Un état des lieux de la Formation sur le bassin d`Oyonnax
Transcription
Un état des lieux de la Formation sur le bassin d`Oyonnax
Rapport pour la Commission Paritaire du Haut-Bugey RAPPORT FINAL Octobre 2012 Cédric Verbeck, Sociologue, Chercheur associé, Centre Max Weber, Lyon 1 Remerciements Nous tenons à remercier toutes les personnes qui ont participé à cette recherche : celles qui nous ont accordé leur confiance lors d’un entretien, qui ont données de leur temps pour partager leurs connaissances mais également les personnes qui ont participé au comité de pilotage et aux réunions du groupe formation. Je tiens à remercier Georges Arpin, MarieTherèse Beillot, Yann Piaud et Céline Ramé. Merci également à Benoît Dorsemaine et Elisabeth Garnier pour leur accueil au sein de leurs locaux. Un grand merci à Audrey Cherrière pour sa disponibilité et sa rapidité de réponse à mes questions. Merci à elle pour l’ensemble des chiffres fournis. Merci également à Daniel Gillet pour les photographies (copyright : www.daniel-gillet.com ) Ce document est issu d’une recherche conduite d’avril 2012 à novembre 2012, en réponse à une commande de la CPHB. 2 Sommaire 3 I. La commande de la Commission Paritaire du Haut-Bugey. La proposition faite à la commission paritaire du Haut-Bugey vise à établir un état des lieux des structures de formation du bassin de la plasturgie autour d’Oyonnax. L’objectif sera de rendre compte, à travers un panel varié de ressources (entretiens avec les principaux acteurs de la formation, documentations, contexte socio-économique), de la situation actuelle de la formation. Ce premier bilan servira de point de réflexion pour envisager des actions concrètes permettant d’améliorer l’offre et la demande de formation dans le bassin. La première étape de ce travail a été de définir ce qu’est la formation. On passe en général trop rapidement sur cette étape. Nous possédons de nombreux rapports sur « l’état des lieux » de la situation de la formation sur le bassin (radar, cabinets de consulting, etc,…). Cependant, il est particulièrement difficile d’unifier ces rapports tant ils décrivent des réalités différentes. Pourtant, ils sont tous corrects, et décrivent une part de la situation actuelle. La principale difficulté pour mener ce type de travail est précisément le passage d’un niveau local c'est-à-dire l’ensemble des données recueillies auprès des acteurs (entreprises, demandeurs d’emplois ou organisme de formation) à un niveau plus global de compréhension de l’ensemble. Voilà pourquoi il est primordial de définir en amont la formation car ce passage du local au global est impossible s’il ne concerne pas les mêmes facteurs. Comme la « formation », terme générique, recouvre des significations différentes suivant les personnes que l’on interroge, il est nécessaire de statuer sur cette définition car il ne s’agit pas des mêmes mécanismes de prise de décision qui sont à l’œuvre pour mettre en place de la formation que ce soit dans les entreprises ou dans les filières scolaires. 4 Nous avons ainsi évoqué avec la CPHB deux aspects de la formation : - L’apprentissage dans les métiers techniques de la plasturgie (c’est la question de l’engagement des jeunes dans les filières professionnelles) Pourquoi est-ce que l’on constate que de moins en moins de jeunes s’engagent dans ces filières ? - La formation technique des salariés (opérateur, monteur régleur, technicien). Déterminer le plus précisément possible l'évolution prévisible dans la structure des emplois et des compétences, ainsi que dans les modes de travail dans la plasturgie d'Oyonnax. La seconde étape de ce travail commandé par la CPHB est d’envisager la question de la formation à travers la notion de « frein ». Une mise en garde est nécessaire concernant le fait de savoir s’il existe-réellement des freins à la formation. Ces réflexions, a priori, ne risquent-telle pas de créer un énoncé performatif ? Il est assez aisé, pour qui s’intéresse à la question, de faire une liste importante de facteurs qui sont souvent décrits comme des freins à la formation. Un examen plus minutieux montre souvent que ces « freins » n’existent pas réellement ou ne sont pas vécus par les acteurs de cette manière. Le but de cette enquête est de mettre en lumière les difficultés vécues lors de la mise en place de formations et les moyens mis en place pour y répondre. Si on prend la situation sous cet angle, Il n’y a alors plus de freins mais des manières de contourner les situations difficiles rencontrées. C’est de cette manière que l’on peut envisager répondre plus efficacement à la question de la formation. 5 Les freins sont connus depuis longtemps et n’ont guère évolués. Les entreprises de moins de 10 salariés pointent souvent le manque de temps, d’argent, la crainte de former un salarié qui quitterait l’entreprise sitôt terminé sa formation, etc. Ces « freins » sont parmi les réponses les plus fréquemment données par les petites entreprises. Si les arguments avancés par ces entreprises sont les mêmes depuis plusieurs années, on peut alors s’interroger sur le fait de savoir s’ils constituent réellement des freins à la formation ou s’ils ne constituent que des prétextes pour éviter de lancer des formations au sein des entreprises. 