SQVT 2016 – Tchat en ligne

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SQVT 2016 – Tchat en ligne
SQVT 2016 – Tchat en ligne
Fablabs, lieux de coworking, télécentres :
quelles nouvelles façons de travailler et coopérer dans les tiers-lieux ?
Introduction du modérateur
Bonjour,
Bienvenue sur notre tchat en ligne sur les coopérations dans les tiers-lieux. Derrière les ordinateurs, il y a des membres d'AravisAract Auvergne-Rhône-Alpes pour échanger avec vous (Damien, Anne-Cécile, Anne... Lola à la modération). Petite précaution : si
nous nous intéressons aux tiers-lieux avec notre regard et notre pratique des conditions de travail, nous ne sommes pas des
praticiens des tiers-lieux et ne pourrons pas apporter de réponses à toutes les questions. Donc, usagers des tiers-lieux,
animateurs, experts, DRH, consultants qui participez à ce tchat, n'hésitez pas à apporter vos réponses, points de vue, expertises,
expériences et proposer des réponses...
Par ailleurs, le tchat en ligne, c'est une nouveauté pour nous, on expérimente... soyez indulgents !
Corinne :
Existe-t-il un lien entre le dynamisme du bassin d'emploi où est implanté le tiers-lieu et la pérennité du lieu ? Est-il
utopique de vouloir tenter un tiers-lieu sur un bassin d'emploi beaucoup touché par le chômage ? Ou peut-il être un
vecteur de dynamisation pour des auto-entrepreneurs par exemple ?
Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes :
Bonjour Corinne, merci pour cette première question. Certaines expériences de mise en place de tiers-lieux ne se sont pas
révélées concluantes. Les animateurs territoriaux font valoir que la préexistence d'une communauté dynamique, la
complémentarité des profils des usagers potentiels sont des facteurs clés. Vous trouverez des éléments de réponse dans la vidéo
n° 3 « territoires et tiers-lieux ». Mais sans doute que des acteurs de territoire peuvent compléter...
Des départements comme le Cantal, misent fortement sur une stratégie de développement du télétravail et le travail collaboratif.
Ce peut être une réponse à la problématique démographique des espaces ruraux qui, grâce au numérique, peuvent attirer de
nouvelles populations, des jeunes surtout, prêts à investir dans la création d’activités. Cela peut contribuer à développer
l’attractivité et à la revitalisation des bourgs.
Corinne :
Merci, effectivement je sais que sur Villefranche-sur-Saône La Cordée n'a pas pu réussir son implantation.
Aravis – Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes :
OK Corinne, on laisse des gens de la Cordée répondre si certains sont en ligne...
Marie :
Pourquoi votre réseau s’intéresse-t-il aux tiers-lieux ? D’habitude vous accompagnez plutôt les entreprises, non ?
Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes :
Nous accompagnons les entreprises sur des questions d’amélioration des conditions de travail et pour bien le faire, nous nous
intéressons aux évolutions des modes de travail.
Au moment où les modèles d’organisation dans les entreprises posent question (pas assez d’autonomie, difficulté à concilier les
temps, fonctionnement trop pyramidal…), les tiers-lieux sont intéressants car ils semblent proposer des formes alternatives. Ils
peuvent dans ce cadre peut-être aider à renouveler les approches de travail collaboratif, d’innovation, de développement
économique et de la qualité de vie au travail.
*Membres du réseau Anact-Aract pour l’amélioration des conditions de travail, Aravis et l’Aract Auvergne s’unissent
pour adapter leur action à la nouvelle Région. Cette signature est provisoire.
Caroline G :
Bonjour, où puis je trouver des infos (article, livre, enquête) sur les tiers-lieux ? C'est une notion nouvelle pour moi, je
travaille beaucoup avec des sites étrangers en conf-call et visio mais je ne connais pas encore la notion de tiers-lieux.
