LE MOBILIER Jean PROUVÉ, 1901-1984

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LE MOBILIER Jean PROUVÉ, 1901-1984
LE MOBILIER
Jean PROUVÉ, 1901-1984
BIOGRAPHIE :
Fils de Victor Prouvé, co-fondateur de l'Ecole de Nancy, Jean Prouvé est mis en apprentissage de 1917 à
1919 chez le Maitre Ferronier Emile Robert. Il ouvre en 1924 son premier atelier rue du Général Castine à
Nancy et l'équipe d'un matériel de soudure électrique qui lui permet d'utiliser la tôle d'acier de faible
épaisseur pour ses premiers prototypes de meubles. En 1929, il est l'un des membres fondateurs de l'U.A.M.
(Union des Artistes Modernes).
En 1933, le projet de gare routière Citroën pour La Villette lui permet d'élaborer des principes de
préfabrication qu'il développera ensuite dans des collaborations avec les architectes Beaudouin et Lods
(aéroclub Roland-Garros à Buc en 1935, Maison du Peuple de Clichy en 1937).
En 1939, il met au point des systèmes de construction rapide, dont le système à "portiques" qui, en 1945
permettra l'hébergement dans 450 baraquements des sinistrés de Lorraine. Les commandes importantes,
qu'il reçoit alors, le conduisent, en 1947, à installer l'entreprise dans une usine à Maxeville.
Au début des années 50, il s’intéresse à un nouveau principe constructif : le noyau porteur qu'il développe
avec de jeunes architectes (Belmont, Silvy, Nardin, Oudot, Carim). Avec eux, il accepte l'utilisation du béton
armé dans le projet d'un bâtiment de 20 étages pour la cité universitaire de Nancy et d'une tour pour la
future
université
européenne
de
Nancy.
Sur ce même principe, avec Maurice Silvy, il imagine la maison Alba reprise en 1956 pour la Maison des Jours
Meilleurs de l'Abbé Pierre. Dans ces mêmes années, il met au point d'autres systèmes constructifs (coques,
sheds), mais en 1953, il est contraint de quitter l'usine de Maxéville.
En 1954, Jean Prouvé participe avec Charlotte Perriand à l’appel d'offres lancé pour l’ameublement de la
Résidence universitaire Jean Zay à Anthony. Il obtient la commande de mobilier pour les salles communes,
les restaurants et une partie des chambres.
En 1956, il fonde la Société "Les Constructions Jean Prouvé". Le principe de la structure à béquilles lui
permet de réaliser la Buvette de la Source Cachat à Evian et en 1957 l'Ecole de Villejuif.
En 1957, les Constructions Jean Prouvé fusionnent avec la CIMT (Compagnie Industrielle de Matériel de
Transport) ; Prouvé est nommé responsable du département bâtiment et développe le principe du mur-rideau.
En 1971, son rôle de président du Jury de Concours pour le Centre Georges Pompidou sera déterminant dans
le choix du projet lauréat.
Tout à la fois architecte, designer et industriel, Jean Prouvé est un autodidacte qui se décrivait comme « un
ouvrier qui a fait son métier, tout simplement ».
Ses créations refusent tout esthétisme, mais son style se reconnaît à de nombreux traits caractéristiques.
Peu connu du grand public de son vivant, il suscite depuis la fin du XXe siècle un intérêt considérable, qui
semble un juste hommage à son inventivité et à son côté visionnaire.
La maison démontable pour les
sinistrés
La buvette de la source Cachat
à Evian
La maison du peuple à Clichy
LE MOBILIER :
« Les meubles, j’ai trouvé cela passionnant ! J’en ai crée beaucoup, car dans mes ateliers il y avait pour cela
un département important. », Jean Prouvé.
A une époque où l’utilisation du tube acier cintré se généralise, Jean Prouvé, lui, se tourne vers la tôle d’acier
pliée, emboutie, nervurée et soudée pour la réalisation de ses meubles. C’est entre 1924 et 1928 qu’il met au
point ses premiers prototypes de sièges destinés tout d’abord à un usage familial.
Puis, vers les années 47, après l’installation de son atelier à Maxéville, Prouvé se lance dans une production
importante de mobilier. Il ne fait pas de différence entre la structure d’un meuble et celle d’un bâtiment « Il
n’y a pas de différence de principe entre la construction d’un meuble et d’une maison ». Dans les deux cas, il
s’agit pour lui de faire en sorte qu’avec une économie maximum de moyens cette structure résiste aux
sollicitations mécaniques internes et externes : compression, traction, flexion, torsion…
« Comme industriel, je me suis rendu compte que pour faire un meuble, par exemple, dans mes ateliers, il
suffisait que j’en ai l’idée ou qu’un de mes collaborateurs en ait l’idée, parce qu’on ne fait plus jamais rien tout
seul maintenant, l’œuvre personnelle je crois que ça n’existe plus beaucoup. Une œuvre est le résultat d’un
travail d’équipe, d’un échange d’idée entre différentes personnes d’une même affaire. Pour faire un meuble,
l’idée étant lancée, je vais vous dire une vérité : si je dessinais une chaise, je demandais qu’elle soit
construite pour le lendemain et l’atelier de prototypes de mes usines m’apportait la chaise telle que je l’avais
dessinée avec toutes ses fautes. Mais le lendemain, le meuble était fait. On le corrigeait, il y a des
corrections qui doivent se faire sur pièces et qui ne sont pas sur la table à dessin , et c’est là qu’on
découvrait très vite que c’est par l’atelier que les bonnes idées arrivaient et que exécutants, les ouvriers, les
manœuvres, ceux qui faisaient marcher les presses, ceux qui soudaient, par leurs idées qu’ils apportaient à
longueur de journée permettaient de perfectionner et de mettre au point un objet dans un temps
extrêmement réduit. », (extrait d’une conférence de Jean Prouvé à l’IFA, 1983).