6 II. La méthodologie. 1. Le comité de pilotage L’enquête commandée par la CPHB avait pour but de faire un état des lieux de la formation dans la plasturgie du Haut-Bugey. Pour cela, nous avons mis en place un comité de pilotage qui a été pour nous une instance de préparation de la phase d’enquête sur le terrain et de discussion de nos résultats. C’est lors de ces nombreuses réunions que nous avons établi 2 pratiques mises en œuvre lors de l’enquête. La première, quantitative, devait permettre d’avoir un point de vue chiffré sur les aspects de la formation retenus, à savoir la formation continue. L’autre pratique devait nous permettre d’interroger, lors d’interviews, les différents acteurs de la formation. Ces interviews qui duraient entre une heure et demie et deux heures ont permis d’affiner notre regard sur la formation. La préparation de ces entretiens a consisté à définir le contour de l’activité des acteurs de la formation. Au fur et à mesure de l’avancée de l’enquête le comité de pilotage nous a permis de repérer les manques dans la population interrogées et dans les statistiques avancées. Les réunions de l’équipe « formation » de la CPHB ont également permis de discuter et de préciser la demande de la CPHB concernant la commande. Il faut noter que si la demande initiale de la CPHB était relativement floue, les nombreuses réunions, tant avec le comité de pilotage qu’avec les membres du groupe « formation », ont permis à la CPHB de se saisir pleinement de la thématique de la formation sur le bassin du Haut-Bugey. 7 2. Les entretiens et les statistiques Les statistiques sont pour la plupart tirées des sources INSEE pour les statistiques générales ainsi que de l’OPCA DEFI pour les chiffres spécifiques sur la formation dans la plasturgie. Une mise en garde doit être faite concernant la représentativité des entreprises de la plasturgie du bassin du Haut-Bugey. Avec les codes NAF que nous avons sélectionnés pour représenter les entreprises du bassin ainsi que la représentativité des entreprises qui ont décidées d’adhérer à l’OPCA DEFI nous avons une représentativité de 60 % des entreprises du bassin pour la partie statistique. Il conviendrait de mener une enquête spécifique sur les entreprises ne relevant pas des codes NAF mais exerçant tout de même une activité dans la plasturgie (certaines entreprises travaillant avec les codes NAF du bâtiment par exemple). Nous avons mené 16 entretiens. Par entretien, nous entendons un moment formel d’échange, en face-à-face, sur la base d’une trame de questionnements. La trame prévoyait : - De revenir sur les origines de la recherche, sur ses modalités méthodologiques (comité de pilotage notamment), sur la logique globale de l’entretien (trame, durée, anonymat). - D’évoquer la trajectoire professionnelle de l’interviewé. - D’évoquer la place de son organisation dans le champ de la formation en plasturgie sur le bassin du Haut-Bugey. - De revenir sur le regard de l’organisation face à la spécificité de la formation sur le bassin en termes de compétences et de la population du bassin. - De revenir sur la manière dont l’organisation développe la thématique de la formation sur le bassin. - D’évoquer la manière dont l’organisation anticipe les principales évolutions concernant les compétences nécessaires sur le bassin. 8 - D’évoquer les principales difficultés rencontrées sur la thématique de la formation. - D’évoquer les différents liens entre les organisations qui s’occupent de la formation sur le bassin. Le panel de personnes interviewées a été décidé par le comité de pilotage assisté par les membres présents lors de la première réunion avec l’ensemble du groupe « formation » de la CPHB. Les entretiens ont été enregistrés et la question de l’anonymat a été ainsi garantie par le chercheur. Les entretiens ont duré 90 minutes environ. Nous avons également effectué une dizaine d’entretiens informels qui ont eu pour but d’améliorer notre connaissance du secteur de la plasturgie et de pouvoir affiner notre regard sur la thématique de la formation. 3. Les restitutions collectives Plusieurs restitutions collectives ont été faites, aussi bien auprès du comité de pilotage qu’au groupe « formation » de la CPHB. L’objectif était double, montrer l’avancée de la recherche et permettre à la CPHB de réagir et de se saisir pleinement de la thématique de la formation en se l’appropriant à travers des problématiques spécifiques. Un des problèmes rencontrés au début de l’enquête était la difficulté de la CPHB à formuler une problématique claire sur les multiples formes que pouvait prendre la thématique de la formation. Les débats ont cependant été particulièrement utiles en ce qu’ils ont permis au groupe « formation » de la CPHB de s’approprier les termes et les questionnements de la formation. 