Revue de presse mars 2016
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Revue de presse mars 2016
Maghreb mars 2016 Table des matières PanoraPost - Publié le 26 février 2016 4ème Forum Afrique développement, les choses se concrétisent Le Forum international Afrique Développement, co-organisé par le groupe Attijariwafa Bank et Maroc Export, se tient à Casablanca les 25 et 26 février. Cette 4ème édition est axée du thème « Agriculture et électrification : mobiliser les énergies » et cette année, le Club Afrique développement a été officiellement créé. 2.400 participants se sont enregistrés pour ce Forum, en vue de (lucratives, effectives et actives) rencontres en B2B. PanoraPost - Publié le 03 mars 2016 Que signifie de défendre et de porter des valeurs qui ne sont pas, en réalité, les nôtres ?, par Sanaa Elaji Que signifie que nous ayons des discours qui ne reflètent pas nos comportements au quotidien ? PanoraPost - Publié le 05 mars 2016 Les détails des substances biologiques saisies par le BCIJ, et l’évolution de la nature des risques Il y a dix jours, le Bureau central d’investigations judiciaires réussissait une opération importante, et inédite. Un ressortissant français, converti, un mineur, des projets d’attentats à la fourgonnette piégée et à l’aide de substances biologiques... Il s’agissait d’un véritable commando, ainsi que l’avait qualifié Abdelhak Khiam, chef du BCIJ. Mais la nouveauté, en dehors du Français et du mineur, était la découverte de produits et matières pouvant servir à un attentat biologique majeur. Les détails. The Guardian - Thursday 3 March 2016 12.42 GMT Sorry, France, but razing the Calais ‘Jungle’ is not humanitarian Clare Moseley The police are using disproportionate force to clear the camp, and now the majority of its inhabitants have nowhere to go LIBERATION – Affaire Kamel Daoud : la polémique sur l’islam et les femmes n’en finit pas Malgré divers soutiens, dont celui de Manuel Valls mercredi, l’auteur algérien confirme renoncer au journalisme. Mais la controverse, déclenchée par ses propos sur «le rapport malade à la femme» dans le monde arabo-musulman, perdure. Al-Ahram HEBDO - Semaine du 2 au 8 mars 2016 - Numéro 1116 Le Daech culturel Ceux qui luttent contre la culture, la pensée et la littérature ne sont pas moins dangereux que ceux qui dressent des drapeaux noirs et tuent sous prétexte qu’ils sont des moudjahidin. Et si le mot Daech est devenu le symbole du terrorisme armé le plus féroce, il convient également pour désigner le terrorisme culturel qui s’est propagé en Egypte menaçant le peu qui reste de créativité artistique, culturelle et intellectuelle. En effet, si le « Daech culturel » n’avait pas existé, il n’y aurait pas eu de Daech armé. Page 1 sur 104 Femmes sous influences Les femmes migrantes sont de plus en plus nombreuses à quitter leur terre, par volonté d'émancipation, par souhait de ne plus se soustraire aux contraintes familiales, pour fuir des rites dégradants, par désir de pouvoir faire des études et imaginer une autre vie. youtube.com Published on Sep 29, 2015 Migrants : Frère Rachid démasque les pays musulmans ( version française ) / France Nation Le « Frère Rachid », un ex-musulman marocain, anime tous les jeudi soir une émission en arabe intitulée Sou’âl jarî’ (Daring question – Question audacieuse) sur la chaine satellitaire Al-Hayat basée aux États-Unis. Il dialogue avec des dignitaires religieux et des chercheurs musulmans ainsi qu’avec des ex-musulmans. Il commente souvent les textes fondateurs en islam relatifs à la violence contre les non-musulmans et portant atteinte à la dignité humaine. Grâce à cette émission, il est devenu l’animateur-phare de cette chaine de langue arabe, regardée par plusieurs millions de musulmans dans le monde. PanoraPost - Publié le 07 mars 2016 Les trois « grandes » lois des ministres PJD bloquées Trois ministres PJD connaissent de grandes difficultés pour faire passer les lois qui devront, ou devraient, marquer leur passage au gouvernement. Il s’agit de Mustapha Ramid, Mustapha el Khalfi et Bassima Hakkaoui, avec respectivement le Code pénal, le Code de la presse et les lois sur la violence contre les femmes et sur le travail domestique. La raison en est une idéologie trop marquée… El Watan - Mercredi 9 mars 2016 Nebbou à l’occasion de la journée mondiale de la femme «Continuer dans les mêmes politiques est suicidaire» Le premier secrétaire national du FFS évoque, dans ce contexte, les luttes de la femme algérienne pour arracher ses droits. El Watan - Mercredi 9 mars 2016 Conseil français du culte musulman «Les principes d’égalité et d’équité ne sont pas respectés» Les femmes ont-elles leur place dans les instances musulmanes en France ? Une série de réunions a été initiée par le CFCM. El Watan - Mercredi 9 mars 2016 Contribution : L’institutionnalisation du Genre au Maghreb et en contexte migratoire La résilience de catégories binaires L’Institutionnalisation des études sur le genre au Maghreb et en immigration publié aux éditions EME Bruxelles sous la direction de Aïssa Kadri et de Nassima Moujoud (décembre 2015) est tout à fait d’actualité en cette journée du 8 Mars et dans le contexte des agressions et viols supposés être le fait de migrants à Cologne. Media24 – 09/03/16 Les ménages gérés par des femmes sont moins exposés à la pauvreté Le Haut commissariat au plan a publié, à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, une note récapitulative sur les disparités qui existent entre les hommes et les Page 2 sur 104 femmes au Maroc. Ces statistiques, aussi intéressantes qu'inquiétantes, sont tirées du dernier recensement global de la population (2014) et des résultats de récentes enquêtes menées par le HCP. Diminution de l'âge du premier mariage Les femmes, meilleures chefs de foyers Les violences à l'égard des femmes plus présentes en ville Media24 - 09/03/16 N'importe qui peut créer une journée mondiale de n'importe quoi 300 journées mondiales et internationales sont répertoriées. Qui peut en créer? Comment? Qui valide? Les réponses. Le Soir.be - 1/03/2016 La renaissance de Tombouctou La ville emblématique du nord du Mali a été rasée il y a trois ans et demi par les barbares djihadistes. Les extrémistes ont détruit 16 mausolées dédiés aux saints les plus vénérés par la population. Un groupe de maçons locaux lutte à présent pour récupérer cet héritage historique et culturel. Au secours des manuscrits islamiques PanoraPost - Publié le 12 mars 2016 Samira Sitaïl a raison de dire que « le Maroc n’est pas un Etat arabe », par Aziz Boucetta Elle a dit ce qu’elle pensait et elle s’est attirée les attaques de tous bords, en interne et ailleurs. Elle a dit que le « Maroc n’est pas un Etat arabe » et les Arabes, arabisants et autres panarabes se sont rués sur elle. Elle, c’est Samira Sitaïl, directrice de l’information à 2M, et elle n’a fait que lire la constitution, pourtant adoptée à la quasi unanimité des Marocains, et redire ce qui y figure, ou plus précisément ce qui n’y figure pas… PanoraPost - Publié le 13 mars 2016 Maroc-France : des relations économiques durables Trouver un juste équilibre entre le développement durable et la croissance, c’est chose possible. « Les entreprises peuvent faire de l’économie durable une économie pour développer leur compétitivité », a affirmé la présidente de la CGEM, Miriem Bensalah Chaqroun lors de la rencontre économique Maroc-France placée sous le thème « Construire ensemble durablement ». Le Soir.be - 12/03/2016 Crise des migrants: «Une certaine idée de l’Homme» Les récentes négociations de l’Union européenne avec la Turquie au sujet des réfugiés n’ont de « négociation » que le nom. La chronique de Vincent Engel. The Economist – Mar 12th, 2016 Illegal immigration Channel hopping There has been a twelvefold increase in clandestine attempts to enter Britain via European ports and train tunnels since 2012, according to figures obtained by The Economist under freedom of information laws. Lorries are X-rayed for stowaways and sniffer dogs patrol regularly, making the obstacle course harder than ever. Yet this has done little to deter migrants—nor to soothe the fears of Eurosceptic voters ahead of the June 23rd referendum Page 3 sur 104 PanoraPost - Publié le 14 mars 2016 Plus de 10 millions de Marocains sont francophones En plein débat sur le français dans l’école publique marocaine et suite à la polémique entre le ministre de l’Education nationale et le chef du gouvernement, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) vient de rendre public un rapport sur l’usage de la langue française dans le monde. Il y aurait donc quelque 10 millions de francophones au Maroc, sur un total de plus de 220 millions de personnes dans le monde, dont 110 environ reçoivent leur enseignement en français. PanoraPost - Publié le 14 mars 2016 Le respect de l’Autre, par Ahmed Aassid Il existe encore un grand nombre de personnes qui n’ont pas compris le sens de l’expression « respect de l’Autre », considérant que ce respect ne s’applique qu’à elles et que les autres doivent respecter leurs valeurs et leurs conceptions des choses. Mais elles ne pensent pas à la réciproque, et elles ne conçoivent pas que les opinions et la sécurité de l’Autre a la même importance que les leurs. El Watan - Jeudi 17 mars 2016 Guerre sournoise du Royaume wahhabite contre l’Algérie Les Saoudiens veulent la tête de Mohamed Aïssa Les prises de position du ministre des Affaires religieuses sur le wahhabisme irritent le royaume saoudien, au demeurant de plus en plus remonté contre l’Algérie pour ses dernières «démarcations» diplomatiques au sein de la Ligue arabe. El Watan - Jeudi 17 mars 2016 Le retour de la «Diaspora algérienne» vu par Giulia Fabbiano Entre la saga Riyad Mahrez et l’article 51… Le conte de fées que sont en train de vivre les Foxes — surnom de la modeste équipe de Leicester —, leader surprise de la très prestigieuse Premier League anglaise, ne laisse manifestement pas indifférents les «tifosi» algériens. EUobserver.com - BRUSSELS, 17. MAR, 18:53 Has the EU stopped lying to itself on refugees? "Americans can always be counted on to do the right thing … after they have exhausted all other possibilities" is a famous quote, versions of which have been attributed to Winston Churchill. EUobserver.com - BRUSSELS, 17. MAR, 11:48 EU-financed migration projects ignore human rights EU-funded migration projects in North Africa and Eastern Europe have not achieved their goals and have broadly ignored human rights, the EU's financial watchdog says. In a 70-page report out on Thursday (17 March), the European Court of Auditors found that respect for human rights "remains theoretical and is only rarely translated into practice". PanoraPost - Publié le 17 mars 2016 Après les manuels d’éducation religieuse, ceux d’histoire seront aussi réformés La réforme de l’éducation nationale marche lentement, mais sûrement semblerait-il cette fois… Le ministre de l’Education nationale Rachid Belmokhtar a annoncé avoir demandé aux services de son ministère de réviser les contenus dans les programmes d’histoire, dans l’objectif de lutter à la base contre le fondamentalisme. Page 4 sur 104 OreLa - Lundi 21 Mars 2016 Salah Echallaoui à la tête de l’Exécutif des Musulmans de Belgique Le 30 mars 2014, un nouvel organe représentatif du culte islamique était présenté à la presse belge. Issu pour la première fois d’un processus d’élection interne aux mosquées, cet Exécutif des Musulmans de Belgique avait pour mission de stabiliser l’organisation du culte islamique et faire progresser des dossiers importants, en particulier la reconnaissance de nouvelles mosquées. Deux ans plus tard, un constat d’échec entraine un remaniement de sa composition et la nomination d’un nouveau président, sur fond de moyens supplémentaires alloués par les pouvoirs publics au culte islamique. Le Soir.be - 23/03/2016 «Mes excuses»: lettre à mon fils, à ma fille Après la colère et la tristesse, le temps est venu pour moi de te présenter mes excuses. Cela fait 20 ans que je te mens. La chronique de Béatrice Delvaux El Watan - Vendredi 25 mars 2016 D’accord/Pas d’accord : Pour libérer un grand nombre de détenus Les prisons algériennes vont libérer un grand nombre de détenus, de l’ordre de 30 à 40%, durant les prochains mois.» El Watan - Vendredi 25 mars 2016 La question de la semaine : Est-ce qu’on va pouvoir se payer le hadj cette saison ? Le coût du pèlerinage de la saison 1437 Hijri/2016 a été fixé à 49 millions de centimes (490 000 DA), incluant le prix du billet et l’argent de change estimé à 2500 RS, soit 600 euros», a publié l’Office national du pèlerinage et de la omra (ONPO) sur sa page Facebook. El Watan - le 23.03.16 Richard Labévière. Spécialiste des réseaux djihadistes «Des réseaux dormants qui se réveillent et se vengent» Spécialiste des réseaux djihadistes et de leur financement, Richard Labévière, rédacteur en chef du magazine en ligne Proche&Moyen-Orient.ch, explique que les attentats de Bruxelles sont une réponse des réseaux dormants salafo-djihadistes implantés en Belgique, à l’arrestation de Salah Abdeslam et de ses complices. El Watan - le 20.03.16 Le président français célèbre le 19 mars Un geste positif» et «un acte courageux». La décision du président français de rendre hommage aux victimes de la Guerre d’Algérie à l’occasion du 19 Mars, qui correspond à la Fête de la victoire, est fortement saluée en Algérie. El Watan - le 22.03.16 Polémique autour du 19 mars : La guerre d’Algérie est-elle finie ? La tendance OAS, qui n’a jamais baissé les bras, pleure aujourd’hui les drames humains de 1962 qu’elle a elle-même causés. El Watan - Vendredi 25 mars 2016 Et petit à petit, les migrants ont changé le regard de la société La pluie claque sur la baie vitrée de l’hôtel. A travers la vitre du premier étage, on aperçoit sur le parking cinq migrants subsahariens qui poussent des brouettes remplies de béton. Dans la salle, dix-huit associations sont réunies autour d’une table pour unifier le travail de la société civile en faveur des migrants. L’une des participantes se lamente du racisme. Page 5 sur 104 El Watan - Vendredi 25 mars 2016 Montréal : Un hommage aux victimes algériennes du terrorisme intégriste Ajouad Montréal organisera ce jeudi 24 mars un hommage aux victimes algériennes du terrorisme islamiste de la décennie noire. El Watan - le 19.03.16 Focus .Le théâtre tunisien à l’épreuve de la liberté Planches et langue de bois Le théâtre tunisien post-Révolution est très bavard. Le besoin de dire et le besoin de crier sur scène sont si forts que les auteurs et les metteurs en scène ne se maîtrisent presque plus. -------- Message transféré -------Sujet :Caroline Date :Fri, 25 Mar 2016 17:26:15 +0100 De :Paul <[email protected]> Pour :MOpin <[email protected]> La fille de mon ami Claude est parmi les victimes de la bombe du métro, mardi, à Bruxelles. Le Soir.be - 26/03/2016 Edouard Delruelle: «La société a besoin de faire communauté» Après les attentats de Bruxelles, l’hommage national, le recueillement de nombreux citoyens et la démission avortée des ministres Jan Jambon et Koen Geens, le Grand Oral RTBF-Le Soir reçoit Edouard Delruelle. Professeur à l’Université de Liège, il décortique d’un point de vue philosophique ce que vit la Belgique depuis le 22 mars. La Libre.Be - LUNDI 28 MARS 2016 Les assassins appartiennent à notre monde L’histoire nous démontre que la main-d’œuvre du crime est issue de notre société. UNE OPINION DE DENIS SIEFFERT - DIRECTEUR DE L'HEBDOMADAIRE POLITIS. La Libre.Be - LUNDI 28 MARS 2016 La Belgique est inféodée depuis trop longtemps, fini le temps du politiquement correct ! Une opinion de Latifa Aït-Baala, vice-présidente du MRI (Mouvement Réformateur International). C’est au nom de cette religion d’Amour et de Paix (Islam) que les attentats les plus meurtriers qu’ait connus la Belgique ont été perpétrés ce 22 mars 2016. 28 personnes y ont laissé la vie et 340 blessés sont à déplorer. Les victimes sont des quatre coins du monde et l’on peut craindre un bilan encore plus lourd. La Libre.Be - LUNDI 28 MARS 2016 Terreur : des débats difficiles mais nécessaires Meurtrie dans sa chair, désignée comme base arrière du djihadisme européen, la Belgique doit aujourd'hui aborder des débats qui s'annoncent difficiles. J'en distingue trois : La Libre.Be - LUNDI 28 MARS 2016 "Pourquoi les musulmans ne descendent pas en masse dans la rue pour condamner ?" Un texte d'Ismaël Siadi, publié par l'auteur et réalisateur de cinéma, télévision et de théâtre, sur sa page Facebook. Page 6 sur 104 La Libre.Be - LUNDI 28 MARS 2016 "Il est temps d'arrêter la complaisance aveugle envers la communauté musulmane" Une opinion de Jonathan Claes, un lecteur de La Libre Belgique, en réponse au texte d'Ismaël Saïdi La Libre.Be - LUNDI 28 MARS 2016 La laïcité, entre rejet et tolérance Pas plus que la religion, la laïcité n’a intérêt à devenir l’arme d’un combat politique, dans tous les sens du terme. "Liberté en tout et pour tous" : cette maxime reste d’actualité dans le domaine des opinions, des croyances et des convictions. FRANCE 24. - 03/04/2016 À Sidi Moumen, au Maroc, l’art et la culture pour combattre l’intégrisme Convaincus que l’art peut changer des vies, deux artistes ont ouvert un centre dédié aux enfants dans un quartier défavorisé de Casablanca. L’objectif ? Leur permettre de s’exprimer et s’émanciper. Reportage en clair-obscur, entre espoir et réalité. Contrepoints (France) 2 avril 2016 D’où sortent les djihadistes ? L’éradication de la terreur passe par une réflexion à long terme sur les sources peu théologiques du néo-djihadisme. Sciencesetavenir Mis à jour le 29-03-2016 Khaled Asaad, archéologue et martyr de Palmyre En août 2015, l'archéologue français Jean-Baptiste Yon avait rendu hommage à l’ancien directeur du Département des Antiquités du site archéologique de Palmyre, en Syrie, assassiné à la mi-août 2015 par Daech. Nous republions ce témoignage alors que Palmyre est libérée. A voir : Plus de 2000 photos de la Mission Archéologique Française à Palmyre de 1901 à 1939, sont aussi disponibles. Une partie de la photothèque d’archéologie et des archives MédiHAL de l’Institut Français du Proche-Orient (Ifpo) ont été mis en ligne. COURRIER INTERNATIONAL - 29/03/2016 Maroc. “Tous pareils, tous africains” : la vidéo de Leila Alaoui que la télévision refuse de diffuser “A l’université, il est très difficile de se faire des amis marocains” ; “Il y a même des taxis qui ne veulent pas s’arrêter dans la rue pour me prendre.” Voici quelques-une des phrases prononcées dans le spot de quarante secondes réalisé il y a un an par la photographe franco-marocaine Leila Alaoui. “ APS (algerie) Pour la création à Adrar d’une académie internationale de formation d’imams et prédicateurs ADRAR - Les participants au séminaire international sur "l’école de soufisme algérienne et ses ramifications africaines", clôturé dimanche à Adrar, ont plaidé pour la création dans cette wilaya d’une académie internationale spécialisée dans la formation d’imams et de prédicateurs. Assawra - lundi 4 avril 2016 Le scandale Panama Papers met en lumière une manière de faire de l'évasion fiscale très élaborée. C'est la révélation de la journée. Le Monde et le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) ont mis en lumière l'existence d'un système offshore mondial qui Page 7 sur 104 représente, selon le quotidien, « la percée la plus spectaculaire jamais effectuée dans le monde obscur de la finance offshore ». L'occasion de faire le point sur un mode opératoire très répandu pour faire de l'évasion fiscale. The Economist – Apr 2nd, 2016 Arab universities The kingdom is king A snapshot of the region’s higher education The Economist – Apr 2nd, 2016 Afghan refugees Living in limbo The treatment of Afghans shows how Europe’s asylum system is collapsing The Economist – Apr 2nd, 2016 A religious killing in Scotland A quiet man with a loud message A horrific murder prompts fears of more attacks on a small Islamic sect The Economist – Apr 2nd, 2016 Counter-radicalisation (1) Battle of ideas In the first of three articles about Western countries’ attempts to counter Islamist violence, we look at a Belgian programme for disaffected Muslim youngsters Counter-radicalisation (2) Talking cure France puts its faith in secular authorities to help fight radical Islamist ideas Counter-radicalisation (3) A disarming approach Can the beliefs that feed terrorism be changed? CCLJ - Lundi 4 avril 2016 ATTENTATS DE BRUXELLES LUC DARDENNE : "DANS LES ANALYSES SUR LE DJIHADISME, ON NE PREND PAS ASSEZ EN COMPTE LE FACTEUR RELIGIEUX". Dans ce texte publié dans les Inrocks*, le cinéaste belge Luc Dardenne exprime son désaccord avec une certaine analyse de gauche disant que la radicalisation dépend de causes sociales. Page 8 sur 104 Articles PanoraPost (maroc) Publié le 26 février 2016 4ème Forum Afrique développement, les choses se concrétisent http://www.panorapost.com/article.php?id=12240 Le Forum international Afrique Développement, co-organisé par le groupe Attijariwafa Bank et Maroc Export, se tient à Casablanca les 25 et 26 février. Cette 4ème édition est axée du thème « Agriculture et électrification : mobiliser les énergies » et cette année, le Club Afrique développement a été officiellement créé. 2.400 participants se sont enregistrés pour ce Forum, en vue de (lucratives, effectives et actives) rencontres en B2B. Lors de la cérémonie d’ouverture, le ton a été donné sur les deux thèmes agriculture et électrification, avec un accent particulier sur la coopération Sud-Sud, qui ne doit pas rester un leitmotiv creux ou un slogan marketing. Il est temps de mettre la coopération interafricaine en mouvement, prenant appui sur le fameux discours de Mohammed VI prononcé à Abidjan voici deux ans, et dans lequel le roi avait longuement loué les vertus de cette coopération. Dans son allocution d’ouverture, le PDG d’Attijariwafa Bank Mohamed Kettani s’est montré fier et heureux d’annoncer la participation de 2.400 délégués, venant de 29 pays dont 24 pays africains (l’Inde et la Chine en guest stars) avec 4.500 rendez-vous programmés en B2B. il a rappelé que cette 4ème édition se tient dans une conjoncture internationale encore ébranlée par les séquelles de la grande crise économique et financière, insistant sur le fait que le FMI a même révisé 3 fois ses perspectives de croissance mondiale en quelques mois, de même que l’OCDE. Kettani est également revenu sur les deux thèmes de ce Forum, agriculture et électrification, avec en plus et en corollaire l’entreprenariat nécessaire pour le développement de l’Afrique, un continent où, a-t-il souligné, près de 600 millions de personnes n'ont pas d'accès aux réseaux électriques et où les taux d'électrification moyens des pays subsahariens ne dépassent guère 20%. Prenant la parole à son tour, le ministre de l’Agriculture Aziz Akhannouch a lancé à une salle comble qu’ « il faut gagner la bataille de l’agriculture », rappelant que le Maroc a structuré son secteur primaire autour de l’agriculture moderne à haute rentabilité certes, mais aussi et surtout vers une agriculture familiale et solidaire. Le Plan Maroc Vert, a insisté le ministre, a permis de passer de 160.000 hectares irrigués en système goutte-à-goutte en 2008 à 450.000 aujourd’hui, avec de bonnes perspectives pour atteindre avant l’heure l’objectif de 550.000 hectares initialement programmé de 2020. Quant au PIB agricole, cette année et en dépit de la pluviométrie inquiétante, il sera maintenu à plus de 100 milliards de DH, ce qui montre bien la capacité de résilience du Plan. Et puis arrive le ministre des Affaires étrangères, qui évoque de prime abord et avec une pointe d’humour son « décalage », que les gens ont effectivement observé ces derniers temps… Plus sérieusement, il a martelé que le continent devait passer de l’afro-pessimisme qui l’a caractérisé jusque-là à une posture de création de richesse et de partage d’expérience et d’expertises. Il a également rappelé que la COP22, qui se tient en fin d’année sur notre sol, sera le prolongement de la COP21 en France, qui n’a pu réussir que grâce à l’engagement et aux engagements des pays africains, et du Maroc en particulier. « Le Maroc souhaite faire de la COP 22 celle de l’Afrique et celle de ceux qui sont les plus menacés par les changements climatiques. Et en faire celle de la concrétisation et du début Page 9 sur 104 du financement programmés », a expliqué le chef de la diplomatie, qui a suggéré cette idée que le Maroc, en allant vers ses frères africains, n’est pas « venu avec ses grosses bottes » pour prendre la place de certains ou comme le pensent certains, en allusion claire à la France , mais pour bâtir des relations de confiance en vue d’assurer l’avenir. Rappelons que depuis les quelques années que se tient le Forum Afrique développement, 5.500 opérateurs économiques y ont participé et 13.000 rendez-vous B2B ont été organisés. PanoraPost (maroc) Publié le 03 mars 2016 Que signifie de défendre et de porter des valeurs qui ne sont pas, en réalité, les nôtres ?, par Sanaa Elaji http://www.panorapost.com/article.php?id=12277 Que signifie que nous ayons des discours qui ne reflètent pas nos comportements au quotidien ? Que signifie de brandir tous ces slogans, en agissant exactement à l’inverse tant que le public qui reçoit ces slogans ne nous regarde pas agir, après nous avoir entendu clamer et proclamer tant et tant de choses ? Il existe d’aussi nombreux que divers exemples de ce qui précède dans nos vies de tous les jours : Des associations, des organismes de défense des droits humains… qui piétinent allégrement les droits de leurs propres employés. Rien de plus « normal », pourrait-on dire puisque ces droits, et surtout leur respect, n’apparaissent pas en fin d’année dans les bilans d’activité, pas plus qu’ils ne se reflètent dans les discours et les proclamations. Voilà une institution de défense, au grand jour, des droits des personnes à besoins spécifiques, mais qui, derrière le rideau, refuse de reconnaître à une employée enceinte le droit de demander à ne pas prendre le train chaque jour pour aller à son travail. Cette femme propose pourtant des solutions qui lui permettraient de prendre soin de sa santé tout en arrivant aux mêmes résultats ; mais non, cette association ne veut pas admettre que l’état de grossesse peut engendrer, et engendre souvent, des besoins spécifiques que l’on doit prendre en considération, surtout quand la femme concernée préconise des formes de travail qui assure les performances et la productivité habituelles. Voilà encore des groupes ou entreprises de presse qui critiquent à tout va, brandissent des slogans rageurs quant au respect de la loi et de la démocratie, qui ne laissent rien passer à personne mais qui, vérifications faites, ne paient pas leurs cotisations sociales… et nous ne parlons même pas des retraites ou des assurances-maladies complémentaires, mais bel et bien des cotisations légales obligatoires… Oh bien évidemment, on critique le roi, on égratigne le gouvernement, on s’attaque au parlement, même si l’institution qui fait cela ne respecte aucunement ses propres obligations réglementaires et sociales. Il existe aussi des associations de la société civile et des médias qui portent haut les valeurs citoyennes, qui proclament leur modernité et qui disent défendre les libertés individuelles et collectives mais qui n’ont que très peu de considération pour leurs partenaires et/ou leurs salariés : mensonges récurrents, retard dans le respect des engagements, irresponsabilité à multiples facettes… Page 10 sur 104 Des gens qui nous assourdissent à longueur d’entretiens de leur amour pour leur patrie, de leur attachement indéfectible à l’intégrité territoriale, qui n’en peuvent plus de brandir les couleurs nationales… mais qui se gardent bien de payer leurs impôts le moment venu… Des militantes qui font de leur combat en faveur des femmes une raison de vivre, dont les noms deviennent quasi légendaires dans leurs domaines, mais qui n’ont que mépris pour les droits les plus élémentaires de leurs personnels de maison car à leurs yeux, les seuls droits des femmes qu’elles reconnaissent sont le quota et la discrimination positive qui permet des responsabilités effectives… Des défenseurs des droits qui passent leurs temps à parler modernité et à causer libertés mais qui, une fois dans leurs vies habituelles, oublient tout cela… Ils ne sont pas conservateurs – étant entendu qu’être conservateur n’est absolument pas une tare – mais plutôt profanateurs et mystificateurs. Ces gens soliloquent à longueur de journées sur les libertés individuelles mais, la nuit tombée, se trouvent offusqués de trouver face à eux des gens qui ne consomment pas d’alcools, comme si la dive bouteille était en elle-même un symbole de la modernité, alors même, on le sait, que la plupart des piliers de bars au Maroc sont plus conservateurs que quiconque… Et même quand ils causent de la chose, aucun de ces si vertueux personnages ne se résout à admettre que le respect des libertés individuelles passe aussi par celui d’un individu portant les valeurs de modernité mais qui n’aime pas boire de l’alcool. Et nous avons, bien évidemment, les gens pieux – du moins en apparence – mais qui ne crachent pas sur le matériel et le vénal, en piétinant au besoin les droits des faibles et des opprimés, proches ou lointains. Ils mentent et bonimentent, se faisant tour à tour hypocrites ou escrocs… en couvrant le tout d’un vernis de piété. Des groupes, des grappes de gens passent des heures entières de leurs saintes journées à vitupérer contre ces parents irresponsables qui gâtent leurs progénitures, qui exercent sur elles de si néfastes influences (à leurs yeux) ou qui les délaissent et s’en désintéressent…mais quand l’un d’eux, parmi ces preux et valeureux moralisateurs, déclare qu’il ne veut pas avoir d’enfant car il ne sent pas capable d’endosser cette responsabilité parentale pour une raison ou pour une autre, ses commensaux lui jettent des regards obliques ou le toisent de haut en lui disant sur un ton docte : « Tu verras, tu finiras par changer d’avis »… Et que de jeunes qui se plaignent des exigences de noces faites par les filles, avec toutes les dépenses et le tapage, mais qui, une fois qu’ils voient sur Facebook un jeune couple ayant affiché des photos de leur voyage de noce décidé en lieu et place d’un mariage princier, marquent leur désapprobation grincheuse et souvent réprobatrice. Que de couples ont marié leur fils dans une débauche d’argent, un argent qu’ils n’avaient pas et qu’ils ont dû rembourser des années après la noce mais qui, quand leur fille vient leur apprendre qu’elle veut convoler sans tapage ni vacarme, dans la discrétion et l’intimité avec son promis, la sermonnent et la mettent en garde contre cette déviance qui lui coûterait tant, à elle et aussi à eux…comme si le mariage à la marocaine était le passage obligé vers le bonheur ! Quelle candeur ! Des exemples comme ceux-là, on peut en dérouler à l’infini et nous en avons tous connu, d’une manière ou d’une autre, sur tel ou tel sujet, jusqu’à la nausée… Mais on en arrive, finalement, à la conclusion que le slogan est facile mais que sa mise en pratique n’est pas si aisée… Le plus difficile est de faire ce que l’on dit et de concrétiser nos slogans, loin de toute hypocrisie sociale… ou alors, que l’on se taise si on est incapables de changer en nos fors intérieurs. Page 11 sur 104 Les Français ont un dicton qui résume bien tout cela : « Pour donner des leçons d’hygiène, il faut avoir le cul propre ». Al Ahdath al Maghribiya PanoraPost (maroc) Publié le 05 mars 2016 Les détails des substances biologiques saisies par le BCIJ, et l’évolution de la nature des risques http://www.panorapost.com/article.php?id=12282 Il y a dix jours, le Bureau central d’investigations judiciaires réussissait une opération importante, et inédite. Un ressortissant français, converti, un mineur, des projets d’attentats à la fourgonnette piégée et à l’aide de substances biologiques... Il s’agissait d’un véritable commando, ainsi que l’avait qualifié Abdelhak Khiam, chef du BCIJ. Mais la nouveauté, en dehors du Français et du mineur, était la découverte de produits et matières pouvant servir à un attentat biologique majeur. Les détails. PanoraPost a pu obtenir des informations sur ces produits, après analyse des substances saisies, un cadavre de rat, des lamelles de citron et des clous. Ces produits ont été analysés dans les laboratoires scientifiques de la police et les découvertes qui en ont été issues sont effrayantes. La préparation de produits pouvant servir à une attaque biologique en étaient encore au stade préliminaire, mais il semblerait que les terroristes connaissaient les méthodes de fabrication de produits létaux, à grande échelle, et de diffusion avec des doses de l’ordre du microgramme. Nature de la bactérie et sa létalité Après les études et analyses biologiques en laboratoire, la présence d’une bactérie Clostridium perfringens a été avérée. La particularité de cette bactérie est sa production de toxines particulièrement dangereuses et qui, administrées à de très petites doses, sont mortelles. Les pathologies qui résultent de ces toxines sont diverses. 1/ Pour la toxine A : a/ Gangrène gazeuse pouvant mener à l’amputation d’un membre ; b/ Septicémie violente et mortelle. La septicémie est une infection grave de l'organisme, se caractérisant par la présence dans le sang de germes pathogènes ; c/ Pneumonie nécrosante conduisant à la mort. 2/ La Toxine Epsilon mène à des neurotoxines, des produits toxiques agissant sur le système nerveux et entraînant invariablement la mort. 3/ Enfin, pour la toxine de type C, le sujet présente après administration du produit une entérocolite nécrosante mortelle ou, autrement dit, une inflammation de l'estomac et de l'intestin. La nécrose est la mort d’un tissu, ou d’une cellule. Page 12 sur 104 Ces résultats ont été obtenus par des expérimentations biologiques approfondies, combinant les produits saisis dans la « planque » de la cellule démantelée à el Jadida. Elles ont été ensuite éprouvées sur des souris qui ont présenté les différents symptômes décrits cidessus, avant de mourir entre 9 et 24 heures après avoir reçu les doses. Méthodes de diffusion La bactérie Clostridium perfringens et la neurotoxine qui en est tirée sont reconnus et classifiés parmi les agents du terrorisme biologique car elles peuvent être utilisées dans la contamination de l’eau et des aliments, et elles peuvent également contaminer l’air respiré par un procédé d’aérosolisation, c’est-à-dire par administration à travers la voie aérienne en aérosol. Pour être plus précis, si ces produits sont répandus dans des bassins et/ou des cuves d’eau potable, on imagine les catastrophes qui en résulteraient. Ces citernes sont approchées quotidiennement par des dizaines de personnes… Il est plutôt difficile de préparer ces produits en aérosol, mais avec la montée et le développement des techniques, il devient à la portée d’une groupe organisé de réussir l’aérosolisation. Le groupe arrêté par le BCIJ l’est… Un attentat commis dans un espace fermé, parmi ceux commerciaux ou non cités par le BCIJ, pourrait utiliser le système de ventilation, atteignant les centaines, voire les milliers de personnes qui s’y trouvent. Comment ces produits sont arrivés au Maroc Nous le disions dans un précédent article, ces produits sont entrés sur le sol national par les frontières est. Pour être plus précis, ces frontières sont hermétiques au sud, avec le mur de sécurité du Sahara et au nord, avec la barrière grillagée érigée depuis un an. Cela laisse entre ces deux barrières quelques centaines de kilomètres de frontières franchissables par un groupe organisé, en plusieurs fois. Or, le matériel saisi et le degré de préparation de la cellule/commando arrêtée par le BCIJ dévoile un degré élevé d’organisation, qui aurait pu permettre de faire entrer au Maroc, séparément, des produits pouvant servir à la fabrication d’agents pathogènes, une fois ces produits assemblés et préparés. L’itinéraire suivi par les terroristes, et leurs produits, pourraient donc prendre son départ de Libye, nouveau sanctuaire du groupe « Etat islamique ». Or, on sait le degré de porosité des frontières algériennes est, avec la Libye, l’armée algérienne ayant montré son incapacité à contrôler ces 750 km, en plus du demi-millier de km de frontières avec le Niger. Le Grand Sud algérien étant terra nullus, avec des bandes de terroristes Aqmi (al-Qaida au Maghreb islamique) qui y circulent en quasi liberté et dont les relations ont été établies, selon plusieurs déclarations du patron du BCIJ, avec le Polisario. Or, la cellule dernièrement démantelée avait fait allégeance à Daech. Il reste à déterminer les relations entre les deux officines terroristes que sont Aqmi et Daech au Sahel. Le risque est donc la circulation d’armes et de produits biologiques (et peut-être chimiques aussi) dans la large bande du Sahel, et la possibilité d’infiltration au Maroc dans un premier temps, et en Europe dans un second temps. Et au-delà du Maroc ? Mais le risque est encore plus grand de voir les expertises humaines en matière de produits chimiques et biologiques traverser les frontières, l’organisation « Etat islamique » ayant semble-t-il décidé d’utiliser des armes dites NRBC (nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques). Le Maroc est menacé sur son flanc est, et donc l’Europe sur son flanc sud, en plus des arrivées massives de migrants de Mésopotamie sur le Vieux Continent. Page 13 sur 104 Rappelons que pour ces rames NRBC, la presse belge avait ces dernières semaines fait état d’une traque d’un haut responsable belge dans le domaine nucléaire par les terroristes de Daech, l’adresse de son domicile et ses habitudes ayant été trouvées dans un disque dur saisi lors de la perquisition d’un repaire de terroristes en Belgique… Aziz Boucetta The Guardian - Thursday 3 March 2016 12.42 GMT Sorry, France, but razing the Calais ‘Jungle’ is not humanitarian Clare Moseley The police are using disproportionate force to clear the camp, and now the majority of its inhabitants have nowhere to go http://www.theguardian.com/commentisfree/2016/mar/03/france-razing-calais-jungle-camp It’s now three days since the Calais “Jungle” turned into a war zone. The police arrived around dawn on Monday, between 200 and 300 of them, followed by bulldozers and workmen with sledgehammers and axes. After doing their best to seal off the refugee camp to keep observers outside, they began to move from shelter to shelter, ordering the inhabitants to leave within the hour or face arrest. According to charity workers who, like me, managed to sneak past the police, anyone who refused was marched away by up to a dozen officers. The minute the homes were empty, they started demolishing them. Demolishing the Calais Jungle won’t solve this humanitarian emergency David Kraft In some cases the residents took to the roofs with placards in an attempted protest, and refused to come down. Within hours at least one home was on fire, set alight by unknown hands. Stones were being thrown. The police were firing tear gas and water cannons. This is not the first time that refugees have faced eviction in the Calais area. Since 2002, “jungle” after “jungle” has grown up and been cleared. But this latest settlement might have been expected to last. In March 2015 the French authorities created it to house the refugees they had kicked out of a string of smaller camps in the region. At that time, the refugees were promised that if they moved to this piece of land they would not be evicted. Less than a year later, that promise is being broken. The French authorities are determined to close the Jungle as fast as they can, whatever the human cost. A fresh wave of refugees is expected to reach Calais in April or May. This is the last chance to get rid of a huge political embarrassment before it gets even bigger. Once the wrecking crews have finished in the southern half of the camp, they will move north, leaving thousands of refugees homeless yet again. It’s shameful and tragic, and having seen how brutally the evictions have been handled, I don’t have much hope for the future. The only thing that might help is the attempt to get an urgent ruling from the European court of human rights. The refugees in the Jungle are not monsters or spongers. They didn’t leave their homes because they wanted a better lifestyle; they left because they had no choice and because something truly terrible happened to them. They’re fleeing war or persecution. Many are traumatised. In my work with Care4Calais, I’ve talked to people who have been jailed