l`histoire - Archives du Morbihan
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N° 4 l’histoire Journal d’information semestriel des archives départementales DÉPARTEMENT DU MORBIHAN Édito En ce début d’année 2015, je souhaite en premier lieu vous adresser à toutes et à tous mes meilleurs vœux. Après avoir fêté les 20 ans de l’ouverture de leur bâtiment, le Département a renouvelé les conditions d’accueil du public en salle de lecture et sur internet. Avec la mise en ligne du nouveau site internet début septembre, l’ouverture de la salle de lecture réaménagée le 27 octobre dernier et enfin le rafraîchissement des espaces verts en décembre, on peut dire que les Archives se sont modernisées en 2014. Cet effort doit se prolonger en 2015, avec pour objectif de proposer un service toujours plus adapté et performant aux Morbihannaises et aux Morbihannais. 2014 a également été l’année de la commémoration du centenaire de l’année 1914 avec, entre autres, la magnifique exposition consacrée aux Morbihannais dans la guerre 14-18 présentée jusqu’en juin 2015. Ce travail de mémoire est indispensable et je suis heureux du succès qu’il rencontre, notamment auprès des scolaires, dont le rôle dans la transmission de ce souvenir est absolument essentiel. Encore une fois, ces actions de commémoration se prolongeront en 2015 avec la mise en ligne de l’ensemble des registres matricules des combattants morbihannais de la Grande Guerre et la mise à disposition, après un travail de classement long et souvent complexe, de nombreux fonds d’archives relatifs à cette période. En attendant ces réalisations, j’ai le plaisir de vous présenter ce nouveau numéro des Coulisses de l’Histoire en compagnie duquel vous passerez je l’espère un agréable moment, plein de surprises et de découvertes. Le Président du Conseil départemental Sommaire Édito........................................ p. 2 D comme instruction publique..... p. 8 La numérisation, une solution d’avenir.................................... p. 3 Les élèves à l’épreuve de l’exercice public...................................... p. 9 Les archives de Malestroit, cité millénaire........................... p. 4 Le coin du paléographe............. p. 10 Actualités................................ p. 11 Les poches de Lorient et de Saint-Nazaire....................... p. 6 Les Coulisses de l’histoire, journal d’information. N°4 - Janvier/juin 2015. Publication des Archives départementales du Morbihan. 80 rue des Vénètes. CS 52405. 56010 Vannes Cedex. Directeur de la publication : François Goulard. Directeur de la rédaction : Florent Lenègre. Rédacteur en chef : Bénédicte Piveteau. Rédaction : Florent Lenègre, Maud Sallansonnet, Michelle Ruz-le-Badézet, Bénédicte Piveteau, Marie Thouvenot. Réalisation graphique : Gwénaëlle Delsaut. Impression : Imprimerie départementale. Tirage : 5 000 exemplaires – ISSN 2274-1062 - Janvier 2015. Pour tout contact : [email protected] Illustration de la couverture : Salle de lecture. © Gwénaëlle Delsaut 2/12 Journal d’information des Archives départementales du Morbihan En coulisses La numérisation, une solution d’avenir D epuis le milieu des années 1950, les Archives départementales mènent une politique de reproduction de certaines de leurs collections, sous forme de microfilms d’abord, d’images numériques ensuite. La première raison qui sous-tend cette politique est de préserver les documents de la menace que fait peser sur eux la très grande fréquence dans leur consultation. La seconde, plus récente, vient de la volonté de les diffuser auprès du plus grand nombre, en recourant aux nouvelles technologies. C’est l’état civil qui a le premier bénéficié de cette politique, les registres