Continent.
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Rappelons que pour ces rames NRBC, la presse belge avait ces dernières semaines fait état
d’une traque d’un haut responsable belge dans le domaine nucléaire par les terroristes de
Daech, l’adresse de son domicile et ses habitudes ayant été trouvées dans un disque dur
saisi lors de la perquisition d’un repaire de terroristes en Belgique…
Aziz Boucetta
The Guardian - Thursday 3 March 2016 12.42 GMT
Sorry, France, but razing the Calais ‘Jungle’ is not humanitarian
Clare Moseley
The police are using disproportionate force to clear the camp, and now the majority of its
inhabitants have nowhere to go
http://www.theguardian.com/commentisfree/2016/mar/03/france-razing-calais-jungle-camp
It’s now three days since the Calais “Jungle” turned into a war zone. The police arrived
around dawn on Monday, between 200 and 300 of them, followed by bulldozers and
workmen with sledgehammers and axes. After doing their best to seal off the refugee camp
to keep observers outside, they began to move from shelter to shelter, ordering the
inhabitants to leave within the hour or face arrest.
According to charity workers who, like me, managed to sneak past the police, anyone who
refused was marched away by up to a dozen officers. The minute the homes were empty,
they started demolishing them.
Demolishing the Calais Jungle won’t solve this humanitarian emergency
David Kraft
In some cases the residents took to the roofs with placards in an attempted protest, and
refused to come down. Within hours at least one home was on fire, set alight by unknown
hands. Stones were being thrown. The police were firing tear gas and water cannons.
This is not the first time that refugees have faced eviction in the Calais area. Since 2002,
“jungle” after “jungle” has grown up and been cleared. But this latest settlement might have
been expected to last. In March 2015 the French authorities created it to house the refugees
they had kicked out of a string of smaller camps in the region. At that time, the refugees were
promised that if they moved to this piece of land they would not be evicted. Less than a year
later, that promise is being broken.
The French authorities are determined to close the Jungle as fast as they can, whatever the
human cost. A fresh wave of refugees is expected to reach Calais in April or May. This is the
last chance to get rid of a huge political embarrassment before it gets even bigger.
Once the wrecking crews have finished in the southern half of the camp, they will move
north, leaving thousands of refugees homeless yet again.
It’s shameful and tragic, and having seen how brutally the evictions have been handled, I
don’t have much hope for the future. The only thing that might help is the attempt to get an
urgent ruling from the European court of human rights.
The refugees in the Jungle are not monsters or spongers. They didn’t leave their homes
because they wanted a better lifestyle; they left because they had no choice and because
something truly terrible happened to them. They’re fleeing war or persecution. Many are
traumatised. In my work with Care4Calais, I’ve talked to people who have been jailed for
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their political beliefs, or seen family members killed by extremists and militias. One man told
me he had seen his own brother beheaded by Islamic State and feared he had become so
desensitised to horror that he was no longer human. They come thousands of miles to get
here, and end up in a tiny shelter where they’ve got nothing, and then someone destroys that
home in front of their eyes.
If you’re wondering why they’re not claiming asylum in France, it’s not so hard to understand.
France has one of the lowest asylum acceptance rates in Europe, and terrible conditions for
applicants. And their experience of France will so far have been pretty grim.
Over a third of the Jungle’s residents have family in the UK; others served the British army in
Afghanistan and were forced out of their homes because of that. Many have English as their
second language. And a really saddening number of them actually believe in Britain. They
believe that Britain is the home of democracy, that Britain is where people are treated fairly,
and that if they get to Britain and work hard and behave well they will put their suffering
behind them. If people in Britain understood more, I dearly hope they’d be more
compassionate.
The tension and the despair in the camp are horrible. When you talk to young people, they
say to you, “I’ve done nothing wrong; why does everybody hate me?” because whenever
they leave the Jungle they get beaten up. “I’m a good boy,” they say, “I work hard, I’m good
at school. Why will nobody help us?”
Monday’s stone-throwing involved a small group of Afghan boys who have been brought up
to be used to violence and have serious behavioural issues. That was terrible, and the police
shouldn’t have to put up with it, but I would have expected more restraint from them. I saw
them turn water cannons on people who weren’t doing anything wrong, and the amount of
tear gas that was fired was just crazy. Load, point, aim, fire; load, point, aim, fire; load, point,
aim, fire … it was almost like a training exercise.
On Monday one of my fellow volunteers was hit by a tear gas canister, and I saw another
being taken away on a stretcher – and that was just the charity workers. There may be a
dozen or so trouble-makers among the refugees, but there are more than 5,000 other
residents, many of them families with young children. Turning their communities and homes
into a war zone is unforgivable and dangerous.
There was no need for the police to go in in such numbers, or to use so much force. I’d see
them standing there in their rows and rows, with full body armour, helmets and visors, shields
and batons, and I’d think, “This is crazy. I walk among these people every day; I’m not
scared of them.” Standing in the middle of the crowd earlier this week, the only thing I was
afraid of was the police. Yet all the media want to talk about is “migrants rioting”.
As I write, the evictions continue, and the authorities continue to insist there’s plenty of room
for the refugees elsewhere. That’s simply not true. Although the official figures are around
1,000 people in the south, the Jungle actually has (or had until very recently) around 3,500
there, plus another 2,000 in the north. According to the authorities, those who are displaced
can move to dormitories that have been set up in converted shipping containers, or to
accommodation centres scattered across France – but there are fewer than a hundred
places left in the containers, and the accommodation centres are nearly all set to close at the
end of this month.
According to the French, the camp clearance is a “humanitarian operation” designed to
improve living conditions. But if that were the case, officials would be coming in, speaking to
people, taking them to alternative accommodation, then coming back later to bulldoze the
camp. That’s not what we’re seeing. What we’re seeing is a massive panic to get people out
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of their homes then to destroy those homes as quickly as possible. This is not about
rehousing refugees; it’s about getting rid of the camp. Meanwhile, the inhabitants settle
where they can. Some have gone to the shipping containers; others have moved to the
northern part of the camp, or to Dunkirk (although the camp there’s already overcrowded and
has its own eviction date set for next week). Many are moving into smaller camps throughout
northern France – in fields, in parks, sleeping rough.
Not that those behind the evictions seem to care. As soon as a home is empty, they
demolish it and cart away the rubble. They don’t even wait to see in which direction the
refugees are walking.
• You can donate to Care4Calais here
LIBERATION –
Affaire Kamel Daoud : la polémique sur l’islam et les femmes n’en finit pas
Par Cécile Daumas — 3 mars 2016 à 19:51
http://www.liberation.fr/debats/2016/03/03/affaire-kamel-daoud-la-polemique-sur-l-islam-etles-femmes-n-en-finit-pas_1437302?xtor=EPR450206&utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=quot
Malgré divers soutiens, dont celui de Manuel Valls mercredi, l’auteur algérien confirme
renoncer au journalisme. Mais la controverse, déclenchée par ses propos sur
«le rapport malade à la femme» dans le monde arabo-musulman, perdure.
Il est l’objet de son propre drame. Depuis la publication de sa tribune sur les agressions
sexuelles de Cologne du 31 décembre, Kamel Daoud est au centre d’une polémique qui
tourne à l’absurde : l’écrivain, connu pour son combat contre l’islam radical, cible d’une
fatwa, se retrouve traité d’islamophobe et ses contempteurs, d’intégristes ! Dernier épisode
en date : Manuel Valls a appelé mercredi sur Facebook à soutenir de façon «urgente»
l’homme de lettres.
«Clichés orientalistes»
A l’origine de la polémique, un texte publié initialement dans La Repubblica et repris par le
Monde le 31 janvier, où l’auteur de Meursault, contre-enquête (Actes Sud, 2013) livre son
analyse des événements allemands. «Le sexe est la plus grande misère du monde d’Allah»,
affirme-t-il, laissant entendre que cette misère serait le terreau des agressions commises à
Cologne par des jeunes de culture arabo-musulmane. Par retour de tribune, un groupe
d’universitaires dénonce le 12 février dans le Monde «les clichés orientalistes» de Daoud,
qui feraient le lit de l’islamophobie. Depuis, de nombreux intellectuels se déchirent. Quant à
Kamel Daoud, il est revenu mercredi dans sa chronique du Quotidien d’Oran sur sa décision
de renoncer au journalisme, annoncée le 20 février. «J’ai envie de me reposer du
journalisme pour rêver de littérature. […] Cette décision, prévue pour fin mars, a été
précipitée» par la polémique.
Pourquoi cet écrivain, connu pour sa liberté de ton tant envers les islamistes qu’en direction
du pouvoir algérien, se retrouve-t-il au centre d’une telle controverse ? Entre tabou et nondits, les questions de racisme et d’antiracisme ont toujours embrasé la France. Mais depuis
les attentats de 2015 à Paris, le débat s’est terriblement crispé, avec une quasi-impossibilité
d’aborder le sujet de l’islam ou de la laïcité sans se faire taxer soit d’islamophobe, soit au
contraire d’intégriste ou - sa variante politique - «d’islamo-gauchiste». Au-delà de ses propos
qui, comme tout énoncé public, peuvent faire l’objet d’une critique, Daoud fait violemment les
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frais de ces nouvelles règles post-2015. L’écrivain lui-même est bien conscient que la
polémique enclenchée par ses écrits dépasse sa personne. «Dans l’affaire "Cologne", écrit-il
dans le Quotidien d’Oran, j’ai fini par comprendre que je n’étais que le déclencheur de
quelque chose qui couvait et qui attendait. Le délire était si rapide et si disproportionné qu’il
est devenu plus intéressant que mes propos.» D’où sa décision d’arrêter de polémiquer sans
pour autant renier ses propos initiaux. «Ce que j’ai écrit sur nos liens malades avec le désir,
le corps, et la femme, je le maintiens et le défends. […] Je suis algérien, je vis en Algérie, et
je n’accepte pas que l’on pense à ma place, en mon nom.»
L’affaire Daoud est devenue de fait une bataille rangée sur tout ce qui travaille la France
depuis 2015 : la lutte contre l’islamisme, le racisme, le maintien d’une laïcité à la française et
prise entre ces fers idéologiques, l’égalité femmes-hommes. Le tout brouillé par l’arène
«mondialisée» qui accueille désormais le débat d’idées. Peut-on parler de l’islam et des
dérives de la même façon en étant en France ou en Algérie ? Peut-on porter un discours sur
cette religion sans être accusé d’islamophobie ou, a contrario, d’angélisme ? Sans doute
Kamel Daoud, comme d’autres, se croyait-il immunisé contre tous ces maux. Parmi les
soutiens à l’auteur, la journaliste et écrivaine Fawzia Zouari appelle de ses vœux, lundi dans
Libération, un nouveau discours à gauche affranchi de la peur de l’accusation
d’islamophobie. «Oui, il y a une psychologie de la foule arabe, dit-elle. Oui, il y a, dans nos
sociétés, un rapport pathologique à la sexualité induit par la morale religieuse.» Depuis, la
romancière franco-tunisienne est invitée par de nombreux médias… Récupération politique,
diront ceux qui dénoncent le caractère globalisant, essentialisant et culturaliste de la tribune
de Daoud. «La population des réfugiés compte comme toute population son lot de sales
types et il n’y a pas lieu de demander aux étrangers d’être meilleurs que nous le sommes»,
réaffirme, mardi dans le Monde, l’historienne et anthropologue franco-tunisienne Jocelyne
Dakhlia, par ailleurs cosignataire de la tribune collective contre l’écrivain algérien. Et
l’universitaire de souligner que les faits de Cologne sont loin d’être établis, sujets à
amalgame politique : «Les "réfugiés" et les "immigrés" sont d’emblée et globalement
assimilés à des violeurs en puissance du fait de leur culture-religion, les musulmans de
Cologne sont assimilés aux islamistes d’Alger.»
Colonialité
L’intervention de Valls ne va pas calmer les esprits. Dans son combat contre le terrorisme et
sa défense d’une laïcité sans concession, il a bien vu l’opportunité politique de s’exprimer.
Selon lui, Daoud a le grand mérite de montrer «qu’il y a dans le monde musulman - mais
aussi ici, en France - un fondamentalisme qui veut enfermer les consciences, imposer son
ordre archaïque, entraver les libertés, soumettre les femmes» . Au-delà de la lutte
indispensable contre l’intégrisme religieux et ses dérives terroristes, au-delà de la nécessité
absolue de protéger Daoud de toute fatwa, sans doute faudra-t-il revenir aux faits pour saisir
ce qui s’est réellement passé à Cologne dans toute sa complexité. Des faits qui, comme le
dit le géographe spécialiste du genre Yves Raibaud, «impliquent de façon implacable le
patriarcat, le capitalisme et le racisme» envers les musulmans.
Au final, il ne s’agit ni d’ éluder l’influence de la culture arabo-musulmane dans l’éducation
des garçons ni d’occulter le fait colonial qui irrigue souterrainement les discours énoncés de
toute part depuis le déclenchement de l’affaire Daoud. Comme le rappelle le sociologue
Ramón Grosfoguel de l’université de Berkeley, la colonialité est une «matrice invisible jamais
nommée, mais qui construit nos subjectivités et nos manières d’agir».
Cécile Daumas
Al-Ahram HEBDO - Semaine du 2 au 8 mars 2016 - Numéro 1116
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Le Daech culturel
Wahid Abdel-Méguid02-03-2016
http://hebdo.ahram.org.eg/NewsContent/0/4/132/15342/Le-Daech-culturel.aspx
Ceux qui luttent contre la culture, la pensée et la littérature ne sont pas moins dangereux que
ceux qui dressent des drapeaux noirs et tuent sous prétexte qu’ils sont des moudjahidin. Et
si le mot Daech est devenu le symbole du terrorisme armé le plus féroce, il convient
également pour désigner le terrorisme culturel qui s’est propagé en Egypte menaçant le peu
qui reste de créativité artistique, culturelle et intellectuelle. En effet, si le « Daech culturel »
n’avait pas existé, il n’y aurait pas eu de Daech armé.
La réalité est que les « Daechiens » sont tous armés mais avec des outils différents. Car les
accusations de la hisba (atteinte à la pudeur), qui tuent la créativité et font trembler les
intellectuels, constituent une arme plus destructive que les bombes et les mitrailleuses. Ce
genre d’accusation tue l’esprit de la société exprimé par l’art et les lettres. Le romancier
Ahmad Naji n’est pas l’unique victime de cette arme et ne sera pas le dernier tant que ne
nous mettons pas un terme à ce phénomène qui constitue une menace réelle pour la
société.
Cette situation a empiré vu les restrictions imposées par certains responsables dans des
syndicats artistiques. Chose tout à fait contradictoire avec leur responsabilité de protéger la
créativité et d’ouvrir toutes les portes afin de la faciliter. Aujourd’hui, les restrictions imposées
au domaine intellectuel ont atteint un stade alarmant à cause de la domination de
superstitions qui n’ont rien à voir avec la logique. Et aussi parce que les activités artistiques
sont soumises à l’emprise d’esprits qui n’ont rien à voir avec l’art. Cela ne peut se produire
que dans un « Etat religieux ».
Par exemple, il y a quelques années, la musique Black Metal a été interdite sous prétexte
qu’elle fait partie des rythmes de la croyance satanique. Et si les artistes eux-mêmes ne
s’activent pas pour sauver leurs syndicats et leur oeuvres, il faut que chacun sache qu’un
jour ou l’autre, il sera diffamé de la même manière.
Il est vraiment surprenant de constater que ces actions qui devraient appartenir à des
époques révolues sont pratiquées alors que le gouvernement lance actuellement un projet
nommé L’Egypte de 2030. Comment voulons-nous atteindre l’année 2030 avec des esprits
qui veulent nous ramener des siècles en arrière ? Sans oublier que la nouvelle Constitution
confirme clairement dans son article 67 la protection de la créativité contre les attaques
culturelles de Daech
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Femmes sous influences
http://courrier.lacimade.org/HM?b=_Q-pDmkjOCdMy4Jbd3lB3gHR-L-OwVXxwZhyuo5Ke7oswCnTxLr3U2LhjNenFBm&c=ZHztVzdHTu_G1TaJDNj47w
Les femmes migrantes sont de plus en plus nombreuses à quitter leur terre, par volonté
d'émancipation, par souhait de ne plus se soustraire aux contraintes familiales, pour fuir des
rites dégradants, par désir de pouvoir faire des études et imaginer une autre vie.
On les dit dominées, soumises à des traditions d'un autre temps et sans diplôme, on les dit
"femme de" ou "épouse de" pour les réduire à un statut, le plus souvent erroné.
Dans les faits, beaucoup viennent seules. Leur parcours est dangereux et elles se
retrouvent le plus souvent sur notre sol sans titre de séjour. Les plus diplômées et les
demandeuses d'asile peuvent aspirer à un statut légal. Mais la survie est éprouvante en
attendant une régularisation par le travail, sans pouvoir choisir ni métiers, ni horaires. De
nombreuses femmes choisissent la voie du travail clandestin, au risque de ne pas être
payées, d'être malmenées, maltraitées.
Parce qu'elles sont femmes, elles se heurtent à des discrimminations liées au genre: elles
occupent souvent des emplois à temps partiels et en horaires décalés où les contacts
humains sont rares. Isolées, elle sont peu informées de leurs droits et ont donc des
difficultés à les faire valoir.
La Cimade accompagne ces femmes dans leurs démarches juridiques, médicales,
sociales et dans le cadre de procédures liées au divorce.
La Cimade a été longuement auditionnée dans le cadre des débats qui ont animé la
proposition de loi contre le système prostitutionnel, la réforme du droit d'asile et la nouvelle
loi relative au droit au séjour des étrangers en France.
Grâce à ce travail, les persécutions liées au genre devraient être prises en
considérations dans les demandes de protection.
La Cimade a également mis en place un groupe de travail autour des femmes migrantes, sur
la question de la traite des êtres humains ou encore sur l'accès aux soins, à l'emploi et aux
formations. La Cimade a créé des espaces et des lieux d'échanges dédiées aux femmes.
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Votre don est essentiel à la poursuite de notre action auprès des femmes migrantes.
Grâce à votre don, nos bénévoles les accompagnent au quotidien.
Merci d'être toujours à nos côtés.
youtube.com
Migrants : Frère Rachid démasque les pays musulmans ( version française ) /
France Nation
Published on Sep 29, 2015
Le « Frère Rachid », un ex-musulman marocain, anime tous les jeudi soir une émission en
arabe intitulée Sou’âl jarî’ (Daring question – Question audacieuse) sur la chaine satellitaire
Al-Hayat basée aux États-Unis. Il dialogue avec des dignitaires religieux et des chercheurs
musulmans ainsi qu’avec des ex-musulmans. Il commente souvent les textes fondateurs en
islam relatifs à la violence contre les non-musulmans et portant atteinte à la dignité humaine.
Grâce à cette émission, il est devenu l’animateur-phare de cette chaine de langue arabe,
regardée par plusieurs millions de musulmans dans le monde.
https://www.youtube.com/watch?v=9Piild63USc
PanoraPost (maroc)
Publié le 07 mars 2016
Les trois « grandes » lois des ministres PJD bloquées
http://www.panorapost.com/article.php?id=12288
Trois ministres PJD connaissent de grandes difficultés pour faire passer les lois qui devront,
ou devraient, marquer leur passage au gouvernement. Il s’agit de Mustapha Ramid,
Mustapha el Khalfi et Bassima Hakkaoui, avec respectivement le Code pénal, le Code de la
presse et les lois sur la violence contre les femmes et sur le travail domestique. La raison en
est une idéologie trop marquée…
Le Code pénal, malgré ses incontestables avancées en matière de conformité avec les
textes internationaux (crimes contre l’humanité et génocides, harcèlement sexuel, racisme et
haine raciale…), constitue néanmoins une régression en introduisant des articles entérinant
d’une certaine manière le crime d’honneur, sévissant contre la rupture du jeûne en public…
Le projet prévoit aussi des sanctions contre « l’offense » ou le sarcasme contre les religions
ou les prophètes. Le texte a fait l’objet d’une levée de boucliers qui a conduit le ministre à le
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retirer du circuit institutionnel où i avait engagé en vue de son adoption, contrairement aux
lois organiques sur le Conseil supérieur de l’autorité judiciaire et le Statut des magistrats,
plutôt consensuelles.
Pour Mustapha el Khalfi, il en va de même… Après avoir fait passer les deux textes annexes
du Conseil national de la presse et du Statut du journaliste, il endure les pires tourments de
la part de la profession pour le projet de Code de la presse, qui comporte pourtant beaucoup
d’acquis pour la profession. Deux motifs de litige, l’imprécision des articles, pouvant conduire
un journaliste en prison par un jeu de passerelles entre les lois (code de la presse et code
pénal) et aussi cette insistance à vouloir supprimer les publicités des jeux de hasard, une
mesure qui impacterait très négativement les finances et les comptes des entreprises de
presse alors même que les entreprises spécialisées dans ces jeux de hasard sont publiques
ou semi-publiques, c’est-à-dire placées sous le contrôle du gouvernement…
Pour la ministre de la Famille, de la Femme et de la Solidarité, elle se retrouve encore et
toujours sous les feux de la rampe pour ses deux lois sur la violence contre les femmes et
sur le travail domestique. Les ONG nationales et internationales considèrent le premier texte
comme n’étant pas véritablement protecteur pour les femmes ; concernant le second projet,
l’âge minimum pour travailler est fixé à 16 ans, alors même que les défenseurs des droits
insistent pour le porter à 18 ans.
Human Rights Watch avait adressé un courrier au gouvernement, le 15 février, l’appelant à
renforcer son dispositif de protection des femmes contre la violence domestique, qui peut
prendre plusieurs formes, économique, psychologique, sexuelle et bien sûr physique. Quant
à l’UNICEF, elle a à son tour appelé le gouvernement Benkirane à revoir l’âge minimum pour
le travail, à demeure ou ailleurs.
Ce qui pose problème pour ces textes et pour les ministres concernés, c’est que, pris par le
temps d’un mandat qui expire, ils font le forcing pour passer leurs textes, et donc montrent
assez clairement leur idéologie sous-jacente, et qui transparait dans plusieurs articles de
leurs projets de lois. Les trois ministres sont également connus et réputés pour être des
idéologues de leur parti.
A force de vouloir faire passer des textes de nature « sociale » qui peuvent contribuer à faire
évoluer la société, pas toujours dans le sens du progrès et de la modernité, les trois
ministres se sont heurtés à la résistance de la société civile qui aspire à des lois qui tirent le
Maroc vers le haut et non des textes à forte connotation religieuse ou clanique.
Selon le responsable d’un parti au gouvernement, pas forcément ami avec le PJD dont il est
pourtant allié, « la pire humiliation pour un ministre est de voir sa loi amendée, peut-être
même lourdement amendée, par son successeur dans les quelques mois qui suivent son
départ du gouvernement. Et c’est bien ce qui risque d’arriver pour el Khalfi et Hakkaoui. Pour
Ramid, son projet de Code pénal ne passera pas… ».
El Watan - Mercredi 9 mars 2016
(Algérie)
Nebbou à l’occasion de la journée mondiale de la femme
«Continuer dans les mêmes politiques est suicidaire»
http://www.elwatan.com/actualite/continuer-dans-les-memes-politiques-est-suicidaire-09-032016-316124_109.php
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Le premier secrétaire national du FFS évoque, dans ce contexte, les luttes de la
femme algérienne pour arracher ses droits.
Le premier secrétaire national du Front des forces socialistes (FFS), Mohamed Nebbou, est
revenu, dans un discours prononcé à Oran à l’occasion de la Journée mondiale de la femme,
sur la gravité de la situation en Algérie. Pour lui, en l’état actuel des choses, le pays court à
sa perte. «La situation est grave, les dangers qui guettent le pays se multiplient. Laisser les
choses en l’état ou continuer dans les mêmes politiques s’avère dangereux, voire
suicidaire», a-t-il martelé devant un parterre de militants.
Il affirme que la Constitution amendée n’est nullement en mesure de régler les problèmes
dans lesquels patauge le pays. «Cette Constitution, tout comme le pseudo-processus de
réformes auquel elle est associée, ne permet nullement de répondre aux doléances de nos
concitoyens en termes de revendications sociales et économiques ni de gérer
démocratiquement et pacifiquement les intérêts et les contradictions internes à la société et
entre la société et le pouvoir», a-t-il soutenu.
M. Nebbou évoque, dans ce contexte, les luttes de la femme algérienne pour arracher ses
droits. Il dit mesurer «combien est dur le combat que mènent et que doivent mener les
femmes pour leurs droits d’abord, ensuite pour ceux de la société et en faveur de notre
pays». «Sachez que votre seule présence, votre engagement politique, vos innombrables
luttes dans un contexte aussi hostile, aussi pesant, vous font mériter tout notre respect, notre
admiration et notre reconnaissance», a-t-il insisté, regrettant que beaucoup de gens ne se
rappellent de la femme qu’à l’occasion du 8 Mars, Journée internationale des luttes des
femmes pour leurs droits. «Pourtant, dit-il, pour les femmes, la lutte, les luttes se mènent au
quotidien tout au long de l’année.
Au FFS, nous en avons conscience.» Mohamed Nebbou a souligné «le caractère totalement
dévoyé de la vie publique et politique dans notre pays, la violence des rapports sociaux, la
répression des libertés, la séquestration de l’espace public, les divers enfermements
culturels… et la corruption des esprits» qui rendent le quotidien des femmes encore plus
difficile.
«C’est pourquoi nous sommes toujours à vos côtés, c’est pourquoi je considère que c’est un
honneur, un devoir et un plaisir de vous souhaiter une joyeuse fête en cette journée symbole
de vos luttes pour vos droits et votre émancipation», a affirmé ce responsable du plus vieux
parti de l’opposition. Pour le FFS, «seuls un Etat de droit et une démocratie effective sont en
mesure de garantir les droits de la femme et d’assurer son émancipation».
Mokrane Ait Ouarabi
El Watan - Mercredi 9 mars 2016
(Algérie)
Conseil français du culte musulman
«Les principes d’égalité et d’équité ne sont pas respectés»
http://www.elwatan.com/international/les-principes-d-egalite-et-d-equite-ne-sont-pasrespectes-09-03-2016-316137_112.php
Les femmes ont-elles leur place dans les instances musulmanes en France ? Une
série de réunions a été initiée par le CFCM.
A l’occasion de la Journée internationale de la femme, le Conseil français du culte
musulman (CFCM) a publié, hier matin à Paris, un communiqué qui fait suite à une série de
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rencontres initiées durant plusieurs mois avec des femmes engagées dans la vie de la cité
et dans la société civile. Abdallah Zekri, secrétaire général du CFCM, nous a précisé que le
texte avait été entériné de façon collégiale par l’institution, en présence du vice-président
Hafiz Chems-Eddine.
«L’objectif de ce dialogue et de ces échanges est de recueillir la vision, les attentes et les
suggestions de femmes musulmanes, et d’examiner, ensemble, les problèmes liés à la
condition des femmes au sein de la société», indiquent les rédactrices et rédacteurs qui sont
arrivés à un certain nombre de conclusions.
D’abord que «dès l’avènement de l’islam, les femmes ont acquis et mérité une personnalité
juridique entière : ‘‘ Et les femmes ont des droits sur les hommes semblables à ceux que les
hommes ont sur elles’’ (Coran, 2:228)». Le deuxième point est «sans conteste l’égalité
spirituelle entre l’homme et la femme et qu’aucune limite ne restreint leur progression
spirituelle». D’ailleurs, puisque «l’homme et la femme proviennent d’une essence vitale
commune et unique, ils sont égaux en humanité». Sur un plan plus quotidien, «la femme
musulmane jouit d’un rôle primordial dans la société, qu’elle doit assumer, sans réserve ni
contrainte».
Cela vaut, sur le plan professionnel, ou dans le domaine des «affaires politiques, sociales et
religieuses». Pourtant, regrette le communiqué, si «l’islam a donné à l’homme et à la femme
des droits et des devoirs respectifs qui leur permettent de vivre en harmonie (…),
malheureusement, dans de nombreux cas, ces principes d’égalité et d’équité ne sont pas
respectés par des hommes qui continuent parfois à imposer leur point de vue».
Il est vrai cependant que «les femmes sont notoirement absentes non seulement du CFCM,
l’institution créée en 2003 à l’initiative de Nicolas Sarkozy pour représenter cette religion
auprès des pouvoirs publics, mais aussi de la vie de l’immense majorité des lieux de culte»,
a écrit Le Monde dans son édition publiée lundi. Cela n’empêche pas les femmes et le
CFCM de proclamer «leur solidarité à l’ensemble des femmes, de toute confession et de
toute conviction» et de réaffirmer «leur engagement total pour œuvrer à l’émancipation et au
développement du rôle des femmes dans la société française d’aujourd’hui et de demain».
Walid Mebarek
El Watan - Mercredi 9 mars 2016
(Algérie)
Contribution : L’institutionnalisation du Genre au Maghreb et en contexte
migratoire
La résilience de catégories binaires
http://www.elwatan.com/contributions/la-resilience-de-categories-binaires-09-03-2016316120_120.php
L’Institutionnalisation des études sur le genre au Maghreb et en immigration publié
aux éditions EME Bruxelles sous la direction de Aïssa Kadri et de Nassima Moujoud
(décembre 2015) est tout à fait d’actualité en cette journée du 8 Mars et dans le
contexte des agressions et viols supposés être le fait de migrants à Cologne.
L’ouvrage pose en effet le processus historique d’institutionnalisation du genre au Maghreb
et en Europe, à propos des migrations de femmes, comme une problématique qui ouvre une
véritable confrontation et mise en dialogue de regards et d’expériences qui se produisent audelà des frontières politiques, nationales ou institutionnelles. Il permet entre autres d’éclairer
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les débats récents autour des rapports sociaux de sexe posés par les événements de
Cologne.
Par ses rappels historiques sur ce qui s’est défini comme assignations et enfermements
dans la phase coloniale, il déconstruit la vision binaire du monde Occident versus Orient. La
perspective historique renvoie ainsi certains contributeurs (cf. Zoubida Haddab et Ghania
Mansouri pour l’Algérie et Dalenda Larguèche et Dorra Mahfoudh Draoui pour la Tunisie) à
prendre en compte la colonisation comme fondement de la structuration de ces rapports de
domination, rapports qui ne cessent de faire valoir leurs effets, à travers des pratiques et des
représentations qu’ils inscrivent dans le temps long.
Pendant la colonisation en effet, la «question des femmes» a occupé une place centrale
dans les discours produits par les régimes coloniaux. Les femmes (comme d’autres
minoritaires) ont été prises au piège des projets colonialistes reposant sur l’idée de
supériorité des Occidentaux et d’infériorité des colonisés.
L’idée de statut inférieur des (femmes) indigènes était utilisée par le pouvoir colonial comme
dans le savoir colonial pour légitimer la domination et stigmatiser les populations colonisées
et les cultures locales. En France, particulièrement, l’immense littérature disparate et
redondante sur «la femme» ou «la famille» dites « indigènes » n’a pas connu à cet égard un
important retour critique après la colonisation. Aussi, les représentations du savoir colonial
ont été transmises, intégrées ou refoulées amenant ensuite à reproduire les lieux communs
de la période coloniale.
De ce fait, les grilles de lectures anciennement mobilisées par les discours (littéraires,
scientifiques, artistiques, médiatiques…) colonialistes sont encore largement considérées
comme des vérités. Elles acquièrent une légitimité dans les discours hégémoniques et
participent à surinvestir «la différence» aux dépens des échanges, du travail, de l’économie
politique, de l’histoire, des cultures communes et des rapports sociaux de pouvoir.
La particularité de nombre de travaux et de discours médiatiques est que les dimensions de
la tradition, de la religion et de la culture se rejoignent et se confondent très souvent.
Contribuant ainsi à construire et à incruster davantage des visions nécessairement binaires
racialistes, qui posent plusieurs problèmes : 1) elles occultent les représentations
individuelles, les subjectivités particulières définies par des histoires particulières, ainsi que
la place des interactions et interrelations ; 2) elles homogénéisent et ne permettent pas de
comparer des réalités changeantes des deux sociétés de départ et d’arrivée, ni les
conditions de leurs échanges et confrontations ; 3) elles empêchent de tenir compte du
cadre contemporain de la globalisation et des transformations qu’il engendre en matière de
migrations ; 4) elles tendent à faire disparaître l’analyse des réalités historiques, de classe,
colonialistes et capitalistes.
Les contributions que ce livre rassemble se centrent sur deux questions profondément
transnationales : le genre et la migration. Le livre propose de les aborder du point de vue
d’acteurs se situant dans l’interrelation Maghreb, pays européens et, ce faisant, de participer
à réduire le clivage Maghreb-Europe toujours présent dans les formes, savantes et
ordinaires, de connaissance et d’appréhension des rapports sociaux de sexe. La réflexion
sur le processus d’institutionnalisation du genre amène à interroger ce clivage, notamment
significatif de ce que l’histoire fait à la science et, plus largement, aux rapports entre les
sociétés et, à l’intérieur de chaque société, entre les classes sociales et groupes sociaux.
Et de ce point de vue, la richesse des analyses nuancées sur «l’idéologie» de l’émancipation
par la migration, par le «travail» autrement vécu (souvent comme négation-amputation de sa
dignité ou comme régression) par les principales concernées, de l’homosexualité féminine et
masculine, du statut de mères célibataires, des luttes féminines et féministes au Maghreb et
en immigration, des ambiguïtés et contradictions des modalités de légitimation des pouvoirs
autoritaires, déconstruisent les perspectives homogénéisantes très vite référées à des
caractéristiques supposées transhistoriques de «la culture maghrébine», de la «culture
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d’origine» ou plus largement d’une «culture musulmane» référée à un islam dont on ne
retient dans le contexte que les formes les plus radicales (que ne dirait-on si l’Eglise était
identifiée à la pédophilie travers les raccourcis habituels utilisés dans le cas d’espèce).
Renvoyant ainsi à un processus de naturalisation, décrit dans certaines analyses sur le
racisme ou plus précisément sur la place de la culture dans la perception que les personnes
«occidentales» construisent des personnes «non-occidentales» (Leti Volpp, 2006). Ces
personnes sont racialisées en tant que membres obligés d’un groupe figé et différencié à
travers «sa culture». Sans aller au fond sur l’analyse, de quelle culture s’agit-il ? Katha Pollitt
(1999) explique les décalages dans les paradigmes d’analyse selon les régions du monde.
Les attitudes de personnes issues du «tiers monde» sont susceptibles d’être interprétées
«culturellement», alors que celles de personnes issues de régions occidentales ne le sont
pas sur les mêmes questions. «Whose culture?» se demande-t-elle à juste titre dans l’intitulé
de son article.
Il s’agit d’une culture perçue de manière figée. Le changement n’est en fait généralement
pas envisagé dans l’étude des sociétés non occidentales (ibid.) sinon sur le modèle
occidentalo-centriste. Et en tout état de cause, si la «culture d’origine» dans les travaux sur
l’immigration renvoie à l’islam ou à la tradition, de quel islam et de quelle tradition s’agit-il ?
Cela nous renvoie à deux problématiques plus générales, qui ne sont pas sans lien et que
l’ouvrage tente d’éclairer à travers des travaux nuancés de jeunes universitaires de terrain.
