Discours de Nicolas SARKOZY à l`Université Cheikh Anta Diop

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Discours de Nicolas SARKOZY à l`Université Cheikh Anta Diop
Discours de Nicolas SARKOZY à l'Université Cheikh Anta Diop
Dakar, Sénégal, le 26 juillet 2007
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi de remercier d’abord le gouvernement et le peuple sénégalais de leur
accueil si chaleureux. Permettez-moi de remercier l’université de Dakar qui me permet pour la première fois de m’adresser à l’élite de la jeunesse africaine en tant que
Président de la République française.
Je suis venu vous parler avec la franchise et la sincérité que l’on doit à des amis que
l’on aime et que l’on respecte. J’aime l’Afrique, je respecte et j’aime les Africains.
Entre le Sénégal et la France, l’histoire a tissé les liens d’une amitié que nul ne peut
défaire. Cette amitié est forte et sincère. C’est pour cela que j’ai souhaité adresser, de
Dakar, le salut fraternel de la France à l’Afrique toute entière.
Je veux, ce soir, m’adresser à tous les Africains qui sont si différents les uns des autres, qui n’ont pas la même langue, qui n’ont pas la même religion, qui n’ont pas les
mêmes coutumes, qui n’ont pas la même culture, qui n’ont pas la même histoire et
qui pourtant se reconnaissent les uns les autres comme des Africains. Là réside le
premier mystère de l’Afrique.
Oui, je veux m’adresser à tous les habitants de ce continent meurtri, et, en particulier,
aux jeunes, à vous qui vous êtes tant battus les uns contre les autres et souvent tant
haïs, qui parfois vous combattez et vous haïssez encore mais qui pourtant vous reconnaissez comme frères, frères dans la souffrance, frères dans l’humiliation, frères
dans la révolte, frères dans l’espérance, frères dans le sentiment que vous éprouvez
d’une destinée commune, frères à travers cette foi mystérieuse qui vous rattache à la
terre africaine, foi qui se transmet de génération en génération et que l’exil lui-même
ne peut effacer.
Je ne suis pas venu, jeunes d’Afrique, pour pleurer avec vous sur les malheurs de
l’Afrique. Car l’Afrique n’a pas besoin de mes pleurs.
Je ne suis pas venu, jeunes d’Afrique, pour m’apitoyer sur votre sort parce que votre
sort est d’abord entre vos mains.
Que feriez-vous, fière jeunesse africaine de ma pitié?
Je ne suis pas venu effacer le passé car le passé ne s’efface pas.
Je ne suis pas venu nier les fautes ni les crimes car il y a eu des fautes et il y a eu des
crimes.
Il y a eu la traite négrière, il y a eu l’esclavage, les hommes, les femmes, les enfants
achetés et vendus comme des marchandises. Et ce crime ne fut pas seulement un
crime contre les Africains, ce fut un crime contre l’homme, ce fut un crime contre
l’humanité toute entière.
Et l’homme noir qui éternellement « entend de la cale monter les malédictions enchaînées, les hoquettements des mourants, le bruit de l’un d’entre eux qu’on jette à la
mer ». Cet homme noir qui ne peut s’empêcher de se répéter sans fin « Et ce pays cria
pendant des siècles que nous sommes des bêtes brutes ». Cet homme noir, je veux le
dire ici à Dakar, a le visage de tous les hommes du monde.
Cette souffrance de l’homme noir, je ne parle pas de l’homme au sens du sexe, je parle
de l’homme au sens de l’être humain et bien sûr de la femme et de l’homme dans son
acceptation générale. Cette souffrance de l’homme noir, c’est la souffrance de tous les
hommes. Cette blessure ouverte dans l’âme de l’homme noir est une blessure ouverte
dans l’âme de tous les hommes.
Mais nul ne peut demander aux générations d’aujourd’hui d’expier ce crime perpétré
par les générations passées. Nul ne peut demander aux fils de se repentir des fautes
de leurs pères.
Jeunes d’Afrique, je ne suis pas venu vous parler de repentance. Je suis venu vous
dire que je ressens la traite et l’esclavage comme des crimes envers l’humanité. Je
suis venu vous dire que votre déchirure et votre souffrance sont les nôtres et sont
donc les miennes.
Je suis venu vous proposer de regarder ensemble, Africains et Français, au-delà de
cette déchirure et au-delà de cette souffrance.
Je suis venu vous proposer, jeunes d’Afrique, non d’oublier cette déchirure et cette
souffrance qui ne peuvent pas être oubliées, mais de les dépasser.
Je suis venu vous proposer, jeunes d’Afrique, non de ressasser ensemble le passé
mais d’en tirer ensemble les leçons afin de regarder ensemble l’avenir.
Je suis venu, jeunes d’Afrique, regarder en face avec vous notre histoire commune.
L’Afrique a sa part de responsabilité dans son propre malheur. On s’est entretué en
Afrique au moins autant qu’en Europe. Mais il est vrai que jadis, les Européens sont
venus en Afrique en conquérants. Ils ont pris la terre de vos ancêtres. Ils ont banni les
dieux, les langues, les croyances, les coutumes de vos pères. Ils ont dit à vos pères ce
qu’ils devaient penser, ce qu’ils devaient croire, ce qu’ils devaient faire. Ils ont coupé
vos pères de leur passé, ils leur ont arraché leur âme et leurs racines. Ils ont désenchanté l’Afrique.
Ils ont eu tort.
Ils n’ont pas vu la profondeur et la richesse de l’âme africaine. Ils ont cru qu’ils
étaient supérieurs, qu’ils étaient plus avancés, qu’ils étaient le progrès, qu’ils étaient
la civilisation.
Ils ont eu tort.
Ils ont voulu convertir l’homme africain, ils ont voulu le façonner à leur image, ils ont
cru qu’ils avaient tous les droits, ils ont cru qu’ils étaient tout puissants, plus puissants que les dieux de l’Afrique, plus puissants que l’âme africaine, plus puissants que
les liens sacrés que les hommes avaient tissés patiemment pendant des millénaires
avec le ciel et la terre d’Afrique, plus puissants que les mystères qui venaient du fond
des âges.
Ils ont eu tort.
Ils ont abîmé un art de vivre. Ils ont abîmé un imaginaire merveilleux. Ils ont abîmé
une sagesse ancestrale.
Ils ont eu tort.
Ils ont créé une angoisse, un mal de vivre. Ils ont nourri la haine. Ils ont rendu plus
difficile l’ouverture aux autres, l’échange, le partage parce que pour s’ouvrir, pour
échanger, pour partager, il faut être assuré de son identité, de ses valeurs, de ses
convictions. Face au colonisateur, le colonisé avait fini par ne plus avoir confiance en
lui, par ne plus savoir qui il était, par se laisser gagner par la peur de l’autre, par la
crainte de l’avenir.
Le colonisateur est venu, il a pris, il s’est servi, il a exploité, il a pillé des ressources,
des richesses qui ne lui appartenaient pas. Il a dépouillé le colonisé de sa personnalité, de sa liberté, de sa terre, du fruit de son travail.
Il a pris mais je veux dire avec respect qu’il a aussi donné. Il a construit des ponts, des
routes, des hôpitaux, des dispensaires, des écoles. Il a rendu féconde des terres vierges, il a donné sa peine, son travail, son savoir. Je veux le dire ici, tous les colons
n’étaient pas des voleurs, tous les colons n’étaient pas des exploiteurs.
Il y avait parmi eux des hommes mauvais mais il y avait aussi des hommes de bonne
volonté, des hommes qui croyaient remplir une mission civilisatrice, des hommes qui
croyaient faire le bien. Ils se trompaient mais certains étaient sincères.
Ils croyaient donner la liberté, ils créaient l’aliénation.
Ils croyaient briser les chaînes de l’obscurantisme, de la superstition, de la servitude.
Ils forgeaient des chaînes bien plus lourdes, ils imposaient une servitude plus pesante, car c’étaient les esprits, c’étaient les âmes qui étaient asservis. Ils croyaient
donner l’amour sans voir qu’ils semaient la révolte et la haine.
La colonisation n’est pas responsable de toutes les difficultés actuelles de l’Afrique.
Elle n’est pas responsable des guerres sanglantes que se font les Africains entre eux.
Elle n’est pas responsable des génocides.
Elle n’est pas responsable des dictateurs. Elle n’est pas responsable du fanatisme. Elle
n’est pas responsable de la corruption, de la prévarication. Elle n’est pas responsable
des gaspillages et de la pollution.
Mais la colonisation fut une grande faute qui fut payée par l’amertume et la souffrance de ceux qui avaient cru tout donner et qui ne comprenaient pas pourquoi on
leur en voulait autant.
La colonisation fut une grande faute qui détruisit chez le colonisé l’estime de soi et fit
naître dans son cœur cette haine de soi qui débouche toujours sur la haine des autres.
La colonisation fut une grande faute mais de cette grande faute est né l’embryon
d’une destinée commune. Et cette idée me tient particulièrement à cœur.
La colonisation fut une faute qui a changé le destin de l’Europe et le destin de
l’Afrique et qui les a mêlés. Et ce destin commun a été scellé par le sang des Africains
qui sont venus mourir dans les guerres européennes.
Et la France n’oublie pas ce sang africain versé pour sa liberté.
Nul ne peut faire comme si rien n’était arrivé.
Nul ne peut faire comme si cette faute n’avait pas été commise.
Nul ne peut faire comme si cette histoire n’avait pas eu lieu.
Pour le meilleur comme pour le pire, la colonisation a transformé l’homme africain et
l’homme européen.
Jeunes d’Afrique, vous êtes les héritiers des plus vieilles traditions africaines et vous
êtes les héritiers de tout ce que l’Occident a déposé dans le cœur et dans l’âme de
l’Afrique.
Jeunes d’Afrique, la civilisation européenne a eu tort de se croire supérieure à celle de
vos ancêtres, mais désormais la civilisation européenne vous appartient aussi.
Jeunes d’Afrique, ne cédez pas à la tentation de la pureté parce qu’elle est une maladie, une maladie de l’intelligence, et qui est ce qu’il y a de plus dangereux au monde.
Jeunes d’Afrique, ne vous coupez pas de ce qui vous enrichit, ne vous amputez pas
d’une part de vous-même. La pureté est un enfermement, la pureté est une intolérance. La pureté est un fantasme qui conduit au fanatisme.
Je veux vous dire, jeunes d’Afrique, que le drame de l’Afrique n’est pas dans une prétendue infériorité de son art, sa pensée, de sa culture. Car, pour ce qui est de l’art, de
la pensée et de la culture, c’est l’Occident qui s’est mis à l’école de l’Afrique.
L’art moderne doit presque tout à l’Afrique. L’influence de l’Afrique a contribué à
changer non seulement l’idée de la beauté, non seulement le sens du rythme, de la
musique, de la danse, mais même dit Senghor, la manière de marcher ou de rire du
monde du XXème siècle.
Je veux donc dire, à la jeunesse d’Afrique, que le drame de l’Afrique ne vient pas de ce
que l’âme africaine serait imperméable à la logique et à la raison. Car l’homme africain est aussi logique et raisonnable que l’homme européen.
C’est en puisant dans l’imaginaire africain que vous ont légué vos ancêtres, c’est en
puisant dans les contes, dans les proverbes, dans les mythologies, dans les rites, dans
ces formes qui, depuis l’aube des temps, se transmettent et s’enrichissent de génération en génération que vous trouverez l’imagination et la force de vous inventer un
avenir qui vous soit propre, un avenir singulier qui ne ressemblera à aucun autre, où
vous vous sentirez enfin libres, libres, jeunes d’Afrique d’être vous-mêmes, libre de
décider par vous-mêmes.
Je suis venu vous dire que vous n’avez pas à avoir honte des valeurs de la civilisation
africaine, qu’elles ne vous tirent pas vers le bas mais vers le haut, qu’elles sont un antidote au matérialisme et à l’individualisme qui asservissent l’homme moderne,
qu’elles sont le plus précieux des héritages face à la déshumanisation et à
l’aplatissement du monde.
Je suis venu vous dire que l’homme moderne qui éprouve le besoin de se réconcilier
avec la nature a beaucoup à apprendre de l’homme africain qui vit en symbiose avec
la nature depuis des millénaires.
Je suis venu vous dire que cette déchirure entre ces deux parts de vous-mêmes est
votre plus grande force, et votre plus grande faiblesse selon que vous vous efforcerez
ou non d’en faire la synthèse.
