L`accessibilité des salles de cinéma en Europe

Transcription

L`accessibilité des salles de cinéma en Europe
Handicap et cinéma
en Europe
Juillet 2003
Service des études,
Des statistiques et de la prospective
Cette étude a été réalisée par :
Florence Levy, Julie Lethiphu, Benoît Danard
Service des études, des statistiques et de la prospective
Centre national de la cinématographie
12 rue de Lübeck
75 784 Paris Cedex 16
Tél : 01.44.34.38.26
Fax : 01.44.34.34.55
HANDICAP ET CINEMA en Europe
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Sommaire
SYNTHÈSE ........................................................................................................ 4
AVANT-PROPOS ................................................................................................. 7
MÉTHODOLOGIE................................................................................................. 9
IDENTIFICATION DES PROBLÈMES LIÉS À L’ACCESSIBILITÉ ....................................... 10
I. L’accessibilité physique ............................................................................................. 11
A. Accès et circulation à l’intérieur du bâtiment ........................................................................11
B. Equipements......................................................................................................................11
C. Placement dans la salle ......................................................................................................12
II. Accès à l’information ................................................................................................. 12
III. Accès aux films........................................................................................................ 12
A. Personnes sourdes et malentendantes.................................................................................12
B. Personnes aveugles et malvoyantes ....................................................................................13
UN CADRE LÉGISLATIF HÉTÉROGÈNE EN EUROPE .................................................... 14
I. Disparité des obligations suivant les salles ............................................................... 14
A. Des efforts quasi unanimes envers l’accessibilité physique des bâtiments neufs .....................14
B. Une volonté moins évidente pour les cinémas déjà existants ................................................15
II. Déséquilibre des contraintes suivant la nature du handicap..................................... 16
A. Accessibilité physique : faible prise en compte du handicap sensoriel ....................................16
B. Vide juridique quant aux autres formes d’accessibilité ..........................................................17
III. Incitations et initiatives locales.............................................................................. 17
A. L’initiative laissée aux associations ....................................................................................117
B. Les impulsions de certains Etats..........................................................................................18
UNE DÉLICATE ÉVALUATION CHIFFRÉE .................................................................. 20
I. Des données rares et à manipuler avec précaution................................................... 20
A. Absence de statistiques officielles ou de circulation des données...........................................20
B. La multiplicité des sources et des critères ............................................................................20
II. Analyse des résultats disponibles .............................................................................. 21
A. Deux tiers des pays sans statistiques...................................................................................21
B. Quelques enquêtes aux bilans mitigés .................................................................................22
CONCLUSION................................................................................................... 26
HANDICAP ET CINEMA en Europe
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Synthèse
L’analyse des conditions d’accessibilité des personnes handicapées aux salles de cinéma en Europe
soulève de multiples ambiguïtés sémantiques. Le champ de cette étude doit donc d’abord être
clairement défini : quelles solutions sont proposées aux personnes ayant un handicap moteur ou
sensoriel afin d’accéder aux salles, aux équipements des cinémas, mais aussi à l’information et aux
films dans de bonnes conditions ?
L’enquête porte sur les quinze membres actuels de l’Union Européenne ainsi que sur trois de ses
futurs adhérents (Hongrie, Pologne, Lettonie), soit dix-huit pays.
Le cadre juridique varie sensiblement d’un pays à l’autre
L’accessibilité physique aux salles
Elle est, dans la majorité des pays, obligatoire pour les constructions et les rénovations de cinémas.
Sur l’ensemble des pays étudiés, un seul, le Luxembourg, ne l’impose pas ; quelques autres concèdent
un seuil de taille minimale pour procéder aux aménagements nécessaires (Belgique, Pays-Bas…).
Hormis ces exceptions, les autres législations imposent des normes d’accessibilité aux établissements
neufs. Seulement, certains Etats ont adopté ces mesures depuis une, voire plusieurs, décennies
(Danemark, France), quand d’autres viennent ou sont sur le point de se doter de dispositifs adéquats
(Allemagne, Belgique). Le décalage temporel entre la promulgation des lois implique de fortes
disparités dans les conditions d’accessibilité au parc de salles, même entre des pays ayant des
régimes juridiques aujourd’hui proches.
Les normes techniques détaillées définissant l’accessibilité ne font pas l’objet d’une uniformisation
entre les pays. Si l’esprit des lois se rejoint souvent, leurs modalités d’application divergent souvent,
d’où une disparité sensible des conditions réelles de l’accessibilité.
Quant aux établissements cinématographiques construits avant l’adoption de normes d’accessibilité,
très peu de pays les contraignent à s’y résoudre. Le Portugal ou la Suède ont fixé des dates butoirs à
l’issue desquelles tous les bâtiments ouverts au public devront offrir une bonne accessibilité physique.
Cependant, ces échéances approchent sans qu’aucune évaluation de l’application des mises aux
normes ne soit disponible. C’est au Royaume-Uni que sera appliquée dès 2004 la législation la plus
poussée en Europe. Les exploitants devront réaliser les aménagements (raisonnables) nécessaires à la
pleine accessibilité de leurs salles, au risque d’être accusés de discriminer les personnes handicapées.
Ces dispositifs juridiques suppriment les obstacles à l’accessibilité pour les personnes à mobilité
réduite, terme qui comprend, entre autres, les personnes ayant un handicap moteur, mais aussi un
handicap sensoriel. Cependant, les standards, généralement pensés en priorité pour les personnes en
fauteuils roulants, sont souvent incomplets. De même, la prise en compte du handicap sensoriel au
sein des aménagements architecturaux est mineure. Ceux-ci ne considèrent souvent que de manière
partielle et ponctuelle l’accès, la circulation ou encore l’évacuation des personnes victimes d’un tel
handicap.
L’accessibilité à l’information
Elle concerne les personnes ayant un handicap sensoriel et devrait faire partie intégrante des lois sur
l’accessibilité. Or, elle est souvent négligée et le droit ne traite en général que de la dimension
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architecturale de l’accessibilité. Les contraintes légales sur l’accès à l’information sont réduites alors
que, pour les personnes malvoyantes ou malentendantes, il est crucial de prendre connaissance des
programmes et horaires des séances.
Aujourd’hui, la nouvelle dimension de l’accès à l’information, par le biais des nouvelles technologies,
suscite un regain d’intérêt . Les Etats, associations et entreprises se penchent sur la question. Mais,
malgré cette attention, rien ne contraint encore ou n’encourage les établissements
cinématographiques à prendre en compte le handicap sensoriel, par exemple lors de la construction
de leur site Internet.
L’accessibilité aux films
Les personnes en fauteuil roulant peuvent rencontrer des difficultés à suivre le film, lorsqu’elles sont
placées au premier rang ou dans les allées des salles. Ces emplacements limitent la possibilité de
profiter pleinement du film.
Cependant, ces difficultés concernent surtout les personnes malentendantes ou malvoyantes. Des
dispositifs ont été élaborés palliant le défaut d’images ou de sons : l’audiovision, le sous titrage ou
encore les boucles magnétiques. Seulement, ces systèmes sont encore rarement installés. Quelques
Etats comme le Danemark soutiennent certains projets. Mais les incitations sont encore rares. De
multiples associations prennent alors le relais pour organiser des projections spéciales. Toutefois,
celles-ci se déroulent dans des conditions délicates, sont encore peu nombreuses et reposent sur des
équilibres économiques précaires. L’implantation de solides réseaux nationaux d’équipements à
destination des malvoyants ou malentendants n’est pour le moment en cours qu’au Royaume-Uni.
