l`histoire - Archives du Morbihan

Transcription

l`histoire - Archives du Morbihan
N°
4
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l’histoire
Journal d’information semestriel des archives départementales
DÉPARTEMENT DU MORBIHAN
Édito
En ce début d’année 2015, je souhaite en premier lieu vous adresser à toutes et à tous mes meilleurs vœux.
Après avoir fêté les 20 ans de l’ouverture de leur bâtiment, le Département a renouvelé les conditions
d’accueil du public en salle de lecture et sur internet.
Avec la mise en ligne du nouveau site internet début septembre, l’ouverture de la salle de lecture
réaménagée le 27 octobre dernier et enfin le rafraîchissement des espaces verts en décembre, on peut dire
que les Archives se sont modernisées en 2014. Cet effort doit se prolonger en 2015, avec pour objectif de
proposer un service toujours plus adapté et performant aux Morbihannaises et aux Morbihannais.
2014 a également été l’année de la commémoration du centenaire de l’année 1914 avec, entre autres, la
magnifique exposition consacrée aux Morbihannais dans la guerre 14-18 présentée jusqu’en juin 2015. Ce
travail de mémoire est indispensable et je suis heureux du succès qu’il rencontre, notamment auprès des
scolaires, dont le rôle dans la transmission de ce souvenir est absolument essentiel.
Encore une fois, ces actions de commémoration se prolongeront en 2015 avec la mise en ligne de
l’ensemble des registres matricules des combattants morbihannais de la Grande Guerre et la mise à
disposition, après un travail de classement long et souvent complexe, de nombreux fonds d’archives
relatifs à cette période. En attendant ces réalisations, j’ai le plaisir de vous présenter ce nouveau numéro
des Coulisses de l’Histoire en compagnie duquel vous passerez je l’espère un agréable moment, plein de
surprises et de découvertes.
Le Président du Conseil départemental
Sommaire
Édito........................................ p. 2
D comme instruction publique..... p. 8
La numérisation, une solution
d’avenir.................................... p. 3
Les élèves à l’épreuve de l’exercice
public...................................... p. 9
Les archives de Malestroit,
cité millénaire........................... p. 4
Le coin du paléographe............. p. 10
Actualités................................ p. 11
Les poches de Lorient et
de Saint-Nazaire....................... p. 6
Les Coulisses de l’histoire, journal d’information. N°4 - Janvier/juin 2015.
Publication des Archives départementales du Morbihan. 80 rue des Vénètes. CS 52405. 56010 Vannes Cedex. Directeur de la publication : François Goulard. Directeur de la rédaction : Florent Lenègre. Rédacteur en chef :
Bénédicte Piveteau. Rédaction : Florent Lenègre, Maud Sallansonnet, Michelle Ruz-le-Badézet, Bénédicte Piveteau, Marie Thouvenot. Réalisation graphique : Gwénaëlle Delsaut. Impression : Imprimerie départementale.
Tirage : 5 000 exemplaires – ISSN 2274-1062 - Janvier 2015. Pour tout contact : [email protected]
Illustration de la couverture : Salle de lecture. © Gwénaëlle Delsaut
2/12
Journal d’information des Archives départementales du Morbihan
En coulisses
La numérisation, une solution d’avenir
D
epuis le milieu des années 1950, les
Archives départementales mènent une
politique de reproduction de certaines de
leurs collections, sous forme de microfilms
d’abord, d’images numériques ensuite. La
première raison qui sous-tend cette politique
est de préserver les documents de la menace
que fait peser sur eux la très grande fréquence
dans leur consultation. La seconde, plus
récente, vient de la volonté de les diffuser
auprès du plus grand nombre, en recourant
aux nouvelles technologies.
C’est l’état civil qui a le premier bénéficié de cette
politique, les registres antérieurs à 1800 pour
commencer. Déjà dupliqués sur microfilms, ce
sont leurs bobines qui ont été numérisées à partir
de 1998. Viennent ensuite les actes du 19e siècle
et du début du 20e siècle, numérisés en plusieurs
phases qui s’échelonnent de 2002 à 2010, à
partir de bobines ou de registres originaux.