Correspondance particulière
Media24 – 09/03/16
L’information économique marocaine
Les ménages gérés par des femmes sont moins exposés à la pauvreté
http://www.medias24.com/print16231909032016Les-menages-geres-par-des-femmes-sontmoins-exposes-a-la-pauvrete.html?layout=default&print=1&tmpl=component
Le Haut commissariat au plan a publié, à l'occasion de la journée internationale des droits
des femmes, une note récapitulative sur les disparités qui existent entre les hommes et les
femmes au Maroc.
Ces statistiques, aussi intéressantes qu'inquiétantes, sont tirées du dernier recensement
global de la population (2014) et des résultats de récentes enquêtes menées par le HCP.
Diminution de l'âge du premier mariage
Evoluant à contresens de la transformation normale des sociétés, l'âge moyen du premier
mariage est passé, en une décennie, de 26,3 à 25,8 ans chez les femmes indépendamment
de leurs milieux. L'écart d'âge moyen entre les hommes est les femmes lors du premier
mariage est quant à lui passé de 4,9 ans en 2004 à 5,6 ans en 2014.
Le sociologue et professeur à Sciences Po à l'UIR, Mehdi Alioua, émet l'hypothèse que "le
HCP compile de mieux en mieux les chiffres collectés et sait mieux les récolter, ce qui
rééquilibre les chiffres du recensement de 2004." En d'autres termes, la nouvelle
méthodologie de travail des agents recenseurs a permis de mieux traiter des données qui
n'auraient peut être pas figuré dans le recensement de 2004". Notre source en veut pour
preuve le fait que la dynamique globale de la transition démographique a pris son envol
depuis longtemps déjà. "C'est le résultat d'une révolution sexuelle. Prenons comme autre
donnée, la durée entre le mariage et la première naissance qui est plus longue: on se marie,
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fait connaissance et décide plus tard d'avoir un enfant. Ceci est en partie dû à la planification
familiale et à la migration", ajoute notre source.
Le dernier recensement montre qu'environ un ménage sur 6 est tenu par une femme chef de
foyer. En moyenne, ces foyers dépensaient, en 2007, 11.801 DH par tête et par an contre
11.149 DH pour les foyers tenus par un homme.
Les femmes, meilleures chefs de foyers
Toujours selon le HCP, les statistiques collectée en 2007 indiquent que les ménages gérés
par les femmes sont moins exposés à la pauvreté. Le taux de pauvreté relative touche 7,4%
des foyers gérés par des femmes contre 9,2% des ménages gérés par des hommes. En
milieu urbain, le pourcentage des foyers pauvres tenus par des femmes n'excédait pas 4%
en 2007.
Il en est de même pour le taux de vulnérabilité qui, dans son ensemble, montre que les
femmes chefs de foyer sont moins exposées au phénomène. 16,4% contre 17,6% pour les
ménages tenus par les hommes.
Ces évolutions sociales interrogent sur le bien-fondé du maintien de certaines règles
discriminatoires en matière civile à l'égard des droits économiques des femmes. L'égalité
successorale ou encore la discrimination à l'emploi sont des pratiques qui ne suivent pas les
mutations profondes de la société.
Les violences à l'égard des femmes plus présentes en ville
Selon les chiffres révélés par une enquête du HCP réalisée en 2009, 62,8% des Marocaines
ont été, à un moment de leur vie, proies à une ou plusieurs formes de violences. A priori, ces
cas de violences psychologiques, physiques, sexuelles ou de toute autre nature n'ont pas de
lien direct avec le niveau d'instruction.
En effet, la note du HCP révèle que, dans le détail, 67,5% des cas de violences ont été
constatés en milieu urbain contre 56% en milieu rural. L'écart est encore plus important
lorsqu'il s'agit de violences perpétrées dans les lieux publics (40,6% en ville contre 21,5% à
la campagne), dans les lieux de travail (22,7% contre 6,4%) et dans les établissements
d'enseignement et de formation (25,3% contre 14%).
Interrogé par nos soins, un militant associatif qui a passé plusieurs années auprès de
catégories socialement vulnérables nous explique: "en ville, la modernité entraîne beaucoup
plus de mixité et de proximité, et donc potentiellement de rapports conflictuels liés plus
particulièrement au genre. En plus du fait que les personnes vivant en ville osent plus
facilement porter plainte en cas de violence."
Media24 L’information économique marocaine
N'importe qui peut créer une journée mondiale de n'importe quoi
http://www.medias24.com/print16231209032016N-importe-qui-peut-creer-une-journeemondiale-de-n-importe-quoi.html?layout=default&print=1&tmpl=component
300 journées mondiales et internationales sont répertoriées. Qui peut en créer?
Comment? Qui valide? Les réponses.
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Vous l’avez peut-être remarqué, les journées mondiales et internationales se font de plus en
plus fréquentes. Mardi 8 mars, c'était la journée internationale de la femme. Une semaine
auparavant, la journée mondiale du compliment. Jeudi 10 mars, ce sera la journée mondiale
du rein et le vendredi 11 mars la journée mondiale de la plomberie. Autant dire que chaque
jour de l’année est consacré à une cause, ou même à plusieurs parfois.
Ceci nous amène à nous interroger sur la création de ces journées internationales. Pour faire
court, n’importe qui peut créer une journée internationale, encore faut-il en avoir les moyens
à la fois financiers et d’influence.
Globalement, il existe deux cas pour créer une journée internationale:
-Soit, et c’est la manière la plus courante, l’initiative parvient d’une organisation
internationale officielle telle que l’ONU, l’Unesco, une ONG ou une association reconnue.
Dans ce cas, la création d’une journée mondiale est facile, compte tenu de la légitimité de
ces organisations.
-La deuxième option, plus compliquée que la première, est que vous êtes un particulier ou
un groupe de pression et que vous avez à cœur de défendre une certaine cause, à condition
que votre sujet soit assez intéressant pour mobiliser et capter l’attention des médias. Le
succès d’une journée internationale dépend grandement de sa médiatisation.
Il n y a pas de règles ou de cadre officiel pour créer une journée internationale. Si vous
disposez d’un sujet intéressant (ce n'est pas toujours le cas), de moyens financiers (ce n’est
pas nécessaire parfois) et que vous êtes une personne influente, lancez-vous. Votre cause
s’ajoutera probablement aux 300 journées mondiales répertoriées par le site www.journeemondiale.com, créé par Vincent Tondeux.
La majorité des 300 journées mondiales que recense le site ont été créées par les
organisations internationales.
Loin d’être sérieuses, certaines journées internationales sont toutefois parvenues à
s’imposer: la journée mondiale sans pantalon, du pop corn, de la blague, de la serviette, de
la mini-jupe, du tricot, de la barbe, voire de l'orgasme.
Il arrive qu'un seul jour réunisse plusieurs journées internationales. C'est le cas du 20 mars,
journée internationale sans viande, du bonheur, de la francophonie et... du macaron.
Il en est de même pour les journées nationales marocaines. Il n’existe pas de règles qui
régissent leur création. «Les journées nationales peuvent être créées par n’importe qui, mais
en général, ce sont les ministères et les associations qui lancent l’initiative pour défendre
une certaine cause», explique le Carrefour d’initiative de communication d’information et de
documentation, contacté par Médias 24.
Le Soir.be La renaissance de Tombouctou
MIS EN LIGNE LE 11/03/2016 À 20:35 PAR JOSÉ NARANJO (EL PAIS)
La ville emblématique du nord du Mali a été rasée il y a trois ans et demi par les barbares
djihadistes. Les extrémistes ont détruit 16 mausolées dédiés aux saints les plus vénérés par
la population. Un groupe de maçons locaux lutte à présent pour récupérer cet héritage
historique et culturel.
http://plus.lesoir.be/30198/article/2016-03-11/la-renaissance-de-tombouctou
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Tombouctou, en partie classée au patrimoine mondial de l’Unesco, a retrouvé ses habitants
et ses mausolées. © AFP/Sébastien Rieussec.
http://lsp.rosselcdn.net/sites/default/files/dpistyles/ena_16_9_extra_big/node_30198/773015/
public/thumbnails/image/B978085855Z.1_20160311224116_000%2BGAA6CD1E2.10.jpg?itok=_A0Ayt7m
C’est comme s’ils avaient volé notre âme. Ces gens savaient où frapper pour nous faire
mal. » Sane Chirfi Alpha, historien, se souvient de ce 30 juin 2012 comme si c’était hier. Ce
samedi matin, les djihadistes qui occupaient alors la ville mythique de Tombouctou, dans le
nord du Mali, s’en sont pris à coup de bâtons et de pics aux mausolées qui abritent les
dépouilles des saints les plus vénérés par la population et les ont détruits. Trois ans plus
tard, et grâce aux efforts combinés de l’Unesco et des maçons locaux, les 16 tombes
démolies, construites de pierre et d’argile et reconnues comme faisant partie du patrimoine
de l’humanité, ont été totalement reconstruites. Entre le bruit des obus qui tombent et le son
des kalachnikovs d’un conflit qui n’en finit plus, Tombouctou a récupéré son âme.
© Le Soir
http://lsp.rosselcdn.net/sites/default/files/dpistyles/ena_16_9_in_line/node_30198/773017/pu
blic/thumbnails/image/B978085855Z.1_20160311224116_000%2BG9D6CHHS6.10.jpg?itok=DBEy6hX6
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À quelques mètres de la mosquée de Djingareyber, deux enfants trient les ordures, tandis
qu’un convoi de véhicules blindés occupés par des policiers nigériens passe à toute vitesse.
Cela fait trois ans que la ville a été libérée des mains des extrémistes d’Al-Qaïda au
Maghreb islamique (AQMI) et d’Ansar Dine. Ceux-ci en avaient fait leur fief depuis neuf mois,
obligeant ainsi la moitié des 50.000 habitants à fuir. Aujourd’hui, ce sont les soldats de l’ONU
et de l’armée malienne qui patrouillent dans ces rues. Ils ont remplacé les barbus de la
police islamique, qui coupaient les mains des voleurs, lapidaient les coupables d’adultères et
forçaient les femmes à se couvrir des pieds à la tête.
Une Tombouctou infirme renaît
La plus grande partie de la population qui avait pris la fuite pendant la guerre est revenue.
Toutefois, la persistance d’attaques par les terroristes et les bandits des environs empêche
le rétablissement du tourisme et d’une activité commerciale stable. Cette région affiche
désormais le taux le plus élevé de malnutrition infantile du pays.« La situation est
alarmante », assure Innocent Aboua, chef de mission d’Action contre la Faim.
« Nous avons des problèmes énormes », insiste Baba Moulaye, président du Forum de la
société civile de Tombouctou, « mais nous, les différentes communautés qui habitons cette
ville, nous avons recommencé à nous parler et nous sommes en train de rétablir la cohésion
sociale. Le symbole le plus parlant, c’est que nous ayons de nouveau nos mausolées ». Sur
la colline toute proche où se trouve le cimetière des Trois Saints, un chemin étroit entouré de
tombes mène à la construction de terre qui abrite les restes du mystique Cheikh Abdoul
Kassim Attawaty. Le 1er juillet 2012, les djihadistes l’ont complètement détruite. « Ils disaient
que nous étions des hérétiques, des idolâtres qui vénéraient des saints au lieu de vénérer
Dieu, mais ce n’est pas la vérité », explique Sane Chirfi Alpha. « Pour nous, ce sont des
savants, des personnes qui se sont distinguées par leur savoir ou leur piété, et nous leur
demandons qu’ils intercèdent en notre faveur auprès de Dieu. »
« Ils ne peuvent pas toucher aux saints »
Quand la destruction a commencé, Baba Moulaye a reçu un appel urgent sur son téléphone
portable. « Ils sont en train de démolir le mausolée de Sidi Mahmoud »,entend-il. « Ensuite,
j’ai appelé le chef militaire d’AQMI et je lui ai demandé pourquoi ils faisaient cela. Je me
souviens qu’il m’a répondu par une litanie expliquant que nous sommes tous égaux devant
Dieu et qu’aucune tombe ne peut être plus grande que l’autre. Ce qui me fait le plus de mal,
c’est que ceux qui ont détruit les mausolées sont originaires de Tombouctou, des gens pleins
de haine qui ont vu l’occupation comme une opportunité », assure Moulaye. L’un des
responsables de cette démolition s’appelle Ahmad al Faqi al Mahdi. Aujourd’hui accusé de
crimes de guerre contre le patrimoine historique, il fait l’objet d’un procès à La Haye devant
la Cour pénale internationale. Une victoire, mais aussi un message pour ceux qui entendent
anéantir la mémoire des peuples.
© AFP
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blic/thumbnails/image/B978085855Z.1_20160311224116_000%2BG1C6CGVS8.10.jpg?itok=xj_aa41U
La première vague de destruction a eu lieu entre le 30 juin et le 2 juillet 2012, deux jours à
peine après l’inclusion par l’Unesco des mausolées sur la liste du patrimoine mondial en
péril. « De nombreux habitants de la ville ont décidé de descendre dans la rue pour affronter
les terroristes, mais cela s’est soldé par un massacre. Nous nous sommes finalement dit
qu’ils ne détruisaient que de l’argile, mais qu’ils ne pouvaient pas toucher aux saints. Et nous
avons donc décidé d’attendre », explique Chirfi Alpha. La deuxième vague s’est produite en
décembre, deux semaines après le lancement par l’armée française d’une offensive pour
déloger les extrémistes du nord du Mali. 16 mausolées ont été touchés. Certains ont été
complètement détruits, d’autres en partie. Beaucoup de gens pensaient qu’il serait
impossible de les reconstruire. Cela n’a pas été le cas d’Alassane Hasseye, 73 ans, chef de
la compagnie des maçons de Tombouctou.
Perpétuer une tradition
Comme le grand empereur du Mali, Kankan Moussa, la famille Hasseye est arrivée dans
cette ville en 1325 pour construire la mosquée de Sankoré. Depuis lors, l’art de la
construction à l’argile a été transmis de génération en génération, jusqu’à Alassane.« Une
fois les terroristes expulsés de la ville, nous nous sommes organisés pour le faire nousmêmes. La population souhaitait effectuer une collecte pour que nous puissions nous mettre
au travail, mais les autorités nous ont dit d’attendre, ce que nous avons fait. » L’UNESCO a
élaboré un plan global et ce sont les maçons dirigés par Hasseye qui l’ont mis en
oeuvre. « C’est ce que j’ai fait de plus important de toute ma vie. Nos ancêtres ont construit
ces mausolées, et aujourd’hui nous les avons reconstruits de la même manière. »
Les travaux ont été réalisés en deux phases, entre 2014 et 2015, et ont pris fin en octobre
dernier. L’argile a été acheminée depuis plusieurs carrières situées en périphérie de la ville
et a été cuite dans les quatre fours traditionnels que compte Tombouctou. Les maçons se
sont répartis en équipes de quatre, deux anciens et deux apprentis pour chaque structure,
en plus des dix ouvriers chargés de transporter le matériel. L’idée était que ce processus tout
entier serve aux plus jeunes, afin que ce métier ancien puisse perdurer. Hasseye a
supervisé tous les travaux. Et il a rencontré quelques surprises. « Nous avons découvert que
le mausolée de Sidi Mahmoud faisait 1,8 mètre de profondeur et qu’une grande partie de la
construction était recouverte de sable depuis plusieurs siècles. » Une illustration de
l’avancée du désert, qui enterre progressivement la ville.
Pas question de reconstruire n’importe comment
La reconstruction de chaque mausolée a pris entre trois et quatre semaines. Certains se
trouvent à l’intérieur de cimetières qui s’étaient développés autour à mesure que les fidèles
et les disciples des saints ont été enterrés près de la tombe de leur maître. D’autres se
trouvant dans des rues classiques, à côté des mosquées ou encore dans des habitations
individuelles. Bien que seuls 16 mausolées soient reconnus comme faisant partie du
patrimoine mondial, il en existe beaucoup plus. Ce n’est pas pour rien que Tombouctou est
connue comme étant la ville des 333 saints. Selon les croyances populaires, ces pieux
ancêtres protègent les habitants du mal. Parmi les plus connus, citons Cheikh Sidi Mahmoud
Ben Omar, le premier saint vénéré dans la ville, décédé en 1548, Cheikh Abdoul Kassim
Attawaty, Mohamed el Micky, Tamba-Tamba, ou encore le mausolée d’Alpha Moya, un
ouléma qui s’est opposé à l’occupation marocaine et qui a été assassiné dans la mosquée
de Sankoré.
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« Chacun de ces saints vient d’une communauté différente. Il y a des Arabes, des Songhay,
des Touaregs, des Peuls, et chaque communauté les reconnaît pour leur sagesse et leur
dévotion religieuse », assure Lazare Eloundou, représentant de l’UNESCO au Mali. « La ville
est inscrite au patrimoine mondial de l’humanité depuis 1988 et nous devions respecter les
exigences que cela implique, les documents, les rapports, les enquêtes déjà effectuées… Il
n’était pas question de se mettre à construire n’importe comment. » Le 18 février 2013, un
mois à peine après la libération de Tombouctou, l’UNESCO a approuvé un plan de 10
millions d’euros pour restaurer et protéger le patrimoine de la ville, et pas seulement les
mausolées, mais aussi son impressionnante collection de manuscrits antiques. En plus de
récupérer son âme, la ville veut protéger sa mémoire
Au secours des manuscrits islamiques
MIS EN LIGNE LE 11/03/2016 À 20:20
PAR JOSÉ NARANJO
http://lsp.rosselcdn.net/sites/default/files/dpistyles/ena_16_9_extra_big/default/772610/public
/thumbnails/image/B978086027Z.1_20160311202020_000%2BGDR6CGSTT.10.jpg?itok=dMAuVjCk
Dans un bâtiment discret de trois étages du village de Baco Djikoroni, à Bamako, capitale du
Mali, tout le monde s’affaire. Au total, 74 personnes y travaillent sur la numérisation des
377.491 manuscrits qui ont été sortis de Tombouctou en 2012 pour éviter leur destruction
par les islamistes. Parmi ces manuscrits figurent ceux du Fundo Kati, la bibliothèque
andalouse qui relie la ville à l’Espagne. Au rez-de-chaussée, certains montent les caisses en
carton qui les hébergeront ; à l’étage du dessus, des experts les identifient, les cataloguent
et les numérisent. Cette opération de sauvetage des documents a été un véritable exode.
Les familles propriétaires des bibliothèques privées de Tombouctou et les responsables du
centre Ahmed Baba, où se trouve la plus grande collection de documents, les ont sortis en
catimini. Beaucoup d’entre eux y ont risqué leur vie.
L’instigateur de l’opération a été Abdel Kader Haïdara, fondateur de l’association Savama il y
a 20 ans. C’est lui le véritable organisateur de ce sauvetage de la mémoire de l’islam
antique. « Il fallait sortir les manuscrits du désordre et de l’insécurité, et les ramener à
Tombouctou lorsque la situation redeviendrait normale. Entre-temps, nous améliorons leurs
conditions de conservation et modernisons nos bibliothèques. » Les 20.000 documents
anciens qui sont déjà passés par ce bâtiment sont stockés dans six appartements loués à
Bamako dont l’emplacement est gardé secret. « C’est un processus lent, mais qui nous a
donné l’opportunité de constituer un bon catalogue des manuscrits et de mieux les
conserver. La majorité se trouve en bon état, mais environ 20 % d’entre eux sont
extrêmement détériorés. »
Dans son travail de numérisation des manuscrits, Haïdara peut compter sur un allié
inattendu : un groupe de moines bénédictins de l’abbaye de Saint John, dans le Minnesota
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(États-Unis), spécialisés dans la conservation de documents antiques. Au mois d’août 2013,
le père Columba Stewart s’est rendu à Bamako avec quelques-uns de ses meilleurs experts
et a évalué l’aménagement du studio ainsi que la formation des techniciens locaux de
Savama qui numérisent aujourd’hui les manuscrits. Une copie numérique des documents
anciens de Tombouctou est également envoyée de l’autre côté de l’océan, où tous les
manuscrits sont entreposés, pour toujours à l’abri, dans une chambre scellée située sous
une montagne de granit dans l’Utah.
PanoraPost (maroc)
Publié le 12 mars 2016
Samira Sitaïl a raison de dire que « le Maroc n’est pas un Etat arabe », par Aziz
Boucetta
http://www.panorapost.com/article.php?id=12314
Elle a dit ce qu’elle pensait et elle s’est attirée les attaques de tous bords, en interne et
ailleurs. Elle a dit que le « Maroc n’est pas un Etat arabe » et les Arabes, arabisants et
autres panarabes se sont rués sur elle. Elle, c’est Samira Sitaïl, directrice de l’information à
2M, et elle n’a fait que lire la constitution, pourtant adoptée à la quasi unanimité des
Marocains, et redire ce qui y figure, ou plus précisément ce qui n’y figure pas…
La constitution
Que dit la constitution sur « l’arabité » du Maroc ? Rien. Qu’on en juge… Le terme « arabe »
y est cité trois fois seulement, et dans le seul et même article 5 : « L’arabe demeure la
langue officielle de l’Etat. L’Etat Œuvre à la protection et au développement de la langue
arabe, ainsi qu’à la promotion de son utilisation (…). Il est créé un Conseil national des
langues et de la culture marocaine, chargé notamment de la protection et du développement
des langues arabe et amazighe et des diverses expressions culturelles marocaines, qui
constituent un patrimoine authentique et une source d’inspiration contemporaine ».
L’ « arabité » est soulignée également et seulement par deux fois, dans le Préambule de
cette constitution… « Son unité, forgée par la convergence de ses composantes araboislamique, amazighe et saharo-hassanie » et, plus loin, « approfondir le sens d’appartenance
à la Oumma arabo-islamique, et renforcer les liens de fraternité et de solidarité avec ses
peuples frères ». Voilà tout.
On notera que la constitution évoque « trois » composantes de l’unité nationale, en
l’occurrence l’arabo-islamique (l’arabité est consubstantiellement liée à l’islam), l’amazighe et
la saharo-hassani. Nous sommes donc, aux termes de la Loi fondamentale, autant « araboislamiques », qu’ « amazighes » et « saharo-hassanis ». Et quand on dit « approfondir le
sens d’appartenance à la Oumma arabo-islamique », c’est qu’on sous-entend que cela reste
encore à faire, et que cela n’est donc pas absolu.
Quant aux composantes fédératrices de la nation, selon l’article premier de la constitution, ce
sont dans l’ordre « la religion musulmane modérée, l’unité nationale aux affluents multiples,
(et) la monarchie constitutionnelle et le choix démocratique ». On ne parle pas d’arabité,
mais d’affluents multiples.
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Et rappelons, à toute fin utile, que la constitution a été officiellement adoptée à 97,58% de
« oui » et 1,52% de « non, les 154.067 Marocains qui ont rejeté le texte ayant eu plusieurs
raisons de l’avoir fait, essentiellement politiques. Et le taux de participation à la consultation
référendaire avait été dépassé le record (hors temps d’Hassan II) de 75,5%...
L’histoire
Le Maroc antique n’a subi qu’une faible influence culturelle et politique de ses envahisseurs.
Les Romains, les Vandales et les Byzantins ont pu successivement occuper le Maroc et
empêcher la résurgence de royaumes berbères, mais sans parvenir à marquer
profondément sa composition ethnique ou opérer des transformations radicales au niveau de
son identité et sa culture. Seul l’islam et les vagues successives de migration arabe
réussiront à s’agréger à la composante berbère et fonder les bases de la nation marocaine.
Les alliances entre les Arabes hilaliens et les tribus berbères ont créé la lignée marocaine, à
partir des 8ème et 9ème siècles, avec son exception culturelle qui perdure aujourd’hui encore.
Quand, à la fin du 7ème siècle, le général Oqba Bnou Nafiî a fait sa percée sur le territoire
actuel du Maroc, il est à la tête d’un contingent de quelques centaines de cavaliers arabes,
sans femmes… Au retour, il est encerclé et tué par l’armée du chef berbère Kusayla. Un
sociologue marocain nous a dit une fois que « les Arabes sont venus en hommes et, une fois
installés, ils ont enfanté avec les femmes berbères. Cela fait qu’il n’existe pas de Marocains
arabes de souche, ou si peu »…
Selon Ibn Khaldoun, « l’apport arabe est très minoritaire dans les populations maghrébines
car quelques dizaines de milliers d’envahisseurs arabes n’ont pas pu, matériellement,
changer des centaines de milliers de Berbères en Arabes ».
La (dure) réalité
L’argument essentiel des défenseurs de l’arabité du Maroc est que l’arabe est la langue du
Coran. C’est certes cela, et cela uniquement, qui ancre les Marocains à la culture arabe,
mais le parler usuel des 38 millions de Marocains (vivant dans leur pays ou à l’étranger), la
darija, n’a que peu à avoir avec l’arabe classique, enseigné dans les écoles, utilisé à l’écrit et
employé par les élites lors d’allocutions publiques, et uniquement publiques.
La darija fait depuis quelques années irruption dans les messages gouvernementaux, à deux
titres. Sur le plan de la communication, les messages sont de plus en plus déclinés en darija,
y compris les messages institutionnels et gouvernementaux. Cela parle mieux à la
population. Au niveau politique, les chantres les plus farouches de l’ « arabité » du Maroc,
Abdelilah Benkirane en tête, ont bâti leurs carrières sur la communication en darija. On doute
que le chef du gouvernement ait autant de popularité s’il s’exprimait en arabe classique, et
on sait le sort de ceux qui parlent aux Marocains dans un arabe classique châtié.
Un autre argument des défenseurs de l’arabité, comme certains éditorialistes, verse dans
l’invective, chargeant Samira Sitaïl ou Noureddine Ayouch (qui s’était rendu célèbre par sa
défense de la darija) en les accusant d’être francophones (comme si c’était un mal), de ne
pas connaître l’arabe (comme si c’était une tare), et de défendre « le parti de la France »
(comme c’est facile).
En dehors de l'attaque personnelle, la langue arabe mérite mieux comme arguments pour
continuer de s'imposer au Maroc, mais elle n'est pas renforcée par les liens systématiques
entre arabité, islam et Palestine et elle est desservie par les excommunications de ceux qui
pensent autrement.
Que sommes-nous alors ?
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Des Marocains, tout simplement, marqués par une réelle « exception culturelle »… Quand
on vote à près de 100% une constitution qui affirme dans son Préambule que «son unité (du
Maroc), forgée par la convergence de ses composantes arabo-islamique, amazighe et
saharo-hassanie, s’est nourrie et enrichie de ses affluents africain, andalou, hébraïque et
méditerranéen », on ne peut qualifier le groupement national et humain marocain d’autre
chose que de marocain. Même pas maghrébin, contrairement à ce que pense Samira Sitaïl,
car cet ensemble géopolitique présente bien des divergences culturelles à travers son
tiraillement culturel de Nouakchott à Benghazi et ses différences culturelles et linguistiques.
La constitution dit expressément, toujours en Préambule, que le « Maroc est un Etat
musulman souverain », rien ne l’empêchait de dire qu’il est, aussi, un « Etat arabe
souverain ». Cela n'a pas été fait, et avoir comme langue officielle l’arabe ne fait pas pour
autant de nous des Arabes, ou alors nous sommes aussi Amazighe puisque cette langue est
aussi langue officielle.
La « petite phrase » de Samira Sitaïl relance donc un débat sur le fameux « qui sommesnous et que sommes-nous ? ». L’attaquer est une marque de faiblesse, la tancer marque
l’indigence de l’argumentaire et la contredire par l’invective démontre la fébrilité de ses
contempteurs, défenseurs sur la défensive d'une langue qui ne demande pas tant. Merci
donc à elle d’avoir (re)mis ce débat en exergue.
PanoraPost (maroc)
Publié le 13 mars 2016
Maroc-France : des relations économiques durables
http://www.panorapost.com/article.php?id=12315
Trouver un juste équilibre entre le développement durable et la croissance, c’est chose
possible. « Les entreprises peuvent faire de l’économie durable une économie pour
développer leur compétitivité », a affirmé la présidente de la CGEM, Miriem Bensalah
Chaqroun lors de la rencontre économique Maroc-France placée sous le thème « Construire
ensemble durablement ».
Cette manifestation organisée à l’occasion de la visite au Maroc du président du Medef
Pierre Gattaz et d’une délégation de chefs d’entreprise français a pour objectif de
positionner le Maroc et de mettre en avant ses atouts dans les domaines du développement
durable et des énergies vertes en vue d’attirer des investissements. L’énergie verte
représente en effet 2.500 milliards de $ par an. Les opportunités d’investissement dans ces
secteurs sont donc considérables. D’où la volonté commune de bâtir ensemble des
partenariats à long terme.
« Pour apporter des solutions concrètes au défis climatiques, nous devons multiplier les
initiatives collaboratives », a expliqué Pierre Gattaz. Les deux patrons des patrons ont ainsi
souligné les actions concrètes dans lesquelles se sont engagées les entreprises marocaines
et françaises pour accompagner la transition énergétique.
« L’ampleur des défis climatiques doit se transformer en objectif de croissance et
d’emplois », précise en outre le président du Medef. L’élaboration d’une feuille de route claire
et d’un cadre ambitieux est indispensable à la compétitivité des entreprises.
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Ce cadre s’articule autour de quatre axes stratégiques : poursuivre la mobilisation des
entreprises, développer les opportunités du business, promouvoir le rôle des entreprises et
leur donner les moyens, cela passant par le soutien à l’innovation et la fixation du prix au
carbone notamment.
Et, enfin, dernier axe : garantir la compétitivité des entreprises à travers des mesures
incitatives. L’engagement dans le développement durable a en effet un coût.
Cette rencontre s’inscrit aussi dans la dynamique propulsée par la COP21 à Paris et la
prochaine COP22 qu’abritera le Maroc en novembre de cette année.
« La COP 2, c’est la COP de la concrétisation », ainsi que la définit la présidente de la
CGEM. Les deux présidents ont ainsi montré leur détermination à parvenir à cet objectif.
Cette rencontre était également l’occasion de pérenniser les relations économiques francomarocaines sur la scène africaine et de développer de nouvelles formes de partenariat sur
les marchés internationaux, notamment en Afrique. « Nos entreprises dans le business de
l’économie verte trouveront des possibilités de co-développement au-delà de nos espaces
géographiques. Je pense à l’Afrique où 650 millions de personnes n’ont pas accès à
l’électricité », prophétise Miriem Bensalah Chaqroun. L’eau, l’énergie, les infrastructures, le
numérique, autant de secteurs dans lesquels le continent africain a besoin d’un savoir-faire.
« L’Afrique est une priorité pour le Medef. Il faut aller chercher la croissance, il faut équiper
l’Afrique », a réagi Pierre Gattaz.
En marge de la conférence, plusieurs accords de coopération entre le Medef et la CGEM ont
été signés.
Eléonor Lasou
Le Soir.be Crise des migrants: «Une certaine idée de l’Homme»
MIS EN LIGNE LE 12/03/2016 À 15:36
PAR VINCENT ENGEL
Les récentes négociations de l’Union européenne avec la Turquie au sujet des réfugiés n’ont
de « négociation » que le nom. La chronique de Vincent Engel.
http://plus.lesoir.be/30323/article/2016-03-12/crise-des-migrants-une-certaine-idee-delhomme
En 1942, le capitaine Antoine de Saint-Exupéry, publiait « Pilote de guerre ». © AFP
http://lsp.rosselcdn.net/sites/default/files/dpistyles/ena_16_9_extra_big/node_30323/775267/
public/thumbnails/image/B978097139Z.1_20160312174751_000%2BG5N6CFIEL.10.jpg?itok=gRaY6rNC
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Je commencerai toutefois par faire hurler tous ceux qui, sur les forums, ne supportent pas
que l’on utilise le mot « fascisme » pour décrire la situation contemporaine, et qui sortent leur
argument « Reductio ad Hitlerum » ou « point Godwin » dès que l’on a le malheur de se
référer au fascisme et au nazisme historiques. Qu’ils hurlent. Mais toujours est-il qu’il n’est
pas vain de rappeler la situation des Juifs allemands avant guerre. Depuis son accession au
pouvoir, Hitler veut s’en débarrasser ; mais il cherche d’abord à les expulser, après leur avoir
évidemment confisqué tous leurs biens (tiens, ça ressemble un peu aux pratiques danoises
contemporaines, cette confiscation…). Il se heurte à la mauvaise volonté des autres pays
européens et de l’Amérique, qui n’en veulent pas. Des bateaux chargés de Juifs fuyant
l’Allemagne sont refoulés, et les exilés sont obligés de retourner en Allemagne, où la mort
les attend.
Il n’y a pas, à l’époque, d’Union Européenne qui essaie d’imposer des quotas de répartitions
des réfugiés ; mais à l’époque comme aujourd’hui, l’égoïsme et, il faut le dire, le racisme
guident les politiques nationales. On n’a pas voulu à l’époque des Juifs comme on ne veut
pas aujourd’hui des réfugiés syriens. « Ils » sont différents, un « corps étranger » qui
menace encore et toujours cette glorieuse Europe « blanche et chrétienne » que les preux
Orban et autres entendent défendre contre vents et marées — vents et marées non
blanches et non chrétiennes.
Notre civilisation
Alors que la défaite est consommée, le capitaine Saint-Exupéry continue d’obéir aux ordres
et réfléchit en même temps sur la situation. Il reportera ces réflexions dans le magnifique
Pilote de guerre, qui sera publié en 1942, d’abord aux USA puis en France, sous
l’Occupation. Il constate d’abord : « J’ai perdu les règles qui transportaient ma civilisation. Je
découvre ce soir que les mots dont j’usais ne touchaient plus l’essentiel. Je prêchais ainsi la
Démocratie, sans soupçonner que j’énonçais par là, sur les qualités et le sort de l’homme,
non plus un ensemble de règles, mais un ensemble de souhaits. Je souhaitais les hommes
fraternels, libres et heureux. » Mais quel est cet essentiel ? Ce qui différence l’individu de
l’Homme – on pourrait dire aussi l’Humanité, le principe qui rassemble tous les êtres
humains, quelles que soient leur nationalité ou leur religion. En oubliant ce principe, on a fait
du monde une « termitière, qui repose sur la somme des individus. » Mais il ne sert à rien
d’accuser les individus ; ils défaillent si la civilisation qui les nourrit manque à ses principes.
Et le plus important de ceux-ci est la responsabilité : « Chacun est responsable de tous.
Chacun est seul responsable. Chacun est seul responsable de tous. »
À l’époque, le livre a un succès énorme aux Etats-Unis, mais il est rejeté avec la même rage
par l’entourage du général de Gaulle à Londres et par la presse collaborationniste à Paris,
où il sera finalement interdit par les autorités allemandes. L’humanisme est déjà un gros mot,
une tare aux yeux de ceux qui défendent un point de vue soi-disant réaliste et pragmatique.
Celui que l’on nommera bientôt la « realpolitik », ou le triomphe du cynisme et de
l’opportunisme, comme celui qui conduit aujourd’hui le gouvernement de Hollande à remettre
la Légion d’Honneur à un prince saoudien.
La responsabilité de chacun pour tous (sur l’indispensable distinction entre responsabilité et
culpabilité, je renvoie à une chronique précédente , la dignité humaine grâce à laquelle «
celui qui diffère de moi, loin de me léser, m’enrichit », c’est décidément ce qui a déserté
notre « civilisation », notre Europe qui croit encore pouvoir se poser en modèle universel de
justice et de Droits de l’Homme. En négociant avec la Turquie et avec son président
autocrate et aussi peu démocrate que possible, elle ne vend même pas son âme : elle paie
pour s’en débarrasser.