Merci ;-)
Aravis – Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes :
Bonjour, on vous renvoie au manifeste des tiers-lieux que vous trouverez en ligne. Vous trouverez également des infos sur le site
d'Orange Labs des contributions de chercheurs.
Les tiers-lieux constituent des espaces de vie de travail, à mi chemin entre l’entreprise et la maison et qu’ils visent à favoriser les
interactions entre les usagers aux compétences variées.
Ceci étant, ce n’est pas facile de s’y retrouver car les modèles de tiers-lieux sont très variés : espaces de coworking (espaces
collaboratifs de travail), Fablabs (ateliers collaboratifs avec mise en commun de technologies et d’équipements), hackerspaces
(laboratoires communautaires ouverts), télécentres et autres modèles encore.
En termes de structures, on trouve des associations, des entreprises avec des modèles économiques différents.
Certains tiers-lieux se destinent essentiellement aux travailleurs (salariés, indépendants) tandis que d’autres veulent accueillir à la
fois des travailleurs et des citoyens.
Donc, les modèles sont très variés et peut-être est-ce la richesse des tiers lieux.
Martine :
Bonjour Caroline, je fais actuellement des recherches sur l'innovation ouverte et m'intéresse de près aux tiers-lieux. Vous pouvez
trouver mon profil et une idée de mon travail sur le site d'AMNYOS, le cabinet dans lequel je développe ma thèse. Je fais
également partie d'un réseau de chercheurs qui s'intéresse spécifiquement aux nouveaux espaces collaboratifs que sont les tierslieux : le réseau RGCS (Research Group of Collaborative Spaces). Des acteurs des tiers-lieux ont également produits de
nombreux supports utiles : le MOVILAB par exemple.
Carole :
Bonjour, les synergies existent-elles autant dans les tiers lieux aux « usagers généralistes » (tous secteurs d'activités)
où dans les tiers lieux spécialisés par secteur d'activités ? (Ex : le numérique...)
Aravis – Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes :
Bonjour Carole, un de nos interlocuteurs nous expliquait que son premier projet de tiers-lieux n'avait pas fonctionné parce qu'il
regroupait des travailleurs avec des profils très proches, proposant les mêmes compétences. En revanche, des espaces de
coworking regroupant des profils variés sur un même secteur d'activité semble fonctionner comme l'atelier des médias à Lyon.
Si certains chefs d'entreprises pensent encore à ce jour que leur activité n’est pas propice à ce type d’organisation, certains ont
également le sentiment que ces nouveaux modes d’organisation du travail et de l’espace deviendront indispensables dans les
années à venir. Indispensables à la fois pour optimiser l’organisation du travail mais également pour répondre aux nouvelles
attentes sociétales.
MBd :
Quel lien fait-on entre « tiers-lieux » et « télétravail » ?
Aravis – Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes :
Le télétravail est une modalité du travail présente dans les tiers-lieux. Les télécentres, par exemple, qui accueillent à la fois des
salariés habitant loin de leur lieu de travail, et des indépendants font partie de la catégorie des tiers-lieux...
Dominique :
Bonjour. Tous les types de tiers lieux ne trouvent pas leur équilibre financier entre un bureau partagé et un Fablab, l'objectif n'est
pas le même. L'important est que la décision d'implanter ce tiers-lieu soit collective sur le territoire (collectivités, CCI, CMA et
entreprises). Nous sommes au début d'une nouvelle ère et de nouvelles formes de travail...
Don du Sens :
J'ai travaillé deux ans autour des nouveaux modes de travail, notamment à distance et sous l'impulsion de tiers-lieux ou d'usages
numériques. Le concept de tiers-lieux c'est l'idée de créer une communauté dynamique dont le terreau est effectivement
l'existence sur un territoire de compétences et d'initiatives qui souhaitent accélérer leur développement par une mise en synergie
et le partage de problématiques ou d'enjeux communs. Complémentaires ou pas les profils s'adaptent car la mise en réseau qui
est un des facteurs de production de l'innovation (Becker) ne suis pas de loi particulière, le réseau socio-technique se façonne
avec les acteurs, l'environnement, les institutions....
