LE VESUVE CAMPANIE

Transcription

LE VESUVE CAMPANIE
CAMPANIE
LE VESUVE
L’ERUPTION DE 79
Au début du premier millénaire, le Vésuve n’était pas considéré comme un volcan actif
et sur ses pentes, à cause de la beauté et de la fertilité du lieu, s’étaient développées
quelques cités florissantes. L’éruption cataclysmique qui secoue toute la région en août
79 va rayer de la carte plusieurs d’entre elles.
UNE DATE CONTESTÉE
Quel fut véritablement le dernier jour de
Pompéi ? D’août à novembre, la date varie
selon les chercheurs. Les théories s’appuient
sur les trouvailles relatives aux produits agricoles. Toutefois la découverte, en septembre
92, de noyaux de pêche dans une villa rustique
proche de Pompéi semble étayer solidement
la date du 24 août. Date que confirme l’étude
des textes de Pline, où il apparaît que la veille
de l’éruption se célèbraient les fêtes
Vulcaniennes (le 23 août de chaque année).
❖ Tous les textes sont des extraits des deux lettres que Pline le Jeune écrivit à son ami Tacite,
désireux de connaître les circonstances de la
mort de Pline l’Ancien (première lettre), puis le
déroulement de l’éruption tel que Pline le jeune
l’avait vécu à Misème, c’est à dire de l’autre côté
de la baie de Naples (2ème lettre).
En ce qui concerne les termes liés au volcanisme, se référer à la fiche “clés”.
Une colonne de cendres et de
ponces s’élève à plus de 20 km
de hauteur
“Sa forme approchait celle d’un arbre, et d’un pin plus
que d’aucun autre. De fait étiré en une espèce de tronc
très long, il s’élargissait vers le haut sans doute poussé
au départ par un courant ascendant, puis, quand celui-ci
était retombé, la nuée laissée seule ou vaincue par son
propre poids se dilatait et se répandait, tantôt blanche,
tantôt sombre et sale, à cause de la terre et de la cendre
qu’elle transportait”.
Pline le Jeune, première lettre à Tacite
Les vents empor tent le nuage
vers le sud-est.
Une pluie de
ponces s’abat sur
Pompéi.
DES SIGNES PRÉCURSEURS
Les signes avant-coureurs de la catastrophe n’avaient pourtant pas manqué.
Un violent séisme, quelque 17 ans auparavant, avait ébranlé la région.
Temples, maisons, portiques s’étaient effondrés en grand nombre, et lorsque
l’éruption survint, les travaux de restauration n’étaient pas tous achevés.
Cependant les travaux de réfection en cours à plusieurs endroits dans
Pompéi réparaient probablement les dégâts dus à des secousses plus récentes (voir encadré ci-dessous).
Les jours qui précédèrent l’éruption furent agités par de nombreuses secousses auxquelles, nous dit Pline le Jeune, “il n’avait pas été donné trop
d’importance car cela était fréquent en Campanie”. Jusqu’à la dernière minute donc, les habitants du golfe de Naples vécurent dans l’ignorance du
sort qui les attendait.
LE DÉROULEMENT DE LA CATASTROPHE
NOUVEAU SCÉNARIO
Les dernières fouilles effectuées à Pompéi, menées dans l’insula 12 du secteur IX, avec beaucoup plus de rigueur et de moyens techniques, ont permis de préciser un certain nombre d’informations sur la catastrophe qui a
enseveli la ville.
Notamment on a distingué les dégâts du violent tremblement de terre de
62, pour la plupart réparés, des dommages dus au séisme qui a précédé de
peu l’éruption, séisme qui jusqu’alors était plutôt passé inaperçu.
L’étude des différentes couches de matériaux, des squelettes retrouvés, de
l’état des bâtiments eux-mêmes, accrédite une nouvelle reconstitution des
phases éruptives.
Premières alarmes
Une série d’explosions dues à la rencontre du magma avec la nappe phréatique superficielle amène dans un premier temps une émission de cendres
dans la partie Est du volcan et sur la côte au pied de la montagne, d’où les
appels à l’aide des habitants.
Un nuage en forme de pin
L’éruption explosive débute soudainement par l’émission d’un nuage dont
Pline le Jeune et son oncle, l’amiral et naturaliste Pline l’Ancien, observant
ce phénomène depuis Misène, distante de 30 km, ne savent dire de quelle
montagne il provient. C’est dire comme le Vésuve leur semble au-dessus de
tout soupçon !
Pendant 6 heures, cette colonne de gaz, cendres, ponces et morceaux de
pierres qui soulève jusqu’à au moins 20 km de haut, à la vitesse de plusieurs
mètres/seconde, plusieurs milliers de mètres cubes à la seconde, s’élargit et
laisse retomber une pluie de lapilli dont le niveau atteint bientôt plus de 2m;
à Boscoreale, Oplontis et Pompéi, de nombreuses victimes sont sans doute
déjà à déplorer.
Parallèlement un écoulement de boue (lahar) a déjà détruit Herculanum
dans l’après-midi et modifié sensiblement le profil de la côte, empêchant
Pline l’Ancien de débarquer.
Une accalmie
A la tombée du jour, une apparente pause semble se dessiner. Malgré les
tremblements de terre et les chutes de pierres qui ne cessent pas, certains
vésuve savoir+ - 2
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PHASE D’OUVERTURE
PHASE EXPLOSIVE
Eruption peu violente
dans la partie Est du volcan et sur la côte.