Suite à la collaboration entre l’Etat et des entreprises déjà implantées aux Etats-Unis, un réel marché
se crée et s’étend, répondant aux besoins des personnes ayant un handicap sensoriel.
Une évaluation difficile
Il s’agit du principal écueil à l’évaluation de l’accessibilité des salles de cinéma en Europe. Quels effets
contraignants ont les différentes législations, actions associatives, initiatives privées ?
Les outils de mesure sont rares, hétérogènes et mal définis. Très peu d’enquêtes officielles sont
menées. Les données recueillies sont donc éparses, et ne constituent pas un panorama européen
exhaustif. Surtout, leur hétérogénéité ne permet pratiquement pas de comparer les situations et, par
conséquent, les effets respectifs des différentes politiques.
Au niveau de l’accessibilité physique, les chiffres recueillis varient considérablement d’un pays à
l’autre. D’une manière générale, les enquêtes présentent des taux plus ou moins importants
d’établissements cinématographiques offrant des accès pour les fauteuils roulants, c’est-à-dire évitant
les escaliers. Les chiffres atteignent alors près de 80% d’accessibilité en Espagne, ou encore 50% à
Budapest. Par contre, lorsque sont prises en compte toutes les composantes d’une réelle accessibilité
(accès, circulation mais aussi sanitaires adaptés, parkings, évacuations…), les taux tombent très bas.
Quant aux dispositifs pour les personnes ayant un handicap sensoriel, ils sont globalement très peu
répandus. Cependant, les chiffres reflètent une corrélation entre l’implantation de tels aménagements
et l’existence d’aides et d’incitations étatiques. Ainsi, au Danemark, les subventions à l’installation de
boucles magnétiques ont engendré des résultats encourageants puisqu’un tiers des cinémas sondés
sont dotés de ce dispositif. Ce système permet de diffuser un film via une boucle magnétique vers des
récepteurs distribués aux personnes handicapées à l’entrée de la salle. De même au Royaume-Uni, le
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parc de salles de cinéma équipées d’un système d’audiovision est de loin le plus développé d’Europe
avec près de 100 établissements et ce, sous les impulsions conjointes des entreprises et de l’Etat.
L’accessibilité des salles de cinéma en Europe
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Avant-propos
Objectifs
La préoccupation de l’intégration des personnes handicapées frappe prioritairement le monde du
travail et celui des transports. Cependant, les secteurs de la culture et des loisirs y participent
également. Parmi les multiples défis liés à l’accès à la culture, figure l’accessibilité aux salles de
cinéma au plus grand nombre.
1
Avec, pour l’Union Européenne, un parc de plus de 24 800 écrans et 929 millions d’entrées en 2001,
soit une fréquentation annuelle de 2,5 films par habitant, le cinéma en salles représente l’une des
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pratiques culturelles les plus répandues et les plus démocratisées .
Quelles initiatives et quels dispositifs législatifs ont été mis en œuvre ? Parallèlement, quels problèmes
demeurent, rendant impossible ou très difficile l’accès des personnes handicapées aux salles de
cinéma ?
Cette étude dresse un panorama des différentes réalités rencontrées par les personnes ayant un
handicap physique ou sensoriel dans les salles de cinéma en Europe.
Définitions
Le handicap
2003 a été proclamée « Année européenne des personnes handicapées ». Il est généralement admis
que le nombre de personnes handicapées au sein de l’Union Européenne s’élève à 37 millions, soit
une personne sur dix. Le chiffre atteint 80 millions si l’ensemble du continent européen est pris en
compte.
Les statistiques sont toutefois rares et souvent controversées tant les définitions du handicap
demeurent floues et font l’objet de vifs débats. Il n’existe pas aujourd’hui de consensus sur la
terminologie à employer. La déclaration des droits des personnes handicapées (ONU 09-12-75) définit
comme suit la personne handicapée : «toute personne dans l’incapacité d’assurer par elle-même tout
ou partie des nécessités d’une vie individuelle ou sociale normale, du fait d’une déficience, congénitale
ou non, de ses capacités physiques ou mentales ».
Par ailleurs, le terme de « personne à mobilité réduite » désigne, dans son acception large, toute
personne dont la mobilité est entravée, de façon temporaire ou permanente, quelle qu'en soit la
cause. Cela revient à prendre en considération les personnes se déplaçant en fauteuil roulant ou à
l'aide de béquilles mais aussi les personnes âgées, les adultes avec de jeunes enfants ou des landaus,
les femmes enceintes, ou encore les personnes de forte corpulence.
D’après ces définitions, il apparaît alors que la présente étude ne porte ni sur l’ensemble des
personnes handicapées, ni sur l’ensemble des personnes à mobilité réduite. L’accent sera porté
uniquement sur les personnes ayant un handicap moteur ou sensoriel, c’est-à-dire dépendantes d’un
fauteuil roulant ou d’un moyen artificiel d’aide à la marche, ainsi que les personnes ayant une
déficience visuelle et/ou auditive.
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2
Source : Média Salles 2001.
Source : Bilan du CNC 2002.
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L’accessibilité
L’accessibilité est aujourd’hui une notion essentielle à la compréhension et à l’atténuation du
handicap. Le handicap ne désigne pas l’incapacité elle-même mais la perte ou la restriction des
possibilités de participer à la vie collective liée à l’incapacité. Ainsi, elle sera atténuée au sein d’un
environnement adapté.
Un environnement mieux adapté et accessible permet donc non seulement une non-discrimination de
la personne handicapée, mais surtout une réduction du handicap.
C’est pourquoi l’accessibilité a été particulièrement mise en exergue depuis l’adoption des « règles
standards pour l’égalisation des chances des personnes handicapées » par l’ONU en 1993.
L’accessibilité constituait l’une des huit cibles pour une participation égale de tous les individus à la vie
collective. Aux termes de cet acte, les Etats devaient mettre en place des programmes d’action afin de
rendre l’environnement plus accessible.
Pourtant, malgré la place centrale accordée aujourd’hui à la thématique de l’accessibilité, aucune
définition consensuelle n’existe en Europe. Ce manque de clarté terminologique fut source de
difficultés tant au niveau de l’analyse que de la mesure de l’accessibilité dans les salles de cinéma.
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Méthodologie
L’étude concerne essentiellement les quinze pays membres en 2003 de l’Union Européenne :
Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce, Irlande, Italie,
Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni, Suède. Cependant, et afin de tenir compte du
prochain élargissement de l’Union Européenne, trois des futurs adhérents ont été contactés : la
Hongrie, la Pologne et la Lettonie.
L’enquête a finalement porté sur dix-huit pays.
Dans la plupart des pays, l’aide des attachés audiovisuels des ambassades de France a été sollicitée.
De nombreux autres contacts ont été établis, notamment avec les différents ministères des affaires
sociales, parfois avec les équivalents étrangers du CNC, et très souvent avec le milieu associatif et les
organisations de représentation des personnes handicapées.
Malgré la multiplicité de ces contacts, le taux de retour n’est pas maximal. Pour quelques rares pays
aucun contact ne s’est révélé fructueux, et plus souvent les réponses se sont concentrées sur un type
de handicap ou sur un aspect seulement de l’étude et ne sont donc pas complètes par rapport au
sujet.