antérieurs à 1800 pour commencer. Déjà dupliqués sur microfilms, ce sont leurs bobines qui ont été numérisées à partir de 1998. Viennent ensuite les actes du 19e siècle et du début du 20e siècle, numérisés en plusieurs phases qui s’échelonnent de 2002 à 2010, à partir de bobines ou de registres originaux. Ainsi, depuis 2010, la quasi-totalité des actes d’état civil et des tables décennales conservés aux Archives départementales, soit environ deux millions d’images, est accessible sur Internet. Les titres de presse parus dans le département entre le milieu du 19e siècle et la fin de la seconde guerre mondiale ont fait l’objet de la même attention. Microfilmés puis numérisés entre 1997 et 2003, 181 titres ont ainsi été mis en ligne en décembre 2007 ; ils représentent environ 390 000 pages. En 2007-2008, ce sont les plans du cadastre ancien (1802-1901), soit 6 240 planches de grand format, qui sont reproduits en couleurs et également mis en ligne. Dernière collection concernée par ce type d’opération, toujours en cours : les registres de recensement militaire des classes 18671921. Entre 2010 et 2013 ont été reproduits les registres des classes 1867-1912 ; ils sont actuellement consultables en ligne. Ceux des classes 1913-1921 seront mis en ligne en 2015. Ces campagnes importantes ont été confiées à des prestataires extérieurs. Le travail préparatoire a mobilisé d’importantes ressources au sein du service : estimation des vues, restauration, reconditionnement, préparation et suivi des prestations. Sans compter, en fin d’opération, le contrôle des fichiers produits et les travaux nécessaires à la mise en ligne. Parallèlement, depuis quelques années, le service a mené en interne une campagne de numérisation de documents petit format issus des fonds iconographiques : photographies, plaques de verres, cartes postales. Cette campagne va s’intensifier prochainement du fait de l’acquisition d’un nouveau matériel qui permet de traiter les registres et documents grand format. Scanner à grand format. © Michel Frélézaux Zoom sur Les archives de Malestroit, cité millénaire P armi les 261 communes du Morbihan, Malestroit renferme un riche patrimoine architectural et archivistique témoin prestigieux du passé historique de cette cité millénaire dont les origines remontent à la construction d’un château féodal sur l’îlot de la Sauldraye en 987. Avec huit mètres linéaires, le fonds malestroyen déposé aux Archives départementales se distingue par sa richesse documentaire qui se déploie sur plus de quatre siècles de l’Ancien Régime à la période contemporaine. Les registres paroissiaux représentent 1,25 ml dont le plus ancien est un registre des mariages de 1579. Outre les actes de baptême, mariage et sépulture, les prêtres consignent des événements peu ordinaires comme la présence de troupes de comédiens, ou encore la protestation des prêtres insermentés à la constitution civile du clergé le 5 juin 1791. Des publications de mariage et des tables décennales de 1792 à l’an X complètent cette collection. Les archives anciennes constituent la principale richesse de ce fonds. À travers les délibérations de la communauté de ville (1697-1789), le lecteur découvre les répercussions des événements politiques et militaires sur les institutions, la vie quotidienne des habitants, l’économie et le commerce. Plus particulièrement, l’agitation politique de la fin d’Ancien Régime et de la Révolution occupe une place importante à laquelle les édiles malestroyens participent activement. L’exploitation des apprécis Bourg de Malestroit. Archives départementales du Morbihan, 9 Fi 164 des grains et des mercuriales éclaire l’origine des émeutes frumentaires qui troublent l’ordre public. L’envolée