9 III. Le bassin d’Oyonnax L’objectif de cette partie est de dresser un bilan général de la situation socio-économique d’Oyonnax. Nous avons gardé la comparaison avec l’Ain, le Rhône-Alpes et la France métropolitaine lorsque cela était possible. Les données que nous avons sélectionnées ont toujours un rapport avec notre thématique principale concernant la formation. Les tableaux présentés permettent de remettre dans le contexte les données spécifiques à la formation que nous avons recueillies. Nous souhaitons mettre en avant le fait que la thématique de la formation n’est pas compréhensible par elle-même et qu’il faut pouvoir la replacer dans un contexte plus général. Les chiffres que nous allons présenter, sauf exeption lorsque cela sera précisé, font référence à la zone d’emploi INSEE d’Oyonnax qui regroupe l’ensemble des communes suivantes : Arbent Bellignat Brion Dortan Echallon Groissiat Izernore Maillat Martignat Nantua Nurieux Oyonnax Port Le bassin d’Oyonnax, historiquement désigné sous l’appellation « Plastic Vallée », se caractérise par la présence de 550 établissements de la filière de la plasturgie représentant près de 11 500 salariés. C’est la plus grande concentration française et européenne d’industries de cette filière. Le tableau suivant montre que la place des ouvriers reste particulièrement importante à Oyonnax en représentant 27,4 % de la population de 15 ans ou + selon les activités socioprofessionnelles en 2009, alors qu’elle ne représente que 16,8 % dans l’Ain, 14 % dans la région Rhône-Alpes et 13,5 % en France métropolitaine. 10 Population de 15 ans ou + selon les activités socioprofessionnelles (Source : insee, 2009) ZE Ain RhôneFrance Oyonnax Alpes métropolitaine 0.2 0.9 0.7 1 3.4 3.7 3.7 3.3 5.4 8 8.9 8.7 Professions intermédiaires 12.5 15.5 15.2 13.9 Employés 13 16.8 16.1 16.6 Ouvriers 27.4 16.8 14 13.5 Retraités 21.8 24.2 25.2 26.2 Sans activité professionnelle 16.6 14 16.9 Agriculteurs exploitants Artisans, commerçants, chefs d’entreprise Cadres et professions intellectuelles supérieures 16.3 Malgré un taux de chômage important la situation oyonnaxienne a de nombreuses particularités qu’il faut prendre en compte pour une analyse plus poussée des besoins en compétences qu’il est nécessaire d’anticiper. Taux de chômage (Source : insee 2012) Oyonnax Ain Rhône-Alpes France métropolitaine Taux de chômage 9.6 6.6 8.2 9.2 11 Alors qu’Oyonnax avait été une des villes les plus touchée par la crise (avec un taux de chômage de 13.2 % en 2009 alors que ce taux était de 8.2 dans l’Ain et 9.8 dans la région Rhône-Alpes), les récentes évolutions donnent un voir un secteur d’activité qui redémarre doucement. Un rapport de mars 2012 de la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation du travail et de l’emploi montre que la ville d’Oyonnax et la vallée de l’Arve ont connu une baisse significative du chômage entre le début de la période 2010 et fin 2011 de l’ordre de – 4.6 % pour Oyonnax. Sur la même période, la mobilité du chômage s’est fortement intensifiée à Oyonnax avec notamment un taux d’entrée parmi les plus importants de la région Rhône-Alpes (51.3 %). Source . Rapport sur le chômage en Rhône-Alpes, Directe, mars 2012 12 Par ailleurs, un des éléments importants que nous retrouverons dans les entretiens passés avec les différentes organisations de formations se trouve être la forte utilisation de l’intérim sur le bassin oyonnaxien. L’utilisation des intérimaires est jusqu’à trois fois supérieure aux indicateurs départementaux, régionaux ou au nationaux. L’utilisation qui est faite des intérimaires dans cette situation spécifique n’est pas une question centrale pour la commande faite par la CPHB mais nous souhaitons souligner que cet indicateur pourrait faire l’objet d’un approfondissement pour comprendre en quoi il a un impact sur la structure spécifique d’Oyonnax. Statut et condition d'emploi des 15 ans ou plus (Source : Insee, 2009) Oyonnax ZE Ain RhôneOyonnax Alpes France métropolitaine 73.5 75.2 76.2 74 74.7 7.7 6.4 7.2 8.8 8.4 Intérim 7.9 6.4 2.4 2 1.7 Emplois aidés 0.4 0.5 0.4 0.7 0.8 Apprentissage - stage 1.9 2.1 2.3 2.2 2.2 Non-salariés 2.9 3.3 5.5 6.3 6.3 Non-salariés (employeurs) 5.6 5.9 5.8 5.7 5.6 0.1 0.2 0.2 0.3 0.3 100 100 100 100 100 Titulaires de la fonction publique et contrats à durée indéterminée Contrats à durée déterminée (indépendants) Non-salariés (aides familiaux) Total Statut des actifs et condition d'emploi des 15 ans ou plus selon le sexe en 2009 13 Un autre élément caractéristique du bassin est le salaire net moyen. Alors que les ouvriers représentent, comme nous l’avons vu dans les tableaux précédents, la part la plus importante des emplois d’Oyonnax, ces derniers sont également les moins payés si on compare le salaire net horaire avec la zone de l’Ain, de la région et le niveau national. Cet écart devient particulièrement important pour les cadres. Sur ce dernier point, cela semble faire écho aux nombreuses difficultés rencontrées par les principaux acteurs oyonnaxiens pour attirer des cadres sur la zone d’Oyonnax. Salaire net horaire moyen (en euros) selon la catégorie socioprofessionnelle (Source : insee, 2009) Oyonnax Ain Rhône-Alpes France métropolitaine 20.8 21.6 21.4 22.7 Professions intermédiaires 13.3 13.7 13.7 13.9 9.3 Cadres Employés 8.8 8.7 9 Ouvriers qualifiés 10.5 10.9 10.8 10.8 Ouvriers non qualifiés 9 9.3 9.2 9.2 Nous terminerons cette partie en soulignant quelques éléments qui pourraient constituer un approfondissement sur la thématique de la formation initiale, ce qui n’est pas l’objet direct de ce travail mais qui mérite d’être souligné. La formation initiale en plasturgie à Oyonnax souffre d’un manque d’adhésion important. Il faut noter qu’en 2009 seulement 34.7 % des 18-24 ans étaient scolarisés là où 52.4 % de la même tranche d’âge est scolarisée en RhôneAlpes. 