Le grand ensemble paysager du Nord Basse-Terre et de la Cote

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Le grand ensemble paysager du Nord Basse-Terre et de la Cote
ATLAS DES PAYSAGES DE l’archipel GUADELOUPE
Comme pour tous les Grands Ensembles Paysagers de la BasseTerre, le Nord Basse-Terre et la Côte-au-Vent sont délimités d’un
côté par le littoral et de l’autre par la crête centrale du massif
montagneux. Cette crête joue un rôle paysager majeur, aussi
bien en structurant les grandes lignes du relief qu’en délimitant
les champs visuels. Cette chaîne montagneuse est également à
l’origine d’un étagement des contraintes écologiques et des milieux naturels le long des pentes du relief, au sein d’un imposant
massif forestier. Cet étagement est spécifique à l’île de la BasseTerre.
la crête des reliefs de la Basse-Terre vue depuis Grande Savane (Petit-Bourg)...
Le Nord Basse-Terre / Côte-au-Vent présente les spécificités
suivantes :
...vue depuis Moudong (Baie-Mahault)...
...vue depuis Jaula (Lamentin)
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NORD BASSE-TERRE ET CÔTE-AU-VENT
LE GRAND ENSEMBLE PAYSAGER DU NORD BASSE-TERRE ET DE LA CÔTE-AU-VENT
ATLAS DES PAYSAGES DE l’archipel GUADELOUPE
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des reliefs anciens et érodés
NORD BASSE-TERRE ET CÔTE-AU-VENT
Les sommets de la crête centrale du Nord
Basse-Terre sont les plus anciens de l’île
(- 3,5 MA). Par conséquent, ce sont les plus
érodés aussi. Ils sont donc plus bas en altitude, dépassant rarement 800 m, et ils présentent des formes adoucies. Désormais, la
plupart d’entre eux n’ont plus vraiment de
grands signes distinctifs. Il n’est donc pas évident de les identifier visuellement de manière
immédiate.
Sur les hauteurs de Petit-Bourg, les Mamelles
font exception. En effet, ces deux pitons coniques jumeaux ont une forme bien reconnaissable et sont un peu isolés au sein de la
chaîne de la Basse-Terre. C’est un des repères
visuels majeurs de la région. Le Piton de
Sainte-Rose, plus au Nord, est lui aussi assez
les Mamelles (vue zoomée depuis Colin)
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facilement identifiable avec ses antennes-relais au sommet, constituant un des repères
visuels du Nord Basse-Terre.
L’ensemble de ces reliefs sont couverts d’un
large massif forestier assez semblable à celui
du Sud de la Basse-Terre à même altitude.
Pour autant, les formations naturelles sont
moins vigoureuses au Nord des Mamelles. Les
sols anciens et très lessivés ainsi que les
conditions climatiques plus irrégulières en seraient la cause. On parle d’ « effet de latitude ».
ambiance forestière
rivière en forêt (Bras David)
la chaîne montagneuse du Nord Basse-Terre (vue depuis Choisy, Lamentin)
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un socle argileux en pentes douces
NORD BASSE-TERRE ET CÔTE-AU-VENT
Le grand ensemble du Nord Basse-Terre / Côte-au-Vent repose sur un socle géologique spécifique de nature volcano-sédimentaire. C’est le fruit de la longue accumulation de produits d’érosion issus des reliefs anciens du Nord de la Basse-Terre.
Ces produits anciens et très altérés ont abouti à la constitution de sols argileux sur
de grandes épaisseurs (jusqu’à 15 m). Il s’agit d’argiles ferralitiques de plus en plus
désaturées à mesure que l’on s’élève vers les hauteurs du relief (sols plus friables et
moins riches en matière organique).
Les sols ferralitiques sont des sols rouges typiques des régions tropicales humides. Ils ont une bonne capacité de rétention d’eau et ils sont riches en minéraux
de fer qui leur donnent cette couleur caractéristique. Ils sont généralement perméables et souvent très friables, mais ils peuvent durcir et évoluer vers une carapace ferralitique sous l’action de la pluviométrie.
Ces produits d’érosion se sont accumulés en pentes douces depuis les piémonts
du relief central jusqu’au littoral. Ces pentes douces (2-3 % de pente moyenne)
tranchent avec le relief souvent très pentu du reste de la Basse-Terre. Pour cette
raison, on parle de la pénéplaine nord-orientale pour décrire le socle de ce Grand
Ensemble Paysager. La pénéplaine crée une forte dissymétrie du relief de la BasseTerre, le littoral étant ici le plus éloigné des sommets de la crête centrale.
Ces pentes douces ont permis une valorisation assez profonde des terres, faisant
reculer loin la limite de la forêt originelle. Les cultures et les secteurs habités arrivent donc relativement près des reliefs. Cette proximité maintient une présence
visuelle forte des sommets du massif montagneux depuis certains secteurs du
Grand Ensemble Paysager.