Mais je suis aussi venu vous dire qu’il y a en vous, jeunes d’Afrique, deux héritages,
deux sagesses, deux traditions qui se sont longtemps combattues : celle de l’Afrique et
celle de l’Europe.
Je suis venu vous dire que cette part africaine et cette part européenne de vousmêmes forment votre identité déchirée.
Je ne suis pas venu, jeunes d’Afrique, vous donner des leçons.
Je ne suis pas venu vous faire la morale.
Mais je suis venu vous dire que la part d’Europe qui est en vous est le fruit d’un grand
péché d’orgueil de l’Occident mais que cette part d’Europe en vous n’est pas indigne.
Car elle est l’appel de la liberté, de l’émancipation et de la justice et de l’égalité entre
les femmes et les hommes.
Car elle est l’appel à la raison et à la conscience universelles.
Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire.
Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l’idéal de vie
est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du
temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles.
Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure
humaine, ni pour l’idée de progrès.
Dans cet univers où la nature commande tout, l’homme échappe à l’angoisse de
l’histoire qui tenaille l’homme moderne mais l’homme reste immobile au milieu d’un
ordre immuable ou tout semble être écrit d’avance.
Jamais l’homme ne s’élance vers l’avenir. Jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la
répétition pour s’inventer un destin.
Le problème de l’Afrique et permettez à un ami de l’Afrique de le dire, il est là. Le défi
de l’Afrique, c’est d’entrer davantage dans l’histoire. C’est de puiser en elle l’énergie,
la force, l’envie, la volonté d’écouter et d’épouser sa propre histoire.
Le problème de l’Afrique, c’est de cesser de toujours répéter, de toujours ressasser, de
se libérer du mythe de l’éternel retour, c’est de prendre conscience que l’âge d’or
qu’elle ne cesse de regretter, ne reviendra pas pour la raison qu’il n’a jamais existé. Le
problème de l’Afrique, c’est qu’elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis
perdu de l’enfance.
Le problème de l’Afrique, c’est que trop souvent elle juge le présent par rapport à une
pureté des origines totalement imaginaire et que personne ne peut espérer ressusciter.
Le problème de l’Afrique, ce n’est pas de s’inventer un passé plus ou moins mythique
pour s’aider à supporter le présent mais de s’inventer un avenir avec des moyens qui
lui soient propres.
Le problème de l’Afrique, ce n’est pas de se préparer au retour du malheur, comme si
celui-ci devait indéfiniment se répéter, mais de vouloir se donner les moyens de
conjurer le malheur, car l’Afrique a le droit au bonheur comme tous les autres continents du monde.
Le problème de l’Afrique, c’est de rester fidèle à elle-même sans rester immobile.
Le défi de l’Afrique, c’est d’apprendre à regarder son accession à l’universel non
comme un reniement de ce qu’elle est mais comme un accomplissement.
Le défi de l’Afrique, c’est d’apprendre à se sentir l’héritière de tout ce qu’il y a
d’universel dans toutes les civilisations humaines.
C’est de s’approprier les droits de l’homme, la démocratie, la liberté, l’égalité, la justice comme l’héritage commun de toutes les civilisations et de tous les hommes.
C’est de s’approprier la science et la technique modernes comme le produit de toute
l’intelligence humaine.
Le défi de l’Afrique est celui de toutes les civilisations, de toutes les cultures, de tous
les peuples qui veulent garder leur identité sans s’enfermer parce qu’ils savent que
l’enfermement est mortel.
Les civilisations sont grandes à la mesure de leur participation au grand métissage de
l’esprit humain.
La faiblesse de l’Afrique qui a connu sur son sol tant de civilisations brillantes, ce fut
longtemps de ne pas participer assez à ce grand métissage. Elle a payé cher, l’Afrique,
ce désengagement du monde qui l’a rendue si vulnérable. Mais, de ses malheurs,
l’Afrique a tiré une force nouvelle en se métissant à son tour.
Ce métissage, quelles que fussent les conditions douloureuses de son avènement, est
la vraie force et la vraie chance de l’Afrique au moment où émerge la première civilisation mondiale.
La civilisation musulmane, la chrétienté, la colonisation, au-delà des crimes et des
fautes qui furent commises en leur nom et qui ne sont pas excusables, ont ouvert les
cœurs et les mentalités africaines à l’universel et à l’histoire.
Ne vous laissez pas, jeunes d’Afrique, voler votre avenir par ceux qui ne savent opposer à l’intolérance que l’intolérance, au racisme que le racisme.
Ne vous laissez pas, jeunes d’Afrique, voler votre avenir par ceux qui veulent vous
exproprier d’une histoire qui vous appartient aussi parce qu’elle fut l’histoire douloureuse de vos parents, de vos grands-parents et de vos aïeux.
N’écoutez pas, jeunes d’Afrique, ceux qui veulent faire sortir l’Afrique de l’histoire au
nom de la tradition parce qu’une Afrique ou plus rien ne changerait serait de nouveau
condamnée à la servitude.
N’écoutez pas, jeunes d’Afrique, ceux qui veulent vous empêcher de prendre votre
part dans l’aventure humaine, parce que sans vous, jeunes d’Afrique qui êtes la jeunesse du monde, l’aventure humaine sera moins belle.
N’écoutez pas jeunes d’Afrique, ceux qui veulent vous déraciner, vous priver de votre
identité, faire table rase de tout ce qui est africain, de toute la mystique, la religiosité,
la sensibilité, la mentalité africaine, parce que pour échanger il faut avoir quelque
chose à donner, parce que pour parler aux autres, il faut avoir quelque chose à leur
dire.
Ecoutez plutôt, jeunes d’Afrique, la grande voix du Président Senghor qui chercha
toute sa vie à réconcilier les héritages et les cultures au croisement desquels les hasards et les tragédies de l’histoire avaient placé l’Afrique.
Il disait, lui l’enfant de Joal, qui avait été bercé par les rhapsodies des griots, il disait :
« nous sommes des métis culturels, et si nous sentons en nègres, nous nous exprimons en français, parce que le français est une langue à vocation universelle, que notre message s’adresse aussi aux Français et aux autres hommes ».
Il disait aussi : « le français nous a fait don de ses mots abstraits -si rares dans nos
langues maternelles. Chez nous les mots sont naturellement nimbés d’un halo de sève
et de sang ; les mots du français eux rayonnent de mille feux, comme des diamants.
Des fusées qui éclairent notre nuit ».
Ainsi parlait Léopold Senghor qui fait honneur à tout ce que l’humanité comprend
d’intelligence. Ce grand poète et ce grand Africain voulait que l’Afrique se mit à parler
à toute l’humanité et lui écrivait en français des poèmes pour tous les hommes.
Ces poèmes étaient des chants qui parlaient, à tous les hommes, d’êtres fabuleux qui
gardent des fontaines, chantent dans les rivières et qui se cachent dans les arbres.
Des poèmes qui leur faisaient entendre les voix des morts du village et des ancêtres.
Des poèmes qui faisaient traverser des forêts de symboles et remonter jusqu’aux
sources de la mémoire ancestrale que chaque peuple garde au fond de sa conscience
comme l’adulte garde au fond de la sienne le souvenir du bonheur de l’enfance.
Car chaque peuple a connu ce temps de l’éternel présent, où il cherchait non à dominer l’univers mais à vivre en harmonie avec l’univers. Temps de la sensation, de
l’instinct, de l’intuition. Temps du mystère et de l’initiation. Temps mystique ou le
sacré était partout, où tout était signes et correspondances. C’est le temps des magiciens, des sorciers et des chamanes. Le temps de la parole qui était grande, parce
qu’elle se respecte et se répète de génération en génération, et transmet, de siècle en
siècle, des légendes aussi anciennes que les dieux.
L’Afrique a fait se ressouvenir à tous les peuples de la terre qu’ils avaient partagé la
même enfance. L’Afrique en a réveillé les joies simples, les bonheurs éphémères et ce
besoin, ce besoin auquel je crois moi-même tant, ce besoin de croire plutôt que de
comprendre, ce besoin de ressentir plutôt que de raisonner, ce besoin d’être en harmonie plutôt que d’être en conquête.
Ceux qui jugent la culture africaine arriérée, ceux qui tiennent les Africains pour de
grands enfants, tous ceux-là ont oublié que la Grèce antique qui nous a tant appris
sur l’usage de la raison avait aussi ses sorciers, ses devins, ses cultes à mystères, ses
sociétés secrètes, ses bois sacrés et sa mythologie qui venait du fond des âges et dans
laquelle nous puisons encore, aujourd’hui, un inestimable trésor de sagesse humaine.
L’Afrique qui a aussi ses grands poèmes dramatiques et ses légendes tragiques, en
écoutant Sophocle, a entendu une voix plus familière qu’elle ne l’aurait crû et
l’Occident a reconnu dans l’art africain des formes de beauté qui avaient jadis été les
siennes et qu’il éprouvait le besoin de ressusciter.
Alors entendez, jeunes d’Afrique, combien Rimbaud est africain quand il met des
couleurs sur les voyelles comme tes ancêtres en mettaient sur leurs masques, « masque noir, masque rouge, masque blanc–et-noir ».
Ouvrez les yeux, jeunes d’Afrique, et ne regardez plus, comme l’ont fait trop souvent
vos aînés, la civilisation mondiale comme une menace pour votre identité mais la civilisation mondiale comme quelque chose qui vous appartient aussi.
Dès lors que vous reconnaîtrez dans la sagesse universelle une part de la sagesse que
vous tenez de vos pères et que vous aurez la volonté de la faire fructifier, alors commencera ce que j’appelle de mes vœux, la Renaissance africaine.
Dès lors que vous proclamerez que l’homme africain n’est pas voué à un destin qui
serait fatalement tragique et que, partout en Afrique, il ne saurait y avoir d’autre but
que le bonheur, alors commencera la Renaissance africaine.
Dès lors que vous, jeunes d’Afrique, vous déclarerez qu’il ne saurait y avoir d’autres
finalités pour une politique africaine que l’unité de l’Afrique et l’unité du genre humain, alors commencera la Renaissance africaine.
Dès lors que vous regarderez bien en face la réalité de l’Afrique et que vous la prendrez à bras le corps, alors commencera la Renaissance africaine. Car le problème de
l’Afrique, c’est qu’elle est devenue un mythe que chacun reconstruit pour les besoins
de sa cause.
Et ce mythe empêche de regarder en face la réalité de l’Afrique. La réalité de
l’Afrique, c’est une démographie trop forte pour une croissance économique trop faible. La réalité de l’Afrique, c’est encore trop de famine, trop de misère. La réalité de
l’Afrique, c’est la rareté qui suscite la violence.
La réalité de l’Afrique, c’est le développement qui ne va pas assez vite, c’est
l’agriculture qui ne produit pas assez, c’est le manque de routes, c’est le manque
d’écoles, c’est le manque d’hôpitaux.
La réalité de l’Afrique, c’est un grand gaspillage d’énergie, de courage, de talents,
d’intelligence.
La réalité de l’Afrique, c’est celle d’un grand continent qui a tout pour réussir et qui
ne réussit pas parce qu’il n’arrive pas à se libérer de ses mythes.
La Renaissance dont l’Afrique a besoin, vous seuls, Jeunes d’Afrique, vous pouvez
l’accomplir parce que vous seuls en aurez la force.
Cette Renaissance, je suis venu vous la proposer. Je suis venu vous la proposer pour
que nous l’accomplissions ensemble parce que de la Renaissance de l’Afrique dépend
pour une large part la Renaissance de l’Europe et la Renaissance du monde.
Je sais l’envie de partir qu’éprouvent un si grand nombre d’entre vous confrontés aux
difficultés de l’Afrique.
Je sais la tentation de l’exil qui pousse tant de jeunes Africains à aller chercher ailleurs ce qu’ils ne trouvent pas ici pour faire vivre leur famille.
Je sais ce qu’il faut de volonté, ce qu’il faut de courage pour tenter cette aventure,
pour quitter sa patrie, la terre où l’on est né, où l’on a grandi, pour laisser derrière soi
les lieux familiers où l’on a été heureux, l’amour d’une mère, d’un père ou d’un frère
et cette solidarité, cette chaleur, cet esprit communautaire qui sont si forts en Afrique.
Je sais ce qu’il faut de force d’âme pour affronter le dépaysement, l’éloignement, la
solitude.
Je sais ce que la plupart d’entre eux doivent affronter comme épreuves, comme difficultés, comme risques.
Je sais qu’ils iront parfois jusqu’à risquer leur vie pour aller jusqu’au bout de ce qu’ils
croient être leur rêve.