Dominique :
Je vous suggère aussi de regarder ce qui s'est fait en banlieue parisienne mais qui est tout à fait transposable en milieu rural.
Consultez le site de ICI Montreuil.
Béatrice :
Bonjour ! On pourrait aussi dire que le tchat en ligne serait un tiers-lieu, comme d'autres espaces de communication
synchrones via internet, n'est ce pas ? En tous, cas bravo pour cette idée de tchat en ligne ! Ça me donne déjà des
idées ! ;) Des entreprises pourraient ouvrir des tiers-lieux inter-entreprises et coopératifs pour faire face et répondre à
des questions nouvelles et complexes. Cela générerait de nouvelles coopérations et peut-être des relations entre ces
acteurs, en termes de partenariats... Peut être que cela existe déjà ?
Aravis – Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes :
L'idée est sympathique, mais ce tchat en ligne n'est pas vraiment un tiers-lieu car ce n'est pas un espace physique que nous
partageons, en tout cas pas encore... Pour votre deuxième remarque, on observe que certaines entreprises accueillent des
fablabs internes, favorisent les coopérations entre leurs salariés et des coworkeurs... Vous pouvez visionner notre film "tiers-lieux
et entreprises" n°2.
Certains acteurs d’entreprises se rapprochent des modèles des tiers lieux car ils ont le sentiment que ces nouveaux modes
d’organisation du travail et de l’espace qui y sont présents sont sources d’inspiration pour les années à venirà la fois pour
optimiser l’organisation du travail mais également pour répondre aux nouvelles attentes sociétales.
Don du Sens :
A l'attention de Marie.
On peut aisément imaginer face à une nouvelle étape de la division du travail qui encourage l'entrepreneuriat sous
diverses formes, que les entreprises privées (peut-être d'une certaine taille et encore…) proposent elles aussi des
espaces partagés proches du concept de tiers-lieux afin de gérer au mieux les externalités croissantes de l'entreprise
augmentée, qui passe autant par des réseaux collectifs que des relations individuelles des acteurs.
Sandrine :
Les entreprises sont-elles prêtes à répondre aux demandes de télétravail de leurs salariés en leur offrant un accès à un
espace de travail proche de chez eux ? (Objectif : réduction des temps de trajet, meilleure conciliation des temps de vie)
Aravis – Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes :
Bonjour Sandrine, les entreprises font parfois preuve de méfiance vis-à-vis du télétravail à la maison en général ou dans des tierslieux (peur des effets sur la management, peur concernant la confidentialité des données...).
Nos interlocuteurs observent cependant des demandes croissantes d'entreprises en ce sens. La Cordée par exemple nous
indiquait que 20 % de leurs usagers étaient désormais des salariés d'entreprises.
Concernant le télétravail, les acteurs ont maintenant un peu d’expérience sur le sujet et on peut se baser sur des bonnes pratiques
concernant les RH, la concertation avec les instances représentatives et les salariés, les évolutions du management.
Marion :
Bonjour, est-ce que vous pouvez nous donner une définition de ce qu'est le coworking? Les fablabs? Quelles conditions
en amont devons-nous réunir pour leur donner vie?
Aravis – Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes :
Marion, désolée d'avoir tardé à vous répondre... Quelques éléments de réponses dans le message posté plus haut (cf réponse à
Caroline).
Dominique :
Attendons nous aussi à voir évoluer la notion de fablabs, le prix des machines et leur facilité d'utilisation vont voir modifier le
comportement des utilisateurs… Les imprimantes 3D vont conquérir le marché Familles et Entreprises
Les textes de certaines conventions ne parlent pas forcément de la possibilité de faire du télétravail autrement qu'à domicile ou sur
le lieu du travail…
Je pense qu'il y aurait intérêt à avoir une forme de labellisation de ces tiers-lieux, ne serait ce que pour « rassurer » l'entreprise.