for Page 14 sur 104 their political beliefs, or seen family members killed by extremists and militias. One man told me he had seen his own brother beheaded by Islamic State and feared he had become so desensitised to horror that he was no longer human. They come thousands of miles to get here, and end up in a tiny shelter where they’ve got nothing, and then someone destroys that home in front of their eyes. If you’re wondering why they’re not claiming asylum in France, it’s not so hard to understand. France has one of the lowest asylum acceptance rates in Europe, and terrible conditions for applicants. And their experience of France will so far have been pretty grim. Over a third of the Jungle’s residents have family in the UK; others served the British army in Afghanistan and were forced out of their homes because of that. Many have English as their second language. And a really saddening number of them actually believe in Britain. They believe that Britain is the home of democracy, that Britain is where people are treated fairly, and that if they get to Britain and work hard and behave well they will put their suffering behind them. If people in Britain understood more, I dearly hope they’d be more compassionate. The tension and the despair in the camp are horrible. When you talk to young people, they say to you, “I’ve done nothing wrong; why does everybody hate me?” because whenever they leave the Jungle they get beaten up. “I’m a good boy,” they say, “I work hard, I’m good at school. Why will nobody help us?” Monday’s stone-throwing involved a small group of Afghan boys who have been brought up to be used to violence and have serious behavioural issues. That was terrible, and the police shouldn’t have to put up with it, but I would have expected more restraint from them. I saw them turn water cannons on people who weren’t doing anything wrong, and the amount of tear gas that was fired was just crazy. Load, point, aim, fire; load, point, aim, fire; load, point, aim, fire … it was almost like a training exercise. On Monday one of my fellow volunteers was hit by a tear gas canister, and I saw another being taken away on a stretcher – and that was just the charity workers. There may be a dozen or so trouble-makers among the refugees, but there are more than 5,000 other residents, many of them families with young children. Turning their communities and homes into a war zone is unforgivable and dangerous. There was no need for the police to go in in such numbers, or to use so much force. I’d see them standing there in their rows and rows, with full body armour, helmets and visors, shields and batons, and I’d think, “This is crazy. I walk among these people every day; I’m not scared of them.” Standing in the middle of the crowd earlier this week, the only thing I was afraid of was the police. Yet all the media want to talk about is “migrants rioting”. As I write, the evictions continue, and the authorities continue to insist there’s plenty of room for the refugees elsewhere. That’s simply not true. Although the official figures are around 1,000 people in the south, the Jungle actually has (or had until very recently) around 3,500 there, plus another 2,000 in the north. According to the authorities, those who are displaced can move to dormitories that have been set up in converted shipping containers, or to accommodation centres scattered across France – but there are fewer than a hundred places left in the containers, and the accommodation centres are nearly all set to close at the end of this month. According to the French, the camp clearance is a “humanitarian operation” designed to improve living conditions. But if that were the case, officials would be coming in, speaking to people, taking them to alternative accommodation, then coming back later to bulldoze the camp. That’s not what we’re seeing. What we’re seeing is a massive panic to get people out Page 15 sur 104 of their homes then to destroy those homes as quickly as possible. This is not about rehousing refugees; it’s about getting rid of the camp. Meanwhile, the inhabitants settle where they can. Some have gone to the shipping containers; others have moved to the northern part of the camp, or to Dunkirk (although the camp there’s already overcrowded and has its own eviction date set for next week). Many are moving into smaller camps throughout northern France – in fields, in parks, sleeping rough. Not that those behind the evictions seem to care. As soon as a home is empty, they demolish it and cart away the rubble. They don’t even wait to see in which direction the refugees are walking. • You can donate to Care4Calais here LIBERATION – Affaire Kamel Daoud : la polémique sur l’islam et les femmes n’en finit pas Par Cécile Daumas — 3 mars 2016 à 19:51 http://www.liberation.fr/debats/2016/03/03/affaire-kamel-daoud-la-polemique-sur-l-islam-etles-femmes-n-en-finit-pas_1437302?xtor=EPR450206&utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=quot Malgré divers soutiens, dont celui de Manuel Valls mercredi, l’auteur algérien confirme renoncer au journalisme. Mais la controverse, déclenchée par ses propos sur «le rapport malade à la femme» dans le monde arabo-musulman, perdure. Il est l’objet de son propre drame. Depuis la publication de sa tribune sur les agressions sexuelles de Cologne du 31 décembre, Kamel Daoud est au centre d’une polémique qui tourne à l’absurde : l’écrivain, connu pour son combat contre l’islam radical, cible d’une fatwa, se retrouve traité d’islamophobe et ses contempteurs, d’intégristes ! Dernier épisode en date : Manuel Valls a appelé mercredi sur Facebook à soutenir de façon «urgente» l’homme de lettres. «Clichés orientalistes» A l’origine de la polémique, un texte publié initialement dans La Repubblica et repris par le Monde le 31 janvier, où l’auteur de Meursault, contre-enquête (Actes Sud, 2013) livre son analyse des événements allemands. «Le sexe est la plus grande misère du monde d’Allah», affirme-t-il, laissant entendre que cette misère serait le terreau des agressions commises à Cologne par des jeunes de culture arabo-musulmane. Par retour de tribune, un groupe d’universitaires dénonce le 12 février dans le Monde «les clichés orientalistes» de Daoud, qui feraient le lit de l’islamophobie. Depuis, de nombreux intellectuels se déchirent. Quant à Kamel Daoud, il est revenu mercredi dans sa chronique du Quotidien d’Oran sur sa décision de renoncer au journalisme, annoncée le 20 février. «J’ai envie de me reposer du journalisme pour rêver de littérature. […] Cette décision, prévue pour fin mars, a été précipitée» par la polémique. Pourquoi cet écrivain, connu pour sa liberté de ton tant envers les islamistes qu’en direction du pouvoir algérien, se retrouve-t-il au centre d’une telle controverse ? Entre tabou et nondits, les questions de racisme et d’antiracisme ont toujours embrasé la France. Mais depuis les attentats de 2015 à Paris, le débat s’est terriblement crispé, avec une quasi-impossibilité d’aborder le sujet de l’islam ou de la laïcité sans se faire taxer soit d’islamophobe, soit au contraire d’intégriste ou - sa variante politique - «d’islamo-gauchiste». Au-delà de ses propos qui, comme tout énoncé public, peuvent faire l’objet d’une critique, Daoud fait violemment les Page 16 sur 104 frais de ces nouvelles règles post-2015. L’écrivain lui-même est bien conscient que la polémique enclenchée par ses écrits dépasse sa personne. «Dans l’affaire "Cologne", écrit-il dans le Quotidien d’Oran, j’ai fini par comprendre que je n’étais que le déclencheur de quelque chose qui couvait et qui attendait. Le délire était si rapide et si disproportionné qu’il est devenu plus intéressant que mes propos.» D’où sa décision d’arrêter de polémiquer sans pour autant renier ses propos initiaux. «Ce que j’ai écrit sur nos liens malades avec le désir, le corps, et la femme, je le maintiens et le défends. […] Je suis algérien, je vis en Algérie, et je n’accepte pas que l’on pense à ma place, en mon nom.» L’affaire Daoud est devenue de fait une bataille rangée sur tout ce qui travaille la France depuis 2015 : la lutte contre l’islamisme, le racisme, le maintien d’une laïcité à la française et prise entre ces fers idéologiques, l’égalité femmes-hommes. Le tout brouillé par l’arène «mondialisée» qui accueille désormais le débat d’idées. Peut-on parler de l’islam et des dérives de la même façon en étant en France ou en Algérie ? Peut-on porter un discours sur cette religion sans être accusé d’islamophobie ou, a contrario, d’angélisme ? Sans doute Kamel Daoud, comme d’autres, se croyait-il immunisé contre tous ces maux. Parmi les soutiens à l’auteur, la journaliste et écrivaine Fawzia Zouari appelle de ses vœux, lundi dans Libération, un nouveau discours à gauche affranchi de la peur de l’accusation d’islamophobie. «Oui, il y a une psychologie de la foule arabe, dit-elle. Oui, il y a, dans nos sociétés, un rapport pathologique à la sexualité induit par la morale religieuse.» Depuis, la romancière franco-tunisienne est invitée par de nombreux médias… Récupération politique, diront ceux qui dénoncent le caractère globalisant, essentialisant et culturaliste de la tribune de Daoud. «La population des réfugiés compte comme toute population son lot de sales types et il n’y a pas lieu de demander aux étrangers d’être meilleurs que nous le sommes», réaffirme, mardi dans le Monde, l’historienne et anthropologue franco-tunisienne Jocelyne Dakhlia, par ailleurs cosignataire de la tribune collective contre l’écrivain algérien. Et l’universitaire de souligner que les faits de Cologne sont loin d’être établis, sujets à amalgame politique : «Les "réfugiés" et les "immigrés" sont d’emblée et globalement assimilés à des violeurs en puissance du fait de leur culture-religion, les musulmans de Cologne sont assimilés aux islamistes d’Alger.» Colonialité L’intervention de Valls ne va pas calmer les esprits. Dans son combat contre le terrorisme et sa défense d’une laïcité sans concession, il a bien vu l’opportunité politique de s’exprimer. Selon lui, Daoud a le grand mérite de montrer «qu’il y a dans le monde musulman - mais aussi ici, en France - un fondamentalisme qui veut enfermer les consciences, imposer son ordre archaïque, entraver les libertés, soumettre les femmes» . Au-delà de la lutte indispensable contre l’intégrisme religieux et ses dérives terroristes, au-delà de la nécessité absolue de protéger Daoud de toute fatwa, sans doute faudra-t-il revenir aux faits pour saisir ce qui s’est réellement passé à Cologne dans toute sa complexité. Des faits qui, comme le dit le géographe spécialiste du genre Yves Raibaud, «impliquent de façon implacable le patriarcat, le capitalisme et le racisme» envers les musulmans. Au final, il ne s’agit ni d’ éluder l’influence de la culture arabo-musulmane dans l’éducation des garçons ni d’occulter le fait colonial qui irrigue souterrainement les discours énoncés de toute part depuis le déclenchement de l’affaire Daoud. Comme le rappelle le sociologue Ramón Grosfoguel de l’université de Berkeley, la colonialité est une «matrice invisible jamais nommée, mais qui construit nos subjectivités et nos manières d’agir». Cécile Daumas Al-Ahram HEBDO - Semaine du 2 au 8 mars 2016 - Numéro 1116 Page 17 sur 104 Le Daech culturel Wahid Abdel-Méguid02-03-2016 http://hebdo.ahram.org.eg/NewsContent/0/4/132/15342/Le-Daech-culturel.aspx Ceux qui luttent contre la culture, la pensée et la littérature ne sont pas moins dangereux que ceux qui dressent des drapeaux noirs et tuent sous prétexte qu’ils sont des moudjahidin. Et si le mot Daech est devenu le symbole du terrorisme armé le plus féroce, il convient également pour désigner le terrorisme culturel qui s’est propagé en Egypte menaçant le peu qui reste de créativité artistique, culturelle et intellectuelle. En effet, si le « Daech culturel » n’avait pas existé, il n’y aurait pas eu de Daech armé. La réalité est que les « Daechiens » sont tous armés mais avec des outils différents. Car les accusations de la hisba (atteinte à la pudeur), qui tuent la créativité et font trembler les intellectuels, constituent une arme plus destructive que les bombes et les mitrailleuses. Ce genre d’accusation tue l’esprit de la société exprimé par l’art et les lettres. Le romancier Ahmad Naji n’est pas l’unique victime de cette arme et ne sera pas le dernier tant que ne nous mettons pas un terme à ce phénomène qui constitue une menace réelle pour la société. Cette situation a empiré vu les restrictions imposées par certains responsables dans des syndicats artistiques. Chose tout à fait contradictoire avec leur responsabilité de protéger la créativité et d’ouvrir toutes les portes afin de la faciliter. Aujourd’hui, les restrictions imposées au domaine intellectuel ont atteint un stade alarmant à cause de la domination de superstitions qui n’ont rien à voir avec la logique. Et aussi parce que les activités artistiques sont soumises à l’emprise d’esprits qui n’ont rien à voir avec l’art. Cela ne peut se produire que dans un « Etat religieux ». Par exemple, il y a quelques années, la musique Black Metal a été interdite sous prétexte qu’elle fait partie des rythmes de la croyance satanique. Et si les artistes eux-mêmes ne s’activent pas pour sauver leurs syndicats et leur oeuvres, il faut que chacun sache qu’un jour ou l’autre, il sera diffamé de la même manière. Il est vraiment surprenant de constater que ces actions qui devraient appartenir à des époques révolues sont pratiquées alors que le gouvernement lance actuellement un projet nommé L’Egypte de 2030. Comment voulons-nous atteindre l’année 2030 avec des esprits qui veulent nous ramener des siècles en arrière ? Sans oublier que la nouvelle Constitution confirme clairement dans son article 67 la protection de la créativité contre les attaques culturelles de Daech Page 18 sur 104 Femmes sous influences http://courrier.lacimade.org/HM?b=_Q-pDmkjOCdMy4Jbd3lB3gHR-L-OwVXxwZhyuo5Ke7oswCnTxLr3U2LhjNenFBm&c=ZHztVzdHTu_G1TaJDNj47w Les femmes migrantes sont de plus en plus nombreuses à quitter leur terre, par volonté d'émancipation, par souhait de ne plus se soustraire aux contraintes familiales, pour fuir des rites dégradants, par désir de pouvoir faire des études et imaginer une autre vie. On les dit dominées, soumises à des traditions d'un autre temps et sans diplôme, on les dit "femme de" ou "épouse de" pour les réduire à un statut, le plus souvent erroné. Dans les faits, beaucoup viennent seules. Leur parcours est dangereux et elles se retrouvent le plus souvent sur notre sol sans titre de séjour. Les plus diplômées et les demandeuses d'asile peuvent aspirer à un statut légal. Mais la survie est éprouvante en attendant une régularisation par le travail, sans pouvoir choisir ni métiers, ni horaires. De nombreuses femmes choisissent la voie du travail clandestin, au risque de ne pas être payées, d'être malmenées, maltraitées. Parce qu'elles sont femmes, elles se heurtent à des discrimminations liées au genre: elles occupent souvent des emplois à temps partiels et en horaires décalés où les contacts humains sont rares. Isolées, elle sont peu informées de leurs droits et ont donc des difficultés à les faire valoir. La Cimade accompagne ces femmes dans leurs démarches juridiques, médicales, sociales et dans le cadre de procédures liées au divorce. La Cimade a été longuement auditionnée dans le cadre des débats qui ont animé la proposition de loi contre le système prostitutionnel, la réforme du droit d'asile et la nouvelle loi relative au droit au séjour des étrangers en France. Grâce à ce travail, les persécutions liées au genre devraient être prises en considérations dans les demandes de protection. La Cimade a également mis en place un groupe de travail autour des femmes migrantes, sur la question de la traite des êtres humains ou encore sur l'accès aux soins, à l'emploi et aux formations. La Cimade a créé des espaces et des lieux d'échanges dédiées aux femmes. Page 19 sur 104 Votre don est essentiel à la poursuite de notre action auprès des femmes migrantes. Grâce à votre don, nos bénévoles les accompagnent au quotidien. Merci d'être toujours à nos côtés. youtube.com Migrants : Frère Rachid démasque les pays musulmans ( version française ) / France Nation Published on Sep 29, 2015 Le « Frère Rachid », un ex-musulman marocain, anime tous les jeudi soir une émission en arabe intitulée Sou’âl jarî’ (Daring question – Question audacieuse) sur la chaine satellitaire Al-Hayat basée aux États-Unis. Il dialogue avec des dignitaires religieux et des chercheurs musulmans ainsi qu’avec des ex-musulmans. Il commente souvent les textes fondateurs en islam relatifs à la violence contre les non-musulmans et portant atteinte à la dignité humaine. Grâce à cette émission, il est devenu l’animateur-phare de cette chaine de langue arabe, regardée par plusieurs millions de musulmans dans le monde. https://www.youtube.com/watch?v=9Piild63USc PanoraPost (maroc) Publié le 07 mars 2016 Les trois « grandes » lois des ministres PJD bloquées http://www.panorapost.com/article.php?id=12288 Trois ministres PJD connaissent de grandes difficultés pour faire passer les lois qui devront, ou devraient, marquer leur passage au gouvernement. Il s’agit de Mustapha Ramid, Mustapha el Khalfi et Bassima Hakkaoui, avec respectivement le Code pénal, le Code de la presse et les lois sur la violence contre les femmes et sur le travail domestique. La raison en est une idéologie trop marquée… Le Code pénal, malgré ses incontestables avancées en matière de conformité avec les textes internationaux (crimes contre l’humanité et génocides, harcèlement sexuel, racisme et haine raciale…), constitue néanmoins une régression en introduisant des articles entérinant d’une certaine manière le crime d’honneur, sévissant contre la rupture du jeûne en public… Le projet prévoit aussi des sanctions contre « l’offense » ou le sarcasme contre les religions ou les prophètes. Le texte a fait l’objet d’une levée de boucliers qui a conduit le ministre à le Page 20 sur 104 retirer du circuit institutionnel où i avait engagé en vue de son adoption, contrairement aux lois organiques sur le Conseil supérieur de l’autorité judiciaire et le Statut des magistrats, plutôt consensuelles. Pour Mustapha el Khalfi, il en va de même… Après avoir fait passer les deux textes annexes du Conseil national de la presse et du Statut du journaliste, il endure les pires tourments de la part de la profession pour le projet de Code de la presse, qui comporte pourtant beaucoup d’acquis pour la profession. Deux motifs de litige, l’imprécision des articles, pouvant conduire un journaliste en prison par un jeu de passerelles entre les lois (code de la presse et code pénal) et aussi cette insistance à vouloir supprimer les publicités des jeux de hasard, une mesure qui impacterait très négativement les finances et les comptes des entreprises de presse alors même que les entreprises spécialisées dans ces jeux de hasard sont publiques ou semi-publiques, c’est-à-dire placées sous le contrôle du gouvernement… Pour la ministre de la Famille, de la Femme et de la Solidarité, elle se retrouve encore et toujours sous les feux de la rampe pour ses deux lois sur la violence contre les femmes et sur le travail domestique. Les ONG nationales et internationales considèrent le premier texte comme n’étant pas véritablement protecteur pour les femmes ; concernant le second projet, l’âge minimum pour travailler est fixé à 16 ans, alors même que les défenseurs des droits insistent pour le porter à 18 ans. Human Rights Watch avait adressé un courrier au gouvernement, le 15 février, l’appelant à renforcer son dispositif de protection des femmes contre la violence domestique, qui peut prendre plusieurs formes, économique, psychologique, sexuelle et bien sûr physique. Quant à l’UNICEF, elle a à son tour appelé le gouvernement Benkirane à revoir l’âge minimum pour le travail, à demeure ou ailleurs. Ce qui pose problème pour ces textes et pour les ministres concernés, c’est que, pris par le temps d’un mandat qui expire, ils font le forcing pour passer leurs textes, et donc montrent assez clairement leur idéologie sous-jacente, et qui transparait dans plusieurs articles de leurs projets de lois. Les trois ministres sont également connus et réputés pour être des idéologues de leur parti. A force de vouloir faire passer des textes de nature « sociale » qui peuvent contribuer à faire évoluer la société, pas toujours dans le sens du progrès et de la modernité, les trois ministres se sont heurtés à la résistance de la société civile qui aspire à des lois qui tirent le Maroc vers le haut et non des textes à forte connotation religieuse ou clanique. Selon le responsable d’un parti au gouvernement, pas forcément ami avec le PJD dont il est pourtant allié, « la pire humiliation pour un ministre est de voir sa loi amendée, peut-être même lourdement amendée, par son successeur dans les quelques mois qui suivent son départ du gouvernement. Et c’est bien ce qui risque d’arriver pour el Khalfi et Hakkaoui. Pour Ramid, son projet de Code pénal ne passera pas… ». El Watan - Mercredi 9 mars 2016 (Algérie) Nebbou à l’occasion de la journée mondiale de la femme «Continuer dans les mêmes politiques est suicidaire» http://www.elwatan.com/actualite/continuer-dans-les-memes-politiques-est-suicidaire-09-032016-316124_109.php Page 21 sur 104 Le premier secrétaire national du FFS évoque, dans ce contexte, les luttes de la femme algérienne pour arracher ses droits. Le premier secrétaire national du Front des forces socialistes (FFS), Mohamed Nebbou, est revenu, dans un discours prononcé à Oran à l’occasion de la Journée mondiale de la femme, sur la gravité de la situation en Algérie. Pour lui, en l’état actuel des choses, le pays court à sa perte. «La situation est grave, les dangers qui guettent le pays se multiplient. Laisser les choses en l’état ou continuer dans les mêmes politiques s’avère dangereux, voire suicidaire», a-t-il martelé devant un parterre de militants. Il affirme que la Constitution amendée n’est nullement en mesure de régler les problèmes dans lesquels patauge le pays. «Cette Constitution, tout comme le pseudo-processus de réformes auquel elle est associée, ne permet nullement de répondre aux doléances de nos concitoyens en termes de revendications sociales et économiques ni de gérer démocratiquement et pacifiquement les intérêts et les contradictions internes à la société et entre la société et le pouvoir», a-t-il soutenu. M. Nebbou évoque, dans ce contexte, les luttes de la femme algérienne pour arracher ses droits. Il dit mesurer «combien est dur le combat que mènent et que doivent mener les femmes pour leurs droits d’abord, ensuite pour ceux de la société et en faveur de notre pays». «Sachez que votre seule présence, votre engagement politique, vos innombrables luttes dans un contexte aussi hostile, aussi pesant, vous font mériter tout notre respect, notre admiration et notre reconnaissance», a-t-il insisté, regrettant que beaucoup de gens ne se rappellent de la femme qu’à l’occasion du 8 Mars, Journée internationale des luttes des femmes pour leurs droits. «Pourtant, dit-il, pour les femmes, la lutte, les luttes se mènent au quotidien tout au long de l’année. Au FFS, nous en avons conscience.» Mohamed Nebbou a souligné «le caractère totalement dévoyé de la vie publique et politique dans notre pays, la violence des rapports sociaux, la répression des libertés, la séquestration de l’espace public, les divers enfermements culturels… et la corruption des esprits» qui rendent le quotidien des femmes encore plus difficile. «C’est pourquoi nous sommes toujours à vos côtés, c’est pourquoi je considère que c’est un honneur, un devoir et un plaisir de vous souhaiter une joyeuse fête en cette journée symbole de vos luttes pour vos droits et votre émancipation», a affirmé ce responsable du plus vieux parti de l’opposition. Pour le FFS, «seuls un Etat de droit et une démocratie effective sont en mesure de garantir les droits de la femme et d’assurer son émancipation». Mokrane Ait Ouarabi El Watan - Mercredi 9 mars 2016 (Algérie) Conseil français du culte musulman «Les principes d’égalité et d’équité ne sont pas respectés» http://www.elwatan.com/international/les-principes-d-egalite-et-d-equite-ne-sont-pasrespectes-09-03-2016-316137_112.php Les femmes ont-elles leur place dans les instances musulmanes en France ? Une série de réunions a été initiée par le CFCM. A l’occasion de la Journée internationale de la femme, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a publié, hier matin à Paris, un communiqué qui fait suite à une série de Page 22 sur 104 rencontres initiées durant plusieurs mois avec des femmes engagées dans la vie de la cité et dans la société civile. Abdallah Zekri, secrétaire général du CFCM, nous a précisé que le texte avait été entériné de façon collégiale par l’institution, en présence du vice-président Hafiz Chems-Eddine. «L’objectif de ce dialogue et de ces échanges est de recueillir la vision, les attentes et les suggestions de femmes musulmanes, et d’examiner, ensemble, les problèmes liés à la condition des femmes au sein de la société», indiquent les rédactrices et rédacteurs qui sont arrivés à un certain nombre de conclusions. D’abord que «dès l’avènement de l’islam, les femmes ont acquis et mérité une personnalité juridique entière : ‘‘ Et les femmes ont des droits sur les hommes semblables à ceux que les hommes ont sur elles’’ (Coran, 2:228)». Le deuxième point est «sans conteste l’égalité spirituelle entre l’homme et la femme et qu’aucune limite ne restreint leur progression spirituelle». D’ailleurs, puisque «l’homme et la femme proviennent d’une essence vitale commune et unique, ils sont égaux en humanité». Sur un plan plus quotidien, «la femme musulmane jouit d’un rôle primordial dans la société, qu’elle doit assumer, sans réserve ni contrainte». Cela vaut, sur le plan professionnel, ou dans le domaine des «affaires politiques, sociales et religieuses». Pourtant, regrette le communiqué, si «l’islam a donné à l’homme et à la femme des droits et des devoirs respectifs qui leur permettent de vivre en harmonie (…), malheureusement, dans de nombreux cas, ces principes d’égalité et d’équité ne sont pas respectés par des hommes qui continuent parfois à imposer leur point de vue». Il est vrai cependant que «les femmes sont notoirement absentes non seulement du CFCM, l’institution créée en 2003 à l’initiative de Nicolas Sarkozy pour représenter cette religion auprès des pouvoirs publics, mais aussi de la vie de l’immense majorité des lieux de culte», a écrit Le Monde dans son édition publiée lundi. Cela n’empêche pas les femmes et le CFCM de proclamer «leur solidarité à l’ensemble des femmes, de toute confession et de toute conviction» et de réaffirmer «leur engagement total pour œuvrer à l’émancipation et au développement du rôle des femmes dans la société française d’aujourd’hui et de demain». Walid Mebarek El Watan - Mercredi 9 mars 2016 (Algérie) Contribution : L’institutionnalisation du Genre au Maghreb et en contexte migratoire La résilience de catégories binaires http://www.elwatan.com/contributions/la-resilience-de-categories-binaires-09-03-2016316120_120.php L’Institutionnalisation des études sur le genre au Maghreb et en immigration publié aux éditions EME Bruxelles sous la direction de Aïssa Kadri et de Nassima Moujoud (décembre 2015) est tout à fait d’actualité en cette journée du 8 Mars et dans le contexte des agressions et viols supposés être le fait de migrants à Cologne. L’ouvrage pose en effet le processus historique d’institutionnalisation du genre au Maghreb et en Europe, à propos des migrations de femmes, comme une problématique qui ouvre une véritable confrontation et mise en dialogue de regards et d’expériences qui se produisent audelà des frontières politiques, nationales ou institutionnelles. Il permet entre autres d’éclairer Page 23 sur 104 les débats récents autour des rapports sociaux de sexe posés par les événements de Cologne. Par ses rappels historiques sur ce qui s’est défini comme assignations et enfermements dans la phase coloniale, il déconstruit la vision binaire du monde Occident versus Orient. La perspective historique renvoie ainsi certains contributeurs (cf. Zoubida Haddab et Ghania Mansouri pour l’Algérie et Dalenda Larguèche et Dorra Mahfoudh Draoui pour la Tunisie) à prendre en compte la colonisation comme fondement de la structuration de ces rapports de domination, rapports qui ne cessent de faire valoir leurs effets, à travers des pratiques et des représentations qu’ils inscrivent dans le temps long. Pendant la colonisation en effet, la «question des femmes» a occupé une place centrale dans les discours produits par les régimes coloniaux. Les femmes (comme d’autres minoritaires) ont été prises au piège des projets colonialistes reposant sur l’idée de supériorité des Occidentaux et d’infériorité des colonisés. L’idée de statut inférieur des (femmes) indigènes était utilisée par le pouvoir colonial comme dans le savoir colonial pour légitimer la domination et stigmatiser les populations colonisées et les cultures locales. En France, particulièrement, l’immense littérature disparate et redondante sur «la femme» ou «la famille» dites « indigènes » n’a pas connu à cet égard un important retour critique après la colonisation. Aussi, les représentations du savoir colonial ont été transmises, intégrées ou refoulées amenant ensuite à reproduire les lieux communs de la période coloniale. De ce fait, les grilles de lectures anciennement mobilisées par les discours (littéraires, scientifiques, artistiques, médiatiques…) colonialistes sont encore largement considérées comme des vérités. Elles acquièrent une légitimité dans les discours hégémoniques et participent à surinvestir «la différence» aux dépens des échanges, du travail, de l’économie politique, de l’histoire, des cultures communes et des rapports sociaux de pouvoir. La particularité de nombre de travaux et de discours médiatiques est que les dimensions de la tradition, de la religion et de la culture se rejoignent et se confondent très souvent. Contribuant ainsi à construire et à incruster davantage des visions nécessairement binaires racialistes, qui posent plusieurs problèmes : 1) elles occultent les représentations individuelles, les subjectivités particulières définies par des histoires particulières, ainsi que la place des interactions et interrelations ; 2) elles homogénéisent et ne permettent pas de comparer des réalités changeantes des deux sociétés de départ et d’arrivée, ni les conditions de leurs échanges et confrontations ; 3) elles empêchent de tenir compte du cadre contemporain de la globalisation et des transformations qu’il engendre en matière de migrations ; 4) elles tendent à faire disparaître l’analyse des réalités historiques, de classe, colonialistes et capitalistes. Les contributions que ce livre rassemble se centrent sur deux questions profondément transnationales : le genre et la migration. Le livre propose de les aborder du point de vue d’acteurs se situant dans l’interrelation Maghreb, pays européens et, ce faisant, de participer à réduire le clivage Maghreb-Europe toujours présent dans les formes, savantes et ordinaires, de connaissance et d’appréhension des rapports sociaux de sexe. La réflexion sur le processus d’institutionnalisation du genre amène à interroger ce clivage, notamment significatif de ce que l’histoire fait à la science et, plus largement, aux rapports entre les sociétés et, à l’intérieur de chaque société, entre les classes sociales et groupes sociaux. Et de ce point de vue, la richesse des analyses nuancées sur «l’idéologie» de l’émancipation par la migration, par le «travail» autrement vécu (souvent comme négation-amputation de sa dignité ou comme régression) par les principales concernées, de l’homosexualité féminine et masculine, du statut de mères célibataires, des luttes féminines et féministes au Maghreb et en immigration, des ambiguïtés et contradictions des modalités de légitimation des pouvoirs autoritaires, déconstruisent les perspectives homogénéisantes très vite référées à des caractéristiques supposées transhistoriques de «la culture maghrébine», de la «culture Page 24 sur 104 d’origine» ou plus largement d’une «culture musulmane» référée à un islam dont on ne retient dans le contexte que les formes les plus radicales (que ne dirait-on si l’Eglise était identifiée à la pédophilie travers les raccourcis habituels utilisés dans le cas d’espèce). Renvoyant ainsi à un processus de naturalisation, décrit dans certaines analyses sur le racisme ou plus précisément sur la place de la culture dans la perception que les personnes «occidentales» construisent des personnes «non-occidentales» (Leti Volpp, 2006). Ces personnes sont racialisées en tant que membres obligés d’un groupe figé et différencié à travers «sa culture». Sans aller au fond sur l’analyse, de quelle culture s’agit-il ? Katha Pollitt (1999) explique les décalages dans les paradigmes d’analyse selon les régions du monde. Les attitudes de personnes issues du «tiers monde» sont susceptibles d’être interprétées «culturellement», alors que celles de personnes issues de régions occidentales ne le sont pas sur les mêmes questions. «Whose culture?» se demande-t-elle à juste titre dans l’intitulé de son article. Il s’agit d’une culture perçue de manière figée. Le changement n’est en fait généralement pas envisagé dans l’étude des sociétés non occidentales (ibid.) sinon sur le modèle occidentalo-centriste. Et en tout état de cause, si la «culture d’origine» dans les travaux sur l’immigration renvoie à l’islam ou à la tradition, de quel islam et de quelle tradition s’agit-il ? Cela nous renvoie à deux problématiques plus générales, qui ne sont pas sans lien et que l’ouvrage tente d’éclairer à travers des travaux nuancés de jeunes universitaires de terrain. Correspondance particulière Media24 – 09/03/16 L’information économique marocaine Les ménages gérés par des femmes sont moins exposés à la pauvreté http://www.medias24.com/print16231909032016Les-menages-geres-par-des-femmes-sontmoins-exposes-a-la-pauvrete.html?layout=default&print=1&tmpl=component Le Haut commissariat au plan a publié, à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, une note récapitulative sur les disparités qui existent entre les hommes et les femmes au Maroc. Ces statistiques, aussi intéressantes qu'inquiétantes, sont tirées du dernier recensement global de la population (2014) et des résultats de récentes enquêtes menées par le HCP. Diminution de l'âge du premier mariage Evoluant à contresens de la transformation normale des sociétés, l'âge moyen du premier mariage est passé, en une décennie, de 26,3 à 25,8 ans chez les femmes indépendamment de leurs milieux. L'écart d'âge moyen entre les hommes est les femmes lors du premier mariage est quant à lui passé de 4,9 ans en 2004 à 5,6 ans en 2014. Le sociologue et professeur à Sciences Po à l'UIR, Mehdi Alioua, émet l'hypothèse que "le HCP compile de mieux en mieux les chiffres collectés et sait mieux les récolter, ce qui rééquilibre les chiffres du recensement de 2004." En d'autres termes, la nouvelle méthodologie de travail des agents recenseurs a permis de mieux traiter des données qui n'auraient peut être pas figuré dans le recensement de 2004". Notre source en veut pour preuve le fait que la dynamique globale de la transition démographique a pris son envol depuis longtemps déjà. "C'est le résultat d'une révolution sexuelle. Prenons comme autre donnée, la durée entre le mariage et la première naissance qui est plus longue: on se marie, Page 25 sur 104 fait connaissance et décide plus tard d'avoir un enfant. Ceci est en partie dû à la planification familiale et à la migration", ajoute notre source. Le dernier recensement montre qu'environ un ménage sur 6 est tenu par une femme chef de foyer. En moyenne, ces foyers dépensaient, en 2007, 11.801 DH par tête et par an contre 11.149 DH pour les foyers tenus par un homme. Les femmes, meilleures chefs de foyers Toujours selon le HCP, les statistiques collectée en 2007 indiquent que les ménages gérés par les femmes sont moins exposés à la pauvreté. Le taux de pauvreté relative touche 7,4% des foyers gérés par des femmes contre 9,2% des ménages gérés par des hommes. En milieu urbain, le pourcentage des foyers pauvres tenus par des femmes n'excédait pas 4% en 2007. Il en est de même pour le taux de vulnérabilité qui, dans son ensemble, montre que les femmes chefs de foyer sont moins exposées au phénomène. 16,4% contre 17,6% pour les ménages tenus par les hommes. Ces évolutions sociales interrogent sur le bien-fondé du maintien de certaines règles discriminatoires en matière civile à l'égard des droits économiques des femmes. L'égalité successorale ou encore la discrimination à l'emploi sont des pratiques qui ne suivent pas les mutations profondes de la société. Les violences à l'égard des femmes plus présentes en ville Selon les chiffres révélés par une enquête du HCP réalisée en 2009, 62,8% des Marocaines ont été, à un moment de leur vie, proies à une ou plusieurs formes de violences. A priori, ces cas de violences psychologiques, physiques, sexuelles ou de toute autre nature n'ont pas de lien direct avec le niveau d'instruction. En effet, la note du HCP révèle que, dans le détail, 67,5% des cas de violences ont été constatés en milieu urbain contre 56% en milieu rural. L'écart est encore plus important lorsqu'il s'agit de violences perpétrées dans les lieux publics (40,6% en ville contre 21,5% à la campagne), dans les lieux de travail (22,7% contre 6,4%) et dans les établissements d'enseignement et de formation (25,3% contre 14%). Interrogé par nos soins, un militant associatif qui a passé plusieurs années auprès de catégories socialement vulnérables nous explique: "en ville, la modernité entraîne beaucoup plus de mixité et de proximité, et donc potentiellement de rapports conflictuels liés plus particulièrement au genre. En plus du fait que les personnes vivant en ville osent plus facilement porter plainte en cas de violence." Media24 L’information économique marocaine N'importe qui peut créer une journée mondiale de n'importe quoi http://www.medias24.com/print16231209032016N-importe-qui-peut-creer-une-journeemondiale-de-n-importe-quoi.html?layout=default&print=1&tmpl=component 300 journées mondiales et internationales sont répertoriées. Qui peut en créer? Comment? Qui valide? Les réponses. Page 26 sur 104 Vous l’avez peut-être remarqué, les journées mondiales et internationales se font de plus en plus fréquentes. Mardi 8 mars, c'était la journée internationale de la femme. Une semaine auparavant, la journée mondiale du compliment. Jeudi 10 mars, ce sera la journée mondiale du rein et le vendredi 11 mars la journée mondiale de la plomberie. Autant dire que chaque jour de l’année est consacré à une cause, ou même à plusieurs parfois. Ceci nous amène à nous interroger sur la création de ces journées internationales. Pour faire court, n’importe qui peut créer une journée internationale, encore faut-il en avoir les moyens à la fois financiers et d’influence. Globalement, il existe deux cas pour créer une journée internationale: -Soit, et c’est la manière la plus courante, l’initiative parvient d’une organisation internationale officielle telle que l’ONU, l’Unesco, une ONG ou une association reconnue. Dans ce cas, la création d’une journée mondiale est facile, compte tenu de la légitimité de ces organisations. -La deuxième option, plus compliquée que la première, est que vous êtes un particulier ou un groupe de pression et que vous avez à cœur de défendre une certaine cause, à condition que votre sujet soit assez intéressant pour mobiliser et capter l’attention des médias. Le succès d’une journée internationale dépend grandement de sa médiatisation. Il n y a pas de règles ou de cadre officiel pour créer une journée internationale. Si vous disposez d’un sujet intéressant (ce n'est pas toujours le cas), de moyens financiers (ce n’est pas nécessaire parfois) et que vous êtes une personne influente, lancez-vous. Votre cause s’ajoutera probablement aux 300 journées mondiales répertoriées par le site www.journeemondiale.com, créé par Vincent Tondeux. La majorité des 300 journées mondiales que recense le site ont été créées par les organisations internationales. Loin d’être sérieuses, certaines journées internationales sont toutefois parvenues à s’imposer: la journée mondiale sans pantalon, du pop corn, de la blague, de la serviette, de la mini-jupe, du tricot, de la barbe, voire de l'orgasme. Il arrive qu'un seul jour réunisse plusieurs journées internationales. C'est le cas du 20 mars, journée internationale sans viande, du bonheur, de la francophonie et... du macaron. Il en est de même pour les journées nationales marocaines. Il n’existe pas de règles qui régissent leur création. «Les journées nationales peuvent être créées par n’importe qui, mais en général, ce sont les ministères et les associations qui lancent l’initiative pour défendre une certaine cause», explique le Carrefour d’initiative de communication d’information et de documentation, contacté par Médias 24. Le Soir.be La renaissance de Tombouctou MIS EN LIGNE LE 11/03/2016 À 20:35 PAR JOSÉ NARANJO (EL PAIS) La ville emblématique du nord du Mali a été rasée il y a trois ans et demi par les barbares djihadistes. Les extrémistes ont détruit 16 mausolées dédiés aux saints les plus vénérés par la population. Un groupe de maçons locaux lutte à présent pour récupérer cet héritage historique et culturel. http://plus.lesoir.be/30198/article/2016-03-11/la-renaissance-de-tombouctou Page 27 sur 104 Tombouctou, en partie classée au patrimoine mondial de l’Unesco, a retrouvé ses habitants et ses mausolées. © AFP/Sébastien Rieussec. http://lsp.rosselcdn.net/sites/default/files/dpistyles/ena_16_9_extra_big/node_30198/773015/ public/thumbnails/image/B978085855Z.1_20160311224116_000%2BGAA6CD1E2.10.jpg?itok=_A0Ayt7m C’est comme s’ils avaient volé notre âme. Ces gens savaient où frapper pour nous faire mal. » Sane Chirfi Alpha, historien, se souvient de ce 30 juin 2012 comme si c’était hier. Ce samedi matin, les djihadistes qui occupaient alors la ville mythique de Tombouctou, dans le nord du Mali, s’en sont pris à coup de bâtons et de pics aux mausolées qui abritent les dépouilles des saints les plus vénérés par la population et les ont détruits. Trois ans plus tard, et grâce aux efforts combinés de l’Unesco et des maçons locaux, les 16 tombes démolies, construites de pierre et d’argile et reconnues comme faisant partie du patrimoine de l’humanité, ont été totalement reconstruites. Entre le bruit des obus qui tombent et le son des kalachnikovs d’un conflit qui n’en finit plus, Tombouctou a récupéré son âme. © Le Soir http://lsp.rosselcdn.net/sites/default/files/dpistyles/ena_16_9_in_line/node_30198/773017/pu blic/thumbnails/image/B978085855Z.1_20160311224116_000%2BG9D6CHHS6.10.jpg?itok=DBEy6hX6 Page 28 sur 104 À quelques mètres de la mosquée de Djingareyber, deux enfants trient les ordures, tandis qu’un convoi de véhicules blindés occupés par des policiers nigériens passe à toute vitesse. Cela fait trois ans que la ville a été libérée des mains des extrémistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et d’Ansar Dine. Ceux-ci en avaient fait leur fief depuis neuf mois, obligeant ainsi la moitié des 50.000 habitants à fuir. Aujourd’hui, ce sont les soldats de l’ONU et de l’armée malienne qui patrouillent dans ces rues. Ils ont remplacé les barbus de la police islamique, qui coupaient les mains des voleurs, lapidaient les coupables d’adultères et forçaient les femmes à se couvrir des pieds à la tête. Une Tombouctou infirme renaît La plus grande partie de la population qui avait pris la fuite pendant la guerre est revenue. Toutefois, la persistance d’attaques par les terroristes et les bandits des environs empêche le rétablissement du tourisme et d’une activité commerciale stable. Cette région affiche désormais le taux le plus élevé de malnutrition infantile du pays.