Mais je sais que rien ne les retiendra.
Car rien ne retient jamais la jeunesse quand elle se croit portée par ses rêves.
Je ne crois pas que la jeunesse africaine ne soit poussée à partir que pour fuir la misère.
Je crois que la jeunesse africaine s’en va parce que, comme toutes les jeunesses, elle
veut conquérir le monde.
Comme toutes les jeunesses, elle a le goût de l’aventure et du grand large.
Elle veut aller voir comment on vit, comment on pense, comment on travaille, comment on étudie ailleurs.
L’Afrique n’accomplira pas sa Renaissance en coupant les ailes de sa jeunesse. Mais
l’Afrique a besoin de sa jeunesse.
La Renaissance de l’Afrique commencera en apprenant à la jeunesse africaine à vivre
avec le monde, non à le refuser.
La jeunesse africaine doit avoir le sentiment que le monde lui appartient comme à
toutes les jeunesses de la terre.
La jeunesse africaine doit avoir le sentiment que tout deviendra possible comme tout
semblait possible aux hommes de la Renaissance.
Alors, je sais bien que la jeunesse africaine, ne doit pas être la seule jeunesse du
monde assignée à résidence. Elle ne peut pas être la seule jeunesse du monde qui n’a
le choix qu’entre la clandestinité et le repliement sur soi.
Elle doit pouvoir acquérir, hors, d’Afrique la compétence et le savoir qu’elle ne trouverait pas chez elle.
Mais elle doit aussi à la terre africaine de mettre à son service les talents qu’elle aura
développés. Il faut revenir bâtir l’Afrique ; il faut lui apporter le savoir, la compétence
le dynamisme de ses cadres. Il faut mettre un terme au pillage des élites africaines
dont l’Afrique a besoin pour se développer.
Ce que veut la jeunesse africaine c’est de ne pas être à la merci des passeurs sans
scrupules qui jouent avec votre vie.
Ce que veut la jeunesse d’Afrique, c’est que sa dignité soit préservée.
C’est pouvoir faire des études, c’est pouvoir travailler, c’est pouvoir vivre décemment.
C’est au fond, ce que veut toute l’Afrique. L’Afrique ne veut pas de la charité.
L’Afrique ne veut pas d’aide. L’Afrique ne veut pas de passe-droit.
Ce que veut l’Afrique et ce qu’il faut lui donner, c’est la solidarité, la compréhension
et le respect.
Ce que veut l’Afrique, ce n’est pas que l’on prenne son avenir en main, ce n’est pas
que l’on pense à sa place, ce n’est pas que l’on décide à sa place.
Ce que veut l’Afrique est ce que veut la France, c’est la coopération, c’est l’association,
c’est le partenariat entre des nations égales en droits et en devoirs.
Jeunesse africaine, vous voulez la démocratie, vous voulez la liberté, vous voulez la
justice, vous voulez le Droit ? C’est à vous d’en décider.
La France ne décidera pas à votre place. Mais si vous choisissez la démocratie, la liberté, la justice et le Droit, alors la France s’associera à vous pour les construire.
Jeunes d’Afrique, la mondialisation telle qu’elle se fait ne vous plaît pas. L’Afrique a
payé trop cher le mirage du collectivisme et du progressisme pour céder à celui du
laisser-faire.
Jeunes d’Afrique vous croyez que le libre échange est bénéfique mais que ce n’est pas
une religion. Vous croyez que la concurrence est un moyen mais que ce n’est pas une
fin en soi. Vous ne croyez pas au laisser-faire. Vous savez qu’à être trop naïve,
l’Afrique serait condamnée à devenir la proie des prédateurs du monde entier. Et cela
vous ne le voulez pas. Vous voulez une autre mondialisation, avec plus d’humanité,
avec plus de justice, avec plus de règles.
Je suis venu vous dire que la France la veut aussi. Elle veut se battre avec l’Europe,
elle veut se battre avec l’Afrique, elle veut se battre avec tous ceux, qui dans le monde,
veulent changer la mondialisation. Si l’Afrique, la France et l’Europe le veulent ensem-ble, alors nous réussirons. Mais nous ne pouvons pas exprimer une volonté votre place.
Jeunes d’Afrique, vous voulez le développement, vous voulez la croissance, vous voulez la hausse du niveau de vie.
Mais le voulez-vous vraiment ? Voulez-vous que cesse l’arbitraire, la corruption, la
violence ? Voulez-vous que la propriété soit respectée, que l’argent soit investi au lieu
d’être détourné ? Voulez-vous que l’État se remette à faire son métier, qu’il soit allégé
des bureaucraties qui l’étouffent, qu’il soit libéré du parasitisme, du clientélisme, que
son autorité soit restaurée, qu’il domine les féodalités, qu’il domine les corporatismes
? Voulez-vous que partout règne l’État de droit qui permet à chacun de savoir raisonnablement ce qu’il peut attendre des autres ?
Si vous le voulez, alors la France sera à vos côtés pour l’exiger, mais personne ne le
voudra à votre place.
Voulez-vous qu’il n’y ait plus de famine sur la terre africaine ? Voulez-vous que, sur la
terre africaine, il n’y ait plus jamais un seul enfant qui meure de faim ? Alors cherchez
l’autosuffisance alimentaire. Alors développez les cultures vivrières. L’Afrique a
d’abord besoin de produire pour se nourrir. Si c’est ce que vous voulez, jeunes
d’Afrique, vous tenez entre vos mains l’avenir de l’Afrique, et la France travaillera
avec vous pour bâtir cet avenir.
Vous voulez lutter contre la pollution ? Vous voulez que le développement soit durable ? Vous voulez que les générations actuelles ne vivent plus au détriment des générations futures ? Vous voulez que chacun paye le véritable coût de ce qu’il consomme
? Vous voulez développer les technologies propres ? C’est à vous de le décider. Mais si
vous le décidez, la France sera à vos côtés.
Vous voulez la paix sur le continent africain ? Vous voulez la sécurité collective ? Vous
voulez le règlement pacifique des conflits ? Vous voulez mettre fin au cycle infernal de
la vengeance et de la haine ? C’est à vous, mes amis africains, de le décider . Et si vous
le décidez, la France sera à vos côtés, comme une amie indéfectible, mais la France ne
peut pas vouloir à la place de la jeunesse d’Afrique.
Vous voulez l’unité africaine ?
La France le souhaite aussi.
Parce que la France souhaite l’unité de l’Afrique, car l’unité de l’Afrique rendra
l’Afrique aux Africains.
Ce que veut faire la France avec l’Afrique, c’est regarder en face les réalités. C’est faire
la politique des réalités et non plus la politique des mythes.
Ce que la France veut faire avec l’Afrique, c’est le co-développement, c’est-à-dire le
développement partagé.
La France veut avec l’Afrique des projets communs, des pôles de compétitivité communs, des universités communes, des laboratoires communs.
Ce que la France veut faire avec l’Afrique, c’est élaborer une stratégie commune dans
la mondialisation.
Ce que la France veut faire avec l’Afrique, c’est une politique d’immigration négociée
ensemble, décidée ensemble pour que la jeunesse africaine puisse être accueillie en
France et dans toute l’Europe avec dignité et avec respect.
Ce que la France veut faire avec l’Afrique, c’est une alliance de la jeunesse française et
de la jeunesse africaine pour que le monde de demain soit un monde meilleur.
Ce que veut faire la France avec l’Afrique, c’est préparer l’avènement de l’Eurafrique,
ce grand destin commun qui attend l’Europe et l’Afrique.
A ceux qui, en Afrique, regardent avec méfiance ce grand projet de l’Union Méditerranéenne que la France a proposé à tous les pays riverains de la Méditerranée, je veux
dire que, dans l’esprit de la France, il ne s’agit nullement de mettre à l’écart l’Afrique,
qui s’étend au sud du Sahara mais, qu’au contraire, il s’agit de faire de cette Union le
pivot de l’Eurafrique, la première étape du plus grand rêve de paix et de prospérité
qu’Européens et Africains sont capables de concevoir ensemble.
Alors, mes chers Amis, alors seulement, l’enfant noir de Camara Laye, à genoux dans
le silence de la nuit africaine, saura et comprendra qu’il peut lever la tête et regarder
avec confiance l’avenir. Et cet enfant noir de Camara Laye, il sentira réconciliées en
lui les deux parts de lui-même. Et il se sentira enfin un homme comme tous les autres
hommes de l’humanité.
Je vous remercie.
Rede von Nicolas SARKOZY an der Universität Cheikh Anta Diop
Dakar, Senegal, 26 Juli 2007
Meine Damen und Herren
Erlauben Sie mir, zunächst der senegalesischen Regierung und der senegalesischen
Bevölkerung für den so warmen Empfang zu danken. Erlauben Sie mir, der Universität Dakar dafür zu danken, dass sie es mir ermöglicht hat, mich als Präsident der
französischen Republik zum ersten Mal an die Elite der afrikanischen Jugend zu richten.
Ich bin gekommen, um mit der Direktheit und Offenheit zu sprechen, die man jenen
Freunden schuldet, die man liebt und respektiert. Ich liebe Afrika und ich respektiere
und liebe die Afrikaner.
Die Geschichte hat eine Bande der Freundschaft um den Senegal und um Frankreich
gelegt, die durch nichts aufgehoben werden kann. Diese Freundschaft ist stark und
ehrlich. Deswegen habe ich mir gewünscht, von Dakar aus ganz Afrika einen brüderlichen Gruß von Frankreich zu überbringen.
Ich möchte mich heute Abend an alle Afrikaner richten, die untereinander sehr unterschiedlich sind, die nicht die selbe Sprache sprechen, nicht die selbe Religion haben, nicht die selben Gewohnheiten und nicht die selbe Kultur, die nicht die selbe
Geschichte haben und die einander doch wieder er-kennen als Afrikaner. Hierin liegt
das erste Geheimnis Afrikas.
Ja, ich möchte mich an alle Bewohner dieses gebeutelten [meutri] Kontinents richten
und im Besonderen an seine Jugend, an Sie, die Sie sich so sehr untereinander gestritten haben und oft so gehasst haben, die Sie sich manchmal auch gegenseitig bekämpft haben und einander noch immer hassen, aber sich dennoch als Brüder anschauen, als Leidensbrüder, als Brüder in der Erniedrigung, in der Revolte und in der
Hoffnung, als Brüder in der Empfindung eines gemeinsamen Schicksals, verbrü-dert
durch diesen geheimnisvollen Glauben, der Sie an die afrikanische Erde bindet – eine
Treue und ein Glauben, die sich von Generation zu Generation weiter tragen und die
nicht einmal im Exil untergraben werden.
Ich bin nicht gekommen, Jugend von Afrika, um mit Ihnen zusammen über das Unglück Afrikas zu weinen. Denn Afrika bedarf meiner Tränen nicht.
Ich bin nicht gekommen, Jugend von Afrika, um mich Ihres Schicksals zu erbarmen,
das zuallererst in Ihren Händen liegt.
Was sollten Sie denn schon, stolze Jugend von Afrika, mit meinem Mitleid anfangen?
Ich bin nicht gekommen, um die Vergangenheit zu tilgen, denn die Vergangenheit
lässt sich nicht auslöschen.
Ich bin nicht gekommen, um die Fehler und die Verbrechen zu leugnen, denn es hat
Fehler und Ver-brechen gegeben.
Es hat den Sklavenhandel gegeben, es hat die Sklaverei gegeben, Männer, Frauen und
Kinder, die ge-kauft und verkauft worden sind, als ob sie Waren seien. Und dieses
Verbrechen war nicht nur ein Ver-brechen gegen die Afrikaner, sondern es war ein
Verbrechen gegen den Menschen, es war ein Ver-brechen gegen die gesamte
Menschheit.
Und der schwarze Mensch, der bis in alle Ewigkeiten «den Fluch und die Verwünschungen aus dem Schiffsbauch heraufsteigen hört, das Wehleiden und die Schluchzer all der Toten, und das Krachen des einen, der ins Meer geworfen wird». Dieser
schwarze Mensch, der nicht umhin kann, ohne Ende zu wiederholen «und dieses
Land hat während Jahrhunderten den Schrei ausgestoßen, dass wir wilde Tiere
sind».* Dieser schwarze Mensch – ich will das hier in Dakar sagen – trägt das Gesicht
aller Menschen dieser Welt.
