mes premiers mois à l`ensp

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mes premiers mois à l`ensp
dossier ||| N° 131
juillet 2014
DOSSIER
Jeunes commissaires d’aujourd’hui
MES PREMIERS MOIS
À L’ENSP
Q
uand on prépare la VAP, comme dans mon cas,
on pense aux épreuves mais non à la formation et
à l’école. C’est seulement lorsque l’on est admis
que l’on y songe sérieusement. Et là, que d’interrogations !
Ma seule référence était pour moi l’ex-ESIPN de
Cannes-Ecluse et ses petits groupes de quinze élèves
(externes et internes) préparant ensemble le bloc OPJ.
J’étais bien loin de l’ENSP.
Je me souvenais m’être rendue à Saint-Cyr à plusieurs
reprises, accompagnant mon chef de service d’alors.
J’avais observé l’amphithéâtre Clémenceau et les visages
enfouis derrière les écrans des PC. Rien de plus pour me
préparer concrètement.
En fin de compte, en intégrant l’école en septembre
2013, j’allais découvrir ce que j’avais le plus sous-estimé
et qui allait me déstabiliser durant ces premiers mois :
redevenir une élève avec ce que cela induit : des horaires
stricts à respecter (self, cours, réunions, rendez-vous
divers, conférences...), des choix parfois non consentis
(master ou pas, e-learning...). Et surtout n’avoir plus
aucune responsabilité.
ainsi qu’avec les élèves de la classe préparatoire intégrée
(CPI), créer des liens d’amitié et de confiance au sein de
notre promotion, profiter de ce que la vie à l’école et le
site agréable de Saint-Cyr offrent et dont je n’avais pas
pris toute la mesure. A cet égard le premier stage
professionnel et la participation à la session inter-écoles
du RESP (Réseau des Écoles de Service Public) m’ont
aidée à réajuster les choses. Il était temps !
Il m’a fallu plusieurs mois pour passer cette étape et
m’attacher à l’essentiel : tirer profit de la variété et de
la richesse des apprentissages, confronter mes habitudes,
ma vision de l’Institution et au-delà avec les différents
publics de l’école, notamment avec la génération Z des
externes - ce qui constitue un choc générationnel évident -
L’école offre ce temps, il serait
dommage de ne pas en profiter !
Soudain, j’avais l’impression de vivre dans une bulle
isolée du reste du monde. C’était ça ma vraie difficulté,
vivre ce contraste : avoir vécu une expérience professionnelle riche où l’on a sa place, son rôle, ses habitudes, et
être là, avec ce sentiment étrange et mon cartable à la
main, un peu perdue, hors de mon cadre familier (familial,
social, amical, professionnel), toujours en groupe, du lundi
au vendredi, chaque semaine.
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La Tribune du Commissaire n° 131
Finalement, avec quelques mois de recul, je me rends
compte aujourd’hui que passer par ce processus m’a
menée à quitter mon ancien métier de commandant pour
celui de commissaire. Ces dix mois d’école semblent pour
moi être un véritable chemin de croissance auquel j’ai
dû m’ouvrir, accepter de perdre mes repères, me laisser
transformer non pour devenir quelqu’un d’autre, bien sûr,
mais devenir moi-même dans ce nouvel uniforme.
Sophie CARTIER
Élève Commissaire de police
65e promotion

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