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Des chiffres, encore des chiffres
Certains s’émeuvent que je trouve scandaleux que des pays organisent des référendums
pour s’opposer à la politique de répartition des réfugiés, et brandissent pour se justifier le
chiffon rouge de l’invasion, du flux massif d’étrangers qui va déferler sur l’Europe (et tout
saccager, évidemment). À ces mensonges populistes et dangereux, il faut, encore et encore,
opposer la réalité des chiffres : la Turquie accueille aujourd’hui près de 2,75 millions de
réfugiés (mais seulement 270.000 sont dans des camps), la Liban, un million (soit un quart
de sa population). Par ailleurs, près de 8 millions de réfugiés syriens sont « simplement »
déplacés en Syrie, dans des conditions de vie épouvantables.
Quand bien même 2 millions de réfugiés viendraient en Europe (et on est loin du compte),
cela représenterait moins de 0,5 % de la population globale européenne. Oserions-nous dire
au Liban, qui en accueille 25 %, que c’est insupportable, quand par ailleurs l’Europe est
infiniment plus riche que le Liban ? Évidemment, cela suppose une juste répartition dans
TOUS les pays européens – et c’est ce qui rend inacceptable les référendums nationaux de
pays qui, par ailleurs, acceptent les aides européennes et le dumping social dont ils profitent,
au détriment d’autres pays où les législations du travail sont plus favorables aux travailleurs.
Traitement des déchets ?
En proposant une aide de 3 milliards à la Turquie pour qu’elle règle le problème, l’Europe
évalue le « coût », la valeur d’un réfugié – pour rappel, il s’agit d’un homme, d’une femme,
d’un enfant qui partage, comme l’écrit Saint-Exupéry, la même humanité que nous – à plus
ou moins mille euros – pour autant que la Turquie se décide d’accueillir correctement tous
les réfugiés sur son territoire, ce qui est loin d’être le cas actuellement.
La défaite à laquelle assiste Saint-Exupéry repose sur la perte des valeurs qui fondaient la
civilisation. Appelez cela « civilisation » ou « Europe », peu importe : nous sommes en train
d’œuvrer à notre défaite prochaine. Nous ne serons bientôt plus qu’un coffre-fort. Et le destin
des coffres-forts est d’être l’objet de convoitise et d’assauts. Nous ne gagnons rien à fermer
nos frontières et à refuser l’aide à ceux qui fuient la guerre ; nous semons l’incompréhension
et la haine, au lieu de construire des relations fortes qui permettront l’édification d’un avenir
plus prospère et plus serein pour tous, en Europe et dans le monde. Quand la dignité est
ainsi bafouée – la nôtre, la leur –, ne reste que la honte. Comme concluait Sophia Aram lors
de sa chronique au vitriol – et pleine d’humour –, « c’est toujours mieux de vendre rien du
tout que de vendre son honneur ». Ou des êtres humains.
Heureusement, si les gouvernements se défilent et s’allient sur le plus petit commun
dénominateur – celui des peurs artificielles et des égoïsmes –, des individus, hommes et
femmes, partout en Europe, maintiennent cette volonté et ces valeurs qui ont fondé et
fondent encore cette « civilisation », cette « certaine idée de l’Homme ». Des bénévoles,
dans tous les pays concernés, y compris (sinon surtout) les plus pauvres, offrent de leur
temps et de leurs économies pour tenter d’accueillir dignement ceux qui ont tout perdu. Ils
sont notre seule raison d’espérer.
Bio express
MIS EN LIGNE LE 12/03/2016 À 15:29
L’auteur. Vincent Engel est romancier, dramaturge et essayiste. Il est également professeur
de littérature à l’UCL et d’histoire des idées à l’Ihecs.
Les ennemis de l’intérieur ? C’est le titre de cette chronique. Pourquoi ? Je ne sais pas si la
démocratie est le meilleur ou le moins mauvais des systèmes ; ce que je sais, c’est qu’il est
le plus fragile. Et ses ennemis extérieurs, pour réels qu’ils soient, sont parfois l’épouvantail
qui masquent un mal plus profond qui le ronge de l’intérieur…
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Site internet :http://www.edern.be/vincentengel/
The Economist – Mar 12th, 2016
Illegal immigration
Channel hopping
http://www.economist.com/news/britain/21694676-channel-hopping
There has been a twelvefold increase in clandestine attempts to enter Britain via European
ports and train tunnels since 2012, according to figures obtained by The Economist under
freedom of information laws. Lorries are X-rayed for stowaways and sniffer dogs patrol
regularly, making the obstacle course harder than ever. Yet this has done little to deter
migrants—nor to soothe the fears of Eurosceptic voters ahead of the June 23rd referendum
PanoraPost (maroc)
Publié le 14 mars 2016
Plus de 10 millions de Marocains sont francophones
http://www.panorapost.com/article.php?id=12327
1
En plein débat sur le français dans l’école publique marocaine et suite à la polémique entre
le ministre de l’Education nationale et le chef du gouvernement, l’Organisation internationale
de la Francophonie (OIF) vient de rendre public un rapport sur l’usage de la langue française
dans le monde. Il y aurait donc quelque 10 millions de francophones au Maroc, sur un total
de plus de 220 millions de personnes dans le monde, dont 110 environ reçoivent leur
enseignement en français.
Ainsi, ils seraient donc très exactement 10.657.000 millions de Marocains qui parlent le
français, à divers niveaux bien entendu, dans le pays, faisant de ce dernier le 3ème pays
francophone d’Afrique, après l’Algérie (11,2 millions) et le Congo (24,3 millions); mais devant
le Cameroun et la Côte d'Ivoire.
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L’OIF estime qu’en 2050, il y aura 700 millions de francophones dans le monde, contre les
221 millions actuels, et les Marocains suivront la tendance. Avec l’introduction du français
comme langue d’apprentissage dans certaines matières et certaines branches, on pourrait
s’attendre en effet à une sorte de généralisation de ce retour du français dans
l’enseignement public.
Cela étant, au Maroc, le débat reste encore vif entre défenseurs du français et ceux qui
préconisent que, quitte à faire entrer des langues étrangères, autant le faire avec l’anglais,
partant du principe que 90% des publications scientifiques dans le monde sont produites en
anglais. On estime à environ 15% la part des Marocains anglophones, contre le tiers pour les
francophones. Et à voir le nombre d’enseignes et de marques en français dans les grandes
et moins grandes villes marocaines, on prend la mesure de la bonne tenue du français au
Maroc.
PanoraPost (maroc)
Publié le 14 mars 2016
Le respect de l’Autre, par Ahmed Aassid
http://www.panorapost.com/article.php?id=12325
Il existe encore un grand nombre de personnes qui n’ont pas compris le sens de l’expression
« respect de l’Autre », considérant que ce respect ne s’applique qu’à elles et que les autres
doivent respecter leurs valeurs et leurs conceptions des choses. Mais elles ne pensent pas à
la réciproque, et elles ne conçoivent pas que les opinions et la sécurité de l’Autre a la même
importance que les leurs.
Le « respect de l’Autre » est une notion essentielle de l’Etat moderne, lui-même fondé sur
l’idée de citoyenneté qui suppose l’égalité des individus face à la loi, quelles que soient leur
foi, leur langue, leur couleur ou leur catégorie sociale. La citoyenneté est donc le socle la vie
commune d’individus différents et de collectivités différenciées vivant au sein d’une société
moderne. Et la citoyenneté fonde cette autre notion nouvelle du « vivre-ensemble » qui
suppose le respect mutuel dans le cadre d’une parfaite égalité entre personnes.
Examinons les raisons qui font que certaines gens ne respectent pas d’autres qui ne
partagent pas leurs vues, ce qui cause de nombreux conflits, pourtant aisément
surmontables par la raison si la citoyenneté était effectivement enracinée dans les esprits.
Voici donc ces raisons qui empêchent le vivre-ensemble dans les sociétés islamiques :
1/ Le fait de ne pas trancher les grandes questions d’intérêt commun, fondement de
l’édification de la démocratie, en continuant de mettre l’accent sur les points de clivage et
d’accentuer les doutes, ce qui crée une ambivalence des comportements et réduit les
valeurs nobles à de simples discours qui ne se reflètent pas dans les quotidiens des
populations.
2/ L’appui sur la logique de la majorité contre celle de la minorité au lieu de considérer les
citoyens comme étant tous égaux au sein de leurs sociétés et dans le cadre d’Etats qui
défendent leurs intérêts à eux tous. C’est sans doute cela la raison principale du mépris voué
aux minorités religieuses dans les sociétés musulmanes, des minorités qui n’ont d’autre
choix que de s’incliner face aux majorités confessionnelles, de se mettre en retrait et de ne
pas afficher leurs rites et rituels, de crainte de représailles de la majorité. Cela étant, il
convient d’observer que cette logique de mise au pas des minorités religieuses ne tient plus
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dès lors qu’il s’agit de minorités musulmanes en pays chrétiens, les Etats musulmans
demandant à ce que ces minorités soient traitées à égalité avec les majorités et qu’elles
bénéficient de leurs droits.
3/ Le regard posé sur l’Autre est teinté de suspicion car cet Autre serait porteur de mal et de
déviances et, en aucun cas, ne peut offrir de la richesse par sa différence.
4/ Le fait de considérer les sociétés comme des communautés religieuses et/ou raciales au
lieu de les voir comme étant formées de citoyens appartenant tous au même Etat et nourris
du sentiment d’appartenance à la même nation, quelles que soient leurs différences, comme
la couleur de peau, la foi, l’origine familiale ou encore la langue.
5/ La posture consistant à croire que la vérité est une et indivisible, décrite dans et par une
seule religion, dans et par une seule Histoire, au lieu de penser que la vérité est la résultante
d’une construction et d’un effort intellectuels et communs, dans l’aspiration à la science et à
la connaissance illimitées.
6/ L’émergence d’une idéologie qui œuvre à la normalisation et à la standardisation de la
société par l’effacement de ses différences et de sa diversité qui constituent sa marque dans
l’Histoire, et leur remplacement par le facteur de la pensée unique, qu’elle soit religieuse,
confessionnelle, linguistique ou autre. L’objet de cela est de s’accaparer l’Etat et le dominer,
faisant de tout être différent une source d’entrave à ce projet et justifiant ainsi sa persécution.
7/ L’évaluation des individus par leur niveau d’intégration dans les coutumes sociales et
communautaires, au lieu de les regarder en fonction de leurs capacités à la création et
l’innovation, à l’efficacité et l’inventivité.
L’Etat, pris comme le cadre où se retrouvent les enfants d’une même nation, doit être un
espace de coexistence et non de confrontation, de tolérance et non d’affrontement… Ceux
qui ne comprennent pas l’Etat national dans son acceptation moderne ne peuvent
absolument pas accepter les Autres, différents, dans leur environnement et, par là-même, ils
deviennent eux-mêmes source de tension et de conflits.
Respecter l’Autre, dans sa différence, minoritaire soit-il ou majoritaire, est le facteur
déterminant de la coexistence pacifique qui ne saurait accepter de qui que ce soit de
dominer la vie des gens, de monopoliser à son profit l’espace public, de dicter ses volontés à
autrui… Ce n’est en effet pas ainsi que l’on fait honneur au devoir de respect mutuel entre
les membres d’une communauté. Mais, à l’inverse, respecter l’autre ne signifie nullement se
soumettre à sa volonté ou de suivre ses orientations. Non, respecter l’Autre consiste
simplement à le laisser vivre ses choix et ses orientations, librement, sans contrainte ni
brutalité, à charge pour lui d’assurer la réciproque. Dans le cas contraire, dans un cas
comme dans l’autre, c’est le respect général qui en sera atteint, ouvrant la voie à l’hostilité et
le déni des droits des citoyens.
Il faut donc comprendre que le respect des autres ne signifie pas l’occultation de leurs
erreurs ou errements, ainsi que le comprennent plusieurs personnes qui veulent dissimuler
leurs fautes sous le couvert de la liberté d’expression ou du droit à la différence. Cela se voit
dans la lutte contre certains droits essentiels des citoyens, dans les entraves à telle ou telle
réforme, dans les résistances aux acquis de la société ou dans les appels à la violence et à
la haine. Dénoncer les déviances, les erreurs, les fautes et les postures de domination, de
discrimination ou d’inégalité est un devoir de tous et de chacun et ne saurait être considéré
comme une entorse aux obligations de respect des autres car ce respect des autres consiste
en la liberté de ces mêmes autres à assumer leurs existences et leurs convictions,mais sans
nuire à autrui et à leur environnement.
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El Watan - Jeudi 17 mars 2016
(Algérie)
Guerre sournoise du Royaume wahhabite contre l’Algérie
Les Saoudiens veulent la tête de Mohamed Aïssa
http://www.elwatan.com/une/les-saoudiens-veulent-la-tete-de-mohamed-aissa-17-03-2016316730_108.php
http://www.elwatan.com/images/2016/03/16/aissa_2613348_465x348.jpg
Les prises de position du ministre des Affaires religieuses sur le wahhabisme irritent
le royaume saoudien, au demeurant de plus en plus remonté contre l’Algérie pour ses
dernières «démarcations» diplomatiques au sein de la Ligue arabe.
L’islam de Cordoue ouvert et tolérant contre le wahhabisme violent et rétrograde. C’est la
tâche à laquelle s’attelle le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, depuis sa
nomination. Une réorientation stratégique aussi nécessaire que salutaire pour sortir la
société de la logique salafo-wahhabite mortifère. Et si ce choix est salué ici, il est cependant
combattu avec virulence par les cohortes salafistes locales fortement soutenues par leurs
sponsors idéologiques de la monarchie wahhabite. Le discours de Mohamed Aïssa est aux
antipodes de la rhétorique extrémiste qui, pendant des années, a structuré la discours
religieux et surtout remodelé dangereusement les mœurs locales.
«Le wahhabisme, unificateur pour son pays d’origine, devient un danger lorsqu’on le greffe à
un autre pays», affirmait le ministre dès son entrée en fonction. Une petite révolution qui
avait soulevé un tollé chez les prédicateurs et autres prêcheurs de la haine de Riyad.
Sentant le «danger», les tenants de l’islam rigoriste en Arabie Saoudite ont vite réactivé les
relais locaux pour lancer la «guerre sainte» contre un ministre qui défend un islam et une
pratique religieuse puisés dans un référent national et ancestral.
Levée de boucliers. Tapis dans l’ombre d’un ministre longtemps sous le monopole des
islamo-réactionnaires, des «chouyoukh wahhabisés» apparaissent pour défendre leur
citadelle et rendent la tâche ardue à Mohamed Aïssa. La guerre lui est déclarée
ouvertement, au sein même de son ministère. Imams, apprentis-muftis et autres sinistres
charlatans sont convoqués pour mener la charge et mettre en échec la politique du ministre.
Par délégation, l’Arabie Saoudite veut sa tête et tous les moyens sont mobilisés.
Pressions diplomatico-religieuses, fatwas et rappel des troupes locales. En s’employant à
soustraire les mosquées des mains des salafistes affiliés directement à «la Mecque de
l’autoritarisme», les Al Saoud et leur bras religieux, les wahhabites, savent que la politique
de Mohamed Aïssa risque de les priver de la carte de pression et de chantage qu’ils
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brandissent souvent. «La plupart des partisans de la salafiya en Algérie continuent à
témoigner une indéfectible allégeance à leurs maîtres saoudiens et constituent d’efficaces
relais de l’islam salafiste», assurait le sociologue des religions, Abderrahmane Moussaoui.
Il est vrai que depuis longtemps, les autorités algériennes se montrent «frileuses» à l’égard
de ce courant extrémiste. Instrument de chantage entre les mains des Saoudiens et atout
pour le pouvoir local pour mieux contrôler la société. Une collusion qui peut s’avérer
dangereuse, comme ce fut le cas durant la décennie noire.
Adda Felahi, ancien cadre au ministère du temps de l’insipide Abdallah Ghoulamallah, s’est
dit victime de pressions saoudiennes. «J’ai mené une guerre contre les salafistes connectés
à l’Arabie Saoudite et j’ai attiré l’attention sur leurs menaces sur notre société, j’ai été tout
simplement écarté du ministère sur insistance des Saoudiens», assurait-il. L’actuel ministre
sait bien qu’en «algérianisant» l’islam, il va sans doute s’attirer les foudres
excommunicatrices wahhabites.
Un mufti d’un pays d’Europe de l’Est, lors d’un pèlerinage aux Lieux Saints, avait assisté,
effaré, à une discussion étrange : «Lors de mon séjour à La Mecque, j’ai assisté à une
discussion où des dignitaires religieux saoudiens disaient du mal du ministre algérien des
Affaires religieuses.»
Très serein et sans trop de bruit, Mohamed Aïssa entend mener sa mission jusqu’au bout,
même s’il se sent parfois «moins soutenu» par le gouvernement. Se séparer de lui serait
commettre une erreur stratégique grave. Céder aux pressions saoudiennes serait livrer le
champ religieux aux apprentis sorciers et le diable wahhabite s’en occupera bien.
Tentation hégémonique
La pression que mène la famille régnante à Riyad fait partie d’une stratégie globale. Une
guerre sournoise déclarée contre Alger. La tentation hégémonique de la monarchie saoudiowahhabite se heurte souvent au non-alignement de l’Algérie. La crise syrienne est le point de
rupture. Alors que le régime saoudien est impliqué militairement, financièrement et
idéologiquement pour faire tomber Bachar Al Assad, l’Algérie est sur une position
«réservée». Opposée à la chute du régime syrien, Alger apparaît aux yeux des Saoudiens et
des Qataris comme «une fausse note» dans le «consensus arabe» qui, du coup, fausse la
stratégie golfiote dans la recomposition géopolitique régionale.
Une prise de distance qui en annonce d’autres, notamment depuis que l’effacé Mourad
Medelci a laissé place à un diplomate chevronné en la personne de Ramtane Lamamra pour
mener la politique étrangère. Retrouvant sa voix et sa voie, la diplomatie algérienne a pu
réaffirmer son positionnement doctrinal traditionnel de non-ingérence.
Au Caire, M. Lamamra était ouvertement opposé à la mise en place d’une coalition militaire
arabe qui n’est en réalité qu’une alliance religieuse sunnite conduite par l’Arabie Saoudite
pour mener la guerre à l’Iran. Lors de son expédition militaire contre son voisin du sud, le
Yémen, Riyad a réussi à incorporer plusieurs pays sunnites dans sa «croisade» contre ce
qu’elle considère comme zone d’influence perse. L’Algérie, si elle n’a pas exprimé de
manière vive son opposition, a tout au moins émis des «réserves». Un positionnement qui,
une fois de plus, a froissé la famille Al Saoud, notamment l’ambitieux jeune ministre de la
Défense, Mohammed Ben Salman (30 ans).
«Il est certain que la nouvelle génération au pouvoir en Arabie Saoudite voit d’un mauvais
œil les survivants du front de la résistance. Si auparavant, la vieille garde respectait la
position algérienne sur les questions régionales, la nouvelle génération veut dicter sa loi à
tout le monde. Toute résistance est considérée comme acte hostile», analyse un ancien
ambassadeur algérien.
Dans la suite de sa guerre pour contenir l’Iran après la levée des sanctions occidentales
contre Téhéran, Riyad a forcé la main à pratiquement tous les pays arabes pour blacklister le
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Hezbollah libanais au moment où les Américains rayaient l’organisation de Hassan Nasrallah
de la liste des mouvements terroristes.
Renversant ! Timidement certes, l’Algérie s’est abstenue lors de la réunion de la Ligue
arabe, devenue un des postes avancés de la stratégie des Saoudiens et de leurs alliés
inconditionnels. En réaction à ce «crime de lèse-majesté», les Saoudiens annoncent
promptement des projets d’investissement dans les territoires sahraouis occupés par le
Maroc. Une manière d’apporter leur soutien à la monarchie frère et de «narguer la
République hostile». Se pose ainsi la question de la nature des relations entre l’Algérie et ce
royaume rétrograde, sponsor de l’extrémisme.
Hacen Ouali
El Watan - Jeudi 17 mars 2016
(Algérie)
Le retour de la «Diaspora algérienne» vu par Giulia Fabbiano
Entre la saga Riyad Mahrez et l’article 51…
http://www.elwatan.com/actualite/entre-la-saga-riyad-mahrez-et-l-article-51-17-03-2016316737_109.php
http://www.elwatan.com/images/2016/03/16/chercheur-col_2613350_465x348.jpg
Le conte de fées que sont en train de vivre les Foxes — surnom de la modeste équipe
de Leicester —, leader surprise de la très prestigieuse Premier League anglaise, ne
laisse manifestement pas indifférents les «tifosi» algériens.
Et pour cause : l’un des artisans de cet exploit «historique» n’est autre que notre Riyad
Mahrez national, l’une des stars incontestées des Verts. Mahrez, comme Brahimi, Feghouli
et autre Carl Medjani, ont particulièrement la cote depuis qu’ils ont qualifié l’EN aux 8es de
finale de la dernière Coupe du monde pour la première fois de notre histoire.
Ces «binationaux» aux pieds dorés, qui font le bonheur de la nation toute entière, ne sont, à
bien y regarder, que la partie visible, spectaculaire, d’un phénomène plus profond observé
ces dernières années : celui de ces nombreux «Français d’origine algérienne» qui ont fait le
choix de faire des choses en Algérie ou «pour» l’Algérie. Quel est leur profil ? Qu’est-ce qui
motive ce «retour aux sources» ? Comment vivent-ils cette expérience ?
La socio-anthropologue Giulia Fabbiano, qui s’est penchée de très près sur le sujet et y a
consacré une enquête de terrain extrêmement instructive, a apporté de précieux éléments
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de réponse à ces questions, à l’occasion d’une conférence donnée mardi soir à l’Institut
français d’Alger sous le titre : «Foyer ou Eldorado ?
Le grand retour des diasporas algériennes». A noter que Giulia Fabbiano est post-doctorante
au Cadis/EHESS (Ecole des hautes études en sciences sociales) et chercheure associée à
l’Institut d’ethnologie méditerranéenne, européenne et comparative (Idemec, Aix-Marseille
Université). Parmi ses champs de recherche, les «Narrations identitaires et postcoloniales en
France» et les «Pratiques mobilitaires dans l’espace méditerranéen».
Migrations inversées
L’enquête menée par Giulia Fabbiano sur les mobilités franco-algériennes s’inscrivait dans
une recherche plus large, indique-t-elle, portant sur «Les mobilités depuis la France vers le
Maghreb». Ce qui l’a amenée à s’intéresser, dans un premier temps, aux trajectoires des
Français, «toutes origines confondues», venus s’installer en Algérie. «En faisant du terrain,
forcément j’ai rencontré des Français d’origine algérienne et j’ai dû m’interroger sur la
spécificité de cette catégorie», dit-elle.
L’anthropologue précise que cette enquête s’est déroulée entre 2012 et 2014 et a porté sur
un échantillon de plus de 200 personnes, «dont un bon tiers étaient d’origine algérienne». Ils
ont entre 25 et 40 ans et ont pour la plupart un «bac+5». «Ils ont fait des études supérieures
sélectives : école de commerce, écoles d’ingénieurs, de journalisme», détaille-t-elle.
Analysant les caractéristiques de «l’espace migratoire» qui relie les deux rives,
l’anthropologue fait remarquer : «Cet espace a été marqué pendant de longues années par
une émigration d’Algérie vers la France. L’Algérie était considérée uniquement comme un
pays ‘‘émetteur’’ d’émigration et la France comme un pays ‘‘récepteur’’. Or, le phénomène
que nous observons aujourd’hui montre qu’il ne s’agit plus tout à fait de la même chose.»
Désormais, «la France n’est pas seulement un pays récepteur, mais aussi un pays émetteur
puisqu’elle produit des individus à mobilité». Interrogeant la notion de «diaspora», la
chercheure souligne que «l’espace migratoire franco-algérien est considéré par les
spécialistes comme un couple migratoire» en ce sens que «la majorité des Algériens, quand
ils émigrent, vont en France. On a donc deux polarités strictement connectées l’une à
l’autre».
Elle estime ainsi que la formule «couple migratoire» est presque antinomique de «diaspora»
que nous utilisons par abus de langage, celle-ci supposant «des pays d’émigration beaucoup
plus nombreux». Après l’époque des «norias» étudiées par Abdelmalek Sayad à laquelle
succéda celle du «regroupement familial», vint la «période des exilés et de l’accueil des
réfugiés» fuyant le terrorisme dans les années 1990.
Et c’est au début des années 2000 qu’émerge véritablement cette nouvelle mobilité
migratoire dans le sens Paris-Alger. Cette mobilité s’accompagne, insiste la conférencière,
d’un «changement de paradigme» : «Ces phénomènes-là de mobilité Nord-Sud de Français
d’origine algérienne mettent à l’épreuve le paradigme qui, pendant 30 ans, a saturé l’espace
politique et académique français, qui est le paradigme assimilationniste ou intégrationniste.»
Et d’ajouter : «Pendant très longtemps, on a estimé que l’intégration était synonyme de
rupture de tout lien avec le pays d’ origine. Pour être intégré en France, il ne fallait pas
entretenir ce lien. Aujourd’hui, on est face à une autre réalité, une réalité beaucoup plus
transnationale, cosmopolite et beaucoup plus mobile qui fait douter du bien-fondé du
paradigme de l’intégration.»
«Ils ne fuient pas le racisme et l’islamophobie»
L’enquête de Giulia Fabbiano fait ressortir que les premières vagues de Français d’origine
algérienne qui se lancent dans l’aventure et se définissent comme des «pionniers», sont
mues principalement par des stratégies de carrière. Ce phénomène «se met en place à partir
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des années 2000 avec l’arrivée d’un certain nombre de volontaires internationaux
d’entreprises (VIE) qui étaient un peu le premier bassin, la première vague qui s’est
transformée en installation de Français d’origine algérienne, mais pas que d’origine
algérienne».
Décryptant le lien de ces «binationaux» avec le pays d’origine, la sociologue déclare : «La
plupart passaient leurs grandes vacances en Algérie dans leur enfance, dans la localité
d’origine des parents. Ils ne connaissaient ni Alger ni Oran, les deux villes où, plus tard, ils
allaient s’établir.» Dans la foulée, la sociologue émet un bémol au sujet du terme
«binationaux» : «En réalité, ils sont moins pris dans un face-à-face entre la France et
l’Algérie que dans un rapport cosmopolite, habitués qu’ils sont à apprivoiser le monde avec
facilité.»
Elle relève au passage qu’ils ont beaucoup voyagé (Europe, Asie, Etats-Unis…), avant de se
poser à Alger. Giulia Fabbiano ne manque pas de déconstruire certaines idées reçues qui
brouillent la lecture de ce récit migratoire. Première précision : «Ils ne fuient pas le racisme,
l’islamophobie et la discrimination», il ne s’agit pas de «jeunes banlieusards en galère»
végétant dans les «territoires perdus de la République».
Deuxième nuance : «Ce n’est pas parce qu’ils ont de la famille en Algérie qu’ils viennent» et
ne sont pas forcément dans une quête identitaire. «Ils ne s’installent pas en Algérie pour
exaucer la volonté ou le mythe du retour parental (…). Au contraire, la plupart des personnes
que j’ai rencontrées m’ont fait part des inquiétudes et de l’incompréhension des membres de
leurs familles, de leur mère surtout, qui leur dit : ‘‘Nous, nous avons émigré pour vous et
maintenant, vous faites le chemin inverse. Il y a quelque chose qui ne va pas’’…»
Zidane président !
Giulia Fabbiano distingue deux blocs à l’intérieur de ce mouvement : le premier est celui,
comme nous l’indiquions, des «pionniers» ; le second étant celui de ce que l’anthropologue
appelle les «élites interculturelles». Sous le registre des motivations, trois «mobiles»
travaillent, selon elle, cette mobilité : d’abord «les opportunités professionnelles». L’Algérie
est vue comme un «marché vierge», un «Eldorado». Des perspectives qui contrastent avec
l’image d’une «France rouillée et d’une Europe totalement bloquée». Cet élan est porté aussi
par «une volonté d’apporter un ‘‘savoir-faire’’ à l’Algérie et de contribuer à son
développement».
Troisième motivation : «Une curiosité identitaire, c’est-à-dire une envie de mieux connaître le
pays des origines familiales et de le connaître autrement que par le biais des voyages
mémoriels.» Analysant le profil des «élites interculturelles», la sociologue observe qu’elles
sont plutôt tournées vers les sciences sociales, les médias et les métiers culturels. «Plus que
pour les pionniers, il y a chez ce groupe une plus grande curiosité interculturelle.» «L’Algérie
n’est plus qu’un marché vierge, mais un espace à découvrir.
Le déplacement n’est pas seulement un déplacement géographique ou social mais aussi un
déplacement culturel, une manière de porter un autre regard.» La chercheure évoque le
statut d’ambassadeur symbolique endossé par les personnes relevant de cette catégorie et
qui s’attachent à «faire changer le regard sur l’Algérie». Quels que soient leur champ
d’intervention et leur forme de contribution, force est de constater que l’apport des
binationaux est politiquement et psychologiquement «plafonné» par l’article 51 de la nouvelle
Constitution qui les exclut brutalement des hautes fonctions de l’Etat.
Giulia Fabbiano relève à ce propos un contraste assez troublant entre le discours officiel
incitatif à l’égard de la «diaspora» algérienne quand il s’agit de capter ses compétences et
ses capitaux, et le coup de frein provoqué de l’article 51 qui verrouille le champ de la
représentation politique «intra-muros» pour les candidats issus de l’émigration. «L’espace
algérien se scinde ainsi en deux : d’un côté les intérêts économiques, de l’autre, les intérêts
politiques et les deux ne semblent pas converger.» Comme un symbole de ces tiraillements,
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note Giulia Fabbiano, l’effigie du nouvel entraîneur du Real Madrid, le charismatique Zizou,
plane dans le ciel publicitaire algérois avec ce slogan : «L’Algérie fière de ses hommes».
Zidane Président !...
Mustapha Benfodil
EUobserver.com OPINION
Has the EU stopped lying to itself on refugees?
By ONDREJ HOUSKA
Ondrej Houska ( @OndrejHouska on Twitter) is Brussels correspondent for Czech public
radio
BRUSSELS, 17. MAR, 18:53
https://euobserver.com/opinion/132732
"Americans can always be counted on to do the right thing … after they have exhausted all
other possibilities" is a famous quote, versions of which have been attributed to Winston
Churchill.
It might now be the turn of European Union member countries to do the right thing in the
refugee and migrant crisis. Finally. Myriad mistakes from the past might, however, still lead to
a sad outcome, where those who genuinely need help will not get it: real refugees.
The best way to avoid perilous crossings is by taking control of the crisis, not by letting
Greece keep breaking EU law (Photo: Reuters/Stoyan Nenov)
The first thing that EU countries must do is to stop lying to each other over refugees. The
declared closure of the so-called Balkan route for migrants heading to northern Europe is a
long overdue step. It is the sign of a profound change in consensus.
The bottom line is that the whole EU now seems to be adopting an approach that the Central
European countries have been pushing for since the beginning of this crisis.
Those countries are still vilified in Western European media. However, many Western
diplomats and policymakers now acknowledge tacitly, that they were right after all. The EU
as a whole seems to be realising the need to follow some basic rules.
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Firstly, to say that the Balkan route should not be closed, as Germany’s Angela Merkel is
advocating, means to deliberately ignore those rules.
Without the closure, this crisis cannot be managed. It is symptomatic that everyone
professes his or her outrage about the fate of migrants stranded at the Greek-Macedonian
border, but no one seems to be dismayed by the fact that Greece still does not have enough
facilities for those people.
Fooled by Greece
Last October, the Greeks promised to build 50,000 places by the end of 2015 to house
migrants and refugees. Where are those places?
The plight of people stranded in Greece is tragic, no doubt about it, but without the closure of
the border, the Greeks will never cease their illegal practice of waving refugees through to
other countries.
If this continues, Schengen is dead. And we should not be fooled by Greece’s claims that it
cannot handle this crisis on its own. Until now, the Greeks have, compared to the Germans,
the Austrians or the Swedes, paid little for this crisis since they have simply sent all the
refugees and migrants north.
Greek prime minister Alexis Tsipras says that his country should not become “a warehouse
of souls” and he is right. To achieve this, the EU needs an agreement with Turkey at almost
any cost.
Turkey, of course, knows this and uses this advantageous position to the maximum. But
does anyone have a better idea how to stop thousands of people, less than half of whom are
Syrians, coming to Europe by boat and paying a fortune to smugglers than by doing a deal
with Turkey?
Turkish president Recep Tayyip Erdogan has taken a dangerous turn towards
authoritarianism, no doubt about it. But if anyone wants to, while sorting out this mess, deal
only with genuine democrats, good luck finding them.
Central Europe has won
To sum up, what is the new approach of EU member states?
To limit, preferably to zero, the number of people who arrive from Turkey to Greece. To
return almost all those who make the journey to Turkey, even in case of Syrians. To preclude
any secondary movement from frontline countries further into Europe.
Is all this closer to the position of Germany and the European Commission from last summer
or to what the Czechs, the Hungarians or the Slovaks were saying at that time? In this
respect, Central Europe has won.
There is a danger, however, that one crucial aspect of the deal with Turkey might become
impossible to implement (apart from visa free travel for Turks), namely a plan to resettle
refugees directly from Turkey to Europe, thus destroying the business of smugglers.
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Central European countries, and not only them, might refuse to take part, although the Czech
Republic, for example, was one of those member states that preferred resettlement from
Turkey to relocation from Greece and Italy.
There is no doubt that there is a lot of xenophobia in Central Europe and that politicians like
Hungarian leader Viktor Orban, while being right in many aspects, are dangerous populists
playing on fear.
But one can hardly deny the fact that the original foolish approach to the crisis, pushed for by
Germany and the European Commission, has set EU countries against one another and has
contributed to the breakdown in mutual trust.
Genuine refugees might be the victims of avoidable mistakes that the EU committed at the
beginning of the crisis.
EUobserver.com EU-financed migration projects ignore human rights
By NIKOLAJ NIELSEN
BRUSSELS, 17. MAR, 11:48
https://euobserver.com/migration/132724
EU-funded migration projects in North Africa and Eastern Europe have not achieved their
goals and have broadly ignored human rights, the EU's financial watchdog says.
In a 70-page report out on Thursday (17 March), the European Court of Auditors found that
respect for human rights "remains theoretical and is only rarely translated into practice".
“EU spending on migration in the neighbourhood countries will only be effective if clear
objectives are set," said the report's author Daniele Lamarque in a statement.
The broad criticism comes in the run-up to an EU summit with Turkey that seeks to rapidly
return rejected migrants from Greek islands to Turkey.
The auditors looked into 23 EU-funded projects on migration between 2007 and 2013 in
Algeria, Georgia, Libya, Moldova, Morocco and Ukraine.
The projects, with a total contract value of €89 million, were intended to feed into the
priorities outlined in the EU's Global Approach to Migration and Mobility (GAMM).
Those priorities included setting up close partnerships and "further regional integration".
But the lack of clear objectives, overly complex governance, and bad coordination by EU
institutions and others involved in the projects undermined the goals.
The auditors noted that EU delegations heading the projects had no migration experts, and
specialists hired by the European Commission did not show up to work.
"None were in post in any of the neighbourhood countries or in any mobility partnership
partner country at the time of the audit," says the report.
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It says the EU commission headquarters in Brussels, at times, had also neglected to follow
up on recommendations on how to best implement local projects.