Le tableau suivant rappelle ainsi les réponses et le type des réponses obtenues :
Données légales
Données chiffrées
Allemagne
X
Autriche
Belgique
X
Danemark
X
X
Espagne
X
X
X
Finlande
France
Grèce
X
X
X
Hongrie
Irlande
Pas de réponse
X
X
Italie
X
Lettonie
Luxembourg
X
X
Pays-Bas
X
Pologne
X
X
X
Portugal
X
Royaume-Uni
Suède
X
X
Il convient de préciser que pour la France, le CNC dressera dans les mois à venir en collaboration avec
les organisations professionnelles un état des lieux statistiques de l’accessibilité du parc de salles.
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Identification des problèmes liés à
l’accessibilité
Le handicap moteur implique essentiellement une gestion de l’accessibilité physique aux salles de
cinéma, contrairement au handicap sensoriel, qui soulève aussi les questions de l’accès à l’information
et même au film.
I. L’accessibilité physique
A. Accès et circulation à l’intérieur du bâtiment
Les personnes handicapées doivent avoir la possibilité d’entrer et de sortir sans difficultés dans
l’enceinte d’un cinéma et de circuler à l’intérieur du bâtiment. Autrement dit, elles devraient pouvoir se
rendre dans chacune des salles, mais aussi aux guichets, aux comptoirs confiseries ou aux toilettes.
L’accès aux salles est donc subordonné à des aménagementsrelatifs aux infrastructures:
f Pour les personnes ayant un handicap moteur :
- la construction de rampes et d’ascenseurs,
- des escaliers le plus court possible et franchissables à l’aide d’une tierce personne,
- des revêtements adaptés dans les salles et corridors,
- des passages et des portes suffisamment larges,
- des poignées de portes placées à hauteur raisonnable.
f Pour les personnes aveugles ou malvoyantes :
- des contrastes de couleurs entre les murs et les sols, entre les murs et les portes, dans les
escaliers (nez de marches visibles),
- une absence d’obstacles dangereux ou gênants dans les axes de circulation,
- des repères au sol pour éveiller l’attention,
- une main courante dans les escaliers,
- un éclairage correct,
- la possibilité d’être accompagné d’un chien guide.
f Pour les personnes sourdes ou malentendantes :
- une absence de perturbations acoustiques.
B. Equipements
Non seulement accessibles mais aussi adaptées, les sanitaires doivent être :
- suffisamment larges pour laisser entrer et sortir un fauteuil roulant,
- aménagés avec, par exemple, la pose de barres d’appui,
- des signaux d’alarme sonores et visuels (gyrophares) en cas d’évacuation du bâtiment.
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Par ailleurs, la seule présence d’ascenseurs accessibles est insuffisante. Ils doivent comporter un
certain nombre d’aménagements, notamment pour les personnes ayant un handicap sensoriel :
- des signaux visuels et sonores indiquant les étages,
- des boutons contrastés et en relief ou en braille,
- des alarmes sonores et visuelles (gyrophares) en cas d’évacuation du bâtiment.
Les places de parking sont, elles aussi, importantes. Celles-ci doivent être réservées, suffisamment
nombreuses, d’une largeur adaptée et situées à proximité de l’entrée du cinéma.
C. Placement dans la salle
Des emplacements spécifiques doivent être réservés aux fauteuils roulants à l’intérieur des salles, en
évitant les emplacements situés au premier rang ou dans les allées. Une accessibilité parfaite voudrait
aussi que des places soient réservées pour les personnes accompagnant les personnes handicapées, à
leurs côtés.
Le handicap sensoriel ne nécessite pas de réserver d’emplacements particuliers à l’intérieur de la salle,
à moins qu’une boucle magnétique ait été installée (amplification du son pour les personnes
malentendantes, diffusion individuelle de l’audiovision pour les aveugles et malvoyants). Celle-ci ne
couvre pas nécessairement toute la superficie de la salle, et les zones situées dans la boucle doivent
alors être réservées en priorité aux personnes ayant un handicap sensoriel.
II. Accès à l’information
Les personnes ayant un handicap moteur rencontrent peu de problèmes concernant l’accès à
l’information. Il est surtout nécessaire par exemple que les guichets de vente de billets soient
accessibles, c'est-à-dire qu’ils ne soient pas trop hauts.
En revanche, les personnes souffrant d’un handicap sensoriel rencontrent d’importantes difficultés
liées à l’accès à l’information. Cela implique :
f A l’intérieur du cinéma :
- des guichets équipés de systèmes d’amplification ou de transmission du son,
- des panneaux ou des écrans d’information bien lisibles (contraste de couleurs entre le texte et son
support, taille de caractère suffisante…).
f A l’extérieur du cinéma :
- sites web accessibles,
- numéros de téléphone permettant de consulter les horaires, réserver des places, etc.,
- programmes des séances disponibles en braille.
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III. Accès aux films
Contrairement à l’incapacité sensorielle, l’incapacité motrice pose des problèmes d’accès à la salle de
cinéma, mais n’empêche pas le visionnage du film lorsqu’aucun aménagement n’est prévu,. Ne pas
avoir accès au son ou à l’image d’un film est préjudiciable à la compréhension de l’intrigue et de
l’action et limite, par conséquent, la charge émotionnelle et le simple plaisir d’aller au cinéma.
Dispositifs facilitant l’accès au film pour les personnes ayant un handicap sensoriel
Sourds
- VOST (mais informations incomplètes)
- Sous-titrage complet (sur écran ou boîtiers individuels)
Malentendants
- VOST (mais informations incomplètes)
- Sous-titrage complet (sur écran ou boîtiers individuels)
- Boucles à induction magnétique (ou par ondes infrarouge)
Aveugles et malvoyants
- Audiovision (diffusée dans la salle ou individuellement, par boucles magnétiques)
A. Personnes sourdes et malentendantes
Les personnes sourdes et malentendantes peuvent accéder aux projections de films étrangers soustitrés en français. Seulement, ces sous-titres ne transposent que les dialogues et ne décrivent pas
toute l’ambiance du film (bruits, musiques,…). Ensuite, ils ne concernent pas les films français. Enfin
la VOST n’est en général projetée que dans certaines salles Art et Essai, et ne couvre donc pas tous
les établissements cinématographiques.
Afin de pallier ces limites, des dispositifs plus spécifiques ont été mis au point :
- Pour les personnes malentendantes portant un appareil auditif : le son est transmis vers ces
appareils soit par une boucle magnétique, soit par des ondes infrarouges. Il s’agit d’un dispositif très
peu coûteux pour les salles de cinéma et qui permet aux personnes malentendantes de profiter
pleinement du film.
- Pour les sourds, la compréhension du film passe par un sous-titrage complet, c’est-à-dire des
dialogues, des sons et des musiques. Le problème de ce dispositif réside dans le refus du public
entendant de se rendre à des projections où toute la bande-son du film est sous-titrée sur l’écran.
La solution serait de réserver des séances spéciales pour le public sourd et malentendant.
Cependant, cette solution serait peu efficace car les projections réservées sont en général mal
placées dans la semaine. De plus, un tel processus crée une marginalisation d’une partie de la
population cinématographique, qui ne souhaite pas l’être.
