Les palmiers : filière à risque en Guyane
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Les palmiers : filière à risque en Guyane
Phytosanitairement Vôtre n°5 – Janvier 2001 Les palmiers : une filière à risque pour la Guyane De par le monde, les palmiers suscitent un intérêt, tant économique que commercial, occasionnant des importations à grande échelle. Les palmiers véhiculent ainsi très facilement des maladies lors de fréquents échanges. Par ailleurs, leur acclimatation forcée dans certaines zones « limites » est à l’origine de l’apparition d’arbres stressés. Une réglementation régit donc l’importation de cette espèce végétale (plants, fruits, graines, semences et fibres). En Guyane, ils ne constituent pas une culture d’ordre économique majeur mais un patrimoine environnemental et culinaire important qu’il est nécessaire de protéger contre l’éventuelle arrivée de nouveaux parasites. Il existe une trentaine d’espèces dont les plus importantes sont : - Le palmier bâche (Mauritia flexuosa), - le cocotier (Cocos nucifera), - l’awara (Astrotatigerus vulgare), - le parépou (Bactris gasipaes), - le wassaï ou pinot (Euterpe oleracea), - le comou et - le patawa (Oenocarpus spp.). La situation phytosanitaire En Guyane, certains ravageurs font de gros dégâts sur les palmiers : Strategus aloeus est un scarabée. A l’état adulte, il creuse le sol au pied de la jeune plante et s’y reproduit. La larve remonte dans le stipe provoquant la mort de l’arbre, soit directement par de profondes lésions, soit indirectement par inoculation de parasites ou en préparant le terrain aux parasites secondaires. Sa reproduction s’effectue dans des débris végétaux en décomposition ou du fumier. Brassolis sophorae est un papillon qui pond à tous les niveaux de la couronne. Trois mois après l’adulte apparaît. Les attaques nocturnes de la chenille peuvent entraîner la destruction des palmes en une nuit seulement. Il ne reste plus alors que la nervure centrale de chaque foliole (faciès en arête de poisson). Castnia daedalus est un papillon qui pond environ 400 oeufs dans la couronne. La chenille creuse des galeries dans l’extrémité du stipe des arbres attaqués entraînant un ralentissement de la croissance ou la mort de l’arbre selon le niveau d’infestation. DAF-Service de la Protection des Végétaux de Guyane 1/2 Phytosanitairement Vôtre n°5 – Janvier 2001 Ces dix dernières années ont vu l’apparition de plusieurs maladies des palmiers dans le département : Le hartrot, causé par un protozoaire flagellé (genre : Phytomonas) dont la propagation est due à des punaises du genre Lincus. Cette maladie entraîne un jaunissement puis un dessèchement des feuilles ainsi que le brunissement des inflorescences dès leur apparition. Cette maladie n’est localisée que dans certaines zones. Elle ne cause pas de gros dégâts pour le moment. Phyllachora torrendiela est un champignon responsable de la « Lixa pequena » qui provoque le dessèchement des feuilles. Botryosphaeria cocogena est responsable de la « Queima das folhas » qui provoque la brûlure des folioles. Le little leaf dont les symptômes se caractérisent initialement par la nécrose de la dernière palme émise. Par la suite, les feuilles émises sont de taille réduite, de port dressé, les inflorescences sont chétives et le nombre de fruits est réduit. La cause de cette maladie n’est pas encore déterminée. Des maladies aux portes de la Guyane D’autres parasites ou maladies d’importance économique sont présents de l’Amérique centrale à l’Amérique du sud. Nous devons principalement veiller aux importations en provenance de l’Asie et des territoires proches de la Guyane (Brésil, Surinam, Caraïbe). L’anneau rouge (du cocotier et du palmier à huile) est causé par le développement d’une population de nématodes (Radnophelencus cocophilus) à l’intérieur du stipe dont la propagation est due à un charançon (Rhynchophorus palmarum). Les symptômes se caractérisent par un dessèchement ascendants et fulgurant du feuillage. Le Cadangcadang est un virus qui entraîne le jaunissement mortel du palmier. DAF-Service de la Protection des Végétaux de Guyane 2/2