du prix du pain et des denrées provoque la révolte des femmes confrontées aux difficultés pour assurer la subsistance de leur famille. Les documents financiers et fiscaux sont également nombreux ainsi que les dossiers de travaux de construction et d’aménagement des voies et des édifices publics. Les archives modernes sont plus nombreuses et variées. Sur le plan de l’administration générale, les registres de délibérations du conseil municipal (1791-1963) succèdent aux registres de la communauté de ville 1. Le dossier de police générale de la période révolutionnaire (1790 an III) relate notamment l’affaire du Pré-clos (1791), la destruction des titres féodaux (an II), le transfert de l’administration et du tribunal de Rochefort-en-Terre à Malestroit (1793) Toutefois, le changement des institutions à la Révolution s’inscrit dans la continuité puisque le procès-verbal de la première municipalité élue le 3 février 1790 figure à la suite des délibérations de la communauté de ville, les dates extrêmes du registre allant du 23 mars 1789 au 16 janvier 1791 1 Acte de sépulture du 9 septembre 1781 de Marie Lefranc décédée à l’âge de 123 ans. 4/12 Archives départementales du Morbihan, 3 E 124/15 Journal d’information des Archives départementales du Morbihan Plan d’alignement de Malestroit. Archives départementales du Morbihan, 3 Es 124/176 Définition héraldique des armoiries : De gueules à neuf besants d’or 3, 3 et 3. La devise inscrite au fronton de l’Hôtel de ville « Quae numerat nummos non est male stricta domus » peut être traduite par « le domaine qui compte (ses besans) n’est pas Malestroit » ou « Maison riche d’écus ne grince jamais ». soulignant ainsi l’importance stratégique de cette commune républicaine et révolutionnaire, cheflieu d’un canton rural. Les recensements de la population (1831-1954), les recensements militaires (an VIII-1950), les documents fiscaux (an II-1964), budgétaires (an IX-1912), électoraux (1808-1962) et agricoles (1817-1953) forment des ensembles sériels importants. Les archives relatives à la première et deuxième guerre mondiale concernent les mesures d’exception, le ravitaillement, les réquisitions, les réfugiés. Les agendas des années 1943 à 1947 revêtent un intérêt majeur au vu des faits consignés. Enfin, les documents du corps des sapeurs pompiers relatifs à sa création, son fonctionnement administratif, sa gestion financière et budgétaire, ses équipements, constituent un ensemble très intéressant (18411960). Aujourd’hui, en arpentant le cœur de la cité médiévale à proximité de la place du Bouffay, les maisons à colombages ornées de leurs sculptures « du Pélican ou de la Truie qui file » témoignent de son riche passé. Pour le découvrir, il reste au chercheur à explorer et étudier ces archives afin d’appréhender l’histoire passionnante et attachante de cette commune pleine de charme. Témoignage du passage de résistants incarcérés dans une pièce des combles de la mairie durant la seconde guerre mondiale. © Michelle Ruz-Le-Badézet Petites et grandes histoires Les poches de Lorient et de Saint-Nazaire es combats de la libération du Morbihan en août 1944 maintiennent deux poches de résistance allemande : l’une à l’ouest et l’autre à l’est du Morbihan. Ces deux enclaves persistent pendant près de neuf mois, alors que le reste du territoire français se libère peu à peu. sur les contours des poches. La maîtrise du littoral et des îles permet aux troupes allemandes de communiquer entre les deux Festung. Le mot d’ordre des nazis est de tenir au moins huit semaines ; les soldats tiendront neuf mois. Face aux Allemands, les forces alliées et des résistants morbihannais intégrés, fin 1944, dans la 19e DI commandée par le général