Ainsi, depuis 2010, la quasi-totalité des actes
d’état civil et des tables décennales conservés
aux Archives départementales, soit environ
deux millions d’images, est accessible sur
Internet.
Les titres de presse parus dans le département
entre le milieu du 19e siècle et la fin de la
seconde guerre mondiale ont fait l’objet de la
même attention. Microfilmés puis numérisés
entre 1997 et 2003, 181 titres ont ainsi été mis
en ligne en décembre 2007 ; ils représentent
environ 390 000 pages.
En 2007-2008, ce sont les plans du cadastre
ancien (1802-1901), soit 6 240 planches de
grand format, qui sont reproduits en couleurs
et également mis en ligne.
Dernière collection concernée par ce type
d’opération, toujours en cours : les registres
de recensement militaire des classes 18671921. Entre 2010 et 2013 ont été reproduits
les registres des classes 1867-1912 ; ils sont
actuellement consultables en ligne. Ceux des
classes 1913-1921 seront mis en ligne en 2015.
Ces campagnes importantes ont été confiées à
des prestataires extérieurs.
Le travail préparatoire a mobilisé d’importantes
ressources au sein du service : estimation des vues,
restauration, reconditionnement, préparation
et suivi des prestations. Sans compter, en fin
d’opération, le contrôle des fichiers produits et
les travaux nécessaires à la mise en ligne.
Parallèlement, depuis quelques années, le service
a mené en interne une campagne de numérisation
de documents petit format issus des fonds
iconographiques : photographies, plaques de
verres, cartes postales.
Cette campagne va s’intensifier prochainement
du fait de l’acquisition d’un nouveau matériel qui
permet de traiter les registres et documents grand
format.
Scanner à grand format. © Michel Frélézaux
Zoom sur
Les archives de Malestroit,
cité millénaire
P
armi les 261 communes du Morbihan,
Malestroit renferme un riche patrimoine
architectural et archivistique témoin prestigieux du passé historique de cette cité
millénaire dont les origines remontent à la
construction d’un château féodal sur l’îlot de
la Sauldraye en 987.
Avec huit mètres linéaires, le fonds malestroyen
déposé aux Archives départementales se distingue
par sa richesse documentaire qui se déploie sur
plus de quatre siècles de l’Ancien Régime à la
période contemporaine.
Les registres paroissiaux représentent 1,25 ml
dont le plus ancien est un registre des mariages
de 1579. Outre les actes de baptême, mariage et
sépulture, les prêtres consignent des événements
peu ordinaires comme la présence de troupes de
comédiens, ou encore la protestation des prêtres
insermentés à la constitution civile du clergé le
5 juin 1791. Des publications de mariage et des
tables décennales de 1792 à l’an X complètent
cette collection.
Les archives anciennes constituent la principale
richesse de ce fonds. À travers les délibérations
de la communauté de ville (1697-1789), le lecteur
découvre les répercussions des événements
politiques et militaires sur les institutions, la
vie quotidienne des habitants, l’économie et le
commerce.
Plus particulièrement, l’agitation politique de la fin
d’Ancien Régime et de la Révolution occupe une
place importante à laquelle les édiles malestroyens
participent activement. L’exploitation des apprécis
Bourg de Malestroit.
Archives départementales du Morbihan, 9 Fi 164
des grains et des mercuriales éclaire l’origine
des émeutes frumentaires qui troublent l’ordre
public. L’envolée du prix du pain et des denrées
provoque la révolte des femmes confrontées aux
difficultés pour assurer la subsistance de leur
famille.
Les documents financiers et fiscaux sont
également nombreux ainsi que les dossiers de
travaux de construction et d’aménagement des
voies et des édifices publics.