Des dispositifs supplémentaires ont donc été élaborés afin de permettre une lecture individuelle des
sous-titres, par exemple des boîtiers personnels distribués en début de séance aux personnes
sourdes. Ce système permet aux personnes sourdes d’assister à n’importe quelle projection, au
milieu des personnes entendantes. Cependant, s’il se développe dans les théâtres, il est encore très
rare dans les salles de cinéma.
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B. Personnes aveugles et malvoyantes
La solution pour permettre l’accès aux films en salles est l’audiovision ou audiodescription. Il s’agit
d’insérer sur la bande sonore, entre les dialogues, des descriptions sonores de l’ambiance visuelle et
de l’action du film. Ce procédé permet de suivre l’intrigue du film sans avoir à demander d’explications
à une tierce personne.
Aujourd’hui, le système est coûteux puisqu’il faut que le distributeur traduise son film en audiovision.
Il ne s’agit plus uniquement d’ajouter des sous-titres au film mais de modifier la bande sonore, et de
réussir à synchroniser les dialogues et les descriptions.
Parallèlement, se pose le même problème que pour les sous-titres détaillés : le grand public refuse
d’assister à des séances en audiovision. Les entreprises développent donc des systèmes fermés, c’està-dire que l’audiovision est diffusée par une boucle magnétique ou à infrarouge vers des casques
recepteurs distribués aux personnes aveugles ou malvoyantes. Ce dispositif est coûteux mais permet
un accès individuel à l’audiovision et ne nécessite donc pas de réserver des séances pour les
personnes aveugles ou malvoyantes.
*
*
*
Les articles, recherches et études relatifs aux différentes dimensions de l’accessibilité se multiplient. Le
« design universel » ou « design for all » met par exemple au point des grilles très précises
concernant l’accessibilité physique, voire informationnelle. Seulement, l’application de telles normes
est loin de se faire de manière volontaire dans les différents pays d’Europe.
De nombreuses associations tentent de convaincre les entreprises européennes de l’intérêt
économique qu’elles ont à accueillir les personnes handicapées dans de bonnes conditions. Pourtant,
et au risque de se voir priver d’un public important, les efforts spontanés de mise aux normes
demeurent rares. C’est encore prioritairement à travers le vote de lois et l’instauration de contraintes
légales qu’évoluent les conditions concrètes de l’accessibilité.
HANDICAP ET CINEMA en Europe
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Un cadre législatif hétérogène en Europe
La question du handicap et de l’accessibilité est une préoccupation européenne depuis plus de vingt
ans. Le concept de l’accessibilité a d’abord été introduit dans des textes généraux, dénués de
dimension pratique et technique. Par exemple, en France, a été votée dès 1975 une loi d’orientation
en faveur des personnes handicapées stipulant la nécessité de mettre en œuvre les principes
d’accessibilité.
Des règlements plus précis ont été progressivement adoptés afin d’en faciliter l’application.
Aujourd’hui, des normes spécifiques et précises existent dans pratiquement tous les pays mais restent
disparates. Quelques grandes tendances sont cependant identifiables à l’échelle européenne.
I. Disparité des obligations suivant les salles
Cinémas neufs
(publics ou privés)
Allemagne
Cinémas anciens
(publics ou privés)
X
Autriche
X
Belgique
X
Danemark
Espagne
X
X
Finlande
France
X
X
Grèce
Hongrie
Irlande
X
X
X
Italie
Lettonie
Pas de réponse
X
X
Luxembourg
Pays-Bas
Pologne
X
Portugal
X
X
Royaume-Uni
X
X
Suède
X
X
X
A. Des efforts quasi unanimes envers l’accessibilité physique
des bâtiments neufs
Aujourd’hui, dans une très grande majorité de pays, les règlements de construction des bâtiments
ouverts au public comprennent des normes d’accessibilité.
L’accessibilité physique dans les codes de construction
Dans la plupart des pays, un permis de construire ne pourra être accordé à un établissement
cinématographique dont l’architecture ne prend pas en compte l’accessibilité.
HANDICAP ET CINEMA en Europe
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Rares sont les pays n’ayant pas instauré des normes de construction. Sur les douze pays ayant
répondu, seul le Luxembourg n’en impose pas dans les cinémas neufs. En effet, le souci de
l’accessibilité ne concerne que les constructions de bâtiments publics, soit très peu de cinémas.
A l’inverse, l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, l’Irlande, la France, les Pays-Bas, le
Portugal, le Royaume-Uni, la Suède ou la Lettonie contraignent les constructeurs de cinéma à tenir
compte des personnes à mobilité réduite. C’est-à-dire que, dans tous ces pays, l’architecture des
cinémas récents doit faciliter l’entrée, la sortie, la circulation interne ou encore l’évacuation des
handicapés moteurs, mais aussi des sourds et malvoyants.
L’introduction de normes d’accessibilité physique dans les codes de la construction constitue donc un
mouvement de fond dans le droit européen.
Un contrôle de l’application
Bien sûr, l’adoption de ces règlements n’induit pas une mise en œuvre systématique de l’accessibilité
physique. Plusieurs pays ont mis en place des organismes de contrôle veillant à l’application des lois
en la matière, encore souvent contournées. Le Danemark a, par exemple, institué en 2001 un corps
de consultants en accessibilité. Leur rôle est de contrôler et d’aider à l’application du règlement sur la
construction. Celui-ci avait été adopté en 1995 et n’était pas réellement appliqué. De même, en
Irlande, malgré la surveillance du Building control Authorities, de nombreux bâtiments sont encore
érigés chaque année, ne répondant pas aux normes de la loi sur la construction de 1997.
Des codes plus ou moins exigeants
Les pays européens disposent pratiquement tous de lois sur la suppression de barrières
architecturales. Cependant, ces textes ne sont pas uniformisés. Et s’ils traitent globalement des
mêmes obstacles, les exigences d’accessibilité ne sont pas tout à fait similaires.
Chaque loi fixe des standards nationaux concernant l’inclinaison des rampes, les ascenseurs, la largeur
des places de parking ou des allées. Aujourd’hui, une salle de cinéma de 300 places au Portugal doit
comporter trois places réservées pour les personnes en fauteuil roulant, quand la même salle en
France ou en Belgique devra être dotée de six places réservées.
Malgré les difficultés à faire appliquer ces lois de façon systématique, et malgré les variations dans les
niveaux d’exigences suivant les pays, une réelle volonté politique semble émerger en Europe. Ce n’est,
à l’inverse, pas le cas pour la mise aux normes des bâtiments anciens.
B. Une volonté moins évidente pour les cinémas déjà existants
L’effort réglementaire a été sensible dans pratiquement toute l’Europe ces dernières années pour que
les constructions et les rénovations de cinémas comprennent des aménagements relatifs à
l’accessibilité physique. En revanche, les prises de position se font plus timides au sujet des
établissements existants. A ce titre, les pays tentant de légiférer et d’imposer la mise aux normes des
cinémas plus anciens sont rares.
Mise aux normes de tous les établissements cinématographiques
La position la plus avancée est celle du Royaume-Uni qui a adopté une politique calquée sur la
législation américaine. Il s’agit de mettre en œuvre une réglementation luttant contre les
discriminations. La prochaine mesure, applicable dès octobre 2004, contraindra tous les prestataires
de services, à savoir les propriétaires de cinémas, à supprimer les obstacles à l’accès des personnes à
mobilité réduite. Cette loi est très attendue et son application sera sans doute très stricte et contrôlée.