« La situation est alarmante », assure Innocent Aboua, chef de mission d’Action contre la Faim. « Nous avons des problèmes énormes », insiste Baba Moulaye, président du Forum de la société civile de Tombouctou, « mais nous, les différentes communautés qui habitons cette ville, nous avons recommencé à nous parler et nous sommes en train de rétablir la cohésion sociale. Le symbole le plus parlant, c’est que nous ayons de nouveau nos mausolées ». Sur la colline toute proche où se trouve le cimetière des Trois Saints, un chemin étroit entouré de tombes mène à la construction de terre qui abrite les restes du mystique Cheikh Abdoul Kassim Attawaty. Le 1er juillet 2012, les djihadistes l’ont complètement détruite. « Ils disaient que nous étions des hérétiques, des idolâtres qui vénéraient des saints au lieu de vénérer Dieu, mais ce n’est pas la vérité », explique Sane Chirfi Alpha. « Pour nous, ce sont des savants, des personnes qui se sont distinguées par leur savoir ou leur piété, et nous leur demandons qu’ils intercèdent en notre faveur auprès de Dieu. » « Ils ne peuvent pas toucher aux saints » Quand la destruction a commencé, Baba Moulaye a reçu un appel urgent sur son téléphone portable. « Ils sont en train de démolir le mausolée de Sidi Mahmoud »,entend-il. « Ensuite, j’ai appelé le chef militaire d’AQMI et je lui ai demandé pourquoi ils faisaient cela. Je me souviens qu’il m’a répondu par une litanie expliquant que nous sommes tous égaux devant Dieu et qu’aucune tombe ne peut être plus grande que l’autre. Ce qui me fait le plus de mal, c’est que ceux qui ont détruit les mausolées sont originaires de Tombouctou, des gens pleins de haine qui ont vu l’occupation comme une opportunité », assure Moulaye. L’un des responsables de cette démolition s’appelle Ahmad al Faqi al Mahdi. Aujourd’hui accusé de crimes de guerre contre le patrimoine historique, il fait l’objet d’un procès à La Haye devant la Cour pénale internationale. Une victoire, mais aussi un message pour ceux qui entendent anéantir la mémoire des peuples. © AFP Page 29 sur 104 http://lsp.rosselcdn.net/sites/default/files/dpistyles/ena_16_9_in_line/node_30198/773016/pu blic/thumbnails/image/B978085855Z.1_20160311224116_000%2BG1C6CGVS8.10.jpg?itok=xj_aa41U La première vague de destruction a eu lieu entre le 30 juin et le 2 juillet 2012, deux jours à peine après l’inclusion par l’Unesco des mausolées sur la liste du patrimoine mondial en péril. « De nombreux habitants de la ville ont décidé de descendre dans la rue pour affronter les terroristes, mais cela s’est soldé par un massacre. Nous nous sommes finalement dit qu’ils ne détruisaient que de l’argile, mais qu’ils ne pouvaient pas toucher aux saints. Et nous avons donc décidé d’attendre », explique Chirfi Alpha. La deuxième vague s’est produite en décembre, deux semaines après le lancement par l’armée française d’une offensive pour déloger les extrémistes du nord du Mali. 16 mausolées ont été touchés. Certains ont été complètement détruits, d’autres en partie. Beaucoup de gens pensaient qu’il serait impossible de les reconstruire. Cela n’a pas été le cas d’Alassane Hasseye, 73 ans, chef de la compagnie des maçons de Tombouctou. Perpétuer une tradition Comme le grand empereur du Mali, Kankan Moussa, la famille Hasseye est arrivée dans cette ville en 1325 pour construire la mosquée de Sankoré. Depuis lors, l’art de la construction à l’argile a été transmis de génération en génération, jusqu’à Alassane.« Une fois les terroristes expulsés de la ville, nous nous sommes organisés pour le faire nousmêmes. La population souhaitait effectuer une collecte pour que nous puissions nous mettre au travail, mais les autorités nous ont dit d’attendre, ce que nous avons fait. » L’UNESCO a élaboré un plan global et ce sont les maçons dirigés par Hasseye qui l’ont mis en oeuvre. « C’est ce que j’ai fait de plus important de toute ma vie. Nos ancêtres ont construit ces mausolées, et aujourd’hui nous les avons reconstruits de la même manière. » Les travaux ont été réalisés en deux phases, entre 2014 et 2015, et ont pris fin en octobre dernier. L’argile a été acheminée depuis plusieurs carrières situées en périphérie de la ville et a été cuite dans les quatre fours traditionnels que compte Tombouctou. Les maçons se sont répartis en équipes de quatre, deux anciens et deux apprentis pour chaque structure, en plus des dix ouvriers chargés de transporter le matériel. L’idée était que ce processus tout entier serve aux plus jeunes, afin que ce métier ancien puisse perdurer. Hasseye a supervisé tous les travaux. Et il a rencontré quelques surprises. « Nous avons découvert que le mausolée de Sidi Mahmoud faisait 1,8 mètre de profondeur et qu’une grande partie de la construction était recouverte de sable depuis plusieurs siècles. » Une illustration de l’avancée du désert, qui enterre progressivement la ville. Pas question de reconstruire n’importe comment La reconstruction de chaque mausolée a pris entre trois et quatre semaines. Certains se trouvent à l’intérieur de cimetières qui s’étaient développés autour à mesure que les fidèles et les disciples des saints ont été enterrés près de la tombe de leur maître. D’autres se trouvant dans des rues classiques, à côté des mosquées ou encore dans des habitations individuelles. Bien que seuls 16 mausolées soient reconnus comme faisant partie du patrimoine mondial, il en existe beaucoup plus. Ce n’est pas pour rien que Tombouctou est connue comme étant la ville des 333 saints. Selon les croyances populaires, ces pieux ancêtres protègent les habitants du mal. Parmi les plus connus, citons Cheikh Sidi Mahmoud Ben Omar, le premier saint vénéré dans la ville, décédé en 1548, Cheikh Abdoul Kassim Attawaty, Mohamed el Micky, Tamba-Tamba, ou encore le mausolée d’Alpha Moya, un ouléma qui s’est opposé à l’occupation marocaine et qui a été assassiné dans la mosquée de Sankoré. Page 30 sur 104 « Chacun de ces saints vient d’une communauté différente. Il y a des Arabes, des Songhay, des Touaregs, des Peuls, et chaque communauté les reconnaît pour leur sagesse et leur dévotion religieuse », assure Lazare Eloundou, représentant de l’UNESCO au Mali. « La ville est inscrite au patrimoine mondial de l’humanité depuis 1988 et nous devions respecter les exigences que cela implique, les documents, les rapports, les enquêtes déjà effectuées… Il n’était pas question de se mettre à construire n’importe comment. » Le 18 février 2013, un mois à peine après la libération de Tombouctou, l’UNESCO a approuvé un plan de 10 millions d’euros pour restaurer et protéger le patrimoine de la ville, et pas seulement les mausolées, mais aussi son impressionnante collection de manuscrits antiques. En plus de récupérer son âme, la ville veut protéger sa mémoire Au secours des manuscrits islamiques MIS EN LIGNE LE 11/03/2016 À 20:20 PAR JOSÉ NARANJO http://lsp.rosselcdn.net/sites/default/files/dpistyles/ena_16_9_extra_big/default/772610/public /thumbnails/image/B978086027Z.1_20160311202020_000%2BGDR6CGSTT.10.jpg?itok=dMAuVjCk Dans un bâtiment discret de trois étages du village de Baco Djikoroni, à Bamako, capitale du Mali, tout le monde s’affaire. Au total, 74 personnes y travaillent sur la numérisation des 377.491 manuscrits qui ont été sortis de Tombouctou en 2012 pour éviter leur destruction par les islamistes. Parmi ces manuscrits figurent ceux du Fundo Kati, la bibliothèque andalouse qui relie la ville à l’Espagne. Au rez-de-chaussée, certains montent les caisses en carton qui les hébergeront ; à l’étage du dessus, des experts les identifient, les cataloguent et les numérisent. Cette opération de sauvetage des documents a été un véritable exode. Les familles propriétaires des bibliothèques privées de Tombouctou et les responsables du centre Ahmed Baba, où se trouve la plus grande collection de documents, les ont sortis en catimini. Beaucoup d’entre eux y ont risqué leur vie. L’instigateur de l’opération a été Abdel Kader Haïdara, fondateur de l’association Savama il y a 20 ans. C’est lui le véritable organisateur de ce sauvetage de la mémoire de l’islam antique. « Il fallait sortir les manuscrits du désordre et de l’insécurité, et les ramener à Tombouctou lorsque la situation redeviendrait normale. Entre-temps, nous améliorons leurs conditions de conservation et modernisons nos bibliothèques. » Les 20.000 documents anciens qui sont déjà passés par ce bâtiment sont stockés dans six appartements loués à Bamako dont l’emplacement est gardé secret. « C’est un processus lent, mais qui nous a donné l’opportunité de constituer un bon catalogue des manuscrits et de mieux les conserver. La majorité se trouve en bon état, mais environ 20 % d’entre eux sont extrêmement détériorés. » Dans son travail de numérisation des manuscrits, Haïdara peut compter sur un allié inattendu : un groupe de moines bénédictins de l’abbaye de Saint John, dans le Minnesota Page 31 sur 104 (États-Unis), spécialisés dans la conservation de documents antiques. Au mois d’août 2013, le père Columba Stewart s’est rendu à Bamako avec quelques-uns de ses meilleurs experts et a évalué l’aménagement du studio ainsi que la formation des techniciens locaux de Savama qui numérisent aujourd’hui les manuscrits. Une copie numérique des documents anciens de Tombouctou est également envoyée de l’autre côté de l’océan, où tous les manuscrits sont entreposés, pour toujours à l’abri, dans une chambre scellée située sous une montagne de granit dans l’Utah. PanoraPost (maroc) Publié le 12 mars 2016 Samira Sitaïl a raison de dire que « le Maroc n’est pas un Etat arabe », par Aziz Boucetta http://www.panorapost.com/article.php?id=12314 Elle a dit ce qu’elle pensait et elle s’est attirée les attaques de tous bords, en interne et ailleurs. Elle a dit que le « Maroc n’est pas un Etat arabe » et les Arabes, arabisants et autres panarabes se sont rués sur elle. Elle, c’est Samira Sitaïl, directrice de l’information à 2M, et elle n’a fait que lire la constitution, pourtant adoptée à la quasi unanimité des Marocains, et redire ce qui y figure, ou plus précisément ce qui n’y figure pas… La constitution Que dit la constitution sur « l’arabité » du Maroc ? Rien. Qu’on en juge… Le terme « arabe » y est cité trois fois seulement, et dans le seul et même article 5 : « L’arabe demeure la langue officielle de l’Etat. L’Etat Œuvre à la protection et au développement de la langue arabe, ainsi qu’à la promotion de son utilisation (…). Il est créé un Conseil national des langues et de la culture marocaine, chargé notamment de la protection et du développement des langues arabe et amazighe et des diverses expressions culturelles marocaines, qui constituent un patrimoine authentique et une source d’inspiration contemporaine ». L’ « arabité » est soulignée également et seulement par deux fois, dans le Préambule de cette constitution… « Son unité, forgée par la convergence de ses composantes araboislamique, amazighe et saharo-hassanie » et, plus loin, « approfondir le sens d’appartenance à la Oumma arabo-islamique, et renforcer les liens de fraternité et de solidarité avec ses peuples frères ». Voilà tout. On notera que la constitution évoque « trois » composantes de l’unité nationale, en l’occurrence l’arabo-islamique (l’arabité est consubstantiellement liée à l’islam), l’amazighe et la saharo-hassani. Nous sommes donc, aux termes de la Loi fondamentale, autant « araboislamiques », qu’ « amazighes » et « saharo-hassanis ». Et quand on dit « approfondir le sens d’appartenance à la Oumma arabo-islamique », c’est qu’on sous-entend que cela reste encore à faire, et que cela n’est donc pas absolu. Quant aux composantes fédératrices de la nation, selon l’article premier de la constitution, ce sont dans l’ordre « la religion musulmane modérée, l’unité nationale aux affluents multiples, (et) la monarchie constitutionnelle et le choix démocratique ». On ne parle pas d’arabité, mais d’affluents multiples. Page 32 sur 104 Et rappelons, à toute fin utile, que la constitution a été officiellement adoptée à 97,58% de « oui » et 1,52% de « non, les 154.067 Marocains qui ont rejeté le texte ayant eu plusieurs raisons de l’avoir fait, essentiellement politiques. Et le taux de participation à la consultation référendaire avait été dépassé le record (hors temps d’Hassan II) de 75,5%... L’histoire Le Maroc antique n’a subi qu’une faible influence culturelle et politique de ses envahisseurs. Les Romains, les Vandales et les Byzantins ont pu successivement occuper le Maroc et empêcher la résurgence de royaumes berbères, mais sans parvenir à marquer profondément sa composition ethnique ou opérer des transformations radicales au niveau de son identité et sa culture. Seul l’islam et les vagues successives de migration arabe réussiront à s’agréger à la composante berbère et fonder les bases de la nation marocaine. Les alliances entre les Arabes hilaliens et les tribus berbères ont créé la lignée marocaine, à partir des 8ème et 9ème siècles, avec son exception culturelle qui perdure aujourd’hui encore. Quand, à la fin du 7ème siècle, le général Oqba Bnou Nafiî a fait sa percée sur le territoire actuel du Maroc, il est à la tête d’un contingent de quelques centaines de cavaliers arabes, sans femmes… Au retour, il est encerclé et tué par l’armée du chef berbère Kusayla. Un sociologue marocain nous a dit une fois que « les Arabes sont venus en hommes et, une fois installés, ils ont enfanté avec les femmes berbères. Cela fait qu’il n’existe pas de Marocains arabes de souche, ou si peu »… Selon Ibn Khaldoun, « l’apport arabe est très minoritaire dans les populations maghrébines car quelques dizaines de milliers d’envahisseurs arabes n’ont pas pu, matériellement, changer des centaines de milliers de Berbères en Arabes ». La (dure) réalité L’argument essentiel des défenseurs de l’arabité du Maroc est que l’arabe est la langue du Coran. C’est certes cela, et cela uniquement, qui ancre les Marocains à la culture arabe, mais le parler usuel des 38 millions de Marocains (vivant dans leur pays ou à l’étranger), la darija, n’a que peu à avoir avec l’arabe classique, enseigné dans les écoles, utilisé à l’écrit et employé par les élites lors d’allocutions publiques, et uniquement publiques. La darija fait depuis quelques années irruption dans les messages gouvernementaux, à deux titres. Sur le plan de la communication, les messages sont de plus en plus déclinés en darija, y compris les messages institutionnels et gouvernementaux. Cela parle mieux à la population. Au niveau politique, les chantres les plus farouches de l’ « arabité » du Maroc, Abdelilah Benkirane en tête, ont bâti leurs carrières sur la communication en darija. On doute que le chef du gouvernement ait autant de popularité s’il s’exprimait en arabe classique, et on sait le sort de ceux qui parlent aux Marocains dans un arabe classique châtié. Un autre argument des défenseurs de l’arabité, comme certains éditorialistes, verse dans l’invective, chargeant Samira Sitaïl ou Noureddine Ayouch (qui s’était rendu célèbre par sa défense de la darija) en les accusant d’être francophones (comme si c’était un mal), de ne pas connaître l’arabe (comme si c’était une tare), et de défendre « le parti de la France » (comme c’est facile). En dehors de l'attaque personnelle, la langue arabe mérite mieux comme arguments pour continuer de s'imposer au Maroc, mais elle n'est pas renforcée par les liens systématiques entre arabité, islam et Palestine et elle est desservie par les excommunications de ceux qui pensent autrement. Que sommes-nous alors ? Page 33 sur 104 Des Marocains, tout simplement, marqués par une réelle « exception culturelle »… Quand on vote à près de 100% une constitution qui affirme dans son Préambule que «son unité (du Maroc), forgée par la convergence de ses composantes arabo-islamique, amazighe et saharo-hassanie, s’est nourrie et enrichie de ses affluents africain, andalou, hébraïque et méditerranéen », on ne peut qualifier le groupement national et humain marocain d’autre chose que de marocain. Même pas maghrébin, contrairement à ce que pense Samira Sitaïl, car cet ensemble géopolitique présente bien des divergences culturelles à travers son tiraillement culturel de Nouakchott à Benghazi et ses différences culturelles et linguistiques. La constitution dit expressément, toujours en Préambule, que le « Maroc est un Etat musulman souverain », rien ne l’empêchait de dire qu’il est, aussi, un « Etat arabe souverain ». Cela n'a pas été fait, et avoir comme langue officielle l’arabe ne fait pas pour autant de nous des Arabes, ou alors nous sommes aussi Amazighe puisque cette langue est aussi langue officielle. La « petite phrase » de Samira Sitaïl relance donc un débat sur le fameux « qui sommesnous et que sommes-nous ? ». L’attaquer est une marque de faiblesse, la tancer marque l’indigence de l’argumentaire et la contredire par l’invective démontre la fébrilité de ses contempteurs, défenseurs sur la défensive d'une langue qui ne demande pas tant. Merci donc à elle d’avoir (re)mis ce débat en exergue. PanoraPost (maroc) Publié le 13 mars 2016 Maroc-France : des relations économiques durables http://www.panorapost.com/article.php?id=12315 Trouver un juste équilibre entre le développement durable et la croissance, c’est chose possible. « Les entreprises peuvent faire de l’économie durable une économie pour développer leur compétitivité », a affirmé la présidente de la CGEM, Miriem Bensalah Chaqroun lors de la rencontre économique Maroc-France placée sous le thème « Construire ensemble durablement ». Cette manifestation organisée à l’occasion de la visite au Maroc du président du Medef Pierre Gattaz et d’une délégation de chefs d’entreprise français a pour objectif de positionner le Maroc et de mettre en avant ses atouts dans les domaines du développement durable et des énergies vertes en vue d’attirer des investissements. L’énergie verte représente en effet 2.500 milliards de $ par an. Les opportunités d’investissement dans ces secteurs sont donc considérables. D’où la volonté commune de bâtir ensemble des partenariats à long terme. « Pour apporter des solutions concrètes au défis climatiques, nous devons multiplier les initiatives collaboratives », a expliqué Pierre Gattaz. Les deux patrons des patrons ont ainsi souligné les actions concrètes dans lesquelles se sont engagées les entreprises marocaines et françaises pour accompagner la transition énergétique. « L’ampleur des défis climatiques doit se transformer en objectif de croissance et d’emplois », précise en outre le président du Medef. L’élaboration d’une feuille de route claire et d’un cadre ambitieux est indispensable à la compétitivité des entreprises. Page 34 sur 104 Ce cadre s’articule autour de quatre axes stratégiques : poursuivre la mobilisation des entreprises, développer les opportunités du business, promouvoir le rôle des entreprises et leur donner les moyens, cela passant par le soutien à l’innovation et la fixation du prix au carbone notamment. Et, enfin, dernier axe : garantir la compétitivité des entreprises à travers des mesures incitatives. L’engagement dans le développement durable a en effet un coût. Cette rencontre s’inscrit aussi dans la dynamique propulsée par la COP21 à Paris et la prochaine COP22 qu’abritera le Maroc en novembre de cette année. « La COP 2, c’est la COP de la concrétisation », ainsi que la définit la présidente de la CGEM. Les deux présidents ont ainsi montré leur détermination à parvenir à cet objectif. Cette rencontre était également l’occasion de pérenniser les relations économiques francomarocaines sur la scène africaine et de développer de nouvelles formes de partenariat sur les marchés internationaux, notamment en Afrique. « Nos entreprises dans le business de l’économie verte trouveront des possibilités de co-développement au-delà de nos espaces géographiques. Je pense à l’Afrique où 650 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité », prophétise Miriem Bensalah Chaqroun. L’eau, l’énergie, les infrastructures, le numérique, autant de secteurs dans lesquels le continent africain a besoin d’un savoir-faire. « L’Afrique est une priorité pour le Medef. Il faut aller chercher la croissance, il faut équiper l’Afrique », a réagi Pierre Gattaz. En marge de la conférence, plusieurs accords de coopération entre le Medef et la CGEM ont été signés. Eléonor Lasou Le Soir.be Crise des migrants: «Une certaine idée de l’Homme» MIS EN LIGNE LE 12/03/2016 À 15:36 PAR VINCENT ENGEL Les récentes négociations de l’Union européenne avec la Turquie au sujet des réfugiés n’ont de « négociation » que le nom. La chronique de Vincent Engel. http://plus.lesoir.be/30323/article/2016-03-12/crise-des-migrants-une-certaine-idee-delhomme En 1942, le capitaine Antoine de Saint-Exupéry, publiait « Pilote de guerre ». © AFP http://lsp.rosselcdn.net/sites/default/files/dpistyles/ena_16_9_extra_big/node_30323/775267/ public/thumbnails/image/B978097139Z.1_20160312174751_000%2BG5N6CFIEL.10.jpg?itok=gRaY6rNC Page 35 sur 104 Je commencerai toutefois par faire hurler tous ceux qui, sur les forums, ne supportent pas que l’on utilise le mot « fascisme » pour décrire la situation contemporaine, et qui sortent leur argument « Reductio ad Hitlerum » ou « point Godwin » dès que l’on a le malheur de se référer au fascisme et au nazisme historiques. Qu’ils hurlent. Mais toujours est-il qu’il n’est pas vain de rappeler la situation des Juifs allemands avant guerre. Depuis son accession au pouvoir, Hitler veut s’en débarrasser ; mais il cherche d’abord à les expulser, après leur avoir évidemment confisqué tous leurs biens (tiens, ça ressemble un peu aux pratiques danoises contemporaines, cette confiscation…). Il se heurte à la mauvaise volonté des autres pays européens et de l’Amérique, qui n’en veulent pas. Des bateaux chargés de Juifs fuyant l’Allemagne sont refoulés, et les exilés sont obligés de retourner en Allemagne, où la mort les attend. Il n’y a pas, à l’époque, d’Union Européenne qui essaie d’imposer des quotas de répartitions des réfugiés ; mais à l’époque comme aujourd’hui, l’égoïsme et, il faut le dire, le racisme guident les politiques nationales. On n’a pas voulu à l’époque des Juifs comme on ne veut pas aujourd’hui des réfugiés syriens. « Ils » sont différents, un « corps étranger » qui menace encore et toujours cette glorieuse Europe « blanche et chrétienne » que les preux Orban et autres entendent défendre contre vents et marées — vents et marées non blanches et non chrétiennes. Notre civilisation Alors que la défaite est consommée, le capitaine Saint-Exupéry continue d’obéir aux ordres et réfléchit en même temps sur la situation. Il reportera ces réflexions dans le magnifique Pilote de guerre, qui sera publié en 1942, d’abord aux USA puis en France, sous l’Occupation. Il constate d’abord : « J’ai perdu les règles qui transportaient ma civilisation. Je découvre ce soir que les mots dont j’usais ne touchaient plus l’essentiel. Je prêchais ainsi la Démocratie, sans soupçonner que j’énonçais par là, sur les qualités et le sort de l’homme, non plus un ensemble de règles, mais un ensemble de souhaits. Je souhaitais les hommes fraternels, libres et heureux. » Mais quel est cet essentiel ? Ce qui différence l’individu de l’Homme – on pourrait dire aussi l’Humanité, le principe qui rassemble tous les êtres humains, quelles que soient leur nationalité ou leur religion. En oubliant ce principe, on a fait du monde une « termitière, qui repose sur la somme des individus. » Mais il ne sert à rien d’accuser les individus ; ils défaillent si la civilisation qui les nourrit manque à ses principes. Et le plus important de ceux-ci est la responsabilité : « Chacun est responsable de tous. Chacun est seul responsable. Chacun est seul responsable de tous. » À l’époque, le livre a un succès énorme aux Etats-Unis, mais il est rejeté avec la même rage par l’entourage du général de Gaulle à Londres et par la presse collaborationniste à Paris, où il sera finalement interdit par les autorités allemandes. L’humanisme est déjà un gros mot, une tare aux yeux de ceux qui défendent un point de vue soi-disant réaliste et pragmatique. Celui que l’on nommera bientôt la « realpolitik », ou le triomphe du cynisme et de l’opportunisme, comme celui qui conduit aujourd’hui le gouvernement de Hollande à remettre la Légion d’Honneur à un prince saoudien. La responsabilité de chacun pour tous (sur l’indispensable distinction entre responsabilité et culpabilité, je renvoie à une chronique précédente , la dignité humaine grâce à laquelle « celui qui diffère de moi, loin de me léser, m’enrichit », c’est décidément ce qui a déserté notre « civilisation », notre Europe qui croit encore pouvoir se poser en modèle universel de justice et de Droits de l’Homme. En négociant avec la Turquie et avec son président autocrate et aussi peu démocrate que possible, elle ne vend même pas son âme : elle paie pour s’en débarrasser. Page 36 sur 104 Des chiffres, encore des chiffres Certains s’émeuvent que je trouve scandaleux que des pays organisent des référendums pour s’opposer à la politique de répartition des réfugiés, et brandissent pour se justifier le chiffon rouge de l’invasion, du flux massif d’étrangers qui va déferler sur l’Europe (et tout saccager, évidemment). À ces mensonges populistes et dangereux, il faut, encore et encore, opposer la réalité des chiffres : la Turquie accueille aujourd’hui près de 2,75 millions de réfugiés (mais seulement 270.000 sont dans des camps), la Liban, un million (soit un quart de sa population). Par ailleurs, près de 8 millions de réfugiés syriens sont « simplement » déplacés en Syrie, dans des conditions de vie épouvantables. Quand bien même 2 millions de réfugiés viendraient en Europe (et on est loin du compte), cela représenterait moins de 0,5 % de la population globale européenne. Oserions-nous dire au Liban, qui en accueille 25 %, que c’est insupportable, quand par ailleurs l’Europe est infiniment plus riche que le Liban ? Évidemment, cela suppose une juste répartition dans TOUS les pays européens – et c’est ce qui rend inacceptable les référendums nationaux de pays qui, par ailleurs, acceptent les aides européennes et le dumping social dont ils profitent, au détriment d’autres pays où les législations du travail sont plus favorables aux travailleurs. Traitement des déchets ? En proposant une aide de 3 milliards à la Turquie pour qu’elle règle le problème, l’Europe évalue le « coût », la valeur d’un réfugié – pour rappel, il s’agit d’un homme, d’une femme, d’un enfant qui partage, comme l’écrit Saint-Exupéry, la même humanité que nous – à plus ou moins mille euros – pour autant que la Turquie se décide d’accueillir correctement tous les réfugiés sur son territoire, ce qui est loin d’être le cas actuellement. La défaite à laquelle assiste Saint-Exupéry repose sur la perte des valeurs qui fondaient la civilisation. Appelez cela « civilisation » ou « Europe », peu importe : nous sommes en train d’œuvrer à notre défaite prochaine. Nous ne serons bientôt plus qu’un coffre-fort. Et le destin des coffres-forts est d’être l’objet de convoitise et d’assauts. Nous ne gagnons rien à fermer nos frontières et à refuser l’aide à ceux qui fuient la guerre ; nous semons l’incompréhension et la haine, au lieu de construire des relations fortes qui permettront l’édification d’un avenir plus prospère et plus serein pour tous, en Europe et dans le monde. Quand la dignité est ainsi bafouée – la nôtre, la leur –, ne reste que la honte. Comme concluait Sophia Aram lors de sa chronique au vitriol – et pleine d’humour –, « c’est toujours mieux de vendre rien du tout que de vendre son honneur ». Ou des êtres humains. Heureusement, si les gouvernements se défilent et s’allient sur le plus petit commun dénominateur – celui des peurs artificielles et des égoïsmes –, des individus, hommes et femmes, partout en Europe, maintiennent cette volonté et ces valeurs qui ont fondé et fondent encore cette « civilisation », cette « certaine idée de l’Homme ». Des bénévoles, dans tous les pays concernés, y compris (sinon surtout) les plus pauvres, offrent de leur temps et de leurs économies pour tenter d’accueillir dignement ceux qui ont tout perdu. Ils sont notre seule raison d’espérer. Bio express MIS EN LIGNE LE 12/03/2016 À 15:29 L’auteur. Vincent Engel est romancier, dramaturge et essayiste. Il est également professeur de littérature à l’UCL et d’histoire des idées à l’Ihecs. Les ennemis de l’intérieur ? C’est le titre de cette chronique. Pourquoi ? Je ne sais pas si la démocratie est le meilleur ou le moins mauvais des systèmes ; ce que je sais, c’est qu’il est le plus fragile. Et ses ennemis extérieurs, pour réels qu’ils soient, sont parfois l’épouvantail qui masquent un mal plus profond qui le ronge de l’intérieur… Page 37 sur 104 Site internet :http://www.edern.be/vincentengel/ The Economist – Mar 12th, 2016 Illegal immigration Channel hopping http://www.economist.com/news/britain/21694676-channel-hopping There has been a twelvefold increase in clandestine attempts to enter Britain via European ports and train tunnels since 2012, according to figures obtained by The Economist under freedom of information laws. Lorries are X-rayed for stowaways and sniffer dogs patrol regularly, making the obstacle course harder than ever. Yet this has done little to deter migrants—nor to soothe the fears of Eurosceptic voters ahead of the June 23rd referendum PanoraPost (maroc) Publié le 14 mars 2016 Plus de 10 millions de Marocains sont francophones http://www.panorapost.com/article.php?id=12327 1 En plein débat sur le français dans l’école publique marocaine et suite à la polémique entre le ministre de l’Education nationale et le chef du gouvernement, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) vient de rendre public un rapport sur l’usage de la langue française dans le monde. Il y aurait donc quelque 10 millions de francophones au Maroc, sur un total de plus de 220 millions de personnes dans le monde, dont 110 environ reçoivent leur enseignement en français. Ainsi, ils seraient donc très exactement 10.657.000 millions de Marocains qui parlent le français, à divers niveaux bien entendu, dans le pays, faisant de ce dernier le 3ème pays francophone d’Afrique, après l’Algérie (11,2 millions) et le Congo (24,3 millions); mais devant le Cameroun et la Côte d'Ivoire. Page 38 sur 104 L’OIF estime qu’en 2050, il y aura 700 millions de francophones dans le monde, contre les 221 millions actuels, et les Marocains suivront la tendance. Avec l’introduction du français comme langue d’apprentissage dans certaines matières et certaines branches, on pourrait s’attendre en effet à une sorte de généralisation de ce retour du français dans l’enseignement public. Cela étant, au Maroc, le débat reste encore vif entre défenseurs du français et ceux qui préconisent que, quitte à faire entrer des langues étrangères, autant le faire avec l’anglais, partant du principe que 90% des publications scientifiques dans le monde sont produites en anglais. On estime à environ 15% la part des Marocains anglophones, contre le tiers pour les francophones. Et à voir le nombre d’enseignes et de marques en français dans les grandes et moins grandes villes marocaines, on prend la mesure de la bonne tenue du français au Maroc. PanoraPost (maroc) Publié le 14 mars 2016 Le respect de l’Autre, par Ahmed Aassid http://www.panorapost.com/article.php?id=12325 Il existe encore un grand nombre de personnes qui n’ont pas compris le sens de l’expression « respect de l’Autre », considérant que ce respect ne s’applique qu’à elles et que les autres doivent respecter leurs valeurs et leurs conceptions des choses. Mais elles ne pensent pas à la réciproque, et elles ne conçoivent pas que les opinions et la sécurité de l’Autre a la même importance que les leurs. Le « respect de l’Autre » est une notion essentielle de l’Etat moderne, lui-même fondé sur l’idée de citoyenneté qui suppose l’égalité des individus face à la loi, quelles que soient leur foi, leur langue, leur couleur ou leur catégorie sociale. La citoyenneté est donc le socle la vie commune d’individus différents et de collectivités différenciées vivant au sein d’une société moderne. Et la citoyenneté fonde cette autre notion nouvelle du « vivre-ensemble » qui suppose le respect mutuel dans le cadre d’une parfaite égalité entre personnes. Examinons les raisons qui font que certaines gens ne respectent pas d’autres qui ne partagent pas leurs vues, ce qui cause de nombreux conflits, pourtant aisément surmontables par la raison si la citoyenneté était effectivement enracinée dans les esprits. Voici donc ces raisons qui empêchent le vivre-ensemble dans les sociétés islamiques : 1/ Le fait de ne pas trancher les grandes questions d’intérêt commun, fondement de l’édification de la démocratie, en continuant de mettre l’accent sur les points de clivage et d’accentuer les doutes, ce qui crée une ambivalence des comportements et réduit les valeurs nobles à de simples discours qui ne se reflètent pas dans les quotidiens des populations. 2/ L’appui sur la logique de la majorité contre celle de la minorité au lieu de considérer les citoyens comme étant tous égaux au sein de leurs sociétés et dans le cadre d’Etats qui défendent leurs intérêts à eux tous. C’est sans doute cela la raison principale du mépris voué aux minorités religieuses dans les sociétés musulmanes, des minorités qui n’ont d’autre choix que de s’incliner face aux majorités confessionnelles, de se mettre en retrait et de ne pas afficher leurs rites et rituels, de crainte de représailles de la majorité. Cela étant, il convient d’observer que cette logique de mise au pas des minorités religieuses ne tient plus Page 39 sur 104 dès lors qu’il s’agit de minorités musulmanes en pays chrétiens, les Etats musulmans demandant à ce que ces minorités soient traitées à égalité avec les majorités et qu’elles bénéficient de leurs droits. 3/ Le regard posé sur l’Autre est teinté de suspicion car cet Autre serait porteur de mal et de déviances et, en aucun cas, ne peut offrir de la richesse par sa différence. 4/ Le fait de considérer les sociétés comme des communautés religieuses et/ou raciales au lieu de les voir comme étant formées de citoyens appartenant tous au même Etat et nourris du sentiment d’appartenance à la même nation, quelles que soient leurs différences, comme la couleur de peau, la foi, l’origine familiale ou encore la langue. 5/ La posture consistant à croire que la vérité est une et indivisible, décrite dans et par une seule religion, dans et par une seule Histoire, au lieu de penser que la vérité est la résultante d’une construction et d’un effort intellectuels et communs, dans l’aspiration à la science et à la connaissance illimitées. 6/ L’émergence d’une idéologie qui œuvre à la normalisation et à la standardisation de la société par l’effacement de ses différences et de sa diversité qui constituent sa marque dans l’Histoire, et leur remplacement par le facteur de la pensée unique, qu’elle soit religieuse, confessionnelle, linguistique ou autre. L’objet de cela est de s’accaparer l’Etat et le dominer, faisant de tout être différent une source d’entrave à ce projet et justifiant ainsi sa persécution. 