Lettre à Nicolas Sarkozy

Transcription

Lettre à Nicolas Sarkozy
[Vos coordonnées]
Monsieur Nicolas Sarkozy
Président de la République - Palais de l’Élysée
55, Rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 Paris France
http://www.elysee.fr/president/la-presidence/ecrire-au-president/adresser-vos-messages-anicolas-sarkozy.11220.html
[Ville], le 2 février 2012
Monsieur le Président,
Je me permets de vous adresser ce courrier suite à l’adoption, le 23 janvier 2012, de la loi
sanctionnant la pénalisation des génocides reconnus par la France. Notre immense soulagement a
été de courte durée puisque le Conseil Constitutionnel a été saisi par des parlementaires de tous
bords pour faire invalider cette loi.
Citoyen(ne) de cette République française des droits de l’homme, j’en appelle à vous afin que vous
preniez les mesures qui s’imposent, car vous seul – ou votre gouvernement - êtes habilité à
défendre, devant le Conseil constitutionnel, la loi pénalisant la négation des génocides et à faire
obstacle à ceux qui, de facto, préfèrent protéger l’Etat turc plutôt que leurs propres concitoyens.
L’acharnement de certains parlementaires français est d’autant plus malvenu qu’il répond à une
demande de l’ambassadeur de Turquie en France, adressée aux opposants à la loi. Cette ingérence
représente une violation du mandat de tout diplomate étranger et porte atteinte aux conditions
essentielles de la souveraineté nationale.
J’apprends que si la loi venait à être invalidée vous déposeriez dans les plus brefs délais un
nouveau texte de loi. Cela vous honore, mais ce serait trop tard au vu du calendrier parlementaire
de cette année électorale. La presse turque se gausse de vos réactions en faisant référence à un
message que vous auriez envoyé au Premier ministre Erdogan après le vote de la loi, lui signalant
que vous aviez 15 jours pour la promulguer. Ce qui, selon les observateurs turcs, signifie : « Je
vous donne une chance de convaincre les politiques français. » (Hurriyet DailyNews du 02/02/12).
Il me paraîtrait assez incroyable qu’après vos engagements forts en faveur d’une loi pénalisant un
négationnisme odieux, diligenté sur les territoires de la République par un Etat tiers, vous ayez
finalement cédé aux pressions et manipulations négationnistes : cela reviendrait à encourager, en
France, la contestation de tous les génocides et de mettre en péril la Loi Gayssot, comme vous
l’avez souligné à juste titre.
Le premier ministre turc, M. Erdogan, a fait preuve depuis décembre 2011, d’une grossièreté
indicible à l’encontre de votre père, de vous-même, et de la France. Que celle-ci s’abaisse devant
l’arrogance d’un État négationniste serait tout simplement impensable. Sans compter que cette
démission porterait un coup terrible à tous les démocrates turcs qui se sont engagés – au péril de
leur vie – en faveur de la loi, seule garante, selon eux, d’une démocratisation de la Turquie.
A l’heure où l’on apprend que l’éditeur Ragip Zarakolu, qui du fond de sa prison turque a soutenu
ce texte, est officiellement candidat pour le Prix Nobel de la Paix, je vous adjure de tenir vos
promesses et de contribuer à redonner à la France la place qu’elle a toujours tenue dans le combat
contre l’oppression.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma plus haute considération.
[Signature]
Collectif VAN [Vigilance Arménienne contre le Négationnisme]
BP 20083 - 92133 Issy-les-Moulineaux - France
Boite vocale : 09 50 72 33 46 - Email: [email protected]
http://www.collectifvan.org

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