BorgnisDesbordes. Ils sont aidés par des bataillons FFI bretons et du Loir-et-Cher, soit au total 25 200 hommes. La poche de Saint-Nazaire est encerclée par 16 383 hommes regroupés au sein de la 25e DI sous le commandement du général Chomel. Les forces en présence Le nombre de soldats allemands s’élève à environ 26 000 hommes dans la poche de Lorient et à 28 000 dans celle de Saint-Nazaire. Des fossés antichars et des champs de mines sont installés Côtes-du-Nord St-Aignan Ste-Brigitte Gourin Plouray Roudouallec Finistère Cléguérec Langoëlan Langonnet Ménéac Croixanvec St-Gonnery Neulliac St-Gérand Brignac La-TrinitéSt-Samson St-Léry St-BrieucPorhoët Gueltas Évriguet de-Mauron Guémené Noyal-Pontivy St-Gouvry Pontivy Le Croisty Bréhan-Loudéac Mauron Concoret Malguénac Rohan Priziac Guilliers Mohon Locmalo Kerfourn Le Faouët St-Caradec- Lignol Crédin St-MaloGuern Le Sourn Trégomel Les Forges des-TroisNéant St-Thuriau Ille-et-Vilaine Persquen Fontaines Tréhorenteuc La Grée Lanvénégen Meslan Pleugriffet Moustoir- Naizin Loyat Lanouée Réguiny Bieuzy St-Laurent Remungol Berné Helléan Taupont Beignon Bubry Campénéac Melrand Pluméliau Lantillac Inguiniel St-Malo-de-Beignon Josselin La CroixRadenac Gourhel Helléan Remungol Guégon Porcaro Moréac Guillac Plouay Buléon Ploërmel St-Barthélemy Guer Augan St-ServantSt-Allouestre Quistinic Lanvaudan sur-Oust Locminé Guénin Montertelot Guéhenno Quily Baud Monteneuf Calan Monterrein Cruguel Le Roc-St-André La ChapelleChapelle Billio Bignan Cléguer Réminiac Caro Neuve Plumelin Lizio PontInzinzac St-Abraham St-JeanLanguidic Scorff Moustoir-Ac Brévelay Camors Tréal Sérent St-Marcel Missiriac Plumelec Ruffiac Carentoir Quelneuc Colpo C Caudan Hennebont Malestroit St-NicolasGestel el Gestel Brandérion du-Tertre Gu uidel Guidel Bohal St-Laurent La Chapelle-Gaceline Pluvigner Plaudren Trédion Brandivy St-Guyomard Quéven Lanester Grand-Champ La Gacilly Pleucadeuc Locqueltas Kervignac Landévant Keryado St-Martin st Nostang LocmariaLes Fougerêts Cournon Le Cours Landaul St-Congard Elven Grand-Champ Merleve enezz Merlevenez Molac P Ploemeur Glénac Plumergat Pluherlin St-Gravé Peillac Meucon Monterblanc Larré Brech St Hé é Ste-Hélène RochefortRiantec St-Vincent-sur-Oust Locoalen-Terre St-Avé Plescop La VraieSt-Nolff Mendon Croix Pluneret Plouhin necc Plouhinec St-Jacut Malansac Treffléan Vannes Sulniac St-Perreux Belz Questembert Ploemel Auray Plougoumelen St-Gorgon Limerzel Berric St-Jean-La-Poterie Étel Ploeren Theix Groix Allaire Erdeven Erdev ev Arradon Séné Caden Crach Baden Lauzach Noyalo Rieux Carnac Béganne P lo ouh uh Plouharnel Noyal-Muzillac La TrinitéLe Guerno St-Philibert Larmor-Baden Île-d'Arz Le Hézo Surzur Péaule Île-auxLa TrinitéMuzillac Locmariaquer Surzur Moines sur-Mer T Théh hillac h Théhillac St-Armel Ambon St-Dolay ie err St-Pierre Nivillac N Marzan Arzon Billiers Le TourLa RocheL Damgan Arzal Sarzeau du-Parc Bernard St-Gildas Le Saint Guiscriff Kergrist Silfiac St-Tugdual Séglien Ploërdut Lorient Cam C am moël ël Férel Camoël ero e on Quiberon Pontchâteau Pontchâtea au Pénestin P St-Nazaire 0 5 10 Loire-Inférieure Loire-Inf férieure La Baule Sauzon Sauzon Belle-Île Km P Pa Le Palais Paimboeuf Houat Cordemais Bangor B St-Père-en-Retz Locmaria Hoëdic Les poches de Lorient et de Saint-Nazaire. Septembre 1944. 