7/ L’évaluation des individus par leur niveau d’intégration dans les coutumes sociales et communautaires, au lieu de les regarder en fonction de leurs capacités à la création et l’innovation, à l’efficacité et l’inventivité. L’Etat, pris comme le cadre où se retrouvent les enfants d’une même nation, doit être un espace de coexistence et non de confrontation, de tolérance et non d’affrontement… Ceux qui ne comprennent pas l’Etat national dans son acceptation moderne ne peuvent absolument pas accepter les Autres, différents, dans leur environnement et, par là-même, ils deviennent eux-mêmes source de tension et de conflits. Respecter l’Autre, dans sa différence, minoritaire soit-il ou majoritaire, est le facteur déterminant de la coexistence pacifique qui ne saurait accepter de qui que ce soit de dominer la vie des gens, de monopoliser à son profit l’espace public, de dicter ses volontés à autrui… Ce n’est en effet pas ainsi que l’on fait honneur au devoir de respect mutuel entre les membres d’une communauté. Mais, à l’inverse, respecter l’autre ne signifie nullement se soumettre à sa volonté ou de suivre ses orientations. Non, respecter l’Autre consiste simplement à le laisser vivre ses choix et ses orientations, librement, sans contrainte ni brutalité, à charge pour lui d’assurer la réciproque. Dans le cas contraire, dans un cas comme dans l’autre, c’est le respect général qui en sera atteint, ouvrant la voie à l’hostilité et le déni des droits des citoyens. Il faut donc comprendre que le respect des autres ne signifie pas l’occultation de leurs erreurs ou errements, ainsi que le comprennent plusieurs personnes qui veulent dissimuler leurs fautes sous le couvert de la liberté d’expression ou du droit à la différence. Cela se voit dans la lutte contre certains droits essentiels des citoyens, dans les entraves à telle ou telle réforme, dans les résistances aux acquis de la société ou dans les appels à la violence et à la haine. Dénoncer les déviances, les erreurs, les fautes et les postures de domination, de discrimination ou d’inégalité est un devoir de tous et de chacun et ne saurait être considéré comme une entorse aux obligations de respect des autres car ce respect des autres consiste en la liberté de ces mêmes autres à assumer leurs existences et leurs convictions,mais sans nuire à autrui et à leur environnement. Page 40 sur 104 El Watan - Jeudi 17 mars 2016 (Algérie) Guerre sournoise du Royaume wahhabite contre l’Algérie Les Saoudiens veulent la tête de Mohamed Aïssa http://www.elwatan.com/une/les-saoudiens-veulent-la-tete-de-mohamed-aissa-17-03-2016316730_108.php http://www.elwatan.com/images/2016/03/16/aissa_2613348_465x348.jpg Les prises de position du ministre des Affaires religieuses sur le wahhabisme irritent le royaume saoudien, au demeurant de plus en plus remonté contre l’Algérie pour ses dernières «démarcations» diplomatiques au sein de la Ligue arabe. L’islam de Cordoue ouvert et tolérant contre le wahhabisme violent et rétrograde. C’est la tâche à laquelle s’attelle le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, depuis sa nomination. Une réorientation stratégique aussi nécessaire que salutaire pour sortir la société de la logique salafo-wahhabite mortifère. Et si ce choix est salué ici, il est cependant combattu avec virulence par les cohortes salafistes locales fortement soutenues par leurs sponsors idéologiques de la monarchie wahhabite. Le discours de Mohamed Aïssa est aux antipodes de la rhétorique extrémiste qui, pendant des années, a structuré la discours religieux et surtout remodelé dangereusement les mœurs locales. «Le wahhabisme, unificateur pour son pays d’origine, devient un danger lorsqu’on le greffe à un autre pays», affirmait le ministre dès son entrée en fonction. Une petite révolution qui avait soulevé un tollé chez les prédicateurs et autres prêcheurs de la haine de Riyad. Sentant le «danger», les tenants de l’islam rigoriste en Arabie Saoudite ont vite réactivé les relais locaux pour lancer la «guerre sainte» contre un ministre qui défend un islam et une pratique religieuse puisés dans un référent national et ancestral. Levée de boucliers. Tapis dans l’ombre d’un ministre longtemps sous le monopole des islamo-réactionnaires, des «chouyoukh wahhabisés» apparaissent pour défendre leur citadelle et rendent la tâche ardue à Mohamed Aïssa. La guerre lui est déclarée ouvertement, au sein même de son ministère. Imams, apprentis-muftis et autres sinistres charlatans sont convoqués pour mener la charge et mettre en échec la politique du ministre. Par délégation, l’Arabie Saoudite veut sa tête et tous les moyens sont mobilisés. Pressions diplomatico-religieuses, fatwas et rappel des troupes locales. En s’employant à soustraire les mosquées des mains des salafistes affiliés directement à «la Mecque de l’autoritarisme», les Al Saoud et leur bras religieux, les wahhabites, savent que la politique de Mohamed Aïssa risque de les priver de la carte de pression et de chantage qu’ils Page 41 sur 104 brandissent souvent. «La plupart des partisans de la salafiya en Algérie continuent à témoigner une indéfectible allégeance à leurs maîtres saoudiens et constituent d’efficaces relais de l’islam salafiste», assurait le sociologue des religions, Abderrahmane Moussaoui. Il est vrai que depuis longtemps, les autorités algériennes se montrent «frileuses» à l’égard de ce courant extrémiste. Instrument de chantage entre les mains des Saoudiens et atout pour le pouvoir local pour mieux contrôler la société. Une collusion qui peut s’avérer dangereuse, comme ce fut le cas durant la décennie noire. Adda Felahi, ancien cadre au ministère du temps de l’insipide Abdallah Ghoulamallah, s’est dit victime de pressions saoudiennes. «J’ai mené une guerre contre les salafistes connectés à l’Arabie Saoudite et j’ai attiré l’attention sur leurs menaces sur notre société, j’ai été tout simplement écarté du ministère sur insistance des Saoudiens», assurait-il. L’actuel ministre sait bien qu’en «algérianisant» l’islam, il va sans doute s’attirer les foudres excommunicatrices wahhabites. Un mufti d’un pays d’Europe de l’Est, lors d’un pèlerinage aux Lieux Saints, avait assisté, effaré, à une discussion étrange : «Lors de mon séjour à La Mecque, j’ai assisté à une discussion où des dignitaires religieux saoudiens disaient du mal du ministre algérien des Affaires religieuses.» Très serein et sans trop de bruit, Mohamed Aïssa entend mener sa mission jusqu’au bout, même s’il se sent parfois «moins soutenu» par le gouvernement. Se séparer de lui serait commettre une erreur stratégique grave. Céder aux pressions saoudiennes serait livrer le champ religieux aux apprentis sorciers et le diable wahhabite s’en occupera bien. Tentation hégémonique La pression que mène la famille régnante à Riyad fait partie d’une stratégie globale. Une guerre sournoise déclarée contre Alger. La tentation hégémonique de la monarchie saoudiowahhabite se heurte souvent au non-alignement de l’Algérie. La crise syrienne est le point de rupture. Alors que le régime saoudien est impliqué militairement, financièrement et idéologiquement pour faire tomber Bachar Al Assad, l’Algérie est sur une position «réservée». Opposée à la chute du régime syrien, Alger apparaît aux yeux des Saoudiens et des Qataris comme «une fausse note» dans le «consensus arabe» qui, du coup, fausse la stratégie golfiote dans la recomposition géopolitique régionale. Une prise de distance qui en annonce d’autres, notamment depuis que l’effacé Mourad Medelci a laissé place à un diplomate chevronné en la personne de Ramtane Lamamra pour mener la politique étrangère. Retrouvant sa voix et sa voie, la diplomatie algérienne a pu réaffirmer son positionnement doctrinal traditionnel de non-ingérence. Au Caire, M. Lamamra était ouvertement opposé à la mise en place d’une coalition militaire arabe qui n’est en réalité qu’une alliance religieuse sunnite conduite par l’Arabie Saoudite pour mener la guerre à l’Iran. Lors de son expédition militaire contre son voisin du sud, le Yémen, Riyad a réussi à incorporer plusieurs pays sunnites dans sa «croisade» contre ce qu’elle considère comme zone d’influence perse. L’Algérie, si elle n’a pas exprimé de manière vive son opposition, a tout au moins émis des «réserves». Un positionnement qui, une fois de plus, a froissé la famille Al Saoud, notamment l’ambitieux jeune ministre de la Défense, Mohammed Ben Salman (30 ans). «Il est certain que la nouvelle génération au pouvoir en Arabie Saoudite voit d’un mauvais œil les survivants du front de la résistance. Si auparavant, la vieille garde respectait la position algérienne sur les questions régionales, la nouvelle génération veut dicter sa loi à tout le monde. Toute résistance est considérée comme acte hostile», analyse un ancien ambassadeur algérien. Dans la suite de sa guerre pour contenir l’Iran après la levée des sanctions occidentales contre Téhéran, Riyad a forcé la main à pratiquement tous les pays arabes pour blacklister le Page 42 sur 104 Hezbollah libanais au moment où les Américains rayaient l’organisation de Hassan Nasrallah de la liste des mouvements terroristes. Renversant ! Timidement certes, l’Algérie s’est abstenue lors de la réunion de la Ligue arabe, devenue un des postes avancés de la stratégie des Saoudiens et de leurs alliés inconditionnels. En réaction à ce «crime de lèse-majesté», les Saoudiens annoncent promptement des projets d’investissement dans les territoires sahraouis occupés par le Maroc. Une manière d’apporter leur soutien à la monarchie frère et de «narguer la République hostile». Se pose ainsi la question de la nature des relations entre l’Algérie et ce royaume rétrograde, sponsor de l’extrémisme. Hacen Ouali El Watan - Jeudi 17 mars 2016 (Algérie) Le retour de la «Diaspora algérienne» vu par Giulia Fabbiano Entre la saga Riyad Mahrez et l’article 51… http://www.elwatan.com/actualite/entre-la-saga-riyad-mahrez-et-l-article-51-17-03-2016316737_109.php http://www.elwatan.com/images/2016/03/16/chercheur-col_2613350_465x348.jpg Le conte de fées que sont en train de vivre les Foxes — surnom de la modeste équipe de Leicester —, leader surprise de la très prestigieuse Premier League anglaise, ne laisse manifestement pas indifférents les «tifosi» algériens. Et pour cause : l’un des artisans de cet exploit «historique» n’est autre que notre Riyad Mahrez national, l’une des stars incontestées des Verts. Mahrez, comme Brahimi, Feghouli et autre Carl Medjani, ont particulièrement la cote depuis qu’ils ont qualifié l’EN aux 8es de finale de la dernière Coupe du monde pour la première fois de notre histoire. Ces «binationaux» aux pieds dorés, qui font le bonheur de la nation toute entière, ne sont, à bien y regarder, que la partie visible, spectaculaire, d’un phénomène plus profond observé ces dernières années : celui de ces nombreux «Français d’origine algérienne» qui ont fait le choix de faire des choses en Algérie ou «pour» l’Algérie. Quel est leur profil ? Qu’est-ce qui motive ce «retour aux sources» ? Comment vivent-ils cette expérience ? La socio-anthropologue Giulia Fabbiano, qui s’est penchée de très près sur le sujet et y a consacré une enquête de terrain extrêmement instructive, a apporté de précieux éléments Page 43 sur 104 de réponse à ces questions, à l’occasion d’une conférence donnée mardi soir à l’Institut français d’Alger sous le titre : «Foyer ou Eldorado ? Le grand retour des diasporas algériennes». A noter que Giulia Fabbiano est post-doctorante au Cadis/EHESS (Ecole des hautes études en sciences sociales) et chercheure associée à l’Institut d’ethnologie méditerranéenne, européenne et comparative (Idemec, Aix-Marseille Université). Parmi ses champs de recherche, les «Narrations identitaires et postcoloniales en France» et les «Pratiques mobilitaires dans l’espace méditerranéen». Migrations inversées L’enquête menée par Giulia Fabbiano sur les mobilités franco-algériennes s’inscrivait dans une recherche plus large, indique-t-elle, portant sur «Les mobilités depuis la France vers le Maghreb». Ce qui l’a amenée à s’intéresser, dans un premier temps, aux trajectoires des Français, «toutes origines confondues», venus s’installer en Algérie. «En faisant du terrain, forcément j’ai rencontré des Français d’origine algérienne et j’ai dû m’interroger sur la spécificité de cette catégorie», dit-elle. L’anthropologue précise que cette enquête s’est déroulée entre 2012 et 2014 et a porté sur un échantillon de plus de 200 personnes, «dont un bon tiers étaient d’origine algérienne». Ils ont entre 25 et 40 ans et ont pour la plupart un «bac+5». «Ils ont fait des études supérieures sélectives : école de commerce, écoles d’ingénieurs, de journalisme», détaille-t-elle. Analysant les caractéristiques de «l’espace migratoire» qui relie les deux rives, l’anthropologue fait remarquer : «Cet espace a été marqué pendant de longues années par une émigration d’Algérie vers la France. L’Algérie était considérée uniquement comme un pays ‘‘émetteur’’ d’émigration et la France comme un pays ‘‘récepteur’’. Or, le phénomène que nous observons aujourd’hui montre qu’il ne s’agit plus tout à fait de la même chose.» Désormais, «la France n’est pas seulement un pays récepteur, mais aussi un pays émetteur puisqu’elle produit des individus à mobilité». Interrogeant la notion de «diaspora», la chercheure souligne que «l’espace migratoire franco-algérien est considéré par les spécialistes comme un couple migratoire» en ce sens que «la majorité des Algériens, quand ils émigrent, vont en France. On a donc deux polarités strictement connectées l’une à l’autre». Elle estime ainsi que la formule «couple migratoire» est presque antinomique de «diaspora» que nous utilisons par abus de langage, celle-ci supposant «des pays d’émigration beaucoup plus nombreux». Après l’époque des «norias» étudiées par Abdelmalek Sayad à laquelle succéda celle du «regroupement familial», vint la «période des exilés et de l’accueil des réfugiés» fuyant le terrorisme dans les années 1990. Et c’est au début des années 2000 qu’émerge véritablement cette nouvelle mobilité migratoire dans le sens Paris-Alger. Cette mobilité s’accompagne, insiste la conférencière, d’un «changement de paradigme» : «Ces phénomènes-là de mobilité Nord-Sud de Français d’origine algérienne mettent à l’épreuve le paradigme qui, pendant 30 ans, a saturé l’espace politique et académique français, qui est le paradigme assimilationniste ou intégrationniste.» Et d’ajouter : «Pendant très longtemps, on a estimé que l’intégration était synonyme de rupture de tout lien avec le pays d’ origine. Pour être intégré en France, il ne fallait pas entretenir ce lien. Aujourd’hui, on est face à une autre réalité, une réalité beaucoup plus transnationale, cosmopolite et beaucoup plus mobile qui fait douter du bien-fondé du paradigme de l’intégration.» «Ils ne fuient pas le racisme et l’islamophobie» L’enquête de Giulia Fabbiano fait ressortir que les premières vagues de Français d’origine algérienne qui se lancent dans l’aventure et se définissent comme des «pionniers», sont mues principalement par des stratégies de carrière. Ce phénomène «se met en place à partir Page 44 sur 104 des années 2000 avec l’arrivée d’un certain nombre de volontaires internationaux d’entreprises (VIE) qui étaient un peu le premier bassin, la première vague qui s’est transformée en installation de Français d’origine algérienne, mais pas que d’origine algérienne». Décryptant le lien de ces «binationaux» avec le pays d’origine, la sociologue déclare : «La plupart passaient leurs grandes vacances en Algérie dans leur enfance, dans la localité d’origine des parents. Ils ne connaissaient ni Alger ni Oran, les deux villes où, plus tard, ils allaient s’établir.» Dans la foulée, la sociologue émet un bémol au sujet du terme «binationaux» : «En réalité, ils sont moins pris dans un face-à-face entre la France et l’Algérie que dans un rapport cosmopolite, habitués qu’ils sont à apprivoiser le monde avec facilité.» Elle relève au passage qu’ils ont beaucoup voyagé (Europe, Asie, Etats-Unis…), avant de se poser à Alger. Giulia Fabbiano ne manque pas de déconstruire certaines idées reçues qui brouillent la lecture de ce récit migratoire. Première précision : «Ils ne fuient pas le racisme, l’islamophobie et la discrimination», il ne s’agit pas de «jeunes banlieusards en galère» végétant dans les «territoires perdus de la République». Deuxième nuance : «Ce n’est pas parce qu’ils ont de la famille en Algérie qu’ils viennent» et ne sont pas forcément dans une quête identitaire. «Ils ne s’installent pas en Algérie pour exaucer la volonté ou le mythe du retour parental (…). Au contraire, la plupart des personnes que j’ai rencontrées m’ont fait part des inquiétudes et de l’incompréhension des membres de leurs familles, de leur mère surtout, qui leur dit : ‘‘Nous, nous avons émigré pour vous et maintenant, vous faites le chemin inverse. Il y a quelque chose qui ne va pas’’…» Zidane président ! Giulia Fabbiano distingue deux blocs à l’intérieur de ce mouvement : le premier est celui, comme nous l’indiquions, des «pionniers» ; le second étant celui de ce que l’anthropologue appelle les «élites interculturelles». Sous le registre des motivations, trois «mobiles» travaillent, selon elle, cette mobilité : d’abord «les opportunités professionnelles». L’Algérie est vue comme un «marché vierge», un «Eldorado». Des perspectives qui contrastent avec l’image d’une «France rouillée et d’une Europe totalement bloquée». Cet élan est porté aussi par «une volonté d’apporter un ‘‘savoir-faire’’ à l’Algérie et de contribuer à son développement». Troisième motivation : «Une curiosité identitaire, c’est-à-dire une envie de mieux connaître le pays des origines familiales et de le connaître autrement que par le biais des voyages mémoriels.» Analysant le profil des «élites interculturelles», la sociologue observe qu’elles sont plutôt tournées vers les sciences sociales, les médias et les métiers culturels. «Plus que pour les pionniers, il y a chez ce groupe une plus grande curiosité interculturelle.» «L’Algérie n’est plus qu’un marché vierge, mais un espace à découvrir. Le déplacement n’est pas seulement un déplacement géographique ou social mais aussi un déplacement culturel, une manière de porter un autre regard.» La chercheure évoque le statut d’ambassadeur symbolique endossé par les personnes relevant de cette catégorie et qui s’attachent à «faire changer le regard sur l’Algérie». Quels que soient leur champ d’intervention et leur forme de contribution, force est de constater que l’apport des binationaux est politiquement et psychologiquement «plafonné» par l’article 51 de la nouvelle Constitution qui les exclut brutalement des hautes fonctions de l’Etat. Giulia Fabbiano relève à ce propos un contraste assez troublant entre le discours officiel incitatif à l’égard de la «diaspora» algérienne quand il s’agit de capter ses compétences et ses capitaux, et le coup de frein provoqué de l’article 51 qui verrouille le champ de la représentation politique «intra-muros» pour les candidats issus de l’émigration. «L’espace algérien se scinde ainsi en deux : d’un côté les intérêts économiques, de l’autre, les intérêts politiques et les deux ne semblent pas converger.» Comme un symbole de ces tiraillements, Page 45 sur 104 note Giulia Fabbiano, l’effigie du nouvel entraîneur du Real Madrid, le charismatique Zizou, plane dans le ciel publicitaire algérois avec ce slogan : «L’Algérie fière de ses hommes». Zidane Président !... Mustapha Benfodil EUobserver.com OPINION Has the EU stopped lying to itself on refugees? By ONDREJ HOUSKA Ondrej Houska ( @OndrejHouska on Twitter) is Brussels correspondent for Czech public radio BRUSSELS, 17. MAR, 18:53 https://euobserver.com/opinion/132732 "Americans can always be counted on to do the right thing … after they have exhausted all other possibilities" is a famous quote, versions of which have been attributed to Winston Churchill. It might now be the turn of European Union member countries to do the right thing in the refugee and migrant crisis. Finally. Myriad mistakes from the past might, however, still lead to a sad outcome, where those who genuinely need help will not get it: real refugees. The best way to avoid perilous crossings is by taking control of the crisis, not by letting Greece keep breaking EU law (Photo: Reuters/Stoyan Nenov) The first thing that EU countries must do is to stop lying to each other over refugees. The declared closure of the so-called Balkan route for migrants heading to northern Europe is a long overdue step. It is the sign of a profound change in consensus. The bottom line is that the whole EU now seems to be adopting an approach that the Central European countries have been pushing for since the beginning of this crisis. Those countries are still vilified in Western European media. However, many Western diplomats and policymakers now acknowledge tacitly, that they were right after all. The EU as a whole seems to be realising the need to follow some basic rules. Page 46 sur 104 Firstly, to say that the Balkan route should not be closed, as Germany’s Angela Merkel is advocating, means to deliberately ignore those rules. Without the closure, this crisis cannot be managed. It is symptomatic that everyone professes his or her outrage about the fate of migrants stranded at the Greek-Macedonian border, but no one seems to be dismayed by the fact that Greece still does not have enough facilities for those people. Fooled by Greece Last October, the Greeks promised to build 50,000 places by the end of 2015 to house migrants and refugees. Where are those places? The plight of people stranded in Greece is tragic, no doubt about it, but without the closure of the border, the Greeks will never cease their illegal practice of waving refugees through to other countries. If this continues, Schengen is dead. And we should not be fooled by Greece’s claims that it cannot handle this crisis on its own. Until now, the Greeks have, compared to the Germans, the Austrians or the Swedes, paid little for this crisis since they have simply sent all the refugees and migrants north. Greek prime minister Alexis Tsipras says that his country should not become “a warehouse of souls” and he is right. To achieve this, the EU needs an agreement with Turkey at almost any cost. Turkey, of course, knows this and uses this advantageous position to the maximum. But does anyone have a better idea how to stop thousands of people, less than half of whom are Syrians, coming to Europe by boat and paying a fortune to smugglers than by doing a deal with Turkey? Turkish president Recep Tayyip Erdogan has taken a dangerous turn towards authoritarianism, no doubt about it. But if anyone wants to, while sorting out this mess, deal only with genuine democrats, good luck finding them. Central Europe has won To sum up, what is the new approach of EU member states? To limit, preferably to zero, the number of people who arrive from Turkey to Greece. To return almost all those who make the journey to Turkey, even in case of Syrians. To preclude any secondary movement from frontline countries further into Europe. Is all this closer to the position of Germany and the European Commission from last summer or to what the Czechs, the Hungarians or the Slovaks were saying at that time? In this respect, Central Europe has won. There is a danger, however, that one crucial aspect of the deal with Turkey might become impossible to implement (apart from visa free travel for Turks), namely a plan to resettle refugees directly from Turkey to Europe, thus destroying the business of smugglers. Page 47 sur 104 Central European countries, and not only them, might refuse to take part, although the Czech Republic, for example, was one of those member states that preferred resettlement from Turkey to relocation from Greece and Italy. There is no doubt that there is a lot of xenophobia in Central Europe and that politicians like Hungarian leader Viktor Orban, while being right in many aspects, are dangerous populists playing on fear. But one can hardly deny the fact that the original foolish approach to the crisis, pushed for by Germany and the European Commission, has set EU countries against one another and has contributed to the breakdown in mutual trust. Genuine refugees might be the victims of avoidable mistakes that the EU committed at the beginning of the crisis. EUobserver.com EU-financed migration projects ignore human rights By NIKOLAJ NIELSEN BRUSSELS, 17. MAR, 11:48 https://euobserver.com/migration/132724 EU-funded migration projects in North Africa and Eastern Europe have not achieved their goals and have broadly ignored human rights, the EU's financial watchdog says. In a 70-page report out on Thursday (17 March), the European Court of Auditors found that respect for human rights "remains theoretical and is only rarely translated into practice". “EU spending on migration in the neighbourhood countries will only be effective if clear objectives are set," said the report's author Daniele Lamarque in a statement. The broad criticism comes in the run-up to an EU summit with Turkey that seeks to rapidly return rejected migrants from Greek islands to Turkey. The auditors looked into 23 EU-funded projects on migration between 2007 and 2013 in Algeria, Georgia, Libya, Moldova, Morocco and Ukraine. The projects, with a total contract value of €89 million, were intended to feed into the priorities outlined in the EU's Global Approach to Migration and Mobility (GAMM). Those priorities included setting up close partnerships and "further regional integration". But the lack of clear objectives, overly complex governance, and bad coordination by EU institutions and others involved in the projects undermined the goals. The auditors noted that EU delegations heading the projects had no migration experts, and specialists hired by the European Commission did not show up to work. "None were in post in any of the neighbourhood countries or in any mobility partnership partner country at the time of the audit," says the report. Page 48 sur 104 It says the EU commission headquarters in Brussels, at times, had also neglected to follow up on recommendations on how to best implement local projects. Few of the audited projects had any result indicators to measure achievements. Returns and readmission projects broadly failed to deliver because they were regarded by the receiving countries as part of the EU's security policy. The security aspect made it "hard for them to accept" while EU states neglected to prepare migrants for their return home, the report states. Lack of oversight and accountability also means the auditors have no idea how much of the total €1.4 billion over the period was actually spent. The auditors were only able to account for €304 million, owing in part "to weaknesses in the commission's information systems". The EU's diplomatic branch, the EEAS, along with other department heads in the commission, are responsible for finances. The EU commission, for its part, says the report pre-dates projects under the Jean-Claude Juncker mandate. "Things have changed, the report is outdated and does not seem to be in synch with seeking the solutions we need in the current crisis. At the time of the report we did not face the issues we face now," it said in a statement. PanoraPost (maroc) Publié le 17 mars 2016 Après les manuels d’éducation religieuse, ceux d’histoire seront aussi réformés http://www.panorapost.com/article.php?id=12339 La réforme de l’éducation nationale marche lentement, mais sûrement semblerait-il cette fois… Le ministre de l’Education nationale Rachid Belmokhtar a annoncé avoir demandé aux services de son ministère de réviser les contenus dans les programmes d’histoire, dans l’objectif de lutter à la base contre le fondamentalisme. Ainsi, intervenant dans un colloque organisé par l’Académie du Royaume du Maroc autour du thème de l’éducation comme acteur fondamental de la lutte contre le radicalisme violent, Belmokhtar a expliqué que si l’histoire est empreinte de violence et relate les guerres et brutalités des générations passées, elle peut également s’atteler à développer les grands progrès de l’humanité, les idées et philosophies qui ont permis de bâtir la civilisation humaine et créer autant de progrès. Et cela, selon le ministre, bien malheureusement, n’est pas (encore) inculqué à nos enfants. Il est vrai que l’enseignement de l’histoire, selon l’approche classique, tient aux événements et non aux idées. On parlera des guerres, des conflits et des luttes entre les hommes mais pas des réflexions et des philosophies qui ont permis de dépasser les tensions. Page 49 sur 104 Prenant à son tour la parole, le politologue Mohamed Tozy a dévoilé sa pensée, articulée autour du fait que l’enseignement des sciences et des techniques à l’école en occultant les idées et la philosophie est source de production de générations pouvant être attirées par la violence bien plus que par l’humanisme et le progrès. Enfin, le membre de l’Académie qu’est Abdeljalil Lahjomri a été encore plus loin en affirmant que la lutte contre l’extrémisme et la violence est une nécessité dans notre monde actuel, et que le rempart contre la flambée de violence que connaît notre époque est d’abord la famille, et ensuite l’école. C’est en effet là où les enfants passent leur temps. Ainsi, après la question de la langue d’apprentissage et l’introduction du français dans l’enseignement de certaines disciplines scientifiques au lycée, voici venu le tour de la révision des programmes et la réforme des manuels scolaires, d’abord ceux de l’éducation religieuse, ensuite celle de l’histoire, deux matières humaines qui ont un très fort impact sur la pensée des générations à venir. OreLa L’Observatoire des Religions et de la Laïcité Salah Echallaoui à la tête de l’Exécutif des Musulmans de Belgique Auteur: Caroline Sägesser Lundi 21 Mars 2016 http://www.o-re-la.org/index.php?option=com_k2&view=item&id=1525:salah-echallaoui%C3%A0-la-t%C3%AAte-de-l%E2%80%99ex%C3%A9cutif-des-musulmans-debelgique&Itemid=85&lang=fr http://www.o-re-la.org/media/k2/items/cache/b7e870fe16253b03d4f5e4eca7c887cf_M.jpg Le 30 mars 2014, un nouvel organe représentatif du culte islamique était présenté à la presse belge. Issu pour la première fois d’un processus d’élection interne aux mosquées, cet Exécutif des Musulmans de Belgique avait pour mission de stabiliser l’organisation du culte islamique et faire progresser des dossiers importants, en particulier la reconnaissance de nouvelles mosquées. Deux ans plus tard, un constat d’échec entraine un remaniement de sa composition et la nomination d’un nouveau Page 50 sur 104 président, sur fond de moyens supplémentaires alloués par les pouvoirs publics au culte islamique. Bien que le culte islamique ait été reconnu par la Belgique dès 1974, ce n’est qu’en 2007 que les premières mosquées ont été reconnues et financées par les pouvoirs publics. S’il fallut plus de trente ans pour concrétiser la décision du législateur belge de 1974, c’est principalement en raison des difficultés relatives à l’absence d’un organe représentatif du culte islamique disposant de la représentativité et de la légitimité nécessaires. Mais il est également vrai que les pouvoirs publics n’ont pas toujours fait preuve d’un égal enthousiasme en matière de concrétisation du financement du culte islamique, dans un contexte où la sécularisation amenait une remise en cause de plus en plus fréquente du mécanisme même de financement public des cultes et où, d’autre part, le financement de structures musulmanes pouvait être perçu par certains comme impopulaire et donc peu séduisant sur le plan électoral. C’est à la fin des années 1990 que s’est développée la volonté politique d’appuyer l’émergence d’un islam belge, dégagé de l’influence des pays étrangers, et particulièrement de l’Arabie saoudite à qui avaient été confiées les clés du Centre islamique et culturel de Belgique (autrement dit la « Grande mosquée » du Cinquantenaire), qui un temps joua le rôle d’organe chef de culte, en désignant les professeurs de religion islamique. Après plusieurs échecs, l’idée de choisir les membres d’un Exécutif des Musulmans de Belgique via des élections au sein de la population musulmane toute entière s’est imposée, l’organe chef de culte devenant ainsi un organe représentatif de tous les musulmans de Belgique, au delà de son rôle d’institution chargée de la gestion du temporel du culte. Deux élections furent organisées, en 1998 et 2005, mais les Exécutifs qui virent le jour furent tous deux confrontés à de graves difficultés — dissensions internes, gestion inefficace, déficit de représentativité vis-à-vis des musulmans de Belgique… — qui paralysèrent à différentes reprises le fonctionnement de l’institution. Les premiers dossiers de reconnaissance de mosquées furent toutefois menés à bien entre 2007 et 2011, dans les trois Régions, la matière ayant été régionalisée au 1er janvier 2002. Depuis cinq ans, aucun nouveau dossier de reconnaissance n’a cependant abouti ; en cause d’une part la paralysie de l’Exécutif, qui vit sa reconnaissance retirée par les pouvoirs publics (l’institution ne fonctionnant plus entre mars 2011 et mars 2014) et, d’autre part, la frilosité des pouvoirs publics dans un contexte budgétaire peu favorable à l’accroissement des dépenses. La conjoncture est aujourd’hui bien différente. Le développement de l’islamisme radical, le départ de jeunes Belges en Syrie et les attentats de Bruxelles et Paris en 2014 et 2015 ont renforcé la volonté des pouvoirs publics de développer et de soutenir les structures d’un islam de Belgique, dégagé des influences étrangères et prônant une religion empreinte de tolérance, désireuse de contribuer à la qualité du vivre-ensemble. La mise sur pied de la Commission Marcourt, l’an dernier, en est une illustration : à l’initiative du ministre francophone de l’Enseignement supérieur, une commission a élaboré des propositions visant principalement à organiser la formation des imams et des professeurs de religion islamique en Belgique. En témoigne également la récente annonce par le ministre fédéral de la Justice Koen Geens de l’octroi de 3,3 millions d’euros supplémentaires au financement du salaire des imams, dans le cadre d’un plan antiterrorisme : c’est bien dans le cadre de la politique de sécurité qu’une telle mesure est prise, afin de « promouvoir un islam intégré ». La prise en charge du traitement de quelque 80 nouveaux imams pourrait se faire, pour partie, au sein des mosquées actuellement reconnues : car contrairement à la pratique habituelle pour l’ensemble des cultes, qui fait correspondre à la reconnaissance d’une implantation locale la prise en charge d’un ou plusieurs traitements de ministre du culte, certaines mosquées reconnues refusent le paiement du traitement de leur imam par le Service public fédéral Justice, préférant conserver un ministre du culte envoyé et payé par le ministère turc des Page 51 sur 104 Affaires religieuses, la Diyanet. Mais la plupart des nouveaux postes devraient être créés au sein de mosquées nouvellement reconnues : dans les trois Régions, les ministres en charge des cultes ont annoncé ces prochaines reconnaissances. La mise en œuvre de cette politique de développement du financement public du culte islamique nécessite de disposer d’un interlocuteur fort en la personne de l’Exécutif des Musulmans. Pour cette raison, un arrêté royal est venu réorganiser l’institution le 15 février dernier. Cet arrêté abroge tant l’arrêté royal du 3 mai 1999 — qui avait reconnu l'Exécutif des Musulmans de Belgique —, que celui du 2 avril 2014 qui avait reconnu les membres de l'Exécutif et faisait l’objet d’un recours auprès du Conseil d’Etat. Dorénavant, les membres de l’Exécutif ne seront plus nommés par arrêté royal ; leurs noms seront simplement communiqués par l’Exécutif au ministre de la Justice, lequel en prendra acte. Cette procédure est d’ailleurs de rigueur pour les autres cultes reconnus, à l’exception du culte anglican ; pour des raisons historiques, les membres du Comité central du Culte anglican sont toujours nommés par arrêté royal. Cette nouvelle procédure implique également que les membres de l’Exécutif ne seront plus soumis, préalablement à leur entrée en fonction, au screening de la Sûreté de l’Etat. Autre élément important et novateur, l’Exécutif est dorénavant composé d’un collège francophone et d'un collège néerlandophone, désignant chacun un co-président. C’est là le premier organe représentatif d’un culte reconnu à disposer ainsi de sections linguistiques avalisées par les pouvoirs publics — le Conseil central laïque, organe représentatif de la seule organisation philosophique non-confessionnelle reconnue à ce jour se compose quant à lui bien de deux ailes, le CAL (Centre d’Action laïque, francophone) et l’UVV (Unie Vrijzinnige Verenigingen, devenu DeMens.Nu, néerlandophone). L’arrêté précise que le Collège néerlandophone est compétent pour les dossiers de la partie néerlandophone du pays et le Collège francophone, pour les dossiers de la partie francophone du pays, ce qui peut sembler étrange vu que la gestion du temporel des cultes reconnus est une matière régionale et non communautaire. L’adoption de cet arrêté royal il y a un mois préparait le remaniement intervenu au sein de l’Exécutif ce vendredi 18 mars : une majorité des membres de l’Exécutif des Musulmans de Belgique a désigné Sallah Echallaoui à la présidence, en remplacement de Noureddine Smaïli. Professeur de religion islamique à Verviers, l’imam Noureddine Smaïli, amené à la tête de l’Exécutif en mars 2014, était très contesté en interne. Certains évoquent une fronde déterminée menée par des membres conservateurs, voire proches de la mouvance des Frères musulmans, tandis que d’autres parlent d’un simple problème de personnalité. Le président de l’EMB avait en tout cas connu bien des difficultés, qui l’amenèrent notamment à porter plainte, suite à des intimidations. Son remplaçant, Sallah Echallaoui, n’est pas un inconnu : inspecteur des cours de religion islamique en Fédération Wallonie-Bruxelles, son nom avait déjà été évoqué il y a deux ans comme candidat potentiel à la tête de l’Exécutif. Il a en effet été, avec l’ancien président de l’EMB Coskun Beyazgül, l’une des deux chevilles ouvrières du remaniement de l’Exécutif de 2014. A la tête du Rassemblement des Musulmans de Belgique, une association soutenue par l’Etat marocain, Echallaoui a réussi, avec son homologue de la Diyanet turque, à convaincre quelques 300 mosquées de participer à la désignation des membres de l’Assemblée générale des Musulmans de Belgique chargée elle-même de désigner les membres de l’Exécutif en 2014 : l’homme paraît disposer d’une forte légitimité auprès de la communauté belgo-marocaine. Toutefois, alors qu’on l’attendait à la tête de l’Exécutif, il n’y fut pas désigné et avait dû se contenter de la présidence de l’Assemblée générale des Musulmans de Belgique, une institution au rôle limité une fois la désignation des membres de l’EMB accomplie. Salah Echallaoui a l’avantage de bien connaître les dossiers dont il aura la charge, dont la reconnaissance des mosquées et la formation des imams ; il a notamment fait partie de la Page 52 sur 104 Commission Marcourt. Apprécié par ses futurs interlocuteurs au sein des pouvoirs publics, bien connu également des représentants des autres cultes reconnus et de la laïcité organisée, celui qui devient ainsi le septième président que l’institution ait connu en moins de vingt ans d’existence devra faire preuve de doigté et de diplomatie pour emporter l’adhésion des différentes communautés et fractions dont se compose l’islam de Belgique. Caroline Sägesser (ULB). Le Soir.be «Mes excuses»: lettre à mon fils, à ma fille MIS EN LIGNE LE 23/03/2016 À 07:57 EXPLOSIONS À BRUXELLES ATTENTATS DE BRUXELLES PAR BÉATRICE DELVAUX Après la colère et la tristesse, le temps est venu pour moi de te présenter mes excuses. Cela fait 20 ans que je te mens. La chronique de Béatrice Delvaux http://plus.lesoir.be/32123/article/2016-03-23/mes-excuses-lettre-mon-fils-ma-fille Cher toi, Ce matin, j’ai hurlé, en traversant notre ville du nord au sud. Je ne pouvais arrêter mes larmes. Je voulais me boucher les oreilles, je n’en pouvais plus d’entendre les sirènes. Lire aussiBruxelles n'est plus qu'une sirène Mais après la colère et la tristesse, le temps est venu pour moi de te présenter mes excuses. De te demander pardon. Cela fait 20 ans que je te mens. Je n’ai qu’une excuse : cela fait 20 ans que je crois mon mensonge. Je t’ai vendu ce monde comme celui des possibles, du grand voyage, de ces espaces que tu allais, toi, pouvoir arpenter, de ces peuples que tu allais, toi, rencontrer. Moi qui avais pris l’avion pour la première fois à 15 ans, moi qui avais vu l’Amérique à 22 ans, moi qui avais appris l’anglais en cours de route et le néerlandais quand il fallait. Moi qui étais certaine que nous t’avions épargné la guerre, en la rangeant dans les livres d’histoire ou dans les anecdotes que ta grand-mère ou ton grand-père te racontait depuis leur village natal. Nous étions tellement certains de les avoir enterrés, les démons qui avaient fait les camps de concentration, les génocides, le napalm, le goulag. Goulag ? Tu as même cru que je parlais d’un plat hongrois. On en a tant ri, tu te souviens ? Pourquoi aurions-nous eu peur? Nos parents l’avaient faite, eux, la guerre, mais ils avaient aussi, dans la foulée, fait la paix. Elle avait même pris la forme de cette Europe qui devait être le garde-fou en béton de nos folies, de nos dérives. Ce monde que nous t’avons promis, nous y croyions vraiment, pour la bonne raison que nous l’avions vu advenir. Lire aussiAttentats de Bruxelles : ce n’est pas la fin, c’est le début Nous avons vu tomber les murs, les idéologies, les barrières et pas que commerciales. Moi, ta mère, j’ai profité de l’égalité croissante avec les hommes, de ces droits conquis et transcrits en lois. Moi, ton père, je n’ai pas dû faire mon service militaire dont j’ai vécu les derniers spasmes. Car l’heure n’était plus aux armées, mais aux consciences. L’heure n’était plus à envahir le voisin pour le soumettre, mais à y séjourner, à y séduire, à apprendre la langue de l’autre, en tente, en caravane ou en camping-car d’abord, sac à dos façon Routard ensuite et puis sous le couvert de cet Erasmus que tu devrais – devais ? – enfourcher dans quelques mois. Page 53 sur 104 Nous avions vaincu les haines – « plus jamais ça », c’était plus qu’un slogan, c’était devenu une charte, une convention, des lois, le droit. Nous avions vaincu les diktats de l’Eglise et de la religion – l’avortement, l’euthanasie avaient