Paris, image et âme - Le site des bouquinistes de Paris

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Paris, image et âme - Le site des bouquinistes de Paris
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PARIS, SON IMAGE ET SON AME
L’image de Paris dans le Monde, c’est la Tour-Eiffel, comme celle de Londres est le
Tower-Bridge et celle de Pise la Tour penchée.
Mais pour représenter l’esprit, la poésie, l’âme d’une ville, on évoque plutôt le
linge qui sèche dans les rues de Milan que sa cathédrale, et les quais de Paris que sa tour
de Meccano.
Au cœur de la ville, les quais vivent par la Seine et ses bateaux, les monuments qui
la bordent – Notre-Dame, le Louvre, le Musée d’Orsay, la Tour-Eiffel bien sûr – et par la
rencontre journalière des bouquinistes et des flâneurs. Cette vie palpitante des quais
touche les esprits des promeneurs de sa grâce, et j’ai quelquefois l’impression que
certains passants nous visitent avec recueillement. Evidemment, ce ne sont pas les
bouquinistes par eux-mêmes qui engendrent ce respect ! C’est l’ambiance des quais que
les voyageurs viennent respirer avec délices. Ils me demandent : « Savez-vous où est le
Quartier-Latin ? » Apprenant qu’ils y sont, ils jettent un regard différent alentour et
reprennent leur promenade avec le sourire.
Aussi, nos quais sont depuis toujours le décor vivant de tableaux, dessins et
photographies où les artistes font évoluer leurs personnages, un décor qui prête son âme.
Voici quelques unes de ces œuvres confiés au Parapet par des amoureux de Paris –
des bouquinistes évidemment !
• En couverture, une très belle gravure réalisée en 1895 par Georges Cain pour le
Figaro Illustré : “Sur les Quais (1795)“. Les boites des bouquinistes, simples casiers sans
couvercles, sont alors bien rudimentaires et les gravures pendues par des pinces à linge à
des cordes tendues sur des bâtons noueux semblent sécher en plein vent ! Leurs dessins
sont-ils royalistes ou républicains ? Mais l’essence de notre métier – vieux bouquins,
gravures et promeneurs – est déjà là : rêveuse, la jeune fille s’est laissée prendre par la
taille par le jeune amoureux bien entreprenant, et sa main nerveuse retenant sa robe
indique où vont ses pensées…
• page 3, César Tripet, le truculent clochard philosophe de Savignol confie à
l’Assiette au Beurre un de ses aphorismes, tandis que des écrits dérisoires volent comme
des mites de la Coupole de l’Académie aux boites des bouquinistes : Marx est rejoint par
un Missel, et l’Assiette au Beurre elle-même n’échappe pas à la vindicte de César !
• pages 4 & 5, deux visions de la mode et de la femme, en 1910 et 1935. En 1910, la
femme élégante est corsetée dans un ensemble de lourd tissu tombant comme un rideau,
figée dans un monde figé, bien indifférente aux poussiéreuses boites à bouquins. Ses filles
de 1935 n’en craignent plus le contact, et tout dans le dessin concourt à affirmer leur
liberté de mouvement, leur liberté sociale naissante. La réclame pour le Biberon Robert
donne l’origine d’un mot argotique bien sympathique !
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• pages 6 & 7, un poème de Michel Beau à ses vieux amis les livres et aux
bouquinistes, illustré par un autre poète : Jean Effel. Que se disent les bouquinistes ?
Autant en emporte le vent d’automne…
• pages 8 & 9, l’intrépide Caroline en visite sur les quais de Paris garde l’étalage
d’un bouquiniste du quai de Montebello. Tout y est, des “reproductions originales“ et
d’Eugène Sue aux ombrages frais encadrant les tours de Notre-Dame.
• page 10, la gaine Scandale annonce franchement qu’elle saura satisfaire toutes les
femmes, qu’elles soient passionnées (Racine), poètes (Verlaine), austères (Pascal), ou …
plus audacieuses ! Celle que J. Jacquelin a peinte pour cette réclame de 1954 semble
posséder toutes ces qualités…
• En page 12, enfin, une encre sensible du poète et illustrateur Hipólito Jimenez
pour son cousin Luis Dominguez, bouquiniste quai de Montebello. Nous ne pouvons que
souscrire à son souhait et l’en remercier.
En douze pages, plus de deux siècles de quais, mais une même âme.
Alain Ryckelynck
Le Parapet remercie les bouquinistes qui lui ont confié ces documents : Alain
Gérard pour “Sur les quais“ et Jean Effel, Lucile Monbrun pour l’Assiette au Beurre,
Marie-Françoise et Robert Betmont pour le Petit Echo de la Mode et la gaine Scandale, et
enfin Luis Dominguez pour l’encre de H. Jimenez.
SYBILLE FORGET
Après Pierre disparu prématurément à 58 ans, Sybille nous a quittés en avril. Leur
gentillesse et leur noblesse de cœur comme leur gaîeté ont marqué nos quais. Elles nous
manqueront, mais ils les ont transmises à leurs filles Delphine, Lydie et Sophie auxquelles
nous faisons part de notre sincère chagrin.
PETITES ANNONCES
Alain (tel : 01 60 10 35 01) cherche :
• Guillaume Benjamin Armand Duchenne de Boulogne (1806-1875)
Etude photographique des expressions du visage (édition indifférente) (un catalogue
reprenant ces photos a été édité pour une exposition au Musée des Beaux-Arts en 1999)
• Anton Tchekov (Tonny Kristians) Editions du Pré aux Clercs
TRIMESTRIEL DU SYNDICAT DES BOUQUINISTES PROFESSIONNELS DES QUAIS DE PARIS
1, RUE DE LA BASSE ROCHE, 91140 VILLEBON SUR YVETTE
01 60 10 35 01 – [email protected]
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