Dieses Leiden des schwarzen Mannes – ich spreche nicht vom Mann im Sinne des
Sexus, sondern vom Mann als menschlichem Wesen und somit selbstverständlich
von Frauen und Männern im allgemeinen Sinne – , dieses Leiden des schwarzen
Mannes ist das Leiden jedes Menschen. Diese offene Wunde in der Seele des schwarzen Mannes ist eine offene Wunde in der Seele jedes Menschen.
Aber nichts vermag von den heutigen Generationen einzufordern, dieses Verbrechen
der vorigen Generationen zu sühnen.
Nichts vermag, von dem Sohn abzufordern, dass er die Fehler seines Vaters bereuen
möge.
Jugend von Afrika, ich bin nicht gekommen, um zu Ihnen über Reue zu sprechen. Ich
bin gekommen, um Ihnen zu sagen, dass ich die Sklaverei für ein Verbrechen gegen
die Menschheit halte.
Ich bin gekommen, um Ihnen zu sagen, dass Ihre klaffende Wunde und Ihre Leiden
die unseren sind und somit auch die meinen.
Ich bin gekommen, um Ihnen vorzuschlagen, gemeinsam, Afrikaner und Franzosen,
über diese klaf-fende Wunde hinaus und über das Leiden hinweg zu blicken.
Ich bin nicht gekommen, um Ihnen vorzuschlagen, Jugend von Afrika, diese klaffende Wunde zu vergessen und das Leiden zu vergessen, das nicht vergessen werden
kann, sondern darüber hinauszugehen.
Ich bin nicht gekommen, um Ihnen vorzuschlagen, Jugend von Afrika, diese Vergangenheit mit Ihnen zusammen bis zum Überdruss und ohne Ende zu wiederholen,
sondern damit wir gemeinsam unsere Lehre daraus ziehen, um zusammen in die Zukunft zu blicken.
Ich bin gekommen, Jugend von Afrika, um mit Ihnen zusammen, unserer gemeinsamen Geschichte ins Auge zu blicken.
Afrika trägt seinen eigenen Anteil an Verantwortung für sein Elend. Man hat sich in
Afrika mindestens so oft untereinander umgebracht wie in Europa. Aber es ist richtig,
dass die Europäer einst als Eroberer nach Afrika gekommen sind. Sie haben das Land
euerer Vorfahren genommen. Sie haben die Gottheiten verbannt, die Sprachen, den
Glauben, die Umgangsweisen euerer Väter. Sie haben eueren Vätern gesagt, was sie
denken sollen, was sie glauben sollen und was sie tun sollen. Sie haben euere Väter
von ihrer Vergangenheit abgeschnitten, sie haben ihnen ihre Seelen entrissen und sie
entwurzelt. Sie haben Afrika entzaubert/enttäuscht.
Sie waren im Unrecht.
Sie haben die Tiefe und die Reichtümer der afrikanischen Seele nicht erkannt. Sie
haben geglaubt, dass sie überlegen seien und voraus, dass sie den Fortschritt verkörperten und die Zivilisation.
Sie waren im Unrecht.
Sie wollten den Afrikaner konvertieren, sie wollten ihn nach ihrem Bilde formen, sie
haben geglaubt, dass sie über alle Rechte verfügen, sie haben geglaubt, dass sie allmächtig seien, mächtiger als die Gottheiten Afrikas, mächtiger als die afrikanische
Seele, mächtiger als die heiligen Bande, welche die Menschen geduldig und während
Jahrtausenden zwischen dem Himmel und der Erde Afrikas gewoben haben, mächtiger als die Geheimlehren aus Alters Tiefe.
Sie waren im Unrecht.
Sie haben eine Kunst zu leben zugrunde gerichtet.
Sie haben wundervolle Vorstellungen zerstört.
Sie haben eine altüberlieferte Weisheit beschädigt.
Sie waren im Unrecht.
Sie haben Angst verbreitet und Lebenslust zerstört.
Sie haben Hass geschürt. Sie haben die Öffnung gegenüber anderen erschwert, den
Austausch, das Teilen [partage], denn um sich zu öffnen, um Dinge miteinander
auszutauschen und zu teilen, muss man sich seiner Identität gewiss sein, seiner
Werte und Überzeugungen. Im Angesicht des Kolonisatoren hat der Kolonisierte
aufgehört, Vertrauen in sich selbst zu haben, indem er nicht mehr wusste, wer er war,
indem ihn die Angst vor dem anderen erfasste, die Furcht vor der Zukunft.
Indem der Kolonisator angekommen ist, hat er an sich gerissen, sich bedient und
ausgebeutet, er hat die Ressourcen geplündert, die Reichtümer, die ihm nicht gehörten. Er hat den Kolonisierten ausgeraubt und seiner Persönlichkeit, seiner Freiheit,
seiner Erde und der Früchte seiner Arbeit beraubt.
Er hat genommen, aber ich will gerechtigkeitshalber sagen, dass er auch gegeben hat.
Er hat Brücken gebaut, Strassen, Krankenhäuser, Gesundheitsversorgung und Schulen. Er hat unberührtes Land fruchtbar gemacht, und er hat seine Mühsal, seine Arbeit und sein Wissen eingesetzt. Ich will es hier sagen, nicht alle Kolonisierer waren
Räuber, nicht alle Kolonisierer waren Ausbeuter.
Es gab unter ihnen auch schlechte Menschen, aber es gab auch solche guten Willens,
Menschen, die glaubten, eine zivilisatorische Mission [mission civilisatrice] zu erfüllen, Menschen, die glaubten, dass sie Gutes taten. Sie haben sich geirrt, aber manche
im guten Glauben.
Sie dachten, dass sie Freiheit geben würden und sie brachten Entfremdung.
Sie dachten, dass sie die Ketten der Aufklärungsfeindlichkeit, des Aberglaubens und
der Knechtschaft sprengen würden.
Sie schmiedeten noch schwerere Ketten, sie bürdeten eine noch schwerwiegendere
Knechtschaft auf, denn es war der Geist, es waren die Seelen, die sie unterjocht/versklavt haben. Sie glaubten, Liebe zu schenken, ohne dass sie erkannten, dass
sie Revolten erzeugten und Hass säten.
Die Kolonisation ist nicht verantwortlich für alle Schwierigkeiten des heutigen Afrika.
Sie ist nicht verantwortlich für die blutigen Kriege, welche die Afrikaner untereinander führen. Sie ist nicht verantwortlich für die Genozide.
Sie ist nicht verantwortlich für die Diktaturen. Sie ist nicht verantwortlich für den
Fanatismus. Sie ist nicht verantwortlich für Korruption und Amtsmissbrauch. Sie ist
nicht verantwortlich für Verschwendung und Umweltverschmutzung.
Aber die Kolonisation war ein großer Fehler, der mit der Bitterkeit und dem Leiden
jener bezahlt wurde, die geglaubt haben, alles zu geben und die nicht verstanden haben, warum man ihnen das dermaßen verübelte.
Die Kolonisation war ein großer Fehler, der die Selbstachtung des Kolonisierten zerstört hat und in seinem Herzen diesen Hass auf sich selbst geschürt hat, der immer in
den Hass auf andere mündet.
Die Kolonisation war ein großer Fehler, aber diesem großen Fehler ist die Leibesfrucht eines gemeinsamen Schicksals erwachsen. Und an dieser Vorstellung liegt mir
insbesondere.
Die Kolonisation war ein Fehler, der die Geschicke Europas und Afrikas verändert
und miteinander vermengt hat. Dieses gemeinsame Schicksal wurde mit dem Blut
jener Afrikaner besiegelt, die gekommen sind, um in den europäischen Kriegen zu
sterben.
Und Frankreich vergisst dieses afrikanische Blut, das für seine Freiheit vergossen
wurde, nicht.
Nichts kann machen, als ob nichts geschehen wäre.
Nichts kann machen, als ob dieser Fehler niemals begangen worden wäre.
Nichts kann machen, als ob diese Geschichte niemals stattgefunden hätte.
Im guten wie im schlechten Sinne hat die Kolonisation den afrikanischen und den
europäischen Menschen umgeformt.
Jugend Afrikas, Sie sind die Erben der ältesten afrikanischen Traditionen und Sie
sind die Erben dessen, was das Abendland im Herzen und in der Seele Afrikas eingelagert/abgesetzt hat.
Jugend Afrikas, die europäische Zivilisation war im Unrecht, sich höherwertig als
jene Ihrer Vorväter zu glauben, aber nun gehört die europäische Zivilisation auch
Ihnen.
Jugend Afrikas, geben Sie der Versuchung der Reinheit nicht nach, denn sie ist eine
Krankheit, eine Krankheit des Verstandes, und das ist eine der gefährlichsten Krankheiten der Welt.
Jugend von Afrika, schneiden Sie sich nicht ab von dem, was Sie bereichert, trennen
Sie sich nicht ab von einem Teil Ihrer selbst. Reinheit bedeutet Abkapselung, Reinheit bedeutet Intoleranz. Die Reinheit ist ein Fantasma das zu Fanatismus führt.
Ich will Ihnen sagen, Jugend von Afrika, dass das Drama Afrikas nicht in der angeblichen Minderwertigkeit seiner Kunst, seines Denkens und seiner Kultur liegt. Denn,
was die Kunst, das Denken und die Kultur anbelangt, war es das Abendland, das sich
an Afrika geschult hat.
Die moderne Kunst verdankt Afrika fast alles. Der Einfluss Afrikas hat nicht nur dazu
beigetragen, die Vorstellungen von Schönheit oder das Gefühl für Rhythmus in der
Musik und im Tanz zu verändern, sondern – wie Senghor sogar sagt – die Art und
Weise, zu gehen oder zu lachen in der Welt des 20. Jahrhunderts. Ich will also der
Jugend Afrikas sagen, dass das Drama Afrikas nicht daraus erwächst, dass die afrikanische Seele undurchlässig wäre für Logik und Verstand/Vernunft. Denn der afrikanische Mensch ist ebenso logisch und vernünftig wie der europäische.
Im Schöpfen aus den afrikanischen Vorstellungswelten, welche Ihnen Ihre Vorfahren
vererbt haben, im Schöpfen aus den Erzählungen/'Märchen' und Redewendungen/'Sprichworten', aus den Mythologien und Riten, aus der Formsprache, die seit
Anbeginn der Zeiten von Generation zu Generation weitergegeben und angereichert
wurden, werden Sie die Imagination und die Kraft eruieren, sich eine Zukunft zu erfinden, die Ihre eigene sein wird, eine einzigartige Zukunft, die keiner anderen ähnlich sein wird und in der Sie sich endlich frei fühlen werden, frei, Jugend von Afrika,
Sie selbst zu sein, frei, über sich selbst zu entscheiden.
Ich bin gekommen, um Ihnen zu sagen, dass Sie sich nicht für die Werte der afrikanischen Zivilisation schämen müssen, dass sie Sie nicht nach unten ziehen, sondern
nach oben, dass sie ein Gegengift sind gegen den Materialismus und gegen den Individualismus, welche den modernen Menschen knechten, dass sie zu den kostbarsten
unter den Erbschaften gehören angesichts der Enthumanisierung und der Abplattung
der Welt.
Ich bin gekommen, um Ihnen zu sagen, dass der moderne Mensch, der das Bedürfnis
empfindet, sich mit der Natur auszusöhnen, sehr viel vom afrikanischen Menschen
zu lernen hat, der seit Jahrtausenden in einer Symbiose mit der Natur lebt.
Ich bin gekommen, um Ihnen zu sagen, dass dieser Riss zwischen zwei Teilen Ihrer
selbst, zugleich Ihre mächtigste Kraft ausmacht wie er Ihre empfindlichste Schwäche
ist, zwischen denen Sie sich abmühen oder auch nicht, eine Synthese herzustellen.
Aber ich bin auch gekommen, um Ihnen zu sagen, dass es in Ihnen, Jugend Afrikas,
zweierlei Hinterlassenschaften, zweierlei Weisheiten, zweierlei Traditionen gibt, die
sich seit langem gegenseitig bekämpft haben: jene Afrikas und jene Europas.
Ich bin gekommen um Ihnen zu sagen, dass dieser afrikanische und dieser europäische Teil Ihres Selbst Ihre zerrissene Identität ausmachen.
Ich bin nicht gekommen, Jugend Afrikas, um Ihnen Lektionen zu erteilen.
Ich bin nicht gekommen, um Sie zu Recht zu weisen/um Ihnen eine Moralpredigt zu
halten.
Sondern ich bin gekommen, um Ihnen zu sagen, dass jener Teil Europas, der in Ihnen steckt, das Ergebnis einer großen Sünde des abendländischen Stolzes ist, aber
dass dieser Teil Europas in Ihnen nicht würdelos ist.
