La vente de drogues sur internet, une réalité

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La vente de drogues sur internet, une réalité
La vente de drogues sur internet, une réalité
ÉRIC GOURDE
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DROGUES. L’avènement d’internet a radicalement changé le quotidien des gens. Si pour plusieurs le
web a offert de nouvelles possibilités positives, certains s’en servent malheureusement à mauvais
escient.
Un nouveau phénomène a récemment fait son apparition, l’achat de drogues via internet. Janice, âgée de 18
ans, a acheté de l’huile de cannabis à quelques reprises via internet pour sa consommation personnelle. «Ça
coûtait beaucoup moins cher et c’était livré en bonne quantité. La qualité était vraiment supérieure à ce que
l’on retrouve ici.» Cette dernière avait obtenu l’adresse URL d’un fournisseur en Californie par l’entremise
d’une amie. Elle avoue que si la démarche était simple, elle amenait inévitablement une certaine anxiété.
«C’est stressant, car tu ne sais pas si le paquet sera intercepté aux douanes et si le colis sera par la suite suivi
par les policiers. Le coût et la qualité en valaient le risque», raconte Janice qui a toutefois choisi depuis de
régler ses problèmes de consommation. Patrick, 33 ans, a côtoyé une personne qui utilisait le web pour
écouler sa marchandise. «Mon ami en vendait en ligne et de bonnes quantités. Il travaillait de la ColombieBritannique et sa façon de faire était de se procurer des enveloppes prépayées pour faire ses envois. Un sur
dix ne se rendait pas à destination. Il s’est tout de même fait prendre et est en prison aujourd’hui», raconte-t-il.
Patrick a lui aussi a choisi le chemin inverse, soit de mettre un terme à sa consommation.
PLUS DE FEMMES
Le fait de pouvoir se procurer différentes substances aussi facilement sur le web préoccupe grandement le
centre de réadaptation en toxicomanie Portage, de Saint-Malachie dans Bellechasse. Un survol général de ses
résidents a permis de constater que 30 % d’entre eux avaient déjà utilisé Internet pour se procurer des
drogues. Chez les femmes, ce nombre augmente à 52 %. La démarche, étant anonyme, les sécuriserait selon
Seychelle Harding, porte-parole de Portage. «Avec cette nouvelle facilité à se procurer des drogues via le web,
nous craignons que de nouvelles dépendances ne se créent.» C’est possiblement plus facile pour les adultes
d’utiliser cette méthode selon Mme Harding. «Peut-être est-ce plus facile pour eux de se procurer une carte de
crédit ou une carte prépayée. Les parents d’adolescents devraient toutefois être vigilants puisque ces
nouvelles tendances se développent rapidement. En 2000, 1,2 % des gens s’étaient procuré des drogues en
ligne contre 25,3 % en 2014».
UNE SURVEILLANCE ACCRUE NÉCESSAIRE
Des moteurs de recherche servent la cause des revendeurs de drogues sur internet. «En allant sur ce que l’on
appelle le «dark web», il est possible de se protéger en utilisant un logiciel qui camoufle leur identité et leur
localisation. Changer d’ordinateur régulièrement est aussi une façon de se dissimuler pour certains», raconte
Patrick. Ce dernier s’est éloigné des valeurs de la drogue il y a deux ans et émet certaines mises en garde sur
l’utilisation faite par certaines personnes d’internet. «J’ai vu beaucoup de choses en naviguant sur le «dark
web», vente de pornographie, trafic d’enfants et vente d’armes. C’est une chose que les autorités devront
regarder, car il y a beaucoup d’affaires illégales là-dessus.»
À la Sûreté du Québec, on précise que l’achat de drogues, que ce soit à la maison, dans la rue et même sur
internet est illégal. «C’est quelque chose de nouveau et c’est très difficile pour les gens de Postes Canada, par
exemple, de repérer les envois suspects, mais nous travaillons avec eux ainsi qu’avec l’Agence des services
frontaliers pour bonifier nos méthodes», laisse entendre Hélène Nepton, porte-parole du corps policier qui
ajoute que la surveillance sur le web fait aussi partie des activités des autorités de plus en plus.

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