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D’autres pays, bien que peu nombreux, ont prévu une échéance pour la mise en accessibilité de tous
les bâtiments, publics ou privés, recevant du public et donc de tous les cinémas. C’est le cas du
Portugal (d’ici 2004) ou encore de la Suède (d’ici 2010).
L’Espagne n’a toujours pas fixé d’échéance nationale, contrairement à ce qui était prévu dans la loi
d’intégration sociale des personnes handicapées de 1982. Reste que certaines des dix-sept
communautés autonomes ont peut-être déjà imposé un calendrier de mise aux normes des bâtiments
existants.
Mise aux normes des établissements cinématographiques publics
Une position intermédiaire consiste à rendre obligatoire la mise en accessibilité pour les bâtiments de
l’Etat, des collectivités territoriales ou pour les établissements publics. Seulement une minorité de
cinémas sont concernés. Cette position est par exemple celle de la France, à travers le décret du 9
décembre 1978.
La vaste majorité des cinémas existants demeure, dans ce cas, exempte de toute obligation de mise
aux normes puisque le parc d’écrans en France comme dans le reste de l’Europe est largement privé.
Aucune obligation pour les établissements existants
Finalement, une large majorité de pays n’a encore mené aucune avancée sur ce point. Huit pays sur
onze se contentent d’imposer l’accessibilité physique dans les cinémas récents ou à construire, sans
que cette impulsion soit rétroactive.
II. Déséquilibre des contraintes suivant la nature du
handicap
A. Accessibilité physique : faible prise en compte du handicap
sensoriel
Les obstacles architecturaux ne gênent pas uniquement les personnes en fauteuil roulant. Une
personne malvoyante, mais aussi dans une moindre mesure une personne malentendante, peut
connaître des difficultés importantes à s’orienter dans un cinéma. Des aménagements doivent être
prévus afin de leur permettre de s’informer, d’acheter leurs places, d’accéder et de sortir des
différentes salles ou encore d’être immédiatement au courant en cas d’alerte.
Cependant, les différents textes traitant des normes d’accessibilité architecturales n’abordent que de
manière partielle ces questions. Aucun texte de loi n’est exhaustif sur ce point.
En Belgique, la situation est exemplaire si l’on compare les textes adoptés par la région de Bruxelles et
la Wallonie, respectivement en 1999 et en 2001. Le texte bruxellois stipule que les ascenseurs doivent
être utilisables par les personnes malvoyantes et malentendantes, sans donner de précisions sur les
boutons ou encore les signaux sonores ou lumineux. A l’inverse, le texte wallon est relativement précis
sur ces points. Ce dernier contraint même les signaux d’alerte à être à la fois sonores et visuels.
Parallèlement, le texte bruxellois définit une obligation de marquage contrasté sur les portes vitrées,
point que n’aborde pas le texte wallon.
Que les différences soient si flagrantes entre les deux textes de régions appartenant à un même pays
et votés à deux ans d’intervalle n’est pas étonnant. Les dissemblances entre les différents textes de
HANDICAP ET CINEMA en Europe
16
loi, déjà perceptibles sur les normes d’accessibilité physique liés au handicap moteur, sont
particulièrement sensibles à propos du handicap sensoriel.
Le texte portugais de 1997 est précis en ce qui concerne les ascenseurs, imposant des systèmes
d’alerte adaptés aux aveugles et aux sourds. Cependant, il ne prévoit rien par exemple sur les
contrastes de couleurs dans les escaliers, ce qui était le cas dans les deux régions belges.
Les lois définissant les normes d’accessibilité physique sont conçues prioritairement pour les
personnes ayant un handicap moteur. Elles n’abordent généralement que de manière très partielle les
besoins liés à un handicap sensoriel.
B. Vide juridique quant aux autres formes d’accessibilité
Si les lois traitent imparfaitement l’accessibilité physique et ce, surtout pour les personnes ayant un
handicap sensoriel, le constat est encore plus pessimiste concernant l’accessibilité à l’information et au
film lui-même. L’absence totale de loi régissant ces deux aspects cruciaux de l’accessibilité est réelle.
Aucune loi ne régit aujourd’hui encore l’accessibilité des sites Internet pour les personnes aveugles et
malvoyantes. La question est pourtant l’objet aujourd’hui d’un intérêt grandissant des Etats et des
entreprises. Seul le Portugal s’est récemment distingué en la rendant obligatoire pour les sites publics,
ce qui ne concerne donc pas la grande majorité des cinémas.
De même, rien n’oblige les cinémas à mettre en place une ligne téléphonique d’information, qui est,
quand elle existe, toujours payante. Aucune loi n’oblige non plus l’édition du programme des séances
en braille.
Des lois sont éditées en Europe favorisant la reconnaissance de la langue des signes et la présence de
traducteurs dans un grand nombre d’édifices publics, rien cependant n’est prévu pour les cinémas. Il
est très rare d’ailleurs que le personnel travaillant dans les cinémas soit formé à recevoir un public
présentant un handicap sensoriel, afin de bien les informer et les guider dans l’établissement.
Par ailleurs, aucune loi n’impose en Europe l’installation de boucles magnétiques dans les salles. Rien
ne contraint donc les propriétaires de salles à mettre en place de tels aménagements ni à organiser
des séances spéciales, en audiovision par exemple.
III. Incitations et initiatives locales
A. L’initiative laissée aux associations
En conséquence de ce défaut d’obligations légales, ce sont les associations qui occupent le terrain.
Dans plusieurs pays, elles organisent des projections sous-titrées pour les malentendants et sourds,
voire en audiovision pour les aveugles et malvoyants.
En France, par exemple, l’association Valentin Haüy (AVH) œuvre en faveur de la diffusion à Paris et
en province de films en audiovision.
La difficulté consiste à pouvoir se procurer des copies adaptées. C’est en effet aux distributeurs qu’il
revient d’enclencher le processus en réalisant des versions sous-titrées ou en audiovision de leurs
films. Sans exploitation commerciale importante de ces copies et sans aide de l’Etat ou de l’Europe, les
HANDICAP ET CINEMA en Europe
17
distributeurs ne trouvent pas d’intérêt à proposer de telles copies. Aussi, l’organisation de projections
pour les aveugles et malvoyants dont l’accès au film est encore plus réduit que pour les sourds et
malentendants, demeure marginale.
Par exemple, en Belgique, seules trois associations organisent des séances en audiovision pour les
aveugles et malvoyants. Parmi ces trois associations, une seule, « La Lumière », organise ses
projections dans une salle de cinéma active, ce qui lui coûte 575 € par séance.
Les difficultés à convaincre les distributeurs, à faire venir les rares copies existantes, à louer une salle,
ont donc un coût non négligeable. Et l’association « La Lumière » ne peut organiser une projection
mensuelle à Liège que grâce aux subventions du ministère de la communauté française, de la région
wallonne et de la ville de Liège. Ce sont des séances subventionnées qui finissent par se mettre en
place dans les pays n’encourageant pas de manière officielle l’audiovision et le sous-titrage des films
de cinéma.