Les archives modernes sont plus nombreuses
et variées. Sur le plan de l’administration
générale, les registres de délibérations du conseil
municipal (1791-1963) succèdent aux registres
de la communauté de ville 1. Le dossier de police
générale de la période révolutionnaire (1790 an III) relate notamment l’affaire du Pré-clos
(1791), la destruction des titres féodaux (an II),
le transfert de l’administration et du tribunal
de Rochefort-en-Terre à Malestroit (1793)
Toutefois, le changement des institutions à la Révolution
s’inscrit dans la continuité puisque le procès-verbal de la
première municipalité élue le 3 février 1790 figure à la
suite des délibérations de la communauté de ville, les dates
extrêmes du registre allant du 23 mars 1789 au 16 janvier
1791
1
Acte de sépulture du 9 septembre 1781 de Marie Lefranc décédée à l’âge de 123 ans.
4/12
Archives départementales du Morbihan, 3 E 124/15
Journal d’information des Archives départementales du Morbihan
Plan d’alignement de Malestroit.
Archives départementales du Morbihan, 3 Es 124/176
Définition héraldique des armoiries :
De gueules à neuf besants d’or 3, 3 et 3.
La devise inscrite au fronton de l’Hôtel
de ville « Quae numerat nummos non
est male stricta domus » peut être
traduite par « le domaine qui compte
(ses besans) n’est pas Malestroit »
ou « Maison riche d’écus ne grince
jamais ».
soulignant ainsi l’importance stratégique de cette
commune républicaine et révolutionnaire, cheflieu d’un canton rural.
Les recensements de la population (1831-1954),
les recensements militaires (an VIII-1950), les
documents fiscaux (an II-1964), budgétaires
(an IX-1912), électoraux (1808-1962) et agricoles
(1817-1953) forment des ensembles sériels
importants.
Les archives relatives à la première et deuxième
guerre mondiale concernent les mesures
d’exception, le ravitaillement, les réquisitions,
les réfugiés. Les agendas des années 1943 à
1947 revêtent un intérêt majeur au vu des faits
consignés. Enfin, les documents du corps
des sapeurs pompiers relatifs à sa création,
son fonctionnement administratif, sa gestion
financière et budgétaire, ses équipements,
constituent un ensemble très intéressant (18411960).
Aujourd’hui, en arpentant le cœur de la cité
médiévale à proximité de la place du Bouffay, les
maisons à colombages ornées de leurs sculptures
« du Pélican ou de la Truie qui file » témoignent
de son riche passé. Pour le découvrir, il reste
au chercheur à explorer et étudier ces archives
afin d’appréhender l’histoire passionnante et
attachante de cette commune pleine de charme.
Témoignage du passage de résistants incarcérés dans une pièce des
combles de la mairie durant la seconde guerre mondiale.
© Michelle Ruz-Le-Badézet
Petites et grandes histoires
Les poches de Lorient et
de Saint-Nazaire
es combats de la libération du Morbihan
en août 1944 maintiennent deux poches
de résistance allemande : l’une à l’ouest et
l’autre à l’est du Morbihan. Ces deux enclaves
persistent pendant près de neuf mois, alors
que le reste du territoire français se libère
peu à peu.
sur les contours des poches. La maîtrise du
littoral et des îles permet aux troupes allemandes
de communiquer entre les deux Festung. Le mot
d’ordre des nazis est de tenir au moins huit
semaines ; les soldats tiendront neuf mois.
Face aux Allemands, les forces alliées et des
résistants morbihannais intégrés, fin 1944, dans
la 19e DI commandée par le général BorgnisDesbordes. Ils sont aidés par des bataillons FFI
bretons et du Loir-et-Cher, soit au total 25 200
hommes. La poche de Saint-Nazaire est encerclée
par 16 383 hommes regroupés au sein de la 25e
DI sous le commandement du général Chomel.
