ALIMENTATION ENTERALE PAR SONDE 5.03 Objectif

Transcription

ALIMENTATION ENTERALE PAR SONDE 5.03 Objectif
ALIMENTATION ENTERALE PAR SONDE
5.03
Objectif
La nutrition entérale est une pratique thérapeutique courante à l'hôpital. Elle permet d'assurer un apport
calorico-azoté et hydro électrolytique en cas de dénutrition en substitution ou en complément de
l'alimentation orale normale.
Le risque infectieux est variable et dépend de la voie d'abord et de l'état de fragilité du patient (âge,
immunodépression, dénutrition…).
Techniques et méthodes
I - LES DIFFERENTES VOIES D'ABORD
Il existe différentes voies d'abord.
Type de sonde
naso-gastrique
naso-duodenale
naso-jejunale
Gastrostomie
Jejunostomie
Geste
Infirmier sur prescription médicale
Manipulateur radiologie sur prescription médicale
Médical
Médical
Chirurgical
Chirurgical
Le choix de la sonde est fonction de la durée de l'alimentation et de critères médicaux concernant le patient
(obstacle œsophagien ou pylorien, obstruction…).
II - LES DIFFERENTES TECHNIQUES
1) Continue / discontinue
L'alimentation entérale peut s'effectuer :
- en discontinu par l'administration du flacon sur 4 à 6 heures plusieurs fois par jour. La tubulure se
change systématiquement avec chaque nouveau flacon de nutrition dans l'alimentation discontinue
- en continu sur 24 heures en changeant les flacons les uns après les autres tout en conservant le
même débit. La tubulure se change toutes les 24 heures si l'administration est continue.
2) Par gravité
Il s'agit d'un flacon suspendu à un mât à sérum, 80 cm au dessus du patient, sur lequel on adapte une
tubulure branchée directement sur la sonde gastrique. Le débit est réglé par nombre de gouttes à la minute.
Le matériel :
Le flacon d'alimentation entérale
Une tubulure spécifique à régulateur de débit manuel
Guide Technique d'Hygiène Hospitalière – 2004
Page 1 / 5
C.CLIN Sud-Est – Fiche n° 5.03
3) Par pompe à régulateur de débit
Il s'agit de la même installation, mais dans ce cas, une tubulure spéciale est adaptée dans une pompe à
régulateur de débit. Le débit est réglé selon le temps de passage désiré.
Le matériel :
Le flacon d'alimentation entérale
Une tubulure spécifique à régulateur de débit
La pompe à régulateur de débit.
4) Par nutripompe (pompe réfrigérée)
Il s'agit d'une méthode permettant de passer à l'aide d'une nutripompe un mélange réfrigéré en permanence
dans un débit constant programmé.
Le matériel :
- le flacon d'alimentation entérale
- un bocal propre pour lequel un désinfectant agréé alimentaire est utilisé
- un agitateur
- une tubulure spécifique
- la nutripompe
III - LES PRODUITS DE NUTRITION ENTERALE
Les aliments administrés par sonde gastrique vont dans le tube digestif, tout comme les aliments ingérés par
la bouche. Ces aliments doivent avoir les mêmes caractéristiques sanitaires que les aliments traditionnels.
Ils doivent donc être de bonne qualité mais la stérilité n'est pas nécessaire sauf dans le cas de pathologies
particulières.
Les produits préparés industriellement sont stériles afin de garantir leur conservation et l'administration d'un
aliment de qualité non contaminé par des germes qui pourrait être pathogènes chez un patient déjà fragilisé.
1) Les mélanges nutritifs
Ils se substituent complètement à l'alimentation normale. Il existe des formules enrichies en certains
éléments nutritifs en fonction des besoins du patient : protéines, énergie, fibres, sodium…
Ces produits sont stérilisés et protégés de la recontamination. Leur stabilité et leur qualité sont garanties
dans les limites de la date de péremption. Cependant, il est indispensable de vérifier l’intégrité du soluté
avant toute utilisation, des cas de contaminations de produits ayant été décrits.
Ils se conservent à température ambiante, dans un endroit propre et sec. Une température supérieure à
30°C peut altérer les qualités nutritionnelles du produit. Après ouverture il existe un risque de contamination ;
il faut donc préférer un passage en plusieurs fois dans la journée de petits flaconnages à un passage d'un
flacon en 24 heures. Tout flacon entamé et non utilisé dans la journée doit être jeté.
2) Les médicaments
Il est important de choisir une forme galénique adaptée. Les formes retard ne sont pas adaptées puisque
une fois pilés, les comprimés ne remplissent plus leur rôle de libération prolongée.
Pour éviter l'obstruction de la sonde, il faut préférer les formes liquides ; si celles-ci ne sont pas disponibles,
piler finement les comprimés, les diluer dans un peu d'eau et les passer par la sonde à l'aide d'une seringue
à embout conique.
Il est important de bien rincer la sonde de manière systématique à l'aide de 60ml d'eau après chaque
passage de médicament.
