La préfecture de la Martinique, du 18 siècle à 2013

Transcription

La préfecture de la Martinique, du 18 siècle à 2013
Quand un monument
patrimonial accueille une
fonction depuis plus de
deux siècles…
La préfecture de la Martinique,
du 18ème siècle à 2013
Préfecture -Septembre 2013
De l’hôtel du gouvernement à la préfecture
Jusqu’en 1692, Saint-Pierre occupait le
rang de capitale administrative de la
Martinique.
Fort-Royal
(qui
sera
ème
rebaptisée Fort-de-France par la 2
République en 1848) devient capitale
sous le gouverneur Blénac. Déjà depuis
1669, plusieurs gouverneurs séjournent à
Fort-Royal, au Fort-Saint-Louis. Ce n’est
ème
qu’à partir du 18
siècle qu’ils
s’installent définitivement dans la
nouvelle capitale, dans un édifice en bois
de style colonial, à l’emplacement actuel
de la préfecture.
Deux siècles plus tard, le bâtiment se
délabrant, le gouverneur RICHARD décide
d’ériger
un
nouvel
hôtel
du
gouvernement en béton armé (le premier
en Martinique) en 1925. La construction
de ce nouvel ensemble s’achève en 1928
sous l’administration du gouverneur
GERBINIS.
Sous le gouverneur ORSELLI, l’édifice prit
le nom de Préfecture en mars 1946. En
effet, le 19 mars 1946, une page
d’histoire s’écrit, la départementalisation
des anciennes colonies des Antilles, de la
Guyane et de la Réunion est votée. Ce
n’est que le 23 août 1947 qu’a lieu la
cérémonie d’installation de la préfecture.
En 1948, un arrêté ministériel donne la
propriété juridique des bâtiments au
département. L’État en conserve
cependant la jouissance à titre gracieux, il
en assure l’entretien.
Quelques années plus tard, le 20 mars
1990, d’un point de vue historique et
architectural, les façades et les toitures
du « Palais » et des deux bâtiments
administratifs qui bordent l’allée
d’honneur furent inscrits à l’inventaire
supplémentaire
des
monuments
historiques. Depuis, plusieurs phases de
rénovation ont eu lieu sur les bâtiments
extérieurs (1995-1996 et 2012-2013).
Suite à un incendie, la grande salle Félix
EBOUÉ (anciennement salle des fêtes)
est entièrement rénovée et restaurée par
l’État en 1990. Depuis 2012, des travaux
d’agrandissement de la préfecture à
l’arrière du Palais sont en cours.
« Le petit Versailles des tropiques »
Parmi plusieurs projets, celui de
l’architecte Jules Germain OLIVIER fut
retenu pour la conception de la préfecture
er
actuelle. Il gagne son 1 concours national
en 1922 pour l’exposition coloniale de
Marseille et se voit alors confié la mission
d’édifier le palais du gouverneur. Son
collaborateur, Paul FRAISSE, assure le suivi
sur place.
Trois bâtiments composent la préfecture.
La tradition veut que le bâtiment principal,
« le palais », soit une réplique du petit
Trianon. D’une architecture d’inspiration
classique, la façade est percée d’un
rythme régulier. L’accès au rez-dechaussée s’effectue par un large
emmarchement, il est surmonté d’une
loggia à l’étage. La façade du rez-dechaussée est d’inspiration dorique, tandis
qu’à l’étage, est employé un ordre
d’inspiration ionique. Les menuiseries sont
en bois et lames persiennes de tradition
martiniquaise. Les portes principales du
rez-de-chaussée sont en ferronnerie d’art.
Elles ouvrent sur le vestibule qui dessert
les salles de réunion Schœlcher et Eboué
et sur l’imposant escalier d’honneur.
Quant aux deux bâtiments administratifs
longeant l’allée principale, l’architecture
est dans la continuité de celle du palais,
avec des coursives donnant accès aux
bureaux.
M.ANTOINE, ébéniste de Fort de France,
reçut la commande de l’essentiel du
mobilier du gouverneur, encore en place
dans les bureaux du préfet notamment.
Haut lieu de la vie politique et mondaine,
l’hôtel du gouvernement, puis la
préfecture, furent le théâtre de
d’événements marquants dans l’histoire de
la Martinique, tels que l’accueil du soussecrétaire d’État aux Colonies, Victor
SCHOELCHER décrétant l’abolition de
l’esclavage dans les colonies en 1848,
er
l’installation du 1 préfet suite à la loi de
1946, rapportée par Aimé CÉSAIRE,
érigeant la Martinique en département. Ce
fut aussi un lieu de célébration de fêtes
commémoratives et le témoin de plusieurs
révoltes sociales.
Le saviez vous ?
Des gouverneurs aux préfets
Les gouverneurs de 1900 à 1947
.