Les forces en présence
Le nombre de soldats allemands s’élève à environ
26 000 hommes dans la poche de Lorient et à
28 000 dans celle de Saint-Nazaire. Des fossés
antichars et des champs de mines sont installés
Côtes-du-Nord
St-Aignan
Ste-Brigitte
Gourin
Plouray
Roudouallec
Finistère
Cléguérec
Langoëlan
Langonnet
Ménéac
Croixanvec
St-Gonnery
Neulliac
St-Gérand
Brignac
La-TrinitéSt-Samson
St-Léry
St-BrieucPorhoët
Gueltas
Évriguet de-Mauron
Guémené
Noyal-Pontivy St-Gouvry
Pontivy
Le Croisty
Bréhan-Loudéac
Mauron
Concoret
Malguénac
Rohan
Priziac
Guilliers
Mohon
Locmalo
Kerfourn
Le Faouët
St-Caradec- Lignol
Crédin
St-MaloGuern
Le Sourn
Trégomel
Les Forges
des-TroisNéant
St-Thuriau
Ille-et-Vilaine
Persquen
Fontaines
Tréhorenteuc
La
Grée
Lanvénégen
Meslan
Pleugriffet
Moustoir- Naizin
Loyat
Lanouée
Réguiny
Bieuzy
St-Laurent
Remungol
Berné
Helléan Taupont
Beignon
Bubry
Campénéac
Melrand
Pluméliau
Lantillac
Inguiniel
St-Malo-de-Beignon
Josselin
La CroixRadenac
Gourhel
Helléan
Remungol
Guégon
Porcaro
Moréac
Guillac
Plouay
Buléon
Ploërmel
St-Barthélemy
Guer
Augan
St-ServantSt-Allouestre
Quistinic
Lanvaudan
sur-Oust
Locminé
Guénin
Montertelot
Guéhenno
Quily
Baud
Monteneuf
Calan
Monterrein
Cruguel
Le Roc-St-André
La ChapelleChapelle
Billio
Bignan
Cléguer
Réminiac
Caro
Neuve Plumelin
Lizio
PontInzinzac
St-Abraham
St-JeanLanguidic
Scorff
Moustoir-Ac
Brévelay
Camors
Tréal
Sérent
St-Marcel Missiriac
Plumelec
Ruffiac
Carentoir
Quelneuc
Colpo
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Caudan
Hennebont
Malestroit
St-NicolasGestel
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Gestel
Brandérion
du-Tertre
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St-Laurent
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Chapelle-Gaceline
Pluvigner
Plaudren
Trédion
Brandivy
St-Guyomard
Quéven
Lanester
Grand-Champ
La Gacilly
Pleucadeuc
Locqueltas
Kervignac
Landévant
Keryado
St-Martin
st
Nostang
LocmariaLes Fougerêts
Cournon
Le Cours
Landaul
St-Congard
Elven
Grand-Champ
Merleve
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Merlevenez
Molac
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Ploemeur
Glénac
Plumergat
Pluherlin St-Gravé Peillac
Meucon Monterblanc
Larré
Brech
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Ste-Hélène
RochefortRiantec
St-Vincent-sur-Oust
Locoalen-Terre
St-Avé
Plescop
La VraieSt-Nolff
Mendon
Croix
Pluneret
Plouhin
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Plouhinec
St-Jacut
Malansac
Treffléan
Vannes
Sulniac
St-Perreux
Belz
Questembert
Ploemel Auray Plougoumelen
St-Gorgon
Limerzel
Berric
St-Jean-La-Poterie
Étel
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Theix
Groix
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Plouharnel
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Le Palais
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St-Père-en-Retz
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Les poches de Lorient et de Saint-Nazaire. Septembre 1944.
6/12
Journal d’information des Archives départementales du Morbihan
Pornic
© Archives départementales du Morbihan
Frossay
Les conditions matérielles des unités défendant le
front des poches sont très précaires. Les hommes,
dépourvus d’instruction militaire, sont souvent
mal chaussés et faiblement armés.
Les « empochés »
Dans les poches, la vie quotidienne est de plus
en plus difficile au fil des mois. Les civils de la
poche de Saint-Nazaire sont privés d’électricité,
le combustible se fait rare, plus de radio ni de
journaux. Le ravitaillement devient le principal
souci des « empochés ». Il faut attendre début
1945 pour qu’un premier train de ravitaillement
soit acheminé vers les « empochés » de SaintNazaire.