gagné petit à petit droit de cité. Nous avions vaincu les tabous et les morales étroites – tu peux être homosexuel(le), te marier, te pacser, adopter. Nous avions vaincu les préjugés et les racismes – à quelques pas d’ici réside le Centre pour l’égalité des chances qui protège les hommes/femmes des maléfices d’autres hommes/femmes. Lire aussiLa Belgique a résisté à plus d’un siècle d’attentats continus En grandissant, j’ai assisté, incrédule mais extatique, à l’incroyable croisade qui faisait d’un Noir l’égal d’un Blanc, avec des droits égaux. « One man one vote » : on a marché pour les rêves de Martin Luther King, on a boycotté les oranges d’Afrique du Sud. C’était juste magique : un combat débouchait sur une victoire, le monde se déplaçait inexorablement du pire au meilleur. Imagine, on t’offrait sur un plateau, comme la promesse d’éternité de ce nouveau monde que nous avions bâti, Obama et Mandela, présidents ! C’était pas beau ça ? C’était pas grand ? Mais qu’est-ce qui pouvait bien tourner mal ? On l’avait décrochée, la timbale, non ! Obama et l’Europe, Prix Nobel de la Paix. On était les rois du pétrole ! Alleluyah ! Alors, non ! Je ne voulais pas que tu voies ces corps déchiquetés, ces chairs explosées station Maelbeek. Maelbeek, à deux pas de chez toi, Maelbeek, centre de Bruxelles, au nom qui sonne comme une blague, un rendez-vous, un plan drague : « on se voit à Maelbeek », « tu descends à Maelbeek », « on s’est embrassé à Maelbeek » ? Alors, non ! Je ne voulais pas que tu entendes, hier, les cris de cet enfant terrorisé, dans la fumée de l’explosion, seul fil conducteur dans l’horreur, menant vers la sortie de ce métro éventré, déchiqueté, assassiné. Alors, non ! Je ne voulais pas que tu penses qu’on pouvait mourir dans ta ville et que ton innocence s’arrête à cette date – 22 mars 2016–, à ces ceintures de la mort, à ces détonateurs tenus dans la main de garçons perdus qui, et c’est là tout le tragique, ont ton âge. Lire aussiBruxelles reste en état d’alerte après une série d’attaques terroristes Ta détresse me transperce, ta peur surtout. Mais plus que tout, ton calme, la manière dont tu fais face, la retenue que tu t’imposes me rendent fière et triste. Le fait aussi que tu ne me lances pas à la tête ce « putain de monde » qui est le tien. Tu as cette grâce, mon fils. Tu as cette force, ma fille. D’autant que quand tu m’interroges, même si je n’arrive pas à te le dire, tu le sais : je n’ai pas les solutions. Nous allons essayer de fixer ce b…, mais cela nous paraît de plus en plus clair : tu ne pourras y échapper, tu vas devoir te battre. Au moment où j’écris ces lignes, je croise simplement les doigts pour que ce ne soit pas au sens premier du terme. Comme avant… Lire aussiL’émotion en couleurs dans une ville sous le choc La guerre? Je me refuse à prononcer le mot, je me refuse à dire que c’est notre état aujourd’hui. Je me refuse à tomber dans la haine, je me refuse à désigner les boucs émissaires que les prêcheurs de haine, dans les deux camps, nous proposent et imposent. C’est tout ce que j’ai à t’offrir aujourd’hui : être à tes côtés et te protéger du bouclier des valeurs auxquelles je crois et que nous devrons tous protéger. Nous devrons être forts, mon fils. Nous devrons être résistants, ma fille. Cher toi, Page 54 sur 104 Après la colère, la tristesse, le temps est venu pour moi de te présenter mes excuses. De te demander pardon. Mais de te dire aussi que te sentir là, à mes côtés, me force à redresser la tête. Et à croire à demain. El Watan - Vendredi 25 mars 2016 (Algérie) D’accord/Pas d’accord : Pour libérer un grand nombre de détenus http://www.elwatan.com/actualite/d-accord-pas-d-accord-pour-liberer-un-grand-nombre-dedetenus-25-03-2016-317338_109.php Les prisons algériennes vont libérer un grand nombre de détenus, de l’ordre de 30 à 40%, durant les prochains mois.» C’est ce qu’a déclaré, cette semaine, Me Farouk Ksentini, le président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l’homme (CNCPPDH). Selon lui, «cette réduction du nombre de détenus serait un effet mécanique des amendements introduits dans le code de procédure pénale entrés en vigueur le 23 janvier. Cette baisse va survenir de manière progressive sous l’effet des dispositions qui réduisent les cas de recours par les juges à la détention provisoire». L’avocat estime que «grâce aux nouveaux amendements, l’usage abusif en matière de détention provisoire, qui constitue la cause de l’encombrement dont souffrent les prisons, sera réduit et permettra aux prisons de souffler». Mais Me Salah Naït Belkacem, avocat au barreau d’Oran, n’est pas d’accord avec une telle décision. «Nous avons du mal à gérer la surpopulation carcérale au sein de nos structures. Nos prisons sont une bombe à retardement. On ne fera que déplacer ce problème de l’espace carcéral à l’espace libre. Ça sert à quoi de libérer les prisonniers si c’est pour les jeter dans l’air libre ? Cette situation est née de l’absence de politique pénale.» Afin que la situation s’arrange, l’avocat propose de «préciser de façon claire qui on met en prison et qui n’est pas concerné par l’incarcération. Il faut abandonner toutes les exceptions qui peuvent figurer dans le code afin que les choses soient claires une fois pour toutes». L’avocat Salah Dabouz, militant de la Laddh et membre de la Commission des droits de l’homme de l’Union internationale des avocats, se désole : «Nos lois s’appliquent à certains Algériens mais pas à d’autres, notamment pour les détenus du Sud. Il se pourrait donc que ces lois soient appliquées à certains cas mais sûrement pas à tout le monde, ce qui est d’ailleurs scandaleux». Sofia Ouahib El Watan - Vendredi 25 mars 2016 (Algérie) La question de la semaine : Est-ce qu’on va pouvoir se payer le hadj cette saison ? http://www.elwatan.com/actualite/la-question-de-la-semaine-est-ce-qu-on-va-pouvoir-sepayer-le-hadj-cette-saison-25-03-2016-317336_109.php Page 55 sur 104 Le coût du pèlerinage de la saison 1437 Hijri/2016 a été fixé à 49 millions de centimes (490 000 DA), incluant le prix du billet et l’argent de change estimé à 2500 RS, soit 600 euros», a publié l’Office national du pèlerinage et de la omra (ONPO) sur sa page Facebook. En effet, les tarifs du hadj de cette année ont augmenté, sans explication, de 70 000 DA. En off, un cadre de l’Office du tourisme assure que cette hausse est due «à la chute de la valeur du dinar sur le marché international». A l’ONPO, un cadre précise : «L’an passé, un RS s’échangeait contre 24 DA. Cette année, contre presque 30 DA. Le billet d’avion qui coûtait 100 000 DA l’an dernier est passé à 120 000 DA.» «A l’arrivée, témoigne Zouleikha qui doit envoyer sa grand-mère à La Mecque, on va devoir trouver 700 000 DA !» Cette hausse prive beaucoup de pèlerins du rituel religieux. Certains ont exprimé leur colère sur les réseaux sociaux en décidant de boycotter le hadj de cette année. L’Association algérienne de protection et orientation du consommateur (Apoce) propose une solution et parle de la possibilité de «réduire la durée du hadj pour baisser le coût». Objectif : alléger les difficultés matérielles et compatir avec les personnes âgées et les malades. «Au lieu de rester 31 jours, on limite la durée à 15 jours, donc les tarifs seront estimés à 320 000 DA et à 220 000 DA pour une semaine», affirme le président de l’Apoce, Mustapha Zebdi. Il ajoute que si l’Office national du pèlerinage et de la omra établit trois versions du hadj (ceux qui veulent rester 31, 15 ou 7 jours), cela permettra aux pèlerins de choisir la version en fonction de leurs capacités matérielles et physiques. Une idée qui séduit le secrétaire général de la Coordination nationale des imams et le personnel des affaires religieuses et des wakfs, Djelloul Hadjimi. «Partir moins longtemps n’affectera pas la valeur religieuse du pèlerinage», assure-t-il. Finalement, la proposition de l’Apoce a été adoptée. Selon Mustapha Zebdi, «l’Onpo prévoit quatre voyages de moins de vingt jours pour la hadj de cette année. Seulement cette offre est réservée à des hommes d’affaires et des hauts placés, au lieu de sélectionner les démunies et les malades». Ryma Maria Benyakoub El Watan - le 23.03.16 (Algérie) Richard Labévière. Spécialiste des réseaux djihadistes «Des réseaux dormants qui se réveillent et se vengent» http://www.elwatan.com/actualite/des-reseaux-dormants-qui-se-reveillent-et-se-vengent-2303-2016-317216_109.php Spécialiste des réseaux djihadistes et de leur financement, Richard Labévière, rédacteur en chef du magazine en ligne Proche&Moyen-Orient.ch, explique que les attentats de Bruxelles sont une réponse des réseaux dormants salafo-djihadistes implantés en Belgique, à l’arrestation de Salah Abdeslam et de ses complices. Dans cet entretien, il apporte un éclairage édifiant sur ces réseaux, leur financement, la réaction des services de sécurité à leur égard, tout en exprimant sa crainte «de voir les pays européens tomber dans le piège tendu par les porteurs de l’idéologie de la terreur, celui de susciter la peur, sinon la haine de l’autre». Quelle lecture faites-vous des attentats en Belgique ? Page 56 sur 104 C’est clairement la réponse du berger à la bergère. Les réseaux salafo-djihadistes dormants — qui sont implantés en Belgique depuis vingt ans — se sont réveillés, car ils ne pouvaient pas ne pas réagir à l’arrestation de Salah Abdeslam et de ses complices. Ces réseaux criminels sont constitués de petits délinquants et trafiquants qui ont des réflexes de «bandes» : ils se vengent ! Contrairement à ce qui a été répété par une majorité de médias, à savoir que Salah Abdeslam était parfaitement inconnu des fichiers judiciaires et de la documentation des services spéciaux belges et français, ce jeune homme avait déjà fait l’objet de huit condamnations pour vols et autres escroqueries, dont l’une est passablement révélatrice. Engagé comme ambulancier par la commune de Molenbeeck, Abdeslam ne trouvera rien de mieux à faire que de détrousser l’un des cadavres qu’il venait de charger dans son ambulance… Edifiant ! Les services savaient également qu’il fréquentait régulièrement certaines des dix-huit mosquées salafistes de Molenbeeck, toutes – peu ou prou – financées par l’Arabie Saoudite. On a un vrai problème avec la communauté musulmane de Belgique et notamment avec la diaspora marocaine… Quoi qu’il en soit la question se pose de manière récurrente : pourquoi, compte tenu de ses nombreuses condamnations, Salah Abdeslam était-il encore en liberté ? Il y a un mois exactement, les policiers belges l’avaient repéré et s’apprêtaient à l’arrêter. Ils ont dû attendre quatre heures pour que le procureur – en pause-déjeuner – donne son feu vert à une telle intervention, le temps pour la famille de simuler un déménagement et de l’exfiltrer en le dissimulant dans une armoire au nez et à la barbe des policiers furieux ! C’est quand même curieux de constater qu’après avoir «neutralisé» le cerveau des opérations de Paris, les terroristes passent à des attaques sur le sol belge. Est-ce vraiment le cerveau qui a été pris ou s’agit-il de quelqu’un qui a protégé le vrai commanditaire ? Non, Salah Abdeslam n’est vraiment pas un cerveau, mais certainement le «logisticien» des attentats à Paris en novembre 2015, parce qu’il est un peu plus malin et entreprenant que ses complices. A ce stade de l’enquête, on ne décèle pas de «cerveau» ou de «donneur d’ordres» central, encore moins de commanditaires syriens ou irakiens. Evidemment, ces petits délinquants, des laissés-pour-compte d’une prospérité occidentale — elle-même en crise —, sont des admirateurs de Daech, mais l’Etat islamique (EI) n’a pas besoin de donner des ordres précis parce que ce terrorisme européen marche tout seul, comme un procès sans sujet… Dans les années 1970, l’ultra-gauche européenne (Brigades rouges, Baader-Meïnhof ou Action Directe) n’avait pas besoin de recevoir des ordres de l’URSS pour s’en prendre aux symboles du capitalisme ! Ces attentats pointent davantage des dysfonctionnements des sociétés européennes elles-mêmes, des dysfonctionnements que les pouvoirs publics ont été incapables d’analyser correctement et encore plus incapables d’apporter les réponses adéquates. Peut-on parler de défaillance des services de renseignement aussi bien belges que français ? Non, clairement non ! Les services belges ont peu de moyens, mais sont très bons quand on les laisse travailler. Depuis plus de vingt ans, les bourgmestres et le Parquet fédéral belge ont opté pour une politique de l’autruche et du déni du réel. Lorsque la DGSE, les services extérieurs français, interpellaient les autorités belges, le Premier ministre Charles Michel s’offusquait en affirmant que tout allait bien en Belgique et qu’il n’y avait rien à voir... Quant aux Services français, on peut aussi gloser à l’infini sur une fusion inachevée entre la DST et les renseignements généraux, mais là-aussi les insuffisances sont à rechercher du côté du pouvoir exécutif et de la classe politique. En effet, faut-il encore confier à ces Page 57 sur 104 services des missions précises et leur donner les moyens de les accomplir. Les Services français demandent depuis plus de vingt ans une «loi-cadre» afin d’encadrer leurs missions et leurs personnels. Cette loi ambitieuse n’a jamais vu le jour, laissant place à des replâtrages très insuffisants, inspirés par une rhétorique de guerre extérieure, alors que les problèmes les plus importants sont domestiques, chez nous, sous notre nez ! Les politiques refilent toujours la patate chaude aux Services — qui ne peuvent pas répondre publiquement, ce qui est bien normal —, mais les vraies responsabilités, sinon les manquements relèvent bien du pouvoir politique. Pensez-vous que ces attentats soient la conséquence du laxisme des autorités aussi bien belges que françaises face à la montée de l’intégrisme sur leur sol, les mouvements djihadistes bénéficiant de la liberté de circuler et de voyager vers des pays en crise pour alimenter les conflits armés ? C’est la bonne question ! Souvenez-vous des journalistes parisiens des années 1990 qui se demandaient «Qui-tue-qui ?» chez vous, en Algérie, alors que vous étiez confrontés à une vague déferlante djihadiste extrêmement meurtrière. Avant Noël encore, des responsables politiques français de premier plan affirmaient ne pas disposer de suffisamment de preuves pour fermer des mosquées salafistes dont on sait depuis des années qu’elles sont clairement financées par l’Arabie Saoudite et d’autres pays du Golfe. Aux Pays-Bas, en Belgique et surtout en Suisse, d’anciens égorgeurs des GIA se sont reconvertis dans des ONG qui prétendent aujourd’hui défendre les droits de l’homme et qui intentent des actions judiciaires contre des responsables militaires qui ont mené la lutte antiterroriste en première ligne. On marche sur la tête ! Ne parlons pas des multiples vitrines de propagande des Frères musulmans installés dans ces mêmes pays… Frères musulmans que certaines élites européennes continuent à qualifier d’«islamistes modérés», alors qu’ils demeurent les principaux vecteurs de haine et d’incitation à la violence au sein des sociétés occidentales. Méconnaissance, naïveté et lâcheté s’ajoutent à un grand aveuglement mercantile, puisque les marchés passés avec l’Arabie Saoudite, le Qatar et d’autres pays du Golfe pèsent lourd, très lourd sur la balance commerciale de plusieurs de ces pays européens. Si l’on veut être sérieux, un discours de vérité et de fermeté doit être tenu à ces partenaires commerciaux : on ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre, le sourire de la crémière et la sécurité en plus… Devrait-on s’attendre à d’autres attentats, sachant que les dernières opérations démontrent l’existence d’une capacité militaire, d’une logistique et d’une organisation assez fortes ? Je ne parlerai pas de «capacité militaire», mais des moyens de nuisance habituels des organisations criminelles classiques — grand banditisme, trafiquants, mafias, etc. — qui relèvent d’abord de la police, de la justice et des services de renseignement plus que des militaires. Répétons-le, ces réseaux sont «rhizomatiques» et ne correspondent pas à une organisation internationale pyramidale et globale qui devrait être combattue par des armées conventionnelles. Quant à l’avenir, il faut, bien sûr, s’attendre à d’autres attentats. Nous allons vivre durablement avec cette menace endogène et diffuse qui pourra prendre des formes inédites, notamment sur mer, dans des ferries ou des bateaux de croisière, contre des réserves d’eau, des infrastructures publiques et de grandes banques de données numériques. Comment voyez-vous la situation après ces attentats ? Ma grande crainte est que ces derniers attentats ne confortent une fuite en avant militaire globale, la répétition de la «guerre globale contre la terreur» de George W. Bush dont on Page 58 sur 104 connaît les résultats désastreux. Définitivement, cette réponse militaire ne pourra pas apporter les bonnes réponses. Quant aux libertés civiles et politiques, les pays européens risquent de faire pire que le Patriot Act américain en diabolisant les musulmans et en écoutant tous les citoyens dans tous leurs actes de vie quotidienne. C’est exactement ce que veulent les terroristes. Ma crainte est de voir les pays européens tomber dans ce piège tendu par les porteurs de l’idéologie salafo-djihadiste : susciter la peur, sinon la haine de l’autre, pulsions qui aggraveront les fractures sociétales et les déglingues économiques, sociales et politiques auxquelles nos sociétés — européenne et africaine — sont confrontées. Salima Tlemçani El Watan - le 20.03.16 (Algérie) Le président français célèbre le 19 mars Un «geste positif» apprécié en Algérie http://www.elwatan.com/actualite/un-geste-positif-apprecie-en-algerie-20-03-2016316994_109.php http://www.elwatan.com/images/2016/03/19/sans-titre-1_2613468_465x348p.jpg Un geste positif» et «un acte courageux». La décision du président français de rendre hommage aux victimes de la Guerre d’Algérie à l’occasion du 19 Mars, qui correspond à la Fête de la victoire, est fortement saluée en Algérie. «Le fait que François Hollande tienne à marquer cette date importante pour les deux pays est un geste positif», commente l’un des derniers négociateurs d’Evian du côté algérien, Redha Malek. Selon lui, cette décision constitue même «une victoire de la France sur ellemême, d’autant plus qu’il y a toujours une résistance et des polémiques concernant cette date dans ce pays». «La génération de la Guerre d’Algérie en France, notamment les nostalgiques de l’Algérie française considèrent que Hollande a commis une faute politique. Pour nous, c’est une bonne chose. Nous, nous avons gagné la guerre et nous avons atteint notre objectif, l’indépendance de l’Algérie», explique-t-il en rappelant l’attitude des négociateurs français à l’occasion de la signature des Accords d’Evian. «A la signature de la convention du cessez-le-feu, nous avons eu une pensée pour ceux qui se sont sacrifiés et ceux qui sont tombés au champ d’honneur juste avant la conclusion des Accords. Du côté français, on a refusé de fêter cette date. Un des négociateurs nous a dit : ‘‘On ne fête pas Waterloo.’’ C’était pour eux synonyme de reconnaissance et d’excuses.» Redha Malek refuse également de s’engager dans le débat sur la repentance : «Pour nous, la véritable repentance est la reconnaissance de l’indépendance de l’Algérie et de son intégrité territoriale.» Page 59 sur 104 Selon l’historien Mohamed El Korso, ce geste du président français s’inscrit dans son programme depuis 2012. «Il avait déjà rendu hommage aux victimes du 17 Octobre 1961. La date du 19 Mars a toujours fait l’objet de réticences chez ses prédécesseurs. François Mitterrand avait carrément refusé de la reconnaître. Jacques Chirac a choisi un subterfuge en décrétant la date du 5 décembre Journée en hommage aux morts, alors que Nicolas Sarkozy a refusé complètement de parler de cette date», indique-t-il. «C’est un acte courageux que vient de faire François Hollande», déclare-t-il. «La page est tournée» Pour Mohamed El Korso, la polémique suscitée par la décision du chef d’Etat français relève plutôt du débat franco-français : «La Guerre d’Algérie a divisé et divisera encore en France. Cette division ne sera, peut-être, dépassée ou oubliée qu’après la présidentielle de 2017. Actuellement, la chasse aux voix des harkis et des pieds-noirs, qui constituent un important réservoir d’électeurs, continuera d’accentuer cette division. La droite française chassera encore sur ce terrain.» Dans une déclaration à l’APS, le chercheur en histoire au Crasc d’Oran, Amar MohandAmer, relève, pour sa part, la symbolique «politique et diplomatique» du geste de François Hollande, affirmant toutefois que ce geste est «une simple affaire franco-française». Interrogé sur cette difficulté à tourner cette page douloureuse de l’histoire entre les deux pays, Redha Malek estime «qu’en principe, cela est déjà fait». «En principe, on a tourné la page par les faits. De notre côté, on parle des sacrifices aux jeunes générations pour faire de l’Algérie un pays sérieux, démocratique et prospère. Quant à la polémique en France, je pense que c’est leur affaire. En tout cas, les Français ont intérêt à avoir de bons rapports avec l’Algérie et c’est ce que tente de faire François Hollande», précise-t-il. Pour rappel, l’annonce de la décision de François Hollande de célébrer officiellement cette date a suscité une levée de boucliers en France, où les associations de pieds-noirs et de harkis ainsi que la droite et l’extrême droite ont crié au scandale. L’ancien président français et actuel chef des Républicains (ex-UMP), Nicolas Sarkozy, pense que «c’est en quelque sorte adopter le point de vue des uns contre les autres». «C’est considérer qu’il y a désormais un bon et un mauvais côté de l’histoire et la France était du mauvais côté», soutient-il. Pour sa part, la présidente du Front national, Marine Le Pen, accuse François Hollande «de violer la mémoire des anciens combattants». «Le 19 Mars (1962) signe la fin d’un projet politique, celui de tous ceux qui croyaient à l’Algérie française. Le 8 janvier 1961, par référendum, les Français se prononcent à 75% pour le droit à l’autodétermination de l’Algérie. C’est aussi cela, le sens du 19 Mars, la mort d’un projet politique né 132 ans avant», leur rétorque Jean-Marc Todeschini, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Défense chargé des Anciens combattants et de la Mémoire. Madjid Makedhi El Watan - le 22.03.16 (Algérie) Polémique autour du 19 mars : La guerre d’Algérie est-elle finie ? le 22.03.16 http://www.elwatan.com/hebdo/france/polemique-autour-du-19-mars-la-guerre-d-algerie-estelle-finie-22-03-2016-317101_155.php Page 60 sur 104 François Hollande et Jean-Yves Le Drian, à la commémoration du cessez-le-feu en Algérie http://www.elwatan.com/images/2016/03/21/sans-titre-1_2613519_465x348.jpg La tendance OAS, qui n’a jamais baissé les bras, pleure aujourd’hui les drames humains de 1962 qu’elle a elle-même causés. Ce qu’écrivent dans un point de vue livré par les historiens Mohamed Harbi et Gilles Manceron : «Jusqu’à l’indépendance de l’Algérie, en juillet 1962, l’OAS a tué près de 3000 personnes : plus de 2500 Algériens et environ 400 personnes parmi les militaires, policiers, fonctionnaires français et parmi les Européens d’Algérie qui n’étaient pas d’accord avec elle. Cette violence, qui s’est étendue à la France – où elle a fait 71 morts et 394 blessés, et choqué profondément l’opinion publique –, explique en grande partie que le cessez-le-feu n’ait pas marqué en Algérie l’arrêt immédiat des affrontements». Ces dernières années, comme si l’histoire repassait les plats, les pro-«Algérie française» (cela fait bizarre 54 ans après d’énoncer ce concept) sont rejoints par des adeptes issus du camp de droite dit ‘‘républicain’’ qui veulent flatter les associations revanchardes et doubler le Front national sur ses terres. L’historien Pascal Blanchard, dans les colonnes de L’Obs résume : «Eminemment sensible, le sujet est extrêmement mobilisateur à droite. Nicolas Sarkozy rejoue son discours de Toulon de 2007. A l’époque, il avait interpellé l’électorat pied-noir et celui du Front national dans un discours anti-repentance, à la gloire de l’épopée impériale, dans la ville même où avait débuté la conquête de l’Algérie en 1830». Pour critiquer la démarche de François Hollande de commémorer le 19 mars, l’ancien président Nicolas Sarkozy (repris en chœur par Hervé Mariton, ou par ses fidèles comme Christian Estrosi – président de la région Paca, ou le député Eric Ciotti) en avait appelé paradoxalement à feu le président Mitterrand qui «refusa catégoriquement de reconnaître cette date pour commémorer la fin de la guerre d’Algérie». Fâcheux exemple de choisir Mitterrand qui, s’il évolua par la suite vers des relations d’amitié avec l’Algérie, fut l’homme qui, à la tête de la Justice, couvrit la torture et laissa exécuter les militants algériens. Le ministre de l’Intérieur Mitterrand qui prononça dès le lendemain du déclenchement de la lutte algérienne, le 1er novembre : «L’Algérie c’est la France, et la France ne reconnaîtra en Algérie d’autre autorité que la sienne.» Ce qui fit la Une de L’Echo d’Alger en novembre 1954. Comme quoi le temps passe, mais les Unes restent… «La France n’assume pas son passé colonial» Triste rancœur 54 ans après la fin de l’occupation coloniale de l’Algérie. Une façon de donner des arguments à ceux qui, en Algérie, n’ont de cesse, à titre légitime, de demander des comptes à la puissance coloniale qui a plongé le pays dans 132 ans de domination et de crimes. Même ceux qui souhaitent tourner la page y trouveront matière à revendication. Ce que note L’Obs : «Les indignations d’arrière-garde sont historiquement régressives, mais elles font aussi des dégâts sur le futur. Elles donnent des gages à tous ceux qui, en Algérie, Page 61 sur 104 veulent eux aussi pérenniser et entretenir des haines recuites à l’égard de la France. Déjà, en 2005, la droite française, alors majoritaire au Parlement, avait torpillé le traité d’amitié franco-algérien en faisant adopter dans la loi du 23 février 2005 un alinéa vantant ‘‘les aspects positifs’’ de la présence française en Algérie». Pour l’historien Benjamin Stora, personnalité consultée régulièrement par le président Hollande, il faut «essayer de trouver une sorte de compromis, de consensus par rapport à cette guerre d’Algérie qui a bien du mal encore à passer dans l’histoire française». «La guerre d’Algérie continue dans les têtes, les cœurs, les mémoires. Le problème décisif reste d’essayer d’y mettre fin», a-t-il estimé sur Europe 1. Dans l’hebdomadaire Marianne, Stora remarque le paradoxe assumé aujourd’hui par des héritiers politiques du gaullisme comme l’ex-président Sarkozy : «Prendre la plume pour condamner ces accords signés par de Gaulle, c’est du jamais vu dans le mouvement gaulliste. Jacques Chirac ne commémorait pas le 19 mars, mais il n’a jamais émis de critiques en ce sens.» Benjamin Stora juge cette crispation autour de la mémoire de la guerre d’Algérie «archaïque», «les jeunes générations sont loin de tout ça. Rendez-vous compte, on débat encore de l’Algérie française 60 ans après... Les autres pays sont consternés en voyant ce spectacle, qui relève d’une certaine arriération culturelle. Et à force de ne jamais vraiment traiter ces questions, une distance s’est créée et les mémoires se sont communautarisées ». Est-ce pour cela que le président François Hollande s’est voulu consensuel samedi, voulant «honorer toutes les souffrances» ? Cette polémique du 19 mars, relancée cette année avec une vigueur inégalée, certainement avec des visées politiciennes à un an des élections, présidentielle et législatives, est cependant très inquiétante. Pour Pascal Blanchard, «la France n’assume pas son passé colonial. C’est terrible pour nos enfants qui ne peuvent accéder facilement à cette histoire en partie tronquée et doivent aller ailleurs, sur internet, pour en comprendre le sens. Or, sur ce terrain, toutes les manipulations sont possibles. C’est dévastateur pour la démocratie car on ne parvient pas à expliquer l’une des grandes contradictions françaises : comment le pays des droits de l’homme et de la Révolution a-t-il pu mener une politique colonialiste ?» Walid Mebarek El Watan - Vendredi 25 mars 2016 (Algérie) Et petit à petit, les migrants ont changé le regard de la société http://www.elwatan.com/images/2016/03/24/sans-titre-1_2613634_465x348.jpg Page 62 sur 104 La pluie claque sur la baie vitrée de l’hôtel. A travers la vitre du premier étage, on aperçoit sur le parking cinq migrants subsahariens qui poussent des brouettes remplies de béton. Dans la salle, dix-huit associations sont réunies autour d’une table pour unifier le travail de la société civile en faveur des migrants. L’une des participantes se lamente du racisme. Une autre souligne que la prise en charge dans les hôpitaux s’est malgré tout améliorée. Soudain, assise à l’opposée de l’animatrice de la réunion, une grande jeune femme lance : «Vous voyez, nous, qui avons la peau noire, sommes là parmi vous aujourd’hui. Assis à la même table. Il y a quelques années, cela n’aurait pas été possible». La salle rit et applaudit. Josiane, migrante camerounaise de 36 ans, arrivée seule par la frontière sud il y a six ans, est aujourd’hui l’une des référentes du travail associatif en faveur des migrants à Oran. En 2016, les associations estiment qu’au moins 100 000 migrants subsahariens sont présents en Algérie. La durée de leur séjour s’allonge : trois ans en moyenne, selon une enquête associative, 4 ans et 11 mois, selon les entretiens menés par El Watan Week-end dans les villes d’Alger et Oran. Conséquence : ils intègrent, tant bien que mal, la société. «A quoi voit-on que les choses ont changé? C’est simple, dans la rue, on ne se retourne plus quand on voit un subsaharien», estime Jean-Paul Vesco, évêque d’Oran. Marchés publics A quelques kilomètres de là, face à la nouvelle promenade aménagée sur la corniche, Wahid, chef d’une petite entreprise de bâtiment, accueille Mohamed, un Malien qu’il emploie depuis plusieurs mois, pour manger un couscous en famille. «Mohamed est comme un fils pour moi. Je lui apprends le métier. Il apprend vite, il ira loin, explique l’entrepreneur qui laisse parfois le jeune migrant quelques jours seul dans l’une maison qu’il doit agrandir. Je ne ferai pas ça avec un employé algérien. La plupart ne sont pas sérieux et pas dignes de confiance». Pour la réfection des trottoirs du quartier chic de Sidi Yahia à Alger, pour la construction d’une caserne à l’entrée de la ville de Ghardaïa, pour une centrale à gaz à Tamanrasset, pour la peinture et les travaux de plomberie de plusieurs services du CHU d’Oran, pour l’agrandissement d’une école à Saïda, les entrepreneurs algériens qui obtiennent des marchés publics emploient des migrants, sans permis de travail. Les particuliers font appel à eux pour construire des villas, rénover des bâtiments, faire le ménage ou garder des logements vides, comme cet ancien cadre du ministère des Affaires étrangères qui emploie le même homme, subsaharien, depuis quinze ans. Accord A Ouargla, l’arrestation et l’expulsion de la ville de plus de 2000 personnes début mars pose problème aux entrepreneurs. «90% de nos employés étaient des migrants africains», se désole Messaoudi Belkhir, président de l’Union des entrepreneurs de la ville. Depuis, les forces de sécurité ont trouvé un compromis : en échange d’une liste des travailleurs étrangers employés, et de discrétion, elles ont promis aux chefs d’entreprise de n’interpeller aucun migrant. Ce type d’accord informel a aussi été obtenu par les exploitants agricoles de la wilaya de Sidi Bel Abbès. Sous couvert de l’anonymat, un acteur économique explique : «Nous avons expliqué aux autorités que lorsque la police venait dans nos champs rafler ceux qui n’avaient pas de papiers, cela ralentissait notre production, car il fallait du temps pour trouver d’autres travailleurs. Et de toute manière, la plupart de nos employés dans les champs sont des migrants subsahariens». Un ancien responsable confirme : «Aujourd’hui, les subsahariens font les métiers que les Algériens ne veulent plus faire. Page 63 sur 104 Nous avons besoin d’eux». Abdelouahab, trentenaire, raconte qu’à Ghardaïa, les migrants sont de plus en plus visibles : «La semaine dernière, en allant faire réparer mon véhicule, j’ai constaté que le garagiste avait employé un Malien comme mécanicien». Vidal, un Camerounais de 35 ans au look impeccable, est installé en Algérie depuis cinq ans : «Je suis diplômé. J’ai essayé de chercher un emploi avec un CV, on m’a répondu : ‘‘Nous privilégions nos frères’’. Je me rabats sur la peinture et la maçonnerie». Vidal a tissé un réseau : des entrepreneurs algériens font appel à lui lorsqu’ils ont besoin de donner un coup d’accélérateur à leurs chantiers. Tous les entrepreneurs interrogés par El Watan Week-end affirment que les migrants ne sont pas forcément payés moins que les travailleurs algériens. «Ils travaillent plus vite et plus sérieusement. On est sûr que le chantier sera livré à temps», explique Messaoudi Belkhir. «Un manoeuvre subsaharien est payé 1500 DA par jour, un Algérien 1200 DA, raconte Jean, migrant rwandais. Pour les maçons c’est différent : 500 DA le mètre carré d’ouvrage pour un migrant, 700 DA pour un Algérien». Consommateurs Si en travaillant et en résidant plus longtemps dans le pays, les migrants sont désormais acteurs de l’économie du pays, ils sont aussi une source de revenu pour de nombreux Algériens. Selon les entretiens réalisés par El Watan Week-end, plus de 11 millions de dinars sont versés chaque mois à des propriétaires oranais par des migrants, rien que pour le loyer. Quand ils vivent dans des garages, des sous-sols et des appartements, tous les migrants interrogés déclarent payer des factures : parfois le forfait est fixe comme pour cette femme de 32 ans qui verse 3000 DA tous les 3 mois, parfois non. «Je paye l’intégralité des factures Sonelgaz et d’eau qui arrivent au nom de la propriétaire», explique une Camerounaise de 29 ans, arrivée en Algérie il y a deux ans. En moyenne, le montant des factures est de 765 DA par mois. Les migrants interrogés dans les villes d’Alger et d’Oran déclarent dépenser en moyenne 3840 DA par mois en forfait de téléphone portable et internet 3G ainsi que 2500 DA mensuels pour leur transport. Ceux qui ont des enfants déclarent dépenser en moyenne 8687 DA pour les couches, le lait et la scolarisation dans le privé. Dans les quartiers où ils sont installés, ils sont désormais des consommateurs particuliers aux yeux des commerçants. «Au marché de Aïn El Beïda (Oran), le prix des pattes de boeuf a augmenté. Personne n’en veut ici, mais chez nous, c’est un plat important», raconte Marie, Camerounaise. Même chose pour les intestins qui sont passé en quelques mois de 50 à 200 DA le kilo. «Les vendeurs nous disent : c’est parce que camarade mange. Sous-entendu, nous, les migrants, on peut payer plus», ajoute-t-elle. Existence Si l’activité économique dans lesquelles s’insèrent les migrants est informelle, l’administration a bel et bien des preuve régulières de leur existence. Des dizaines d’enfants naissent chaque mois dans les hôpitaux, ce qui donne lieu à la délivrance de certificats de naissance. Des migrants sont interpellés et arrêtés pour immigration illégale, condamnés à une amende par la justice et parfois incarcéré. Armel a passé deux mois dans la prison de Djelfa : «Les conditions de vie étaient terribles. J’ai fait du bruit pour obtenir des couvertures supplémentaires, je n’avais rien à perdre. Le directeur m’a dit qu’à cause de moi, les détenus allaient devenir plus revendicatifs. Il était content quand ma peine s’est terminée». Après des agressions, des migrants ont porté plainte et des procédures ont été menées par la police, la gendarmerie ou la justice dans plusieurs wilayas. Enfin, depuis le mois de septembre, à Alger, des enfants migrants sont inscrits à l’école publique. «L’État improvise : on tolère les migrants mais en parallèle il y a des rafles de Nigériens. Ce traitement n’est pas fondé sur les textes de loi, ce sont des décisions politiques. La tolérance n’est pas assumée, c’est fragile, et que ca peut changer du jour au lendemain», déplore Abdelmoumène Khelil, de la Ligue de défense des droits de Page 64 sur 104 l’homme. «Décider de permettre aux sub-sahariens d’obtenir le droit de travailler, et donc de devenir réguliers, ne peut être qu’une mesure politique. Pour le moment, il n’y a pas de demande explicite du patronat», nuance le chef d’une entreprise de 2000 employés. Partage En attendant les décisions politiques, la société, elle, s’ouvre. Dans une petite rue d’un bidonville, Christelle vit au rez-de-chaussée d’une petite bâtisse. Seule une petite ouverture de 30 centimètres de large fait entrer un peu de lumière dans la pièce divisée en deux par un rideau. De l’autre côté du voilage, son fils Ezzechiel -Yael, né il y a une semaine, dort. La propriétaire du logement, qui habite au dessus, est venue apporter son aide lorsqu’elle a constaté que Christelle était enceinte. «Mariam et sa voisine, Sabba, me préparent du couscous le vendredi et me l’apportent. Elle font du thé et viennent le boire avec moi. Et depuis l’accouchement, elles m’aident à me laver et me massent», raconte la jeune femme. Imène, 30 ans, salariée d’une association, a elle aussi tissé du lien avec les migrants depuis un an grâce à son travail. Face à ses proches qui disent parfois qu’il faudrait «ramener tous les Nigériens chez eux», elle s’oblige désormais à être pédagogue : «Ils n’ont pas à se positionner ainsi. Les migrants sont là parce que certains ont besoin de manger, de vivre, de travailler. Et nous, Algériens, pourquoi allons-nous à l’étranger? Nous voulons voyager, découvrir autre chose. Les migrants sont comme nous. Ils ne nous volent pas notre place!» Fatma Boufenik, de l’association FARD, travaille pour aider les migrants à avoir accès à leurs droits : «Une femme comme Marie-Simone (une migrante camerounaise violée par 8 hommes et que les services de sécurité et de santé ont refusé de prendre en charge), devrait pouvoir porter plainte, tout comme n’importe quelle femme qui veut porter plainte pour violence ne devrait pas avoir à entendre «qu’est ce que tu as fait pour provoquer ça?» Au bout du compte, se battre pour leurs droits, c’est se battre pour les nôtres». Selma Khelif, psychologue, est persuadée que la présence des migrants dans l’espace public algérien finira par avoir un impact fort : «Des migrants resteront en Algérie et c’est grâce à eux que nous arriverons à nous secouer, à effacer les fossés que notre société a créés entre les femmes et les hommes et en fonction des couleurs de peau. Leur présence est nécessaire et je suis persuadée que c’est grâce à ces femmes subsahariennes qui occupent l’espace public dans des tenues différentes, que nous allons être amenés à réfléchir sérieusement à notre capacité de vivre-ensemble». Début mars, Josiane, la migrante camerounaise référente des associations, a été invitée à un anniversaire. Sur la table basse du grand salon d’une famille oranaise, il y avait du thé, du café, des gâteaux traditionnels. Les quelques invités ont parlé politique, photographie, voyage et migration et ont fait des photos souvenir. En partant, Josiane souffle en souriant : «En 6 ans, c’était la première fois que j’étais invitée dans une famille algérienne». Leïla Beratto El Watan - Vendredi 25 mars 2016 (Algérie) Montréal : Un hommage aux victimes algériennes du terrorisme intégriste le 22.03.16 | 22h22 http://www.elwatan.com/actualite/montreal-un-hommage-aux-victimes-algeriennes-duterrorisme-integriste-22-03-2016-317241_109.php Page 65 sur 104 http://www.elwatan.com/images/2016/03/22/22_2613585_465x348.jpg Ajouad Montréal organisera ce jeudi 24 mars un hommage aux victimes algériennes du terrorisme islamiste de la décennie noire. « La journée contre l’oubli », la cinquième, a failli ne pas avoir lieu expliquent les organisateurs. « La petite équipe de Ajouad – Montréal, qui initie cet évènement depuis maintenant 5 ans, a manqué du souffle nécessaire à l'organisation d'un évènement rassembleur. Manque de temps ou d’énergie, plusieurs facteurs pourraient expliquer ce relâchement collectif », peut-on lire dans le communiqué annonçant l’événement et signé par idir Sadou et Azzedine Achour. La formule change. « Il y aura, bien sûr, un moment de recueillement pour se souvenir des disparus et réaffirmer la pérennité du combat mémoriel. Nous rendrons compte également des suites réservées aux résolutions