Few of the audited projects had any result indicators to measure achievements.
Returns and readmission projects broadly failed to deliver because they were regarded by
the receiving countries as part of the EU's security policy.
The security aspect made it "hard for them to accept" while EU states neglected to prepare
migrants for their return home, the report states.
Lack of oversight and accountability also means the auditors have no idea how much of the
total €1.4 billion over the period was actually spent.
The auditors were only able to account for €304 million, owing in part "to weaknesses in the
commission's information systems".
The EU's diplomatic branch, the EEAS, along with other department heads in the
commission, are responsible for finances.
The EU commission, for its part, says the report pre-dates projects under the Jean-Claude
Juncker mandate.
"Things have changed, the report is outdated and does not seem to be in synch with seeking
the solutions we need in the current crisis. At the time of the report we did not face the issues
we face now," it said in a statement.
PanoraPost (maroc)
Publié le 17 mars 2016
Après les manuels d’éducation religieuse, ceux d’histoire seront aussi
réformés
http://www.panorapost.com/article.php?id=12339
La réforme de l’éducation nationale marche lentement, mais sûrement semblerait-il cette
fois… Le ministre de l’Education nationale Rachid Belmokhtar a annoncé avoir demandé aux
services de son ministère de réviser les contenus dans les programmes d’histoire, dans
l’objectif de lutter à la base contre le fondamentalisme.
Ainsi, intervenant dans un colloque organisé par l’Académie du Royaume du Maroc autour
du thème de l’éducation comme acteur fondamental de la lutte contre le radicalisme violent,
Belmokhtar a expliqué que si l’histoire est empreinte de violence et relate les guerres et
brutalités des générations passées, elle peut également s’atteler à développer les grands
progrès de l’humanité, les idées et philosophies qui ont permis de bâtir la civilisation
humaine et créer autant de progrès. Et cela, selon le ministre, bien malheureusement, n’est
pas (encore) inculqué à nos enfants.
Il est vrai que l’enseignement de l’histoire, selon l’approche classique, tient aux événements
et non aux idées. On parlera des guerres, des conflits et des luttes entre les hommes mais
pas des réflexions et des philosophies qui ont permis de dépasser les tensions.
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Prenant à son tour la parole, le politologue Mohamed Tozy a dévoilé sa pensée, articulée
autour du fait que l’enseignement des sciences et des techniques à l’école en occultant les
idées et la philosophie est source de production de générations pouvant être attirées par la
violence bien plus que par l’humanisme et le progrès.
Enfin, le membre de l’Académie qu’est Abdeljalil Lahjomri a été encore plus loin en affirmant
que la lutte contre l’extrémisme et la violence est une nécessité dans notre monde actuel, et
que le rempart contre la flambée de violence que connaît notre époque est d’abord la famille,
et ensuite l’école. C’est en effet là où les enfants passent leur temps.
Ainsi, après la question de la langue d’apprentissage et l’introduction du français dans
l’enseignement de certaines disciplines scientifiques au lycée, voici venu le tour de la
révision des programmes et la réforme des manuels scolaires, d’abord ceux de l’éducation
religieuse, ensuite celle de l’histoire, deux matières humaines qui ont un très fort impact sur
la pensée des générations à venir.
OreLa L’Observatoire des Religions et de la Laïcité
Salah Echallaoui à la tête de l’Exécutif des Musulmans de Belgique
Auteur: Caroline Sägesser
Lundi 21 Mars 2016
http://www.o-re-la.org/index.php?option=com_k2&view=item&id=1525:salah-echallaoui%C3%A0-la-t%C3%AAte-de-l%E2%80%99ex%C3%A9cutif-des-musulmans-debelgique&Itemid=85&lang=fr
http://www.o-re-la.org/media/k2/items/cache/b7e870fe16253b03d4f5e4eca7c887cf_M.jpg
Le 30 mars 2014, un nouvel organe représentatif du culte islamique était présenté à la
presse belge. Issu pour la première fois d’un processus d’élection interne aux
mosquées, cet Exécutif des Musulmans de Belgique avait pour mission de stabiliser
l’organisation du culte islamique et faire progresser des dossiers importants, en
particulier la reconnaissance de nouvelles mosquées. Deux ans plus tard, un constat
d’échec entraine un remaniement de sa composition et la nomination d’un nouveau
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président, sur fond de moyens supplémentaires alloués par les pouvoirs publics au
culte islamique.
Bien que le culte islamique ait été reconnu par la Belgique dès 1974, ce n’est qu’en 2007
que les premières mosquées ont été reconnues et financées par les pouvoirs publics. S’il
fallut plus de trente ans pour concrétiser la décision du législateur belge de 1974, c’est
principalement en raison des difficultés relatives à l’absence d’un organe représentatif du
culte islamique disposant de la représentativité et de la légitimité nécessaires. Mais il est
également vrai que les pouvoirs publics n’ont pas toujours fait preuve d’un égal
enthousiasme en matière de concrétisation du financement du culte islamique, dans un
contexte où la sécularisation amenait une remise en cause de plus en plus fréquente du
mécanisme même de financement public des cultes et où, d’autre part, le financement de
structures musulmanes pouvait être perçu par certains comme impopulaire et donc peu
séduisant sur le plan électoral.
C’est à la fin des années 1990 que s’est développée la volonté politique d’appuyer
l’émergence d’un islam belge, dégagé de l’influence des pays étrangers, et particulièrement
de l’Arabie saoudite à qui avaient été confiées les clés du Centre islamique et culturel de
Belgique (autrement dit la « Grande mosquée » du Cinquantenaire), qui un temps joua le
rôle d’organe chef de culte, en désignant les professeurs de religion islamique. Après
plusieurs échecs, l’idée de choisir les membres d’un Exécutif des Musulmans de Belgique
via des élections au sein de la population musulmane toute entière s’est imposée, l’organe
chef de culte devenant ainsi un organe représentatif de tous les musulmans de Belgique, au
delà de son rôle d’institution chargée de la gestion du temporel du culte.
Deux élections furent organisées, en 1998 et 2005, mais les Exécutifs qui virent le jour furent
tous deux confrontés à de graves difficultés — dissensions internes, gestion inefficace,
déficit de représentativité vis-à-vis des musulmans de Belgique… — qui paralysèrent à
différentes reprises le fonctionnement de l’institution. Les premiers dossiers de
reconnaissance de mosquées furent toutefois menés à bien entre 2007 et 2011, dans les
trois Régions, la matière ayant été régionalisée au 1er janvier 2002. Depuis cinq ans, aucun
nouveau dossier de reconnaissance n’a cependant abouti ; en cause d’une part la paralysie
de l’Exécutif, qui vit sa reconnaissance retirée par les pouvoirs publics (l’institution ne
fonctionnant plus entre mars 2011 et mars 2014) et, d’autre part, la frilosité des pouvoirs
publics dans un contexte budgétaire peu favorable à l’accroissement des dépenses.
La conjoncture est aujourd’hui bien différente. Le développement de l’islamisme radical, le
départ de jeunes Belges en Syrie et les attentats de Bruxelles et Paris en 2014 et 2015 ont
renforcé la volonté des pouvoirs publics de développer et de soutenir les structures d’un
islam de Belgique, dégagé des influences étrangères et prônant une religion empreinte de
tolérance, désireuse de contribuer à la qualité du vivre-ensemble. La mise sur pied de la
Commission Marcourt, l’an dernier, en est une illustration : à l’initiative du ministre
francophone de l’Enseignement supérieur, une commission a élaboré des propositions visant
principalement à organiser la formation des imams et des professeurs de religion islamique
en Belgique.
En témoigne également la récente annonce par le ministre fédéral de la Justice Koen Geens
de l’octroi de 3,3 millions d’euros supplémentaires au financement du salaire des imams,
dans le cadre d’un plan antiterrorisme : c’est bien dans le cadre de la politique de sécurité
qu’une telle mesure est prise, afin de « promouvoir un islam intégré ». La prise en charge du
traitement de quelque 80 nouveaux imams pourrait se faire, pour partie, au sein des
mosquées actuellement reconnues : car contrairement à la pratique habituelle pour
l’ensemble des cultes, qui fait correspondre à la reconnaissance d’une implantation locale la
prise en charge d’un ou plusieurs traitements de ministre du culte, certaines mosquées
reconnues refusent le paiement du traitement de leur imam par le Service public fédéral
Justice, préférant conserver un ministre du culte envoyé et payé par le ministère turc des
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Affaires religieuses, la Diyanet. Mais la plupart des nouveaux postes devraient être créés au
sein de mosquées nouvellement reconnues : dans les trois Régions, les ministres en charge
des cultes ont annoncé ces prochaines reconnaissances.
La mise en œuvre de cette politique de développement du financement public du culte
islamique nécessite de disposer d’un interlocuteur fort en la personne de l’Exécutif des
Musulmans. Pour cette raison, un arrêté royal est venu réorganiser l’institution le 15 février
dernier. Cet arrêté abroge tant l’arrêté royal du 3 mai 1999 — qui avait reconnu l'Exécutif des
Musulmans de Belgique —, que celui du 2 avril 2014 qui avait reconnu les membres de
l'Exécutif et faisait l’objet d’un recours auprès du Conseil d’Etat. Dorénavant, les membres de
l’Exécutif ne seront plus nommés par arrêté royal ; leurs noms seront simplement
communiqués par l’Exécutif au ministre de la Justice, lequel en prendra acte. Cette
procédure est d’ailleurs de rigueur pour les autres cultes reconnus, à l’exception du culte
anglican ; pour des raisons historiques, les membres du Comité central du Culte anglican
sont toujours nommés par arrêté royal.
Cette nouvelle procédure implique également que les membres de l’Exécutif ne seront plus
soumis, préalablement à leur entrée en fonction, au screening de la Sûreté de l’Etat. Autre
élément important et novateur, l’Exécutif est dorénavant composé d’un collège francophone
et d'un collège néerlandophone, désignant chacun un co-président. C’est là le premier
organe représentatif d’un culte reconnu à disposer ainsi de sections linguistiques avalisées
par les pouvoirs publics — le Conseil central laïque, organe représentatif de la seule
organisation philosophique non-confessionnelle reconnue à ce jour se compose quant à lui
bien de deux ailes, le CAL (Centre d’Action laïque, francophone) et l’UVV (Unie Vrijzinnige
Verenigingen, devenu DeMens.Nu, néerlandophone). L’arrêté précise que le Collège
néerlandophone est compétent pour les dossiers de la partie néerlandophone du pays et le
Collège francophone, pour les dossiers de la partie francophone du pays, ce qui peut
sembler étrange vu que la gestion du temporel des cultes reconnus est une matière
régionale et non communautaire.
L’adoption de cet arrêté royal il y a un mois préparait le remaniement intervenu au sein de
l’Exécutif ce vendredi 18 mars : une majorité des membres de l’Exécutif des Musulmans de
Belgique a désigné Sallah Echallaoui à la présidence, en remplacement de Noureddine
Smaïli. Professeur de religion islamique à Verviers, l’imam Noureddine Smaïli, amené à la
tête de l’Exécutif en mars 2014, était très contesté en interne. Certains évoquent une fronde
déterminée menée par des membres conservateurs, voire proches de la mouvance des
Frères musulmans, tandis que d’autres parlent d’un simple problème de personnalité. Le
président de l’EMB avait en tout cas connu bien des difficultés, qui l’amenèrent notamment à
porter plainte, suite à des intimidations.
Son remplaçant, Sallah Echallaoui, n’est pas un inconnu : inspecteur des cours de religion
islamique en Fédération Wallonie-Bruxelles, son nom avait déjà été évoqué il y a deux ans
comme candidat potentiel à la tête de l’Exécutif. Il a en effet été, avec l’ancien président de
l’EMB Coskun Beyazgül, l’une des deux chevilles ouvrières du remaniement de l’Exécutif de
2014. A la tête du Rassemblement des Musulmans de Belgique, une association soutenue
par l’Etat marocain, Echallaoui a réussi, avec son homologue de la Diyanet turque, à
convaincre quelques 300 mosquées de participer à la désignation des membres de
l’Assemblée générale des Musulmans de Belgique chargée elle-même de désigner les
membres de l’Exécutif en 2014 : l’homme paraît disposer d’une forte légitimité auprès de la
communauté belgo-marocaine. Toutefois, alors qu’on l’attendait à la tête de l’Exécutif, il n’y
fut pas désigné et avait dû se contenter de la présidence de l’Assemblée générale des
Musulmans de Belgique, une institution au rôle limité une fois la désignation des membres
de l’EMB accomplie.
Salah Echallaoui a l’avantage de bien connaître les dossiers dont il aura la charge, dont la
reconnaissance des mosquées et la formation des imams ; il a notamment fait partie de la
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Commission Marcourt. Apprécié par ses futurs interlocuteurs au sein des pouvoirs publics,
bien connu également des représentants des autres cultes reconnus et de la laïcité
organisée, celui qui devient ainsi le septième président que l’institution ait connu en moins de
vingt ans d’existence devra faire preuve de doigté et de diplomatie pour emporter l’adhésion
des différentes communautés et fractions dont se compose l’islam de Belgique.
Caroline Sägesser (ULB).
Le Soir.be «Mes excuses»: lettre à mon fils, à ma fille
MIS EN LIGNE LE 23/03/2016 À 07:57 EXPLOSIONS À BRUXELLES ATTENTATS DE
BRUXELLES PAR BÉATRICE DELVAUX
Après la colère et la tristesse, le temps est venu pour moi de te présenter mes excuses. Cela
fait 20 ans que je te mens. La chronique de Béatrice Delvaux
http://plus.lesoir.be/32123/article/2016-03-23/mes-excuses-lettre-mon-fils-ma-fille
Cher toi,
Ce matin, j’ai hurlé, en traversant notre ville du nord au sud. Je ne pouvais arrêter mes
larmes. Je voulais me boucher les oreilles, je n’en pouvais plus d’entendre les sirènes.
Lire aussiBruxelles n'est plus qu'une sirène
Mais après la colère et la tristesse, le temps est venu pour moi de te présenter mes excuses.
De te demander pardon.
Cela fait 20 ans que je te mens. Je n’ai qu’une excuse : cela fait 20 ans que je crois mon
mensonge. Je t’ai vendu ce monde comme celui des possibles, du grand voyage, de ces
espaces que tu allais, toi, pouvoir arpenter, de ces peuples que tu allais, toi, rencontrer. Moi
qui avais pris l’avion pour la première fois à 15 ans, moi qui avais vu l’Amérique à 22 ans,
moi qui avais appris l’anglais en cours de route et le néerlandais quand il fallait.
Moi qui étais certaine que nous t’avions épargné la guerre, en la rangeant dans les livres
d’histoire ou dans les anecdotes que ta grand-mère ou ton grand-père te racontait depuis
leur village natal. Nous étions tellement certains de les avoir enterrés, les démons qui
avaient fait les camps de concentration, les génocides, le napalm, le goulag. Goulag ? Tu as
même cru que je parlais d’un plat hongrois. On en a tant ri, tu te souviens ?
Pourquoi aurions-nous eu peur? Nos parents l’avaient faite, eux, la guerre, mais ils
avaient aussi, dans la foulée, fait la paix. Elle avait même pris la forme de cette Europe qui
devait être le garde-fou en béton de nos folies, de nos dérives. Ce monde que nous t’avons
promis, nous y croyions vraiment, pour la bonne raison que nous l’avions vu advenir.
Lire aussiAttentats de Bruxelles : ce n’est pas la fin, c’est le début
Nous avons vu tomber les murs, les idéologies, les barrières et pas que commerciales. Moi,
ta mère, j’ai profité de l’égalité croissante avec les hommes, de ces droits conquis et
transcrits en lois. Moi, ton père, je n’ai pas dû faire mon service militaire dont j’ai vécu les
derniers spasmes. Car l’heure n’était plus aux armées, mais aux consciences. L’heure n’était
plus à envahir le voisin pour le soumettre, mais à y séjourner, à y séduire, à apprendre la
langue de l’autre, en tente, en caravane ou en camping-car d’abord, sac à dos façon Routard
ensuite et puis sous le couvert de cet Erasmus que tu devrais – devais ? – enfourcher dans
quelques mois.
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Nous avions vaincu les haines – « plus jamais ça », c’était plus qu’un slogan, c’était
devenu une charte, une convention, des lois, le droit.
Nous avions vaincu les diktats de l’Eglise et de la religion – l’avortement, l’euthanasie
avaient gagné petit à petit droit de cité.
Nous avions vaincu les tabous et les morales étroites – tu peux être homosexuel(le), te
marier, te pacser, adopter.
Nous avions vaincu les préjugés et les racismes – à quelques pas d’ici réside le Centre pour
l’égalité des chances qui protège les hommes/femmes des maléfices d’autres
hommes/femmes.
Lire aussiLa Belgique a résisté à plus d’un siècle d’attentats continus
En grandissant, j’ai assisté, incrédule mais extatique, à l’incroyable croisade qui faisait d’un
Noir l’égal d’un Blanc, avec des droits égaux. « One man one vote » : on a marché pour les
rêves de Martin Luther King, on a boycotté les oranges d’Afrique du Sud. C’était juste
magique : un combat débouchait sur une victoire, le monde se déplaçait inexorablement du
pire au meilleur. Imagine, on t’offrait sur un plateau, comme la promesse d’éternité de ce
nouveau monde que nous avions bâti, Obama et Mandela, présidents ! C’était pas beau ça ?
C’était pas grand ? Mais qu’est-ce qui pouvait bien tourner mal ? On l’avait décrochée, la
timbale, non ! Obama et l’Europe, Prix Nobel de la Paix. On était les rois du pétrole !
Alleluyah !
Alors, non ! Je ne voulais pas que tu voies ces corps déchiquetés, ces chairs explosées
station Maelbeek. Maelbeek, à deux pas de chez toi, Maelbeek, centre de Bruxelles, au nom
qui sonne comme une blague, un rendez-vous, un plan drague : « on se voit à Maelbeek »,
« tu descends à Maelbeek », « on s’est embrassé à Maelbeek » ?
Alors, non ! Je ne voulais pas que tu entendes, hier, les cris de cet enfant terrorisé, dans la
fumée de l’explosion, seul fil conducteur dans l’horreur, menant vers la sortie de ce métro
éventré, déchiqueté, assassiné.
Alors, non ! Je ne voulais pas que tu penses qu’on pouvait mourir dans ta ville et que
ton innocence s’arrête à cette date – 22 mars 2016–, à ces ceintures de la mort, à ces
détonateurs tenus dans la main de garçons perdus qui, et c’est là tout le tragique, ont ton
âge.
Lire aussiBruxelles reste en état d’alerte après une série d’attaques terroristes
Ta détresse me transperce, ta peur surtout. Mais plus que tout, ton calme, la manière dont tu
fais face, la retenue que tu t’imposes me rendent fière et triste. Le fait aussi que tu ne me
lances pas à la tête ce « putain de monde » qui est le tien. Tu as cette grâce, mon fils. Tu as
cette force, ma fille. D’autant que quand tu m’interroges, même si je n’arrive pas à te le dire,
tu le sais : je n’ai pas les solutions.
Nous allons essayer de fixer ce b…, mais cela nous paraît de plus en plus clair : tu ne
pourras y échapper, tu vas devoir te battre. Au moment où j’écris ces lignes, je croise
simplement les doigts pour que ce ne soit pas au sens premier du terme. Comme avant…
Lire aussiL’émotion en couleurs dans une ville sous le choc
La guerre? Je me refuse à prononcer le mot, je me refuse à dire que c’est notre état
aujourd’hui. Je me refuse à tomber dans la haine, je me refuse à désigner les boucs
émissaires que les prêcheurs de haine, dans les deux camps, nous proposent et imposent.
C’est tout ce que j’ai à t’offrir aujourd’hui : être à tes côtés et te protéger du bouclier des
valeurs auxquelles je crois et que nous devrons tous protéger.
Nous devrons être forts, mon fils. Nous devrons être résistants, ma fille.
Cher toi,
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Après la colère, la tristesse, le temps est venu pour moi de te présenter mes excuses. De te
demander pardon. Mais de te dire aussi que te sentir là, à mes côtés, me force à redresser
la tête.
Et à croire à demain.
El Watan - Vendredi 25 mars 2016
(Algérie)
D’accord/Pas d’accord : Pour libérer un grand nombre de détenus
http://www.elwatan.com/actualite/d-accord-pas-d-accord-pour-liberer-un-grand-nombre-dedetenus-25-03-2016-317338_109.php
Les prisons algériennes vont libérer un grand nombre de détenus, de l’ordre de 30 à
40%, durant les prochains mois.»
C’est ce qu’a déclaré, cette semaine, Me Farouk Ksentini, le président de la Commission
nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l’homme (CNCPPDH).
Selon lui, «cette réduction du nombre de détenus serait un effet mécanique des
amendements introduits dans le code de procédure pénale entrés en vigueur le 23 janvier.
Cette baisse va survenir de manière progressive sous l’effet des dispositions qui réduisent
les cas de recours par les juges à la détention provisoire». L’avocat estime que «grâce aux
nouveaux amendements, l’usage abusif en matière de détention provisoire, qui constitue la
cause de l’encombrement dont souffrent les prisons, sera réduit et permettra aux prisons de
souffler». Mais Me Salah Naït Belkacem, avocat au barreau d’Oran, n’est pas d’accord avec
une telle décision. «Nous avons du mal à gérer la surpopulation carcérale au sein de nos
structures. Nos prisons sont une bombe à retardement.
On ne fera que déplacer ce problème de l’espace carcéral à l’espace libre. Ça sert à quoi de
libérer les prisonniers si c’est pour les jeter dans l’air libre ? Cette situation est née de
l’absence de politique pénale.» Afin que la situation s’arrange, l’avocat propose de «préciser
de façon claire qui on met en prison et qui n’est pas concerné par l’incarcération. Il faut
abandonner toutes les exceptions qui peuvent figurer dans le code afin que les choses
soient claires une fois pour toutes». L’avocat Salah Dabouz, militant de la Laddh et membre
de la Commission des droits de l’homme de l’Union internationale des avocats, se désole :
«Nos lois s’appliquent à certains Algériens mais pas à d’autres, notamment pour les détenus
du Sud. Il se pourrait donc que ces lois soient appliquées à certains cas mais sûrement pas
à tout le monde, ce qui est d’ailleurs scandaleux».
Sofia Ouahib
El Watan - Vendredi 25 mars 2016
(Algérie)
La question de la semaine : Est-ce qu’on va pouvoir se payer le hadj cette
saison ?
http://www.elwatan.com/actualite/la-question-de-la-semaine-est-ce-qu-on-va-pouvoir-sepayer-le-hadj-cette-saison-25-03-2016-317336_109.php
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Le coût du pèlerinage de la saison 1437 Hijri/2016 a été fixé à 49 millions de centimes
(490 000 DA), incluant le prix du billet et l’argent de change estimé à 2500 RS, soit 600
euros», a publié l’Office national du pèlerinage et de la omra (ONPO) sur sa page
Facebook.
En effet, les tarifs du hadj de cette année ont augmenté, sans explication, de 70 000 DA. En
off, un cadre de l’Office du tourisme assure que cette hausse est due «à la chute de la valeur
du dinar sur le marché international». A l’ONPO, un cadre précise : «L’an passé, un RS
s’échangeait contre 24 DA. Cette année, contre presque 30 DA.
Le billet d’avion qui coûtait 100 000 DA l’an dernier est passé à 120 000 DA.» «A l’arrivée,
témoigne Zouleikha qui doit envoyer sa grand-mère à La Mecque, on va devoir trouver 700
000 DA !» Cette hausse prive beaucoup de pèlerins du rituel religieux. Certains ont exprimé
leur colère sur les réseaux sociaux en décidant de boycotter le hadj de cette année.
L’Association algérienne de protection et orientation du consommateur (Apoce) propose une
solution et parle de la possibilité de «réduire la durée du hadj pour baisser le coût». Objectif :
alléger les difficultés matérielles et compatir avec les personnes âgées et les malades. «Au
lieu de rester 31 jours, on limite la durée à 15 jours, donc les tarifs seront estimés à 320 000
DA et à 220 000 DA pour une semaine», affirme le président de l’Apoce, Mustapha Zebdi.
Il ajoute que si l’Office national du pèlerinage et de la omra établit trois versions du hadj
(ceux qui veulent rester 31, 15 ou 7 jours), cela permettra aux pèlerins de choisir la version
en fonction de leurs capacités matérielles et physiques. Une idée qui séduit le secrétaire
général de la Coordination nationale des imams et le personnel des affaires religieuses et
des wakfs, Djelloul Hadjimi. «Partir moins longtemps n’affectera pas la valeur religieuse du
pèlerinage», assure-t-il. Finalement, la proposition de l’Apoce a été adoptée. Selon
Mustapha Zebdi, «l’Onpo prévoit quatre voyages de moins de vingt jours pour la hadj de
cette année. Seulement cette offre est réservée à des hommes d’affaires et des hauts
placés, au lieu de sélectionner les démunies et les malades».
Ryma Maria Benyakoub
El Watan - le 23.03.16
(Algérie)
Richard Labévière. Spécialiste des réseaux djihadistes
«Des réseaux dormants qui se réveillent et se vengent»
http://www.elwatan.com/actualite/des-reseaux-dormants-qui-se-reveillent-et-se-vengent-2303-2016-317216_109.php
Spécialiste des réseaux djihadistes et de leur financement, Richard Labévière,
rédacteur en chef du magazine en ligne Proche&Moyen-Orient.ch, explique que les
attentats de Bruxelles sont une réponse des réseaux dormants salafo-djihadistes
implantés en Belgique, à l’arrestation de Salah Abdeslam et de ses complices.
Dans cet entretien, il apporte un éclairage édifiant sur ces réseaux, leur financement, la
réaction des services de sécurité à leur égard, tout en exprimant sa crainte «de voir les pays
européens tomber dans le piège tendu par les porteurs de l’idéologie de la terreur, celui de
susciter la peur, sinon la haine de l’autre».
Quelle lecture faites-vous des attentats en Belgique ?
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C’est clairement la réponse du berger à la bergère. Les réseaux salafo-djihadistes
dormants — qui sont implantés en Belgique depuis vingt ans — se sont réveillés, car ils ne
pouvaient pas ne pas réagir à l’arrestation de Salah Abdeslam et de ses complices.
Ces réseaux criminels sont constitués de petits délinquants et trafiquants qui ont des
réflexes de «bandes» : ils se vengent ! Contrairement à ce qui a été répété par une majorité
de médias, à savoir que Salah Abdeslam était parfaitement inconnu des fichiers judiciaires et
de la documentation des services spéciaux belges et français, ce jeune homme avait déjà
fait l’objet de huit condamnations pour vols et autres escroqueries, dont l’une est
passablement révélatrice. Engagé comme ambulancier par la commune de Molenbeeck,
Abdeslam ne trouvera rien de mieux à faire que de détrousser l’un des cadavres qu’il venait
de charger dans son ambulance… Edifiant ! Les services savaient également qu’il
fréquentait régulièrement certaines des dix-huit mosquées salafistes de Molenbeeck, toutes
– peu ou prou – financées par l’Arabie Saoudite.
On a un vrai problème avec la communauté musulmane de Belgique et notamment avec la
diaspora marocaine… Quoi qu’il en soit la question se pose de manière récurrente :
pourquoi, compte tenu de ses nombreuses condamnations, Salah Abdeslam était-il encore
en liberté ? Il y a un mois exactement, les policiers belges l’avaient repéré et s’apprêtaient à
l’arrêter. Ils ont dû attendre quatre heures pour que le procureur – en pause-déjeuner –
donne son feu vert à une telle intervention, le temps pour la famille de simuler un
déménagement et de l’exfiltrer en le dissimulant dans une armoire au nez et à la barbe des
policiers furieux !
C’est quand même curieux de constater qu’après avoir «neutralisé» le cerveau des
opérations de Paris, les terroristes passent à des attaques sur le sol belge. Est-ce
vraiment le cerveau qui a été pris ou s’agit-il de quelqu’un qui a protégé le vrai
commanditaire ?
Non, Salah Abdeslam n’est vraiment pas un cerveau, mais certainement le «logisticien» des
attentats à Paris en novembre 2015, parce qu’il est un peu plus malin et entreprenant que
ses complices. A ce stade de l’enquête, on ne décèle pas de «cerveau» ou de «donneur
d’ordres» central, encore moins de commanditaires syriens ou irakiens.
Evidemment, ces petits délinquants, des laissés-pour-compte d’une prospérité
occidentale — elle-même en crise —, sont des admirateurs de Daech, mais l’Etat islamique
(EI) n’a pas besoin de donner des ordres précis parce que ce terrorisme européen marche
tout seul, comme un procès sans sujet…
Dans les années 1970, l’ultra-gauche européenne (Brigades rouges, Baader-Meïnhof ou
Action Directe) n’avait pas besoin de recevoir des ordres de l’URSS pour s’en prendre aux
symboles du capitalisme ! Ces attentats pointent davantage des dysfonctionnements des
sociétés européennes elles-mêmes, des dysfonctionnements que les pouvoirs publics ont
été incapables d’analyser correctement et encore plus incapables d’apporter les réponses
adéquates.
Peut-on parler de défaillance des services de renseignement aussi bien belges que
français ?
Non, clairement non ! Les services belges ont peu de moyens, mais sont très bons quand on
les laisse travailler. Depuis plus de vingt ans, les bourgmestres et le Parquet fédéral belge
ont opté pour une politique de l’autruche et du déni du réel. Lorsque la DGSE, les services
extérieurs français, interpellaient les autorités belges, le Premier ministre Charles Michel
s’offusquait en affirmant que tout allait bien en Belgique et qu’il n’y avait rien à voir...
Quant aux Services français, on peut aussi gloser à l’infini sur une fusion inachevée entre la
DST et les renseignements généraux, mais là-aussi les insuffisances sont à rechercher du
côté du pouvoir exécutif et de la classe politique. En effet, faut-il encore confier à ces
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services des missions précises et leur donner les moyens de les accomplir. Les Services
français demandent depuis plus de vingt ans une «loi-cadre» afin d’encadrer leurs missions
et leurs personnels.
Cette loi ambitieuse n’a jamais vu le jour, laissant place à des replâtrages très insuffisants,
inspirés par une rhétorique de guerre extérieure, alors que les problèmes les plus importants
sont domestiques, chez nous, sous notre nez ! Les politiques refilent toujours la patate
chaude aux Services — qui ne peuvent pas répondre publiquement, ce qui est bien normal
—, mais les vraies responsabilités, sinon les manquements relèvent bien du pouvoir
politique.
Pensez-vous que ces attentats soient la conséquence du laxisme des autorités aussi
bien belges que françaises face à la montée de l’intégrisme sur leur sol, les
mouvements djihadistes bénéficiant de la liberté de circuler et de voyager vers des
pays en crise pour alimenter les conflits armés ?
C’est la bonne question ! Souvenez-vous des journalistes parisiens des années 1990 qui se
demandaient «Qui-tue-qui ?» chez vous, en Algérie, alors que vous étiez confrontés à une
vague déferlante djihadiste extrêmement meurtrière. Avant Noël encore, des responsables
politiques français de premier plan affirmaient ne pas disposer de suffisamment de preuves
pour fermer des mosquées salafistes dont on sait depuis des années qu’elles sont
clairement financées par l’Arabie Saoudite et d’autres pays du Golfe.
Aux Pays-Bas, en Belgique et surtout en Suisse, d’anciens égorgeurs des GIA se sont
reconvertis dans des ONG qui prétendent aujourd’hui défendre les droits de l’homme et qui
intentent des actions judiciaires contre des responsables militaires qui ont mené la lutte
antiterroriste en première ligne. On marche sur la tête ! Ne parlons pas des multiples vitrines
de propagande des Frères musulmans installés dans ces mêmes pays…
Frères musulmans que certaines élites européennes continuent à qualifier d’«islamistes
modérés», alors qu’ils demeurent les principaux vecteurs de haine et d’incitation à la
violence au sein des sociétés occidentales. Méconnaissance, naïveté et lâcheté s’ajoutent à
un grand aveuglement mercantile, puisque les marchés passés avec l’Arabie Saoudite, le
Qatar et d’autres pays du Golfe pèsent lourd, très lourd sur la balance commerciale de
plusieurs de ces pays européens. Si l’on veut être sérieux, un discours de vérité et de
fermeté doit être tenu à ces partenaires commerciaux : on ne peut pas avoir le beurre,
l’argent du beurre, le sourire de la crémière et la sécurité en plus…
Devrait-on s’attendre à d’autres attentats, sachant que les dernières opérations
démontrent l’existence d’une capacité militaire, d’une logistique et d’une organisation
assez fortes ?
Je ne parlerai pas de «capacité militaire», mais des moyens de nuisance habituels des
organisations criminelles classiques — grand banditisme, trafiquants, mafias, etc. — qui
relèvent d’abord de la police, de la justice et des services de renseignement plus que des
militaires. Répétons-le, ces réseaux sont «rhizomatiques» et ne correspondent pas à une
organisation internationale pyramidale et globale qui devrait être combattue par des armées
conventionnelles. Quant à l’avenir, il faut, bien sûr, s’attendre à d’autres attentats. Nous
allons vivre durablement avec cette menace endogène et diffuse qui pourra prendre des
formes inédites, notamment sur mer, dans des ferries ou des bateaux de croisière, contre
des réserves d’eau, des infrastructures publiques et de grandes banques de données
numériques.
Comment voyez-vous la situation après ces attentats ?
Ma grande crainte est que ces derniers attentats ne confortent une fuite en avant militaire
globale, la répétition de la «guerre globale contre la terreur» de George W. Bush dont on
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connaît les résultats désastreux. Définitivement, cette réponse militaire ne pourra pas
apporter les bonnes réponses. Quant aux libertés civiles et politiques, les pays européens
risquent de faire pire que le Patriot Act américain en diabolisant les musulmans et en
écoutant tous les citoyens dans tous leurs actes de vie quotidienne.
C’est exactement ce que veulent les terroristes. Ma crainte est de voir les pays européens
tomber dans ce piège tendu par les porteurs de l’idéologie salafo-djihadiste : susciter la peur,
sinon la haine de l’autre, pulsions qui aggraveront les fractures sociétales et les déglingues
économiques, sociales et politiques auxquelles nos sociétés — européenne et africaine —
sont confrontées.
Salima Tlemçani
El Watan - le 20.03.16
(Algérie)
Le président français célèbre le 19 mars
Un «geste positif» apprécié en Algérie
http://www.elwatan.com/actualite/un-geste-positif-apprecie-en-algerie-20-03-2016316994_109.php
http://www.elwatan.com/images/2016/03/19/sans-titre-1_2613468_465x348p.jpg
Un geste positif» et «un acte courageux». La décision du président français de rendre
hommage aux victimes de la Guerre d’Algérie à l’occasion du 19 Mars, qui correspond
à la Fête de la victoire, est fortement saluée en Algérie.
«Le fait que François Hollande tienne à marquer cette date importante pour les deux pays
est un geste positif», commente l’un des derniers négociateurs d’Evian du côté algérien,
Redha Malek. Selon lui, cette décision constitue même «une victoire de la France sur ellemême, d’autant plus qu’il y a toujours une résistance et des polémiques concernant cette
date dans ce pays». «La génération de la Guerre d’Algérie en France, notamment les
nostalgiques de l’Algérie française considèrent que Hollande a commis une faute politique.