Weil er der Ruf der Freiheit ist, der Ruf der Emanzipation und der Gerechtigkeit und
der Gleichheit zwischen Frauen und Männern.
Weil er der Aufruf zu Vernunft und zu universellem Bewusstsein ist.
Das Drama Afrikas besteht daraus, dass der afrikanische Mensch nicht genügend in
die Geschichte eingetreten ist.
Der afrikanische Bauer, der seit Jahrtausenden mit den Jahreszeiten lebt, dessen Lebensideal es ist, in Harmonie mit der Natur zu leben, kennt bloß die ewige Wiederkehr der Zeit im Rhythmus der endlosen Wiederholung der selben Handgriffe und
Worte.
In dieser Vorstellungswelt, in der alles immer wieder von vorne beginnt, gibt es weder Platz für das menschliche Abenteuer noch für den Gedanken des Fortschritts.
In diesem Universum, in dem die Natur alles bestimmt, entgeht der Mensch der
Angst der Geschichte, die den modernen Menschen quält, aber der Mensch bleibt
unbeweglich und unbewegt, mitten in einer unveränderlichen Ordnung, in der alles
von Anfang an festgeschrieben zu sein scheint.
Niemals stürzt der Mensch in Richtung Zukunft.
Niemals kommt er auf die Idee, aus der Wiederholung auszutreten, um sein Schicksal
selbst in die Hand zu nehmen.
Das Problem Afrikas – erlauben Sie einem Freund Afrikas, das zu sagen – liegt hier.
Die Herausforderung Afrikas ist es, stärker in die Geschichte einzutreten. Das bedeutet, aus seiner Energie zu schöpfen, seiner Stärke, seinem Verlangen, seinem Willen,
seine eigene Geschichte wahrzunehmen, sich ihrer anzunehmen und sich mit ihr zu
verbinden.
Das Problem Afrikas ist, damit aufzuhören, immer zu wiederholen, immer wiederzukauen, sich vom Mythos der ewigen Wiederkehr zu befreien, sich darüber bewusst zu
werden, dass das goldene Zeitalter, das es nicht aufhört zu bedauern, niemals wiederkehren wird, weil es niemals existiert hat.
Das Problem Afrikas ist, dass es zu sehr in der Gegenwart der Nostalgie des verlorenen Paradieses der Kindheit lebt.
Das Problem Afrikas ist, dass es die Gegenwart zu oft an der Reinheit/Makellosigkeit
einer Herkunft bemisst, welche komplett imaginiert ist und von der niemand sich
erhoffen kann, dass sie wieder aufleben möge.
Das Problem Afrikas ist es nicht, sich eine mehr oder weniger mythische Vergangenheit zu erfinden, die es ihm erleichterte, die Gegenwart erträglich zu machen, sondern sich mit seinen eigenen Mitteln eine Zukunft zu erfinden.
Das Problem Afrikas ist es nicht, sich auf die Rückkehr des Unheils vorzubereiten, als
ob dieses sich unablässig wiederholen müsste, sondern das Problem ist der Wille,
sich die Mittel zu verleihen, um das Unglück zu bannen, denn Afrika hat das gleiche
Recht auf Glück wie alle anderen Kontinente dieser Welt.
Das Problem Afrikas ist es, sich selbst treu zu bleiben, ohne sich dabei zu immobilisieren.
Die Herausforderung Afrikas ist es, seinen Eintritt/Aufstieg/Anschluss ins Universelle nicht als Verneinung/als einen Abfall vom Glauben an das, was es ist, verstehen zu
lernen, sondern als dessen Erfüllung.
Die Herausforderung Afrikas ist es, sich als Erbe all dessen verstehen zu lernen, was
es an Universellem in allen menschlichen Zivilisationen gibt.
Das bedeutet, sich die Menschenrechte, die Demokratie, die Freiheit, die Gleichheit
und die Gerechtigkeit als gemeinsame Erbschaft aller Zivilisationen und Menschen
anzueignen.
Es bedeutet, sich die modernen Wissenschaften und Technologien als Ergebnis der
gesamten menschlichen Intelligenz anzueignen.
Die Herausforderung Afrikas ist diejenige aller Zivilisationen, aller Kulturen, aller
Völker, die ihre Identität bewahren wollen, ohne sich abzuschotten, denn sie wissen,
dass es tödlich ist, sich zu verschließen.
Die Größe der Zivilisationen bemisst sich am Grad ihrer Beteiligung an der großen
Vermischung [métissage] des menschlichen Geistes.
Die Schwäche Afrikas, das auf seinem Boden so viele herausragende Zivilisationen
gekannt hat, war es, sich während langer Zeit nicht ausreichend an dieser großen
Vermischung [métissage] beteiligt zu haben. Afrika hat teuer bezahlt dafür, für diesen Rückzug aus der Welt, der Afrika so verletzlich gemacht hat. Aber aus seinem
Unglück hat Afrika neue Kraft geschöpft, indem es sich seinerseits vermischt hat.
Was auch immer die schmerzhaften Bedingungen ihrer Ankunft waren, es ist diese
Vermischung, welche die wahre Kraft und die wahre Chance Afrikas ausmacht in diesem Moment der Herausbildung der allerersten Weltzivilisation.
Die islamische Zivilisation, die Christenheit, die Kolonisation, über die Verbrechen
und Fehler hinaus, die in ihrem jeweiligen Namen begangen wurden und die nicht zu
entschuldigen sind, haben die afrikanischen Herzen und Gesinnungen gegenüber
dem Universellen und der Geschichte geöffnet.
Jugend von Afrika, lassen Sie sich Ihre Zukunft nicht durch jene entwenden, die der
Intoleranz nur Intoleranz gegenüberzustellen vermögen, und dem Rassismus nur den
Rassismus.
Jugend von Afrika, lassen Sie sich Ihre Zukunft nicht stehlen durch jene, die Sie einer
Geschichte berauben wollen, die Ihnen nicht zuletzt deswegen gehört, weil sie die
schmerzhafte Geschichte Ihrer Eltern und Ihrer Großeltern und Ihrer Ahnen ist.
Jugend von Afrika, hören Sie nicht auf jene, die Afrika im Namen der Tradition aus
der Geschichte herausnehmen wollen, da ein Afrika, in dem sich nichts änderte, von
neuem zu Knechtschaft verdammt wäre.
Jugend Afrikas, hören Sie nicht auf jene, die Sie daran hindern wollen, sich Ihren Anteil am menschlichen Abenteuer zu nehmen, denn ohne Sie, Jugend von Afrika, die
Sie die Jugend der Welt sind, wäre das menschliche Abenteuer weniger schön.
Jugend von Afrika, hören Sie nicht auf jene, die Sie entwurzeln wollen, die Ihnen Ihre
Identität vorenthalten wollen, die tabula rasa machen wollen mit allem, was afrikanisch ist, mit all der Mystik, der Religiosität, der Empfindsamkeit, des afrikanischen
Geistes, denn um zu tauschen, muss man etwas zu geben haben, denn, um zu anderen zu sprechen, muss man etwas zu sagen haben.
Jugend Afrikas, hören Sie vielmehr auf die große Stimme des Präsidenten Senghor,
der sein Leben lang die Erbschaften und Kulturen an jenem Kreuzungspunkt zu versöhnen versucht hat, wo der Zufall und die tragische Geschichte Afrika platziert hatte.
Er, Kind aus Joal, von den Rhapsodien der Griots gewiegt, sagte: «Wir sind kulturelle
'Mischwesen' [metis]; wenn wir uns als 'nègres' empfinden, drücken wir uns dabei in
Französisch aus, denn das Französische ist ein universeller Ruf, mit dem wir uns ebenso den Franzosen mitteilen wie auch anderen Menschen».
Er sagte auch: «Das Französische hat uns seine abstrakten Worte geschenkt, die in
unseren Muttersprachen selten sind. Bei uns erstrahlen Worte von Natur aus im
Schein der Säfte und des Blutes; die Worte des Französischen hingegen leuchten
mit tausend Feuern wie Diamanten. Ein Feuerwerk, das unsere Nacht erleuchtet».
So sprach Léopold Senghor, der allem, was menschliche Klugheit umfasst, seine Ehre
erweist. Dieser große Dichter und große Afrikaner wollte, dass Afrika mit der gesamten Menschheit zu sprechen beginnt und er schrieb afrikanische Gedichte in Französisch für die ganze Menschheit.
Diese Gedichte waren Gesänge, welche zu allen Menschen sprachen und von Fabelwesen erzählten, die Quellen behüteten, in Flüssen erklangen und sich in Bäumen
verbargen.
Gedichte, welche die Stimmen der Toten aus den Dörfern und der Vorfahren vernehmen machten.
Gedichte, die ein Dickicht von Sinnbildern durchquerten, wieder aufleben ließen und
bis zum Quell der Erinnerungen der Vorfahren vorstießen, welcher jedes Volk in der
Tiefe seines Bewusstseins in einer Weise bewahrt, in welcher der erwachsene Mensch
in seinem Innern das Bild des Glücks seiner Kindheit bewahrt.
Denn jedes Volk kennt diese Zeit der ewigen Gegenwart, in der es nicht danach strebte, das Universum zu beherrschen, sondern in Harmonie mit dem Universum zu leben. Zeiten der sinnlichen Empfindungen, der Instinkte, der Intuitionen. Zeiten der
Geheimnisse und der Initiationen. Mystische Zeiten, in denen das Heilige überall
war, in denen alles Zeichen und Entsprechung war. Es sind die Zeiten der Magier, der
Hexer und der Schamanen. Zeiten, in denen das Wort mächtig war, weil es eingehalten wurde und von Generation zu Generation wiederholt, von Jahrhundert zu Jahrhundert in Legenden überliefert, die so alt waren, wie die Götter selbst.
Afrika hat alle Völker der Erde daran erinnert, dass sie dieselbe Kindheit teilen.
Afrika hat damit die einfachen Freuden wieder erweckt, das vergängliche Glück und
die Notwendigkeit, dieses Bedürfnis, an das ich selbst so sehr glaube, dieses Bedürfnis, zu glauben statt zu verstehen, dieses Bedürfnis, gefühlsmäßig zu erfassen, statt
mit dem Verstand zu beurteilen, dieses Bedürfnis, im Einklang zu stehen, statt in der
Eroberung.
Jene, welche die afrikanische Kultur als zurückgeblieben erachten, jene, welche die
Afrikaner für große Kinder halten, all jene haben vergessen, dass das antike Griechenland, das uns den Gebrauch der Vernunft gelehrt hat, ebenfalls über seine Hexer
verfügte, über seine Seher, seine Mysterienkulte, seine Geheimgesellschaften und
geheiligen Haine, ebenso wie über eine Mythologie aus den Tiefen der Zeit, aus der
wir heute noch immer schöpfen, aus diesem unermesslichen Schatz menschlicher
Weisheit.
Afrika, das auch über große dramatische Dichtung und tragische Legenden verfügt,
hat, indem es Sophokles lauschte, eine Stimme vernommen, die ihm näher lag als es
geglaubt hätte und das Abendland hat in der afrikanischen Kunst Formen der Schönheit erkannt, die ehemals seine eigenen waren und die wiederauferstehen zu lassen
ihm ein Bedürfnis geworden war.
Höre also, Jugend von Afrika, wie sehr Rimbaud afrikanisch ist, wenn er den Wortlaut färbt, so wie deine Vorfahren Farbe auf ihre Masken auftrugen, «schwarze Maske, rote Maske, weiße Maske - schwarze –».**
Öffne die Augen, Jugend von Afrika. Erachten Sie die weltweite Zivilisation nicht
mehr als eine Bedrohung Ihrer Identität, wie dies Ihre Vorfahren allzu oft getan haben, sondern als etwas, was auch Ihnen gehört.
Indem Sie in der universellen Weisheit einen Teil der Weisheit wieder erkennen, die
Sie von Ihren Vätern erhalten haben und die Sie fruchtbar machen wollen, beginnt,
das, was ich mit meinen Glückwunsch als die Afrikanische Renaissance willkommen
heiße.
Indem Sie erklären, dass der afrikanische Mensch nicht jenen Geschicken geweiht ist,
die fatalerweise tragisch sind und dass er überall in Afrika kein anderes Ziel kennt als
das Glück, beginnt die Afrikanische Renaissance.
Indem Sie erklären, Jugend Afrikas, dass eine afrikanische Politik kein anderes Ziel
kennt als die Einheit Afrikas und die Einheit der menschlichen Gattung, beginnt die
Afrikanische Renaissance.