B. Les impulsions de certains Etats
Quelques Etats ont mis au point des politiques incitatives visant à soutenir l’effort de modernisation
des salles de cinémas en faveur de l’accueil des personnes handicapées. Seulement, une nouvelle fois,
ces politiques sont parcellaires, rares, ponctuelles. Aucune volonté d’harmonisation européenne n’est
encore perceptible.
En 2002, en Espagne, un décret royal sur la promotion de l’industrie cinématographique a défini
l’attribution de prêts à taux avantageux pour les salles de cinéma souhaitant se moderniser et
facilitant l’accès aux films des personnes handicapées. Le texte de la loi ne définit pas précisément de
quel type d’accessibilité il s’agit. Rendre accessible une salle de cinéma ou organiser des projections
régulières pour les personnes ayant un handicap visuel ou auditif doivent entrer dans le champ
d’application de cette mesure.
Au Danemark, des mesures plus précises ont déjà été mises en place pour encourager l’accueil des
personnes ayant un handicap sensoriel dans les salles de cinéma.
L’institut danois du film accorde ainsi des subventions aux cinémas installant des boucles magnétiques
à destination des personnes malentendantes. D’autre part, ce même institut envisage aussi de mettre
en place un système de subventions encourageant le sous-titrage des films danois à l’intention des
personnes sourdes et malentendantes.
Enfin, c’est au Royaume-Uni que les efforts les plus notoires ont eu lieu. En effet, c’est le seul pays à
encourager activement l’implantation des systèmes de sous-titrage et d’audiovision.
En 2001, une entreprise britannique, DTS, fournisseuse d’installations de sous-titrage et d’audiovision
a équipé à ses frais dix salles. Un distributeur, Warner Bros, a accepté de traduire un de ses films,
Harry Potter and the Philosophers Stone. Devant le succès de l’opération, une chaîne d’exploitation a
implanté en 2002 dix autres unités de ce type et un nombre croissant de distributeurs ont rendu
disponibles leurs films pour l’audiovision.
Le Film Council a décidé d’encourager ces efforts et de financer pour moitié l’installation de
75 nouveaux systèmes. A la fin de l’année 2003, ce sont donc près d’une centaine d’écrans qui seront
accessibles aux personnes sourdes, malentendantes, aveugles ou malvoyantes.
Cette évolution est exemplaire, et le Royaume-Uni est aujourd’hui le seul pays qui connaît un réel
développement commercial de ces dispositifs permettant sous-titrage et audiovision. Un tel
dynamisme est rendu possible par la proche collaboration entre les entreprises développant les
systèmes techniques, les distributeurs, les exploitants de salles et l’Etat.
HANDICAP ET CINEMA en Europe
18
*
*
*
Les législations européennes sont donc hétérogènes à plusieurs niveaux :
- Par leur champ d’application. La plupart des pays imposent que les conditions d’accessibilité des
salles soient prévues dès la construction de l’établissement, tandis que d’autres tentent d’appliquer
ces principes de manière rétroactive au parc de salles.
De plus, les promulgations des codes de construction imposant l’accessibilité des cinémas neufs ont
été très étalées dans le temps selon les pays. Ainsi dans certains pays, les cinémas construits depuis
vingt ans sont accessibles, alors que dans d’autres ne le seront que les cinémas construits à partir
de l’an prochain.
- Par les modalités concrètes de cette accessibilité. Les normes techniques ne faisant l’objet
d’aucune harmonisation, les exigences légales d’accessibilité varient donc d’un pays à l’autre. Ainsi,
les besoins liés au handicap sensoriel sont plus ou moins bien pris en compte. De même,
l’application des textes de loi est plus ou moins rigoureusement contrôlée.
- Par l’émiettement des outils incitatifs. Visant à compléter les dispositifs réglementaires, à dépasser
la seule accessibilité légale, ceux-ci demeurent très ponctuels. Le travail des associations et les
démarches spontanées des exploitants et distributeurs doivent être soutenus par des aides
financières et techniques des Etats afin de pallier au mieux les insuffisances des dispositifs légaux
existants.
HANDICAP ET CINEMA en Europe
19
Une délicate évaluation chiffrée
I. Des données rares et à manipuler avec précaution
A. Absence de statistiques officielles ou de circulation des
données
Il n’existe a priori pas de statistiques officielles européennes concernant l’accessibilité des personnes
handicapées aux salles de cinéma. Très peu de données sont disponibles au niveau national en la
matière.
Il est bien sûr impossible d’être catégorique compte tenu du caractère incomplet de l’enquête et, du
fait que les sources consultées peuvent ne pas avoir eu connaissance de sondages existants.
Ainsi, la carence de chiffres officiels relève soit d’une réelle inexistence de ces statistiques, soit d’un
défaut de communication et de circulation des données, si tant est qu’elles existent. Dans les deux
cas, l’intérêt porté à la question de l’accessibilité dans les salles de cinéma est limité.
B. La multiplicité des sources et des critères
Aucune norme européenne ne définit pour le moment l’accessibilité aux bâtiments ouverts au public.
D’abord, les normes officielles d’accessibilité diffèrent sensiblement d’un pays à l’autre. Les sources de
mesures d’accessibilité sont multiples, afin de compenser le vide laissé par le défaut d’enquêtes
officielles. Ainsi, chaque organisation testant l’accessibilité d’une salle de cinéma tend à l’évaluer selon
ses propres critères et exigences.
Aujourd’hui les principales sources présentant des évaluations de l’accessibilité des salles de
cinéma sont les suivantes :
Les enquêtes officielles : celles-ci sont très peu nombreuses et n’ont aucune homogénéité d’un pays à
l’autre. Ainsi, le Danemark a choisi d’envoyer un questionnaire dans chaque cinéma du pays.
L’Espagne a réalisé une enquête portant sur seulement 36 cinémas répartis dans tout le pays. Le
faible nombre de cinémas testés impose donc une grande précaution dans l’analyse des résultats
dégagés.
Les évaluations officieuses : dans plusieurs pays, des associations ont communiqué des chiffres sur
l’accessibilité des salles de cinéma. Ces évaluations sont en général limitées à un faible nombre de
cinéma et ne prétendent pas à l’exhaustivité. Pour quelques petits pays européens comme la Lettonie
ou le Luxembourg, ces évaluations sont quasiment exhaustives, étant donné le faible nombre de salles
de cinéma en activité dans ces pays.
Sans préjuger du travail fourni par ces associations, les méthodes d’investigation, les critères et les
outils statistiques ne nous ont pas été transmis, ce qui impose, une nouvelle fois, de manier ces
informations avec précaution.
HANDICAP ET CINEMA en Europe
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Les indicateurs ponctuels : Il existe à travers toute l’Europe des guides d’accessibilité, en particulier
3
dans les capitales et les régions touristiques. Fascicules imprimés ou encore sites Internet , ils
fournissent pour une ville donnée des indications sur les niveaux d’accessibilité d’un certain nombre de
bâtiments. A l’origine de ces guides, se trouvent parfois les municipalités, les régions ou des
associations de personnes handicapées.
Au sein de ces guides, ayant chacun leurs indicateurs propres, leurs critères et leurs sigles distinctifs,
il est possible de trouver des tests de salles de cinéma. Seulement, les données sont trop rares et
disparates pour être compilées et analysées à un niveau national.