prises lors de notre assemblée de l’année dernière », ajoute la même source. Les organisateurs croient que « cette fois, le moment est venu de nous arrêter pour réfléchir ensemble sur le devenir de cette initiative, ainsi que sur les pistes d’action susceptibles d’ancrer durablement ce combat mémoriel dans les réalités de notre diaspora et dans la conscience des jeunes générations ». Ils donnent rendez-vous « à celles et ceux qui restent attachés à la commémoration de cette journée de la mémoire et qui ont à cœur de témoigner de la barbarie de l’intégrisme islamiste et de dénoncer l’amnésie visant à l’absoudre de ses crimes ». L’année dernière, Ajouad Montréal avait organisé l’hommage en présence de Karima Bennoune, professeure de droit internationale à l’université de Californie qui avait présenté son livre Your Fatwa Does not apply here (http://www.karimabennoune.com/books/yourfatwa-does-not-apply-here/) (Votre fatwa ne s’applique pas ici ou Histoires non-dites de la lutte contre l’intégrisme), un recueil de témoignages et de portraits de celles et ceux qui luttent contre l’intégrisme dans les pays musulmans. « La journée contre l’oubli » est organisée chaque 22 mars en Algérie et partout dans le monde. Elle est initiée par Ajouad Algérie Mémoires, une association basée en France et cofondée par le fils du journaliste et chroniqueur Said Mekbel assassiné le 3 décembre 1994 et Amel Faredeheb, fille de l’économiste Abderahmane Fardeheb assassiné le 26 septembre de la même année. Infos : Jeudi 24 mars 2016, à 18h Au Centre communautaire Ahuntsic 10780, rue Laverdure à Montréal (Stationnement disponible à l'arrière du Centre communautaire) Samir Ben Page 66 sur 104 El Watan - le 19.03.16 (Algérie) Focus .Le théâtre tunisien à l’épreuve de la liberté Planches et langue de bois http://www.elwatan.com/hebdo/arts-et-lettres/planches-et-langue-de-bois-19-03-2016316866_159.php http://www.elwatan.com/images/2016/03/18/sans-titre-1_2613412_465x348.jpg Le théâtre tunisien post-Révolution est très bavard. Le besoin de dire et le besoin de crier sur scène sont si forts que les auteurs et les metteurs en scène ne se maîtrisent presque plus. Totale liberté ! Sous Bourguiba et sous Ben Ali, les gens du théâtre recouraient au symbolisme, à l’absurde et au surréalisme pour exprimer des idées «subversives». Il fallait analyser la présence de l’accessoire, le mouvement des comédiens, les zones de l’éclairage, l’agencement des mots et les lignes de la scénographie pour comprendre les choses. Les choses qu’il fallait taire. Le théâtre est un art vivant. Il fait donc peur au régime de l’oppression. Depuis la fin de la dictature et la fuite du Palais de Carthage, dans les conditions que l’on sait, de Zine Al Abidine Ben Ali et de son épouse Leïla Trabelsi, le théâtre tunisien explore le domaine de l’interdit, pousse les lignes du tabou, dévoile les tourments, dénonce les mensonges, critique autant le social que le politique... Bref, le quatrième art se permet tout et fait sa révolution ! Lors des quatrièmes Journées maghrébines du théâtre d’El Oued (14 au 19 février 2016), des troupes tunisiennes ont présenté des pièces récentes aux thématiques variées mais fortement liées à la situation politique et sociale en Tunisie. Formatage, produite par l’Association Al Nadjm de Gafsa, a décroché le prix de la meilleure mise en scène. La pièce, qui relève autant de la comédie noire que du théâtre de l’absurde, tente de revenir sur les comportements troublés de la clientèle de la dictature après l’effondrement du régime de Ben Ali. «Après la Révolution, certaines personnalités n’ont pas pu s’adapter à la nouvelle situation, à la liberté et à la dignité. Auparavant, elles tiraient profit de l’ancien régime, trouvaient leur compte grâce à la corruption et à la rapine. Elles ne pouvaient plus vivre de la même manière. Il fallait donc les remettre à zéro. Page 67 sur 104 La seule solution était de leur faire symboliquement un formatage de la même façon qu’on supprime les virus d’un ordinateur. Cette opération peut entraîner la disparition de bons programmes. Dans la pièce, nous avons en fait un formatage aux personnages tout en gardant les bonnes qualités», souligne Nacerddine Djelloul, metteur en scène. Rachad Zouari, auteur de la pièce, évoque «les pouvoirs» montrés dans la représentation : la police, les médias, la religion et le sexe. «L’agent de sécurité représente le pouvoir politique qui a le dernier mot sur tout. Le journaliste symbolise l’intellectuel qui a mis sa plume au service du régime. Qu’elle s’habille en jupe ou en hidjab, la fille gênait toujours le pouvoir politique. L’homme de religion buvait du vin avant sa ''reconversion''. Dans les deux cas, il troublait les oppresseurs. Nous aurions pu nous intéresser au pouvoir de l’argent et à d’autres formes de puissance», relèvet-il. La pièce se déroule dans un asile psychiatrique pour souligner les traumatismes psychosociaux que peut causer l’absence durable de liberté. En Tunisie, le titre lui-même de la pièce a suscité la curiosité du public. Les gens pensaient qu’on allait faire du formatage pour des ordinateurs sur scène. Ils étaient étonnés de voir qu’on s’intéressait aux humains, pas aux machines. L’idée a plu au public. Le texte a été vite adopté, surtout qu’il renvoie à des situations vécues actuellement dans le pays», note Nacerddine Djelloul. Grand défenseur de la comédie au théâtre, il travaille en étroite collaboration avec l’auteur dans l’écriture du texte en ajoutant au fur et à mesure ses idées. «Nous interprétons une partie du texte. Je travaille beaucoup sur l’image et les situations. Nous composons le spectacle de cette manière», dit-il. Rachad Zouari rappelle qu’avant janvier 2011, les femmes et hommes de théâtre «faisaient tout» pour éviter le bâton du pouvoir. «Aujourd’hui, tout est permis, au point que nous sommes tombés dans le discours direct sur scène. Nous disons tout. Je pense que cette manière de faire est contre-productive. Ne pas avoir de lignes rouges ne vous autorise pas à faire ce que vous voulez sur scène», estime-t-il, craignant une chute de la qualité du quatrième art tunisien par une «mauvaise utilisation» de la liberté. Pour lui, il est impératif de respecter les règles de la représentation théâtrale, surtout dans l’écriture et l’adaptation des textes. «Lorsque j’évoque le dinar dans la pièce, je ne parle pas de la monnaie mais de la valeur de cette monnaie. Le dinar tunisien a perdu beaucoup de sa force ces dernières années. Et ce n’est qu’un exemple», ajoute-t-il. Il regrette l’envahissement du discours politique et idéologique. «Sur scène, on cite même les noms des ministres, du président, du chef du gouvernement. On ne prend aucune distance. On exagère dans la satire sans respecter même la qualité et la position des responsables critiqués. Dès que l’un d’eux commet une erreur, il est lynché sur scène, traité de tous les noms. Nous assistons à des formes affreuses de la comédie, surtout avec les one man show à la tonalité commerciale», s’indigne Rachad Zouari. De même, Nacerddine Djelloul estime que la comédie doit avoir du sens : «Il faut absolument éviter les clowneries. Je veux amener mon spectateur à rire avec intelligence. Un rire qui invite à la réflexion». Faouzi Ben Brahim, directeur du Festival maghrébin du théâtre amateur de Nabeul, a, pour sa part, un autre avis : «Le changement politique en Tunisie encourage les gens du théâtre à travailler plus et mieux. Ils dénoncent les errements des politiques et tentent de redresser la barre. Il appartient aux artistes de montrer la voie à la société et de démasquer les politiques qui induisent en erreur les citoyens. On ne doit pas rester indifférent à ce qui se passe autour de nous.» Il rejoint Rachad Zouari sur l’idée de la «domination» de la comédie sur les autres formes théâtrales, mais affirme : «Cela peut s’expliquer par le fait que les gens en ont assez des drames et de la politique. Lors des festivals d’été, les gens viennent nombreux au théâtre pour rire, passer un moment Page 68 sur 104 agréable. Le public ne veut plus du théâtre qui les étouffe, qui les met mal à l’aise.» C’est le point de vue que défend Youssef Sidaoui, comédien et metteur en scène, présent à El Oued avec la pièce Qanassa (Snipers). «Je n’aime pas le théâtre élitiste. Ce théâtre qui a fait fuir le public des salles. Le quatrième art doit s’intéresser aux problèmes des gens en les traitant d’une manière artistique. Et, pourquoi pas sous la forme comique plus accessible au large public. Il est important de dépasser les complexités et éviter les ambiguïtés sur les planches», plaide-t-il. «Il faut aider les gens à sortir de leur routine et des nervosités provoquées par les tourments de la vie. En Tunisie, nous souffrons du phénomène du suicide. Il faut affronter les problèmes avec de l’art. Cet art qui s’adresse au public large, pas celui qui porte les lourdeurs de l’énigme et qui dresse des murailles devant les spectateurs», ajoute-t-il. Produite par la société tunisoise Coup de Foudre, Qanassa, interprétée par Imad Saket et Mohamed Al Lafi, raconte dans une forme satirique l’histoire de deux snipers installés sur une terrasse. Chacun raconte sa vie et ses mésaventures sans perdre de vue la nécessité de «faire» des victimes, de suivre le mouvement dans les rues et d’attendre «les ordres» qui viennent par talkie walkie. Il est connu qu’en période de troubles, les snipers sont chargés de semer la terreur et de provoquer le choc. «Lors de la Révolution, trois snipers italiens ont été arrêtés par les services de sécurité. Après, on nous a dit qu’ils étaient venus chasser le sanglier ! On se moquait bien de nous. Le dossier des snipers est toujours entouré de questionnements. Nous ne sommes pas des hommes politiques ni des agents de sécurité, nous sommes des artistes qui ouvrent un dossier vite fermé politiquement. Nous n’avons pas de réponses à donner, mais nous profitons de ce sujet pour aborder d’autres difficultés qui se posent à la société tunisienne et arabe par extension», précise Youssef Sidaoui, ex-vice-président de la Fédération tunisienne du théâtre. Selon lui, le mouvement théâtral tunisien tente d’avoir un peu de recul par rapport aux événements politiques majeurs de 2011. «Nous nous intéressons à tous les sujets qui étaient interdits, mais nous n’avons pas oublié qu’il est tout aussi nécessaire de piocher dans la Révolution et les événements d’après. De mon avis, il est préférable d’aborder la Révolution d’une manière artistique, pas politique. C’est le meilleur moyen d’atteindre le cœur des gens, de les inviter à réfléchir tout en leur garantissant du spectacle», estime-t-il. Pour Rachad Zouiri, toutes les fenêtres du théâtre sont désormais ouvertes, faisant entrer parfums et mauvaises odeurs. «En Tunisie, on s’insulte sur tout, y compris à propos de la Révolution. Certains sont surnommés ‘‘Révolution moins le quart’ ’ pour avoir rejoint le mouvement de la contestation à la dernière minute. Pour nous, et à travers la pièce Formatage, tout le monde doit changer, s’adapter à la nouvelle situation. Sinon, nous ne pourrons pas avancer. Ceux qui refusent le changement doivent s’y plier», préconise-t-il. Nacereddine Djelloul, qui écrit également des textes de théâtre radiophonique, relève que la critique existait d’une manière ou d’une autre sur les planches à l’époque de Ben Ali. «Les auteurs et les metteurs en scène trouvaient toujours un moyen de faire passer le message. Je suis personnellement contre le discours direct. Nous pouvons faire de la critique sociale d’une manière satirique. On peut jouer sur les expressions, sur la métaphore. C’est à ce niveau là qu’intervient le génie des metteurs en scène ou des dramaturges», souligne-t-il. Youssef Sidaoui, diplômé de l’Institut supérieur d’art dramatique de Tunis (ISAD), regrette la marginalisation du mouvement du théâtre amateur en Tunisie actuellement. «Ce théâtre n’est plus soutenu par l’Etat malgré l’existence d’associations qui continuent d’activer dans ce domaine, notamment au niveau des maisons de la Culture. L’avenir du théâtre professionnel ne peut être garanti qu’avec l’intérêt et l’importance qu’on doit donner aux amateurs et aux expressions théâtrales scolaires et universitaires», dit-il. Youssef Page 69 sur 104 Sidaoui milite depuis des années pour que le théâtre soit présent dans toutes les régions de Tunisie. Le Théâtre est, pour lui, d’abord et surtout un art populaire. Optimiste, Faouzi Ben Brahim pense que le théâtre tunisien, et le maghrébin en général, sont sur la bonne voie. «Il y a un second souffle. Déjà, l’existence de trois festivals dédiés au théâtre maghrébin en Tunisie, en Algérie et au Maroc favorise la rencontre entre les artistes. Nous souhaitons que la Libye dépasse sa crise et crée également un festival pour encourager davantage l’échange culturel entre nos pays», relève-t-il. Il souligne qu’actuellement des échanges d’expériences se font entre les gens du théâtre au Maghreb. Faouzi Ben Brahim travaille sur un projet d’une pièce de théâtre qui sera interprétée par des comédiens libyens, algériens et tunisiens. Un spectacle qui sera présenté au festival de Nabeul. Fayçal Métaoui -------- Message transféré -------Sujet :Caroline Date :Fri, 25 Mar 2016 17:26:15 +0100 De :Paul <[email protected]> Pour :MOpin <[email protected]> La fille de mon ami Claude est parmi les victimes de la bombe du métro, mardi, à Bruxelles. 23/3 La fille Caroline de Claude V fait partie des victimes du métro. Elle a été gravement blessée à la tête. Elle a été longuement opérée en neurologie d’un traumatisme crânien. Un oeil a été touché. Mais elle est en vie !!! 24/3 La situation de Caroline évolue bien : elle arrive à s'exprimer un peu avec des mots simples. C'est son mauvais œil qui a été touché. Son visage est très tuméfié et couvert de sutures. Sa main devra peut-être être réopérée; quant à une nouvelle opération crânienne, ce n'est pas certain, non plus. Ce 22/3 n'était pas son jour de chance car elle ne prend habituellement pas cette ligne de métro. . Elle allait donner une formation à Montgomery...... .Caroline avec Patxi, le deuxième fils de Jérôme, fils aîné de Claude Claude communique : Page 70 sur 104 Caroline est lucide mais confuse. Elle s’exprime par quelques mots mais éprouve des difficultés dans la mémoire proche. Elle ne se souvient pas de l’accident. Elle a pu sortir et s’écrouler sur le trottoir ce qui a évité les brûlures. Les médecins ne se prononcent pas sur les séquelles neurologiques. Il faut attendre. La figure est abimée, des dizaines de points de suture ont été nécessaires.Une greffe est prévue à l’arrière du crâne.Une grosse opération est prévue pour placer une plaque au front qui a été enfoncé. Le cap dangereux de la pression au cerveau est passé. Le mauvais oeil est perdu. Les deux cornées ont été touchées. En pensée avec Caroline et les autres victimes de ces attaques aveugles. Le Soir.be Edouard Delruelle: «La société a besoin de faire communauté» MIS EN LIGNE LE 26/03/2016 À 16:56 Le professeur à l’Université de Liège est l’ivité du Grand Oral à l’issue de cette semaine meurtrie par les attentats de Bruxelles. http://plus.lesoir.be/32729/article/2016-03-26/edouard-delruelle-la-societe-besoin-de-fairecommunaute Après les attentats de Bruxelles, l’hommage national, le recueillement de nombreux citoyens et la démission avortée des ministres Jan Jambon et Koen Geens, le Grand Oral RTBF-Le Soir reçoit Edouard Delruelle. Professeur à l’Université de Liège, il décortique d’un point de vue philosophique ce que vit la Belgique depuis le 22 mars. Lire aussiÉdouard Delruelle: «Dépasser l’opposition entre laïcité dure et multiculturalisme» L’interview d’Edouard Delruelle a été réalisée par Béatrice Delvaux, éditorialiste en chef au journal Le Soir, Jean-Pierre Jacqmin, directeur de l’information à la RTBF, et Jacques Crémers, chef de rédaction de La Première. Voir la vidéo sur mobile http://www.dailymotion.com/video/x403tww_le-grand-oral-avec-edouard-delruelle_news La Libre.Be - LUNDI 28 MARS 2016 Les assassins appartiennent à notre monde CONTRIBUTION EXTERNE Publié le lundi 28 mars 2016 à 13h28 - Mis à jour le lundi 28 mars 2016 à 13h28 http://www.lalibre.be/debats/opinions/les-assassins-appartiennent-a-notre-monde56f914a835708ea2d3fd06e0 OPINIONSL’histoire nous démontre que la main-d’œuvre du crime est issue de notre société. UNE OPINION DE DENIS SIEFFERT - DIRECTEUR DE L'HEBDOMADAIRE POLITIS. Page 71 sur 104 L’histoire de ce début de siècle sera décidément marquée à jamais par des dates funestes. Après le 11 septembre de New York, après le 11 mars 2004 de Madrid, après Londres en 2005, et Paris, l’an dernier, c’est Bruxelles qui a été durement frappée en ce 22 mars par une série d’explosions meurtrières dont l’origine ne fait guère de doute. Mais au-delà d’un constat d’évidence qui tient à l’enchaînement des événements dans la capitale belge, l’analyse est malaisée à l’instant où nous parviennent les premières images, hélas devenues habituelles, d’amas de ferraille et de corps ensanglantés. Une première réflexion cependant : la seule énumération des capitales occidentales visées par les tueurs n’est-elle pas déjà problématique ? Notre compassion pour les victimes peutelle avoir des frontières ? Elle en a, inévitables, instinctives. C’est cette humaine loi de la proximité qui nous fait refuser les bombes à Bruxelles, quand on les admet tacitement à Alep, à Homs, à Bagdad, à Tunis, à Grand-Bassam ou à Ankara. En Syrie, en Irak, les attentats n’ont pas de dates. L’horreur est quotidienne. Et les bombes sont parfois les nôtres. C’est ce lien entre ici et là-bas que nous avons du mal à admettre. Il le faut malgré tout, mais sans céder à la confusion des mots. Non, ici ce n’est pas “la guerre”. Les racines de notre réalité sociale En frappant l’aéroport Zaventem et le métro de Bruxelles quelques jours seulement après l’arrestation de Salah Abdeslam dans la capitale belge, les tueurs nous disent évidemment que le réseau n’est pas démantelé et qu’ils ont encore le pouvoir de nuire. Mais, à moins d’avoir une vision strictement policière de l’histoire, qui pourrait en douter ? Car si le réseau est toujours là, opérationnel, menaçant, et s’il ne dépendait évidemment pas d’un seul homme, c’est aussi qu’il s’enracine dans notre réalité sociale. Certes, les connexions avec Daech existent et les commanditaires sont sans doute à Raqqa ou aux alentours. Mais toute l’histoire nous démontre que la main-d’œuvre du crime est issue de notre société. La police et les magistrats instructeurs qui ont à disposition ce Salah Abdeslam s’efforceront bien sûr de comprendre ses relations avec les donneurs d’ordres. Mais ce n’est qu’une partie du mystère. Pour nous, le plus important est ailleurs. Et cela tient en une question : comment et pourquoi des jeunes gens qui vivent avec nous, parmi nous, en arrivent à haïr à ce point notre société ? Une société qu’ils ne considèrent pas comme la leur. D’où leur vient cette haine ? Elle ne vient évidemment pas de l’islam. Tous ceux qui cherchent des explications dans les sourates du Coran, à l’instar d’un Michel Onfray, s’égarent et nous égarent. Comme dans tous les textes religieux, ils peuvent y trouver des justifications, mais certainement pas des causes. Combien faudra-t-il de Merah, de Nemrouche ou d’Abdeslam pour convaincre nos islamologues de pacotille que ces voyous devenus assassins ne sont pas nourris de littérature religieuse ? De voyou à terroriste Le vrai mystère est là. Comment ces petits délinquants – gageons que les assassins de Bruxelles sont du même acabit – à peine sortis d’une voyoucratie de bas étage, dealers imbibés d’alcool, jouisseurs “impénitents”, peuvent-ils basculer en quelques semaines dans le djihad, version Daech ? C’est-à-dire dans une fantasmagorie de pureté plus criminelle que la débauche dont ils ont cru s’extraire. La “taqiya”, cette dissimulation qui autoriserait tous les stratagèmes pour mieux préparer le crime, n’explique sûrement pas tout. Voyez le mécréant Abdeslam. Il ne se serait converti à une stricte observance des préceptes religieux qu’au cours de l’été 2015. Il n’aurait abandonné son bar interlope que peu de temps avant les attentats de Paris. Et tous ses complices ont à peu près le même profil. Frère, amis d’enfance, voisins aux parcours similaires, partis de ce quartier pauvre de Molenbeek pour y revenir ou essayer d’y revenir. Abdeslam n’a-t-il pas été arrêté à quelques hectomètres de l’appartement familial ? La morale de la contre-société Difficile, en observant ces effets de groupes, de ne pas se poser la question sociale. Et celle du ghetto, où la bande se structure et se cimente dans le ressentiment et dans une “morale” Page 72 sur 104 de la contre-société : d’abord la quête du fric par tous les moyens, et l’illusion de la réussite matérielle. Puis, peut-être, la recherche d’une autre cause “rédemptrice”, dans le feu par lequel on fait périr les autres et soi-même. Avec comme traits d’union entre le voyou et le terroriste, la haine et la violence. C’est souvent de haine anti-occidentale qu’ils sont gavés. Paradoxalement, puisque tous, ils ont d’abord essayé de jouir de ce que le consumérisme occidental leur offrait de plus facile et de pire. Cela ne doit pas nous empêcher de nous interroger sur les causes de ce ressentiment qui, fort heureusement, ne mène pas toujours au crime. Car ces causes, elles ne sont pas seulement à Raqqa. Elles sont dans la société occidentale, dans son traitement de la question sociale, dans son passif colonial, dans ses discriminations, dans son culte de la force et son mépris du droit dans la résolution des conflits internationaux. Dans son injustice arrogante. On pense évidemment au conflit israélo-palestinien. Pour comprendre, et donc pour combattre, il faut peut-être commencer par se convaincre que les assassins appartiennent bien à notre monde. A sa façon, Robert Antelme le disait, de retour des camps : il est impossible de “sortir des hommes de l’espèce humaine”. La Libre.Be - LUNDI 28 MARS 2016 La Belgique est inféodée depuis trop longtemps, fini le temps du politiquement correct ! CONTRIBUTION EXTERNE Publié le dimanche 27 mars 2016 à 13h39 - Mis à jour le dimanche 27 mars 2016 à 13h47 http://www.lalibre.be/debats/opinions/la-belgique-est-infeodee-depuis-trop-longtemps-fini-letemps-du-politiquement-correct-56f7af6035702a22d5c895ac Une opinion de Latifa Aït-Baala, vice-présidente du MRI (Mouvement Réformateur International). C’est au nom de cette religion d’Amour et de Paix (Islam) que les attentats les plus meurtriers qu’ait connus la Belgique ont été perpétrés ce 22 mars 2016. 28 personnes y ont laissé la vie et 340 blessés sont à déplorer. Les victimes sont des quatre coins du monde et l’on peut craindre un bilan encore plus lourd. Voilà de nombreuses années que je craignais ces terribles instants. Le pire est arrivé et le deuil national est installé pour trois jours en Belgique. Te voilà endeuillée par tes propres enfants. Quelle trahison ! Tes enfants ont choisi d’abandonner leur mère nourricière pour faire allégeance à un Etat qui n’existe que dans l’esprit de certains illuminés qui prônent un califat sur fond de terreur. L’Islam est peut-être Amour et Paix mais sa pratique à des fins politiques, l’islamisme, n’est que triste démonstration de violence dans ce qu’elle a de plus immonde et d’inhumain. Les guerres intestines ne suffisent plus, il faut s’exporter pour s’accaparer ce marché de l’Islam en Occident, assouvir sa soif de pouvoir. La Belgique est inféodée depuis de trop nombreuses années par des courants intégristes. Elle va devoir se réveiller car l’ancrage est bien réel. Les soldats d’un Islam des ténèbres, sont nés sur son territoire et y ont forgé leur identité. Une identité meurtrière sans foi, ni loi construite sur un vide identitaire majeur exploité au profit de déviances communautaristes et de l’islamisme radical. Ils sont nés en démocratie et épousent pourtant l’obscurantisme. Incompréhension totale ! Page 73 sur 104 Les liens sont à retisser urgemment. L’abîme est immense mais ce travail est indispensable pour juguler une dérive identitaire qui ronge progressivement les fondements de notre société. Les communautés musulmanes qui dans leur très grande majorité condamnent dans un silence assourdissant les actes barbares de ce 22 mars 2016 vont devoir sortir de leur mutisme. Elles ne peuvent continuer à se terrer au moment où le Pays a besoin que toutes les forces soient à l’unisson dans la lutte contre le terrorisme et l’islamisme, au risque de créer des suspicions et d’être mise au banc des complicités. C’est une posture citoyenne émancipée de tout communautarisme qu’elles doivent adopter. Telle est la condition sine qua non pour que vole en éclat cette stigmatisation sociale culpabilisante que d’aucuns craignent. Cette même stigmatisation qui a trop longtemps servi de voile à certains politiques pour assoir leur pouvoir. Le temps du politiquement correct doit être révolu. La citoyenneté doit primer sur toute autre considération. L’urgence est à l’union, à l’unité et à l’unisson. Restons dignes de nos engagements pour défendre nos libertés fondamentales. Ne trahissons pas la mémoire des victimes. La Libre.Be - LUNDI 28 MARS 2016 Terreur : des débats difficiles mais nécessaires CONTRIBUTION EXTERNE Publié le dimanche 27 mars 2016 à 11h03 - Mis à jour le lundi 28 mars 2016 à 13h57 http://www.lalibre.be/debats/opinions/terreur-des-debats-difficiles-mais-necessaires56f79e0235708ea2d3f5a536 OPINIONS Une opinion de Drieu Godefridi. Meurtrie dans sa chair, désignée comme base arrière du djihadisme européen, la Belgique doit aujourd'hui aborder des débats qui s'annoncent difficiles. J'en distingue trois : am, co-auteur présumé des attentats de Paris, et la découverte concomitante d'armes de guerre et de détonateurs dans au moins l'une de ses "caches", il devenait évident que de nouveaux attentats se fomentaient — ce que le Procureur du Roi soulignait dans une conférence de presse la veille des attentats. Ainsi la réalité offrait-elle une figure en tous points conforme à cette question des techniques d'interrogatoire que les théoriciens aiment considérer dans le confort de leur cabinet de travail (leur "poêle", disait-on à l'époque de Descartes). Quels sont les moyens qui ont effectivement été mis en œuvre pour faire parler M. Abdeslam, après son arrestation, le 18 mars ? Plus que probablement les policiers sont-ils restés dans les limites de la loi, qui n'interdit pas seulement la torture, mais toute espèce de contrainte. Ces limites doivent être reconsidérées. Disons-le : en pratique, elles le seront de toute façon. Ne vaut-il pas mieux un débat clair et ouvert sur le sujet, plutôt que livrer les policiers à l'arbitraire de juges qui viendraient ensuite leur chercher des noises ? Ce débat n'est pas sans évoquer celui sur l'euthanasie, en 2002 : des méthodes clairement définies sont préférables à des pratiques en marge de la légalité. Bien sûr, ce n'est pas le genre de débat qui permet des envolées lyriques, il n'a rien d'agréable ni de sympathique. Il n'en est pas moins nécessaire et, répétons-le, inévitable. Page 74 sur 104 2. Les mesures préventives. On lit beaucoup, ces jours-ci, que les forces de l'ordre belges ne disposent pas de suffisamment de moyens. Absurde, quand on regarde le budget des forces de l'ordre (hors armée) au niveau fédéral et local; c'est l'armée qui est sous-financée mais elle n'intervient, à ce stade, que comme force d'appoint. Le problème n'est pas de moyens. Il l'est d'autant moins qu'à supposer même que l'on double le financement de la police, celle-ci serait incapable — elle ne le cache pas, et la limite est de bon sens — de surveiller en permanence chacun des suspects d'une radicalisation éventuelle : c'est là une tâche tout simplement impossible. La plus intrusive des surveillances de masse — Big Brother ? —, à supposer même qu'elle soit souhaitable, n'y changerait rien. Il faut comprendre que nous avons affaire, non seulement à des terroristes, mais à des terroristes qui, pour la plupart, sont prêts à mourir. Lorsqu'ils décident de passer à l'acte, de tels individus deviennent virtuellement inarrêtables et il est trop tard. Nous devrons, par conséquent, affronter la question des mesures préventives qui sont à prendre à l'égard des populations à risque. Lorsque l'Angleterre est entrée en guerre, Churchill a pris sans barguiner des mesures de confinement à l'égard d'une minorité d'Allemands d'Angleterre dont il était considéré qu'ils représentaient une menace objective pour la sécurité publique; idem pour les Etats-Unis à l'égard d'une minorité de Japonais, après Pearl Harbor (mesure décidée par le président démocrate Roosevelt). Des mesures contestées, et contestables, particulièrement dans leur caractère massif aux Etats-Unis, mais néanmoins validées a posteriori par la Cour suprême, et qui apparaissaient, à l'époque, comme le seul moyen de se prémunir de menaces plus graves — sabotage et terrorisme — sur les sols britanniques et américains. Le pénible de ce débat est que de telles mesures frappent, par hypothèse, des innocents, ie des individus qui n'ont pas commis d'actes directement répréhensibles aux yeux de la loi. Dans la circonstance présente, la question se pose toutefois pour ceux qui, dans leurs communautés respectives, ont déjàapporté un soutien, ne serait-ce que logistique, aux terroristes. Ces personnes-là ne sont plus innocentes, elles sont complices au regard de la loi pénale. On ne peut cependant pas toutes les emprisonner au sens strict, ni attendre trois ans pour les juger. D'où la nécessité de mesures intermédiaires. Echoit à la Belgique, qui connaît une situation objectivement plus dramatique que ses voisins européens, la tâche ingrate d'initier cette délibération. 3. Et puis, il y a la question des structures institutionnelles belgo-belges. Le fédéralisme n'est pas l'ennemi de l'efficacité exécutive, les Etats-Unis sont là pour le prouver. Toutefois, le fédéralisme belge, ardemment voulu par les Flamands pour de légitimes motifs culturels, et par des Wallons dans le domaine économique — avec un succès plus mitigé —, s'est construit sans souci de l'efficacité régalienne. En témoigne, par exemple, le maintien des six zones de police bruxelloise, cette aberration pratique que dénoncent aujourd'hui jusqu'aux services de sécurité américains (Knack, 23/3). Les Belges, ce peuple formidablement industrieux et productif, dont le travail est, au monde, le plus taxé — 60% de prélèvements obligatoires —, sont en droit d'attendre un Etat qui assume ses fonctions régaliennes, sinon avec excellence, du moins avec efficacité. Nous n'éviterons pas, de ce point de vue, des initiatives institutionnelles novatrices, qui transcendent les particularismes locaux, fussent-ils flamands. Là encore, nous n'aurons pas le choix, car nos voisins européens ne nous en laisseront plus l'opportunité — à juste titre. Méthodes d'interrogatoire, mesures préventives, rationalisation institutionnelle : voici trois débats que les Belges, nolens volens, devront assumer. Il revient à des hommes et femmes d'Etat de les prendre en charge. La Libre.Be - LUNDI 28 MARS 2016 Page 75 sur 104 "Pourquoi les musulmans ne descendent pas en masse dans la rue pour condamner ?" CONTRIBUTION EXTERNE Publié le mercredi 23 mars 2016 à 11h11 - Mis à jour le mercredi 23 mars 2016 à 11h14 http://www.lalibre.be/debats/opinions/pourquoi-les-musulmans-ne-descendent-pas-enmasse-dans-la-rue-pour-condamner-56f268d435702a22d5a69224 OPINIONS Un texte d'Ismaël Siadi, publié par l'auteur et réalisateur de cinéma, télévision et de théâtre, sur sa page Facebook. "Pourquoi les musulmans ne descendent pas en masse dans la rue pour condamner ?" Parce que nous sommes en train de conduire les taxis qui ramènent gratuitement la population chez elle depuis hier... Parce que nous sommes en train de soigner les blessés dans les hôpitaux... Parce que nous conduisons les ambulances qui filent comme des étoiles sur nos routes pour essayer de sauver ce qu'il reste de vie en nous... Parce que nous sommes à la réception des hôtels qui accueillent les badauds gratuitement depuis hier... Parce que nous conduisons les bus, les trams et les métros afin que la vie continue, même blessée... Parce que nous sommes toujours à la recherche des criminels sous notre habit de policier, d'enquêteur, de magistrat... Parce que nous pleurons nos disparus, aussi... Parce que nous ne sommes pas plus épargnés... Parce que nous sommes doublement, triplement meurtris... Parce qu'une même croyance a engendré le bourreau et la victime... Parce que nous sommes groggy, perdus et que nous essayons de comprendre... Parce que nous avons passé la nuit sur le pas de notre porte à attendre un être qui ne reviendra plus... Parce que nous comptons nos morts... Parce que nous sommes en deuil... Le reste n'est que silence... La Libre.Be - LUNDI 28 MARS 2016 Page 76 sur 104 "Il est temps d'arrêter la complaisance aveugle envers la communauté musulmane" CONTRIBUTION EXTERNE Publié le vendredi 25 mars 2016 à 15h21 - Mis à jour le samedi 26 mars 2016 à 21h17 http://www.lalibre.be/debats/opinions/il-est-temps-d-arreter-la-complaisance-aveugle-enversla-communaute-musulmane-56f5496a35708ea2d3e794ce OPINIONS Une opinion de Jonathan Claes, un lecteur de La Libre Belgique, en réponse au texte d'Ismaël Saïdi Quand je lis l'article de Mr. Saïdi, je ne peux m'empêcher de penser que sous des abords de bonne volonté, se cachent le même communautaro-centrisme et la même victimisation qui sont les premiers arguments de défense que l'on voit poindre lorsque que l'on aborde la passivité de la communauté musulmane face aux attentats terroristes d'origine islamiste. C'est une réponse qui tend à vouloir clore le débat avant même qu'il n’ait pu prendre place. «Notre communauté est la première touchée, les coupables de ces crimes ne sont pas de vrais musulmans, l’Islam interdit la violence»: circulez, il n'y a rien à voir. Jusqu'au suivant. Mr. Saïdi, lorsque vous citez très justement les nobles tâches entreprises par nos concitoyens de religion musulmane lors des attentats, vous semblez vouloir y opposer les belges d'autres obédiences. N'y avait-il pas de catholiques, de protestants, de juifs, de bouddhistes, d’athées, d’agnostiques, que sais-je encore parmi les services d'ordre, les pompiers, les ambulanciers, les militaires, les médecins, les conducteurs de taxi, de métro ou de tram? Leurs actions ont-elles moins de valeur à vos yeux? Et pour poursuivre sur le sujet premier de votre billet à savoir la révolte ou à tout le moins la remise en question, ces actions emplies d'humanité et de solidarité empêchent-elles par la suite d'entreprendre une réflexion approfondie sur la mauvaise interprétation qui mène beaucoup trop de croyants musulmans à commettre de telles atrocités de par le monde? Ces bonnes actions accomplies mardi après-midi empêchent-elles la communauté musulmane de se lever d'un seul corps et de crier son opposition à de tels massacres? Car si je constate de brèves et individuelles condamnations de représentants de la communauté musulmane, je ne vois pas de grands rassemblements de masse passionnés tels qu'on sait cette même communauté capable lorsqu'un dessinateur à le malheur de caricaturer le prophète ou qu'un bulldozer israélien détruit une maison palestinienne. Encore une fois, la vie d'un être humain a-t-elle moins de valeur lorsqu'elle fait partie d'une religion ou d'une autre? Le mépris répété de la vie elle-même suscite-elle moins de passion qu'un blasphème? Car de par le monde, et depuis plusieurs décennies maintenant ces actes barbares se répètent. Quel que soit le continent, la couleur de peau des victimes comme des perpétrateurs, la langue utilisée pour prier, il n'existe qu'un seul point commun: la religion des coupables et la justification communautariste qu'ils expriment. À partir de combien d'attentats, de combien de morts et de blessés, de combien de familles innocentes détruites, de combien de pays touchés et de combien de nationalités différentes de terroristes se référant tous à la même idéologie va-t-on enfin oser admettre le fait que la source de tous ces maux réside dans la religion islamique? Les racines socio-économiques du mal? Page 77 sur 104 Ben Laden n'était pas seulement riche, il avait fait ses études dans les plus grandes universités occidentales. Le terroriste qui a semé la mort sur une plage tunisienne était étudiant à l'université. Abaaoud était le fils d’un commerçant prospère et était inscrit dans un collège huppé de la capitale. Les frères Abdeslam possédaient un café, l'aîné travaille encore pour sa commune. Les exemples se multiplient qui discréditent la thèse de la pauvreté comme seule racine du mal. Le racisme occidental comme matrice de la violence? De nombreuses vagues de communautés et nationalités se sont succédées en Europe depuis le 20ème siècle. Aucune ne réalise de fait un tel rejet envers la culture de sa société d'accueil après 3 générations. Ce rejet se traduisant notamment par un taux de mariages extra-confessionnels minimum, ou une surreprésentation dans les prisons comparativement à la proportion globale de citoyens musulmans. Aucune n’exprime une telle volonté d'imposer à l'organisation d'une société laïque des préceptes religieux éculés importés d'un pays pourtant abandonné (hallal dans les écoles et les prisons, abattage rituel, horaires/services différenciés pour les femmes musulmanes, voiles, burqas et autres attributs communautaires dans les institutions publiques, prières de rue, pressions conscientes ou inconscientes pour abandonner le nom de vacances, d'activités, de cours...). Que n'avons-nous fait de compromissions, «d’accommodements raisonnables»? Quand s’infléchira le poids de cette culpabilité qui pousse les sociétés occidentales a sans cesse effacer leur histoire et leur culture de peur de ne pas se montrer assez ouvertes? Un problème de cohabitation culturelle donc? Les très riches monarchies moyen-orientales appliquant souverainement les principes religieux islamiques font montre d'une violence ordinaire et d'une discrimination patente envers les femmes, les homosexuels, ou les individus de confession différente. Combien de lapidations, de décapitations ou de flagellations peuvent se justifier au Moyen-Orient par le racisme occidental ou une situation socio-économique défavorable? Les interventions occidentales au Moyen-Orient? La majorité des terroristes qui ont sévi en France et en Belgique sont nés en Europe, parfois même comme leurs parents avant eux et y ont vécu toute leur vie. Quelles victimes étaient nées pendant la colonisation? Combien des victimes ont participé ou soutenu une quelconque action en Irak ou en Afghanistan? Combien de cibles étaient strictement militaires? Comment peut-on haïr à ce point un pays dans lequel on a toujours vécu et qui offre à tout le moins une liberté au culte qu'eux-mêmes ne rêvent que d'imposer à des milliers de kilomètres de là. Les autres confessions ont-elles aussi engendré des criminels? Assurément, des monstres sont nés au sein de nos cultures occidentales! Mais ces criminels, leurs forfaits aussi abjects soient-ils sont des individus isolés qui ne se revendiquent pas d'une même idéologie mortifère, qui ne partagent pas la même volonté d’imposer au monde un mode de vie décrit il y a plus de 1400 ans. Tous ne tuent pas aveuglément et indifféremment au non d'une seule et même religion, d'un seul et même livre sacré, du même prophète. Nous sommes en 2016, la religion catholique a su battre sa coulpe de ses crimes passés depuis bien longtemps. Et puisque la communauté musulmane ne peut souffrir qu'une personne étrangère à sa culture et à sa religion ne mette en cause ses modes de croyances (sous peine d’être très vite publiquement catalogué de raciste, d’extrémiste, de xénophobe ou discrédité pour son manque de connaissance de cette culture), il n'appartient qu'à elle de se révolter, de faire sa Page 78 sur 104 révolution, de renier les extrémistes. Il est temps d’arrêter la complaisance aveugle, le détournement de regard hypocrite, l'entraide communautaire au-delà des lois. Mais la communauté musulmane en possède-t-elle seulement la capacité, et plus important encore, en a-t-elle la volonté? Que n'entend-on au lendemain de chaque attentat? Ces terroristes ne sont pas de vrais musulmans, l'Islam interdit la violence. Circulez, il n'y a rien à voir. La première étape pour la résolution d'un problème est pourtant sa reconnaissance... Je citerai Edmund Burke: «La seule chose nécessaire au triomphe du mal, est l’inaction des hommes de bonne volonté». L’histoire nous a tragiquement démontré