Indem Sie der Realität Afrikas direkt ins Auge blicken und indem Sie diese Realität in
Ihre Hände nehmen, beginnt die Afrikanische Renaissance.
Denn das Problem Afrikas ist, dass es ein Mythos geworden ist, den jeder zum Zwecke seiner eigenen Sache neu errichtet.
Und dieser Mythos hindert daran, der Realität Afrikas ins Auge zu blicken.
Die Realität Afrikas ist ein zu hohes Bevölkerungswachstum im Verhältnis zu einem
zu schwachen ökonomischen Wachstum.
Die Realität Afrikas ist noch immer zu viel Hunger und Elend.
Die Realität Afrikas ist Knappheit, die Gewalt hervorruft.
Die Realität Afrikas ist eine Entwicklung, die zu wenig schnell voranschreitet, es ist
eine Landwirtschaft, die zu wenig produziert, es ist der Mangel an Strassen, der Mangel an Schulen, der Mangel an Krankenhäusern.
Die Realität Afrikas ist eine riesige Verschleuderung von Energie, Mut, Tatkraft, Talent und Intelligenz.
Die Realität Afrikas ist diejenige eines großen Kontinents, der über alles verfügt, was
es braucht, um er-folgreich zu sein und der nicht erfolgreich ist, weil es ihm nicht gelingt, sich seiner Mythen zu entledigen.
Die Renaissance, die Afrika braucht, kann allein durch Sie, Jugend Afrikas, vollbracht
werden, denn nur Sie haben die Kraft dazu.
Ich bin gekommen, um Ihnen diese Renaissance vorzuschlagen.
Ich bin gekommen, um sie Ihnen vorzuschlagen, damit wir sie zusammen vollbringen, denn von der Renaissance Afrikas hängen zu einem großen Teil die Renaissance
Europas und diejenige der Welt ab.
Ich kenne den Wunsch wegzugehen, den eine so große Anzahl unter Ihnen verspürt
angesichts der Schwierigkeiten Afrikas.
Ich weiß um die Versuchungen des Exils, die so viele junge Afrikaner dazu bringen,
anderswo nach dem zu suchen, was sie hier nicht finden, um ihre Familien durchzubringen.
Ich weiß, was es an Willensstärke, was es an Mut braucht, dieses Abenteuer zu wagen, seine Heimat zu verlassen, das Land, in dem man geboren und aufgewachsen ist,
die bekannten Orte hinter sich zu lassen, an denen man glücklich war, die Liebe einer
Mutter, eines Vaters oder eine Bruders und diese Solidarität, diese Wärme, dieser
Gemeinschaftsgeist, die allesamt so ausgeprägt sind in Afrika.
Ich kenne die seelische Stärke, die es braucht, um diesem Fremdwerden die Stirn zu
bieten, der Trennung und der Einsamkeit.
Ich weiß, was den meisten dabei an Prüfungen, Schwierigkeiten und Risiken auferlegt
wird.
Ich weiß, dass sie manchmal so weit gehen, dass sie ihr Leben riskieren, um ans Ziel
dessen zu gelangen was sie als ihren Traum erachten.
Aber ich weiß auch, dass nichts sie zurückhalten könnte.
Denn nichts wird jemals die Jugend zurückhalten, wenn sie sich von ihren Träumen
getragen glaubt.
Ich glaube nicht, dass es bloß die Flucht aus dem Elend ist, welche die Jugend Afrikas
dazu drängt, wegzugehen.
Ich glaube, dass die Jugend Afrikas weggeht, weil sie wie jede Jugend, die Welt erobern will.
Wie jede Jugend findet sie Gefallen am Abenteuer und an der großen Weite.
Sie möchte sehen, wie man anderswo lebt, denkt, arbeitet und sich bildet.
Afrika wird seine Renaissance nicht erreichen, wenn es die Flügel seiner Jugend
stutzt.
Doch Afrika braucht seine Jugend. Die Afrikanische Renaissance wird damit beginnen, dass die afrikanische Jugend lernt, mit der Welt zu leben und sie nicht zurückzuweisen.
Die afrikanische Jugend muss das Gefühl haben, dass die Welt ihr wie jeder Jugend
der Erde gehört.
Die afrikanische Jugend muss das Gefühl haben, dass alles möglich wird, so wie den
Menschen der Renaissance alles möglich erschien.
Also, ich weiß genau, dass die afrikanische Jugend nicht die einzige Jugend der Welt
sein darf, die angewiesen wird, zu Hause zu bleiben. Sie darf nicht die einzige Jugend
der Welt sein, die bloß die Wahl hat zwischen der Klandestinität und der In-sichGekehrtheit.
Sie muss außerhalb von Afrika Kompetenz und Wissen erwerben können, das sie bei
sich selbst nicht finden kann.
Aber sie muss der der afrikanischen Erde auch jene Fähigkeiten zur Verfügung stellen, die sie erwerben wird. Man muss zurückkommen, um Afrika aufzubauen. Man
muss Afrika das Wissen, die Kompetenz und die Dynamik seiner Kader bringen. Es
muss Schluss sein mit der Plünderung afrikanischer Eliten, derer Afrika so sehr bedarf, um sich zu entwickeln.
Was die Jugend Afrikas will, ist, den skrupellosen Schleppern, die mit Ihrem Leben
spielen, nicht ausgeliefert zu sein.
Was die Jugend Afrikas will, ist, dass ihre Würde bewahrt wird.
Das heißt, ein Studium machen zu können, arbeiten zu können, ein würdiges Leben
führen zu können.
Das ist letztlich, was Afrika insgesamt will. Afrika will keine Barmherzigkeit. Afrika
will keine Hilfe. Afrika will keine ungerechtfertigte Bevorzugung.
Was Afrika will und was man ihm geben muss, das ist Solidarität, Verständnis und
Respekt.
Was Afrika will, ist nicht, dass man seine Zukunft bestimmt, dass man an seiner Stelle denkt, Afrika will nicht, dass man für es entscheidet.
Was Afrika will ist, was Frankreich will, das heißt, Kooperation, Assoziation, Partnerschaft zwischen gleichwertigen Nationen, was die Rechte und die Pflichten anbelangt.
Jugend Afrikas, wollen Sie die Demokratie, wollen Sie die Freiheit, wollen Sie die Gerechtigkeit, wollen Sie das Recht? Es liegt an Ihnen, darüber zu entscheiden.
Frankreich wird nicht an Ihrer statt entscheiden. Aber wenn Sie die Demokratie, die
Freiheit, die Gerechtigkeit und das Recht wählen, dann wird Frankreich sich an Ihre
Seite stellen, um all das aufzubauen.
Jugend von Afrika, die Globalisierung, wie sie sich gegenwärtig vollzieht, gefällt Ihnen nicht. Afrika hat die Täuschung des Kollektivismus und Progressivismus zu teuer
bezahlt, um sich auf jene Täuschung des laisser-faire einzulassen.
Jugend Afrikas, Sie glauben, dass der Freihandel nützlich ist, aber dass er keine Religion darstellt. Sie glauben, dass Konkurrenz ein Mittel ist, aber kein Zweck in sich
selbst. Sie glauben nicht ans laisser-faire. Sie wissen, dass, wenn Afrika sich zu naiv
gebärdet, es dazu verdammt ist, zur Beute von Räubern aus der ganzen Welt zu werden. Und das wollen Sie nicht. Sie wollen eine andere Globalisierung, mit mehr
Menschlichkeit, mit mehr Gerechtigkeit, mit mehr Regeln.
Ich bin gekommen, um Ihnen zu sagen, dass Frankreich das auch will.
Frankreich will sich mit Europa herumschlagen und es will sich mit Afrika herumschlagen, mit all jenen, die in dieser Welt die Globalisierung verändern wollen. Wenn
Afrika, Frankreich und Europa dies zusammen wollten, dann wären wir erfolgreich.
Aber wir können keinen Willen an Ihrer Statt zum Ausdruck bringen.
Jugend Afrikas, Sie wollen Entwicklung, Sie wollen Wachstum, Sie wollen eine Anhebung des Lebensstandard.
Aber wollen Sie das wirklich? Wollen Sie, dass die Willkür, die Korruption und die
Gewalt aufhören?
Wollen Sie, dass der Besitz respektiert wird, dass Geld investiert statt unterschlagen
wird?
Wollen Sie, dass der Staat dazu übergeht, sein Handwerk auszuüben, dass er sich jener Bürokratien entledigt, die ihn ersticken, dass er befreit würde vom Parasitentum,
vom Klientelismus, dass seine Macht wiederhergestellt würde, dass er die Feudalsysteme besiegte und die Korporatismen?
Wollen Sie, dass überall staatliches Recht gilt, welches allen ermöglicht, verstandesmäßig zu wissen, was sie von anderen zu erwarten haben?
Wenn Sie das wollen, dann wird Frankreich an Ihrer Seite sein, um es einzufordern,
aber niemand wird es an Ihrer Stelle wollen.
Wollen Sie, dass kein Hunger mehr herrscht auf der afrikanischen Erde?
Wollen Sie, dass es auf afrikanischer Erde niemals mehr ein Kind geben soll, dass
Hungers stirbt?
Dann streben Sie nach wirtschaftlicher Unabhängigkeit in Bezug auf Ernährung.
Dann bauen Sie Lebensmittel an. Afrika muss zunächst einmal produzieren, um sich
zu versorgen.
Wenn es das ist, was Sie wollen, Jugend Afrikas, dann halten Sie die Zukunft Afrikas
in Ihren Händen und Frankreich wird mit Ihnen zusammen daran arbeiten, diese
Zukunft aufzubauen.
Wollen Sie gegen die Umweltverschmutzung ankämpfen?
Wollen Sie, dass Entwicklung nachhaltig sei? Wollen Sie, dass die heutigen Generationen nicht mehr auf Kosten der folgenden Generationen leben? Wollen Sie, dass alle
die realen Kosten dessen bezahlen, was sie verbrauchen? Wollen Sie Ihre eigenen
Technologien entwickeln? Es liegt an Ihnen, das zu beschließen. Aber wenn Sie sich
dazu entschließen, wird Frankreich an Ihrer Seite sein.
Wollen Sie Friede auf dem afrikanischen Kontinent? Wollen Sie kollektive Sicherheit? Wollen Sie eine friedliche Beilegung von Konflikten? Wollen Sie dem Teufelskreis von Rache und Hass einen Riegel vorschieben? Es liegt an Ihnen, meine afrikanischen Freunde, sich dazu zu entschließen. Und wenn Sie sich dazu entschließen,
wird Frankreich an Ihrer Seite sein, wie ein unvergänglicher Freund, aber Frankreich
kann nichts wollen an Stelle der afrikanischen Jugend.
Wollen Sie die afrikanische Einheit?
Frankreich wünscht sie sich auch.
Denn Frankreich wünscht die Einheit Afrikas, weil die afrikanische Einheit Afrika
den Afrikanern zurückgeben wird.
Was Frankreich mit Afrika machen will, ist, den Realitäten ins Auge zu blicken. Und
mit diesen Realitäten Politik zu machen und aufzuhören mit einer Politik der Mythen.
Was Frankreich mit Afrika machen will, das ist gemeinsame Entwicklung, das heißt
geteilte Entwicklung.
Frankreich will gemeinsame Projekte zusammen mit Afrika, gemeinsame Wettbewerbsbereiche, gemeinsame Universitäten, gemeinsame Versuchsanstalten.
Was Frankreich mit Afrika machen will, ist, eine gemeinsame Strategie innerhalb der
Globalisierung auszuarbeiten.
Was Frankreich mit Afrika machen will, ist, eine zusammen ausgehandelte Immigrationspolitik, über die gemeinsam bestimmt wird, damit die Jugend Afrikas in Frankreich und in ganz Europa mit Respekt und Würde empfangen wird.
Was Frankreich mit Afrika machen will, ist, eine Allianz zwischen der französischen
und der afrikanischen Jugend zu bilden, damit die Welt von morgen eine bessere
Welt sein wird.
Was Frankreich mit Afrika machen will, ist, die Einführung von Eurafrique vorzubereiten, diese große gemeinsame Bestimmung, die Europa und Afrika erwartet.