14 Scolarisation selon l'âge (source : Insee, 2009) Oyonnax Ain Rhône-Alpes France métropolitaine 2 à 5 ans 76.8 73.4 73.9 74.7 6 à 10 ans 98.5 98.6 98.7 98.7 11 à 14 ans 98.6 99.2 99.3 99.1 15 à 17 ans 96.8 97 96.8 96.2 18 à 24 ans 34.7 40 52.4 51.8 25 à 29 ans 2.6 3.7 7.3 7.4 30 ans ou plus 0.8 0.9 1 0.9 Ceci montre la relative faible scolarisation de la population d’Oyonnax. Sur le tableau suivant on remarque que 30.7 % de la population de 15 ans ou plus n’a, à Oyonnax en 2009, aucun diplôme contre 17,5 % en Rhône-Alpes. On notera par ailleurs, que même avec une formation CAP-BEP particulièrement étoffée en plasturgie, la population d’Oyonnax reste la moins diplômée en comparaison avec le niveau départemental, régional et national. 15 Diplôme le plus élevé de la population non scolarisée de 15 ans ou plus (Source : Insee) Oyonnax Ain RhôneFrance Alpes métropolitaine Aucun diplôme 30.7 17.1 17.5 18.3 Certificat d’études primaires 9.9 11.2 10.3 11.1 BEPC, brevet des collèges 5.8 5.7 5.8 6.3 CAP, BEP 23.69 26.5 24 24 Baccalauréat, brevet professionnel 14.1 16.4 16 15.9 Diplôme de l’enseignement 9.3 12.5 13.2 11.8 6.3 10.6 13.2 12.7 supérieur court Diplôme de l’enseignement supérieur long Pour conclure, il est important de noter que la compréhension de la thématique de la formation sur le bassin de la plasturgie à Oyonnax nécessite d’avoir en tête les chiffres précédemment exposés. Dans les entretiens que nous présenterons par la suite dans ce rapport, la formation y est souvent décrite comme un retour « sur les bancs de l’école ». Un des faisceaux permettant d’expliquer la réticence des acteurs à la formation est celui de la non-adéquation entre les offres de formation proposées et le public concerné. On retrouve ici un besoin de pédagogie à la formation, ou pour le dire autrement, il faut également penser à former les formateurs. 16 Ce qu’il faut retenir sur le bassin d’Oyonnax : - Une population ouvrière importante qui représente presque un quart de la population active dans un bassin où l’activité industrielle représente la moitié des emplois en 2012. - Un taux de chômage plus important que dans l’Ain ou dans la région Rhône-Alpes mais un recul du chômage sur les 3 dernières années et une reprise d’activité plus importante. - Une forte mobilisation de l’intérim. Pratiquement 3 fois plus que dans l’Ain ou dans la région Rhône-Alpes. - Un salaire net horaire moins attractif pour les ouvriers mais surtout pour les cadres. - Une population faiblement scolarisée après 18 ans. - Une population sans diplôme très importante (30.7 % soit pratiquement le double que dans l’Ain ou dans la région Rhône-Alpes) 17 IV. La formation sur le bassin d’Oyonnax. Sur la zone du Haut-Bugey que nous avons explorée, les chiffres ont été traités par code NAF et ne permettent pas d’englober toutes les entreprises de la plasturgie comme celle du jouet, des meubles en plastiques ou encore les lunetiers. Les codes NAF présentés concernent 6 codes : - fabrication de matières plastiques de base (2016Z), - de pièces techniques à base de matières plastiques (2229A), 60 % des formations de 2005 se faisaient dans ce code NAF, 39 % en 2011 - de produits de consommation courante en plastique (2229B), 0% des formations en 2005 et 19% en 2010, 12 % en 2011 - d’éléments en matières plastiques pour la construction (2223Z), - d’emballage en matière plastique (2222Z) 12 % des formations en 2005 pour 23 % en 2011 - de plaques, feuilles, tubes et profilés en matières plastiques (2221Z). 18 Lorsque l’on s’intéresse particulièrement à la thématique de la formation, on découvre alors 7 domaines principaux : Domaine Formations Organisation Gestion production, manutention, qualité, transport Management Direction entreprise, ressources humaines Informatique Automatisme informatique industrielle, Informatique, Logiciels, secrétariat bureautique. bureautique Formation Art, chimie, développement personnel, droit, droit fiscal, économie, environnement générale aménagement, langues, mathématiques, physique, psychologie, sciences humaines. Commercial Commerce international, commercialisation, gestion commerciale Sécurité Action sociale, ingénierie formation pédagogie, médecine, prévention sécurité, santé secteur Pédagogie sanitaire, services divers. Technique Agriculture, Agroalimentaire, artisanat art, banque assurance, bâtiment second œuvre, btp conception organisation, comptabilité, électronique, électrotechnique, énergie, génie climatique, hôtellerie restauration, industrie graphique imprimerie, information communication, matériau produit chimique, mécanique construction réparation, mécanique théorique, plasturgie, télécommunication, textile, travaux publics. Sur chacun de ces domaines de formation nous pouvons voir dans les tableaux suivants la répartition du nombre de stages réalisés par domaine de formation entre 2005 et 2011 sur la zone d’emploi d’Oyonnax, de l’Ain et de