à de nombreuses reprises que lorsqu’une partie d’une communauté verse dans l’extrémisme violent, la majorité silencieuse et passive est irrelevante. Il me faut à présent vous avouer que j'écris ces lignes sous le coup de la colère et de la peur. L'une et l'autre sont très mauvaises conseillères, j’en conviens et vous le concède. Mais le problème que je décris n'est pas neuf, et ce n’est pas ce qui contribue le plus à mon état d'indignation et de frustration actuel. Je suis d'ordinaire une personne d'action, lorsqu'un problème surgit, je ne l'ignore pas, je ne le laisse pas pourrir, je ne m'apitoie pas sur mon sort: je l'analyse et je tente de le résoudre au mieux de mes capacités et à mon humble niveau. Dans le cas présent, j'ai l'impression que les citoyens non-musulmans sont muselés et stigmatisés s'ils osent vouloir promouvoir un débat sur le rôle de l'Islam dans nos sociétés, et que la communauté musulmane qui seule détient les clefs d'une solution pacifique et pérenne se refuse de reconnaître le moindre problème. Quel monde vais-je pouvoir laisser à mon fils... P.S. : Bien que de nationalité belge, je suis fils et petit-fils d'immigrés et mon fils est métis. J'ai travaillé dans 3 pays différents et j'ai voyagé épisodiquement de par le monde avec mon sac à dos pendant plus de 10 ans. Mes tribulations sur les 5 continents au contact et à la recherche d'autres cultures m'ont notamment mené en Malaisie, en Indonésie, en Palestine, en Jordanie et en Égypte. Je n'écris pas cela pour donner du poids à mes propos, mais au contraire afin d'éviter que mon commentaire soit discrédité pour des raisons fallacieuses. J'ai trop vu ces derniers temps d'articles voués à l'opprobre dû aux critiques sur la nature de leurs auteurs dont le seul crime était de ne pas posséder de «légitimité» pour aborder ce sujet. Comme si la réponse à 1+1 étant 2 se trouvait plus ou moins correcte voire même pouvait s’en trouver odieuse selon la nature de la personne qui répond... La Libre.Be - LUNDI 28 MARS 2016 La laïcité, entre rejet et tolérance CONTRIBUTION EXTERNE Publié le lundi 21 mars 2016 à 15h45 - Mis à jour le lundi 21 mars 2016 à 15h47 http://www.lalibre.be/debats/opinions/la-laicite-entre-rejet-et-tolerance56eec0c935708ea2d3bda629 OPINIONS Une opinion de Francis Delpérée, Membre de la Chambre des représentants et professeur émérite de l'Université catholique de Louvain. Pas plus que la religion, la laïcité n’a intérêt à devenir l’arme d’un combat politique, dans tous les sens du terme. "Liberté en tout et pour tous" : cette maxime reste d’actualité dans le domaine des opinions, des croyances et des convictions. Page 79 sur 104 L’on me dit parfois : "Soyez neutre." Mais comment le serais-je ? Je suis attaché à des valeurs. Je cherche à les partager avec d’autres, sur le terrain politique, économique, social ou culturel. Je défends une langue, une génération, une région et je fais valoir, là où je puis être utile, mon point de vue. J’appartiens par toutes les fibres de mon corps à Louvain et j’essaie de représenter dignement mon Université en Belgique et à l’étranger. Je me préoccupe de l’union des Etats européens et je combats ceux qui préconisent un repli frileux. Je ne m’en cache pas. Je suis engagé. Pas enragé. Définitions La neutralité s’impose à l’autorité publique et à ses agents. "Les Belges sont égaux devant la loi", dit la Constitution. Il ne convient pas que le citoyen puisse douter de l’impartialité de ceux qui assument les responsabilités de la puissance publique. Cette règle est imposée par la Constitution à ceux qui dispensent un enseignement organisé par une Communauté. Elle l’est par la loi ou les règlements aux fonctionnaires et aux magistrats. Le Conseil d’Etat va jusqu’à dire qu’il s’agit là d’un "principe constitutionnel". La laïcité, c’est autre chose. Le terme apparaît dans la langue française aux environs de 1870. C’est un produit de la tradition thomiste, réécrit par les Lumières. La laïcité se réfère à un système binaire qu’inspire la formule de Matthieu. D’une part, il doit être permis de "rendre à Dieu ce qui est à Dieu", c’est-à-dire de pratiquer la religion de son choix ou de n’adhérer à aucune d’elles. D’autre part, il faut "rendre à César ce qui est à César", ce qui signifie respecter les autorités de l’Etat, remplir les devoirs que celui-ci impose et utiliser les droits et libertés qu’il consacre. L’indépendance réciproque peut être entendue de manière rigide. Elle prohibe la reconnaissance et le financement des cultes (tel est l’un des objets de la loi française de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat). Elle peut aussi être conçue de façon plus souple. Elle reconnaît certains cultes, elle apprécie le rôle spirituel et social qu’ils assument, elle assure un traitement et une pension à leurs ministres. Des pratiques en marge des textes peuvent aussi voir le jour. Ici comme ailleurs. Une anecdote En octobre 2009, l’Eglise catholique procède, à la basilique Saint-Pierre, à la canonisation de plusieurs saints. Le père Damien figure parmi eux. Au-delà de l’hommage rendu à l’homme de Molokai, l’événement romain honore la Belgique et les Belges. Les autorités nationales se montrent pourtant plus catholiques que le pape, c’est le cas de le dire. Elles s’interrogent. Faut-il envoyer une représentation à la cérémonie ou l’ambassadeur de Belgique auprès du Saint-Siège remplira-t-il cet office ? Après de longues palabres, un compromis voit le jour. Une liste restreinte est établie. Seuls le roi Albert II et sa femme (en mantille blanche), quelques ministres, dont Yves Leterme et Joëlle Milquet (en mantille noire) et des parlementaires triés sur le volet rejoindront Rome. La délégation belge dont je fais partie s’installe aux premiers rangs à droite dans la basilique. Quelques minutes plus tard, une imposante délégation française, avec à sa tête le Premier ministre François Fillon mais aussi des mandataires nationaux et des élus locaux, investit bruyamment les lieux; elle s’installe du côté gauche. La République laïque avait été moins regardante que notre petit Royaume sur l’ampleur du déplacement. Il est vrai qu’au cours du même office, Jeanne Jugan, la fondatrice des Petites Sœurs des pauvres, était aussi canonisée. Page 80 sur 104 Au pied de la colonnade du Bernin, je me prends à philosopher. Les dirigeants d’un pays peuvent accepter, fût-ce par courtoisie ou diplomatie, des arrangements raisonnables. Il n’y a pas lieu d’en rougir. Quand la laïcité devient une opinion La laïcité philosophique, à la mode thomiste, est émancipatrice. Elle libère d’allégeances ou d’intrusions indues. Elle est porteuse de citoyenneté. La laïcité institutionnelle, telle qu’elle est déjà consacrée dans la Constitution - pour ceux qui prennent la peine de la lire et de l’interpréter -, est bienvenue. La laïcité militante - "ecclésialisée", selon le mot de Claude Javeau, dès l’instant où elle aussi est reconnue et financée par l’Etat - est respectable. Mais je n’en partage ni le vocabulaire, ni les convictions. Dans un colloque au Sénat, le 23 février dernier, Werner de Saeger a considéré en termes choisis que l’enseignement libre n’était rien d’autre que "putride" et qu’il y avait lieu de s’en débarrasser au plus vite. Même solution du tout-à-l’égout pour le financement des cultes. Mes collègues parlementaires (qui ne sont pas des enfants de chœur) en sont restés pantois. La brutalité avait le mérite de la franchise. Et de la clarté. C’est dommage mais c’est ainsi. Pour certains, la laïcité n’est pas la tolérance religieuse. Elle devient une opinion. Celle-ci se donne pour objet de rejeter les autres opinions ainsi que leurs pratiques dans l’anonymat des consciences. Moi, j’ai fait les deux et même les trois écoles. La communale à Liège, l’athénée "royal" à Saint-Gilles, la catholique à Saint-Louis et à Louvain. J’y ai, chaque fois, appris la tolérance. Je me suis efforcé et je m’efforce encore de la pratiquer. Ceci m’incite à écrire que, pas plus que la religion, la laïcité n’a intérêt à devenir l’arme d’un combat politique, dans tous les sens du terme. N’est-il pas temps de rappeler que notre société politique est née au cri de "Liberté, liberté en tout et pour tous" ? La maxime reste d’actualité dans le domaine des opinions, des croyances et des convictions. La Revue générale publie le présent texte, sous forme d’éditorial, dans son numéro de marsavril. FRANCE 24. À Sidi Moumen, au Maroc, l’art et la culture pour combattre l’intégrisme http://www.france24.com/fr/20160402-etoiles-sidi-moumen-maroc-art-culture-combattreintegrisme-NabilAyouch/?ns_campaign=nl_quot_fr&ns_source=NLQ_20160403&ns_mchannel=email_marke ting&ns_fee=0&ns_linkname=20160402_etoiles_sidi_moumen_maroc_art_culture&f24_mem ber_id=1026180894835 Texte par Claire DERVILLE Dernière modification : 03/04/2016 Convaincus que l’art peut changer des vies, deux artistes ont ouvert un centre dédié aux enfants dans un quartier défavorisé de Casablanca. L’objectif ? Leur permettre de s’exprimer et s’émanciper. Reportage en clair-obscur, entre espoir et réalité. Page 81 sur 104 Leïla, la maman de Sifedine, 14 ans, considère qu’elle a "une chance folle" : de la fenêtre de sa modeste cuisine, elle bénéficie d’une vue plongeante sur les "Étoiles de Sidi Moumen". C’est là, dans ce centre culturel d'un quartier très défavorisé de Casablanca, que son fils, à la faveur de cours de musique et de solfège, a révélé un talent prodigieux pour la percussion. Quand il n’est pas à l’école, il y passe le plus clair de son temps, sans pour autant échapper à l’œil de sa mère. "D’ici, je peux surveiller ses allées et venues", se réjouit cette dernière en pointant du doigt le bâtiment blanc qui luit au soleil, de l’autre côté du boulevard. Et si les frais d’inscription mensuels de 50 dirhams (4,50 euros) sont "très chers" à l’échelle de son foyer, Leïla n’a pas hésité. "C’est un moyen d’éviter qu’il tombe dans de mauvaises mains, car il y a beaucoup de violence et d’agressivité dans le quartier." Le choc du 16 mai 2003 Sidi Moumen jouit en effet d’une triste réputation au Maroc. Le nom de cet arrondissement périphérique de l’est de Casablanca, qui compte 500 000 habitants sur 47 km2, restera pour toujours lié aux attentats du 16 mai 2003, que les Marocains considèrent comme leur 11Septembre. Ce soir-là, une série d’attaques-suicides perpétrées quasi-simultanément dans cinq lieux distincts de Casablanca ont fait 41 morts et une centaine de blessés. Sur les 15 kamikazes qui se firent exploser, douze provenaient de Sidi Moumen. À l’époque, le quartier, fruit d’une urbanisation galopante et anarchique, était essentiellement composé de bidonvilles. En état de choc, le royaume chérifien prit alors conscience qu’il avait laissé prospérer, dans le lit de la misère, du chômage et de l’exclusion, le fléau du fanatisme. L’histoire de cette dérive, ou comment des gamins se sont transformés en bombes humaines, a inspiré à l’écrivain et peintre marocain Mahi Binebine un livre paru en 2010 sous le titre "Les Étoiles de Sidi Moumen". Peu après, le roman a été adapté au cinéma par le Franco-Marocain Nabil Ayouch dans le film "Les Chevaux de Dieu". "Donner aux jeunes la possibilité de s’exprimer" À l’occasion des dix ans des attentats, le 16 mai 2013, les deux artistes ont eu l’idée d’organiser une projection du film à l’attention des enfants de Sidi Moumen. La préfecture leur mit à disposition un bâtiment, vide à l’époque – celui-là même qui luit aujourd’hui sous les fenêtres de Leïla. "L’événement a eu un succès incroyable, se souvient Nabil Ayouch. Alors, avec Mahi, on s’est dit : 'Pourquoi ne pas créer une structure pérenne ?'" En octobre 2014, une vente aux enchères, un appel aux dons et quelques bons coups de peinture plus tard, le centre "Les Étoiles de Sidi Moumen" ouvrait officiellement ses portes. Son but ? "Dénicher des talents. Déghettoïser le quartier. Cultiver la mixité. Offrir aux enfants de la transmission, du savoir, du lien. Et leur donner la possibilité de s’exprimer", avance Nabil Ayouch. Financé par diverses institutions, dont la Fondation BNP Paribas et son antenne marocaine (la Fondation BMCI) dans le cadre du programme international de solidarité Dream Up, le centre recense aujourd’hui 430 inscrits de 5 ans et plus, qui suivent des cours de musique, solfège, danse, théâtre, arts plastiques, anglais, français et informatique. Il dispose également d’une salle de spectacle pouvant accueillir jusqu’à 200 personnes, d’une cafétéria, d’une médiathèque et de salles mises à la disposition des associations et des talents du quartier pour se réunir ou répéter. Des portes toujours ouvertes Page 82 sur 104 Ce qui frappe, quand on aborde le centre, ce sont ses portes qui restent grandes ouvertes de 9 h à 21 h. Des grappes d’enfants joyeux les traversent sans discontinuer. Parmi les incontournables, il y a Yacine, 14 ans, que son prof de piano appelle "mon petit Beethoven" ; Hasna, 14 ans elle aussi, qui a dû faire une grève de la faim d’une semaine pour convaincre son père de la laisser prendre des cours de danse ; et bien sûr Sifeddine, toujours flanqué de Rachid, son professeur de percussions en blouson de cuir, dreadlocks et casquette de hip-hop. Juste derrière, à une trentaine de mètres, la mosquée attire une foule d’un autre genre, mais la cohabitation est pacifique, assure Sophia Akhmisse, la directrice du centre. "Nous ne faisons pas de contrôles à l’entrée, nous ne demandons pas de carte de membre. La médiathèque et la cafétéria sont ouvertes à tous. Nous voulons cultiver un esprit d’ouverture", affirme cette ancienne journaliste reconvertie dans l’associatif. Concerts, projections de films, lectures de contes, master class avec des danseurs ou des musiciens de renom, en passant par des spectacles "maison" permettant aux élèves de valoriser ce qu’ils ont appris… L’agenda du centre est bien rempli. "Nous essayons de placer les jeunes dans un processus de rencontres, de dialogue et d’émancipation personnelle. C’est le meilleur rempart contre les dérives", explique Sophie Akhmisse. Étape par étape, la métamorphose d’un quartier Les efforts déployés par le centre s’inscrivent dans une politique plus globale de désenclavement du quartier entamée il y a une dizaine d’année. "Au Maroc, et plus précisément à Casablanca, les attentats du 16 mai 2003 ont réveillé les consciences. Les gens ont été choqués de savoir que 12 des 15 kamikazes provenaient de Sidi Moumen. La mairie a donc entrepris de gros efforts pour y combattre la rupture sociale", explique Hassan Barroud, président de la commune de Sidi Moumen. D’abord, il y a le tram. Construit par Alstom et mis en service en décembre 2012, ce bijou de technologie, composé d’une ligne de 31 km desservant 48 stations, permet de relier Sidi Moumen à la corniche de Casablanca en moins d’une heure. "C’est notre fil de vie ! Il a fait plus que n’importe quoi d’autre pour désenclaver Sidi Moumen", estime Saïd Elkaoukaji, 54 ans, professeur d’anglais au centre des Étoiles. "Avant, la plupart des habitants de Sidi Moumen ne mettaient jamais les pieds en centre-ville, renchérit Sophia Akhmisse. De même, les habitants du centre-ville ne venaient jamais ici car ce quartier a une mauvaise image. Mais le tram est en train de faire bouger les lignes." Côté logements, d’énormes travaux ont été entrepris depuis 2007 dans le cadre du programme national Ville sans bidonvilles (VSB) mis en place au Maroc. "À Sidi Moumen, trois grosses zones de bidonvilles représentant 70 % de notre programme ont été rasées et leurs habitants relogés dans de l’habitat salubre, détaille Hassan Barroud. Il ne reste plus qu’une zone de 30 000 habitants à réurbaniser." Côté culturel et social, la commune se targue d’avoir développé de nombreux partenariats avec des associations locales pour créer une dynamique au sein de la société civile. Terrains de sports, bibliothèques et centres d’alphabétisation se sont multipliés, même si l’offre reste très inférieure aux besoins. Enfin, côté religieux, la menace intégriste est prise au sérieux. Après les attentats de 2003, un millier d’individus suspects ont été mis sous les verrous et les autorités exercent aujourd’hui un contrôle rigoureux sur ce qui se dit dans les mosquées. Océan de béton et de solitude Page 83 sur 104 Résultat : le Sidi Moumen d’aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec celui dans lequel les kamikazes de 2003 ont grandi, assurent de concert les habitants comme les autorités, et son image de quartier maudit est en train de s’estomper. Mais tous les problèmes sont loin d’être réglés. Chômage, pauvreté, analphabétisme, intégrisme… S’il s’est débarrassé de ses bidonvilles et de ses prêcheurs radicaux, les stigmates subsistent. Un petit tour en voiture dans Sidi Moumen suffit à s’en convaincre. Le long des routes nouvellement tracées, des barres d’immeubles entrecoupées de terrains vagues jonchés d’ordures s’étendent à perte de vue. Océan de béton et de solitude. Parfois, la silhouette d’une femme intégralement voilée ou d’un homme barbu se découpe, faisant pester Saïd, qui s’est improvisé guide : "Regardezmoi ça, ils sont partout, ces intégristes !". Ça et là, les restes de bidonvilles ayant subsisté semblent presque chaleureux dans ce paysage de cité-dortoir déshumanisé, qui fait tristement penser à certaines banlieues françaises. Le parallèle avec Sarcelles Nabil Ayouch a grandi à Sarcelles, alors il connaît bien le phénomène de cassure du lien social qui touche les grands ensembles urbains. "L’État marocain est à côté de ses pompes, affirme-t-il, car c’est très bien de détruire les bidonvilles horizontaux, mais si c’est pour les remplacer par des bidonvilles verticaux sans faire d’efforts sur le plan social, éducatif et culturel, à quoi bon ?" Un scepticisme partagé par Saïd Elkaoukaji : "Le Maroc a fait un énorme bond en avant sur le plan des infrastructures, mais sur le plan intellectuel, il est devenu plus conservateur qu’il y a 20 ou 30 ans, et cela m’inquiète beaucoup". Au centre des Étoiles de Sidi Moumen, l’expérience de Safaa, la fille aînée de Leïla, a été de courte durée. L’année dernière, la jeune fille de 18 ans avait démarré des cours de théâtre au centre, mais elle a dû se désinscrire quelques mois plus tard et se mettre à travailler dans une usine de textile pour aider sa famille à payer la traite de l’appartement. Quand on demande si ça lui plaît, Safaa répond : "Un chouïa". En attendant, son petit frère Sifeddine, lui, a des rêves plein la tête. Plus tard, il aimerait devenir "percussionniste international, pour être fameux". L’histoire ne dit pas encore s’il y arrivera, mais il veut croire en sa bonne étoile. Contrepoints (France) D’où sortent les djihadistes ? Publié le 2 avril 2016 dans Sujets de société L’éradication de la terreur passe par une réflexion à long terme sur les sources peu théologiques du néo-djihadisme. Par Guy Sorman. http://www.contrepoints.org/2016/04/02/245260-dou-sortent-les-djihadistes À la prolifération des attentats perpétrés par des djihadistes autoproclamés, s’ajoute la confusion dans l’analyse : la plupart des Européens ignorent la complexité des mondes musulmans. On ne saurait nous le reprocher quand on se souvient que les Américains partis à la conquête de l’Irak en 2003, font à peine la distinction entre le Chiisme et le Sunnisme. Et encore ne s’agit-il là que d’une fracture en Islam, qui est infiniment divers. Si l’on devait comparer avec le monde chrétien, il ressemble plus, dans son absence d’organisation, au protestantisme qu’au catholicisme. L’islam n’a pas de chef spirituel en dehors du Chiisme qui est un héritage de l’Empire Perse autant que de Mahomet. Page 84 sur 104 Évoquer l’islam en général n’a pas de sens et comme l’écrit Jacques Berque, traducteur du Coran en français : « L’islam est ce que les musulmans en font ». Chaque musulman qui se reconnaît comme tel entretient une relation directe avec Dieu par l’intermédiaire du Coran ; il en existe donc autant d’interprétations, car le livre est complexe, que de fidèles. Ceux-ci sont imprégnés, évidemment, par les cultures locales, leur histoire, voire leurs pratiques antérieures à la révélation prophétique. Il se trouve aussi que pour certain musulmans, l’islam est vécu comme une civilisation, plus qu’une religion : nombreux sont les intellectuels turcs qui se déclarent de civilisation islamique et athées. Un récent sondage Gallup International (2012) nous apprend que l’athéisme est avoué dans des pays que l’on imagine confits en dévotion comme l’Arabie Saoudite, l’Afghanistan et l’Égypte. L’athéisme n’est pas le propre du monde chrétien, le christianisme étant lui aussi une civilisation et une religion. Pour qui connaît Le Caire, Dakar, Djakarta ou même Djedda, les mosquées le vendredi sont plus fréquentées que ne le sont les églises en Europe mais les grands magasins et restaurants le sont tout autant. L’urbanisation et la modernité tendent à désagréger la foi dans les mondes musulmans autant qu’en Occident. Mais la diversité, me semble-t-il, est avant tout culturelle. Un célèbre prédicateur indonésien – L’Indonésie étant le plus grand pays musulman – Abdurrahman Wahid, plus connu sous le nom de Gus Dur (1940-2009), qui séduisait les foules en racontant des histoires salaces, m’avait dit : « Pauvres Arabes ! Ils vivent dans la nostalgie du passé, de leur Âge d’Or lorsqu’ils dominaient en Occident et n’aspirent qu’à y retourner en regardant dans le rétroviseur. Tandis que nous, Indonésiens, le passé était misérable et païen : nous regardons devant nous ». Tous les Arabes n’approuveront pas, mais le partage entre l’islam arabe et non arabe est essentiel. La version sunnite la plus absolutiste, coïncide avec le peuple arabe et l’aire de sa conquête. À l’est de l’Indus où les Arabes ne sont pas parvenus, l’islam s’est diffusé non par les armes mais par des prédicateurs et des marchands, fusionnant souvent avec les pratiques locales. Le soufisme, un islam mystique et intériorisé, accompagné de chants et de danses, tel est l’islam dominant en Inde ou au Bangladesh et que l’on connaît peu, vu d’Europe. Ces Musulmans d’Asie ne manquent pas, comme Gus Dur, d’ironiser sur les pratiques radicales venues du monde arabe. Le poète Kabir qui vécut à Bénarès au XVe siècle est l’auteur d’une strophe fameuse « Muezzin, pourquoi cries-tu si fort à l’heure de la prière ? Crois-tu que Dieu est sourd ? » Ce qui vaut pour l’islam en Asie, s’applique aussi à l’Afrique, au sud du Sahara. Plus on s’éloigne de la zone d’influence arabe, plus l’islam se métisse avec des rites locaux. Le propos de Gus Dur éclaire combien les djihadistes poseurs de bombes, sont Arabes autant que musulmans et que, de fait, toutes leurs références empruntent un passé largement imaginaire. Ce n’est donc pas dans le Coran qu’il convient de chercher une explication à la violence néo-Djihadiste mais dans la société contemporaine qui a produit ces fous de Dieu. La colonisation du monde arabe par l’occident, le despotisme des régimes qui lui ont succédé, l’échec économique, en dehors de la manne pétrolière, et pour les immigrés, l’échec de leur intégration en Europe, constituent les conditions objectives du radicalisme islamique. Pour contenir ce radicalisme qui tue beaucoup plus de musulmans soi-disant apostats que d’occidentaux, il convient de ne pas diaboliser l’islam en soi ce qui ne veut rien dire, mais de le connaître mieux. Il convient ensuite de s’interroger sur le terreau social de ce radicalisme : l’Occident n’a-t-il pas cessé de se tromper, en accueillant une immigration de masse sans par la suite l’éduquer ni l’intégrer, et en soutenant dans le monde arabe le despotisme plutôt que les démocraties ? L’éradication de la terreur passe par des mesures policières immédiates mais aussi par une réflexion à long terme sur les sources objectives et peu théologiques de ce néo-djihadisme. sciencesetavenir Page 85 sur 104 Khaled Asaad, archéologue et martyr de Palmyre Par Bernadette Arnaud http://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/20150831.OBS5019/khaled-asaadle-martyr-de-palmyre.html?cm_mmc=EMV-_-SEA-_-20160329_NLSEAACTU-_-#xtor=EPR1-[SEAActu17h]-20160329 Voir tous ses articles Publié le 31-08-2015 à 20h00Mis à jour le 29-03-2016 à 14h29 En août 2015, l'archéologue français Jean-Baptiste Yon avait rendu hommage à l’ancien directeur du Département des Antiquités du site archéologique de Palmyre, en Syrie, assassiné à la mi-août 2015 par Daech. Nous republions ce témoignage alors que Palmyre est libérée. Khaled Asaad (ou Khaled al-Assaad), 83 ans, l’ancien directeur du Département des Antiquités et des musées de Palmyre. ©AP/SIPAKhaled Asaad (ou Khaled al-Assaad), 83 ans, l’ancien directeur du Département des Antiquités et des musées de Palmyre. ©AP/SIPA Dimanche 27 mars 2016 : Palmyre est libérée TÉMOIGNAGE. Jean-Baptiste Yon est archéologue et épigraphiste français du laboratoire HISoMA (Histoire des Mondes Antiques) de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée à l’université Lyon 2, a longtemps travaillé à Palmyre, le spectaculaire site gréco-romain situé à l’est de la Syrie. En août 2015, pour Sciences et Avenir, il revenait sur l’assassinat par Daech (EI), le 18 août 2015 dans des conditions atroces, de Khaled Asaad (ou Khaled alAssaad), 83 ans, l’ancien directeur du Département des Antiquités et des musées de Palmyre, ainsi que sur les destructions des temples antiques et le trafic d’antiquités. Des crimes de guerre une nouvelle fois dénoncés par la directrice de l’Unesco, Irina Bokova. Sciences et Avenir : Khaled Asaad dirigeait les antiquités de Palmyre depuis 1963. Enlevé et retenu captif par des militants de Daech (EI) pendant un mois, il a été assassiné en public à Palmyre le 18 août. Pendant plusieurs années vous aviez travaillé avec lui. Dans quelles conditions l’aviez-vous connu ? Jean-Baptiste Yon : Nous nous étions rencontrés en 1996, alors que je me trouvais en Syrie dans le cadre de ma thèse de doctorat qui portait sur la société de Palmyre aux premiers siècles de notre ère. Khaled Asaad m’avait tout de suite aidé à retrouver les inscriptions grecques et latines gravées sur les pierres de la cité antique. Puis, nous avons collaboré jusqu’en 2003, année où il a pris sa retraite. Ensuite, nous nous sommes revus régulièrement car il continuait à venir fréquemment au musée de Palmyre. Le dernier article que nous avons cosigné date de 2012. Aviez-vous récemment eu de ses nouvelles? Je me suis rendu en Syrie jusqu’en 2010, date à partir de laquelle il ne nous a plus été possible de nous rendre sur place. Mes contacts les plus récents l’étaient surtout avec le fils de Khaled Asaad. Walid Asaad avait en effet succédé à son père à la tête des Antiquités de Palmyre. En raison de la situation en Syrie, les derniers échanges étaient plutôt brefs. Nous n’entrions pas dans les détails pour des raisons de sécurité. Que savez-vous de ce qui s’est passé sur place et comment l’avez-vous appris ? J’ai tout d’abord été alerté de la disparition de Khaled Asaad par un rapide appel téléphonique d’un collègue norvégien. Mais ce n’est que le lendemain matin, que j’ai su dans Page 86 sur 104 quelles conditions abominables il avait perdu la vie [NDLR : Khaled Asaad a été décapité, puis son corps exposé en public]. De la même façon, j’ai appris que son fils avait réussi à quitter la ville. Il faut savoir qu’il est quasi impossible aujourd’hui d’obtenir des informations sur place. Les conditions de vie des habitants de Palmyre sont très difficiles, et l’on ne peut communiquer directement. Il n’y a pratiquement pas d’électricité, de téléphone et a fortiori d’Internet. Pour donner des nouvelles -ce qui n’est pas sans risque - il faut sortir de la ville et se rendre dans certaines localités. Pourquoi s’être attaqué à Khaled Asaad ? Tout d’abord, Khaled Asaad était une figure emblématique de Palmyre et des Antiquités syriennes. Mais il appartenait aussi à une très grande famille locale. Comme beaucoup de responsables syriens qui ont fait carrière, aux yeux des islamistes de Daech, il avait surtout des liens avec le régime de Damas. [NDRL : une pancarte manuscrite liée au corps de la victime l’accusait d'être fidèle au parti Baas, le régime du gouvernement alaouite de Bashar Al Assad]. Ce crime est une façon de mettre en garde quiconque contre toute éventuelle résistance à Palmyre. Khaled Asaad, avait passé des décennies à étudier les trésors archéologiques de Palmyre. Selon plusieurs témoignages, Il aurait été tué pour avoir refusé de dire où avaient été mises à l’abri les statues de la cité. Pourriez-vous nous dire de quelles antiquités il s’agissait ? Depuis les années 1930, beaucoup de découvertes archéologiques ont eu lieu à Palmyre. Aussi un important musée avait-il été érigé sur place. D’autre part, ces dernières années, plusieurs tombes comportant de très nombreuses sculptures avaient été mises au jour autour de la cité antique. Avec en particulier l’exhumation de magnifiques bustes funéraires. Outre les objets exposés dans le musée et ceux conservés dans les réserves, ce sont toutes ces œuvres qui ont été mises à l’abri. Des milliers d’objets et de sculptures de toutes tailles qu’il a fallu absolument sauver. Et cette évacuation s’est faite jusqu’aux dernières heures qui ont précédé la chute de la ville et l’arrivée de Daech le 20 mai 2015. Quelques jours à peine après cet assassinat, Daech a dynamité le temple de Ballshamin, un sanctuaire du 1er siècle de notre ère et dimanche 30 août, celui de Bel. Pourquoi Daech cible-t-il autant le patrimoine ? La communication de ce groupe est très forte. Il ne faut pas non plus oublier qu’il s’adresse aussi à la population locale… De ce qui m’est rapporté sur place, l’argument donné aux Palmyréniens par Daech est le suivant : "Lorsque l’armée gouvernementale bombarde un lieu et qu’il y a 100 morts, cela n’intéresse personne. Alors qu’il nous suffit à nous de faire sauter une statue pour avoir tous les grands titres des journaux". En même temps, Daech semble aussi s’enrichir grâce aux antiquités. Aux Etats-Unis, le FBI vient d’ailleurs de lancer une mise en garde destinée aux acheteurs potentiels. Que savezvous du trafic qui aurait actuellement lieu dans la région? Il est extrêmement difficile de savoir ce qui se passe réellement. Même si beaucoup de choses sont dites. Parmi nos sources privilégiées figurent entre autres les alertes du ministère syrien des Antiquités. On sait par exemple qu’un certain nombre d’objets ont été retrouvés au Liban. La frontière turque est très poreuse aussi. Mais il faut savoir également qu’après 2010 et avant même l’arrivée de daech, des vols de pièces archéologiques avaient déjà été signalées à Palmyre alors sous contrôle des forces du régime. Bien sûr, celles-ci sont sans commune mesure en terme de volume avec le trafic et l’ampleur des pillages actuels dont on sait qu’ils fournissent un soutien financier à l’organisation terroriste*. Je suis atterré par tout ce qui se passe. J’espérais que Khaled Asaad avait quitté la ville. Il a pris d’énormes risques en demeurant sur place. Des risques dont il était parfaitement conscient. Page 87 sur 104 Tout cela est très douloureux. * Selon Matthew Levitt, expert auprès du Washington Institute, qui analyse depuis plusieurs années les financements des groupes terroristes au Proche-Orient, le trafic d’antiquités pourrait devenir la deuxième source de revenus de ces groupes (ceux provenant du pétrole étant en baisse en raison des frappes aériennes de la coalition). Les Antiquités en provenance de Syrie auraient d’ailleurs fait une apparition croissante sur le marché des antiquités à Londres. A voir : Plus de 2000 photos de la Mission Archéologique Française à Palmyre de 1901 à 1939, sont aussi disponibles. Une partie de la photothèque d’archéologie et des archives MédiHAL de l’Institut Français du Proche-Orient (Ifpo) ont été mis en ligne. Cliquez ici pour y accéder. https://medihal.archives-ouvertes.fr/search/index/?q=palmyre&submit= COURRIER INTERNATIONAL Maroc. “Tous pareils, tous africains” : la vidéo de Leila Alaoui que la télévision refuse de diffuser Publié le 29/03/2016 - 12:22 http://www.courrierinternational.com/article/maroc-tous-pareils-tous-africains-la-video-deleila-alaoui-que-la-television-refusede?utm_campaign=&utm_medium=email&utm_source=Courrier+international+au+quotidien “A l’université, il est très difficile de se faire des amis marocains” ; “Il y a même des taxis qui ne veulent pas s’arrêter dans la rue pour me prendre.” Voici quelques-une des phrases prononcées dans le spot de quarante secondes réalisé il y a un an par la photographe franco-marocaine Leila Alaoui. “Le spot revient sur la perception de la société par des Marocains et des Subsahariens installés au royaume, en vue de mettre en lumière le quotidien, pas toujours facile, des migrants”, rapporte le Huffington Post Maghreb. Cette vidéo n’avait jamais été publiée avant la mort de la jeune femme, survenue après l’attentat qui a touché le Burkina-Faso le 15 janvier 2016. Leila Alaoui, la mort d’une grande photographe Un membre de l’association Bladi Bladek (Mon pays est ton pays), partenaire dans la réalisation de ce spot et dont Leila Alaoui était la présidente, rapporte que Médi1, 2M et Al Page 88 sur 104 Aoula, les trois chaînes de télévision sollicitées, ont refusé de diffuser ce spot. “L’une des chaînes aurait même demandé de couper l’un des témoignages (celui de la petite fille au début) comme condition pour la diffusion”, précise-t-il. Tel Quel précise qu’après sa mise en ligne sur les réseaux sociaux le 22 mars, la vidéo “a été vue plus de 25 000 fois en seulement deux jours”. Sur Facebook, la vidéo affiche désormais plus de 60 000 vues. APS (algerie) Pour la création à Adrar d’une académie internationale de formation d’imams et prédicateurs http://www.aps.dz/regions/39745-pour-la-cr%C3%A9ation-%C3%A0-adrard%E2%80%99une-acad%C3%A9mie-internationale-de-formation-d%E2%80%99imams-etpr%C3%A9dicateurs ADRAR - Les participants au séminaire international sur "l’école de soufisme algérienne et ses ramifications africaines", clôturé dimanche à Adrar, ont plaidé pour la création dans cette wilaya d’une académie internationale spécialisée dans la formation d’imams et de prédicateurs. Ils ont mis l’accent sur l’importance du rôle attendu de cette institution religieuse dans la consécration du rayonnement religieux de l’école du soufisme algérien et ses prolongements en Afrique, appelant aussi à sa baptisation au nom du regretté Cheikh Abdelkrim El-Maghili, en reconnaissance à ses efforts dans la propagation des sciences religieuses à travers les contrées africaines. Les participants ont aussi recommandé la création d’une radio et d’une télévision dédiées à la propagation des préceptes et valeurs de l’islam tolérant au sein des sociétés africaines, la valorisation du grand intérêt qu’accorde le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, aux zaouïas et aux écoles coraniques, et l’accompagnement des efforts visant à prémunir la société contre la violence et l’extrémisme. Lors de cette rencontre de deux jours, les intervenants ont appelé, par ailleurs, à accorder davantage d’importance au patrimoine et au centre national des manuscrits d’Adrar. Les travaux de cette rencontre, qu’a abritée l’université africaine Ahmed Draya, se sont articulés autour de thèmes divers liés aux "origines de l’éducation spirituelle dans la Tariqa (confrérie) El-Kadiria", "le rôle de cette Tariqa dans la propagation de l’Islam en Afrique", et "les voyages de l’Imam Cheikh Abdelkrim El-Maghili et son rôle réformiste en Algérie et en Afrique". Les participants se sont intéressés également aux efforts de Cheikh Mokhtar El-Kounti et son rôle dans la réforme et l’organisation des sociétés de la région du Sahel (Soudan ElGherbi) et du Grand Sahara. Des visites ont été initiées en l’honneur des délégations participantes et invités du séminaire à de zaouias et écoles coraniques de la région du Touat, ou un accueil chaleureux leur a été réservé, traduisant le raffermissement des liens entre l’Algérie et les pays africains, renforcés par les efforts des Ouléma des confréries de soufisme algériennes qui se sont déployées en Afrique. Page 89 sur 104 L’Algérie constitue à travers ses écoles coraniques et zaouïas, dont la Tidjania, Kadiria et Senoussia, une destination de nombreux adeptes venus de différentes contrées africaines, a-t-on souligné. Mise sur pied conjointement par les ministères de l’Intérieur et des Collectivités locales et des Affaires religieuses et des Waqf, cette rencontre internationale sur "L’école de soufisme algérienne et ses prolongements en Afrique" a enregistré la participation d’une pléiade d’érudits, imams, Chouyoukh et chercheurs universitaires venus de différentes régions du pays et de pays africains. Assawra - lundi 4 avril 2016 Site du Mouvement Démocratique Arabe Le scandale Panama Papers met en lumière une manière de faire de l'évasion fiscale très élaborée. https://1.bp.blogspot.com/Yiy5ehOdtoQ/VwKOKDQ9tMI/AAAAAAAARfM/MEcRTGiOdmwfCCsZ9VXy7BiXfAqyFYYsQ/ s320/a2.jpg C'est la révélation de la journée. Le Monde et le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) ont mis en lumière l'existence d'un système offshore mondial qui représente, selon le quotidien, « la percée la plus spectaculaire jamais effectuée dans le monde obscur de la finance offshore ». L'occasion de faire le point sur un mode opératoire très répandu pour faire de l'évasion fiscale. Cette technique n'est pourtant pas du tout illégale. En effet, tout le monde peut - et a le droit de créer une société offshore. Ce type de société présente toutes les caractéristiques d'une société traditionnelle - elle est par exemple immatriculée - et est créé dans un pays dont le bénéficiaire n'est pas résident fiscal. En d'autres termes, un Français peut dans la légalité la plus absolue créer une société offshore en Italie. Seul inconvénient : toute personne étant résidente fiscale en France doit déclarer les revenus tirés de cette société, quel que soit l'endroit où elle est domiciliée. C'est là où le bât blesse et où l'identité de la destination pèse de tout son poids. En effet, dans le langage courant, on entend par société offshore une société créée dans un pays dont la fiscalité est avantageuse pour celui qui va y avoir recours : pas d'impôt, pas de TVA, aucune comptabilité à tenir, pas d'obligation de dépôt des comptes ou encore la préservation de l'anonymat des dirigeants. Du coup, l'intérêt en matière d'évasion fiscale devient évident : la société offshore permet ainsi de passer sous silence l'identité des véritables bénéficiaires, qui échappent à l'impôt de leur pays d'origine. ** Page 90 sur 104 Ex-dircom de Bouteflika et ministre de l'Industrie et des Mines depuis 2014, Abdeslam Bouchouareb est propriétaire de la société panaméenne Royal Arrival Corp créée en avril 2015. Dans un pays comme l'Algérie où la fuite des capitaux entre 2004 et 2014 a été estimée à 16 milliards de dollars (14 milliards d'euros) par une commission ad hoc, soit, en moyenne, 1,6 milliard de dollars chaque année qui s'évapore dans des circuits offshore, une affaire comme celle du Panama papers impliquant un ministre, ex-dircom du président, tombe très mal alors même qu'un autre scandale, celui de la Sonatrach, la compagnie nationale pétrolière, éclabousse d'autres proches du chef de l'Etat. Qui est Abdeslam Bouchouareb ? Ancien dirigeant d'entreprise, Abdeslam Bouchouareb entre en politique en 1994. Ministre de l'Industrie en 1996, il est ministre de l'Emploi en 2000 et vice-président de l'Assemblée nationale en 2012. En 2014, alors qu'il est nommé ministre de l'Industrie et des Mines, il travaille comme directeur de la communication du président algérien Abdelaziz Bouteflika. Comment s'est-il retrouvé dans le Panama papers ? Selon Le Monde, c'est depuis juillet 2015 qu'Abdeslam Bouchouareb est l'unique propriétaire de la société panaméenne Royal Arrival Corp, structure créée en avril 2015 par Mossack Fonseca, la société considérée comme le plus gros facilitateur de création de sociétés écrans dans le monde, dont les archives alimentent le scandale Panama Papers. Au regard de sa fiche publiée dans Le Monde, c'est par le biais de celle-ci qu'Abdeslam Bouchouareb a été titulaire d'un compte dans une banque suisse, NBAD Private Bank (Suisse) SA. Parallèlement, il a dirigé Royal Arrival Corp. via une société luxembourgeoise baptisée Compagnie d'Etude et de Conseil (CEC) dans laquelle il a été identifié comme ministre de l'Industrie et des Mines. De quoi rappeler, selon les fichiers provenant des archives du cabinet panaméen Mossack Fonseca, que depuis ses prises de fonctions politiques, Abdeslam Bouchouareb