Jenen in Afrika, die diesem großen Projekt der Mediterranen Union, das Frankreich
allen Meeres-Anlieger-Staaten vorgeschlagen hat, mit Misstrauen begegnen, will ich
sagen, dass es sich dabei im Sinne Frankreichs mitnichten darum handelt, Afrika, das
sich bis in den Süden der Sahara erstreckt, ins Abseits zu stellen, sondern im Gegenteil, dass es sich darum handelt, mit dieser Union einen Hauptstützpfeiler für Eurafrique aufzurichten, als eine erste Etappe des viel größeren Traums von Friede und
Prosperität, welche Europäer gemeinsam mit Afrikanern zu konzipieren fähig wären.
Also, meine lieben Freunde, dann erst [alors – in der frz. Version hat es auch die Dimension der Vergangenheit, also: damals] vermag das schwarze Kind von Camara
Laye***, in der Stille der afrikanischen Nacht kniend, seinen Kopf zu erheben und
vertrauensvoll in die Zukunft zu blicken. Und dieses Kind von Camara Laye, es wird
die beiden in ihm innewohnenden Teile miteinander versöhnt haben. Und es wird
sich endlich als Mensch fühlen, so wie alle anderen Menschen der Menschheit.
Ich danke Ihnen.
Anm. der Üb.:
* unausgewiesenenes Zitat aus: Aimé Césair, Cahier d'un retour au pays natal
** unausgewiesenes Zitat aus: Léopold Sédar Senghor, Prière aux masques: «Masques ! Ô Masques ! / Masque noir masque rouge, vous masques blanc - et noir - /
Masques aux quatre points d'où souffle l'Esprit / Je vous salue dans le silence ! ...»
*** L'enfant noir (1953) ist der erste autobiographisch inspirierte Roman des Guineers Camara Laye, der in Paris endet – mit dem Versprechen der Rückkehr.
Discours de Patrice Lumumba à la cérémonie de l’indépendance congolaise
Léopoldville 30 juin 1960
Congolais et Congolaises,
Combattants de l’indépendance aujourd’hui victorieux, Je vous salue au nom du gouvernement congolais, A vous tous, mes amis, qui avez lutté sans relâche à nos côtés, je
vous demande de faire de ce 30 juin 1960, une date illustre que vous garderez ineffaçablement gravée dans vos coeurs, une date dont vous enseignerez avec fierté la
signification à vos enfants, pour que ceux-ci, à leur tour, fassent connaître à leurs enfants l’histoire glorieuse de notre lutte pour la liberté.
Car cette indépendance du Congo, si elle est proclamée aujourd’hui dans l’entente
avec la Belgique, pays ami avec qui nous traitons d’égal à égal, nul Congolais digne de
ce nom ne pourra jamais oublier cependant que c’est par la lutte qu’elle a été conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle
nous n’avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, nos souffrances, ni notre sang.
Cette lutte, qui fut de larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu’au plus
profond de nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable
pour mettre fin a l’humiliant esclavage qui nous était imposé par la force.
Ce que fut notre sort en 80 ans de régime colonial, nos blessures sont trop fraîches et
trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire;
Nous avons connu le travail harassant, exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger à notre faim; ni de nous vêtir ou nous loger décemment, ni
d’élever nos enfants comme des êtres chers.
Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin,
midi et soir parce que nous étions des nègres.
Nous avons connu que nos terres fussent spoliées au nom de textes prétendument
légaux qui ne faisaient que reconnaître le droit du plus fort.
Qui oubliera qu’à un Noir on disait « tu », non certes comme un ami, mais parce que
le « vous » honorable était réservé aux seuls blancs ?
Nous avons connu que la loi n’était jamais la même selon qu’il s’agissait d’un Blanc
ou d’un Noir, accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine pour les autres.
Nous avons connu les souffrances atroces des relégués pour opinions politiques ou
croyances religieuses, exiles dans leur propre patrie, leur sort était vraiment pire que
la mort elle-même.
Nous avons connu qu’il y avait des maisons magnifiques pour les Blancs et des paillotes croulantes, ni dans les magasins dits européens, qu’un Noir voyageait a même la
coque des péniches, aux pieds du Blanc dans sa cabine de luxe.
Qui oubliera enfin les fusillades où périrent tant de nos frères, les cachots où furent
brutalement jetés ceux qui ne voulaient plus se soumettre au régime d’une justice
d’oppression et d’exploitation.
Tout cela, mes frères, nous en avons profondément souffert.
Mais tout cela aussi, nous que le vote de vos représentants élus a agréés pour diriger
notre cher pays, nous qui avons souffert dans notre corps et dans notre coeur de
l’oppression colonialiste, nous vous le disons tout haut, tout cela est désormais fini.
La République du Congo a été proclamée et notre cher pays est maintenant entre les
mains de ses propres enfants. Ensemble, mes frères, mes soeurs, nous allons commencer une nouvelle lutte, une lutte sublime qui va mener notre pays à la paix, à la
prospérité et à la grandeur.
Nous allons établir ensemble la justice sociale et assurer que chacun reçoive la
juste rémunération de son travail. Nous allons montrer au monde ce que peut faire
l’homme noir quand il travaille dans la liberté, et nous allons faire du Congo le centre
de rayonnement de l’Afrique tout entière.
Nous allons veiller à ce que les terres de notre patrie profitent véritablement à ses
enfants.
Nous allons revoir toutes les lois d’autrefois et en faire de nouvelles qui seront justes
et nobles. Nous allons mettre fin à l’oppression de la pensée libre et faire en sorte que
tous les citoyens jouissent pleinement des libertés fondamentales prévues dans la
Déclaration des Droits de l’homme.
Nous allons supprimer efficacement toute discrimination quelle qu’elle soit et donner
à chacun la juste place que lui vaudra sa dignité humaine, son travail et son dévouement au pays.
Nous allons faire régner non pas la paix des fusils et des baïonnettes, mais la paix des
coeurs et de bonnes volontés.
Et pour tout cela, chers compatriotes, soyez sûrs que nous pourrons compter non
seulement sur nos forces énormes et nos richesses immenses, mais sur l’assistance de
nombreux pays étrangers dont nous accepterons la collaboration chaque fois qu’elle
sera loyale et ne cherchera pas à nous imposer une politique quelle qu’elle soit.
Dans ce domaine, la Belgique qui, comprenant enfin le sens de l’histoire, n’a pas essayé de s’opposer à notre indépendance est prête à nous accorder son aide et son amitié, et un traité vient d’être signé dans ce sens entre nos deux pays égaux et indépendants.
Cette coopération, j’en suis sûr, sera profitable aux deux pays. De notre côté, tout en
restant vigilants, nous saurons respecter les engagements librement consentis.
Ainsi, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, le Congo notre chère république que mon
gouvernement va créer, sera un pays riche, libre et prospère.
Mais pour que nous arrivions sans retard à ce but, vous tous législateur et citoyens
congolais, je vous demande de m’aider de toutes vos forces.
Je vous demande à tous d’oublier les querelles tribales qui nous épuisent et risquent
de nous faire mépriser à l’étranger. Je demande à la minorité parlementaire d’aider
mon gouvernement par une opposition constructive et de rester strictement dans les
voies légales et démocratiques.
Je vous demande à tous de ne reculer devant aucun sacrifice pour assurer la réussite
de notre grandiose entreprise. Je vous demande enfin de respecter inconditionnellement la vie et les biens de vos concitoyens et des étrangers établis dans notre pays.
Si la conduite de ces étrangers laisse à désirer, notre justice sera prompte à les expulser du territoire de la République. Si par contre, leur conduite est bonne, il faut les
laisser en paix, car eux aussi travaillent à la prospérité de notre pays.
L’indépendance du Congo marque un pas vers la libération de tout le continent africain.
Voilà, Sire, Excellences, Mesdames, Messieurs, mes chers compatriotes, mes frères de
ma race, mes frères de lutte, ce que j’ai voulu vous dire au nom du gouvernement en
ce jour magnifique de notre indépendance complète et souveraine.
Notre gouvernement fort, national, populaire, sera le salut de ce pays. J’invite tous les
citoyens congolais, hommes, femmes et enfants, de se mettre résolument au travail
en vue de créer une économie nationale prospère qui consacrera notre indépendance
économique.
Hommage aux combattants de la liberté nationale!
Vive le Congo indépendant et souverain!
Rede von Patrice Lumumba zur Unabhängigkeitsfeier der Demokratischen Republik Kongo
Léopoldville, 30. Juni 1960
Kongolesinnen und Kongolesen!
MitstreiterInnen der heute siegreich gewordenen Unabhängigkeit, ich grüsse euch im
Namen der kongolesischen Regierung.
Ich fordere euch, meine Freunde, die ihr ununterbrochen an unserer Seite gekämpft
habt, dazu auf, aus diesem 30. Juni 1960 ein berühmtes Datum zu machen, das sich
unauslöschbar in euere Herzen einbrennen wird, ein Datum, dessen Bedeutung ihr
mit Stolz euere Kindern lehren werdet, damit diese ihrerseits wiederum ihre Kinder
die ruhmvolle Geschichte unseres Kampfes um die Freiheit wissen lassen.
Denn wenn diese Unabhängigkeit des Kongo heute im Einvernehmen mit Belgien
ausgerufen wird, diesem befreundeten Land, mit dem wir von gleich zu gleich handeln, dann wird dennoch kein Kongolese, der dieses Namens würdig ist, jemals vergessen, dass sie erkämpft worden ist – in einem Kampf, der Tag für Tag andauerte, in
einem glühenden und idealistischen Kampf, in einem Kampf, in dem wir weder unsere Kräfte geschont haben, noch mit unseren Entbehrungen, Leiden und unserem Blut
sparsam umgegangen sind.
Dieser Kampf, der aus Tränen bestanden hat, aus Feuer und Blut, wir sind stolz auf
ihn im Innersten unserer selbst, denn es war ein edler und gerechter Kampf, ein
Kampf, der unerlässlich war, um der erniedrigenden Sklaverei ein Ende zu setzen, die
uns durch Zwang auferlegt worden ist.
Was während der achtzig Jahre des kolonialen Regimes unser Los war, unsere Verletzungen sind zu frisch und zu schmerzhaft, als dass wir sie aus unseren Erinnerungen zu vertreiben vermöchten. Wir haben die Arbeit gekannt, die uns geschunden hat
und die uns gegen Löhne zugemutet wurde, die uns weder erlaubten, unseren Hunger
mit Essen zu stillen, noch uns zu bekleiden oder in anständiger Weise zu wohnen,
noch unsere Kinder als Wesen aufzuziehen, die uns teuer sind.
Wir haben Ironien gekannt, Beleidigungen und Beschimpfungen, Schläge, die wir von
Morgens bis Abends über uns ergehen lassen mussten, weil wir Schwarze [nègres]
waren.
Wer wird jemals vergessen, dass man einen Schwarzen duzte, sicherlich nicht aus
Freundschaft, sondern weil das höfliche und respektvolle 'Sie' einzig den Weißen vorbehalten war?
Wir haben erlebt, dass wir unserer Länder beraubt wurden im Namen von Texten,
die angeblich legal waren und dabei bloß das Recht des Stärkeren verbrieften.
Wir haben erlebt, dass ein Gesetz niemals dasselbe war, je nachdem, ob es sich an
einen Weißen oder an Schwarze richtete, umgänglich schlichtend für die einen, grausam und inhuman für die anderen.
Wir haben die schrecklichen Leiden jener erlebt, die ihrer politischen Überzeugungen
oder ihres religiösen Glauben wegen abgeschoben wurden, Exilierte in der eigenen
Heimat, war ihr Schicksal wirklich schlimmer als der Tod selbst.
Wir haben erlebt, dass es großartige Häuser gab für die Weißen und baufällige Hütten aus Stroh, ganz abgesehen davon, dass es Geschäfte gab, die als europäisch galten
und dass ein Schwarzer im Schiffsbauch desselben Kahns zu Füssen des Weißen in
dessen Luxuskabine reiste.
Wer wird jemals die Schiessereien vergessen können, in denen so viele unserer Brüder starben, die Kerker, in welche man jene brutal und gnadenlos geworfen hat, die
sich dem Regime des unterdrückerischen Rechtes und der Ausbeutung nicht mehr
unterwerfen wollten.
An all dem, meine Brüder, haben wir zutiefst gelitten.
Aber all das – wir, die wir von der Wahl durch euere gewählten Repräsentanten angenommen worden sind, um unser geliebtes Land zu führen, wir, die wir in unserem
Körper und in unserem Herz an der kolonialen Unterdrückung gelitten haben – all
das – wir sagen es ganz laut – ist nun zu Ende.