la région Rhône-Alpes. Nombre de stages réalisés par domaine de formation à Oyonnax 2005 2006 2007 2008 Commercial 6 11 7 11 Formation 20 15 17 18 générale Informatique 22 21 22 22 Management 2 7 5 3 Organisation 24 21 21 16 Sécurité 18 22 20 25 Technique 5 4 6 4 Autres 3 0 2 1 19 2009 6 22 2010 8 18 2011 8 18 21 4 14 22 8 3 20 5 13 27 5 2 29 8 16 18 4 0 Pour la zone d’Oyonnax on notera que le domaine de la formation générale, de l’informatique, de l’organisation et de la sécurité sont les plus mobilisés. Sur la période 2005 à 2011 l’informatique a pris plus de place dans les formations là où l’organisation n’a fait que décroître. Les formations en management sont, depuis 2005 en augmentation constante même si elles ne représentent que 8 % des formations en 2011. Alors que le bassin est fortement influencé par l’industrie de la plasturgie, les formations techniques ne représentent que 4 % des formations en 2011. A la lecture de ces chiffres il faut avoir conscience que les formations remboursées aux entreprises par l’OPCA de branche concernent les formations en langues, les formations techniques et les formations en informatique. Pour la zone de l’Ain, et pour la région Rhône-Alpes, on constate généralement les mêmes écarts et les mêmes répartitions. On notera tout de même la hausse plus importante des formations en sécurité du point de vue de la région. Les formations générales sont globalement plus importantes à Oyonnax que dans les deux autres zones de comparaison tout comme l’informatique. Pour cette dernière catégorie, une des pistes avancées par les organismes de formation est la mise en place des enseignements de langues (notamment du français) à l’aide d’outils informatiques. Cette « double formation » permet ainsi de mobiliser les apprentissages du français en même temps qu’une formation informatique. 20 Tableau 1. Nombre de stages réalisés par domaine de formation dans l'Ain. 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Commercial 5 13 7 10 4 7 7 Formation générale 19 14 16 14 19 18 14 Informatique 20 19 19 19 22 20 21 Management 3 7 5 4 4 3 6 Organisation 20 23 25 18 13 13 18 Sécurité 24 21 22 30 32 32 31 Technique 3 3 4 4 5 4 3 Autres 6 1 2 1 2 1 0 Tableau 2. Nombre de stages réalisés par domaine de formation dans la région Rhône-Alpes 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Commercial 5 7 5 9 6 7 Formation 15 12 16 13 12 15 générale Informatique 14 14 15 15 16 18 Management 3 6 5 4 4 4 Organisation 24 23 24 22 23 20 Sécurité 30 29 27 29 31 28 Technique 4 4 6 6 5 7 Autres 6 5 3 1 2 1 21 2011 5 11 19 7 19 31 5 0 Si l’on regarde de plus près la relation entre la formation des cadres et des non-cadres, on peut constater qu’il n’y a pas de différence notable entre les trois zones de comparaison. Cependant, on notera qu’entre 2005 et 2011 on est globalement passé d’un ratio 25-75 à 3070. La problématique de la formation se pose pour l’ensemble des catégories socioprofessionnelles. C’est bien une vision d’ensemble qu’il faut avoir pour l’évaluation des besoins en compétence à l’échelle du bassin. Tableau 3. Nombre de stages réalisés par catégorie socioprofessionnelle (non cadre – cadre) 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Oyonnax 20-80 24-76 25-75 28-72 28-72 32-68 Ain 2-98 25-75 29-71 28-72 25-75 31-69 Rhône-Alpes 2-98 22-78 26-74 25-75 23-77 26-74 2011 29-71 30-70 26-74 La question de la taille des entreprises est primordiale pour comprendre comment développer une politique de formation adaptée aux entreprises. Si le bassin est principalement composé de PME, l’utilisation des formations se fait de manière disparate. Si les entreprises de 0 à 9 salariés du bassin d’Oyonnax ont fortement consommé des formations de 2005 à 2011, il semblerait que cette logique change en 2011. Les formations demandées par les entreprises de 0 à 9 salariés dans l’Ain et la région n’ont, pour leur part, rarement été élevés. On notera la catégorie des entreprises de 50 à 149 salariés qui consommaient entre 20 et 30 % des stages entre 2005 et 2010 pour les trois zones de comparaison et qui ont augmenté leurs demandes en 2011. Les entreprises de 250 à 499 salariés ont également connu un déficit important en matière de formation pour passer globalement de 30 % des formations en 2005 à 10 % en 2011. Ce tableau permet de cibler directement les entreprises qui font de la formation. L’importance de ce tableau réside dans l’adéquation du discours sur la formation. Nous verrons que dans les entretiens que nous avons menés, le discours des organismes de formation n’est pas toujours adapté aux entreprises et il est donc vital de comprendre quelles sont les entreprises qui font réellement de la formation. 