6/12 Journal d’information des Archives départementales du Morbihan Pornic © Archives départementales du Morbihan Frossay Les conditions matérielles des unités défendant le front des poches sont très précaires. Les hommes, dépourvus d’instruction militaire, sont souvent mal chaussés et faiblement armés. Les « empochés » Dans les poches, la vie quotidienne est de plus en plus difficile au fil des mois. Les civils de la poche de Saint-Nazaire sont privés d’électricité, le combustible se fait rare, plus de radio ni de journaux. Le ravitaillement devient le principal souci des « empochés ». Il faut attendre début 1945 pour qu’un premier train de ravitaillement soit acheminé vers les « empochés » de SaintNazaire. À Lorient, le terrain d’aviation de Kerlin-Bastard est transformé en zone de pâturage par les Allemands. Ceux-ci essayent de tirer au maximum profit des ressources restées sur place. Les civils des poches sont évacués massivement et gonflent encore davantage le nombre de réfugiés dans le département. La poche de Saint-Nazaire compte entre 110 000 et 130 000 « empochés ». Du 5 au 10 septembre 1944 plusieurs milliers de personnes quittent la poche à pied ou à bicyclette. De 80 000 réfugiés dont 60 000 Lorientais et 10 000 de la région de Saint-Nazaire fin mai 1944, leur nombre atteint dans le Morbihan 120 000 en octobre 1944. Les communes d’accueil sont bientôt saturées. Des collectes et appels à la générosité sont sans cesse répétés. Des trêves mensuelles sont instituées au début de l’année 1945 afin de permettre à la Croix-Rouge d’intervenir dans les zones et de régler les problèmes liés à l’évacuation des réfugiés. En février 1945, 90% des habitants de la poche de Lorient sont évacués. Seuls 8 000 civils environ s’obstinent à rester sur place. Les combats À Lorient, le moral des soldats allemands n’est pas bon, les désertions sont nombreuses. À l’automne 1944, de durs combats ont lieu à Sainte-Hélène, Nostang, Merlevenez et Kervignac. Les assiégés cherchent à regagner des positions stratégiques ou à acquérir de nouvelles zones de ravitaillement au cours d’un hiver très rude. Le 8 décembre, les alliés coupent à Étel les liaisons entre Lorient et Quiberon. Depuis Lorient, l’armée allemande bombarde les communes frontalières comme Pont-Scorff ou Hennebont. Les obus tirés de la batterie du Bégo (Plouharnel) atteignent, quant à eux, Vannes le 16 février 1945 causant la mort de sept personnes. Coté est, les Allemands tentent plusieurs incursions dans la région de Rieux et d’Arzal. La reddition des poches Le 7 mai 1945 l’Allemagne capitule. Ce même jour, la reddition sans condition de la poche de Lorient est signée à Étel au café breton. Le cessez-le-feu entre en vigueur le 8 mai 1945 à 00 h 01. Au même moment la reddition de la poche de Saint-Nazaire est signée à Cordemais. Les Allemands ont trois jours pour lever tous les barrages, déminer les accès et regrouper leurs armes. Le 10 mai 1945, la cérémonie officielle de reddition de la poche de Lorient se déroule à Caudan. Les combattants américains et français entrent dans la poche de Lorient où ils font près de 24 500 prisonniers allemands. L’île de Groix n’est libérée que le 11 mai. Le même jour, à Bouvron a lieu la cérémonie officielle de la reddition de la poche de Saint-Nazaire. Le Morbihan est enfin libéré. La joie est immense. Des défilés et des bals ont lieu dans tout le département. Rapport des renseignements généraux décrivant la situation alimentaire des Allemands dans la poche de Lorient. 27 janvier 1945. Archives départementales du Morbihan, 2 W 15941 Q uatrième série du cadre de classement des Archives départementales, la série D est consacrée à l’Instruction publique, aux sciences et aux arts. Composée d’un peu plus d’un mètre linéaire de documents datés du 15e au 18e siècle, elle ne comporte qu’un seul fonds : celui du collège de Vannes, devenu aujourd’hui collège Jules Simon. Depuis le début du 14e siècle existe un préceptorat attaché à la cathédrale, noyau originel du collège de Vannes. La création du collège est décidée en 1574 par la communauté de ville : il s’installe alors