Die Republik Kongo ist ausgerufen worden und unser teures Land liegt jetzt in den
Händen seiner eigenen Kinder. Zusammen, meine Brüder, meine Schwestern, werden wir einen neuen Kampf beginnen, einen erhabenen Kampf, der unser Land dem
Frieden, der Prosperität und der Größe zuführen wird.
Wir werden zusammen die soziale Sicherheit einführen und sicherstellen, dass jeder
eine gerechte Entlohnung seiner Arbeit erhält. Wir werden der Welt zeigen, was der
schwarze Mensch vermag, wenn er in Freiheit arbeitet und wir werden aus dem Kongo ein Zentrum machen, das seine Strahlen auf ganz Afrika wirft.
Wir werden darauf achten, dass die Erde unserer Heimat ihren Kindern einen wirklichen Gewinn erbringt.
Wir werden uns alle Gesetze von früher vornehmen und daraus neue machen, die
gerecht und ehrwürdig sind. Wir werden der Unterdrückung der Gedankenfreiheit
Einhalt gebieten, und zwar so, dass alle Bürger jene grundlegenden Freiheiten vollständig genießen, die in der Erklärung der Menschenrechte vorgesehen sind.
Wir werden erwirken, dass jegliche Diskriminierung, die da sei, abgeschafft ist, und
jedem den gerechten Platz zuweisen, der seiner menschlichen Würde, seiner Arbeit
und seiner Hingabe an das Land entspricht.
Wir werden nicht den Frieden der Gewehre und der Bajonette herrschen lassen, sondern den Frieden der Herzen und des guten Willens.
Und für all das, liebe Landsleute, seid versichert, dass wir nicht nur auf unsere eigenen riesigen Kräfte und auf unsere immensen Reichtümer zählen können, sondern
auch auf den Beistand zahlreicher fremder Länder, deren Zusammenarbeit wir dann
annehmen werden, wenn sie loyal ist und nicht bestrebt, uns irgendeine Politik aufzuzwingen.
In diesem Bereich ist Belgien, das schließlich die Bedeutung der Geschichte erkannt
hat und nicht versucht hat, sich unserer Unabhängigkeit zu widersetzen, bereit, uns
seine Hilfe und seine Freundschaft zu gewähren. Und in diesem Sinne ist gerade ein
Vertrag unterzeichnet worden zwischen zwei gleichwertigen und unabhängigen Staaten.
Diese Kooperation, darin bin ich mir sicher, wird für beide Länder einen Gewinn darstellen. Von unserer Seite aus werden wir, wenn auch sehr wachsam bleibend, die
nach eigenem Ermessen gewährten Zusagen einhalten.
So wird der Kongo, unsere teure Republik, die meine Regierung hervorbringen wird,
sowohl nach Innen wie auch nach Außen ein reiches, freies und prosperierendes
Land sein.
Aber damit wir dieses Ziel ohne Verspätung erreichen, bitte ich euch alle, kongolesische Parlamentarier und Bürger, mir mit aller Kraft zu helfen.
Ich fordere euch alle dazu auf, tribalistische Streitereien zu vergessen; sie reiben uns
auf und lassen uns Gefahr laufen, vom Ausland verachtet zu werden. Ich fordere die
parlamentarische Minderheit dazu auf, meine Regierung mit einer konstruktiven
Oppositionspolitik zu unterstützen und dabei streng im Rahmen der gesetzlichen und
demokratischen Bahnen zu verbleiben.
Ich fordere euch alle dazu auf vor keinerlei Opfern zurückzuschrecken, um den Erfolg
unseres großartigen Unternehmens zu sichern. Und ich fordere euch schließlich dazu
auf, das Leben und die Güter euerer Mitbürger und der Ausländer, die sich in unserem Land niedergelassen haben, bedingungslos zu respektieren.
Wenn das Betragen und das Verhalten dieser Ausländer zu wünschen übrig lässt,
dann wird unsere Rechtssprechung dazu bereit sein, sie prompt aus dem Territorium
der Republik auszuweisen. Wenn jedoch ihre Führung gut ist, muss man sie in Frieden lasen, denn auch sie tragen zum Wohlstand unseres Landes bei.
Die Unabhängigkeit des Kongo bedeutet einen Schritt in Richtung der Befreiung des
ganzen afrikanischen Kontinents.
Ihre Majestät, Ihre Exzellenzen, meine Damen, meine Herren, meine lieben Landsleute, Brüder meiner Rasse, Brüder im Kampf, das wollte ich euch im Namen der Regierung sagen, an diesem großen Tag unserer vollständigen Unabhängigkeit und
Souveränität.
Unsere starke, nationale populäre Regierung wird das Wohl dieses Landes sein. Ich
lade alle kongolesischen Bürger, Männer, Frauen und Kinder dazu ein, sich entschlossen an die Arbeit zu machen im Hinblick auf die Schaffung einer nationalen
Wohlfahrtsökonomie, die sich unserer ökonomischen Unabhängigkeit widmen wird.
Ehre den Kämpfern für die nationale Freiheit!
Es lebe der unabhängige und souveräne Kongo!
La dernière lettre de Patrice Lumumba
Deux mois après son accession au pouvoir, essayant de gagner la province du Kasaï
contrôlée par ses partisans fin novembre 1960, Patrice Lumumba est capturé. De sa
prison, il écrit à sa femme Pauline.
Ma compagne chérie,
Je t’écris ces mots sans savoir s’ils te parviendront, quand ils te parviendront et si je
serai en vie lorsque tu les liras. Tout au long de ma lutte pour l’indépendance de mon
pays, je n’ai jamais douté un seul instant du triomphe final de la cause sacrée à laquelle mes compagnons et moi avons consacré toute notre vie. Mais ce que nous voulions pour notre pays, son droit à une vie honorable, à une dignité sans tache, à une
indépendance sans restrictions, le colonialisme belge et ses alliés occidentaux – qui
ont trouvé des soutiens directs et indirects, délibérés et non délibérés, parmi certains
hauts fonctionnaires des Nations-unies, cet organisme en qui nous avons placé toute
notre confiance lorsque nous avons fait appel à son assistance – ne l’ont jamais voulu.
Ils ont corrompu certains de nos compatriotes, ils ont contribué à déformer la vérité
et à souiller notre indépendance. Que pourrai je dire d’autre ?
Que mort, vivant, libre ou en prison sur ordre des colonialistes, ce n’est pas ma personne qui compte. C’est le Congo, c’est notre pauvre peuple dont on a transformé
l’indépendance en une cage d’où l’on nous regarde du dehors, tantôt avec cette compassion bénévole, tantôt avec joie et plaisir. Mais ma foi restera inébranlable. Je sais
et je sens au fond de moi même que tôt ou tard mon peuple se débarrassera de tous
ses ennemis intérieurs et extérieurs, qu’il se lèvera comme un seul homme pour dire
non au capitalisme dégradant et honteux, et pour reprendre sa dignité sous un soleil
pur.
Nous ne sommes pas seuls. L’Afrique, l’Asie et les peuples libres et libérés de tous les
coins du monde se trouveront toujours aux côtés de millions de congolais qui
n’abandonneront la lutte que le jour où il n’y aura plus de colonisateurs et leurs mercenaires dans notre pays. A mes enfants que je laisse, et que peut-être je ne reverrai
plus, je veux qu’on dise que l’avenir du Congo est beau et qu’il attend d’eux, comme il
attend de chaque Congolais, d’accomplir la tâche sacrée de la reconstruction de notre
indépendance et de notre souveraineté, car sans dignité il n’y a pas de liberté, sans
justice il n’y a pas de dignité, et sans indépendance il n’y a pas d’hommes libres.
Ni brutalités, ni sévices, ni tortures ne m’ont jamais amené à demander la grâce, car
je préfère mourir la tête haute, la foi inébranlable et la confiance profonde dans la
destinée de mon pays, plutôt que vivre dans la soumission et le mépris des principes
sacrés. L’histoire dira un jour son mot, mais ce ne sera pas l’histoire qu’on enseignera
à Bruxelles, Washington, Paris ou aux Nations Unies, mais celle qu’on enseignera
dans les pays affranchis du colonialisme et de ses fantoches. L’Afrique écrira sa propre histoire et elle sera au nord et au sud du Sahara une histoire de gloire et de dignité. Ne me pleure pas, ma compagne. Moi je sais que mon pays, qui souffre tant, saura
défendre son indépendance et sa liberté.
Vive le Congo ! Vive l’Afrique !
Patrice Lumumba
Der letzte Brief von Patrice Lumumba
Zwei Monate nach seiner Amtseinsetzung wird Patrice Lumumba auf der Flucht in
die von seinen Widerstandskämpfern kontrollierten Provinz Kasaï festgenommen.
Aus dem Gefängnis schreibt er an seine Frau Pauline.
Meine geliebte Genossin,
Ich schreibe diese Worte nieder, ohne zu wissen, ob sie dich je erreichen werden und
falls sie dich erreichen, ob ich dann, wenn du sie lesen wirst, noch am Leben bin.
Während meines ganzen Kampfes um die Unabhängigkeit meines Landes habe ich
keinen einzigen Augenblick lang am letzten Triumph der heiligen Sache, in deren
Dienst meine GenossInnen und ich unsere Leben gestellt haben, gezweifelt. Aber das,
was wir für unser Land wollten, sein Recht auf ein ehrenhaftes Leben, auf eine makellose Würde, auf eine Unabhängigkeit ohne Restriktionen, haben der belgische Kolonialismus und seine abendländischen Verbündeten – welche mit oder Ohne Absicht
direkte und indirekte Unterstützung im Rahmen der hohen Funktionäre der Vereinten Nationen erhalten haben, diesem Organ, in das wir all unser Vertrauen gesetzt
haben, als wir um seine Hilfe angesucht haben – niemals gewollt.
Sie haben bestimmte unserer Landsleute korrumpiert, sie haben dazu beigetragen,
die Wahrheit zu entstellen und unsere Unabhängigkeit zu beschmutzen. Wie sollte
ich es anders sagen?
Ob tot oder lebend, frei oder auf den Befehl der Kolonialisten hin im Gefängnis, es ist
nicht meine Person, die zählt. Es ist der Kongo, es ist unser armes Volk, dessen Unabhängigkeit man in einen Käfig verwandelt hat, in dem man uns von draußen betrachtet, manchmal mit diesem freiwilligen Mitleid, manchmal mit Fröhlichkeit und
Vergnügen. Aber mein Glaube wird unerschütterlich bleiben. Ich weiß es und ich fühle es tief in mir drin, dass mein Volk sich früher oder später aller seiner äußeren und
inneren Feinde entledigen wird, dass es sich erheben wird wie ein einziger Mensch,
um dem degradierenden und beschämenden Kapitalismus eine Absage zu erteilen
und um unter einer klaren Sonne seine Würde wieder zu erlangen.
Wir sind nicht alleine. Afrika, Asien und die freien und befreiten Völker aller Ecken
der Welt werden immer auf der Seite der Millionen von KongolesInnen stehen, welche ihren Kampf erst an dem Tag aufgeben, an dem es in unserem Land keine KolonialistInnen samt ihren SöldnerInnen mehr geben wird. Ich möchte, dass man meinen Kindern, die ich zurück lasse und die ich vielleicht nie wieder sehen werde, sagt,
dass die Zukunft des Kongos schön ist und dass sie von ihnen wie von jedem Kongolesen erwartet, dass sie die heilige Sache der Wiederherstellung unserer Unabhängigkeit und unserer Souveränität vollenden, denn ohne Würde gibt es keine Freiheit und
ohne Unabhängigkeit gibt es keine freien Menschen.
Weder Brutalität, noch Misshandlungen oder Folter haben mich je dazu gebracht, um
Gnade zu bitten, denn ich ziehe es vor, erhobenen Hauptes, ungebrochenen Glaubens
und im tiefsten Vertrauens in das Geschick meines Landes zu sterben als in Unterwerfung und in Missachtung der heiligen Prinzipien zu leben. Die Geschichte wird
sich eines Tages dazu äußern, aber es wird nicht die Geschichte sein, die man in
Brüssel, Washington, Paris oder bei den Vereinten Nationen lehrt, sondern die Geschichte, die man in den vom Kolonialismus und seinen Marionetten befreiten Ländern lehrt. Afrika wird seine eigene Geschichte schreiben. Beweine mich nicht, meine
Gefährtin. Ich weiß, dass mein Land, das so viel Leid erlebt seine Unabhängigkeit
und seine Freiheit zu verteidigen wissen wird.
Es lebe der Kongo! Es lebe Afrika
Patrice Lumumba