Aravis – Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes :
Pour votre dernier point, nous vous renvoyons au manifeste des tiers lieux sur movilab.org qui propose une définition commune,
des critères (dans une logique de tiers lieux ouverts à tous, producteurs de valeur ajoutée open source…)
Alexandre :
Les tiers-lieux ne risquent-ils pas d'être des centres de R&D pas bon marché pour les entreprises déjà installées?
Aravis – Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes :
Bonjour Alexandre, certaines entreprises proposent à leurs équipes R&D ou plus largement à leurs cadres, des séminaires de
travail dans le but de stimuler la créativité, l'innovation...
Ce que nous disent les acteurs des tiers-lieux qui les accueillent, c'est que ces séminaires sont parfois de bonnes occasions pour
les entreprises de s'interroger sur leur organisation interne dans le but de l'améliorer (et parfois juste une occasion d’externaliser
l’équipe quelques jours).
Il nous semble important que ces séminaires de créativité dans les tiers-lieux soient repris dans le contexte de l'entreprise et
animé par le management.
Du coup, nous vous conseillons de visionner la vidéo 2 sur ce sujet.
Carole :
Quels sont les principaux facteurs clés de succès des espaces de coworking ?
Aravis – Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes :
Il semble que le dynamisme et les compétences de la communauté qui veut créer le tiers-lieu est fondamental.
Comptent aussi beaucoup la qualité de l'animation et le soutien apporté à l'entraide et aux coopérations. En lien avec ce sujet,
vous pouvez visionner le film n°1.
Caroline G
Re-bonjour, 2 questions, 1 remarque :
1/ Question - A-t-on des statistiques sur l'utilisation des tiers lieux : PME, grand groupes, personnes indépendantes...
2/ Réflexion-remarque - Je vois un lien avec les initiatives d'innovation-génération d'idées de business (Waoup...) donc
plus PME-TPE, mais je vois un gros intérêts pour les entreprise plus grosses, d'ailleurs je crois que nous avons des
initiatives de fablab dans mon entreprise, c'est peut être 1 demi chemin 1 demie mesure.
3/ Question - Comment se situe la France sur ces organisations nouvelles de tiers lieux ? (NB : comparé à la Suède nous
semblons très en retard sur le home office en tout cas sur ce que je vois dans mon entreprise, il semblerait qu'il y ait des
questions de législation derrière ce « retard ». En est-il de même sur les tiers lieux?)
Aravis – Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes :
Les statistiques que nous avons trouvées remontent à 2015 et les choses bougent très vite, donc ne sont sans doute plus
représentatives. SI d’autres internautes ont des études à faire connaître, qu’ils n’hésiten pas.
Il y a effectivement des liens à faire entre tiers-lieux et soutien à la créativité, l'innovation ce qui suscite d'ailleurs l'intérêt de
certaines entreprises pour ces modèles, dont elles tirent des enseignements internes.
Pas d'info sur la France de notre côté, en revanche, un intérêt marqué des collectivités pour ces structures comme facteur
d’attractivité territoriale notamment. (voir film 3).
Dominique :
Pour vote information, la SNCF vient de lancer un projet Open Gare sur la nouvelle région Aquitaine sur 34 gares. Après
15 jours de mise en ligne, plus de 4000 pages vues et une quarantaine de demandes.
Il devrait y avoir le même appel à projets en Auvergne-Rhône-Alpes Auvergne après les congés d'été.
.
Corinne :
Ce qui m'intéresserait aussi de savoir c'est quelle amélioration sur le sujet des RPS, les tiers-lieux pourraient apportés aux
salariés.
Aravis – Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes :
On remarque dans les tiers-lieux des dimensions favorables à la qualité de vie au travail : la possibilité de ne pas être isolé,
l'autonomie, la possibilité de mieux concilier vie professionnelle-vie privée, les marges de manœuvre décisionnelles pour organiser
son travail.