Carte des ensembles volcano-structuraux de la Basse-Terre (+ relief et hydrographie)
un relief doux éloigné des sommets montagneux (l’Orée du Parc)
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un vallonnement dessiné par les cours d’eau
Le socle argileux de la pénéplaine du Nord-Est de la Basse-Terre est assez tendre à
l’érosion fluviatile. Il a donc été fortement modelé par les cours d’eau descendants
des reliefs qui y ont creusé leurs lits de manière ample et plus ou moins encaissée.
L’exemple le plus flagrant est celui de la large vallée de la Grande Rivière à Goyaves,
la plus longue rivière de Guadeloupe (39,5 km), drainant le plus vaste bassin versant de l’archipel (130 km² soit 1/6e des eaux de la Basse-Terre).
Ainsi, de nombreuses petites vallées, souvent ramifiées, ont été formées par les
différentes rivières et cours d’eau de la région. Il en résulte un vallonnement global
et marqué sur tout le Grand Ensemble Paysager. L’organisation et l’orientation de
ce vallonnement constituent des critères de caractérisation des différentes unités
paysagères.
Par endroit, ce vallonnement affirmé génère des pentes assez fortes, nuançant
ainsi la douceur de la topographie générale de la zone. De larges panoramas sur le
relief sont offerts ponctuellement en points hauts sur les crêtes de ces vallons ou
au cœur de zones plus largement dégagées, comme sur le cours aval de la Grande
Rivière à Goyaves.
la Grande Rivière à Goyaves au niveau de Ravine Chaude
le relief localement accentué des vallons (Dame Jeanne Cassée)
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NORD BASSE-TERRE ET CÔTE-AU-VENT
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un littoral ouvert sur les deux Culs-de-Sacs Marins
NORD BASSE-TERRE ET CÔTE-AU-VENT
Contrairement aux autres ensembles paysagers de la Basse-Terre, le littoral du
Nord Basse-Terre et de la Côte-au-Vent ne s’ouvre pas directement sur l’Océan
Atlantique ou sur la Mer des Caraïbes. Ici, ce sont les Grand et Petit Culs-de-Sacs
Marins qui composent principalement l’environnement maritime. De ce fait, les
eaux y sont plus calmes et régulièrement bordées de mangrove, ce qui est une spécificité en Basse-Terre. En outre, les activités et les flux maritimes y sont souvent
plus soutenus, que ce soit pour la croisière et le transport de passagers et de marchandises, le nautisme de loisir ou la pêche.
À la confluence de la Basse-Terre et de la Grande-Terre, ces deux Culs-de-Sacs
sont reliés par la Rivière Salée, mince bras de mer qui serpente au milieu de la mangrove et qui marque la limite avec les unités paysagères de Grande-Terre et avec la
région pointoise notamment.
le Pont de l’Alliance traversant la Rivière Salée (les Mamelles en arrière plan)
cordon littoral de mangrove (Fond Richer)
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une progression urbaine récente et intense
L’ensemble de la région du Nord Basse-Terre et de la Côte-au-Vent s’est considérablement urbanisé au cours des dernières décennies. Cette forte progression du bâti
concerne avant tout l’habitat qui s’est développé aussi bien dans la continuité directe des bourgs (Belcourt à Baie-Mahault, Montplaisir et Bellevue à Sainte-Rose,
Crâne et Brefort au Lamentin, Pointe à Bacchus à Petit-Bourg, etc.), que ex-nihilo,
avec la création de grandes poches urbaines (souvent des lotissements), au cœur et
au détriment des champs de canne à sucre (Bois Rada, Convenance, Gourde Liane,
Biglette, Caféière-Vincent, Pasquereau, Dalciat, Donotte, Versailles, Arnouville,
etc.).
Cette progression urbaine est également le fruit des nouvelles zones d’activités,
artisanales et industrielles ou commerciales. De la même manière, certaines se situent aux portes des bourgs (Destreland à Baie-Mahault, Fort-Île à Goyave) ou en
poches isolées (Jaula, Colin, Jabrun, Beausoleil 2, etc.). Le cas de la zone industrielle et commerciale de Jarry, où aucun bâtiment n’existait en 1970 et qui compte
aujourd’hui parmi les plus grandes zones d’activités de France, est un exemple significatif de cette extension urbaine frénétique.
contact brutal entre le lotissement du Domaine de Pako et les champs de canne alentours
3 poches d’urbanisation récente à Petit-Bourg : le parc d’activités de Colin (premier plan), les lotissements de la Pointe à Bacchus (en haut à gauche), la résidence collective de Blonde (à droite)
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NORD BASSE-TERRE ET CÔTE-AU-VENT
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NORD BASSE-TERRE ET CÔTE-AU-VENT
Carte synthétique du Grand
Ensemble Paysager du Nord BasseTerre et de la Côte-au-Vent : limites,
unités & caractéristiques majeures
Échelle approximative : 1/170 000e
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crédit DEAL Guadeloupe