Pour nous, c’est une bonne chose. Nous, nous avons gagné la guerre et nous avons atteint
notre objectif, l’indépendance de l’Algérie», explique-t-il en rappelant l’attitude des
négociateurs français à l’occasion de la signature des Accords d’Evian. «A la signature de la
convention du cessez-le-feu, nous avons eu une pensée pour ceux qui se sont sacrifiés et
ceux qui sont tombés au champ d’honneur juste avant la conclusion des Accords. Du côté
français, on a refusé de fêter cette date.
Un des négociateurs nous a dit : ‘‘On ne fête pas Waterloo.’’ C’était pour eux synonyme de
reconnaissance et d’excuses.» Redha Malek refuse également de s’engager dans le débat
sur la repentance : «Pour nous, la véritable repentance est la reconnaissance de
l’indépendance de l’Algérie et de son intégrité territoriale.»
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Selon l’historien Mohamed El Korso, ce geste du président français s’inscrit dans son
programme depuis 2012. «Il avait déjà rendu hommage aux victimes du 17 Octobre 1961. La
date du 19 Mars a toujours fait l’objet de réticences chez ses prédécesseurs. François
Mitterrand avait carrément refusé de la reconnaître. Jacques Chirac a choisi un subterfuge
en décrétant la date du 5 décembre Journée en hommage aux morts, alors que Nicolas
Sarkozy a refusé complètement de parler de cette date», indique-t-il. «C’est un acte
courageux que vient de faire François Hollande», déclare-t-il.
«La page est tournée»
Pour Mohamed El Korso, la polémique suscitée par la décision du chef d’Etat français relève
plutôt du débat franco-français : «La Guerre d’Algérie a divisé et divisera encore en France.
Cette division ne sera, peut-être, dépassée ou oubliée qu’après la présidentielle de 2017.
Actuellement, la chasse aux voix des harkis et des pieds-noirs, qui constituent un important
réservoir d’électeurs, continuera d’accentuer cette division. La droite française chassera
encore sur ce terrain.»
Dans une déclaration à l’APS, le chercheur en histoire au Crasc d’Oran, Amar MohandAmer, relève, pour sa part, la symbolique «politique et diplomatique» du geste de François
Hollande, affirmant toutefois que ce geste est «une simple affaire franco-française».
Interrogé sur cette difficulté à tourner cette page douloureuse de l’histoire entre les deux
pays, Redha Malek estime «qu’en principe, cela est déjà fait». «En principe, on a tourné la
page par les faits.
De notre côté, on parle des sacrifices aux jeunes générations pour faire de l’Algérie un pays
sérieux, démocratique et prospère. Quant à la polémique en France, je pense que c’est leur
affaire. En tout cas, les Français ont intérêt à avoir de bons rapports avec l’Algérie et c’est ce
que tente de faire François Hollande», précise-t-il.
Pour rappel, l’annonce de la décision de François Hollande de célébrer officiellement cette
date a suscité une levée de boucliers en France, où les associations de pieds-noirs et de
harkis ainsi que la droite et l’extrême droite ont crié au scandale. L’ancien président français
et actuel chef des Républicains (ex-UMP), Nicolas Sarkozy, pense que «c’est en quelque
sorte adopter le point de vue des uns contre les autres». «C’est considérer qu’il y a
désormais un bon et un mauvais côté de l’histoire et la France était du mauvais côté»,
soutient-il.
Pour sa part, la présidente du Front national, Marine Le Pen, accuse François Hollande «de
violer la mémoire des anciens combattants». «Le 19 Mars (1962) signe la fin d’un projet
politique, celui de tous ceux qui croyaient à l’Algérie française. Le 8 janvier 1961, par
référendum, les Français se prononcent à 75% pour le droit à l’autodétermination de
l’Algérie. C’est aussi cela, le sens du 19 Mars, la mort d’un projet politique né 132 ans
avant», leur rétorque Jean-Marc Todeschini, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la
Défense chargé des Anciens combattants et de la Mémoire.
Madjid Makedhi
El Watan - le 22.03.16
(Algérie)
Polémique autour du 19 mars : La guerre d’Algérie est-elle finie ?
le 22.03.16
http://www.elwatan.com/hebdo/france/polemique-autour-du-19-mars-la-guerre-d-algerie-estelle-finie-22-03-2016-317101_155.php
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François Hollande et Jean-Yves Le Drian, à la commémoration du cessez-le-feu en Algérie
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La tendance OAS, qui n’a jamais baissé les bras, pleure aujourd’hui les drames
humains de 1962 qu’elle a elle-même causés.
Ce qu’écrivent dans un point de vue livré par les historiens Mohamed Harbi et Gilles
Manceron : «Jusqu’à l’indépendance de l’Algérie, en juillet 1962, l’OAS a tué près de 3000
personnes : plus de 2500 Algériens et environ 400 personnes parmi les militaires, policiers,
fonctionnaires français et parmi les Européens d’Algérie qui n’étaient pas d’accord avec elle.
Cette violence, qui s’est étendue à la France – où elle a fait 71 morts et 394 blessés, et
choqué profondément l’opinion publique –, explique en grande partie que le cessez-le-feu
n’ait pas marqué en Algérie l’arrêt immédiat des affrontements». Ces dernières années,
comme si l’histoire repassait les plats, les pro-«Algérie française» (cela fait bizarre 54 ans
après d’énoncer ce concept) sont rejoints par des adeptes issus du camp de droite dit
‘‘républicain’’ qui veulent flatter les associations revanchardes et doubler le Front national sur
ses terres. L’historien Pascal Blanchard, dans les colonnes de L’Obs résume :
«Eminemment sensible, le sujet est extrêmement mobilisateur à droite. Nicolas Sarkozy
rejoue son discours de Toulon de 2007. A l’époque, il avait interpellé l’électorat pied-noir et
celui du Front national dans un discours anti-repentance, à la gloire de l’épopée impériale,
dans la ville même où avait débuté la conquête de l’Algérie en 1830».
Pour critiquer la démarche de François Hollande de commémorer le 19 mars, l’ancien
président Nicolas Sarkozy (repris en chœur par Hervé Mariton, ou par ses fidèles comme
Christian Estrosi – président de la région Paca, ou le député Eric Ciotti) en avait appelé
paradoxalement à feu le président Mitterrand qui «refusa catégoriquement de reconnaître
cette date pour commémorer la fin de la guerre d’Algérie».
Fâcheux exemple de choisir Mitterrand qui, s’il évolua par la suite vers des relations d’amitié
avec l’Algérie, fut l’homme qui, à la tête de la Justice, couvrit la torture et laissa exécuter les
militants algériens. Le ministre de l’Intérieur Mitterrand qui prononça dès le lendemain du
déclenchement de la lutte algérienne, le 1er novembre : «L’Algérie c’est la France, et la
France ne reconnaîtra en Algérie d’autre autorité que la sienne.» Ce qui fit la Une de L’Echo
d’Alger en novembre 1954. Comme quoi le temps passe, mais les Unes restent…
«La France n’assume pas son passé colonial»
Triste rancœur 54 ans après la fin de l’occupation coloniale de l’Algérie. Une façon de
donner des arguments à ceux qui, en Algérie, n’ont de cesse, à titre légitime, de demander
des comptes à la puissance coloniale qui a plongé le pays dans 132 ans de domination et de
crimes. Même ceux qui souhaitent tourner la page y trouveront matière à revendication.
Ce que note L’Obs : «Les indignations d’arrière-garde sont historiquement régressives, mais
elles font aussi des dégâts sur le futur. Elles donnent des gages à tous ceux qui, en Algérie,
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veulent eux aussi pérenniser et entretenir des haines recuites à l’égard de la France. Déjà,
en 2005, la droite française, alors majoritaire au Parlement, avait torpillé le traité d’amitié
franco-algérien en faisant adopter dans la loi du 23 février 2005 un alinéa vantant ‘‘les
aspects positifs’’ de la présence française en Algérie».
Pour l’historien Benjamin Stora, personnalité consultée régulièrement par le président
Hollande, il faut «essayer de trouver une sorte de compromis, de consensus par rapport à
cette guerre d’Algérie qui a bien du mal encore à passer dans l’histoire française». «La
guerre d’Algérie continue dans les têtes, les cœurs, les mémoires. Le problème décisif reste
d’essayer d’y mettre fin», a-t-il estimé sur Europe 1. Dans l’hebdomadaire Marianne, Stora
remarque le paradoxe assumé aujourd’hui par des héritiers politiques du gaullisme comme
l’ex-président Sarkozy : «Prendre la plume pour condamner ces accords signés par de
Gaulle, c’est du jamais vu dans le mouvement gaulliste. Jacques Chirac ne commémorait
pas le 19 mars, mais il n’a jamais émis de critiques en ce sens.» Benjamin Stora juge cette
crispation autour de la mémoire de la guerre d’Algérie «archaïque», «les jeunes générations
sont loin de tout ça.
Rendez-vous compte, on débat encore de l’Algérie française 60 ans après... Les autres pays
sont consternés en voyant ce spectacle, qui relève d’une certaine arriération culturelle. Et à
force de ne jamais vraiment traiter ces questions, une distance s’est créée et les mémoires
se sont communautarisées ». Est-ce pour cela que le président François Hollande s’est
voulu consensuel samedi, voulant «honorer toutes les souffrances» ? Cette polémique du 19
mars, relancée cette année avec une vigueur inégalée, certainement avec des visées
politiciennes à un an des élections, présidentielle et législatives, est cependant très
inquiétante.
Pour Pascal Blanchard, «la France n’assume pas son passé colonial. C’est terrible pour nos
enfants qui ne peuvent accéder facilement à cette histoire en partie tronquée et doivent
aller ailleurs, sur internet, pour en comprendre le sens. Or, sur ce terrain, toutes les
manipulations sont possibles. C’est dévastateur pour la démocratie car on ne parvient pas à
expliquer l’une des grandes contradictions françaises : comment le pays des droits de
l’homme et de la Révolution a-t-il pu mener une politique colonialiste ?»
Walid Mebarek
El Watan - Vendredi 25 mars 2016
(Algérie)
Et petit à petit, les migrants ont changé le regard de la société
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La pluie claque sur la baie vitrée de l’hôtel. A travers la vitre du premier étage, on
aperçoit sur le parking cinq migrants subsahariens qui poussent des brouettes
remplies de béton.
Dans la salle, dix-huit associations sont réunies autour d’une table pour unifier le travail de la
société civile en faveur des migrants. L’une des participantes se lamente du racisme.
Une autre souligne que la prise en charge dans les hôpitaux s’est malgré tout améliorée.
Soudain, assise à l’opposée de l’animatrice de la réunion, une grande jeune femme lance :
«Vous voyez, nous, qui avons la peau noire, sommes là parmi vous aujourd’hui. Assis à la
même table. Il y a quelques années, cela n’aurait pas été possible». La salle rit et applaudit.
Josiane, migrante camerounaise de 36 ans, arrivée seule par la frontière sud il y a six ans,
est aujourd’hui l’une des référentes du travail associatif en faveur des migrants à Oran.
En 2016, les associations estiment qu’au moins 100 000 migrants subsahariens sont
présents en Algérie. La durée de leur séjour s’allonge : trois ans en moyenne, selon une
enquête associative, 4 ans et 11 mois, selon les entretiens menés par El Watan Week-end
dans les villes d’Alger et Oran. Conséquence : ils intègrent, tant bien que mal, la société. «A
quoi voit-on que les choses ont changé? C’est simple, dans la rue, on ne se retourne plus
quand on voit un subsaharien», estime Jean-Paul Vesco, évêque d’Oran.
Marchés publics
A quelques kilomètres de là, face à la nouvelle promenade aménagée sur la corniche,
Wahid, chef d’une petite entreprise de bâtiment, accueille Mohamed, un Malien qu’il emploie
depuis plusieurs mois, pour manger un couscous en famille. «Mohamed est comme un fils
pour moi. Je lui apprends le métier. Il apprend vite, il ira loin, explique l’entrepreneur qui
laisse parfois le jeune migrant quelques jours seul dans l’une maison qu’il doit agrandir. Je
ne ferai pas ça avec un employé algérien.
La plupart ne sont pas sérieux et pas dignes de confiance». Pour la réfection des trottoirs du
quartier chic de Sidi Yahia à Alger, pour la construction d’une caserne à l’entrée de la ville de
Ghardaïa, pour une centrale à gaz à Tamanrasset, pour la peinture et les travaux de
plomberie de plusieurs services du CHU d’Oran, pour l’agrandissement d’une école à Saïda,
les entrepreneurs algériens qui obtiennent des marchés publics emploient des migrants,
sans permis de travail. Les particuliers font appel à eux pour construire des villas, rénover
des bâtiments, faire le ménage ou garder des logements vides, comme cet ancien cadre du
ministère des Affaires étrangères qui emploie le même homme, subsaharien, depuis quinze
ans.
Accord
A Ouargla, l’arrestation et l’expulsion de la ville de plus de 2000 personnes début mars pose
problème aux entrepreneurs. «90% de nos employés étaient des migrants africains», se
désole Messaoudi Belkhir, président de l’Union des entrepreneurs de la ville. Depuis, les
forces de sécurité ont trouvé un compromis : en échange d’une liste des travailleurs
étrangers employés, et de discrétion, elles ont promis aux chefs d’entreprise de n’interpeller
aucun migrant.
Ce type d’accord informel a aussi été obtenu par les exploitants agricoles de la wilaya de
Sidi Bel Abbès. Sous couvert de l’anonymat, un acteur économique explique : «Nous avons
expliqué aux autorités que lorsque la police venait dans nos champs rafler ceux qui n’avaient
pas de papiers, cela ralentissait notre production, car il fallait du temps pour trouver d’autres
travailleurs. Et de toute manière, la plupart de nos employés dans les champs sont des
migrants subsahariens». Un ancien responsable confirme : «Aujourd’hui, les subsahariens
font les métiers que les Algériens ne veulent plus faire.
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Nous avons besoin d’eux». Abdelouahab, trentenaire, raconte qu’à Ghardaïa, les migrants
sont de plus en plus visibles : «La semaine dernière, en allant faire réparer mon véhicule, j’ai
constaté que le garagiste avait employé un Malien comme mécanicien». Vidal, un
Camerounais de 35 ans au look impeccable, est installé en Algérie depuis cinq ans : «Je
suis diplômé. J’ai essayé de chercher un emploi avec un CV, on m’a répondu : ‘‘Nous
privilégions nos frères’’. Je me rabats sur la peinture et la maçonnerie». Vidal a tissé un
réseau : des entrepreneurs algériens font appel à lui lorsqu’ils ont besoin de donner un coup
d’accélérateur à leurs chantiers. Tous les entrepreneurs interrogés par El Watan Week-end
affirment que les migrants ne sont pas forcément payés moins que les travailleurs algériens.
«Ils travaillent plus vite et plus sérieusement. On est sûr que le chantier sera livré à temps»,
explique Messaoudi Belkhir. «Un manoeuvre subsaharien est payé 1500 DA par jour, un
Algérien 1200 DA, raconte Jean, migrant rwandais. Pour les maçons c’est différent : 500 DA
le mètre carré d’ouvrage pour un migrant, 700 DA pour un Algérien».
Consommateurs
Si en travaillant et en résidant plus longtemps dans le pays, les migrants sont désormais
acteurs de l’économie du pays, ils sont aussi une source de revenu pour de nombreux
Algériens. Selon les entretiens réalisés par El Watan Week-end, plus de 11 millions de
dinars sont versés chaque mois à des propriétaires oranais par des migrants, rien que pour
le loyer.
Quand ils vivent dans des garages, des sous-sols et des appartements, tous les migrants
interrogés déclarent payer des factures : parfois le forfait est fixe comme pour cette femme
de 32 ans qui verse 3000 DA tous les 3 mois, parfois non. «Je paye l’intégralité des factures
Sonelgaz et d’eau qui arrivent au nom de la propriétaire», explique une Camerounaise de 29
ans, arrivée en Algérie il y a deux ans. En moyenne, le montant des factures est de 765 DA
par mois. Les migrants interrogés dans les villes d’Alger et d’Oran déclarent dépenser en
moyenne 3840 DA par mois en forfait de téléphone portable et internet 3G ainsi que 2500
DA mensuels pour leur transport. Ceux qui ont des enfants déclarent dépenser en moyenne
8687 DA pour les couches, le lait et la scolarisation dans le privé.
Dans les quartiers où ils sont installés, ils sont désormais des consommateurs particuliers
aux yeux des commerçants. «Au marché de Aïn El Beïda (Oran), le prix des pattes de boeuf
a augmenté. Personne n’en veut ici, mais chez nous, c’est un plat important», raconte Marie,
Camerounaise. Même chose pour les intestins qui sont passé en quelques mois de 50 à 200
DA le kilo. «Les vendeurs nous disent : c’est parce que camarade mange. Sous-entendu,
nous, les migrants, on peut payer plus», ajoute-t-elle.
Existence
Si l’activité économique dans lesquelles s’insèrent les migrants est informelle,
l’administration a bel et bien des preuve régulières de leur existence. Des dizaines d’enfants
naissent chaque mois dans les hôpitaux, ce qui donne lieu à la délivrance de certificats de
naissance. Des migrants sont interpellés et arrêtés pour immigration illégale, condamnés à
une amende par la justice et parfois incarcéré. Armel a passé deux mois dans la prison de
Djelfa : «Les conditions de vie étaient terribles.
J’ai fait du bruit pour obtenir des couvertures supplémentaires, je n’avais rien à perdre. Le
directeur m’a dit qu’à cause de moi, les détenus allaient devenir plus revendicatifs. Il était
content quand ma peine s’est terminée». Après des agressions, des migrants ont porté
plainte et des procédures ont été menées par la police, la gendarmerie ou la justice dans
plusieurs wilayas. Enfin, depuis le mois de septembre, à Alger, des enfants migrants sont
inscrits à l’école publique. «L’État improvise : on tolère les migrants mais en parallèle il y a
des rafles de Nigériens. Ce traitement n’est pas fondé sur les textes de loi, ce sont des
décisions politiques. La tolérance n’est pas assumée, c’est fragile, et que ca peut changer du
jour au lendemain», déplore Abdelmoumène Khelil, de la Ligue de défense des droits de
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l’homme. «Décider de permettre aux sub-sahariens d’obtenir le droit de travailler, et donc de
devenir réguliers, ne peut être qu’une mesure politique. Pour le moment, il n’y a pas de
demande explicite du patronat», nuance le chef d’une entreprise de 2000 employés.
Partage
En attendant les décisions politiques, la société, elle, s’ouvre. Dans une petite rue d’un
bidonville, Christelle vit au rez-de-chaussée d’une petite bâtisse. Seule une petite ouverture
de 30 centimètres de large fait entrer un peu de lumière dans la pièce divisée en deux par un
rideau. De l’autre côté du voilage, son fils Ezzechiel -Yael, né il y a une semaine, dort. La
propriétaire du logement, qui habite au dessus, est venue apporter son aide lorsqu’elle a
constaté que Christelle était enceinte. «Mariam et sa voisine, Sabba, me préparent du
couscous le vendredi et me l’apportent. Elle font du thé et viennent le boire avec moi. Et
depuis l’accouchement, elles m’aident à me laver et me massent», raconte la jeune femme.
Imène, 30 ans, salariée d’une association, a elle aussi tissé du lien avec les migrants depuis
un an grâce à son travail. Face à ses proches qui disent parfois qu’il faudrait «ramener tous
les Nigériens chez eux», elle s’oblige désormais à être pédagogue : «Ils n’ont pas à se
positionner ainsi.
Les migrants sont là parce que certains ont besoin de manger, de vivre, de travailler. Et
nous, Algériens, pourquoi allons-nous à l’étranger? Nous voulons voyager, découvrir autre
chose. Les migrants sont comme nous. Ils ne nous volent pas notre place!» Fatma Boufenik,
de l’association FARD, travaille pour aider les migrants à avoir accès à leurs droits : «Une
femme comme Marie-Simone (une migrante camerounaise violée par 8 hommes et que les
services de sécurité et de santé ont refusé de prendre en charge), devrait pouvoir porter
plainte, tout comme n’importe quelle femme qui veut porter plainte pour violence ne devrait
pas avoir à entendre «qu’est ce que tu as fait pour provoquer ça?»
Au bout du compte, se battre pour leurs droits, c’est se battre pour les nôtres». Selma Khelif,
psychologue, est persuadée que la présence des migrants dans l’espace public algérien
finira par avoir un impact fort : «Des migrants resteront en Algérie et c’est grâce à eux que
nous arriverons à nous secouer, à effacer les fossés que notre société a créés entre les
femmes et les hommes et en fonction des couleurs de peau. Leur présence est nécessaire
et je suis persuadée que c’est grâce à ces femmes subsahariennes qui occupent l’espace
public dans des tenues différentes, que nous allons être amenés à réfléchir sérieusement à
notre capacité de vivre-ensemble».
Début mars, Josiane, la migrante camerounaise référente des associations, a été invitée à
un anniversaire. Sur la table basse du grand salon d’une famille oranaise, il y avait du thé, du
café, des gâteaux traditionnels. Les quelques invités ont parlé politique, photographie,
voyage et migration et ont fait des photos souvenir. En partant, Josiane souffle en souriant :
«En 6 ans, c’était la première fois que j’étais invitée dans une famille algérienne».
Leïla Beratto
El Watan - Vendredi 25 mars 2016
(Algérie)
Montréal : Un hommage aux victimes algériennes du terrorisme intégriste
le 22.03.16 | 22h22
http://www.elwatan.com/actualite/montreal-un-hommage-aux-victimes-algeriennes-duterrorisme-integriste-22-03-2016-317241_109.php
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Ajouad Montréal organisera ce jeudi 24 mars un hommage aux victimes algériennes
du terrorisme islamiste de la décennie noire.
« La journée contre l’oubli », la cinquième, a failli ne pas avoir lieu expliquent les
organisateurs. « La petite équipe de Ajouad – Montréal, qui initie cet évènement depuis
maintenant 5 ans, a manqué du souffle nécessaire à l'organisation d'un évènement
rassembleur. Manque de temps ou d’énergie, plusieurs facteurs pourraient expliquer ce
relâchement collectif », peut-on lire dans le communiqué annonçant l’événement et signé par
idir Sadou et Azzedine Achour.
La formule change. « Il y aura, bien sûr, un moment de recueillement pour se souvenir des
disparus et réaffirmer la pérennité du combat mémoriel. Nous rendrons compte également
des suites réservées aux résolutions prises lors de notre assemblée de l’année dernière »,
ajoute la même source.
Les organisateurs croient que « cette fois, le moment est venu de nous arrêter pour réfléchir
ensemble sur le devenir de cette initiative, ainsi que sur les pistes d’action susceptibles
d’ancrer durablement ce combat mémoriel dans les réalités de notre diaspora et dans la
conscience des jeunes générations ».
Ils donnent rendez-vous « à celles et ceux qui restent attachés à la commémoration de cette
journée de la mémoire et qui ont à cœur de témoigner de la barbarie de l’intégrisme islamiste
et de dénoncer l’amnésie visant à l’absoudre de ses crimes ».
L’année dernière, Ajouad Montréal avait organisé l’hommage en présence de Karima
Bennoune, professeure de droit internationale à l’université de Californie qui avait présenté
son livre Your Fatwa Does not apply here (http://www.karimabennoune.com/books/yourfatwa-does-not-apply-here/) (Votre fatwa ne s’applique pas ici ou Histoires non-dites de la
lutte contre l’intégrisme), un recueil de témoignages et de portraits de celles et ceux qui
luttent contre l’intégrisme dans les pays musulmans.
« La journée contre l’oubli » est organisée chaque 22 mars en Algérie et partout dans le
monde. Elle est initiée par Ajouad Algérie Mémoires, une association basée en France et cofondée par le fils du journaliste et chroniqueur Said Mekbel assassiné le 3 décembre 1994 et
Amel Faredeheb, fille de l’économiste Abderahmane Fardeheb assassiné le 26 septembre
de la même année.
Infos :
Jeudi 24 mars 2016, à 18h
Au Centre communautaire Ahuntsic
10780, rue Laverdure à Montréal
(Stationnement disponible à l'arrière du Centre communautaire)
Samir Ben
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El Watan - le 19.03.16
(Algérie)
Focus .Le théâtre tunisien à l’épreuve de la liberté
Planches et langue de bois
http://www.elwatan.com/hebdo/arts-et-lettres/planches-et-langue-de-bois-19-03-2016316866_159.php
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Le théâtre tunisien post-Révolution est très bavard. Le besoin de dire et le besoin de
crier sur scène sont si forts que les auteurs et les metteurs en scène ne se maîtrisent
presque plus.
Totale liberté ! Sous Bourguiba et sous Ben Ali, les gens du théâtre recouraient au
symbolisme, à l’absurde et au surréalisme pour exprimer des idées «subversives». Il fallait
analyser la présence de l’accessoire, le mouvement des comédiens, les zones de l’éclairage,
l’agencement des mots et les lignes de la scénographie pour comprendre les choses. Les
choses qu’il fallait taire. Le théâtre est un art vivant. Il fait donc peur au régime de
l’oppression.
Depuis la fin de la dictature et la fuite du Palais de Carthage, dans les conditions que l’on
sait, de Zine Al Abidine Ben Ali et de son épouse Leïla Trabelsi, le théâtre tunisien explore le
domaine de l’interdit, pousse les lignes du tabou, dévoile les tourments, dénonce les
mensonges, critique autant le social que le politique... Bref, le quatrième art se permet tout et
fait sa révolution !
Lors des quatrièmes Journées maghrébines du théâtre d’El Oued (14 au 19 février 2016),
des troupes tunisiennes ont présenté des pièces récentes aux thématiques variées mais
fortement liées à la situation politique et sociale en Tunisie. Formatage, produite par
l’Association Al Nadjm de Gafsa, a décroché le prix de la meilleure mise en scène. La pièce,
qui relève autant de la comédie noire que du théâtre de l’absurde, tente de revenir sur les
comportements troublés de la clientèle de la dictature après l’effondrement du régime de
Ben Ali.
«Après la Révolution, certaines personnalités n’ont pas pu s’adapter à la nouvelle situation, à
la liberté et à la dignité. Auparavant, elles tiraient profit de l’ancien régime, trouvaient leur
compte grâce à la corruption et à la rapine. Elles ne pouvaient plus vivre de la même
manière. Il fallait donc les remettre à zéro.
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La seule solution était de leur faire symboliquement un formatage de la même façon qu’on
supprime les virus d’un ordinateur. Cette opération peut entraîner la disparition de bons
programmes. Dans la pièce, nous avons en fait un formatage aux personnages tout en
gardant les bonnes qualités», souligne Nacerddine Djelloul, metteur en scène. Rachad
Zouari, auteur de la pièce, évoque «les pouvoirs» montrés dans la représentation : la police,
les médias, la religion et le sexe. «L’agent de sécurité représente le pouvoir politique qui a le
dernier mot sur tout.
Le journaliste symbolise l’intellectuel qui a mis sa plume au service du régime. Qu’elle
s’habille en jupe ou en hidjab, la fille gênait toujours le pouvoir politique. L’homme de religion
buvait du vin avant sa ''reconversion''. Dans les deux cas, il troublait les oppresseurs. Nous
aurions pu nous intéresser au pouvoir de l’argent et à d’autres formes de puissance», relèvet-il. La pièce se déroule dans un asile psychiatrique pour souligner les traumatismes
psychosociaux que peut causer l’absence durable de liberté.
En Tunisie, le titre lui-même de la pièce a suscité la curiosité du public. Les gens pensaient
qu’on allait faire du formatage pour des ordinateurs sur scène. Ils étaient étonnés de voir
qu’on s’intéressait aux humains, pas aux machines. L’idée a plu au public. Le texte a été vite
adopté, surtout qu’il renvoie à des situations vécues actuellement dans le pays», note
Nacerddine Djelloul.
Grand défenseur de la comédie au théâtre, il travaille en étroite collaboration avec l’auteur
dans l’écriture du texte en ajoutant au fur et à mesure ses idées. «Nous interprétons une
partie du texte. Je travaille beaucoup sur l’image et les situations. Nous composons le
spectacle de cette manière», dit-il.
Rachad Zouari rappelle qu’avant janvier 2011, les femmes et hommes de théâtre «faisaient
tout» pour éviter le bâton du pouvoir. «Aujourd’hui, tout est permis, au point que nous
sommes tombés dans le discours direct sur scène. Nous disons tout. Je pense que cette
manière de faire est contre-productive. Ne pas avoir de lignes rouges ne vous autorise pas à
faire ce que vous voulez sur scène», estime-t-il, craignant une chute de la qualité du
quatrième art tunisien par une «mauvaise utilisation» de la liberté. Pour lui, il est impératif de
respecter les règles de la représentation théâtrale, surtout dans l’écriture et l’adaptation des
textes. «Lorsque j’évoque le dinar dans la pièce, je ne parle pas de la monnaie mais de la
valeur de cette monnaie. Le dinar tunisien a perdu beaucoup de sa force ces dernières
années. Et ce n’est qu’un exemple», ajoute-t-il. Il regrette l’envahissement du discours
politique et idéologique. «Sur scène, on cite même les noms des ministres, du président, du
chef du gouvernement.
On ne prend aucune distance. On exagère dans la satire sans respecter même la qualité et
la position des responsables critiqués. Dès que l’un d’eux commet une erreur, il est lynché
sur scène, traité de tous les noms. Nous assistons à des formes affreuses de la
comédie, surtout avec les one man show à la tonalité commerciale», s’indigne Rachad
Zouari. De même, Nacerddine Djelloul estime que la comédie doit avoir du sens : «Il faut
absolument éviter les clowneries.
Je veux amener mon spectateur à rire avec intelligence. Un rire qui invite à la réflexion».
Faouzi Ben Brahim, directeur du Festival maghrébin du théâtre amateur de Nabeul, a, pour
sa part, un autre avis : «Le changement politique en Tunisie encourage les gens du théâtre à
travailler plus et mieux. Ils dénoncent les errements des politiques et tentent de redresser la
barre. Il appartient aux artistes de montrer la voie à la société et de démasquer les politiques
qui induisent en erreur les citoyens.
On ne doit pas rester indifférent à ce qui se passe autour de nous.» Il rejoint Rachad Zouari
sur l’idée de la «domination» de la comédie sur les autres formes théâtrales, mais affirme :
«Cela peut s’expliquer par le fait que les gens en ont assez des drames et de la politique.
Lors des festivals d’été, les gens viennent nombreux au théâtre pour rire, passer un moment
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agréable. Le public ne veut plus du théâtre qui les étouffe, qui les met mal à l’aise.» C’est le
point de vue que défend Youssef Sidaoui, comédien et metteur en scène, présent à El Oued
avec la pièce Qanassa (Snipers). «Je n’aime pas le théâtre élitiste. Ce théâtre qui a fait fuir
le public des salles.
Le quatrième art doit s’intéresser aux problèmes des gens en les traitant d’une manière
artistique. Et, pourquoi pas sous la forme comique plus accessible au large public. Il est
important de dépasser les complexités et éviter les ambiguïtés sur les planches», plaide-t-il.
«Il faut aider les gens à sortir de leur routine et des nervosités provoquées par les tourments
de la vie. En Tunisie, nous souffrons du phénomène du suicide. Il faut affronter les
problèmes avec de l’art. Cet art qui s’adresse au public large, pas celui qui porte les
lourdeurs de l’énigme et qui dresse des murailles devant les spectateurs», ajoute-t-il.
Produite par la société tunisoise Coup de Foudre, Qanassa, interprétée par Imad Saket et
Mohamed Al Lafi, raconte dans une forme satirique l’histoire de deux snipers installés sur
une terrasse.
Chacun raconte sa vie et ses mésaventures sans perdre de vue la nécessité de «faire» des
victimes, de suivre le mouvement dans les rues et d’attendre «les ordres» qui viennent par
talkie walkie. Il est connu qu’en période de troubles, les snipers sont chargés de semer la
terreur et de provoquer le choc.
«Lors de la Révolution, trois snipers italiens ont été arrêtés par les services de sécurité.
Après, on nous a dit qu’ils étaient venus chasser le sanglier ! On se moquait bien de nous.
Le dossier des snipers est toujours entouré de questionnements. Nous ne sommes pas des
hommes politiques ni des agents de sécurité, nous sommes des artistes qui ouvrent un
dossier vite fermé politiquement. Nous n’avons pas de réponses à donner, mais nous
profitons de ce sujet pour aborder d’autres difficultés qui se posent à la société tunisienne et
arabe par extension», précise Youssef Sidaoui, ex-vice-président de la Fédération tunisienne
du théâtre.
Selon lui, le mouvement théâtral tunisien tente d’avoir un peu de recul par rapport aux
événements politiques majeurs de 2011. «Nous nous intéressons à tous les sujets qui
étaient interdits, mais nous n’avons pas oublié qu’il est tout aussi nécessaire de piocher dans
la Révolution et les événements d’après. De mon avis, il est préférable d’aborder la
Révolution d’une manière artistique, pas politique. C’est le meilleur moyen d’atteindre le
cœur des gens, de les inviter à réfléchir tout en leur garantissant du spectacle», estime-t-il.
Pour Rachad Zouiri, toutes les fenêtres du théâtre sont désormais ouvertes, faisant entrer
parfums et mauvaises odeurs. «En Tunisie, on s’insulte sur tout, y compris à propos de la
Révolution. Certains sont surnommés ‘‘Révolution moins le quart’ ’ pour avoir rejoint le
mouvement de la contestation à la dernière minute. Pour nous, et à travers la pièce
Formatage, tout le monde doit changer, s’adapter à la nouvelle situation. Sinon, nous ne
pourrons pas avancer. Ceux qui refusent le changement doivent s’y plier», préconise-t-il.
Nacereddine Djelloul, qui écrit également des textes de théâtre radiophonique, relève que la
critique existait d’une manière ou d’une autre sur les planches à l’époque de Ben Ali. «Les
auteurs et les metteurs en scène trouvaient toujours un moyen de faire passer le message.
Je suis personnellement contre le discours direct. Nous pouvons faire de la critique sociale
d’une manière satirique. On peut jouer sur les expressions, sur la métaphore. C’est à ce
niveau là qu’intervient le génie des metteurs en scène ou des dramaturges», souligne-t-il.
Youssef Sidaoui, diplômé de l’Institut supérieur d’art dramatique de Tunis (ISAD), regrette la
marginalisation du mouvement du théâtre amateur en Tunisie actuellement.
«Ce théâtre n’est plus soutenu par l’Etat malgré l’existence d’associations qui continuent
d’activer dans ce domaine, notamment au niveau des maisons de la Culture. L’avenir du
théâtre professionnel ne peut être garanti qu’avec l’intérêt et l’importance qu’on doit donner
aux amateurs et aux expressions théâtrales scolaires et universitaires», dit-il. Youssef
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Sidaoui milite depuis des années pour que le théâtre soit présent dans toutes les régions de
Tunisie.
Le Théâtre est, pour lui, d’abord et surtout un art populaire.
Optimiste, Faouzi Ben Brahim pense que le théâtre tunisien, et le maghrébin en général,
sont sur la bonne voie. «Il y a un second souffle. Déjà, l’existence de trois festivals dédiés au
théâtre maghrébin en Tunisie, en Algérie et au Maroc favorise la rencontre entre les artistes.