À Lorient, le terrain d’aviation de Kerlin-Bastard
est transformé en zone de pâturage par les
Allemands. Ceux-ci essayent de tirer au maximum
profit des ressources restées sur place.
Les civils des poches sont évacués massivement et
gonflent encore davantage le nombre de réfugiés
dans le département. La poche de Saint-Nazaire
compte entre 110 000 et 130 000 « empochés ».
Du 5 au 10 septembre 1944 plusieurs milliers de
personnes quittent la poche à pied ou à bicyclette.
De 80 000 réfugiés dont 60 000 Lorientais et
10 000 de la région de Saint-Nazaire fin mai
1944, leur nombre atteint dans le Morbihan
120 000 en octobre 1944. Les communes
d’accueil sont bientôt saturées. Des
collectes et appels à la générosité sont sans
cesse répétés. Des trêves mensuelles sont
instituées au début de l’année 1945 afin de
permettre à la Croix-Rouge d’intervenir
dans les zones et de régler les problèmes
liés à l’évacuation des réfugiés. En février
1945, 90% des habitants de la poche de
Lorient sont évacués. Seuls 8 000 civils
environ s’obstinent à rester sur place.
Les combats
À Lorient, le moral des soldats allemands
n’est pas bon, les désertions sont
nombreuses. À l’automne 1944, de
durs combats ont lieu à Sainte-Hélène,
Nostang, Merlevenez et Kervignac. Les
assiégés cherchent à regagner des positions
stratégiques ou à acquérir de nouvelles
zones de ravitaillement au cours d’un
hiver très rude. Le 8 décembre, les alliés
coupent à Étel les liaisons entre Lorient
et Quiberon. Depuis Lorient, l’armée
allemande bombarde les communes
frontalières comme Pont-Scorff ou
Hennebont. Les obus tirés de la batterie du Bégo
(Plouharnel) atteignent, quant à eux, Vannes le 16
février 1945 causant la mort de sept personnes.
Coté est, les Allemands tentent plusieurs
incursions dans la région de Rieux et d’Arzal.
La reddition des poches
Le 7 mai 1945 l’Allemagne capitule. Ce même
jour, la reddition sans condition de la poche
de Lorient est signée à Étel au café breton. Le
cessez-le-feu entre en vigueur le 8 mai 1945 à
00 h 01. Au même moment la reddition de la
poche de Saint-Nazaire est signée à Cordemais.
Les Allemands ont trois jours pour lever tous
les barrages, déminer les accès et regrouper leurs
armes.
Le 10 mai 1945, la cérémonie officielle de reddition
de la poche de Lorient se déroule à Caudan. Les
combattants américains et français entrent dans
la poche de Lorient où ils font près de 24 500
prisonniers allemands. L’île de Groix n’est libérée
que le 11 mai. Le même jour, à Bouvron a lieu la
cérémonie officielle de la reddition de la poche de
Saint-Nazaire. Le Morbihan est enfin libéré. La
joie est immense. Des défilés et des bals ont lieu
dans tout le département.
Rapport des renseignements généraux décrivant la situation alimentaire des
Allemands dans la poche de Lorient. 27 janvier 1945.
Archives départementales du Morbihan, 2 W 15941
Q
uatrième
série
du
cadre de classement
des Archives départementales, la série D
est consacrée à l’Instruction publique, aux sciences
et aux arts. Composée d’un
peu plus d’un mètre linéaire de
documents datés du 15e au 18e
siècle, elle ne comporte qu’un
seul fonds : celui du collège
de Vannes, devenu aujourd’hui
collège Jules Simon.
