21 mai Fête de la Trinité, à La Trinité
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21 mai Fête de la Trinité, à La Trinité
SAINTE TRINITÉ – C La Trinité-Porhoët Le samedi soir, 21 mai 2016 Lectures : Pr, 8, 22-31 Rm 5, 1-5 Jn 16, 12-15 Cher Monsieur le Curé, cher Père François-Xavier, Chers Pères, Chers Frères et Sœurs, Comme je le disais en ouvrant notre célébration, c’est une grande joie pour moi de vous rejoindre ici, à la Trinité-Porhoët, pour prier avec vous et célébrer avec vous ce grand mystère de notre foi, le mystère de la Trinité. La Trinité est une notion non seulement centrale mais essentielle de notre foi. Elle demeure cependant, pour nos intelligences humaines, un mystère d’une profondeur impénétrable. Pourtant, à bien y regarder, toute notre vie se déroule sous le signe et la présence de la Trinité. Ici, vous avez déjà la chance de vivre à La Trinité-Porhoët, mais en matière de foi ce n’est pas suffisant, il vous faut, comme tout chrétien, chercher à vivre de la Trinité, à vivre dans la Trinité. Pour nous chrétiens, c’est au nom de la Trinité, au nom du Dieu Trine, que nous avons été baptisés, « au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ». Au moment de notre mort, notre âme sera confiée au Dieu Trinité, « au nom du Père qui nous a créés, du Fils qui nous a rachetés et de l’Esprit qui nous a sanctifiés. » Entre ces deux moments qui délimitent notre existence chrétienne, toute notre vie, toute notre vie chrétienne, se situe encore sous le regard de la Trinité, spécialement notre vie de prière, mais aussi notre vie sacramentelle, d’abord en ces moments importants, comme peuvent l’être les mariages, mais aussi dans ce qui fait l’ordinaire de notre vie chrétienne, avec l’eucharistie ou encore le sacrement de la réconciliation. Il n’est donc pas exact d’affirmer que la Trinité est pour nous un mystère lointain, c’est un mystère au cœur de notre vie, même s’il reste, pour une grande part, inexplicable. Notre Dieu est un Dieu proche de son peuple, tellement proche qu’il se fait l’un de nous à Noël. Il est en même temps, sous un autre aspect, le Tout-Autre, le Dieu Trinité, à la fois inaccessible et incompréhensible. C’est à ce Dieu Trinité que nous nous adressons dans notre prière. En effet de manière habituelle, notre prière s’oriente, comme spontanément, vers le Père ; vers le Père, par le Fils, dans l’Esprit. « À Toi, Dieu le Père, par Jésus-Christ, ton Fils, notre Seigneur, dans l’unité du Saint-Esprit ». Notre Dieu, source de vie surabondante, est fondamentalement Père. Seul « Dieu qui est amour », nous dit saint Jean, est la cause secrète de toute vie qu’il suscite. Il est ce Père qui nous aime d’un amour infini que nous ne mesurerons jamais assez, ce Père que nous essayons d’aimer en retour. Il y a en Dieu un éternel mouvement d’amour, une ronde d’amour des personnes de la Trinité qui est si vive qu’elle nous apparaît comme un seul mouvement, un seul anneau, une seule flamme. Pour essayer d’en dire quelque chose, Saint Grégoire de Nazianze, au quatrième siècle, s’exprimait ainsi : « Lorsque je parle de Dieu, vous devez vous sentir baignés dans une seule lumière et dans trois lumières. » C’est bien cela, l’unité de la lumière, l’unité du feu. Tout est commun entre les Trois comme une seule flamme, sauf ce qui les distingue, c’est-à-dire ce qui les met en relation l’un avec l’autre. Seul le Père est Père, seul le Fils est Fils, seul l’Esprit est le nœud d’amour qui les unit. Vous voyez, c’est simple à dire et c’est en même temps très difficile à comprendre. En nous appuyant sur ce Dieu Trine, notre prière rejoint celle du Christ, notre prière est prise dans le mouvement même de la prière du Christ. Ainsi, comme baptisé, nous n’inventons jamais notre prière, elle rejoint toujours une prière qui la précède et l’attend, celle du Fils, homme glorifié que se tient éternellement face au Père pour intercéder en notre faveur (He 7, 25). Quand nous prions, nous adhérons ainsi à la respiration éternelle du Fils éternel, à son attitude d’âme permanente. L’homme, le chrétien, que nous sommes, n’est jamais seul, et aux heures d’aridité et de lassitude dans notre prière, ce qui arrive nécessairement un jour ou l’autre, nous pouvons encore offrir notre présence et notre silence, et compter sur le Fils de Dieu présent en nous pour dire au Père les mots que nous ne savons ou ne pouvons pas dire. C’est ainsi que nous communions à cette voix de l’Esprit qui fait de nous des fils, qui nous filialise peu à peu. En nous qui ne savons pas prier comme il faut, l’Esprit se joint à notre esprit et crie vers le Père avec des gémissements ineffables (Rm 8, 26). Oui, on peut dire que l’Esprit vient presque maternellement à notre secours pour susciter en nous la prière du Fils : Et la preuve que nous sommes des fils, nous dit saint Paul, c’est que Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils qui crie : Abba, Père ! (cf. Ga 4, 6). Il nous faut rejoindre cette prière secrète de Jésus, présent en nous par son Esprit, et qui chante ou murmure vers le Père : Abba, Pater ! Amen.