Cependant il y a aussi des points de vigilance : la surcharge de travail, le surinvestissement, la qualité du projet que porte le
travailleur, les moyens dont il dispose pour le mener à bien et la qualité des emplois créés. Car rappelons que pour l'instant, une
partie importante des emplois créés représente des emplois free-lance.
Viviane :
Bonjour. Je travaille au Pôle Numérique à Valence, qui a monté un réseau « Cédille », qui regroupe 10 structures
comportant des espaces de coworking, des EPN (espaces publics numériques), des MSAP (maisons de service public)
ou encore un fablab (à Crest). Nous essayons de valoriser ce réseau et la complémentarité de nos compétences et de
nos services. Le télétravail fait partie aussi de nos préoccupations. Mais je trouve beaucoup de témoignages sur la
frilosité des entreprises françaises à laisser leurs salariés télétravailler. Il y a encore du chemin à faire.
Si elles sont méfiantes vis à vis du télétravail à la maison, les entreprises le sont apparemment moins quand le travail se
fait en tiers-lieux. C'est une raison de plus de voir leur développement se faire progressivement. Qu'en pensez-vous?
Aravis – Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes :
La frilosité des entreprises vis-à-vis des tiers lieux semble évoluer doucement et effectivement apparemment les tiers lieux ont tiré
les leçons des problèmes qu’ont rencontrés les télécentres il y a quelques années pour attirer les entreprises. On connaît mieux
maintenant les impacts à anticiper sur les modes de management, l'animation des collectivités de travail.
Henri :
D'abord bravo pour cette initiative de tchat en ligne de la part d'Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes, ce qui est déjà une
première entrée de sa part dans l'ère collaborative.
Sur le fond, comme économiste, je pense en effet que ces tiers-lieux sont importants à observer comme l'une des
nouvelles formes importantes d'activité et de travail qui se développent à l'heure du numérique et qu'ils sont
particulièrement importants parce que justement ils concrétisent la nécessaire jonction qui doit se faire entre présentiel
et distanciel, individuel et collectif, dans la plus grande horizontalité possible au moins au départ entre acteurs de
milieux ou rôles professionnels différents.
Pourtant, il est nécessaire comme pour toutes ces nouvelles formes qui participent à l'économie collaborative de bien
comprendre qu'elles n'abolissent pas les différences existantes entre les diverses formes d'économie, pour faire simple :
privée, publique, sociale et solidaire.
C'est toute la question du ou plutôt des « modèle(s) d'affaires (business model) » de ces tiers-lieux qui est posée. Le fait
que des grandes entreprises en développent de plus en plus en interne est aussi le signe de la nécessité de ces
nouvelles formes de travail, même si l'articulation avec les formes classiques qui demeurent au sein de ces grandes
entreprises pose par ailleurs une question spécifique.
Cette question de la typologie de ces lieux en tant que formes d'organisation est importante pour un organisme comme
Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes, car du même coup les modalités du travail des acteurs qui y interviennent à un titre
ou un autre en dépend.
Aravis – Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes :
Merci Henri pour votre message, nous vous renvoyons également à notre guide sur les formes d'emploi et de travail atypiques qui
pose effectivement des questions sur les évolutions du management et des coopérations, face à des équipes dont la composition
est variable.
Pascal :
Je rebondis sur la définition du télétravail et des tiers-lieux. Pour moi, un télécentre n'est pas un tiers-lieu car il vise
principalement à proposer un « service d'hébergement » à des télétravailleurs. C'est juste un espace de coworking.
Dans un tiers-lieu, il y a une approche communautaire, pour que le lieu propose justement autre chose qu'un simple
espace de bureau.
Aravis – Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes 2 :
Merci Pascal pour votre remarque. Nous partageons également ce constat ; la dimension collaborative est le pilier majeur des
espaces de coworking, ce qui n'est par forcément le cas des télécentres :-)
Il semble justement que l'offre de services des télécentres ou de certains d'entre eux évolue au-delà de la simple mise à
disposition de connexion et de bureaux vers des lieux animés pour tendre vers des dimensions collaborative.