Nous souhaitons que la Libye dépasse sa crise et crée également un festival pour
encourager davantage l’échange culturel entre nos pays», relève-t-il. Il souligne
qu’actuellement des échanges d’expériences se font entre les gens du théâtre au Maghreb.
Faouzi Ben Brahim travaille sur un projet d’une pièce de théâtre qui sera interprétée par des
comédiens libyens, algériens et tunisiens. Un spectacle qui sera présenté au festival de
Nabeul. Fayçal Métaoui
-------- Message transféré -------Sujet :Caroline
Date :Fri, 25 Mar 2016 17:26:15 +0100
De :Paul <[email protected]>
Pour :MOpin <[email protected]>
La fille de mon ami Claude est parmi les victimes de la bombe du métro, mardi, à
Bruxelles.
23/3
La fille Caroline de Claude V fait partie des victimes du métro. Elle a été gravement blessée
à la tête.
Elle a été longuement opérée en neurologie d’un traumatisme crânien. Un oeil a été touché.
Mais elle est en vie !!!
24/3
La situation de Caroline évolue bien : elle arrive à s'exprimer un peu avec des mots simples.
C'est son mauvais œil qui a été touché. Son visage est très tuméfié et couvert de sutures. Sa
main devra peut-être être réopérée; quant à une nouvelle opération crânienne, ce n'est pas
certain, non plus. Ce 22/3 n'était pas son jour de chance car elle ne prend habituellement
pas cette ligne de métro. . Elle allait donner une formation à Montgomery......
.Caroline avec Patxi, le deuxième fils de Jérôme, fils aîné de Claude
Claude communique :
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Caroline est lucide mais confuse. Elle s’exprime par quelques mots mais éprouve des
difficultés dans la mémoire proche. Elle ne se souvient pas de l’accident. Elle a pu sortir et
s’écrouler sur le trottoir ce qui a évité les brûlures.
Les médecins ne se prononcent pas sur les séquelles neurologiques. Il faut attendre.
La figure est abimée, des dizaines de points de suture ont été nécessaires.Une greffe est
prévue à l’arrière du crâne.Une grosse opération est prévue pour placer une plaque au front
qui a été enfoncé.
Le cap dangereux de la pression au cerveau est passé.
Le mauvais oeil est perdu. Les deux cornées ont été touchées.
En pensée avec Caroline et les autres victimes de ces attaques aveugles.
Le Soir.be Edouard Delruelle: «La société a besoin de faire communauté»
MIS EN LIGNE LE 26/03/2016 À 16:56
Le professeur à l’Université de Liège est l’ivité du Grand Oral à l’issue de cette semaine
meurtrie par les attentats de Bruxelles.
http://plus.lesoir.be/32729/article/2016-03-26/edouard-delruelle-la-societe-besoin-de-fairecommunaute
Après les attentats de Bruxelles, l’hommage national, le recueillement de nombreux citoyens
et la démission avortée des ministres Jan Jambon et Koen Geens, le Grand Oral RTBF-Le
Soir reçoit Edouard Delruelle. Professeur à l’Université de Liège, il décortique d’un point de
vue philosophique ce que vit la Belgique depuis le 22 mars.
Lire aussiÉdouard Delruelle: «Dépasser l’opposition entre laïcité dure et multiculturalisme»
L’interview d’Edouard Delruelle a été réalisée par Béatrice Delvaux, éditorialiste en chef au
journal Le Soir, Jean-Pierre Jacqmin, directeur de l’information à la RTBF, et Jacques
Crémers, chef de rédaction de La Première.
Voir la vidéo sur mobile
http://www.dailymotion.com/video/x403tww_le-grand-oral-avec-edouard-delruelle_news
La Libre.Be - LUNDI 28 MARS 2016
Les assassins appartiennent à notre monde
CONTRIBUTION EXTERNE Publié le lundi 28 mars 2016 à 13h28 - Mis à jour le lundi 28
mars 2016 à 13h28
http://www.lalibre.be/debats/opinions/les-assassins-appartiennent-a-notre-monde56f914a835708ea2d3fd06e0
OPINIONSL’histoire nous démontre que la main-d’œuvre du crime est issue de notre
société. UNE OPINION DE DENIS SIEFFERT - DIRECTEUR DE L'HEBDOMADAIRE
POLITIS.
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L’histoire de ce début de siècle sera décidément marquée à jamais par des dates funestes.
Après le 11 septembre de New York, après le 11 mars 2004 de Madrid, après Londres en
2005, et Paris, l’an dernier, c’est Bruxelles qui a été durement frappée en ce 22 mars par une
série d’explosions meurtrières dont l’origine ne fait guère de doute. Mais au-delà d’un constat
d’évidence qui tient à l’enchaînement des événements dans la capitale belge, l’analyse est
malaisée à l’instant où nous parviennent les premières images, hélas devenues habituelles,
d’amas de ferraille et de corps ensanglantés.
Une première réflexion cependant : la seule énumération des capitales occidentales visées
par les tueurs n’est-elle pas déjà problématique ? Notre compassion pour les victimes peutelle avoir des frontières ? Elle en a, inévitables, instinctives. C’est cette humaine loi de la
proximité qui nous fait refuser les bombes à Bruxelles, quand on les admet tacitement à
Alep, à Homs, à Bagdad, à Tunis, à Grand-Bassam ou à Ankara. En Syrie, en Irak, les
attentats n’ont pas de dates. L’horreur est quotidienne. Et les bombes sont parfois les nôtres.
C’est ce lien entre ici et là-bas que nous avons du mal à admettre. Il le faut malgré tout, mais
sans céder à la confusion des mots. Non, ici ce n’est pas “la guerre”.
Les racines de notre réalité sociale
En frappant l’aéroport Zaventem et le métro de Bruxelles quelques jours seulement après
l’arrestation de Salah Abdeslam dans la capitale belge, les tueurs nous disent évidemment
que le réseau n’est pas démantelé et qu’ils ont encore le pouvoir de nuire. Mais, à moins
d’avoir une vision strictement policière de l’histoire, qui pourrait en douter ? Car si le réseau
est toujours là, opérationnel, menaçant, et s’il ne dépendait évidemment pas d’un seul
homme, c’est aussi qu’il s’enracine dans notre réalité sociale. Certes, les connexions avec
Daech existent et les commanditaires sont sans doute à Raqqa ou aux alentours. Mais toute
l’histoire nous démontre que la main-d’œuvre du crime est issue de notre société. La police
et les magistrats instructeurs qui ont à disposition ce Salah Abdeslam s’efforceront bien sûr
de comprendre ses relations avec les donneurs d’ordres. Mais ce n’est qu’une partie du
mystère. Pour nous, le plus important est ailleurs. Et cela tient en une question : comment et
pourquoi des jeunes gens qui vivent avec nous, parmi nous, en arrivent à haïr à ce point
notre société ? Une société qu’ils ne considèrent pas comme la leur. D’où leur vient cette
haine ? Elle ne vient évidemment pas de l’islam. Tous ceux qui cherchent des explications
dans les sourates du Coran, à l’instar d’un Michel Onfray, s’égarent et nous égarent. Comme
dans tous les textes religieux, ils peuvent y trouver des justifications, mais certainement pas
des causes. Combien faudra-t-il de Merah, de Nemrouche ou d’Abdeslam pour convaincre
nos islamologues de pacotille que ces voyous devenus assassins ne sont pas nourris de
littérature religieuse ?
De voyou à terroriste
Le vrai mystère est là. Comment ces petits délinquants – gageons que les assassins de
Bruxelles sont du même acabit – à peine sortis d’une voyoucratie de bas étage, dealers
imbibés d’alcool, jouisseurs “impénitents”, peuvent-ils basculer en quelques semaines dans
le djihad, version Daech ? C’est-à-dire dans une fantasmagorie de pureté plus criminelle que
la débauche dont ils ont cru s’extraire. La “taqiya”, cette dissimulation qui autoriserait tous les
stratagèmes pour mieux préparer le crime, n’explique sûrement pas tout. Voyez le mécréant
Abdeslam. Il ne se serait converti à une stricte observance des préceptes religieux qu’au
cours de l’été 2015. Il n’aurait abandonné son bar interlope que peu de temps avant les
attentats de Paris. Et tous ses complices ont à peu près le même profil. Frère, amis
d’enfance, voisins aux parcours similaires, partis de ce quartier pauvre de Molenbeek pour y
revenir ou essayer d’y revenir. Abdeslam n’a-t-il pas été arrêté à quelques hectomètres de
l’appartement familial ?
La morale de la contre-société
Difficile, en observant ces effets de groupes, de ne pas se poser la question sociale. Et celle
du ghetto, où la bande se structure et se cimente dans le ressentiment et dans une “morale”
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de la contre-société : d’abord la quête du fric par tous les moyens, et l’illusion de la réussite
matérielle. Puis, peut-être, la recherche d’une autre cause “rédemptrice”, dans le feu par
lequel on fait périr les autres et soi-même. Avec comme traits d’union entre le voyou et le
terroriste, la haine et la violence.
C’est souvent de haine anti-occidentale qu’ils sont gavés. Paradoxalement, puisque tous, ils
ont d’abord essayé de jouir de ce que le consumérisme occidental leur offrait de plus facile
et de pire. Cela ne doit pas nous empêcher de nous interroger sur les causes de ce
ressentiment qui, fort heureusement, ne mène pas toujours au crime. Car ces causes, elles
ne sont pas seulement à Raqqa. Elles sont dans la société occidentale, dans son traitement
de la question sociale, dans son passif colonial, dans ses discriminations, dans son culte de
la force et son mépris du droit dans la résolution des conflits internationaux. Dans son
injustice arrogante. On pense évidemment au conflit israélo-palestinien. Pour comprendre, et
donc pour combattre, il faut peut-être commencer par se convaincre que les assassins
appartiennent bien à notre monde. A sa façon, Robert Antelme le disait, de retour des
camps : il est impossible de “sortir des hommes de l’espèce humaine”.
La Libre.Be - LUNDI 28 MARS 2016
La Belgique est inféodée depuis trop longtemps, fini le temps du politiquement
correct !
CONTRIBUTION EXTERNE Publié le dimanche 27 mars 2016 à 13h39 - Mis à jour le
dimanche 27 mars 2016 à 13h47
http://www.lalibre.be/debats/opinions/la-belgique-est-infeodee-depuis-trop-longtemps-fini-letemps-du-politiquement-correct-56f7af6035702a22d5c895ac
Une opinion de Latifa Aït-Baala, vice-présidente du MRI (Mouvement Réformateur
International).
C’est au nom de cette religion d’Amour et de Paix (Islam) que les attentats les plus
meurtriers qu’ait connus la Belgique ont été perpétrés ce 22 mars 2016. 28 personnes y ont
laissé la vie et 340 blessés sont à déplorer. Les victimes sont des quatre coins du monde et
l’on peut craindre un bilan encore plus lourd.
Voilà de nombreuses années que je craignais ces terribles instants. Le pire est arrivé et le
deuil national est installé pour trois jours en Belgique. Te voilà endeuillée par tes propres
enfants. Quelle trahison ! Tes enfants ont choisi d’abandonner leur mère nourricière pour
faire allégeance à un Etat qui n’existe que dans l’esprit de certains illuminés qui prônent un
califat sur fond de terreur.
L’Islam est peut-être Amour et Paix mais sa pratique à des fins politiques, l’islamisme, n’est
que triste démonstration de violence dans ce qu’elle a de plus immonde et d’inhumain. Les
guerres intestines ne suffisent plus, il faut s’exporter pour s’accaparer ce marché de l’Islam
en Occident, assouvir sa soif de pouvoir.
La Belgique est inféodée depuis de trop nombreuses années par des courants intégristes.
Elle va devoir se réveiller car l’ancrage est bien réel. Les soldats d’un Islam des ténèbres,
sont nés sur son territoire et y ont forgé leur identité. Une identité meurtrière sans foi, ni loi
construite sur un vide identitaire majeur exploité au profit de déviances communautaristes et
de l’islamisme radical.
Ils sont nés en démocratie et épousent pourtant l’obscurantisme.
Incompréhension totale !
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Les liens sont à retisser urgemment. L’abîme est immense mais ce travail est indispensable
pour juguler une dérive identitaire qui ronge progressivement les fondements de notre
société.
Les communautés musulmanes qui dans leur très grande majorité condamnent dans un
silence assourdissant les actes barbares de ce 22 mars 2016 vont devoir sortir de leur
mutisme. Elles ne peuvent continuer à se terrer au moment où le Pays a besoin que toutes
les forces soient à l’unisson dans la lutte contre le terrorisme et l’islamisme, au risque de
créer des suspicions et d’être mise au banc des complicités.
C’est une posture citoyenne émancipée de tout communautarisme qu’elles doivent adopter.
Telle est la condition sine qua non pour que vole en éclat cette stigmatisation sociale
culpabilisante que d’aucuns craignent. Cette même stigmatisation qui a trop longtemps servi
de voile à certains politiques pour assoir leur pouvoir.
Le temps du politiquement correct doit être révolu. La citoyenneté doit primer sur toute autre
considération.
L’urgence est à l’union, à l’unité et à l’unisson.
Restons dignes de nos engagements pour défendre nos libertés fondamentales. Ne
trahissons pas la mémoire des victimes.
La Libre.Be - LUNDI 28 MARS 2016
Terreur : des débats difficiles mais nécessaires
CONTRIBUTION EXTERNE Publié le dimanche 27 mars 2016 à 11h03 - Mis à jour le lundi
28 mars 2016 à 13h57
http://www.lalibre.be/debats/opinions/terreur-des-debats-difficiles-mais-necessaires56f79e0235708ea2d3f5a536
OPINIONS
Une opinion de Drieu Godefridi.
Meurtrie dans sa chair, désignée comme base arrière du djihadisme européen, la Belgique
doit aujourd'hui aborder des débats qui s'annoncent difficiles. J'en distingue trois :
am, co-auteur présumé des attentats de Paris, et la découverte concomitante d'armes de
guerre et de détonateurs dans au moins l'une de ses "caches", il devenait évident que de
nouveaux attentats se fomentaient — ce que le Procureur du Roi soulignait dans une
conférence de presse la veille des attentats.
Ainsi la réalité offrait-elle une figure en tous points conforme à cette question des techniques
d'interrogatoire que les théoriciens aiment considérer dans le confort de leur cabinet de
travail (leur "poêle", disait-on à l'époque de Descartes). Quels sont les moyens qui ont
effectivement été mis en œuvre pour faire parler M. Abdeslam, après son arrestation, le 18
mars ? Plus que probablement les policiers sont-ils restés dans les limites de la loi, qui
n'interdit pas seulement la torture, mais toute espèce de contrainte. Ces limites doivent être
reconsidérées. Disons-le : en pratique, elles le seront de toute façon. Ne vaut-il pas mieux un
débat clair et ouvert sur le sujet, plutôt que livrer les policiers à l'arbitraire de juges qui
viendraient ensuite leur chercher des noises ? Ce débat n'est pas sans évoquer celui sur
l'euthanasie, en 2002 : des méthodes clairement définies sont préférables à des pratiques en
marge de la légalité. Bien sûr, ce n'est pas le genre de débat qui permet des envolées
lyriques, il n'a rien d'agréable ni de sympathique. Il n'en est pas moins nécessaire et,
répétons-le, inévitable.
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2. Les mesures préventives. On lit beaucoup, ces jours-ci, que les forces de l'ordre belges
ne disposent pas de suffisamment de moyens. Absurde, quand on regarde le budget des
forces de l'ordre (hors armée) au niveau fédéral et local; c'est l'armée qui est sous-financée
mais elle n'intervient, à ce stade, que comme force d'appoint. Le problème n'est pas de
moyens. Il l'est d'autant moins qu'à supposer même que l'on double le financement de la
police, celle-ci serait incapable — elle ne le cache pas, et la limite est de bon sens — de
surveiller en permanence chacun des suspects d'une radicalisation éventuelle : c'est là une
tâche tout simplement impossible. La plus intrusive des surveillances de masse — Big
Brother ? —, à supposer même qu'elle soit souhaitable, n'y changerait rien.
Il faut comprendre que nous avons affaire, non seulement à des terroristes, mais à des
terroristes qui, pour la plupart, sont prêts à mourir. Lorsqu'ils décident de passer à l'acte, de
tels individus deviennent virtuellement inarrêtables et il est trop tard. Nous devrons, par
conséquent, affronter la question des mesures préventives qui sont à prendre à l'égard des
populations à risque. Lorsque l'Angleterre est entrée en guerre, Churchill a pris sans
barguiner des mesures de confinement à l'égard d'une minorité d'Allemands d'Angleterre
dont il était considéré qu'ils représentaient une menace objective pour la sécurité
publique; idem pour les Etats-Unis à l'égard d'une minorité de Japonais, après Pearl Harbor
(mesure décidée par le président démocrate Roosevelt). Des mesures contestées, et
contestables, particulièrement dans leur caractère massif aux Etats-Unis, mais néanmoins
validées a posteriori par la Cour suprême, et qui apparaissaient, à l'époque, comme le seul
moyen de se prémunir de menaces plus graves — sabotage et terrorisme — sur les sols
britanniques et américains.
Le pénible de ce débat est que de telles mesures frappent, par hypothèse, des
innocents, ie des individus qui n'ont pas commis d'actes directement répréhensibles aux
yeux de la loi. Dans la circonstance présente, la question se pose toutefois pour ceux qui,
dans leurs communautés respectives, ont déjàapporté un soutien, ne serait-ce que
logistique, aux terroristes. Ces personnes-là ne sont plus innocentes, elles sont complices au
regard de la loi pénale. On ne peut cependant pas toutes les emprisonner au sens strict, ni
attendre trois ans pour les juger. D'où la nécessité de mesures intermédiaires. Echoit à la
Belgique, qui connaît une situation objectivement plus dramatique que ses voisins
européens, la tâche ingrate d'initier cette délibération.
3. Et puis, il y a la question des structures institutionnelles belgo-belges. Le fédéralisme
n'est pas l'ennemi de l'efficacité exécutive, les Etats-Unis sont là pour le prouver. Toutefois,
le fédéralisme belge, ardemment voulu par les Flamands pour de légitimes motifs culturels,
et par des Wallons dans le domaine économique — avec un succès plus mitigé —, s'est
construit sans souci de l'efficacité régalienne. En témoigne, par exemple, le maintien des six
zones de police bruxelloise, cette aberration pratique que dénoncent aujourd'hui jusqu'aux
services de sécurité américains (Knack, 23/3). Les Belges, ce peuple formidablement
industrieux et productif, dont le travail est, au monde, le plus taxé — 60% de prélèvements
obligatoires —, sont en droit d'attendre un Etat qui assume ses fonctions régaliennes, sinon
avec excellence, du moins avec efficacité. Nous n'éviterons pas, de ce point de vue, des
initiatives institutionnelles novatrices, qui transcendent les particularismes locaux, fussent-ils
flamands. Là encore, nous n'aurons pas le choix, car nos voisins européens ne nous en
laisseront plus l'opportunité — à juste titre.
Méthodes d'interrogatoire, mesures préventives, rationalisation institutionnelle : voici trois
débats que les Belges, nolens volens, devront assumer. Il revient à des hommes et femmes
d'Etat de les prendre en charge.
La Libre.Be - LUNDI 28 MARS 2016
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"Pourquoi les musulmans ne descendent pas en masse dans la rue pour
condamner ?"
CONTRIBUTION EXTERNE Publié le mercredi 23 mars 2016 à 11h11 - Mis à jour le
mercredi 23 mars 2016 à 11h14
http://www.lalibre.be/debats/opinions/pourquoi-les-musulmans-ne-descendent-pas-enmasse-dans-la-rue-pour-condamner-56f268d435702a22d5a69224
OPINIONS
Un texte d'Ismaël Siadi, publié par l'auteur et réalisateur de cinéma, télévision et de théâtre,
sur sa page Facebook.
"Pourquoi les musulmans ne descendent pas en masse dans la rue pour condamner
?"
Parce que nous sommes en train de conduire les taxis qui ramènent gratuitement la
population chez elle depuis hier...
Parce que nous sommes en train de soigner les blessés dans les hôpitaux...
Parce que nous conduisons les ambulances qui filent comme des étoiles sur nos routes pour
essayer de sauver ce qu'il reste de vie en nous...
Parce que nous sommes à la réception des hôtels qui accueillent les badauds gratuitement
depuis hier...
Parce que nous conduisons les bus, les trams et les métros afin que la vie continue, même
blessée...
Parce que nous sommes toujours à la recherche des criminels sous notre habit de policier,
d'enquêteur, de magistrat...
Parce que nous pleurons nos disparus, aussi...
Parce que nous ne sommes pas plus épargnés...
Parce que nous sommes doublement, triplement meurtris...
Parce qu'une même croyance a engendré le bourreau et la victime...
Parce que nous sommes groggy, perdus et que nous essayons de comprendre...
Parce que nous avons passé la nuit sur le pas de notre porte à attendre un être qui ne
reviendra plus...
Parce que nous comptons nos morts...
Parce que nous sommes en deuil...
Le reste n'est que silence...
La Libre.Be - LUNDI 28 MARS 2016
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"Il est temps d'arrêter la complaisance aveugle envers la communauté
musulmane"
CONTRIBUTION EXTERNE Publié le vendredi 25 mars 2016 à 15h21 - Mis à jour le samedi
26 mars 2016 à 21h17
http://www.lalibre.be/debats/opinions/il-est-temps-d-arreter-la-complaisance-aveugle-enversla-communaute-musulmane-56f5496a35708ea2d3e794ce
OPINIONS
Une opinion de Jonathan Claes, un lecteur de La Libre Belgique, en réponse au texte
d'Ismaël Saïdi
Quand je lis l'article de Mr. Saïdi, je ne peux m'empêcher de penser que sous des abords de
bonne volonté, se cachent le même communautaro-centrisme et la même victimisation qui
sont les premiers arguments de défense que l'on voit poindre lorsque que l'on aborde la
passivité de la communauté musulmane face aux attentats terroristes d'origine islamiste.
C'est une réponse qui tend à vouloir clore le débat avant même qu'il n’ait pu prendre place.
«Notre communauté est la première touchée, les coupables de ces crimes ne sont pas de
vrais musulmans, l’Islam interdit la violence»: circulez, il n'y a rien à voir. Jusqu'au suivant.
Mr. Saïdi, lorsque vous citez très justement les nobles tâches entreprises par nos
concitoyens de religion musulmane lors des attentats, vous semblez vouloir y opposer les
belges d'autres obédiences. N'y avait-il pas de catholiques, de protestants, de juifs, de
bouddhistes, d’athées, d’agnostiques, que sais-je encore parmi les services d'ordre, les
pompiers, les ambulanciers, les militaires, les médecins, les conducteurs de taxi, de métro
ou de tram? Leurs actions ont-elles moins de valeur à vos yeux? Et pour poursuivre sur le
sujet premier de votre billet à savoir la révolte ou à tout le moins la remise en question, ces
actions emplies d'humanité et de solidarité empêchent-elles par la suite d'entreprendre une
réflexion approfondie sur la mauvaise interprétation qui mène beaucoup trop de croyants
musulmans à commettre de telles atrocités de par le monde? Ces bonnes actions
accomplies mardi après-midi empêchent-elles la communauté musulmane de se lever d'un
seul corps et de crier son opposition à de tels massacres?
Car si je constate de brèves et individuelles condamnations de représentants de la
communauté musulmane, je ne vois pas de grands rassemblements de masse passionnés
tels qu'on sait cette même communauté capable lorsqu'un dessinateur à le malheur de
caricaturer le prophète ou qu'un bulldozer israélien détruit une maison palestinienne. Encore
une fois, la vie d'un être humain a-t-elle moins de valeur lorsqu'elle fait partie d'une religion
ou d'une autre? Le mépris répété de la vie elle-même suscite-elle moins de passion qu'un
blasphème?
Car de par le monde, et depuis plusieurs décennies maintenant ces actes barbares se
répètent. Quel que soit le continent, la couleur de peau des victimes comme des
perpétrateurs, la langue utilisée pour prier, il n'existe qu'un seul point commun: la religion
des coupables et la justification communautariste qu'ils expriment.
À partir de combien d'attentats, de combien de morts et de blessés, de combien de familles
innocentes détruites, de combien de pays touchés et de combien de nationalités différentes
de terroristes se référant tous à la même idéologie va-t-on enfin oser admettre le fait que la
source de tous ces maux réside dans la religion islamique?
Les racines socio-économiques du mal?
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Ben Laden n'était pas seulement riche, il avait fait ses études dans les plus grandes
universités occidentales. Le terroriste qui a semé la mort sur une plage tunisienne était
étudiant à l'université. Abaaoud était le fils d’un commerçant prospère et était inscrit dans un
collège huppé de la capitale. Les frères Abdeslam possédaient un café, l'aîné travaille
encore pour sa commune. Les exemples se multiplient qui discréditent la thèse de la
pauvreté comme seule racine du mal.
Le racisme occidental comme matrice de la violence?
De nombreuses vagues de communautés et nationalités se sont succédées en Europe
depuis le 20ème siècle. Aucune ne réalise de fait un tel rejet envers la culture de sa société
d'accueil après 3 générations. Ce rejet se traduisant notamment par un taux de mariages
extra-confessionnels minimum, ou une surreprésentation dans les prisons comparativement
à la proportion globale de citoyens musulmans. Aucune n’exprime une telle volonté
d'imposer à l'organisation d'une société laïque des préceptes religieux éculés importés d'un
pays pourtant abandonné (hallal dans les écoles et les prisons, abattage rituel,
horaires/services différenciés pour les femmes musulmanes, voiles, burqas et autres
attributs communautaires dans les institutions publiques, prières de rue, pressions
conscientes ou inconscientes pour abandonner le nom de vacances, d'activités, de cours...).
Que n'avons-nous fait de compromissions, «d’accommodements raisonnables»? Quand
s’infléchira le poids de cette culpabilité qui pousse les sociétés occidentales a sans cesse
effacer leur histoire et leur culture de peur de ne pas se montrer assez ouvertes?
Un problème de cohabitation culturelle donc?
Les très riches monarchies moyen-orientales appliquant souverainement les principes
religieux islamiques font montre d'une violence ordinaire et d'une discrimination patente
envers les femmes, les homosexuels, ou les individus de confession différente. Combien de
lapidations, de décapitations ou de flagellations peuvent se justifier au Moyen-Orient par le
racisme occidental ou une situation socio-économique défavorable?
Les interventions occidentales au Moyen-Orient?
La majorité des terroristes qui ont sévi en France et en Belgique sont nés en Europe, parfois
même comme leurs parents avant eux et y ont vécu toute leur vie. Quelles victimes étaient
nées pendant la colonisation? Combien des victimes ont participé ou soutenu une
quelconque action en Irak ou en Afghanistan? Combien de cibles étaient strictement
militaires? Comment peut-on haïr à ce point un pays dans lequel on a toujours vécu et qui
offre à tout le moins une liberté au culte qu'eux-mêmes ne rêvent que d'imposer à des
milliers de kilomètres de là.
Les autres confessions ont-elles aussi engendré des criminels?
Assurément, des monstres sont nés au sein de nos cultures occidentales! Mais ces
criminels, leurs forfaits aussi abjects soient-ils sont des individus isolés qui ne se
revendiquent pas d'une même idéologie mortifère, qui ne partagent pas la même volonté
d’imposer au monde un mode de vie décrit il y a plus de 1400 ans. Tous ne tuent pas
aveuglément et indifféremment au non d'une seule et même religion, d'un seul et même livre
sacré, du même prophète. Nous sommes en 2016, la religion catholique a su battre sa
coulpe de ses crimes passés depuis bien longtemps.
Et puisque la communauté musulmane ne peut souffrir qu'une personne étrangère à sa
culture et à sa religion ne mette en cause ses modes de croyances (sous peine d’être très
vite publiquement catalogué de raciste, d’extrémiste, de xénophobe ou discrédité pour son
manque de connaissance de cette culture), il n'appartient qu'à elle de se révolter, de faire sa
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révolution, de renier les extrémistes. Il est temps d’arrêter la complaisance aveugle, le
détournement de regard hypocrite, l'entraide communautaire au-delà des lois. Mais la
communauté musulmane en possède-t-elle seulement la capacité, et plus important encore,
en a-t-elle la volonté? Que n'entend-on au lendemain de chaque attentat? Ces terroristes ne
sont pas de vrais musulmans, l'Islam interdit la violence. Circulez, il n'y a rien à voir. La
première étape pour la résolution d'un problème est pourtant sa reconnaissance...
Je citerai Edmund Burke: «La seule chose nécessaire au triomphe du mal, est l’inaction des
hommes de bonne volonté». L’histoire nous a tragiquement démontré à de nombreuses
reprises que lorsqu’une partie d’une communauté verse dans l’extrémisme violent, la
majorité silencieuse et passive est irrelevante.
Il me faut à présent vous avouer que j'écris ces lignes sous le coup de la colère et de la peur.
L'une et l'autre sont très mauvaises conseillères, j’en conviens et vous le concède. Mais le
problème que je décris n'est pas neuf, et ce n’est pas ce qui contribue le plus à mon état
d'indignation et de frustration actuel. Je suis d'ordinaire une personne d'action, lorsqu'un
problème surgit, je ne l'ignore pas, je ne le laisse pas pourrir, je ne m'apitoie pas sur mon
sort: je l'analyse et je tente de le résoudre au mieux de mes capacités et à mon humble
niveau. Dans le cas présent, j'ai l'impression que les citoyens non-musulmans sont muselés
et stigmatisés s'ils osent vouloir promouvoir un débat sur le rôle de l'Islam dans nos sociétés,
et que la communauté musulmane qui seule détient les clefs d'une solution pacifique et
pérenne se refuse de reconnaître le moindre problème. Quel monde vais-je pouvoir laisser à
mon fils...
P.S. : Bien que de nationalité belge, je suis fils et petit-fils d'immigrés et mon fils est métis.
J'ai travaillé dans 3 pays différents et j'ai voyagé épisodiquement de par le monde avec mon
sac à dos pendant plus de 10 ans. Mes tribulations sur les 5 continents au contact et à la
recherche d'autres cultures m'ont notamment mené en Malaisie, en Indonésie, en Palestine,
en Jordanie et en Égypte. Je n'écris pas cela pour donner du poids à mes propos, mais au
contraire afin d'éviter que mon commentaire soit discrédité pour des raisons fallacieuses. J'ai
trop vu ces derniers temps d'articles voués à l'opprobre dû aux critiques sur la nature de
leurs auteurs dont le seul crime était de ne pas posséder de «légitimité» pour aborder ce
sujet. Comme si la réponse à 1+1 étant 2 se trouvait plus ou moins correcte voire même
pouvait s’en trouver odieuse selon la nature de la personne qui répond...
La Libre.Be - LUNDI 28 MARS 2016
La laïcité, entre rejet et tolérance
CONTRIBUTION EXTERNE Publié le lundi 21 mars 2016 à 15h45 - Mis à jour le lundi 21
mars 2016 à 15h47
http://www.lalibre.be/debats/opinions/la-laicite-entre-rejet-et-tolerance56eec0c935708ea2d3bda629
OPINIONS
Une opinion de Francis Delpérée, Membre de la Chambre des représentants et
professeur émérite de l'Université catholique de Louvain.
Pas plus que la religion, la laïcité n’a intérêt à devenir l’arme d’un combat politique,
dans tous les sens du terme. "Liberté en tout et pour tous" : cette maxime reste
d’actualité dans le domaine des opinions, des croyances et des convictions.
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L’on me dit parfois : "Soyez neutre." Mais comment le serais-je ? Je suis attaché à des
valeurs. Je cherche à les partager avec d’autres, sur le terrain politique, économique, social
ou culturel. Je défends une langue, une génération, une région et je fais valoir, là où je puis
être utile, mon point de vue. J’appartiens par toutes les fibres de mon corps à Louvain et
j’essaie de représenter dignement mon Université en Belgique et à l’étranger. Je me
préoccupe de l’union des Etats européens et je combats ceux qui préconisent un repli frileux.
Je ne m’en cache pas. Je suis engagé. Pas enragé.
Définitions
La neutralité s’impose à l’autorité publique et à ses agents. "Les Belges sont égaux devant la
loi", dit la Constitution. Il ne convient pas que le citoyen puisse douter de l’impartialité de
ceux qui assument les responsabilités de la puissance publique.
Cette règle est imposée par la Constitution à ceux qui dispensent un enseignement organisé
par une Communauté. Elle l’est par la loi ou les règlements aux fonctionnaires et aux
magistrats. Le Conseil d’Etat va jusqu’à dire qu’il s’agit là d’un "principe constitutionnel".
La laïcité, c’est autre chose. Le terme apparaît dans la langue française aux environs de
1870. C’est un produit de la tradition thomiste, réécrit par les Lumières. La laïcité se réfère à
un système binaire qu’inspire la formule de Matthieu. D’une part, il doit être permis
de "rendre à Dieu ce qui est à Dieu", c’est-à-dire de pratiquer la religion de son choix ou de
n’adhérer à aucune d’elles. D’autre part, il faut "rendre à César ce qui est à César", ce qui
signifie respecter les autorités de l’Etat, remplir les devoirs que celui-ci impose et utiliser les
droits et libertés qu’il consacre.
L’indépendance réciproque peut être entendue de manière rigide. Elle prohibe la
reconnaissance et le financement des cultes (tel est l’un des objets de la loi française de
1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat). Elle peut aussi être conçue de façon plus
souple. Elle reconnaît certains cultes, elle apprécie le rôle spirituel et social qu’ils assument,
elle assure un traitement et une pension à leurs ministres. Des pratiques en marge des
textes peuvent aussi voir le jour. Ici comme ailleurs.
Une anecdote
En octobre 2009, l’Eglise catholique procède, à la basilique Saint-Pierre, à la canonisation de
plusieurs saints. Le père Damien figure parmi eux. Au-delà de l’hommage rendu à l’homme
de Molokai, l’événement romain honore la Belgique et les Belges. Les autorités nationales se
montrent pourtant plus catholiques que le pape, c’est le cas de le dire. Elles s’interrogent.
Faut-il envoyer une représentation à la cérémonie ou l’ambassadeur de Belgique auprès du
Saint-Siège remplira-t-il cet office ? Après de longues palabres, un compromis voit le jour.
Une liste restreinte est établie. Seuls le roi Albert II et sa femme (en mantille blanche),
quelques ministres, dont Yves Leterme et Joëlle Milquet (en mantille noire) et des
parlementaires triés sur le volet rejoindront Rome.
La délégation belge dont je fais partie s’installe aux premiers rangs à droite dans la basilique.
Quelques minutes plus tard, une imposante délégation française, avec à sa tête le Premier
ministre François Fillon mais aussi des mandataires nationaux et des élus locaux, investit
bruyamment les lieux; elle s’installe du côté gauche. La République laïque avait été moins
regardante que notre petit Royaume sur l’ampleur du déplacement. Il est vrai qu’au cours du
même office, Jeanne Jugan, la fondatrice des Petites Sœurs des pauvres, était aussi
canonisée.
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Au pied de la colonnade du Bernin, je me prends à philosopher. Les dirigeants d’un pays
peuvent accepter, fût-ce par courtoisie ou diplomatie, des arrangements raisonnables. Il n’y
a pas lieu d’en rougir.
Quand la laïcité devient une opinion
La laïcité philosophique, à la mode thomiste, est émancipatrice. Elle libère d’allégeances ou
d’intrusions indues. Elle est porteuse de citoyenneté.