Aussi, ces indicateurs sont la plupart du temps officieux et ne donnent que peu d’informations
exploitables ; leur foisonnement signifie pourtant bien le dynamisme actuel des associations sur la
question de l’accessibilité à la culture et aux loisirs, par opposition à l’absence d’enquêtes officielles.
II. Analyse des résultats disponibles
A. Deux tiers des pays sans statistiques
Pas de chiffres
A priori
Certitude
Allemagne
X
Autriche
X
Belgique
X
Finlande
Grèce
X
X
Irlande
X
Italie
X
Pays-Bas
X
Pologne
Portugal
Royaume-Uni
Suède
Pas de réponse
X
X
X
X
Le tableau insiste sur la nécessité de différencier deux types de pays. D’abord, les pays n’ayant pas
répondu. Il sont six, soit un tiers de l’échantillon. Ce résultat est surprenant, surtout pour les pays
nordiques tels que la Suède et la Finlande, qui disposent de législations avancées en la matière.
En ce qui concerne les autres pays, les différents contacts n’ont pas connaissance de l’existence de
statistiques, et parfois même sont certains de leur inexistence. Par exemple aux Pays-Bas, toutes les
études et inspections officielles sont transmises à un bureau précis (le LBT) qui a pu assurer
3
Quelques sites représentatifs : movado.de pour Berlin, rolliguide-köln.de pour Cologne, rollstuhl.at pour Vienne, artsline.org.uk
pour Londresrolstoelweb.nl aux Pays-Bas, player.pt au Portugal.
HANDICAP ET CINEMA en Europe
21
qu’aucune inspection n’a été réalisée dans des cinémas depuis ces trois dernières années et
qu’aucune étude officielle n’existe sur la question. Ces pays constituent un second tiers de
l’échantillonnage, puisqu’il s’agit là encore de six pays.
Dans pratiquement tous ces pays, il est possible de trouver des indicateurs d’accessibilité très
ponctuels, c’est-à-dire des évaluations réalisées cinéma par cinéma. Si ces indicateurs sont
évidemment très utiles aux personnes handicapées dans l’organisation de leurs vies courantes, ils ne
permettent pas, à l’heure actuelle, de dresser un bilan significatif.
Un site Internet, www.you-too.net, tente de regrouper et de centraliser le plus grand nombre
d’évaluations d’accessibilité possible. Aujourd’hui, ce projet, lancé en 1997, permet de consulter
l’accessibilité de 4 659 sites et bâtiments dans dix pays en Europe. Mais seuls 32 cinémas ont été
testés, et ce dans quatre pays (Autriche, Allemagne, Espagne et Luxembourg). You-too se révèle donc
être un indicateur insuffisamment développé pour permettre une exploitation statistique, bien qu’étant
actuellement le site le plus riche en information en Europe.
En outre, il existe de nombreux autres sites livrant chacun les évaluations de quelques cinémas. Par
exemple, en Belgique l’indice « passe-partout », reconnu officiellement par le gouvernement wallon,
n’a sondé que trois cinémas. En Allemagne, les sites www.rolliguide.de et www.rolliguide-köln.de
fournissent légèrement plus d’informations. A Munich, six cinémas sont partiellement accessibles et
quatorze le sont pleinement. Partout en Europe, des villes sont testées, mais suivant des méthodes et
des critères variables, ce qui empêche la compilation des données.
Ces indicateurs révèlent toutefois quelques faits stylisés :
- Sur le site www.accessible.rotterdam.nl, certains cinémas sont considérés accessibles pour les
personnes malvoyantes sur la seule base que les chiens guides y sont acceptés, et même en
l’absence de signalisation visuelle ou de projections adaptées. De la même manière, l’indice belge
passe-partout ne considère pas l’installation de systèmes de boucles magnétiques comme critère
d’accessibilité pour les personnes malvoyantes.
Les critères relatifs au handicap moteur sont toujours plus nombreux et précis, ce qui reflète bien
les maques juridiques relatifs à l’accueil dans les salles de cinéma des personnes ayant un handicap
sensoriel.
- Les indicateurs locaux montrent que l’accessibilité des salles multiplexes est meilleure que celle des
salles traditionnelles, plus anciennes. Ainsi, à Vienne, dix cinémas ont été testés par le site
www.rollstuhl.at, sur les quarante-trois établissements que compte la ville. Ce sont les deux
multiplexes qui offrent le plus de possibilités de se garer ou encore d’accéder aux salles dans de
bonnes conditions.
Cette observation est cohérente avec l’évolution législative qui a conduit les établissements les plus
récents à être plus accessibles.
Cependant, il demeure une absence de statistiques significatives nationales pour ces douze pays. Ce
défaut de données chiffrées empêche d’évaluer précisément les impacts des différentes législations en
matière d’accessibilité.
B. Quelques enquêtes aux bilans mitigés
Le faible nombre de bilans existants, la disparité des critères et des méthodes employées selon les
pays empêche toute comparaison internationale.
HANDICAP ET CINEMA en Europe
22
En France, le CNC par l’intermédiaire de la commission supérieure technique (CST), qui homologue les
salles de cinéma à l’occasion de leur ouverture ou de leur rénovation, dispose de données. Les
inspections réalisées dans les salles de cinéma viennent compléter cette information. Une enquête
spécifique sera prochainement conduite par le CNC.
Danemark : une réalité contrastée
En 2000, le centre pour l’égalité des chances des personnes handicapées (dépendant du ministère des
affaires sociales) a envoyé un questionnaire dans tous les cinémas danois. Seuls 53% des cinémas ont
répondu. L’échantillon disponible a donc une portée limitée.
Le constat est très pessimiste pour les personnes à mobilité réduite. Sur les 90 réponses, seuls deux
cinémas affichent une pleine accessibilité. A un niveau plus détaillé, il s’avère que seuls un tiers des
cinémas ont des accès sans marches. Et encore parmi ces cinémas accessibles, un grand nombre ne
permet pas à la personne en fauteuil de se rendre sans assistance aux guichets ou aux comptoirs
confiserie. Les résultats sur l’accessibilité des toilettes sont eux aussi pessimistes puisque seuls 14 %
des salles disposent de sanitaires répondant à toutes les normes.
Ces chiffres s’expliquent par le fait que deux tiers des salles de cinéma ayant répondu ont été
construites avant 1977, date de l’entrée en vigueur de la première loi imposant des normes
d’accessibilité à la construction. L’impact législatif demeure limité car l’accessibilité n’est imposée que
dans les bâtiments récents.
Des points positifs sont toutefois remarquables. D’abord des efforts très peu coûteux suffiraient à
améliorer sensiblement l’accessibilité. Par exemple, 14 % des cinémas ne disposent pas de poignée
d’appui dans les toilettes. L’installation d’un tel équipement ne correspond pas à un investissement
lourd et contribuerait à une sensible amélioration de l’accessibilité.
Notons que les personnes malentendantes sont bien prises en compte. Environ un tiers des cinémas
sont équipés de systèmes de boucles magnétiques. Ce résultat est encourageant et doit être mis en
relation avec la législation du Danemark qui subventionne l’installation de boucles magnétiques.
A l’inverse, l’enquête souligne le manque de préoccupation des professionnels du cinéma à l’égard des
besoins des personnes aveugles et malvoyantes. 92 % des cinémas ayant un site Internet n’en ont
pas tenu compte lors de leur construction. Par ailleurs, l’enquête ne mentionne pas d’implantation de
systèmes d’audiovision.