Guide Technique d'Hygiène Hospitalière – 2004
Page 2 / 5
C.CLIN Sud-Est – Fiche n° 5.03
3) L'eau
L'eau du robinet ou l'eau minérale sont tout à fait adaptées à l'administration par sonde puisque le tube
digestif est habilité à recevoir naturellement ce type d'eau.
Il est nécessaire de faire couler l'eau quelques minutes avant de la recueillir dans un récipient afin d'éviter
l'administration d'eau stagnante.
Guide Technique d'Hygiène Hospitalière – 2004
Page 3 / 5
C.CLIN Sud-Est – Fiche n° 5.03
IV - LES COMPLICATIONS
Pour toute information concernant la pose et la surveillance de la sonde gastrique se reporter à la fiche 8.10.
Type de complications
Mécaniques
Positionnement de la sonde dans
l’arbre trachéo-bronchique lors de la
pose.
Enroulement de la sonde
(concerne les sondes naso-gastrique
naso-duodénale et naso-jéjunale)
Arrachement de la sonde
(concerne tout type de sonde)
Déplacement secondaire dans l’arbre
trachéo-brochique.
(concerne les sondes naso-gastrique
naso-duodénale et naso-jéjunale)
Obstruction de la sonde
(concerne tout type de sonde)
Respiratoires
Infections par prolifération
microbienne
Digestives
Diarrhées
Intoxication alimentaire par ingestion
produits altérés
Complications locales
Escarres ou ulcérations
(tout type de sonde à l’émergence)
Sinusite
(concerne les sondes naso-gastriques
naso-duodénale et naso-jéjunale)
Guide Technique d'Hygiène Hospitalière – 2004
Conséquences
Etouffement
Inhalation bronchique
Nécessite la repose
Jéjunostomie et gastrostomie :
c’est une urgence appeler le
médecin
Etouffement
Inhalation bronchique
Prévention
- Installer le patient en position
1/2 assis lors de la pose.
- Faire déglutir pour favoriser le
passage du carrefour pharyngé.
- Vérifier le bon positionnement
de la sonde (contrôle
radiologique).
Fixation efficace à vérifier
régulièrement.
- Fixation efficace.
- Vérification de la sonde avant
toute administration.
Impossibilité d’utiliser la sonde
et nécessite une repose si la
tentative de désobstruction est
inefficace.
- Rincer systématiquement
après tout produit administré.
- Attention aux administrations
médicamenteuses (utiliser des
formes galéniques adaptées ou
piler très finement).
pneumopathies
Soins de bouches réguliers
Malabsorption (apport nutritif
insuffisant)
Lésions cutanées fesses et
sacrum (facteur de risque
d'escarre).
- Assurer un débit constant pas
trop rapide (environ 60 à
80ml/h).
- Vérifier l'absorption toutes les 6
heures (résidu gastrique).
-En cas de résidu trop important
(environ 150 ml) voir avec le
médecin la possibilité d'arrêter
l'alimentation pendant 1 heure
reprendre en réduisant la
vitesse.
-Vérifier l’intégrité des produits
administrés.
-Vérifier la date de péremption.
-Préférer le changement de
flacons à l’administration d’un
seul sur 24 heures ou choisir un
système de pompe réfrigéré.
Diarrhées infectieuses
Infectieuses et esthétiques
infectieuses
Page 4 / 5
- Changer les points de fixation
quotidiennement (nasogastrique).
- Vérifier l’aspect local et
signaler tout signe inflammatoire
(tout type de sonde).
Soins de nez.
C.CLIN Sud-Est – Fiche n° 5.03
Responsabilité
La pose d'une sonde naso gastrique et la mise en place d'une alimentation entérale relèvent du rôle, sur
prescription, de l'infirmière ou du manipulateur en électro- radiologie (décret de compétence de 2002.).
La surveillance de l'abord (naso gastrique, jéjuno ou gastrostomie) et du bon déroulement de l'alimentation
entérale relève du rôle propre de l'infirmière (décret de compétence de mars 1993).
La pose d’une sonde naso-gastrique est contre-indiquée chez le traumatisé cranio-facial (l’infirmière n’est
pas habilité à pratiquer ce geste).
La pose d'une sonde naso - jéjunale, naso- duodénale, de gastrostomie et de jéjunostomie sont des actes
strictement médicaux voire chirurgicaux.
Attention
Avant d'administrer un produit par sonde gastrique il est impératif de vérifier l'emplacement de la sonde.
Ne jamais administrer par voie veineuse.
Pour en savoir plus
- Site de l’Agence nationale pour accréditation et l’évaluation en santé :
www.anaes.fr rubrique « publication » dossier « nutrition ».
- Gérontologie en institution :
http://membres.lycos.fr/papidoc/
- Fiche 8.10 : surveillance de la sonde gastrique
Guide Technique d'Hygiène Hospitalière – 2004
Page 5 / 5
C.CLIN Sud-Est – Fiche n° 5.03