Don du Sens :
Les manageurs français sont parmi ceux qui travaillent le plus mais qui consacrent le moins de temps aux relations avec
leurs équipes et leurs subordonnés, l'encadrement intermédiaire s'en sort un peu mieux... Cela vient du fait que le
parcours de formation initiale est très pauvre pour traiter cette dimension. Le management 2.0 (à distance) est une
nouvelle épreuve car beaucoup de cadres ne sont pas formés non plus dans ce domaine encore pour une large part mal
connu.
Aravis – Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes :
Merci. De fait, : les temps de reporting pour les manageurs ont augmenté aux dépens des temps consacrés à l'encadrement de
proximité. Les transformations numériques offrent de nouveaux enjeux en termes de management mais aussi peut-être de
nouvelles opportunités : Comment favoriser les discussions entre manageurs et équipes concernant les questions du travail à
l'ère du numérique ?
Le réseau Anact-Aract est de plus en plus impliqué au côté d'autres partenaires pour intervenir dans les formations initiales et
continues des futurs manageurs qu'ils soient issus des écoles de commerce / management ou des écoles d'ingénieurs. Des
modules de formation sont dédiés aujourd'hui au management du travail.
Don du Sens :
A l'attention d'Henri. Ces nouvelles formes de travail n’abolissent certes pas les diverses formes d'économies mais elles
les questionnent fortement et à termes vont les impacter notamment dans la recherche de solutions répondant aux
besoins émergents dus aux mutations sociétales et aux changements d'échelle. Ces solutions seront d'autant plus
ajustées et pertinentes qu'elles seront élaborées dans un contexte de fertilisation croisée des acteurs ou l'entreprise,
classique, publique ou de l'ESS ont beaucoup à apprendre et à se reconnaitre les unes avec les autres. C'est un enjeu
encore sous estimé me semble-t-il des politiques publiques, de la R&D privée et de l'utilité sociale. Qu'en pensez vous ?
Henri :
D'accord avec l'idée de « fertilisation croisée » et d'« économie plurielle ». Il restera à débattre et construire la part de
chacune de ces formes d'économie dans l'ensemble, pour que cela ne soit pas du genre « pâté d'alouette » (= un cheval
+ une alouette).
Corinne :
Avez-vous des documents sur « les impacts à anticiper sur les modes de management » ?
Aravis – Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes :
Bonjour, je vous conseille de consultez le document « 10 questions sur le management du travail » et donc notre guide « formes
emploi et travail atypiques ».
Jpm :
Le télétravail participe d'une nécessaire modification des perceptions des modes de travail. Baron Xavier parle
d'absentéisme moral.
Pascal (consultant RH) :
Les tiers-lieux sont des espaces qui reposent sur le travail dans un milieu ouvert (openspace), et rencontrent un franc
succès alors que le concept a du mal à prendre dans les entreprises classiques. J'ai l'expérience d'une structure avec
des bureaux fermés de 2 à 4 personnes par bureau, qui sont très réfractaires à un passage en openspace (même de
dimension réduite). Avez-vous des explications à cette dichotomie ?
Aravis – Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes :
La configuration d'un espace de travail est effectivement souvent imposée aux salariés et non instruite en amont avec l'ensemble
des utilisateurs du lieu. Dans les lieux de coworking, les gens choisissent de partager un lieu (soit un même espace, soit des
espaces privatifs) ça fait une première différence .Ce que l'on constate en outre dans les tiers-lieux, c'est que l'ensemble des
utilisateurs contribuent à aménager leurs espaces de travail et ce, suivant leur activité de travail (openspace, bureaux partagés,
bureau individuel...). La flexibilité de pouvoir changer son espace de travail semble être ainsi un atout pour les utilisateurs de tierslieux. Le constat peut être différent dans les entreprises classiques...