Espagne : une enquête exigeante
En 2002, la PREDIF (plate-forme étatique représentative des personnes handicapées) et la ONCE
(fondation représentative des personnes handicapées) ont inspecté trente-six cinémas espagnols,
répartis dans douze villes. Le bilan est, tout comme pour le Danemark, contrasté.
Au niveau de l’accessibilité physique, seuls 22 % des cinémas sont totalement inaccessibles. Même si
14 % des établissements présentent aussi quelques obstacles, l’étude considère que 78 % des
cinémas sont accessibles, c’est-à-dire ne possèdent pas d’obstacles infranchissables.
En revanche, à l’intérieur de ces cinémas accessibles, les personnes en fauteuil roulant ne bénéficient
d’aucune place réservée dans 18 % des cas, d’un espace dans un couloir dans 21 % des cas et de
places réservées mais au premier rang dans 20 % des cas. C’est pourquoi la ONCE et la PREDIF
concluent alors que seuls 30 % des cinémas sont réellement accessibles, offrant une possibilité
d’accès et de réelles places réservées.
De plus, seuls 60 % des cinémas disposent de toilettes accessibles et adaptées aux personnes
handicapées. Ainsi, les chiffres concernant l’accessibilité des personnes ayant un handicap moteur
sont finalement plutôt négatifs, mais il faut bien tenir compte de l’exigence des critères d’analyse.
HANDICAP ET CINEMA en Europe
23
Pour les personnes ayant un handicap sensoriel, le constat n’est pas meilleur. D’abord, il n’est pas fait
état de l’existence de dispositifs de projection destinés aux personnes malvoyantes ou
malentendantes. Ensuite, aucun critère n’a été retenu concernant la mise en place de dispositifs
d’information spécifiques (brochures en braille ou téléphones gratuits) puisque aucun cinéma n’en
disposait. L’enquête a simplement vérifié la présence d’un personnel disponible pour accompagner les
personnes aveugles ou malvoyantes jusqu’à leur place et les raccompagner. Dans 83 % des salles de
cinéma, l’accompagnement était possible mais dans seulement 64 % d’entre eux la personne revenait
aider les personnes à sortir du cinéma à la fin de la projection. Le manque de prise en compte du
handicap sensoriel est une nouvelle fois flagrant.
Hongrie/Lettonie/Luxembourg : des données officieuses et de sensibles disparités
Une association hongroise a sondé vingt-deux des quarante salles de cinéma de Budapest. Le résultat
indique que la moitié des établissements sont accessibles. Seulement, les critères d’accessibilité n’ont
pas été transmis et a priori ce chiffre ne porte que sur l’accessibilité physique et ne concerne donc pas
le handicap sensoriel.
D’autre part, deux pays ont fourni des informations sur l’accessibilité de leurs établissements, de
manière quasiment exhaustive en raison du très faible nombre de salles existantes. Il s’agit du
Luxembourg et de la Lettonie, deux pays de petite superficie.
En Lettonie, aucun cinéma n’est à l’heure actuelle accessible aux personnes handicapées, mais un
multiplexe, aujourd’hui en construction, devrait prochainement l’être. Ce constat est très négatif et
soulève avec vigueur la question de l’uniformisation des normes et des réalités pour les nouveaux
entrants dans l’Union Européenne. Il est dommage qu’aucune réponse n’ait pu être obtenue
concernant la réalité polonaise dans le cadre de cette étude, et que les chiffres sur la Hongrie soient
peu détaillés.
Au Luxembourg, les informations concernent neuf des douze établissements que compte le pays. Trois
sont inaccessibles et six permettent l’accès à au moins une salle. Parmi les six cinémas accessibles,
seuls quatre sont équipés de toilettes adaptées. Enfin, la moitié des salles de cinéma accessibles ne
réservent aux personnes en fauteuil roulant qu’une place au premier rang de la salle. Ces résultats
mitigés ne concernent que l’accessibilité physique et les besoins liés au handicap moteur.
*
*
*
La cruelle absence de chiffres relatifs à l’accessibilité des salles de cinéma en Europe, tant pour le
handicap moteur que sensoriel, est à lui seul un constat important. Très peu d’enquêtes d’envergure
nationale et surtout officielles ont été mises en place, ce qui peut préjuger d’un manque d’intérêt et
d’initiatives sur cette question.
Concernant les chiffres existants, ils sont très mitigés pour l’accessibilité physique des salles. Un
pourcentage non négligeable de salles semble accessible dans la plupart des pays européens, quoique
la question se pose encore pour les nouveaux entrants à l’image de la Lettonie. Seulement, les
enquêtes montrent que ne considérer que le strict accès à la salle est insuffisant, puisque rentrent en
jeu les questions d’accessibilité et d’adaptation des toilettes, les places de parking et surtout
HANDICAP ET CINEMA en Europe
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l’existence et la situation des places réservées à l’intérieur des salles. Ainsi, très peu d’établissements
semblent offrir une réelle et complète accessibilité.
Enfin, les besoins des personnes ayant un handicap sensoriel sont très mal pris en compte. La plupart
des évaluations les occultent ou bien fixent des critères d’accessibilité peu exigeants. De manière
générale, la situation des personnes souffrant d’un handicap sensoriel dans les cinémas en Europe
paraît mal prise en compte et très mal évaluée.
HANDICAP ET CINEMA en Europe
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Conclusion
2003 est l’année des personnes handicapées en Europe. Pourtant, exception faite de la condamnation
explicite de la discrimination liée au handicap dans le traité d’Amsterdam, peu d’initiatives concrètes
ont été menées à l’échelle européenne.
C’est encore à l’échelon des Etats, voire des régions dans un certain nombre de pays, que sont
déterminées les conditions et les modalités de l’accessibilité aux salles de cinéma. Aussi, les champs
d’application législatifs, les normes techniques, les contrôles aussi bien que les mesures de
l’accessibilité ne connaissent aucune homogénéité.
Parmi ces positions disparates, est-il possible d’opérer des regroupements d’Etats par zones
géographiques ?
Les pays nordiques sont toujours sensibles aux questions sociales relatives à l’intégration des individus
dans la société. C’est pourtant le Royaume-Uni, avec sa législation anti-discriminatoire qui est
aujourd’hui le pays le plus avancé. D’autres Etats comme le Portugal ou le Danemark font aussi de
sensibles efforts afin de ne pas exclure les personnes handicapées de la vie culturelle et
cinématographique.
Le bloc des pays les plus dynamiques, bien que majoritairement situé en Europe du Nord, n’est pas
issu d’une unité historique ou géographique.
A l’inverse, les Etats les moins avancés sur la question, hormis le Luxembourg, se trouvent parmi les
futurs adhérents de l’Union européenne. Ceux-ci aménagent leur législation pour les rapprocher de la
majorité des membres de l’UE, mais des efforts à produire demeurent.
Entre ces deux groupes de pays se situe un bloc, géographiquement uni. L’Espagne, l’Irlande, La
France, la Belgique, les Pays-Bas ou encore l’Allemagne sont dotés de dispositifs juridiques imposant
un minimum d’accessibilité, sans être toutefois les plus volontaristes en la matière. Ce sont
parallèlement tous des pays où les associations jouent un rôle actif et militent pour harmoniser les
législations avec les pays les plus avancés.
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