22 Tableau 4. Nombre de stages réalisés par taille de l’entreprise 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 1 B C A B C A B C A B C A B C A B C A B C 0-9 21 5 20 24 9 7 24 10 8 33 5 5 37 5 8 33 6 7 4 4 6 1049 13 17 37 14 25 31 20 22 28 15 14 24 15 12 20 19 18 20 23 16 22 50149 150249 250499 500+ 14 27 19 28 27 23 18 29 28 23 38 32 20 30 26 23 28 30 40 40 33 17 21 10 16 21 17 24 26 18 21 31 21 14 33 25 15 35 32 23 32 23 35 30 11 18 18 16 14 12 16 8 12 11 13 20 16 10 14 11 10 9 8 0 0 2 0 0 6 0 0 4 0 0 7 0 0 5 0 0 0 0 0 7 A Total 100 100 100 100 100 100 100 Nous avons également retracé le nombre de stages réalisés par tranche d’âges sur les trois zones de comparaison. On remarquera que sur la période 2010-2011 les formations dans le bassin d’emploi d’Oyonnax sont principalement réalisées par les 30-49 ans. Dans l’Ain et le Rhône-Alpes les formations sont principalement réalisées par les 25-44 ans. C’est ainsi la pyramide des âges qui est directement mise en cause. L’importance de l’intérim sur le bassin d’Oyonnax doit être prise en compte à travers de multiples conséquences. L’une d’elles est de pointer les effets de l’intérim qui semble, selon les organismes de formation, neutraliser la volonté de partir en formation. 1 A = Oyonnax, B = Ain, C = Rhône-Alpes. 23 Tableau 5. Nombre de stages réalisés par tranche d’âges (en %) Oyonnax Ain Rhône-Alpes 2010 2011 2010 2011 moins de 20 ans 0 0 2 2 de 20 à 29 ans 10 9 28 24 de 30 à 39 ans 35 34 38 38 de 40 à 49 ans 37 37 18 19 de 50 à 54 ans 12 13 10 11 de 55 à 59 ans 6 6 moins de 25 ans de 25 à 34 ans de 35 à 44 ans de 45 à 50 ans de 51 à 55 ans 56 ans et plus 4 6 plus de 60 ans 1 1 2010 2011 moins de 25 ans de 25 à 34 ans de 35 à 44 ans de 45 à 50 ans de 51 à 55 ans 56 ans et plus 4 4 25 24 38 37 19 20 9 10 4 5 Un dernier point doit être évoqué concernant le nombre d’heure moyen de formation DIF. Si le nombre de demandes de DIF baisse de manière générale dans les trois zones, on peut cependant observer une nette différence sur le nombre d’heure moyen. La zone d’emploi d’Oyonnax est largement en dessous de la moyenne par rapport aux deux autres zones de comparaison. La principale raison de ce constat tient surtout à l’évolution des critères de financements et de remboursement des DIF. Tableau 6. Nombre d’heure de DIF en moyenne 2005 2006 2007 Oyonnax 17 20 22 Ain 21 48 43 Rhône-Alpes 21 39 38 2008 24 36 37 24 2009 23 32 34 2010 32 48 45 2011 21 52 55 V. Un autre point de vue sur la formation Pour l’ensemble des entretiens que nous avons passés la thématique de la formation technique a été systématiquement abordée. Comme il s’agissait d’entretiens semi-directifs, les personnes interviewées ont souvent évoqués d’autres aspects de la formation comme la formation initiale ou la formation FLE. Parmi l’ensemble des informations récoltées à travers ces nombreuses discussions nous avons ciblé l’appréhension de la thématique de la formation par les acteurs interrogés, les principales difficultés rencontrées et les moyens mis en place pour les dépasser et les liens avec les entreprises et les autres organismes de formation. Les organismes interrogés, choisis par le comité de pilotage du groupe « ‘formation » de la CPHB, sont : Tertia Centre Interindustriel des bilans de formation compétence (CIBC) Atout emploi Greta Plastipolis Opca DEFI Pôle européen de Opcaim plasturgie Pôle emploi Allizé-plasturgie Agefos PME Manpower Radar 25 L’objectif était d’avoir le point de vue des organismes de formation pour ce qui concerne le type de formations proposées et l’usage qui en est fait. Ces éléments peuvent ainsi faire écho aux interviews passées avec les acteurs plus techniques. Nous avons évoqué la distinction entre la formation initiale et la formation continue mais une autre question peut se poser concernant la distinction entre la formation à bas niveau de qualification et celle concernant les ingénieurs et docteurs. Si, dans un premier temps, la CPHB entend s’intéresser plus à la formation continue pour les bas niveaux de qualification, il n’en reste pas moins important de garder à l’esprit les besoins de formation des hauts niveaux de qualification en ce qu’ils sont pointés comme des éléments moteurs de l’innovation. Finalement, le comité de pilotage a souhaité entendre le point de vue des principaux acteurs collecteurs à travers les organismes paritaires collecteurs agréés (opca) pour comprendre la complexité des nombreux acteurs gravitant autour de la formation. 1. Au niveau local : la relation entre les organismes de formation et les entreprises Le point de vue des organismes de formation sur les entreprises du bassin du Haut-Bugey nous a servi à mettre en lumière la complexité face à laquelle les entreprises doivent faire face lorsqu’elles souhaitent faire de la formation. Cela nous a également permis de pointer l’abondance des offres de formation et le manque de cohérence qui existe pour les organismes de formation sur les politiques générales de la formation. Lors des entretiens que nous avons menés nous nous sommes confrontés aux remarques que l’on peut considérer comme « classiques » pour qui s’intéresse à la formation. Les principales difficultés rencontrées par les entreprises, selon les organismes de formation, se situent au niveau de la disponibilité des personnes à envoyer en formation, de la place des formations obligatoires, des modes de financement engagés et de la complexité des montages financiers. Ces éléments sont souvent décrits par les organismes de formation comme des 26 « prétextes valables » pour éviter de faire de la formation. Les deux aspects à retenir sont l’argent et le temps nécessaire pour les formations. Pour les organismes interrogés, ces