MERLIN
MOUTTET
LHUERRE
LEMAIRE
RICHARD
BONHOURE
GAUDARD
LEPREUX
FOUREAU
SAMARY
BRUN
FOUREAU
GOUJON
VACHER
LEVECQUE
GOUJON
POULET
GUY
MARCHAND
BRABAN
GOURBEIL
LEVECQUE
SERGENT-ALLEAUME
RICHARD
CANTAU
RICHARD
DE GUISE
CANTAU
GERBINIS
BOURRET
GERBINIS
ÉBOUÉ
VEBER
2 juillet 1900 à 1901
9 décembre 1901 à 1902
8 mai 1902 (3 mois)
20 août 1902 à 1903
3 octobre 1903 à 1904
8 septembre à 1906
10 octobre 1906 (7 mois)
21 mai 1907 à 1908
29 juillet 1908 à 1909
26 octobre 1909 à 1910
22 juillet 1910 (15 jours)
6 août 1910 à 1913
10 janvier 1913 (7 mois)
13 août 1913 (24 jours)
6 septembre 1913 (3 mois)
12 décembre 1913 (1 mois)
2 février 1914 à 1915
19 septembre 1915 à 1919
7 mai 1919 à 1920
27 avril 1920 (2 mois)
13 juillet 1920 à 1921
7 septembre 1921 à 1922
15 juin 1922 à 1923
20 avril 1923 à 1924
6 août 1924 (2 mois)
30 octobre 1924 à 1925
21 août 1925 à 1927
29 octobre 1927 (3 mois)
14 février 1928 à 1929
25 avril 1931 à 1932
11 janvier 1932 à 1933
23 juillet 1933 à 1934
23 mai 1934 (1 mois)
FOUSSET
PELICIER
ALBERTI
DEPROGE
ALLYS
DECHARTE
DEPROGE
SPITZ
DEPROGE
BRESSOLLES
NICOL
PONTON
ANGELINI
PARISOT
ORSELLI
23 juin 1935 à 1936
9 juin 1936 (4 mois)
22 octobre 1936 à 1937
7 janvier 1938 (6 jours)
13 janvier 1938 (2 mois)
5 avril 1938 (8 mois)
25 décembre 1938 (33 jours)
27 janvier 1939 à 1940
10 mars 1940 (47 jours)
27 avril 1940 (9 mois)
27 janvier 1941 à 1943
14 juillet 1943 à 1944
1er août 1944 (5 mois)
14 janvier 1945 (5 mois)
5 juin 1946 à 1947
Les préfets de la Martinique
TROUILLÉ
LAIGRET
VILLEGER
BOISSIER
PARSI
GROLLEMUND
PETIT
LAMBERTIN
DELIAU
BEZIAU
TERRADE
ORSETTI
NOIROT-COSSON
HEIM
JULIA
1947 – 1950
1950 – 1954
1954 – 1957
1957 – 1959
1959 – 1961
1964 – 1963
1963 – 1966
1966 – 1967
1967 – 1969
1969 – 1970
1970 – 1973
1973 – 1975
1975 – 1978
1978 – 1979
1979 – 1981
CHEVANCE
LACROIX
JOUANDET
ROURE
MORIN
CORDET
BELLION
CADOT
DASSONVILLE
MANCINI
PREVOST
Le préfet est un haut fonctionnaire représentant l’État et
le Gouvernement dans un département ou une région ; le
sous-préfet est son délégué dans un arrondissement.
Depuis plus de II siècles, les préfets sont au cœur de
l’État : garants du fonctionnement républicain de
l’Administration et de collectivités territoriales
et gardiens de la légalité.
La notion de préfet est très ancienne. Dans l’Antiquité, le
mot préfet désignait surtout une fonction militaire et
juridique. Plus tard, à la Renaissance, les représentants du
pouvoir royal dans les provinces françaises sont les
intendants, et les gouverneurs dans les colonies
françaises. C’est Napoléon Bonaparte qui créa la fonction
de préfet en 1800 avec la loi du 28 pluviôse an VIII (17
février 1800). Aujourd’hui, les préfets sont rattachés au
ministère de l’Intérieur.
En Martinique, le préfet est aussi préfet de zone Antilles
Guyane, il assure des missions relatives à la sécurité et la
protection civile notamment.
Quelques célèbres préfets : Moulin, Frochot, Rambuteau,
Haussmann, Erignac, Lépine… Le plus jeune préfet fut
nommé en 1848, Emile Ollivier à 22 ans.
1981 – 1985
1985 – 1987
1987 – 1989
1989 – 1991
1991 – 1995
1995 – 1998
1998 – 2000
2000 – 2004
2004 – 2007
2007 – 2011
2011
Le gouverneur Félix ÉBOUÉ