dans de vastes bâtiments situés place du Marché avec le soutien de l’évêque de Vannes et de particuliers comme Jan Briçon et René d’Arradon. Confié aux jésuites en 1630 comme de nombreux autres collèges, il prospère grâce à de riches donations parmi lesquelles celles de Catherine de Francheville, du roi Louis XIII ou encore du pape Innocent XII. Plusieurs projets sont alors à l’œuvre, dont la construction d’une chapelle – toujours debout aujourd’hui – entre 1661 et 1685. Après l’expulsion des jésuites en 1762, la communauté de ville confie la direction du collège à des prêtres du diocèse. L’établissement se voit brièvement adjoindre une école de marine entre 1787 et 1791 puis s’essouffle après le départ des professeurs ecclésiastiques ayant refusé de prêter le serment constitutionnel. Un décret de la Convention supprime finalement tous les collèges en 1795 pour leur substituer des écoles centrales. Le collège actuel est par certains aspects l’héritier du collège d’Ancien régime, ne serait-ce que par la numérotation des classes 1. Il s’en distingue cependant nettement : en témoigne le devenir des élèves du collège d’Ancien Régime, dont plus 40 % deviennent prêtres. Le fonds d’archives du collège de Vannes est entré aux Archives départementales pour l’essentiel dans la seconde moitié du 19e siècle ; quelques documents y sont adjoints par la suite au cours du 20e siècle. Si les documents conservés dans le fonds du collège restent fragmentaires et leur origine parfois incertaine, ils offrent cependant un précieux aperçu de l’administration et du temporel de l’établissement : des documents renseignent sur la gestion des biens du collège dans de nombreuses paroisses morbihannaises comme Séné, Ambon, Quistinic ou encore SaintAvé ; d’autres font état de ses procès et de sa comptabilité. Quelques affiches annonçant des exercices publics et des distributions de prix ou encore des pièces concernant les fondations de chaires et l’achat d’instruments pour le cours de physique apportent quant à eux quelques éléments sur la vie scolaire et l’enseignement dispensé. Les collèges qui proposent des cycles complets d’études s’organisent autour des classes suivantes : quatre classes de grammaire (de la 6e à la 3e), une classe d’humanités (la 2e), une classe de rhétorique (la 1ère), parfois suivies de classes de philosophie. 1 8/12 Journal d’information des Archives départementales du Morbihan Autour d’un document Les élèves à l’épreuve de l’exercice public L ’année scolaire des élèves du collège de Vannes s’achève, avant la distribution des prix, par des exercices donnés en public. En témoignent quelques affiches conservées dans le fonds du collège de Vannes (D 8). concernant leur scolarité : certaines indiquent par exemple le nombre de fois où chaque élève a été « empereur », c’est-à-dire premier de la classe. Elles mentionnent également leur paroisse d’origine. Même si les listes de noms ne correspondent pas à la totalité des effectifs d’une classe donnée, elles fournissent un échantillon qui fait bien ressortir le caractère essentiellement rural du recrutement du collège : un tiers des élèves provient des villes tandis que les deux autres tiers proviennent des campagnes du diocèse. Croisées avec d’autres documents comme les sources judiciaires, ces données permettent de mieux appréhender la population estudiantine de Vannes de cette période, dont font partie des Morbihannais célèbres comme AlainRené Lesage, l’abbé Mahé ou encore Georges Cadoudal. Couronnement de l’année scolaire, les exercices publics sont l’occasion pour les élèves les plus brillants de montrer l’efficacité de l’instruction reçue. Ils sont aussi le signe – au même titre que le développement du