La laïcité institutionnelle, telle qu’elle est déjà consacrée dans la Constitution - pour ceux qui
prennent la peine de la lire et de l’interpréter -, est bienvenue.
La laïcité militante - "ecclésialisée", selon le mot de Claude Javeau, dès l’instant où elle aussi
est reconnue et financée par l’Etat - est respectable. Mais je n’en partage ni le vocabulaire,
ni les convictions.
Dans un colloque au Sénat, le 23 février dernier, Werner de Saeger a considéré en termes
choisis que l’enseignement libre n’était rien d’autre que "putride" et qu’il y avait lieu de s’en
débarrasser au plus vite. Même solution du tout-à-l’égout pour le financement des cultes.
Mes collègues parlementaires (qui ne sont pas des enfants de chœur) en sont restés
pantois. La brutalité avait le mérite de la franchise. Et de la clarté.
C’est dommage mais c’est ainsi. Pour certains, la laïcité n’est pas la tolérance religieuse.
Elle devient une opinion. Celle-ci se donne pour objet de rejeter les autres opinions ainsi que
leurs pratiques dans l’anonymat des consciences.
Moi, j’ai fait les deux et même les trois écoles. La communale à Liège, l’athénée "royal" à
Saint-Gilles, la catholique à Saint-Louis et à Louvain. J’y ai, chaque fois, appris la tolérance.
Je me suis efforcé et je m’efforce encore de la pratiquer. Ceci m’incite à écrire que, pas plus
que la religion, la laïcité n’a intérêt à devenir l’arme d’un combat politique, dans tous les sens
du terme.
N’est-il pas temps de rappeler que notre société politique est née au cri de "Liberté, liberté
en tout et pour tous" ? La maxime reste d’actualité dans le domaine des opinions, des
croyances et des convictions.
La Revue générale publie le présent texte, sous forme d’éditorial, dans son numéro de marsavril.
FRANCE 24. À Sidi Moumen, au Maroc, l’art et la culture pour combattre l’intégrisme
http://www.france24.com/fr/20160402-etoiles-sidi-moumen-maroc-art-culture-combattreintegrisme-NabilAyouch/?ns_campaign=nl_quot_fr&ns_source=NLQ_20160403&ns_mchannel=email_marke
ting&ns_fee=0&ns_linkname=20160402_etoiles_sidi_moumen_maroc_art_culture&f24_mem
ber_id=1026180894835
Texte par Claire DERVILLE
Dernière modification : 03/04/2016
Convaincus que l’art peut changer des vies, deux artistes ont ouvert un centre dédié aux
enfants dans un quartier défavorisé de Casablanca. L’objectif ? Leur permettre de s’exprimer
et s’émanciper. Reportage en clair-obscur, entre espoir et réalité.
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Leïla, la maman de Sifedine, 14 ans, considère qu’elle a "une chance folle" : de la fenêtre de
sa modeste cuisine, elle bénéficie d’une vue plongeante sur les "Étoiles de Sidi Moumen".
C’est là, dans ce centre culturel d'un quartier très défavorisé de Casablanca, que son fils, à
la faveur de cours de musique et de solfège, a révélé un talent prodigieux pour la
percussion. Quand il n’est pas à l’école, il y passe le plus clair de son temps, sans pour
autant échapper à l’œil de sa mère. "D’ici, je peux surveiller ses allées et venues", se réjouit
cette dernière en pointant du doigt le bâtiment blanc qui luit au soleil, de l’autre côté du
boulevard. Et si les frais d’inscription mensuels de 50 dirhams (4,50 euros) sont "très chers"
à l’échelle de son foyer, Leïla n’a pas hésité. "C’est un moyen d’éviter qu’il tombe dans de
mauvaises mains, car il y a beaucoup de violence et d’agressivité dans le quartier."
Le choc du 16 mai 2003
Sidi Moumen jouit en effet d’une triste réputation au Maroc. Le nom de cet arrondissement
périphérique de l’est de Casablanca, qui compte 500 000 habitants sur 47 km2, restera pour
toujours lié aux attentats du 16 mai 2003, que les Marocains considèrent comme leur 11Septembre.
Ce soir-là, une série d’attaques-suicides perpétrées quasi-simultanément dans cinq lieux
distincts de Casablanca ont fait 41 morts et une centaine de blessés. Sur les 15 kamikazes
qui se firent exploser, douze provenaient de Sidi Moumen. À l’époque, le quartier, fruit d’une
urbanisation galopante et anarchique, était essentiellement composé de bidonvilles. En état
de choc, le royaume chérifien prit alors conscience qu’il avait laissé prospérer, dans le lit de
la misère, du chômage et de l’exclusion, le fléau du fanatisme.
L’histoire de cette dérive, ou comment des gamins se sont transformés en bombes
humaines, a inspiré à l’écrivain et peintre marocain Mahi Binebine un livre paru en 2010 sous
le titre "Les Étoiles de Sidi Moumen". Peu après, le roman a été adapté au cinéma par le
Franco-Marocain Nabil Ayouch dans le film "Les Chevaux de Dieu".
"Donner aux jeunes la possibilité de s’exprimer"
À l’occasion des dix ans des attentats, le 16 mai 2013, les deux artistes ont eu l’idée
d’organiser une projection du film à l’attention des enfants de Sidi Moumen. La préfecture
leur mit à disposition un bâtiment, vide à l’époque – celui-là même qui luit aujourd’hui sous
les fenêtres de Leïla. "L’événement a eu un succès incroyable, se souvient Nabil Ayouch.
Alors, avec Mahi, on s’est dit : 'Pourquoi ne pas créer une structure pérenne ?'"
En octobre 2014, une vente aux enchères, un appel aux dons et quelques bons coups de
peinture plus tard, le centre "Les Étoiles de Sidi Moumen" ouvrait officiellement ses portes.
Son but ? "Dénicher des talents. Déghettoïser le quartier. Cultiver la mixité. Offrir aux enfants
de la transmission, du savoir, du lien. Et leur donner la possibilité de s’exprimer", avance
Nabil Ayouch.
Financé par diverses institutions, dont la Fondation BNP Paribas et son antenne marocaine
(la Fondation BMCI) dans le cadre du programme international de solidarité Dream Up, le
centre recense aujourd’hui 430 inscrits de 5 ans et plus, qui suivent des cours de musique,
solfège, danse, théâtre, arts plastiques, anglais, français et informatique. Il dispose
également d’une salle de spectacle pouvant accueillir jusqu’à 200 personnes, d’une
cafétéria, d’une médiathèque et de salles mises à la disposition des associations et des
talents du quartier pour se réunir ou répéter.
Des portes toujours ouvertes
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Ce qui frappe, quand on aborde le centre, ce sont ses portes qui restent grandes ouvertes
de 9 h à 21 h. Des grappes d’enfants joyeux les traversent sans discontinuer. Parmi les
incontournables, il y a Yacine, 14 ans, que son prof de piano appelle "mon petit Beethoven" ;
Hasna, 14 ans elle aussi, qui a dû faire une grève de la faim d’une semaine pour convaincre
son père de la laisser prendre des cours de danse ; et bien sûr Sifeddine, toujours flanqué
de Rachid, son professeur de percussions en blouson de cuir, dreadlocks et casquette de
hip-hop.
Juste derrière, à une trentaine de mètres, la mosquée attire une foule d’un autre genre, mais
la cohabitation est pacifique, assure Sophia Akhmisse, la directrice du centre. "Nous ne
faisons pas de contrôles à l’entrée, nous ne demandons pas de carte de membre. La
médiathèque et la cafétéria sont ouvertes à tous. Nous voulons cultiver un esprit
d’ouverture", affirme cette ancienne journaliste reconvertie dans l’associatif.
Concerts, projections de films, lectures de contes, master class avec des danseurs ou des
musiciens de renom, en passant par des spectacles "maison" permettant aux élèves de
valoriser ce qu’ils ont appris… L’agenda du centre est bien rempli. "Nous essayons de placer
les jeunes dans un processus de rencontres, de dialogue et d’émancipation personnelle.
C’est le meilleur rempart contre les dérives", explique Sophie Akhmisse.
Étape par étape, la métamorphose d’un quartier
Les efforts déployés par le centre s’inscrivent dans une politique plus globale de
désenclavement du quartier entamée il y a une dizaine d’année. "Au Maroc, et plus
précisément à Casablanca, les attentats du 16 mai 2003 ont réveillé les consciences. Les
gens ont été choqués de savoir que 12 des 15 kamikazes provenaient de Sidi Moumen. La
mairie a donc entrepris de gros efforts pour y combattre la rupture sociale", explique Hassan
Barroud, président de la commune de Sidi Moumen.
D’abord, il y a le tram. Construit par Alstom et mis en service en décembre 2012, ce bijou de
technologie, composé d’une ligne de 31 km desservant 48 stations, permet de relier Sidi
Moumen à la corniche de Casablanca en moins d’une heure. "C’est notre fil de vie ! Il a fait
plus que n’importe quoi d’autre pour désenclaver Sidi Moumen", estime Saïd Elkaoukaji, 54
ans, professeur d’anglais au centre des Étoiles. "Avant, la plupart des habitants de Sidi
Moumen ne mettaient jamais les pieds en centre-ville, renchérit Sophia Akhmisse. De même,
les habitants du centre-ville ne venaient jamais ici car ce quartier a une mauvaise image.
Mais le tram est en train de faire bouger les lignes."
Côté logements, d’énormes travaux ont été entrepris depuis 2007 dans le cadre du
programme national Ville sans bidonvilles (VSB) mis en place au Maroc. "À Sidi Moumen,
trois grosses zones de bidonvilles représentant 70 % de notre programme ont été rasées et
leurs habitants relogés dans de l’habitat salubre, détaille Hassan Barroud. Il ne reste plus
qu’une zone de 30 000 habitants à réurbaniser."
Côté culturel et social, la commune se targue d’avoir développé de nombreux partenariats
avec des associations locales pour créer une dynamique au sein de la société civile.
Terrains de sports, bibliothèques et centres d’alphabétisation se sont multipliés, même si
l’offre reste très inférieure aux besoins.
Enfin, côté religieux, la menace intégriste est prise au sérieux. Après les attentats de 2003,
un millier d’individus suspects ont été mis sous les verrous et les autorités exercent
aujourd’hui un contrôle rigoureux sur ce qui se dit dans les mosquées.
Océan de béton et de solitude
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Résultat : le Sidi Moumen d’aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec celui dans lequel
les kamikazes de 2003 ont grandi, assurent de concert les habitants comme les autorités, et
son image de quartier maudit est en train de s’estomper. Mais tous les problèmes sont loin
d’être réglés.
Chômage, pauvreté, analphabétisme, intégrisme… S’il s’est débarrassé de ses bidonvilles et
de ses prêcheurs radicaux, les stigmates subsistent. Un petit tour en voiture dans Sidi
Moumen suffit à s’en convaincre. Le long des routes nouvellement tracées, des barres
d’immeubles entrecoupées de terrains vagues jonchés d’ordures s’étendent à perte de vue.
Océan de béton et de solitude. Parfois, la silhouette d’une femme intégralement voilée ou
d’un homme barbu se découpe, faisant pester Saïd, qui s’est improvisé guide : "Regardezmoi ça, ils sont partout, ces intégristes !". Ça et là, les restes de bidonvilles ayant subsisté
semblent presque chaleureux dans ce paysage de cité-dortoir déshumanisé, qui fait
tristement penser à certaines banlieues françaises.
Le parallèle avec Sarcelles
Nabil Ayouch a grandi à Sarcelles, alors il connaît bien le phénomène de cassure du lien
social qui touche les grands ensembles urbains. "L’État marocain est à côté de ses pompes,
affirme-t-il, car c’est très bien de détruire les bidonvilles horizontaux, mais si c’est pour les
remplacer par des bidonvilles verticaux sans faire d’efforts sur le plan social, éducatif et
culturel, à quoi bon ?" Un scepticisme partagé par Saïd Elkaoukaji : "Le Maroc a fait un
énorme bond en avant sur le plan des infrastructures, mais sur le plan intellectuel, il est
devenu plus conservateur qu’il y a 20 ou 30 ans, et cela m’inquiète beaucoup".
Au centre des Étoiles de Sidi Moumen, l’expérience de Safaa, la fille aînée de Leïla, a été de
courte durée. L’année dernière, la jeune fille de 18 ans avait démarré des cours de théâtre
au centre, mais elle a dû se désinscrire quelques mois plus tard et se mettre à travailler dans
une usine de textile pour aider sa famille à payer la traite de l’appartement. Quand on
demande si ça lui plaît, Safaa répond : "Un chouïa". En attendant, son petit frère Sifeddine,
lui, a des rêves plein la tête. Plus tard, il aimerait devenir "percussionniste international, pour
être fameux". L’histoire ne dit pas encore s’il y arrivera, mais il veut croire en sa bonne étoile.
Contrepoints (France)
D’où sortent les djihadistes ?
Publié le 2 avril 2016 dans Sujets de société
L’éradication de la terreur passe par une réflexion à long terme sur les sources peu
théologiques du néo-djihadisme.
Par Guy Sorman.
http://www.contrepoints.org/2016/04/02/245260-dou-sortent-les-djihadistes
À la prolifération des attentats perpétrés par des djihadistes autoproclamés, s’ajoute la
confusion dans l’analyse : la plupart des Européens ignorent la complexité des mondes
musulmans. On ne saurait nous le reprocher quand on se souvient que les Américains partis
à la conquête de l’Irak en 2003, font à peine la distinction entre le Chiisme et le Sunnisme. Et
encore ne s’agit-il là que d’une fracture en Islam, qui est infiniment divers. Si l’on devait
comparer avec le monde chrétien, il ressemble plus, dans son absence d’organisation, au
protestantisme qu’au catholicisme. L’islam n’a pas de chef spirituel en dehors du Chiisme qui
est un héritage de l’Empire Perse autant que de Mahomet.
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Évoquer l’islam en général n’a pas de sens et comme l’écrit Jacques Berque, traducteur du
Coran en français : « L’islam est ce que les musulmans en font ». Chaque musulman qui se
reconnaît comme tel entretient une relation directe avec Dieu par l’intermédiaire du Coran ; il
en existe donc autant d’interprétations, car le livre est complexe, que de fidèles. Ceux-ci sont
imprégnés, évidemment, par les cultures locales, leur histoire, voire leurs pratiques
antérieures à la révélation prophétique.
Il se trouve aussi que pour certain musulmans, l’islam est vécu comme une civilisation, plus
qu’une religion : nombreux sont les intellectuels turcs qui se déclarent de civilisation
islamique et athées. Un récent sondage Gallup International (2012) nous apprend que
l’athéisme est avoué dans des pays que l’on imagine confits en dévotion comme l’Arabie
Saoudite, l’Afghanistan et l’Égypte. L’athéisme n’est pas le propre du monde chrétien, le
christianisme étant lui aussi une civilisation et une religion. Pour qui connaît Le Caire, Dakar,
Djakarta ou même Djedda, les mosquées le vendredi sont plus fréquentées que ne le sont
les églises en Europe mais les grands magasins et restaurants le sont tout autant.
L’urbanisation et la modernité tendent à désagréger la foi dans les mondes musulmans
autant qu’en Occident. Mais la diversité, me semble-t-il, est avant tout culturelle. Un célèbre
prédicateur indonésien – L’Indonésie étant le plus grand pays musulman – Abdurrahman
Wahid, plus connu sous le nom de Gus Dur (1940-2009), qui séduisait les foules en
racontant des histoires salaces, m’avait dit : « Pauvres Arabes ! Ils vivent dans la nostalgie
du passé, de leur Âge d’Or lorsqu’ils dominaient en Occident et n’aspirent qu’à y retourner
en regardant dans le rétroviseur. Tandis que nous, Indonésiens, le passé était misérable et
païen : nous regardons devant nous ». Tous les Arabes n’approuveront pas, mais le partage
entre l’islam arabe et non arabe est essentiel. La version sunnite la plus absolutiste, coïncide
avec le peuple arabe et l’aire de sa conquête.
À l’est de l’Indus où les Arabes ne sont pas parvenus, l’islam s’est diffusé non par les armes
mais par des prédicateurs et des marchands, fusionnant souvent avec les pratiques locales.
Le soufisme, un islam mystique et intériorisé, accompagné de chants et de danses, tel est
l’islam dominant en Inde ou au Bangladesh et que l’on connaît peu, vu d’Europe. Ces
Musulmans d’Asie ne manquent pas, comme Gus Dur, d’ironiser sur les pratiques radicales
venues du monde arabe. Le poète Kabir qui vécut à Bénarès au XVe siècle est l’auteur
d’une strophe fameuse « Muezzin, pourquoi cries-tu si fort à l’heure de la prière ? Crois-tu
que Dieu est sourd ? » Ce qui vaut pour l’islam en Asie, s’applique aussi à l’Afrique, au sud
du Sahara. Plus on s’éloigne de la zone d’influence arabe, plus l’islam se métisse avec des
rites locaux. Le propos de Gus Dur éclaire combien les djihadistes poseurs de bombes, sont
Arabes autant que musulmans et que, de fait, toutes leurs références empruntent un passé
largement imaginaire. Ce n’est donc pas dans le Coran qu’il convient de chercher une
explication à la violence néo-Djihadiste mais dans la société contemporaine qui a produit ces
fous de Dieu. La colonisation du monde arabe par l’occident, le despotisme des régimes qui
lui ont succédé, l’échec économique, en dehors de la manne pétrolière, et pour les immigrés,
l’échec de leur intégration en Europe, constituent les conditions objectives du radicalisme
islamique.
Pour contenir ce radicalisme qui tue beaucoup plus de musulmans soi-disant apostats que
d’occidentaux, il convient de ne pas diaboliser l’islam en soi ce qui ne veut rien dire, mais de
le connaître mieux. Il convient ensuite de s’interroger sur le terreau social de ce radicalisme :
l’Occident n’a-t-il pas cessé de se tromper, en accueillant une immigration de masse sans
par la suite l’éduquer ni l’intégrer, et en soutenant dans le monde arabe le despotisme plutôt
que les démocraties ? L’éradication de la terreur passe par des mesures policières
immédiates mais aussi par une réflexion à long terme sur les sources objectives et peu
théologiques de ce néo-djihadisme.
sciencesetavenir
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Khaled Asaad, archéologue et martyr de Palmyre
Par Bernadette Arnaud
http://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/20150831.OBS5019/khaled-asaadle-martyr-de-palmyre.html?cm_mmc=EMV-_-SEA-_-20160329_NLSEAACTU-_-#xtor=EPR1-[SEAActu17h]-20160329
Voir tous ses articles
Publié le 31-08-2015 à 20h00Mis à jour le 29-03-2016 à 14h29
En août 2015, l'archéologue français Jean-Baptiste Yon avait rendu hommage à
l’ancien directeur du Département des Antiquités du site archéologique de Palmyre,
en Syrie, assassiné à la mi-août 2015 par Daech. Nous republions ce témoignage alors
que Palmyre est libérée.
Khaled Asaad (ou Khaled al-Assaad), 83 ans, l’ancien directeur du Département des
Antiquités et des musées de Palmyre. ©AP/SIPAKhaled Asaad (ou Khaled al-Assaad), 83
ans, l’ancien directeur du Département des Antiquités et des musées de Palmyre. ©AP/SIPA
Dimanche 27 mars 2016 : Palmyre est libérée
TÉMOIGNAGE. Jean-Baptiste Yon est archéologue et épigraphiste français du laboratoire
HISoMA (Histoire des Mondes Antiques) de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée à
l’université Lyon 2, a longtemps travaillé à Palmyre, le spectaculaire site gréco-romain situé
à l’est de la Syrie. En août 2015, pour Sciences et Avenir, il revenait sur l’assassinat par
Daech (EI), le 18 août 2015 dans des conditions atroces, de Khaled Asaad (ou Khaled alAssaad), 83 ans, l’ancien directeur du Département des Antiquités et des musées de
Palmyre, ainsi que sur les destructions des temples antiques et le trafic d’antiquités. Des
crimes de guerre une nouvelle fois dénoncés par la directrice de l’Unesco, Irina Bokova.
Sciences et Avenir : Khaled Asaad dirigeait les antiquités de Palmyre depuis 1963. Enlevé et
retenu captif par des militants de Daech (EI) pendant un mois, il a été assassiné en public à
Palmyre le 18 août. Pendant plusieurs années vous aviez travaillé avec lui. Dans quelles
conditions l’aviez-vous connu ?
Jean-Baptiste Yon : Nous nous étions rencontrés en 1996, alors que je me trouvais en Syrie
dans le cadre de ma thèse de doctorat qui portait sur la société de Palmyre aux premiers
siècles de notre ère. Khaled Asaad m’avait tout de suite aidé à retrouver les inscriptions
grecques et latines gravées sur les pierres de la cité antique. Puis, nous avons collaboré
jusqu’en 2003, année où il a pris sa retraite. Ensuite, nous nous sommes revus
régulièrement car il continuait à venir fréquemment au musée de Palmyre. Le dernier article
que nous avons cosigné date de 2012.
Aviez-vous récemment eu de ses nouvelles?
Je me suis rendu en Syrie jusqu’en 2010, date à partir de laquelle il ne nous a plus été
possible de nous rendre sur place. Mes contacts les plus récents l’étaient surtout avec le fils
de Khaled Asaad. Walid Asaad avait en effet succédé à son père à la tête des Antiquités de
Palmyre. En raison de la situation en Syrie, les derniers échanges étaient plutôt brefs. Nous
n’entrions pas dans les détails pour des raisons de sécurité.
Que savez-vous de ce qui s’est passé sur place et comment l’avez-vous appris ?
J’ai tout d’abord été alerté de la disparition de Khaled Asaad par un rapide appel
téléphonique d’un collègue norvégien. Mais ce n’est que le lendemain matin, que j’ai su dans
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quelles conditions abominables il avait perdu la vie [NDLR : Khaled Asaad a été décapité,
puis son corps exposé en public]. De la même façon, j’ai appris que son fils avait réussi à
quitter la ville. Il faut savoir qu’il est quasi impossible aujourd’hui d’obtenir des informations
sur place. Les conditions de vie des habitants de Palmyre sont très difficiles, et l’on ne peut
communiquer directement. Il n’y a pratiquement pas d’électricité, de téléphone et a fortiori
d’Internet. Pour donner des nouvelles -ce qui n’est pas sans risque - il faut sortir de la ville et
se rendre dans certaines localités.
Pourquoi s’être attaqué à Khaled Asaad ?
Tout d’abord, Khaled Asaad était une figure emblématique de Palmyre et des Antiquités
syriennes. Mais il appartenait aussi à une très grande famille locale. Comme beaucoup de
responsables syriens qui ont fait carrière, aux yeux des islamistes de Daech, il avait surtout
des liens avec le régime de Damas. [NDRL : une pancarte manuscrite liée au corps de la
victime l’accusait d'être fidèle au parti Baas, le régime du gouvernement alaouite de Bashar
Al Assad]. Ce crime est une façon de mettre en garde quiconque contre toute éventuelle
résistance à Palmyre.
Khaled Asaad, avait passé des décennies à étudier les trésors archéologiques de Palmyre.
Selon plusieurs témoignages, Il aurait été tué pour avoir refusé de dire où avaient été mises
à l’abri les statues de la cité. Pourriez-vous nous dire de quelles antiquités il s’agissait ?
Depuis les années 1930, beaucoup de découvertes archéologiques ont eu lieu à Palmyre.
Aussi un important musée avait-il été érigé sur place. D’autre part, ces dernières années,
plusieurs tombes comportant de très nombreuses sculptures avaient été mises au jour
autour de la cité antique. Avec en particulier l’exhumation de magnifiques bustes funéraires.
Outre les objets exposés dans le musée et ceux conservés dans les réserves, ce sont toutes
ces œuvres qui ont été mises à l’abri. Des milliers d’objets et de sculptures de toutes tailles
qu’il a fallu absolument sauver. Et cette évacuation s’est faite jusqu’aux dernières heures qui
ont précédé la chute de la ville et l’arrivée de Daech le 20 mai 2015.
Quelques jours à peine après cet assassinat, Daech a dynamité le temple de Ballshamin, un
sanctuaire du 1er siècle de notre ère et dimanche 30 août, celui de Bel. Pourquoi Daech
cible-t-il autant le patrimoine ?
La communication de ce groupe est très forte. Il ne faut pas non plus oublier qu’il s’adresse
aussi à la population locale… De ce qui m’est rapporté sur place, l’argument donné aux
Palmyréniens par Daech est le suivant : "Lorsque l’armée gouvernementale bombarde un
lieu et qu’il y a 100 morts, cela n’intéresse personne. Alors qu’il nous suffit à nous de faire
sauter une statue pour avoir tous les grands titres des journaux".
En même temps, Daech semble aussi s’enrichir grâce aux antiquités. Aux Etats-Unis, le FBI
vient d’ailleurs de lancer une mise en garde destinée aux acheteurs potentiels. Que savezvous du trafic qui aurait actuellement lieu dans la région?
Il est extrêmement difficile de savoir ce qui se passe réellement. Même si beaucoup de
choses sont dites. Parmi nos sources privilégiées figurent entre autres les alertes du
ministère syrien des Antiquités. On sait par exemple qu’un certain nombre d’objets ont été
retrouvés au Liban. La frontière turque est très poreuse aussi. Mais il faut savoir également
qu’après 2010 et avant même l’arrivée de daech, des vols de pièces archéologiques avaient
déjà été signalées à Palmyre alors sous contrôle des forces du régime. Bien sûr, celles-ci
sont sans commune mesure en terme de volume avec le trafic et l’ampleur des pillages
actuels dont on sait qu’ils fournissent un soutien financier à l’organisation terroriste*. Je suis
atterré par tout ce qui se passe. J’espérais que Khaled Asaad avait quitté la ville. Il a pris
d’énormes risques en demeurant sur place. Des risques dont il était parfaitement conscient.
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Tout cela est très douloureux.
* Selon Matthew Levitt, expert auprès du Washington Institute, qui analyse depuis plusieurs
années les financements des groupes terroristes au Proche-Orient, le trafic d’antiquités
pourrait devenir la deuxième source de revenus de ces groupes (ceux provenant du pétrole
étant en baisse en raison des frappes aériennes de la coalition). Les Antiquités en
provenance de Syrie auraient d’ailleurs fait une apparition croissante sur le marché des
antiquités à Londres.
A voir :
Plus de 2000 photos de la Mission Archéologique Française à Palmyre de 1901 à 1939, sont
aussi disponibles. Une partie de la photothèque d’archéologie et des archives MédiHAL de
l’Institut Français du Proche-Orient (Ifpo) ont été mis en ligne.
Cliquez ici pour y accéder.
https://medihal.archives-ouvertes.fr/search/index/?q=palmyre&submit=
COURRIER INTERNATIONAL Maroc. “Tous pareils, tous africains” : la vidéo de Leila Alaoui que la télévision
refuse de diffuser
Publié le 29/03/2016 - 12:22
http://www.courrierinternational.com/article/maroc-tous-pareils-tous-africains-la-video-deleila-alaoui-que-la-television-refusede?utm_campaign=&utm_medium=email&utm_source=Courrier+international+au+quotidien
“A l’université, il est très difficile de se faire des amis marocains” ; “Il y a même des taxis qui
ne veulent pas s’arrêter dans la rue pour me prendre.” Voici quelques-une des phrases
prononcées dans le spot de quarante secondes réalisé il y a un an par la photographe
franco-marocaine Leila Alaoui. “Le spot revient sur la perception de la société par des
Marocains et des Subsahariens installés au royaume, en vue de mettre en lumière le
quotidien, pas toujours facile, des migrants”, rapporte le Huffington Post Maghreb.
Cette vidéo n’avait jamais été publiée avant la mort de la jeune femme, survenue après
l’attentat qui a touché le Burkina-Faso le 15 janvier 2016.
Leila Alaoui, la mort d’une grande photographe
Un membre de l’association Bladi Bladek (Mon pays est ton pays), partenaire dans la
réalisation de ce spot et dont Leila Alaoui était la présidente, rapporte que Médi1, 2M et Al
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Aoula, les trois chaînes de télévision sollicitées, ont refusé de diffuser ce spot. “L’une des
chaînes aurait même demandé de couper l’un des témoignages (celui de la petite fille au
début) comme condition pour la diffusion”, précise-t-il.
Tel Quel précise qu’après sa mise en ligne sur les réseaux sociaux le 22 mars, la vidéo “a
été vue plus de 25 000 fois en seulement deux jours”. Sur Facebook, la vidéo affiche
désormais plus de 60 000 vues.
APS (algerie)
Pour la création à Adrar d’une académie internationale de formation d’imams
et prédicateurs
http://www.aps.dz/regions/39745-pour-la-cr%C3%A9ation-%C3%A0-adrard%E2%80%99une-acad%C3%A9mie-internationale-de-formation-d%E2%80%99imams-etpr%C3%A9dicateurs
ADRAR - Les participants au séminaire international sur "l’école de soufisme algérienne et
ses ramifications africaines", clôturé dimanche à Adrar, ont plaidé pour la création dans cette
wilaya d’une académie internationale spécialisée dans la formation d’imams et de
prédicateurs.
Ils ont mis l’accent sur l’importance du rôle attendu de cette institution religieuse dans la
consécration du rayonnement religieux de l’école du soufisme algérien et ses prolongements
en Afrique, appelant aussi à sa baptisation au nom du regretté Cheikh Abdelkrim El-Maghili,
en reconnaissance à ses efforts dans la propagation des sciences religieuses à travers les
contrées africaines.
Les participants ont aussi recommandé la création d’une radio et d’une télévision dédiées à
la propagation des préceptes et valeurs de l’islam tolérant au sein des sociétés africaines, la
valorisation du grand intérêt qu’accorde le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika,
aux zaouïas et aux écoles coraniques, et l’accompagnement des efforts visant à prémunir la
société contre la violence et l’extrémisme.
Lors de cette rencontre de deux jours, les intervenants ont appelé, par ailleurs, à accorder
davantage d’importance au patrimoine et au centre national des manuscrits d’Adrar.
Les travaux de cette rencontre, qu’a abritée l’université africaine Ahmed Draya, se sont
articulés autour de thèmes divers liés aux "origines de l’éducation spirituelle dans la Tariqa
(confrérie) El-Kadiria", "le rôle de cette Tariqa dans la propagation de l’Islam en Afrique", et
"les voyages de l’Imam Cheikh Abdelkrim El-Maghili et son rôle réformiste en Algérie et en
Afrique".
Les participants se sont intéressés également aux efforts de Cheikh Mokhtar El-Kounti et
son rôle dans la réforme et l’organisation des sociétés de la région du Sahel (Soudan ElGherbi) et du Grand Sahara.
Des visites ont été initiées en l’honneur des délégations participantes et invités du séminaire
à de zaouias et écoles coraniques de la région du Touat, ou un accueil chaleureux leur a été
réservé, traduisant le raffermissement des liens entre l’Algérie et les pays africains, renforcés
par les efforts des Ouléma des confréries de soufisme algériennes qui se sont déployées en
Afrique.
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L’Algérie constitue à travers ses écoles coraniques et zaouïas, dont la Tidjania, Kadiria et
Senoussia, une destination de nombreux adeptes venus de différentes contrées africaines,
a-t-on souligné.
Mise sur pied conjointement par les ministères de l’Intérieur et des Collectivités locales et
des Affaires religieuses et des Waqf, cette rencontre internationale sur "L’école de soufisme
algérienne et ses prolongements en Afrique" a enregistré la participation d’une pléiade
d’érudits, imams, Chouyoukh et chercheurs universitaires venus de différentes régions du
pays et de pays africains.
Assawra - lundi 4 avril 2016
Site du Mouvement Démocratique Arabe
Le scandale Panama Papers met en lumière une manière de faire de l'évasion
fiscale très élaborée.
https://1.bp.blogspot.com/Yiy5ehOdtoQ/VwKOKDQ9tMI/AAAAAAAARfM/MEcRTGiOdmwfCCsZ9VXy7BiXfAqyFYYsQ/
s320/a2.jpg
C'est la révélation de la journée. Le Monde et le Consortium international des journalistes
d'investigation (ICIJ) ont mis en lumière l'existence d'un système offshore mondial qui
représente, selon le quotidien, « la percée la plus spectaculaire jamais effectuée dans le
monde obscur de la finance offshore ». L'occasion de faire le point sur un mode opératoire
très répandu pour faire de l'évasion fiscale.
Cette technique n'est pourtant pas du tout illégale. En effet, tout le monde peut - et a le droit de créer une société offshore. Ce type de société présente toutes les caractéristiques d'une
société traditionnelle - elle est par exemple immatriculée - et est créé dans un pays dont le
bénéficiaire n'est pas résident fiscal. En d'autres termes, un Français peut dans la légalité la
plus absolue créer une société offshore en Italie. Seul inconvénient : toute personne étant
résidente fiscale en France doit déclarer les revenus tirés de cette société, quel que soit
l'endroit où elle est domiciliée. C'est là où le bât blesse et où l'identité de la destination pèse
de tout son poids.
En effet, dans le langage courant, on entend par société offshore une société créée dans un
pays dont la fiscalité est avantageuse pour celui qui va y avoir recours : pas d'impôt, pas de
TVA, aucune comptabilité à tenir, pas d'obligation de dépôt des comptes ou encore la
préservation de l'anonymat des dirigeants. Du coup, l'intérêt en matière d'évasion fiscale
devient évident : la société offshore permet ainsi de passer sous silence l'identité des
véritables bénéficiaires, qui échappent à l'impôt de leur pays d'origine.
**
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Ex-dircom de Bouteflika et ministre de l'Industrie et des Mines depuis 2014, Abdeslam
Bouchouareb est propriétaire de la société panaméenne Royal Arrival Corp créée en avril
2015.
Dans un pays comme l'Algérie où la fuite des capitaux entre 2004 et 2014 a été estimée à 16
milliards de dollars (14 milliards d'euros) par une commission ad hoc, soit, en moyenne, 1,6
milliard de dollars chaque année qui s'évapore dans des circuits offshore, une affaire comme
celle du Panama papers impliquant un ministre, ex-dircom du président, tombe très mal alors
même qu'un autre scandale, celui de la Sonatrach, la compagnie nationale pétrolière,
éclabousse d'autres proches du chef de l'Etat.
Qui est Abdeslam Bouchouareb ?
Ancien dirigeant d'entreprise, Abdeslam Bouchouareb entre en politique en 1994. Ministre de
l'Industrie en 1996, il est ministre de l'Emploi en 2000 et vice-président de l'Assemblée
nationale en 2012. En 2014, alors qu'il est nommé ministre de l'Industrie et des Mines, il
travaille comme directeur de la communication du président algérien Abdelaziz Bouteflika.
Comment s'est-il retrouvé dans le Panama papers ?
Selon Le Monde, c'est depuis juillet 2015 qu'Abdeslam Bouchouareb est l'unique propriétaire
de la société panaméenne Royal Arrival Corp, structure créée en avril 2015 par Mossack
Fonseca, la société considérée comme le plus gros facilitateur de création de sociétés
écrans dans le monde, dont les archives alimentent le scandale Panama Papers. Au regard
de sa fiche publiée dans Le Monde, c'est par le biais de celle-ci qu'Abdeslam Bouchouareb a
été titulaire d'un compte dans une banque suisse, NBAD Private Bank (Suisse) SA.