Eruptions très violentes qui
forment une colonne “plinienne” de 20 km de haut.
Importante chute de pierres et
de lapilli sur la zone sud-est du
volcan (Pompéi, Stabies…)
Probable coulée de boue destructrice sur Herculanum.
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PHASE DE TRANSITION
Une violente activité sismique, accompagnée par de faibles retombées de cendres,
est entrecoupée de pauses relativement
longues.
Au petit matin, une nouvelle éruption,
très violente, met fin à cette relative accalmie.
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24 août
Appels au secours en
provenance des en virons du Vésuve
Il débarque à
Stabies
Observation du nuage en forme
de pin
Les appels à l’aide arrivent
à Misène
Pline atteint la côte au pied
du Vésuve
Départ de Pline l’Ancien à bord
de bateaux
“Dans la cour par laquelle on accédait à la chambre, les
cendres mélangées aux pierres s’étaient accumulées
au point que s’il était resté dans sa chambre, mon
oncle n’aurait plus pu en sortir.{...}Suite à de fréquen tes secousses telluriques; la maison tremblait et,
presque arrachée à ses fondations, elle semblait aller
tantôt ci, tantôt là et retourner ensuite à sa place “
L’avalanche
incandescante
atteint presque 550°
❖ Des explosions superficielles de vapeur surchauffée, appelés surges, produisent un nuage
de gaz et de cendres en forme d’anneau tout
autour du centre de l’explosion. Cet anneau se
dilate horizontalement à la vitesse d’un ouragan et descend le long de la pente du Vésuve.
Les victimes moururent étouffées à cause de la
très haute température de ce nuage de vapeur
mêlée à d’autres émanations toxiques.
“ Enfin, ce nuage de cendre et de suie commença à se
dissiper et s’évanouit à la façon d’une fumée, puis le
jour vint et le soleil se leva, un soleil pâle et livide
comme au moment d’une éclipse. A nos yeux, encore
tremblants, tout nous parut étrange. Des monceaux de
cendre recouvraient tous les objets comme un manteau
de neige”.
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25 août
A Misène, Pline le Jeune est
réveillé par une violente se cousse sismique
PHASE D’ÉCOULEMENTS
Plusieurs écoulements dont le
premier sera mortel pour beaucoup d’habitants de Pompéi et
Stabies. Rien ne résiste à la
force destructrice du second.
Raz de marée.
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Mort de Pline l’Ancien,
étouffé par des gaz
asphyxiants
L’ÉRUPTION
• telle qu’elle se serait déroulée selon les nouvel les recherches. (en haut).
• telle qu’elle apparaît dans les deux lettres de
Pline (en bas)
habitants de Pompéi quittent leur abri précaire ou retournent dans leurs
maisons qu’ils avaient laissé ouvertes.A l’aube, le pire allait arriver pour eux.
La phase d’écoulements
La reprise de l’activité est probablement due à l’interaction de la colonne
magmatique avec les nappes d’eau profondes. La colonne plinienne s’est
complètement effondrée, laissant place à des flux pyroclastiques et à des
“nuées ardentes” qui détruisent tout ce qui reste de vie à Pompéi : hommes
et animaux meurent asphyxiés par une première nuée ❖. Un deuxième
écoulement, particulièrement dévastateur, escalade les murs de la ville, des
façades sont pliées, des toits arrachés : comme un torrent en crue, il emporte briques, poutres, tuiles... sur son passage. Puis trois autres écoulements, moins violents, scellent définitivement le sort de la ville.
Durant cette phase de l’éruption, le sommet du volcan laisse place à une caldera, l’actuel monte Somma.
Le volcan se calme
L’éruption aurait duré une trentaine d’heures ; mais pendant deux jours encore, tous les gens qui se trouvaient dans un rayon de plus de 30 km autour
du Vésuve, passèrrent de longues heures dans une obscurité suffocante en
attendant une mort qui leur paraissait certaine, quand, tout doucement, réapparut l’aube d’un jour nouveau…
UN BILAN CATASTROPHIQUE
“Des monceaux de cendre” : t elles sont les premières images qui apparaissent à
Pline le Jeune au matin du troisième jour qui suit le déclenchement de l’éruption.
Plus près du volcan, les bouleversements étaient plus importants encore. Un
océan de poussière et de roches s’étendait à perte de vue. Il avait englouti
les villes, les routes, les rivières, les arbres... 3km3 de cendres avaient étouffé
et noyé toute forme de vie au pied du volcan.
La ligne du rivage s’était déplacée de plusieurs centaines de mètres, et, là où
jadis on pêchait au milieu de la mer, aujourd’hui on marchait à pied sec.
Mais le plus étonnant était survenu au Vésuve lui-même. Son cône, l’avantveille encore majestueux, qui lançait d’un jet ses pentes jusqu’à plus de 2000
mètres au-dessus des eaux de la baie de Naples, était à présent, écrasé, réduit d’un tiers de sa hauteur et largement ouvert à son sommet par un cratère de 4 km de diamètre.
Des milliers de personnes s’étaient laissé surprendre par la violence des explosions et avaient disparu.
Conception et réalisation : Michèle GOZARD, d’après un texte de Patrice Mauriès, des données de l’observatoire du Vésuve
et les recherches menées dans la maison des Amants chastes à Pompéi - Edition 2001