arguments bien que recevables cachent d’autres difficultés. Le peu de visibilité dont disposent les entreprises sur leur carnet de commande est un argument qui revient régulièrement. Sans visibilité sur la production à venir, il est difficile d’anticiper sur les besoins en formation pour s’adapter à la demande sans cesse changeante. Il est alors assez aisé de pointer du doigt les entreprises qui ne souhaitent pas faire de formation. Cependant, les organismes de formation semblent conscients d’une lacune qui leur est propre dans la maîtrise de l’évaluation des besoins en formation des entreprises. Outre les entreprises qui font le choix délibéré de ne pas faire de formations, de nombreuses entreprises savent qu’elles ont des besoins de formations mais ne savent pas ni de quels types ni comment les mettre en place. C’est alors la question des évaluations pré-formatives et des montages financiers qui est posée. Nos interlocuteurs pointent souvent cette difficulté de la compréhension du besoin des entreprises. D’une part parce que ces dernières ne le formulent pas et d’autres part car les organismes de formation sont rarement qualifiés pour proposer une évaluation pertinente de la demande des entreprises. On peut ainsi appréhender une autre difficulté, celle de la formation des formateurs. Concernant les montages financiers, il s’agit là d’une question importante qui est souvent dénigrée et classée dans les affaires « compliquées » et « opaques ». Les organismes de formation sont souvent tous d’accord pour dire que les montages financiers ne sont pas simples. Nous préférons le terme de « complexe » pour qualifier ces montages. Les organismes interrogés pointent souvent le peu de reconnaissance de l’expertise nécessaire pour naviguer parmi la multitude de financements disponibles. Sur cet aspect, le manque de financement n’est pas souvent mobilisé comme argument par les organismes de formation. C’est pratiquement le contraire qui ressort de nos interviews. Ce n’est pas tant le manque de financement qui fait défaut que le manque de maîtrise des différents systèmes de financement. Les entreprises sont ainsi poussées à s’en remettre exclusivement aux experts que représentent pour eux les organismes de formation. 27 2. Au niveau global : quels sont les acteurs intermédiaires ? Lorsque l’on tente de remettre dans leur contexte les éléments apportés par les organismes de formation, on perçoit de nombreux éléments qui ajoutent de la confusion sur les actions menées sur le bassin du Haut-Bugey en matière de formation. L’élément central concerne l’absence d’un acteur transversal à l’ensemble des actions menées en matière de formation sur le bassin. De nombreux acteurs se superposent sur la thématique de la formation. Un rapide examen montre d’un côté un panel très varié d’organismes et d’offres de formation et d’un autre côté de nombreux acteurs institutionnels travaillant sur la formation. Il est donc important de savoir sur quel niveau d’analyse nous nous situons. La problématique centrale est bien la présence d’un acteur qui pourrait faire le lien entre les différents organismes traitant de la formation. Les entretiens permettent de pointer une juxtaposition trop importante des nombreuses initiatives concernant la formation avec peu de liens entre elles. De plus, ces initiatives peuvent toucher différents niveaux de la formation. Agir pour les salariés, pour les entreprises, pour les organismes de formation nécessite bien de prendre les spécificités de chacun en compte. Il semble abusif de vouloir traiter de ces différents niveaux de la même manière. Le graphique que nous proposons tente de remettre dans le contexte les différents acteurs du bassin du Haut-Bugey ainsi que le rôle et les compétences de chacun pour agir sur la thématique de la formation. Nous distinguons deux questions majeures pour traiter de cette thématique. La première concerne l’anticipation et doit explorer la piste des acteurs pouvant permettre de cibler le besoin en compétences du bassin. L’objectif est également de pouvoir connaître les différents types d’entreprises, leurs caractéristiques et leurs possibilités d’évolution mais également les différentes temporalités sur lesquelles ces entreprises 28 pourront se placer. La deuxième question importante est celle de l’action et des prises de décision. Avec la multitude des acteurs et des découpages politiques, les décisions prises en matière de formation peuvent souvent se superposer lorsque l’on analyse le niveau local, régional ou national. L’intérêt d’un tel questionnement est de pouvoir identifier les acteurs capables de mettre en mouvement les organisations nécessaires à l’évolution des formations sur le bassin du Haut-Bugey. 