a transféré 700 000 euros de la BIL [Banque internationale à Luxembourg] vers NBAD Genève [National Bank of Abu Dhabi], dont la filiale suisse, basée à Genève, est spécialisée dans la gestion de fortunes et le financement du négoce. Précisions : selon les déclarations de CEC, les activités de Royal Arrival Corp. couvraient la représentation et la négociation commerciales, les contrats commerciaux, les travaux publics et le transport ferroviaire et maritime, en Turquie, au Royaume-Uni et en Algérie. Par suite, l'établissement financier luxembourgeois qui a créé la société pour Abdeslam Bouchouareb, a bien confirmé qu'il en était propriétaire, soulignant que Royal Arrival Corp avait été "constituée en toute transparence pour détenir et gérer des biens hérités". "Nous avons décidé, avec son accord, de différer toute utilisation de la société, et l'ouverture du compte bancaire chez NBAD Genève n'a jamais été finalisée […]", dit la société luxembourgeoise qui avance un motif précis, celui "des fonctions ministérielles d'Abdeslam Bouchouareb". (04-04-2016 - Avec les agences de presse) The Economist – Apr 2nd, 2016 Arab universities The kingdom is king A snapshot of the region’s higher education http://www.economist.com/news/middle-east-and-africa/21695893-snapshot-regions-highereducation-kingdom-king Page 91 sur 104 IT MAY not be quite the country for the usual university experience: moving out of home; experimenting; dating. Nor does it have Egypt’s long history of scholarship, with the likes of the Al Azhar university, which has been going since the tenth century. But Saudi Arabia is gaining an unlikely reputation for learning in the Middle East. Earlier this year it gained three of the top four spots in an annual ranking of Arab universities by Times Higher Education (THE), a British weekly magazine. Topping the chart was King Abdulaziz University in the western city of Jeddah, which was founded only in 1967. The kingdom rarely pulls things off as well as, let alone better than, its more savvy fellow Gulf states. But in higher education it has steamed ahead. One reason is that many Saudis have long gone to study in Europe and America. Some return with top-notch degrees and go into academic teaching. In recent years the kingdom has also had the cash to attract foreign academics on the promise they can carry out research. That has paid off with an increasing number of mentions in academic journals, which is one of the indicators used by THE. Less surprising was the American University of Beirut’s romp into second place. It is one of a handful of private campuses in the region that date back to colonial times; after independence, large state-run institutions became the norm. It has long been seen as the region’s university of choice—and not only for the quality of its education, which is conducted in English. Its beautiful, green campus rolls down to the sea in liberal Beirut, where something more akin to the Western freewheeling student experience is on offer. Other Gulf universities and three Egyptian institutions fill the next slots in the top 15; Jordan and Morocco sneak in near the bottom. The war-torn states of Syria and Yemen are, unsurprisingly, absent. But by world standards, Arab universities do not offer students a very good deal. King Abdulaziz only just made it into the global top 300. Teaching in the Arab world tends to emphasise rote learning rather than developing analytical skills. Facilities often lack the latest technology. Jaidaa Hamada, a lecturer in English at Egypt’s University of Alexandria, thinks the main problem is the huge number of students, who are assigned to subjects according not to their own choice, but to their school grades. Medicine, engineering and political science require high results. Low-scorers are concentrated in arts, business and education courses. The very wealthy send their sons and daughters abroad. Many never come back, contributing to a brain drain in the Arab world. The well-off who keep their children at home for their higher education often prefer to send them to new private institutions with smaller classes. Scores of these have opened across the region in the past decade. But their shiny facilities often mask curriculums and lecturers that are no better than the average public institution. Indeed, many reckon the quality is usually lower. In one unexpected way, however, Arab institutions are making rapid progress. Women now outnumber men in half of the top 15 Arab universities. Even in Saudi Arabia, where women cannot drive and must have permission from a male guardian to travel, women’s faculties are being added to what were all-male institutions. King Abdulaziz’s student body has 57 female students for every 43 males. Sadly, female graduates are not going into the workforce in the same numbers as their male peers. The Economist – Apr 2nd, 2016 Page 92 sur 104 Afghan refugees Living in limbo The treatment of Afghans shows how Europe’s asylum system is collapsing http://www.economist.com/news/europe/21695894-treatment-afghans-shows-how-europesasylum-system-collapsing-living-limbo SWEDEN seems idyllic to Munire, a 19-year-old Afghan asylum-seeker, and her two sisters. The three orphans travelled on their own from Iran, where they were living illegally and had no access to education. Now they live with a foster family and go to school while they wait to hear whether or not they can stay. But the respite may be short-lived. Unlike their brother, who has been a Swedish resident for several years, they could find themselves sent back to a country that, although their birthplace, is no longer their home. The refugee crisis has created rifts in Europe between countries which have welcomed refugees, such as Germany and Sweden, and those which have not, such as Poland and Hungary. It has also exposed tensions in Europe’s asylum system as a whole. A welldesigned and relatively effective process has, under the pressure of numbers, started to crumble. Afghans, the second-biggest group of migrants to Europe last year at nearly 200,000, are the most likely to lose out. Asylum claims from Syrians, Eritreans and Iraqis are accepted at high rates across the European Union, at 97%, 87% and 85% respectively. For Afghans, the rate last year was only 69%. This prevents Afghans from being eligible for the EU scheme that relocates asylum-seekers in Greece and Italy to other countries, as refugees need to come from a country with a 75% acceptance rate. Those who try to make the journey themselves have become stranded, too. When tighter border rules came in at the end of February between Greece and Macedonia, Afghans were among the first to be refused entry, leaving thousands stuck in squalid tents on the border. Many countries that were once generous to migrants, such as Sweden, have started to toughen up, with stricter rules on bringing over family members and getting permanent visas. As a result, acceptance rates for Afghans in most European countries have started to fall (see chart). Several countries are trying to dissuade Afghans from making the journey. German officials describe how they have put up billboards in Kabul and Mazar-i-Sharif, emblazoned with “Leaving Afghanistan—are you sure? Thought it through?” A small number have also been sent back: in February 125 Afghans voluntarily left Germany. Sweden is trying to negotiate a treaty with Afghanistan to make such returns easier, says Morgan Johansson, the migration minister. http://cdn.static-economist.com/sites/default/files/imagecache/original-size/images/printedition/20160402_EUC826.png Page 93 sur 104 A recent deal on migrants between the EU and Turkey also does not apply to Afghans (or any other migrants except Syrians). It involves a “one-for-one” policy: for every Syrian returned from Greece to Turkey, the EU will resettle another from Turkey. Afghans stuck in Turkey frequently complain of discrimination. Mohammad Reza, a refugee from Herat province, says that an Iranian friend who joined him on the mountain crossing was given asylum in Europe a long time ago. “I don’t even have a file number,” he says. Unlike Syrian refugees, who have recently been granted temporary work permits, Afghans have no right to employment in Turkey. On March 23rd, three days after the EU deal came into force, Amnesty International, a human-rights watchdog, reported that around 30 Afghans had been forcibly removed from Turkey and sent back to Kabul, without their applications for asylum being properly processed. Part of the reason Afghans are disproportionately affected by the squeeze on migrants is that unlike Syria, not all of Afghanistan is at war—and its government is backed by the West. Last year Sweden declared that seven out of the 34 Afghan provinces, including Kabul, no longer met the criteria for internal armed conflict, and so are safe enough to send people back to. But several human-rights organisations disagree, arguing that parts of the country are becoming more dangerous, says Linn Ost Nori, a Swedish asylum lawyer. And armed conflict is only one reason asylum-seekers flee. Minority groups, such as the Hazara, are especially at risk of being targeted by the Taliban or of facing persecution. “We’re from the Shia minority, so we were second-class citizens,” says Mohsin Nijad, a metalworker from a town near Bamyan who left Afghanistan as a child, and who is now in Athens. Afghans are often treated badly in Iran, too, and struggle to get an education or a job. Afghans are also being caught by a crackdown on asylum-seekers who have entered through a third country. The statistics are patchy, but a survey in January of 191 Afghans on the Greek islands of Lesbos and Chios by the UN High Commissioner for Refugees found that 26% had lived outside Afghanistan, most of them in Iran, for at least six months before travelling to Europe. In February police chiefs in Austria, Croatia, Macedonia, Serbia and Slovenia signed a joint statement saying that if Afghan asylum-seekers had lived in a third country, such as Iran or Turkey, their claim would not be valid—despite the fact that screening refugees based on nationality alone shows “blatant disregard” for the Geneva Conventions, says Claire Rimmer Quaid of the European Council of Refugees and Exiles, an alliance of 90 NGOs. “Too often the rhetoric at the member-state level is that this group are economic migrants,” she says. Faced with the sheer numbers of refugees making their way to Europe, the EU has had to set some hasty rules. Sorting migrants by nationality is one such. But it is storing up trouble. Many refugees, like Munire and her sisters, will be faced with a new and far harsher asylum system in Europe—but have no family back in Afghanistan to go to. The result, says Elizabeth Collett, of the Migration Policy Institute in Brussels, a think-tank, will be a “population in limbo”. The Economist – Apr 2nd, 2016 A religious killing in Scotland A quiet man with a loud message A horrific murder prompts fears of more attacks on a small Islamic sect http://www.economist.com/news/britain/21695961-horrific-murder-prompts-fears-moreattacks-small-islamic-sect-quiet-man-loud Page 94 sur 104 http://cdn.static-economist.com/sites/default/files/imagecache/full-width/images/printedition/20160402_BRP006_0.jpg SHAH’S NEWSAGENT, in the Shawlands district of Glasgow, is firmly shuttered now. But the spirit of the man who ran it until his murder on March 24th lingers on in the hundreds of floral tributes that carpet the pavement outside. The “kindest, sweetest man”, says one card. Tellingly, there are also heartfelt messages from the local Methodist Church, a “Christian brother” and a “Jewish couple”, for Asad Shah was a Muslim, a member of the Ahmadiya sect, and a man who by all accounts believed firmly in embracing people of all faiths. Indeed, he had become something of a local celebrity for this, “a quiet man with a loud message” in the words of another mourner. And for this he might well have been killed as well. Mr Shah was found with multiple stab wounds outside his shop on the evening of the 24th and died in hospital. On March 29th Tanveer Ahmed, a 32-year-old from Bradford, in the north of England, appeared in court charged with the murder. Mr Ahmed, it is thought, is a Sunni Muslim. The murder has not only shocked the local community but has also provoked fears that a particularly vicious split among Muslims worldwide has finally arrived in Britain. Scotland, however, has prided itself on the lack of extremism among its 80,000 or so Muslims, so the authorities will be straining to ensure that Mr Shah’s death remains an isolated incident. The Ahmadi consider themselves Muslims but differ from the mainstream in that they believe Mirza Ghulam Ahmad, the 19th-century Indian who founded their tradition, was a latter-day prophet. In many Muslims’ eyes, this makes them un-Islamic and blasphemous. Pakistan’s Ahmadis, of whom there may be 4m, were declared to be non-Muslims by the government in 1974 and they have been subject to harassment and worse ever since. In effect, their faith has been criminalised. In 2010 gunmen entered two Ahmadi mosques in Lahore and killed 95 worshippers. Ahmadis have also been victimised and killed in Indonesia in recent years. There are about 25,000 Ahmadis in Britain, organised in 150 chapters across the country. Their first mosque was built in London in 1926. Perhaps 400 Ahmadis live in Glasgow. Until now, the Ahmadis report that relations with other Muslims have been generally good, although Abdul Abid, an elder at the Ahmadiya community centre in Glasgow, where Mr Shah worshipped, says that some of the sectarianism of Pakistan has always spilled over into their lives in Scotland. Certain Muslim-owned shops, for instance, will not stock goods produced by Ahmadiya communities. More importantly, says Mr Abid, certain imams have stoked hardline worshippers against the Ahmadiya and Muslim satellite channels have carried anti-Ahmadiya messages. Against this background some Ahmadis fear that Mr Shah’s murder could provoke others to attack them. “Intolerance breeds intolerance,” says an Ahmadiya leader, “so we want this problem nipped in the bud.” The Ahmadis have been trying to promote a positive image of Islam in Britain, running adverts on buses proclaiming “United against Extremism”, for Page 95 sur 104 instance. Now they want mainstream Muslim leaders to condemn unequivocally the same extremism that has very probably led to what the police describe as the “religiously prejudiced” murder of Mr Shah. Muslim leaders in Scotland have condemned the “outrageous, violent attack by one individual on another”, but that has not been enough for some Ahmadis. The local mosques and imams were invited to the Glasgow Ahmadiya centre on the morning of March 30th to show their solidarity with the grieving Ahmadis and to sign a joint statement. None came. It was “disappointing, an opportunity lost,” says Mr Abid. He accuses the imams of hypocrisy, of saying nice words but of failing to take a real stand together with the Ahmadis against extremism. One Muslim group has been accused of posting messages online gloating over Mr Shah’s death. “Love for all, hatred for none” is the slogan Ahmadis try to live by, and it seems to have inspired Mr Shah. Perhaps his death will help that message to prevail in the coming weeks and months. The Economist – Apr 2nd, 2016 Counter-radicalisation (1) Battle of ideas In the first of three articles about Western countries’ attempts to counter Islamist violence, we look at a Belgian programme for disaffected Muslim youngsters http://www.economist.com/news/international/21695875-first-three-articles-about-westerncountries-attempts-counter-islamist http://cdn.static-economist.com/sites/default/files/imagecache/full-width/images/printedition/20160402_IRP001_0.jpg “IT WAS a time-bomb; merely a matter of when,” sighs Rafiq, a young man who runs a newspaper shop in Vilvoorde, just north of Brussels. Surrounded by papers with pictures of the bombers who killed at least 32 people in the Belgian capital on March 22nd, Rafiq says he is sure more will follow in their footsteps. “In Molenbeek it’s all out in the open. It’s wellknown that terrorists live there. Here, it’s more hidden.” Vilvoorde is less notorious than Molenbeek, a suburb of Brussels that has become synonymous with jihadists and their sympathisers. Yet it has at least as troubling a history. Between 2012 and 2014 it is thought to have produced more recruits for foreign jihadist groups, as a share of Muslim residents, than anywhere else in western Europe. With a big Muslim population, and conveniently located on the AntwerpBrussels railway line, it proved Page 96 sur 104 an easy hunting ground for recruiters for Islamic State (IS). Security officials believe that 28 young locals had left for Syria by May 2014. Khadija Boulahrir, who now works in Brussels, still cannot believe that her former playmates joined IS. In the town’s Grote Markt square, Hamed, an older man, says he understands all too well. “There is nothing to do here for them,” he says. “No jobs, no apprenticeships, nothing.” Of Vilvoorde’s 43,000 inhabitants, 43% are of foreign origin; nearly half of those are unemployed. Many have parents or grandparents who came here as guest workers, before the local Renault factory closed 20 years ago. But in one respect Vilvoorde is very different from Molenbeek. In 2014 it decided to counter the lure of violent extremism head-on, with a prevention programme aimed at youngsters thought to be at risk. As the investigation into the bombings extends across Europe, evaluating its effectiveness has become a matter of urgency. The Vilvoorde programme starts from the premise that alienated youngsters are most likely to turn to violent extremism. “We want to give them a stake in society,” says Moad el Boudaati, a social worker whose best friend was among those who left for Syria. Most of those who join IS come from broken homes, where the father is absent and the mother has lost all authority, he says. Now he spends much of his time meeting parents, speaking with young people and working with imams. Tip-offs may come from schools or parents: after the Charlie Hebdo attacks in Paris last year many teachers called, alarmed by pupils who called the killers heroes. For each tip-off a team is set up; perhaps a health worker, a religious leader, a social worker, someone from the parent network and a school employee. It may offer therapy, help in finding a job, or housing support or parenting advice for the family. The aim, says Jessika Soors, who runs the scheme, is to “increase resilience, both of the families and the young people”. Relations between the police and local youngsters used to be disastrous, says Mr el Boudaati. Frequent house searches and random frisking on the street bred resentment. Now matters are slowly improving; police hold town-hall meetings to hear young peoples’ grievances. But Ms Soors is adamant that police involvement remain limited so as not to jeopardise trust. Opinions are divided over the effectiveness of showering could-be jihadists with attention and support. (A similar programme in Aarhus, Denmark, is even more generous.) And, like all prevention programmes, this one is hard to evaluate—how to count the youngsters who would have left had it not been for timely intervention? But in a positive sign, authorities think no further recruits have left from Vilvoorde since May 2014. Yet a new challenge is looming. Of the 28 who left to fight before that date, eight are known to have died in Syria (including Mr el Boudaati’s former best friend) and three are in prison in Belgium. One who returned and is living in Vilvoorde is intensively monitored and supported by local services. Hide and seek Keeping tabs on returning IS fighters is more onerous than preventing someone leaving for Syria in the first place. Both in Belgium and elsewhere, they may live openly, claiming to have volunteered in refugee camps. Others go into hiding: the arrest in Molenbeek on March 18th of Salah Abdeslam, the Belgian-born prime suspect in the attacks on Paris last November, demonstrated the frightening ease with which security services could be evaded. According to the authorities, at least one returned fighter is among the eight suspects in the Brussels and Paris attacks who are still on the run. The Economist – Apr 2nd, 2016 Page 97 sur 104 Counter-radicalisation (2) Talking cure France puts its faith in secular authorities to help fight radical Islamist ideas http://www.economist.com/news/international/21695874-france-puts-its-faith-secularauthorities-help-fight-radical-islamist-ideas-talking http://cdn.static-economist.com/sites/default/files/imagecache/original-size/images/printedition/20160402_IRM943.png IN THE 15 years since the terrorist attacks of September 11th 2001, many attempts have been made to draw people away from the jihadist world-view, involving health, social and security services; national and local authorities; and secular purveyors of advice as well as religious ones. Saudi Arabia lavishes cash on suspected terrorists who co-operate with its deradicalisation programme, setting them up with jobs, cars and even wives. Efforts by Indonesia’s government have been intensive but snarled up in the wider problems of a corrupt prison system; as in many countries, local initiatives have done better than central ones. In Western democracies schemes have targeted both those suspected or convicted of terrorist offences and those thought to be at risk of going down the same path. Not only the tools, but the aims and terminology vary. Some pundits reject the term “deradicalisation”, which became popular in Europe a decade ago, because it seems focused on the individual, ignoring social context. Some make a sharp distinction with counterradicalisation—attempting to stop people turning to violent extremism in the first place. And in many countries “countering violent extremism” has become the preferred expression for both. It is often stressed that ultra-right fanaticism must be targeted, as well as the Islamist kind. Whatever they are called, all such programmes now face a growing challenge. By the end of 2015 the number of jihadists from western Europe fighting in Syria had doubled in just 18 months. Governments are scrambling to stop more joining them, and to deal with those who return. As a share of population, Belgium is the western European country that has supplied the most fighters to IS. But in absolute numbers France is top (see map). Twice targeted by Islamist terrorists and still under a state of emergency, it has turned somewhat belatedly to deradicalisation. Earlier this year it began a compulsory re-education programme in four prisons, where convicted terrorists have been grouped into special units. It is soon to open its Page 98 sur 104 first residential centre, for radicalised young adults. Some of the most interesting experiments, however, have emerged at the local level. Unlikely as it may seem, Alpes-Maritimes, the department that covers the swish Côte d’Azur, has one of the biggest problems with radicalisation outside the Paris region. A short drive from the shuttered façades and palm trees of old Nice, and in the shadow of a raised motorway bearing fast cars towards nearby Monaco, grim concrete tower blocks crowd into the narrow valley. Partly thanks to the efforts of a vigorous local recruiter, Omar Omsen, at least 55 residents from Nice or nearby towns are currently fighting in Syria, including 11 members of one family. Since 2014, the department has recorded 522 alerts about newly radicalised individuals, and it recently closed five underground prayer houses suspected of preaching violent Islamism. A year ago Alpes-Maritimes put in place a programme that has become something of a model. Thanks to local family-help organisations such as Entr’Autres, the department has trained teachers, social workers, doctors, policemen, prison officers and others to watch for signs of radicalisation and sound the alert. The basis for detection is a grid, devised by the French interior ministry. Signs range from the weak, such as a teenager who cuts himself off from his friends, to the strong, such as a pupil who defends terrorism in the classroom. A national telephone helpline for families also flags local warnings. A counter-radicalisation cell meets weekly to sift cases. When the system works, alerts have stopped some youngsters leaving for jihad in Syria. Last year two teenage boys were hauled off a plane at Nice airport before take-off. Under French counter-terrorism laws, would-be jihadists can be forbidden from leaving the country, and their passports confiscated. Thanks to an extra €425m ($476m) for counter-terrorism in last year’s national budget, if such hard-core cases involve minors, they can be referred to counsellors. “Some young people turn up like blocks of concrete,” says Patrick Amoyel, a psychoanalyst and co-founder of Entr’Autres. In a consulting room fitted out with a regulation couch and ample supply of cushions, he sees non-residential patients referred by the counterradicalisation cell. Analysts follow a three-stage process. First, says Mr Amoyel, they need to forge trust. For an ordinary patient in psychoanalysis this requires a few weeks; with radicalised youngsters it can take months, if it happens at all. Next comes the attempt to “break down their ideological certainties” by finding a weak point in their armour of beliefs. Third, the putative jihadists are confronted with a “counter-discourse”, sometimes with the help of (often Muslim) mentors. Room for doubt “The objective is to bring someone back from the edge,” says Mr Amoyel, “from the point at which the radicalised mind turns to terrorism.” Brigitte Juy-Erbibou, co-founder of Entr’Autres, is most hopeful about the young girls, whether Muslim or converts. Some seem to be in the grip less of political Islam, she says, than of an adolescent identity crisis. But Mr Amoyel reckons there is, at best, a 50:50 chance of turning a hardened teenage boy. Two difficulties mark the French experience. One is linked to the country’s strict secular tradition, which keeps religion out of public institutions. Alpes-Maritimes has begun, tentatively, to include local Muslim leaders. Many social workers and teachers, however, remain uncomfortable. Yet excluding religion leaves a big credibility gap. Boubekeur Bekri, an imam in a tough part of Nice, says the youngsters he tries to talk out of extremism have been “exploited by ideas that have nothing to do with our religion”, so the fact that he shares their faith is “decisive”. Page 99 sur 104 The second issue, shared with other countries, touches fears about confidentiality. Those encouraged to flag trouble do so voluntarily. Yet social workers, trained in child protection, do not want to be seen as informers. There are particular worries about what happens to such information in a country that keeps intelligence files on some 10,500 Islamists and is under a state of emergency. Yet the need to step in and talk to young teenagers, long before they contemplate strapping explosives to their backs, makes it essential to look out for small early-warning signs. Perhaps most striking, the experience in Alpes-Maritimes reveals a three-way cultural gap between the security-driven tradition of French counter-terrorism, that of psychological therapy, and scholarship on political Islam. If deradicalisation is to mean anything—and some Islamic scholars are sceptical—it needs to link all three. Even the French intelligence services now recognise that a security-driven approach is not enough. “We should be honest,” says David Thomson, author of a book on French jihadists. “These programmes haven’t yet deradicalised anybody.” A 15-year-old girl from the French Alps recently tried to leave for Syria—after spending time in a deradicalisation programme. Mr Thomson, who is conducting research with returned jihadists, says such teenagers are typically drawn to fight through a sense of social humiliation. Working out the causes of this may be as important a part of the effort as counselling or surveillance. Deradicalisation, says one official, is a “growing industry with lots of exaggerated claims”. The aim, he says, “has to be to stop the process of radicalisation in the first place.” The Economist – Apr 2nd, 2016 Counter-radicalisation (3) A disarming approach Can the beliefs that feed terrorism be changed? http://www.economist.com/news/international/21695876-can-beliefs-feed-terrorism-bechanged-disarming-approach Peaceful coexistence http://cdn.static-economist.com/sites/default/files/imagecache/full-width/images/printedition/20160402_IRP002_0.jpg ACCORDING to Peter Neumann, a terrorism-watcher at King’s College London, experience points to three common features in successful efforts to wean someone off extremism. He must already have inner doubts; trusted people, whether imams, friends or relatives, must be involved; and he must be offered an alternative peer group. He may also be more concerned with personal problems or geopolitical grievances than matters of theology. Page 100 sur 104 Still, given that IS’s appeal lies in a perverse but seductive form of religion, some of the counter-argument has to be religious. How to persuade a jihadist, or somebody tempted by jihadism, that there might be better, and truer, ways to understand Islam than the murderous fanaticism of IS and similar groups? One approach is to challenge their vision of the world, according to which a place belongs either to Dar al-Islam, the realm where Islam prevails, or to Dar al-Harb, where the faith’s enemies are to be found. In the land it controls, IS claims to have re-established Dar al-Islam with a purity comparable to the first Muslim community. The more idealised his vision of Dar al-Islam, the easier it is for an impressionable young Muslim to convince himself that everywhere else is Dar al-Harb, a zone of adversaries deserving no mercy. But a mentor can show that this division has never been binary. There are intermediate situations such as Dar al-Dawa, the abode of invitation, where Islam does not predominate but can be practised and preached freely. Another important term is Dar al-Ahd, abode of the contract: places which live in established peace with Muslims. Some Muslim scholars say the West is a more comfortable place to practise the faith than many Muslim-majority countries. And Islam has a lot to say about loyalty and obedience to states that allow Muslims to live safely and devoutly. To the jihadist and the Islamo-sceptical Westerner alike, sharia law may conjure up images of cruel religious punishment. To a young Muslim frustrated by the ambivalence of life in the West, there may be something seductive about the idea of swift, ruthless justice, ordained by God and therefore not open to question. But a mentor can suggest returning to the original meaning of sharia: a way of promoting the well-being of the individual and the community. The term refers not only to retribution but to Islam’s positive guidance for living generously and humbly. A hardened jihadist may have been swayed by “The Management of Savagery”, a kind of manifesto for al-Qaeda and its imitators that was published online in 2004. It calls for merciless violence, especially in Muslim countries where Western countries have some influence. The intention is to foment grievance, force the West to over-react and bring about chaos and collapse from which a true caliphate can emerge. It may be possible to convince the subject that all this is alien to the philosophy of war set out in the Koran and by its interpreters. These emphasise that war should only be waged in response to aggression, treachery or a broken treaty, and that civilians should be spared. Today’s jihadists can also be cast in an unflattering light by drawing parallels with an extremist sect from Islam’s earliest days. Known as the Khawarij, they turned against the caliph of the day and assassinated him, because he was emollient enough to submit to arbitration in a conflict with a rival. The Sunni preachers of IS strongly reject the comparison between themselves and the Khawarij. But the defining feature of the Khawarij, shared with today’s terrorists, was a fondness for denouncing as infidel any Muslim less fanatical than themselves. Among Muslims who set out to woo people away from terrorism, none of these points is much disputed. Each is intended to challenge the jihadists’ claim to be returning to Islam’s purest sources. But that does not mean that the work is free of controversy. In Britain, especially, there has been bitter argument, not over how to go about mentoring, but over who should do it. Is the job best given to religious teachers who themselves hold quite hard-line theological and political views and can therefore partly empathise with their subjects, or should it be restricted to those who espouse secular notions of liberty and equality, including, for example, gay rights? Page 101 sur 104 Words and wounds In recent years, the more restrictive view has prevailed. In comparison with interventions focused on social work elsewhere, Britain’s deradicalisation programme, known as Channel, is perceived to be police-led. It is part of an anti-terror strategy known as Prevent, which was denounced this week by a teachers’ union for requiring teachers to report on their pupils. Channel is also theology-heavy—but it only uses mentors who espouse liberal democracy, secular law and Western notions of freedom, tolerance and equality. They must unconditionally oppose attacks on British forces. Rashad Ali, one of those mentors and a fellow of the Institute for Strategic Dialogue, a think-tank in London, argues that deradicalisation can be worse than useless if practitioners, while condemning IS, condone other violence. The difficulty, insists Alyas Karmani, a British imam who has mentored jailed extremists but has now fallen out of official favour, is that restricting the pool to such impeccably liberalminded folk disqualifies the great majority of those well-placed to communicate and empathise with their subjects. In particular, imams who share their subjects’ anger at Western foreign policy, for example the use of drones over Pakistan and Afghanistan, are excluded. In Islamic terminology, there is a degree of ijma, or consensus, on what to say to a would-be jihadist. But on who should say it there is fitna, a state of dangerous strife. CCLJ Revue du Centre communautaire laïc juif ATTENTATS DE BRUXELLES LUC DARDENNE : "DANS LES ANALYSES SUR LE DJIHADISME, ON NE PREND PAS ASSEZ EN COMPTE LE FACTEUR RELIGIEUX". Lundi 4 avril 2016 par Luc Dardenne, cinéaste Dans ce texte publié dans les Inrocks*, le cinéaste belge Luc Dardenne exprime son désaccord avec une certaine analyse de gauche disant que la radicalisation dépend de causes sociales. http://www.cclj.be/node/9176 Ce mardi 22 mars, j’étais avec ma fille à la maison et nous avons été sous le choc. On pense bien sûr avant tout aux victimes, à leurs proches. Après, ce qui est terrible, c’est qu’on n’est pas surpris. Il faut prendre conscience que dans notre pays se sont développés d’importants réseaux islamistes. On se doutait que Bruxelles serait un jour la cible d’attentats plus amples que l’attentat antisémite du musée juif en raison de la présence de l’OTAN et des institutions européennes. Ces attentats ressemblent à ceux du 13 novembre à Paris, ils visaient n’importe qui dans la population. Depuis le 11 septembre 2001, je pense que nous sommes entrés dans une nouvelle guerre. Confirmée en février 2002 par l’égorgement de Daniel Pearl après lui avoir fait dire « je suis juif, fils de juif, je mérite la mort ». Des gens de gauche comme moi ont longtemps cru que la haine qui se profilait était le fait d’une petite minorité, or on voit que cette haine est très répandue et très profonde. Je ne suis pas un va-t-en-guerre mais je pense que nous sommes confrontés à une nouvelle forme de guerre, qu’il faut y répondre et neutraliser ces islamistes le plus rapidement possible. Page 102 sur 104 Un jour, j’ai demandé à un responsable musulman belge, pourquoi vous ne dites pas massivement « pas en notre nom ! » et il m’a répondu que cela donnerait le sentiment que la communauté musulmane doit se justifier. Je lui ai dit que ce n’était pas la question. Au moment de la guerre d’Algérie, des milliers de Français sont descendus dans la rue pour crier « pas en notre nom ! ». Il ne s’agit absolument pas d’accuser tous les musulmans, mais puisque ces crimes sont commis au nom de l’islam, les musulmans qui rejettent cela doivent dire en quoi leur religion n’est pas compatible avec cette violence terroriste et pourquoi cependant elle peut être revendiquée par ces terroristes islamistes. Or, les musulmans bougent encore trop peu. Dans leur communauté existe un contrôle social puissant. Je connais des musulmans qui osent parler, mais avant d’oser dire que l’on est Charlie, que l’on désapprouve sans aucune réserve tous les attentats, il faut du courage. Dans les années 90, j’ai donné des cours dans une école de devoirs maghrébine d’un quartier populaire de Bruxelles. On ne parlait jamais d’intégration mais le but était de partager des valeurs communes. Je recevais donc des garçons maghrébins, tout se passait bien, ils disaient bonjour à ma femme, etc. Un jour, le plus grand est allé en cours à la mosquée où il apprenait l’arabe et le Coran. La semaine qui a suivi, il n’a plus désiré donner la main à ma femme et à commencer à me poser des questions qui témoignaient qu’il était pris dans des conflits de loyauté. On avait commencé à lui monter la tête, à lui apprendre que « eux, c’est pas nous »… Ce « eux, c’est pas nous » prêché dans les mosquées est un discours de haine qui après un certain temps peut déboucher sur « tue-les ». Dans les analyses sur le djihadisme, on ne prend pas assez en compte le facteur religieux. Les imams wahhabites sont en Belgique depuis les années 60 et prospèrent depuis les années 90 prêchant dans la plupart des mosquées officielles et non officielles du pays. Très peu, disent les gens informés, prêchent le djihad, mais tous ils prêchent le séparatisme : « eux ce n’est pas nous ». J’ai senti depuis longtemps se développer ce fanatisme religieux et c’est en cela que je suis en désaccord avec une certaine analyse de gauche disant que la radicalisation dépend de causes sociales. Ces causes sociales jouent un rôle mais pas l’essentiel : Abaoud était le fils d’un commerçant prospère de Bruxelles, un des kamikazes de Paris avait un emploi à la RATP, les membres du commando des attentats du 11 septembre étaient diplômés… Je pense qu’il faut admettre que l’endoctrinement religieux a crée un imaginaire qui se développe de manière autonome et est capable de capter des jeunes musulmans vivant dans des conditions sociales diverses. Dire que le djihadisme est causé par le chômage, c’est comme si on disait que le traité de Versailles ou le chômage des années 1930 en Allemagne étaient les premières causes de la shoah ! Le chômage est bien sûr un problème mais ne suffit pas à expliquer pourquoi on devient tueur fanatique. J’ai peur des islamistes mais je ne suis pas islamophobe. Je n’ai rien contre la liberté de culte, j’estime normal que la religion et la culture musulmanes fassent partie des traditions européennes, mais le fanatisme islamiste n’est pas compatible avec la démocratie. Les islamistes développent une haine féroce de l’occident et les intellectuels européens, responsables publics ou leaders d’opinion qui ne prennent pas conscience de cela, qui ne parviennent pas à désigner notre ennemi, sans faire d’amalgame, ceux-là ont une responsabilité énorme. Avec Jean-Pierre, nous avons voulu produire le film Fatwa de Mahmoud Ben Mahmoud, cinéaste tunisien vivant en Belgique. Le film raconte l’histoire d’un père marocain qui revient en Belgique pour enterrer son fils soi-disant suicidé, et qui découvre que le fils a été en fait liquidé par un groupe islamiste pour avoir refusé de participer à un attentat. Ce scénario a Page 103 sur 104 été refusé à plusieurs reprises par le CNC français et certains producteurs français au motif que le film disait « les assassins sont parmi nous ». Mahmoud, qui en connait un rayon sur sa culture musulmane, qui a connu les scouts musulmans belges qui sont à l’origine de Sharia 4Belgium, me disait « c’est dingue, ils ne comprennent pas ce qui se passe ». Nous étions en 2008. *Propos receuillis par Serge Kaganski Page 104 sur 104