Parallèlement, il a dirigé Royal Arrival Corp. via une société luxembourgeoise baptisée
Compagnie d'Etude et de Conseil (CEC) dans laquelle il a été identifié comme ministre de
l'Industrie et des Mines. De quoi rappeler, selon les fichiers provenant des archives du
cabinet panaméen Mossack Fonseca, que depuis ses prises de fonctions politiques,
Abdeslam Bouchouareb a transféré 700 000 euros de la BIL [Banque internationale à
Luxembourg] vers NBAD Genève [National Bank of Abu Dhabi], dont la filiale suisse, basée
à Genève, est spécialisée dans la gestion de fortunes et le financement du négoce.
Précisions : selon les déclarations de CEC, les activités de Royal Arrival Corp. couvraient la
représentation et la négociation commerciales, les contrats commerciaux, les travaux publics
et le transport ferroviaire et maritime, en Turquie, au Royaume-Uni et en Algérie. Par suite,
l'établissement financier luxembourgeois qui a créé la société pour Abdeslam Bouchouareb,
a bien confirmé qu'il en était propriétaire, soulignant que Royal Arrival Corp avait été
"constituée en toute transparence pour détenir et gérer des biens hérités". "Nous avons
décidé, avec son accord, de différer toute utilisation de la société, et l'ouverture du compte
bancaire chez NBAD Genève n'a jamais été finalisée […]", dit la société luxembourgeoise qui
avance un motif précis, celui "des fonctions ministérielles d'Abdeslam Bouchouareb".
(04-04-2016 - Avec les agences de presse)
The Economist – Apr 2nd, 2016
Arab universities
The kingdom is king
A snapshot of the region’s higher education
http://www.economist.com/news/middle-east-and-africa/21695893-snapshot-regions-highereducation-kingdom-king
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IT MAY not be quite the country for the usual university experience: moving out of home;
experimenting; dating. Nor does it have Egypt’s long history of scholarship, with the likes of
the Al Azhar university, which has been going since the tenth century. But Saudi Arabia is
gaining an unlikely reputation for learning in the Middle East. Earlier this year it gained three
of the top four spots in an annual ranking of Arab universities by Times Higher Education
(THE), a British weekly magazine. Topping the chart was King Abdulaziz University in the
western city of Jeddah, which was founded only in 1967.
The kingdom rarely pulls things off as well as, let alone better than, its more savvy fellow Gulf
states. But in higher education it has steamed ahead. One reason is that many Saudis have
long gone to study in Europe and America. Some return with top-notch degrees and go into
academic teaching. In recent years the kingdom has also had the cash to attract foreign
academics on the promise they can carry out research. That has paid off with an increasing
number of mentions in academic journals, which is one of the indicators used by THE.
Less surprising was the American University of Beirut’s romp into second place. It is one of a
handful of private campuses in the region that date back to colonial times; after
independence, large state-run institutions became the norm. It has long been seen as the
region’s university of choice—and not only for the quality of its education, which is conducted
in English. Its beautiful, green campus rolls down to the sea in liberal Beirut, where
something more akin to the Western freewheeling student experience is on offer. Other Gulf
universities and three Egyptian institutions fill the next slots in the top 15; Jordan and
Morocco sneak in near the bottom. The war-torn states of Syria and Yemen are,
unsurprisingly, absent.
But by world standards, Arab universities do not offer students a very good deal. King
Abdulaziz only just made it into the global top 300. Teaching in the Arab world tends to
emphasise rote learning rather than developing analytical skills. Facilities often lack the latest
technology. Jaidaa Hamada, a lecturer in English at Egypt’s University of Alexandria, thinks
the main problem is the huge number of students, who are assigned to subjects according
not to their own choice, but to their school grades. Medicine, engineering and political
science require high results. Low-scorers are concentrated in arts, business and education
courses.
The very wealthy send their sons and daughters abroad. Many never come back,
contributing to a brain drain in the Arab world. The well-off who keep their children at home
for their higher education often prefer to send them to new private institutions with smaller
classes. Scores of these have opened across the region in the past decade. But their shiny
facilities often mask curriculums and lecturers that are no better than the average public
institution. Indeed, many reckon the quality is usually lower.
In one unexpected way, however, Arab institutions are making rapid progress. Women now
outnumber men in half of the top 15 Arab universities. Even in Saudi Arabia, where women
cannot drive and must have permission from a male guardian to travel, women’s faculties are
being added to what were all-male institutions. King Abdulaziz’s student body has 57 female
students for every 43 males. Sadly, female graduates are not going into the workforce in the
same numbers as their male peers.
The Economist – Apr 2nd, 2016
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Afghan refugees
Living in limbo
The treatment of Afghans shows how Europe’s asylum system is collapsing
http://www.economist.com/news/europe/21695894-treatment-afghans-shows-how-europesasylum-system-collapsing-living-limbo
SWEDEN seems idyllic to Munire, a 19-year-old Afghan asylum-seeker, and her two sisters.
The three orphans travelled on their own from Iran, where they were living illegally and had
no access to education. Now they live with a foster family and go to school while they wait to
hear whether or not they can stay. But the respite may be short-lived. Unlike their brother,
who has been a Swedish resident for several years, they could find themselves sent back to
a country that, although their birthplace, is no longer their home.
The refugee crisis has created rifts in Europe between countries which have welcomed
refugees, such as Germany and Sweden, and those which have not, such as Poland and
Hungary. It has also exposed tensions in Europe’s asylum system as a whole. A welldesigned and relatively effective process has, under the pressure of numbers, started to
crumble. Afghans, the second-biggest group of migrants to Europe last year at nearly
200,000, are the most likely to lose out.
Asylum claims from Syrians, Eritreans and Iraqis are accepted at high rates across the
European Union, at 97%, 87% and 85% respectively. For Afghans, the rate last year was
only 69%. This prevents Afghans from being eligible for the EU scheme that relocates
asylum-seekers in Greece and Italy to other countries, as refugees need to come from a
country with a 75% acceptance rate. Those who try to make the journey themselves have
become stranded, too. When tighter border rules came in at the end of February between
Greece and Macedonia, Afghans were among the first to be refused entry, leaving thousands
stuck in squalid tents on the border.
Many countries that were once generous to migrants, such as Sweden, have started to
toughen up, with stricter rules on bringing over family members and getting permanent visas.
As a result, acceptance rates for Afghans in most European countries have started to fall
(see chart). Several countries are trying to dissuade Afghans from making the journey.
German officials describe how they have put up billboards in Kabul and Mazar-i-Sharif,
emblazoned with “Leaving Afghanistan—are you sure? Thought it through?” A small number
have also been sent back: in February 125 Afghans voluntarily left Germany. Sweden is
trying to negotiate a treaty with Afghanistan to make such returns easier, says Morgan
Johansson, the migration minister.
http://cdn.static-economist.com/sites/default/files/imagecache/original-size/images/printedition/20160402_EUC826.png
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A recent deal on migrants between the EU and Turkey also does not apply to Afghans (or
any other migrants except Syrians). It involves a “one-for-one” policy: for every Syrian
returned from Greece to Turkey, the EU will resettle another from Turkey. Afghans stuck in
Turkey frequently complain of discrimination. Mohammad Reza, a refugee from Herat
province, says that an Iranian friend who joined him on the mountain crossing was given
asylum in Europe a long time ago. “I don’t even have a file number,” he says. Unlike Syrian
refugees, who have recently been granted temporary work permits, Afghans have no right to
employment in Turkey. On March 23rd, three days after the EU deal came into force,
Amnesty International, a human-rights watchdog, reported that around 30 Afghans had been
forcibly removed from Turkey and sent back to Kabul, without their applications for asylum
being properly processed.
Part of the reason Afghans are disproportionately affected by the squeeze on migrants is that
unlike Syria, not all of Afghanistan is at war—and its government is backed by the West. Last
year Sweden declared that seven out of the 34 Afghan provinces, including Kabul, no longer
met the criteria for internal armed conflict, and so are safe enough to send people back to.
But several human-rights organisations disagree, arguing that parts of the country are
becoming more dangerous, says Linn Ost Nori, a Swedish asylum lawyer. And armed
conflict is only one reason asylum-seekers flee. Minority groups, such as the Hazara, are
especially at risk of being targeted by the Taliban or of facing persecution. “We’re from the
Shia minority, so we were second-class citizens,” says Mohsin Nijad, a metalworker from a
town near Bamyan who left Afghanistan as a child, and who is now in Athens. Afghans are
often treated badly in Iran, too, and struggle to get an education or a job.
Afghans are also being caught by a crackdown on asylum-seekers who have entered
through a third country. The statistics are patchy, but a survey in January of 191 Afghans on
the Greek islands of Lesbos and Chios by the UN High Commissioner for Refugees found
that 26% had lived outside Afghanistan, most of them in Iran, for at least six months before
travelling to Europe. In February police chiefs in Austria, Croatia, Macedonia, Serbia and
Slovenia signed a joint statement saying that if Afghan asylum-seekers had lived in a third
country, such as Iran or Turkey, their claim would not be valid—despite the fact that
screening refugees based on nationality alone shows “blatant disregard” for the Geneva
Conventions, says Claire Rimmer Quaid of the European Council of Refugees and Exiles, an
alliance of 90 NGOs. “Too often the rhetoric at the member-state level is that this group are
economic migrants,” she says.
Faced with the sheer numbers of refugees making their way to Europe, the EU has had to
set some hasty rules. Sorting migrants by nationality is one such. But it is storing up trouble.
Many refugees, like Munire and her sisters, will be faced with a new and far harsher asylum
system in Europe—but have no family back in Afghanistan to go to. The result, says
Elizabeth Collett, of the Migration Policy Institute in Brussels, a think-tank, will be a
“population in limbo”.
The Economist – Apr 2nd, 2016
A religious killing in Scotland
A quiet man with a loud message
A horrific murder prompts fears of more attacks on a small Islamic sect
http://www.economist.com/news/britain/21695961-horrific-murder-prompts-fears-moreattacks-small-islamic-sect-quiet-man-loud
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http://cdn.static-economist.com/sites/default/files/imagecache/full-width/images/printedition/20160402_BRP006_0.jpg
SHAH’S NEWSAGENT, in the Shawlands district of Glasgow, is firmly shuttered now. But
the spirit of the man who ran it until his murder on March 24th lingers on in the hundreds of
floral tributes that carpet the pavement outside.
The “kindest, sweetest man”, says one card. Tellingly, there are also heartfelt messages
from the local Methodist Church, a “Christian brother” and a “Jewish couple”, for Asad Shah
was a Muslim, a member of the Ahmadiya sect, and a man who by all accounts believed
firmly in embracing people of all faiths. Indeed, he had become something of a local celebrity
for this, “a quiet man with a loud message” in the words of another mourner. And for this he
might well have been killed as well.
Mr Shah was found with multiple stab wounds outside his shop on the evening of the 24th
and died in hospital. On March 29th Tanveer Ahmed, a 32-year-old from Bradford, in the
north of England, appeared in court charged with the murder. Mr Ahmed, it is thought, is a
Sunni Muslim. The murder has not only shocked the local community but has also provoked
fears that a particularly vicious split among Muslims worldwide has finally arrived in Britain.
Scotland, however, has prided itself on the lack of extremism among its 80,000 or so
Muslims, so the authorities will be straining to ensure that Mr Shah’s death remains an
isolated incident.
The Ahmadi consider themselves Muslims but differ from the mainstream in that they believe
Mirza Ghulam Ahmad, the 19th-century Indian who founded their tradition, was a latter-day
prophet. In many Muslims’ eyes, this makes them un-Islamic and blasphemous. Pakistan’s
Ahmadis, of whom there may be 4m, were declared to be non-Muslims by the government in
1974 and they have been subject to harassment and worse ever since. In effect, their faith
has been criminalised. In 2010 gunmen entered two Ahmadi mosques in Lahore and killed
95 worshippers. Ahmadis have also been victimised and killed in Indonesia in recent years.
There are about 25,000 Ahmadis in Britain, organised in 150 chapters across the country.
Their first mosque was built in London in 1926. Perhaps 400 Ahmadis live in Glasgow. Until
now, the Ahmadis report that relations with other Muslims have been generally good,
although Abdul Abid, an elder at the Ahmadiya community centre in Glasgow, where Mr
Shah worshipped, says that some of the sectarianism of Pakistan has always spilled over
into their lives in Scotland. Certain Muslim-owned shops, for instance, will not stock goods
produced by Ahmadiya communities. More importantly, says Mr Abid, certain imams have
stoked hardline worshippers against the Ahmadiya and Muslim satellite channels have
carried anti-Ahmadiya messages.
Against this background some Ahmadis fear that Mr Shah’s murder could provoke others to
attack them. “Intolerance breeds intolerance,” says an Ahmadiya leader, “so we want this
problem nipped in the bud.” The Ahmadis have been trying to promote a positive image of
Islam in Britain, running adverts on buses proclaiming “United against Extremism”, for
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instance. Now they want mainstream Muslim leaders to condemn unequivocally the same
extremism that has very probably led to what the police describe as the “religiously
prejudiced” murder of Mr Shah.
Muslim leaders in Scotland have condemned the “outrageous, violent attack by one
individual on another”, but that has not been enough for some Ahmadis. The local mosques
and imams were invited to the Glasgow Ahmadiya centre on the morning of March 30th to
show their solidarity with the grieving Ahmadis and to sign a joint statement. None came. It
was “disappointing, an opportunity lost,” says Mr Abid. He accuses the imams of hypocrisy,
of saying nice words but of failing to take a real stand together with the Ahmadis against
extremism. One Muslim group has been accused of posting messages online gloating over
Mr Shah’s death.
“Love for all, hatred for none” is the slogan Ahmadis try to live by, and it seems to have
inspired Mr Shah. Perhaps his death will help that message to prevail in the coming weeks
and months.
The Economist – Apr 2nd, 2016
Counter-radicalisation (1)
Battle of ideas
In the first of three articles about Western countries’ attempts to counter Islamist
violence, we look at a Belgian programme for disaffected Muslim youngsters
http://www.economist.com/news/international/21695875-first-three-articles-about-westerncountries-attempts-counter-islamist
http://cdn.static-economist.com/sites/default/files/imagecache/full-width/images/printedition/20160402_IRP001_0.jpg
“IT WAS a time-bomb; merely a matter of when,” sighs Rafiq, a young man who runs a
newspaper shop in Vilvoorde, just north of Brussels. Surrounded by papers with pictures of
the bombers who killed at least 32 people in the Belgian capital on March 22nd, Rafiq says
he is sure more will follow in their footsteps. “In Molenbeek it’s all out in the open. It’s wellknown that terrorists live there. Here, it’s more hidden.”
Vilvoorde is less notorious than Molenbeek, a suburb of Brussels that has become
synonymous with jihadists and their sympathisers. Yet it has at least as troubling a history.
Between 2012 and 2014 it is thought to have produced more recruits for foreign jihadist
groups, as a share of Muslim residents, than anywhere else in western Europe. With a big
Muslim population, and conveniently located on the AntwerpBrussels railway line, it proved
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an easy hunting ground for recruiters for Islamic State (IS). Security officials believe that 28
young locals had left for Syria by May 2014.
Khadija Boulahrir, who now works in Brussels, still cannot believe that her former playmates
joined IS. In the town’s Grote Markt square, Hamed, an older man, says he understands all
too well. “There is nothing to do here for them,” he says. “No jobs, no apprenticeships,
nothing.” Of Vilvoorde’s 43,000 inhabitants, 43% are of foreign origin; nearly half of those are
unemployed. Many have parents or grandparents who came here as guest workers, before
the local Renault factory closed 20 years ago.
But in one respect Vilvoorde is very different from Molenbeek. In 2014 it decided to counter
the lure of violent extremism head-on, with a prevention programme aimed at youngsters
thought to be at risk. As the investigation into the bombings extends across Europe,
evaluating its effectiveness has become a matter of urgency.
The Vilvoorde programme starts from the premise that alienated youngsters are most likely
to turn to violent extremism. “We want to give them a stake in society,” says Moad el
Boudaati, a social worker whose best friend was among those who left for Syria. Most of
those who join IS come from broken homes, where the father is absent and the mother has
lost all authority, he says. Now he spends much of his time meeting parents, speaking with
young people and working with imams.
Tip-offs may come from schools or parents: after the Charlie Hebdo attacks in Paris last year
many teachers called, alarmed by pupils who called the killers heroes. For each tip-off a
team is set up; perhaps a health worker, a religious leader, a social worker, someone from
the parent network and a school employee. It may offer therapy, help in finding a job, or
housing support or parenting advice for the family. The aim, says Jessika Soors, who runs
the scheme, is to “increase resilience, both of the families and the young people”.
Relations between the police and local youngsters used to be disastrous, says Mr el
Boudaati. Frequent house searches and random frisking on the street bred resentment. Now
matters are slowly improving; police hold town-hall meetings to hear young peoples’
grievances. But Ms Soors is adamant that police involvement remain limited so as not to
jeopardise trust.
Opinions are divided over the effectiveness of showering could-be jihadists with attention and
support. (A similar programme in Aarhus, Denmark, is even more generous.) And, like all
prevention programmes, this one is hard to evaluate—how to count the youngsters who
would have left had it not been for timely intervention? But in a positive sign, authorities think
no further recruits have left from Vilvoorde since May 2014. Yet a new challenge is looming.
Of the 28 who left to fight before that date, eight are known to have died in Syria (including
Mr el Boudaati’s former best friend) and three are in prison in Belgium. One who returned
and is living in Vilvoorde is intensively monitored and supported by local services.
Hide and seek
Keeping tabs on returning IS fighters is more onerous than preventing someone leaving for
Syria in the first place. Both in Belgium and elsewhere, they may live openly, claiming to
have volunteered in refugee camps. Others go into hiding: the arrest in Molenbeek on March
18th of Salah Abdeslam, the Belgian-born prime suspect in the attacks on Paris last
November, demonstrated the frightening ease with which security services could be evaded.
According to the authorities, at least one returned fighter is among the eight suspects in the
Brussels and Paris attacks who are still on the run.
The Economist – Apr 2nd, 2016
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Counter-radicalisation (2)
Talking cure
France puts its faith in secular authorities to help fight radical Islamist ideas
http://www.economist.com/news/international/21695874-france-puts-its-faith-secularauthorities-help-fight-radical-islamist-ideas-talking
http://cdn.static-economist.com/sites/default/files/imagecache/original-size/images/printedition/20160402_IRM943.png
IN THE 15 years since the terrorist attacks of September 11th 2001, many attempts have
been made to draw people away from the jihadist world-view, involving health, social and
security services; national and local authorities; and secular purveyors of advice as well as
religious ones. Saudi Arabia lavishes cash on suspected terrorists who co-operate with its
deradicalisation programme, setting them up with jobs, cars and even wives. Efforts by
Indonesia’s government have been intensive but snarled up in the wider problems of a
corrupt prison system; as in many countries, local initiatives have done better than central
ones. In Western democracies schemes have targeted both those suspected or convicted of
terrorist offences and those thought to be at risk of going down the same path.
Not only the tools, but the aims and terminology vary. Some pundits reject the term
“deradicalisation”, which became popular in Europe a decade ago, because it seems focused
on the individual, ignoring social context. Some make a sharp distinction with counterradicalisation—attempting to stop people turning to violent extremism in the first place. And
in many countries “countering violent extremism” has become the preferred expression for
both. It is often stressed that ultra-right fanaticism must be targeted, as well as the Islamist
kind.
Whatever they are called, all such programmes now face a growing challenge. By the end of
2015 the number of jihadists from western Europe fighting in Syria had doubled in just 18
months. Governments are scrambling to stop more joining them, and to deal with those who
return.
As a share of population, Belgium is the western European country that has supplied the
most fighters to IS. But in absolute numbers France is top (see map). Twice targeted by
Islamist terrorists and still under a state of emergency, it has turned somewhat belatedly to
deradicalisation. Earlier this year it began a compulsory re-education programme in four
prisons, where convicted terrorists have been grouped into special units. It is soon to open its
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first residential centre, for radicalised young adults. Some of the most interesting
experiments, however, have emerged at the local level.
Unlikely as it may seem, Alpes-Maritimes, the department that covers the swish Côte d’Azur,
has one of the biggest problems with radicalisation outside the Paris region. A short drive
from the shuttered façades and palm trees of old Nice, and in the shadow of a raised
motorway bearing fast cars towards nearby Monaco, grim concrete tower blocks crowd into
the narrow valley. Partly thanks to the efforts of a vigorous local recruiter, Omar Omsen, at
least 55 residents from Nice or nearby towns are currently fighting in Syria, including 11
members of one family. Since 2014, the department has recorded 522 alerts about newly
radicalised individuals, and it recently closed five underground prayer houses suspected of
preaching violent Islamism.
A year ago Alpes-Maritimes put in place a programme that has become something of a
model. Thanks to local family-help organisations such as Entr’Autres, the department has
trained teachers, social workers, doctors, policemen, prison officers and others to watch for
signs of radicalisation and sound the alert. The basis for detection is a grid, devised by the
French interior ministry. Signs range from the weak, such as a teenager who cuts himself off
from his friends, to the strong, such as a pupil who defends terrorism in the classroom. A
national telephone helpline for families also flags local warnings. A counter-radicalisation cell
meets weekly to sift cases.
When the system works, alerts have stopped some youngsters leaving for jihad in Syria. Last
year two teenage boys were hauled off a plane at Nice airport before take-off. Under French
counter-terrorism laws, would-be jihadists can be forbidden from leaving the country, and
their passports confiscated. Thanks to an extra €425m ($476m) for counter-terrorism in last
year’s national budget, if such hard-core cases involve minors, they can be referred to
counsellors.
“Some young people turn up like blocks of concrete,” says Patrick Amoyel, a psychoanalyst
and co-founder of Entr’Autres. In a consulting room fitted out with a regulation couch and
ample supply of cushions, he sees non-residential patients referred by the counterradicalisation cell. Analysts follow a three-stage process. First, says Mr Amoyel, they need to
forge trust. For an ordinary patient in psychoanalysis this requires a few weeks; with
radicalised youngsters it can take months, if it happens at all. Next comes the attempt to
“break down their ideological certainties” by finding a weak point in their armour of beliefs.
Third, the putative jihadists are confronted with a “counter-discourse”, sometimes with the
help of (often Muslim) mentors.
Room for doubt
“The objective is to bring someone back from the edge,” says Mr Amoyel, “from the point at
which the radicalised mind turns to terrorism.” Brigitte Juy-Erbibou, co-founder of Entr’Autres,
is most hopeful about the young girls, whether Muslim or converts. Some seem to be in the
grip less of political Islam, she says, than of an adolescent identity crisis. But Mr Amoyel
reckons there is, at best, a 50:50 chance of turning a hardened teenage boy.
Two difficulties mark the French experience. One is linked to the country’s strict secular
tradition, which keeps religion out of public institutions. Alpes-Maritimes has begun,
tentatively, to include local Muslim leaders. Many social workers and teachers, however,
remain uncomfortable. Yet excluding religion leaves a big credibility gap. Boubekeur Bekri,
an imam in a tough part of Nice, says the youngsters he tries to talk out of extremism have
been “exploited by ideas that have nothing to do with our religion”, so the fact that he shares
their faith is “decisive”.
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The second issue, shared with other countries, touches fears about confidentiality. Those
encouraged to flag trouble do so voluntarily. Yet social workers, trained in child protection, do
not want to be seen as informers. There are particular worries about what happens to such
information in a country that keeps intelligence files on some 10,500 Islamists and is under a
state of emergency. Yet the need to step in and talk to young teenagers, long before they
contemplate strapping explosives to their backs, makes it essential to look out for small
early-warning signs.
Perhaps most striking, the experience in Alpes-Maritimes reveals a three-way cultural gap
between the security-driven tradition of French counter-terrorism, that of psychological
therapy, and scholarship on political Islam. If deradicalisation is to mean anything—and
some Islamic scholars are sceptical—it needs to link all three. Even the French intelligence
services now recognise that a security-driven approach is not enough.
“We should be honest,” says David Thomson, author of a book on French jihadists. “These
programmes haven’t yet deradicalised anybody.” A 15-year-old girl from the French Alps
recently tried to leave for Syria—after spending time in a deradicalisation programme. Mr
Thomson, who is conducting research with returned jihadists, says such teenagers are
typically drawn to fight through a sense of social humiliation. Working out the causes of this
may be as important a part of the effort as counselling or surveillance. Deradicalisation, says
one official, is a “growing industry with lots of exaggerated claims”. The aim, he says, “has to
be to stop the process of radicalisation in the first place.”
The Economist – Apr 2nd, 2016
Counter-radicalisation (3)
A disarming approach
Can the beliefs that feed terrorism be changed?
http://www.economist.com/news/international/21695876-can-beliefs-feed-terrorism-bechanged-disarming-approach
Peaceful coexistence
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ACCORDING to Peter Neumann, a terrorism-watcher at King’s College London, experience
points to three common features in successful efforts to wean someone off extremism. He
must already have inner doubts; trusted people, whether imams, friends or relatives, must be
involved; and he must be offered an alternative peer group. He may also be more concerned
with personal problems or geopolitical grievances than matters of theology.
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Still, given that IS’s appeal lies in a perverse but seductive form of religion, some of the
counter-argument has to be religious. How to persuade a jihadist, or somebody tempted by
jihadism, that there might be better, and truer, ways to understand Islam than the murderous
fanaticism of IS and similar groups?
One approach is to challenge their vision of the world, according to which a place belongs
either to Dar al-Islam, the realm where Islam prevails, or to Dar al-Harb, where the faith’s
enemies are to be found. In the land it controls, IS claims to have re-established Dar al-Islam
with a purity comparable to the first Muslim community. The more idealised his vision of Dar
al-Islam, the easier it is for an impressionable young Muslim to convince himself that
everywhere else is Dar al-Harb, a zone of adversaries deserving no mercy.
But a mentor can show that this division has never been binary. There are intermediate
situations such as Dar al-Dawa, the abode of invitation, where Islam does not predominate
but can be practised and preached freely. Another important term is Dar al-Ahd, abode of the
contract: places which live in established peace with Muslims. Some Muslim scholars say the
West is a more comfortable place to practise the faith than many Muslim-majority countries.
And Islam has a lot to say about loyalty and obedience to states that allow Muslims to live
safely and devoutly.
To the jihadist and the Islamo-sceptical Westerner alike, sharia law may conjure up images
of cruel religious punishment. To a young Muslim frustrated by the ambivalence of life in the
West, there may be something seductive about the idea of swift, ruthless justice, ordained by
God and therefore not open to question. But a mentor can suggest returning to the original
meaning of sharia: a way of promoting the well-being of the individual and the community.
The term refers not only to retribution but to Islam’s positive guidance for living generously
and humbly.
A hardened jihadist may have been swayed by “The Management of Savagery”, a kind of
manifesto for al-Qaeda and its imitators that was published online in 2004. It calls for
merciless violence, especially in Muslim countries where Western countries have some
influence. The intention is to foment grievance, force the West to over-react and bring about
chaos and collapse from which a true caliphate can emerge. It may be possible to convince
the subject that all this is alien to the philosophy of war set out in the Koran and by its
interpreters. These emphasise that war should only be waged in response to aggression,
treachery or a broken treaty, and that civilians should be spared.
Today’s jihadists can also be cast in an unflattering light by drawing parallels with an
extremist sect from Islam’s earliest days. Known as the Khawarij, they turned against the
caliph of the day and assassinated him, because he was emollient enough to submit to
arbitration in a conflict with a rival. The Sunni preachers of IS strongly reject the comparison
between themselves and the Khawarij. But the defining feature of the Khawarij, shared with
today’s terrorists, was a fondness for denouncing as infidel any Muslim less fanatical than
themselves.
Among Muslims who set out to woo people away from terrorism, none of these points is
much disputed. Each is intended to challenge the jihadists’ claim to be returning to Islam’s
purest sources. But that does not mean that the work is free of controversy.
In Britain, especially, there has been bitter argument, not over how to go about mentoring,
but over who should do it. Is the job best given to religious teachers who themselves hold
quite hard-line theological and political views and can therefore partly empathise with their
subjects, or should it be restricted to those who espouse secular notions of liberty and
equality, including, for example, gay rights?
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Words and wounds
In recent years, the more restrictive view has prevailed. In comparison with interventions
focused on social work elsewhere, Britain’s deradicalisation programme, known as Channel,
is perceived to be police-led. It is part of an anti-terror strategy known as Prevent, which was
denounced this week by a teachers’ union for requiring teachers to report on their pupils.
Channel is also theology-heavy—but it only uses mentors who espouse liberal democracy,
secular law and Western notions of freedom, tolerance and equality. They must
unconditionally oppose attacks on British forces. Rashad Ali, one of those mentors and a
fellow of the Institute for Strategic Dialogue, a think-tank in London, argues that
deradicalisation can be worse than useless if practitioners, while condemning IS, condone
other violence.
The difficulty, insists Alyas Karmani, a British imam who has mentored jailed extremists but
has now fallen out of official favour, is that restricting the pool to such impeccably liberalminded folk disqualifies the great majority of those well-placed to communicate and
empathise with their subjects. In particular, imams who share their subjects’ anger at
Western foreign policy, for example the use of drones over Pakistan and Afghanistan, are
excluded.
In Islamic terminology, there is a degree of ijma, or consensus, on what to say to a would-be
jihadist. But on who should say it there is fitna, a state of dangerous strife.
CCLJ Revue du Centre communautaire laïc juif
ATTENTATS DE BRUXELLES
LUC DARDENNE : "DANS LES ANALYSES SUR LE DJIHADISME, ON NE
PREND PAS ASSEZ EN COMPTE LE FACTEUR RELIGIEUX".
Lundi 4 avril 2016 par Luc Dardenne, cinéaste
Dans ce texte publié dans les Inrocks*, le cinéaste belge Luc Dardenne exprime son
désaccord avec une certaine analyse de gauche disant que la radicalisation dépend de
causes sociales.
http://www.cclj.be/node/9176
Ce mardi 22 mars, j’étais avec ma fille à la maison et nous avons été sous le choc. On pense
bien sûr avant tout aux victimes, à leurs proches. Après, ce qui est terrible, c’est qu’on n’est
pas surpris. Il faut prendre conscience que dans notre pays se sont développés d’importants
réseaux islamistes. On se doutait que Bruxelles serait un jour la cible d’attentats plus amples
que l’attentat antisémite du musée juif en raison de la présence de l’OTAN et des institutions
européennes. Ces attentats ressemblent à ceux du 13 novembre à Paris, ils visaient
n’importe qui dans la population.
Depuis le 11 septembre 2001, je pense que nous sommes entrés dans une nouvelle guerre.
Confirmée en février 2002 par l’égorgement de Daniel Pearl après lui avoir fait dire « je suis
juif, fils de juif, je mérite la mort ». Des gens de gauche comme moi ont longtemps cru que la
haine qui se profilait était le fait d’une petite minorité, or on voit que cette haine est très
répandue et très profonde. Je ne suis pas un va-t-en-guerre mais je pense que nous
sommes confrontés à une nouvelle forme de guerre, qu’il faut y répondre et neutraliser ces
islamistes le plus rapidement possible.
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Un jour, j’ai demandé à un responsable musulman belge, pourquoi vous ne dites pas
massivement « pas en notre nom ! » et il m’a répondu que cela donnerait le sentiment que la
communauté musulmane doit se justifier. Je lui ai dit que ce n’était pas la question. Au
moment de la guerre d’Algérie, des milliers de Français sont descendus dans la rue pour
crier « pas en notre nom ! ».
Il ne s’agit absolument pas d’accuser tous les musulmans, mais puisque ces crimes sont
commis au nom de l’islam, les musulmans qui rejettent cela doivent dire en quoi leur religion
n’est pas compatible avec cette violence terroriste et pourquoi cependant elle peut être
revendiquée par ces terroristes islamistes. Or, les musulmans bougent encore trop peu.
Dans leur communauté existe un contrôle social puissant. Je connais des musulmans qui
osent parler, mais avant d’oser dire que l’on est Charlie, que l’on désapprouve sans aucune
réserve tous les attentats, il faut du courage.
Dans les années 90, j’ai donné des cours dans une école de devoirs maghrébine d’un
quartier populaire de Bruxelles. On ne parlait jamais d’intégration mais le but était de
partager des valeurs communes. Je recevais donc des garçons maghrébins, tout se passait
bien, ils disaient bonjour à ma femme, etc. Un jour, le plus grand est allé en cours à la
mosquée où il apprenait l’arabe et le Coran. La semaine qui a suivi, il n’a plus désiré donner
la main à ma femme et à commencer à me poser des questions qui témoignaient qu’il était
pris dans des conflits de loyauté. On avait commencé à lui monter la tête, à lui apprendre
que « eux, c’est pas nous »… Ce « eux, c’est pas nous » prêché dans les mosquées est un
discours de haine qui après un certain temps peut déboucher sur « tue-les ».
Dans les analyses sur le djihadisme, on ne prend pas assez en compte le facteur religieux.
Les imams wahhabites sont en Belgique depuis les années 60 et prospèrent depuis les
années 90 prêchant dans la plupart des mosquées officielles et non officielles du pays. Très
peu, disent les gens informés, prêchent le djihad, mais tous ils prêchent le séparatisme : «
eux ce n’est pas nous ».
J’ai senti depuis longtemps se développer ce fanatisme religieux et c’est en cela que je suis
en désaccord avec une certaine analyse de gauche disant que la radicalisation dépend de
causes sociales. Ces causes sociales jouent un rôle mais pas l’essentiel : Abaoud était le fils
d’un commerçant prospère de Bruxelles, un des kamikazes de Paris avait un emploi à la
RATP, les membres du commando des attentats du 11 septembre étaient diplômés… Je
pense qu’il faut admettre que l’endoctrinement religieux a crée un imaginaire qui se
développe de manière autonome et est capable de capter des jeunes musulmans vivant
dans des conditions sociales diverses. Dire que le djihadisme est causé par le chômage,
c’est comme si on disait que le traité de Versailles ou le chômage des années 1930 en
Allemagne étaient les premières causes de la shoah ! Le chômage est bien sûr un problème
mais ne suffit pas à expliquer pourquoi on devient tueur fanatique.
J’ai peur des islamistes mais je ne suis pas islamophobe. Je n’ai rien contre la liberté de
culte, j’estime normal que la religion et la culture musulmanes fassent partie des traditions
européennes, mais le fanatisme islamiste n’est pas compatible avec la démocratie. Les
islamistes développent une haine féroce de l’occident et les intellectuels européens,
responsables publics ou leaders d’opinion qui ne prennent pas conscience de cela, qui ne
parviennent pas à désigner notre ennemi, sans faire d’amalgame, ceux-là ont une
responsabilité énorme.
Avec Jean-Pierre, nous avons voulu produire le film Fatwa de Mahmoud Ben Mahmoud,
cinéaste tunisien vivant en Belgique. Le film raconte l’histoire d’un père marocain qui revient
en Belgique pour enterrer son fils soi-disant suicidé, et qui découvre que le fils a été en fait
liquidé par un groupe islamiste pour avoir refusé de participer à un attentat. Ce scénario a
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été refusé à plusieurs reprises par le CNC français et certains producteurs français au motif
que le film disait « les assassins sont parmi nous ». Mahmoud, qui en connait un rayon sur
sa culture musulmane, qui a connu les scouts musulmans belges qui sont à l’origine de
Sharia 4Belgium, me disait « c’est dingue, ils ne comprennent pas ce qui se passe ». Nous
étions en 2008.
*Propos receuillis par Serge Kaganski
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