théâtre scolaire – de l’importance que revêt l’art de parler et de paraître dans les collèges des 17e et 18e siècles. Les affiches qui annoncent la tenue des exercices publics donnent des informations détaillées sur la nature des enseignements : elles indiquent en effet, outre la classe concernée, les textes qu’il est prévu de commenter, les sujets sur lesquels les élèves doivent être interrogés et, le cas échéant, les œuvres qui seront déclamées. La lecture des affiches frappe par l’omniprésence des auteurs latins comme Cicéron, Virgile, Horace, Tite-Live ou Ovide. Quelques exceptions existent cependant, comme en témoigne une affiche pour les exercices des élèves de seconde en 1767 annonçant des interrogations sur la sphère artificielle et la géographie d’après le manuel du jésuite Buffier. Autant d’éléments qui rendent bien compte des tendances pédagogiques des jésuites et de leur successeurs : la connaissance des auteurs anciens et la langue latine sont au cœur des enseignements ; des matières comme les sciences, l’histoire et la géographie sont enseignées de façon plus marginale. Aux 17e et 18e siècles, les effectifs du collège avoisinent probablement les cinq cents écoliers, le plus souvent logés chez l’habitant. Les affiches annonçant les exercices publics permettent de les connaître de plus près. Elles font parfois apparaître, à la suite des noms des élèves présents aux exercices, des mentions Affiche annonçant les exercices publics d’élèves de grammaire (1785). Archives départementales du Morbihan, D 8. Le coin du paléographe Émancipation d’un mineur C e document, concernant le statut d’un jeune homme plus enclin à l’aventure qu’aux études, est conforme à la Coutume de Bretagne. Selon le commentaire de La Bigotière juriste français du 17e siecle, « le mineur non émancipé ne pourra valablement contracter ni comparaître en justice, mais il peut être émancipé si la justice et les parents le jugent raisonnable, savoir le noble à 20 ans et le bourgeois à 17. Et quand il est émancipé, il peut négocier et s’obliger pour fait de négoce comme les majeurs, et disposer de tous ses meubles et du revenu d’une année de ses immeubles ». 1 5 10 15 20 E t it d’ Extrait d’acte t d’é d’émancipation i ti d de Gill Gilles B Bougrett à lla d demande d d de son père è FFrançois i B Bougrett premier i huissier du Parlement de Bretagne (1688). Archives départementales du Morbihan, B 240 10/12 Les lettres « e » formées ici par le scribe sont dites « à attaque fractionnée » : elles sont constituées de deux traits distincts entre lesquels la plume a été relevée. Journal d’information des Archives départementales du Morbihan .... ... /1/ Il en est /2/ un apellé Gilles Bougret à la conduite /3/ duquel il n’a rien espargné, l’ayant /4/ eslevé dans le collège des Jésuistes /5/ jusques en rhétorique et pour aprendre /6/ avecq plus d’advantage, il l’a mis /7/ en pension chez les révérends pères /8/ de l’Oratoire de Nantes, où il estudie /9/ en logicque avecq peu de sucès, /10/ ce qui oblige le supliant de le retirer /11/ des estudes ; et comme son inclination /12/ le porte plustost dans le trafic /13/ qu’aux estudes, son père veult bien /14/ déférer à son inclination, mais possible /15/ qu’il sera obligé de l’envoier hors le /16/ royaume et l’accommoder de quelque /17/ argent pour emploier dans le trafic. /18/ Et comme il ne seroit pas juste que /19/ son père demeurast responsable de sa /20/ conduite et aussi que si ledit garçon /21/ amassoit quelque petit pécule, que /22/ son père en disposast, il requiert /23/ la justice de l’émanciper de la puissance /24/ paternelle ... Transcription Actualités Nouvelles entrées Nouvelles acquisitions Archives du centre hospitalier de Josselin. 