Depuis le début du 14e siècle
existe un préceptorat attaché à
la cathédrale, noyau originel du
collège de Vannes. La création
du collège est décidée en 1574
par la communauté de ville :
il s’installe alors dans de vastes
bâtiments situés place du Marché
avec le soutien de l’évêque de Vannes
et de particuliers comme Jan Briçon et
René d’Arradon. Confié aux jésuites
en 1630 comme de nombreux autres
collèges, il prospère grâce à de riches
donations parmi lesquelles celles
de Catherine de Francheville,
du roi Louis XIII ou encore du
pape Innocent XII. Plusieurs
projets sont alors à l’œuvre, dont
la construction d’une chapelle
– toujours debout aujourd’hui – entre 1661 et
1685. Après l’expulsion des jésuites en 1762,
la communauté de ville confie la direction du
collège à des prêtres du diocèse. L’établissement
se voit brièvement adjoindre une école de marine
entre 1787 et 1791 puis s’essouffle après le départ
des professeurs ecclésiastiques ayant refusé de
prêter le serment constitutionnel. Un décret
de la Convention supprime finalement tous les
collèges en 1795 pour leur substituer des écoles
centrales.
Le collège actuel est par certains aspects l’héritier
du collège d’Ancien régime, ne serait-ce que par
la numérotation des classes 1. Il s’en distingue
cependant nettement : en témoigne le devenir
des élèves du collège d’Ancien Régime, dont plus
40 % deviennent prêtres.
Le fonds d’archives du collège de Vannes est entré
aux Archives départementales pour l’essentiel
dans la seconde moitié du 19e siècle ; quelques
documents y sont adjoints par la suite au cours
du 20e siècle. Si les documents conservés dans
le fonds du collège restent fragmentaires et leur
origine parfois incertaine, ils offrent cependant
un précieux aperçu de l’administration et du
temporel de l’établissement : des documents
renseignent sur la gestion des biens du collège
dans de nombreuses paroisses morbihannaises
comme Séné, Ambon, Quistinic ou encore SaintAvé ; d’autres font état de ses procès et de sa
comptabilité. Quelques affiches annonçant des
exercices publics et des distributions de prix ou
encore des pièces concernant les fondations de
chaires et l’achat d’instruments
pour le cours de physique
apportent quant à eux quelques
éléments sur la vie scolaire et
l’enseignement dispensé.
Les collèges qui proposent des cycles
complets d’études s’organisent autour
des classes suivantes : quatre classes de
grammaire (de la 6e à la 3e), une classe
d’humanités (la 2e), une classe de
rhétorique (la 1ère), parfois suivies de
classes de philosophie.
1
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Journal d’information des Archives départementales du Morbihan
Autour d’un document
Les élèves à l’épreuve de l’exercice public
L
’année scolaire des élèves du collège de
Vannes s’achève, avant la distribution
des prix, par des exercices donnés en public.
En témoignent quelques affiches conservées
dans le fonds du collège de Vannes (D 8).
concernant leur scolarité : certaines indiquent par
exemple le nombre de fois où chaque élève a été
« empereur », c’est-à-dire premier de la classe. Elles
mentionnent également leur paroisse d’origine.
Même si les listes de noms ne correspondent pas
à la totalité des effectifs d’une classe donnée, elles
fournissent un échantillon qui fait bien ressortir
le caractère essentiellement rural du recrutement
du collège : un tiers des élèves provient des villes
tandis que les deux autres tiers proviennent des
campagnes du diocèse.
Croisées avec d’autres documents comme les
sources judiciaires, ces données permettent de
mieux appréhender la population estudiantine
de Vannes de cette période, dont font partie
des Morbihannais célèbres comme AlainRené Lesage, l’abbé Mahé ou encore Georges
Cadoudal.
Couronnement de l’année scolaire, les exercices
publics sont l’occasion pour les élèves les plus
brillants de montrer l’efficacité de l’instruction
reçue. Ils sont aussi le signe – au même titre
que le développement du théâtre scolaire – de
l’importance que revêt l’art de parler et de paraître
dans les collèges des 17e et 18e siècles.