Après la mise à l’écart de Jean Prouvé des Ateliers de Maxéville en 1952 et son départ obligé en 1956, il n’y
aura plus aucun nouveau modèle fabriqué. Ses meubles continueront cependant d’être produits pendant
quelques années encore à Maxéville (sous la direction de Pierre Missey, un de ses plus anciens collaborateurs)
et distribués par la galerie Steph Simon à Paris.
Ses réalisations en tôle pliée (à l'origine d'un coût inférieur et d'une résistance supérieure, à l'instar de la
carrosserie des voitures) – bibliothèques, fauteuils, chaises, lits Antony, bureaux et tables Compas, tables de
réfectoire – sont exemplaires et figurent aujourd’hui parmi les meubles les plus cotés du XX ème siècle (une
édition originale de la chaise Antony s'évalue autour de 40 000 € ; un fauteuil Kangourou s'est vendu 152
449 €, en mars 2001 ; une bibliothèque peut valoir jusqu’à 160 000 €).
La table Compas
La chaise dite Standard des
années 40 en contreplaqué
thermoformé
Le fauteuil Kangourou
Le lit de repos Anthony
QUELQUES PIECES DE MOBILIER JEAN PROUVÉ :
La chaise cafétéria n°300, 1950
- Titre : Chaise Cafétéria n° 300
- Artiste : Jean PROUVÉ
- Date de l’œuvre : 1950
- Domaine : Design (objet)
- Support / Technique : Piètement rouge, lamellé-collé chêne, tube et
tôle d'acier, métal laqué
- Dimensions : 81 x 46 x 41 cm
La "chaise Cafétéria n°300" démontable repose sur deux pieds
tubulaires à l’avant et deux pieds profilés à l’arrière en tôle de métal
plié et embouti. Jean Prouvé décrit la manière dont il conçoit une chaise
produite en série de la façon la plus économique possible : "Le pied avant
de la chaise est fin car il ne travaille pas ; il faut chercher un profil qui
évite que l’on butte dans les pattes de la chaise ; une grosse masse doit
relier les deux pieds arrière qui travaillent quand on se penche. On
[préfère] le contreplaqué au bois [découpé] car il ne travaille pas. Une
pliure [est] utile pour retenir la bouchon qui protège le pied et glisse
bien sur le parquet."
- Titre : Fauteuil Cité
- Artiste : Jean PROUVÉ
- Date de l’œuvre : 1933
- Domaine : Design (objet)
- Support / Technique : Piètement en tôle d'acier pliée, laqué rouge
ou noir. Revêtement de tissu en une seule pièce pour l'assise et le
dossier, noir, beige ou tobacco. Accoudoirs avec sangles de cuir,
coloris naturel.
- Dimensions : 82 x 66 x 78 cm
Le fauteuil Cité, créé pour la cité
universitaire de Nancy
La chaise Anthony
Le fauteuil Cité compte parmi les premiers chefs-d’œuvre de Prouvé ;
il fut conçu dans le cadre d’un concours pour l’ameublement des
chambres de la cité universitaire de Nancy. Il utilisait lui-même, dans
son salon, ce fauteuil aux lignes dynamiques et ses patins
caractéristiques en tôle laquée et ses accoudoirs formés par de
larges courroies de cuir. Des dimensions généreuses et un
rembourrage accueillant contribuent au confort du fauteuil Cité.
- Titre : Chaise Anthony
- Artiste : Jean PROUVÉ
- Date de l’œuvre : 1954
- Domaine : Design (objet)
- Support / Technique : Structure en tôle d'acier plié et piètement en
tube d'acier, contreplaqué moulé.
- Dimensions : 86 x 50 x 70 cm
Ce siège créé au début des années cinquante pour la cité universitaire
d'Anthony, près de Paris, est l'une des dernières oeuvres de Jean Prouvé
dans le domaine du design mobilier. Ce siège unique en son genre se
distingue par une structure surprenante que Jean Prouvé a su marier à des
lignes d'une dynamique frappante.
AUTRES MEUBLES JEAN PROUVÉ :
La chaise en bois démontable n°301
Le tabouret n°307
La table de réfectoire
La lampe Potence
Le fauteuil Direction
Croquis de mobilier
scolaire et table
d'écoliers