1830-1975. 15 mètres linéaires. 8 H dépôt 2. Au sein de ce fonds, sont conservés, entre autres, les registres d’entrées et de sorties, de naissances, de décès et d’accouchement. Carte géologique des environs de Vannes. 19e siècle. 1 Fi. Carte rare en couleur. Archives du commissariat de police d’Hennebont. 1945-1997. 43,5 mètres linéaires. 1998 W. Ces archives sont les témoins de l’activité d’un commissariat de police d’une ville moyenne : registres de main courante, dossiers d’enquête, enregistrement des dossiers des étrangers… Ouvrage. 1841. HB 12981. L’auteur, Pierre Leblanc, architecte de son état, fait la description du pont qu’il a mis en œuvre à La Roche-Bernard en 1839. L’ouvrage comporte une lithographie et onze planches gravées parmi lesquelles les différents projets. Archives du tribunal de commerce de Lorient. 1981-2000. 53,30 mètres linéaires. 1999 W. Dossiers des sociétés immatriculées entre 1981 et 2000 et radiées avant mars 2001. Archives du préventorium de Plumelec. 19191972. 55 mètres linéaires. 210 J. Dossiers médicaux des patients, dossiers du comité départemental de lutte contre la tuberculose et l’alcoolisme. Ce fonds est une source précieuse pour qui souhaite étudier l’impact de la tuberculose sur la population morbihannaise. Archives de l’association Umivem. 19692009. 17,40 mètres linéaires. L’association œuvre pour la mise en valeur esthétique du Morbihan. Parmi ce fonds, les dossiers de la commission départementale des sites. Minutes notariales Notaires. Plumelec. Me DréanGuignard. 1885-1938. 14 mètres linéaires. 6 E. Projets en cours Classement des fonds déposés de Malestroit et Ploërmel. Ils figurent parmi les fonds communaux les plus complets et les plus riches d’un point de vue historique. Leur classement permettra de connaître la vie de ces communautés de ville sous l’Ancien Régime ainsi que l’administration communale des époques moderne et contemporaine. Ces fonds fourniront également des renseignements précieux sur leurs administrés et sur les périodes de guerre (troubles révolutionnaires, guerres 1914-1918 et 19391945). Nouveaux instruments de recherche Les inventaires des fonds déposés par les communes d’Arradon, Baden, Berné, Billio et Crédin ont été réalisés et mis en ligne. Classés en 3 ES, ils couvrent essentiellement la période moderne (1790-1940). Ils comprennent des registres de délibérations, des recensements de la population et de la garde nationale, des documents relatifs au cadastre, aux finances et aux élections politiques. LES MORBIHANNAIS À L’ÉPREUVE DE LA GRANDE GUERRE Cycle de conférences organisé par les Archives départementales du Morbihan et l’Université Tous Âges Amphithéâtre Alfred Sauvy IUT de Vannes - 8, rue Montaigne - Vannes // Mardi 27 janvier 2015 à 18 h : // Mardi 28 avril 2015 à 18 h : Jean-Marc Michaud « La guerre vue de l’arrière par les peintres de Bretagne » Didier Guyvarc’h « Les Morbihannais et Dieu dans la Grande Guerre » // Jeudi 19 février 2015 à 14 h 30 : // Mardi 19 mai 2015 à 18 h : Johan Vincent et Yves-Marie Evanno « Loin des tranchées, la plage. Réflexions sur le tourisme dans le Morbihan » Yann Lagadec « Des cavaliers dans la Grande Guerre. Le 2e chasseurs à cheval de Pontivy (1914-1919) » // Mardi 24 mars 2015 à 18 h : // Jeudi 4 juin 2015 à 14 h 30 : Erwan Le Gall « La brigade des fusiliers marins en 1914 ou l’anticipation erronée de la guerre à venir » Jérôme Cucarull « Les impacts de la mobilisation industrielle dans le Morbihan : un département peu impliqué par la guerre totale ? » // Jeudi 23 avril 2015 à 14 h 30 : Peggy Bette « La mobilisation des femmes en Bretagne pendant la Grande Guerre » ENTRÉE GRATUITE www.archives.morbihan.fr www.uta-vannes.org