Nelle :
Bonjour, je m'occupe de l'accompagnement à la création. Je me rends compte qu'il existe un fossé entre les nouveaux
créateurs, souvent auto-entrepreneurs, et les espaces de coworking. Ceux-ci semblent souvent déconnectés du territoire
et des préoccupations des entrepreneurs.
Il semble que les tiers existent d'un coté... Et les entrepreneurs de l'autre... L'idée de la communauté n'existe pas.
Avez-vous des expériences qui montreraient la passerelle qui peut s'établir entre l'espace physique et les coworkeurs ?
Aravis – Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes :
Bonjour Nelle, vous voulez dire des passerelles entre les espaces physiques d'accompagnement à la création et les lieux de
coworking ? Nous avons visité des espaces de coworking qui proposaient des rencontres (réseautage), ateliers et
accompagnements à la création d'entreprises pour leurs adhérents afin qu'ils ne restent pas dans des statuts précaires. En
revanche, pas d'exemple de collaborations entre les structures accompagnant les PME et ces espaces à vous citer. Peut-être des
internautes en auraient-ils ?
Jpm :
Il y a un concept central me semble t-il à intégrer dans les réflexions. C'est celui de la confiance dans le rapport à
distance (dans le cas contraire cela devient un rapport distant). Richard Sennet dans « Le travail sans qualité » parle
des expériences des grandes entreprises américaines qui en parallèle ont développé le travail à distance ET les
méthodes de contrôle de salariés. Le télétravail c'est savoir intégrer le management du care.
Aravis – Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes :
... et le management du travail !
Cathy :
Bonjour, je suis assez intéressée par le sujet, mais les lieux de coworking n'ont-ils pas tendance à cibler une population
homogène (les jeunes ou des "geeks" indépendants) ?
Aravis – Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes :
L’objectif affiché par de nombreux tiers-lieux est de pouvoir faire collaborer des personnes aux profils différents (expérience,
statuts…). Ceci étant, on retrouve effectivement dans certains espaces de coworking, des profils très proches vous avez raison..
Corinne :
Pour compléter le point de Cathy : Pôle Emploi est il impliqué dans des lieux de coworking ?
Aravis – Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes :
Pas de réponse de notre côté...
Don du Sens :
L'idée de communauté ne doit pas abolir « l'ouverture » qui est dans l'ADN des tiers lieux surtout lorsque les profils
d'acteurs sont variés. Si c'est le cas c'est un raté qui risque de condamner à terme l'initiative qui se doit d'être en relation,
faire écho, participer à la dynamique territoriale surtout en milieu semi-urbain ou rural. Les animations prévues dans les
tiers-lieux comme La Cordée ou Cowork à Grenoble, la Mutinerie à Paris, sont le reflet de cette ouverture avec
l'écosystème environnant.
Cathy :
Voyez-vous un lien entre l'intérêt croissant pour les entreprises libérées et les tiers-lieux?
Aravis – Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes :
Ce que recherchent généralement les usagers de tiers-lieux, c’est l’autonomie, l’auto-responsabilisation, la suppression d’un
modèle pyramidal, la flexibilité des temps de travail et des espaces de travail, la volonté de polyvalence. On retrouve ces mêmes
dimensions mises en avant dans le modèle de l’entreprise libérée. Dans les entreprises libérées et les tiers-lieux, il y a le souci de
donner plus de marges de manœuvre aux salariés et d’élargir le spectre des décisions qu’ils peuvent prendre dans leur travail face
aux événements et aux difficultés.
Avec des points de vigilance dans les deux cas s’il s?agit de mettre les personnes en situation de s’auto-organiser sans préciser
les règles ou sans qu’ils en aient les moyens, des risques de surengagement...
Marie :
Qu’est-ce que les entreprises viennent chercher dans un tiers-lieux, comment pouvez-vous nous aider à développer cette
culture collaborative dans notre entreprise ?