Les affiches qui annoncent la tenue des exercices
publics donnent des informations détaillées sur
la nature des enseignements : elles indiquent en
effet, outre la classe concernée, les textes qu’il est
prévu de commenter, les sujets sur lesquels les
élèves doivent être interrogés et, le cas échéant, les
œuvres qui seront déclamées. La lecture
des affiches frappe par l’omniprésence
des auteurs latins comme Cicéron,
Virgile, Horace, Tite-Live ou Ovide.
Quelques exceptions existent cependant,
comme en témoigne une affiche pour
les exercices des élèves de seconde en
1767 annonçant des interrogations sur
la sphère artificielle et la géographie
d’après le manuel du jésuite Buffier.
Autant d’éléments qui rendent bien
compte des tendances pédagogiques
des jésuites et de leur successeurs :
la connaissance des auteurs anciens
et la langue latine sont au cœur des
enseignements ; des matières comme les
sciences, l’histoire et la géographie sont
enseignées de façon plus marginale.
Aux 17e et 18e siècles, les effectifs du
collège avoisinent probablement les
cinq cents écoliers, le plus souvent logés
chez l’habitant. Les affiches annonçant
les exercices publics permettent de les
connaître de plus près. Elles font parfois
apparaître, à la suite des noms des élèves
présents aux exercices, des mentions Affiche annonçant les exercices publics d’élèves de grammaire (1785).
Archives départementales du Morbihan, D 8.
Le coin du paléographe
Émancipation d’un mineur
C
e document, concernant le statut d’un jeune homme
plus enclin à l’aventure qu’aux études, est conforme à la
Coutume de Bretagne. Selon le commentaire de La Bigotière
juriste français du 17e siecle, « le mineur non émancipé ne pourra
valablement contracter ni comparaître en justice, mais il peut être émancipé si la
justice et les parents le jugent raisonnable, savoir le noble à 20 ans et le bourgeois
à 17. Et quand il est émancipé, il peut négocier et s’obliger pour fait de négoce
comme les majeurs, et disposer de tous ses meubles et du revenu d’une année de ses
immeubles ».
1
5
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E t it d’
Extrait
d’acte
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d’émancipation
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Bougrett à lla d
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de son père
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i B
Bougrett premier
i
huissier du Parlement de Bretagne (1688).
Archives départementales du Morbihan, B 240
10/12
Les lettres « e » formées ici par le scribe sont dites « à attaque
fractionnée » : elles sont constituées de deux traits distincts entre
lesquels la plume a été relevée.
Journal d’information des Archives départementales du Morbihan
....
... /1/ Il en est /2/ un apellé Gilles Bougret à la conduite /3/ duquel il n’a rien espargné, l’ayant /4/ eslevé dans le collège des
Jésuistes /5/ jusques en rhétorique et pour aprendre /6/ avecq plus d’advantage, il l’a mis /7/ en pension chez les révérends pères /8/ de
l’Oratoire de Nantes, où il estudie /9/ en logicque avecq peu de sucès, /10/ ce qui oblige le supliant de le retirer /11/ des estudes ; et comme
son inclination /12/ le porte plustost dans le trafic /13/ qu’aux estudes, son père veult bien /14/ déférer à son inclination, mais possible /15/
qu’il sera obligé de l’envoier hors le /16/ royaume et l’accommoder de quelque /17/ argent pour emploier dans le trafic. /18/ Et comme il ne
seroit pas juste que /19/ son père demeurast responsable de sa /20/ conduite et aussi que si ledit garçon /21/ amassoit quelque petit pécule,
que /22/ son père en disposast, il requiert /23/ la justice de l’émanciper de la puissance /24/ paternelle ...
Transcription
Actualités
Nouvelles entrées
Nouvelles acquisitions
Archives du centre hospitalier de Josselin.
1830-1975. 15 mètres linéaires. 8 H dépôt 2. Au
sein de ce fonds, sont conservés, entre autres, les
registres d’entrées et de sorties, de naissances, de
décès et d’accouchement.
Carte géologique des environs de Vannes. 19e
siècle. 1 Fi.
Carte rare en couleur.
Archives du commissariat de police
d’Hennebont. 1945-1997. 43,5 mètres linéaires.