29 En conclusion, il nous semble important de retenir que le bassin du Haut-Bugey possède des caractéristiques propres dont il faut avoir bien conscience avant de développer plus en avant la thématique de la formation. La scolarisation, le taux de chômage et le taux d’intérimaires sont des caractéristiques typiques du bassin. Il semble important d’investir les différents moyens de sortir de ces difficultés afin de mettre en avant la nécessité de la formation pour l’ensemble des acteurs du bassin. Cependant, ceci ne peut être réalisé à travers des actions isolées. Les deux questions que nous avons évoquées précédemment, la nécessité d’anticiper et d’agir, permettent de comprendre qu’il y a une première étape nécessaire pour identifier les différents potentiels d’entreprises et une seconde qui est de les aider à mettre en place 30 des politiques de formations. Cependant, il est primordial d’identifier le rôle de chacun. Il ne s’agit pas des mêmes acteurs qui peuvent convaincre un salarié de se former, une entreprise de faire une GPEC ou un politique de financer des actions sur la formation. C’est pour cette raison, qu’une coopération est nécessaire entre l’ensemble des acteurs du territoire. C’est également pour cette raison qu’un acteur qui serait transversal à cette coopération est vital. La question de l’innovation, par exemple, n’est pas la même pour les différents profils d’entreprises du bassin. Existe-t-il un acteur et/ou un outil capable de déterminer quelles entreprises ont besoin d’innovation ? sur quelles temporalités ? comment les accompagner à l’innovation ? de quoi ont-elles besoin pour innover ? faut-il des ingénieurs, faire monter des opérateurs en compétences et lesquels ? Autant de question sur lesquelles il faut pouvoir identifier clairement des acteurs capables d’y répondre ce qui n’est actuellement pas le cas pour le bassin du Haut-Bugey. 31 Ce qu’il faut retenir sur la formation : - Une définition multiforme de la formation. Il est donc nécessaire de préciser le type de formation sur lequel nous souhaitons travailler. La formation, utilisée comme terme générique, ne fait que décrire des réalités diverses qui apporte souvent plus de confusions que de solutions. - La nécessité de comprendre, d’analyser et de traduire correctement le besoin en formation des entreprises. Les évaluations pré-formatives sont souvent négligées et les entreprises sont rarement qualifiées pour auto-évaluer leurs besoins et les exposer de manière adéquate aux organismes de formation. - Un centrage trop important est fait sur le cœur de métier de la plasturgie. La plasturgie est faite de nombreux métiers, notamment les métiers supports qui ne sont que rarement mis en avant et qui pourtant permettent le fonctionnement de l’industrie du plastique. - L’absence d’un réel acteur ou d’un outil transversal sur le bassin du Haut-Bugey qui permettrait de faire le lien entre l’ensemble des acteurs de la formation et qui pourrait rendre cohérent l’ensemble des initiatives locales faites par chaque acteur. 32 VI. Deux propositions faites à la CPHB En reprenant l’ensemble des éléments de ce rapport et des nombreuses discussions informelles que nous avons eu avec les personnes que nous avons rencontrées tout au long de cette enquête, nous avons formulé, à la demande de la CPHB, deux propositions concernant les suites à donner à cette enquête. La première proposition consiste à interviewer les entreprises ayant suivi une formation GPEC. L’objectif est de pouvoir suivre les évolutions des entreprises ayant fait une telle démarche de formation. Quels sont les points positifs et négatifs d’une telle démarche dans l’entreprise. Cette démarche a-t-elle été suivie ? Cela a-t-il permis d’engager d’autres actions par la suite ? L’objectif est de capitaliser les expériences passées et de pouvoir les analyser afin d’en extraire des éléments utilisables concrètement pour améliorer les offres de formation et la manière dont celles-ci sont mises en place. La seconde proposition concerne la constitution d’un groupe, provisoirement et peut-être à tort, nommé « groupe RH ». La place du responsable des ressources humaines est particulièrement importante dans la mise en place d’une réflexion sur la formation dans l’entreprise. Pour les petites entreprises c’est très souvent le patron qui va décider de faire de la formation car il a une histoire particulière qui l’incite à faire de la formation (personnellement convaincu de l’utilité de penser sur le long terme). Cependant, cela restera toujours pour lui une charge supplémentaire de travail. Le responsable RH est donc un acteur 33 important car il est celui qui va mettre en place et s’occuper de ces initiatives. Nous restons conscients que ce n’est pas toujours sa mission principale et qu’il peut également se heurter à des difficultés si la direction pour laquelle il travaille n’a pas d’affinité particulière avec la formation. C’est de cette manière qu’a émergé l’idée de faire travailler un groupe de RH en prenant soin de bien diversifier les profils des entreprises auxquelles ils appartiennent pour avoir un point de vue varié des différents enjeux de la formation dans les entreprises. Le but de ce groupe serait de mettre à jour les caractéristiques qui permettent de mettre en avant la formation dans les entreprises. L’idée est de pointer les entreprises où la thématique de la formation est bien intégrée pour dresser un profil type de la situation idéale, de voir si ces caractéristiques se retrouvent dans des situations plus difficiles et si elles sont efficaces pour changer le point de vue des entreprises dans lesquelles la formation n’est pas une priorité. 34