Aravis – Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes :
Merci pour la question Marie. Certaines entreprises se penchent de plus en plus sur ces tiers-lieux car elles peuvent venir y
chercher 2 dimensions :
•
Des enseignements sur les modes de coopération entre les individus : pour (re)créer des espaces de discussion dans les
entreprises, pour faire travailler ensemble des individus d’un service différent, pour se questionner sur les raisons qui font que
la création d’un simple openspace dans une entreprise ne permet pas à lui seul de faire coopérer les gens.
•
La recherche de créativité des individus et d’innovation dans certains projets (émulation collective pour trouver des idées
originales).
Pour vous aider à mettre en œuvre des modalités de travail favorables aux coopérations, je vous renvoie sur un guide
(décidément, je fais beaucoup d'autopromotion) sur le sujet disponible dans la docuthèque sur notre site « Histoires de coopérer »
dans lesquels sont illustrés différents leviers de coopération dans les entreprises classiques .
Cathy :
Est-ce que les coworkers sont plus "heureux" au travail que les autres?
Aravis – Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes :
Eh, eh, bonne question !
Nous avons rencontré pendant le tournage des usagers de tiers-lieux très motivés et désireux de vanter la convivialité et le
collectif lié au modèle. Mais d'autres ne restent pas dans le tiers-lieu : cela ne correspond pas à tout le monde...
Ils n'ont pas trouvé dans le tiers-lieu les ressources pour sécuriser ou développer leurs projets.
Carole :
Pensez-vous que ces nouvelles formes de travail, davantage nomades et l’émergence des tiers-lieux qui en découle sont
un effet de mode ou une réponse à un changement du monde socio-économique ? Y a-t-il un lien avec la notion de
« bien-être » au travail et d’amélioration de la performance/productivité ?
Aravis – Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes :
Il serait intéressant de pouvoir mesurer dans le temps et avec l'évolution à la fois des générations et des contenus de travail, cette
question de convivialité et de « bien –être » au travail chez les usagers des tiers-lieux !
Le développement massif et rapide des tiers-lieux peut répondre à des besoins chez les travailleurs indépendants, les salariés et
les entreprises elles-mêmes. Nous pensons qu’ils peuvent contribuer à la réflexion et à l’action en faveur de l’amélioration des
conditions de travail. Néanmoins, il est important de regarder de près ces promesses car nous observons des fonctionnements
divers et parfois très ambivalents.
Baptiste :
Et le dialogue social dans tout ça ?
Aravis – Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes :
Il y a souvent des discussion collectives dans les tiers-lieux associant les utilisateurs, animateurs, gérants sur l’organisation du
travail, les horaires, le partage des tâches mais pas de dialogue social institué dans les cadres de tiers-lieux eux-mêmes, ni de
syndicats de coworkeurs ou makeurs - à notre connaissance en tout cas - ce qui s’explique puisque les gérants ne sont pas
employeurs !
Les questions de la protection sociale, de sécurisation des parcours professionnels, de gouvernance sont cependant des
questions émergentes dans certains tiers-lieux. On peut imaginer qu’elles prennent de l’importance dans l’avenir et qu’elles
associent les partenaires sociaux. Donc sujet à suivre, on est preneur de vos réflexions ou exemples.
Henri :
Une question importante avant la clôture de ce tchat intéressant à maints égards : quel traitement va en être fait par
Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes ?
Aravis – Aravis-Aract Auvergne-Rhône-Alpes :
Ce tchat en ligne nous est très utile (et nous vous remercions au passage de votre participation :-) ) car il alimente une étude interrégionale que nous réalisons sur les modes de collaboration dans les tiers-lieux. L'idée est de voir dans quelle mesure les
entreprises peuvent-elles se nourrir des modes de collaboration qui naissent dans ces tiers-lieux.
Une présentation de cette étude (avec quelques premiers résultats) sera faite à l'occasion de l'évènement Ruralitic en septembre
prochain dans le Cantal. Nous vous tenons informées.
Corinne :
Merci pour ce tchat très riche d'infos et de partage.
Bonne journée à toutes & à tous
Corinne (secrétaire CHSCT)