1998 W. Ces archives sont les témoins de l’activité
d’un commissariat de police d’une ville moyenne :
registres de main courante, dossiers d’enquête,
enregistrement des dossiers des étrangers…
Ouvrage. 1841. HB 12981. L’auteur, Pierre
Leblanc, architecte de son état, fait la description
du pont qu’il a mis en œuvre à La Roche-Bernard
en 1839. L’ouvrage comporte une lithographie
et onze planches gravées parmi lesquelles les
différents projets.
Archives du tribunal de commerce de Lorient.
1981-2000. 53,30 mètres linéaires. 1999 W.
Dossiers des sociétés immatriculées entre 1981 et
2000 et radiées avant mars 2001.
Archives du préventorium de Plumelec. 19191972. 55 mètres linéaires. 210 J. Dossiers médicaux
des patients, dossiers du comité départemental
de lutte contre la tuberculose et l’alcoolisme. Ce
fonds est une source précieuse pour qui souhaite
étudier l’impact de la tuberculose sur la population
morbihannaise.
Archives de l’association Umivem. 19692009. 17,40 mètres linéaires. L’association œuvre
pour la mise en valeur esthétique du Morbihan.
Parmi ce fonds, les dossiers de la commission
départementale des sites.
Minutes notariales
Notaires. Plumelec. Me DréanGuignard. 1885-1938. 14 mètres
linéaires. 6 E.
Projets en cours
Classement des fonds déposés de Malestroit
et Ploërmel. Ils figurent parmi les fonds
communaux les plus complets et les plus
riches d’un point de vue historique. Leur
classement permettra de connaître la vie de ces
communautés de ville sous l’Ancien Régime ainsi
que l’administration communale des époques
moderne et contemporaine. Ces fonds fourniront
également des renseignements précieux sur leurs
administrés et sur les périodes de guerre (troubles
révolutionnaires, guerres 1914-1918 et 19391945).
Nouveaux instruments de recherche
Les inventaires des fonds déposés par les
communes d’Arradon, Baden, Berné, Billio et
Crédin ont été réalisés et mis en ligne. Classés
en 3 ES, ils couvrent essentiellement la période
moderne (1790-1940). Ils comprennent des
registres de délibérations, des recensements
de la population et de la garde nationale, des
documents relatifs au cadastre, aux finances et
aux élections politiques.
LES MORBIHANNAIS À L’ÉPREUVE
DE LA GRANDE GUERRE
Cycle de conférences
organisé par les Archives départementales du Morbihan
et l’Université Tous Âges
Amphithéâtre Alfred Sauvy
IUT de Vannes
- 8, rue Montaigne - Vannes
// Mardi 27 janvier 2015 à 18 h :
// Mardi 28 avril 2015 à 18 h :
Jean-Marc Michaud « La guerre vue de
l’arrière par les peintres de Bretagne »
Didier Guyvarc’h « Les Morbihannais et
Dieu dans la Grande Guerre »
// Jeudi 19 février 2015 à 14 h 30 :
// Mardi 19 mai 2015 à 18 h :
Johan Vincent et Yves-Marie Evanno « Loin
des tranchées, la plage. Réflexions sur le
tourisme dans le Morbihan »
Yann Lagadec « Des cavaliers dans la
Grande Guerre. Le 2e chasseurs à cheval
de Pontivy (1914-1919) »
// Mardi 24 mars 2015 à 18 h :
// Jeudi 4 juin 2015 à 14 h 30 :
Erwan Le Gall « La brigade des fusiliers
marins en 1914 ou l’anticipation erronée de
la guerre à venir »
Jérôme Cucarull « Les impacts de
la mobilisation industrielle dans le
Morbihan : un département peu impliqué
par la guerre totale ? »
// Jeudi 23 avril 2015 à 14 h 30 :
Peggy Bette « La mobilisation des
femmes en Bretagne pendant la Grande
Guerre »
ENTRÉE GRATUITE
www.archives.morbihan.fr
www.uta-vannes.org