Les nouveaux musées parient sur l`avenir

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Les nouveaux musées parient sur l`avenir
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samedi 22 - dimanche 23 octobre 2016 LE FIGARO
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L'EVENEMENT
Les nouveaux musées
parient sur l'avenir
De Colmar à Bayonne, les villes valorisent leur patrimoine culturel
sans lésiner sur les moyens. D'ici à 2019, plus de quinze établissements ouvriront.
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Perspective sur la salle de lecture
du couvent des Dominicains,
qui sera ouvert au public fin 2019,
à Colmar.
BUREAU MANCIULESCU ACMH &
ASSOCIÈS/ AMELLER & DUBOIS
LÉNALUTAUD
ENVOYÉE SPECIALE À COLMAR
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d.1--.....,. e nez en l'air, des flots de
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touristes admirent les maisons à colombages. Personne ne s'arrête devant les
lourdes portes du numéro W1 de la p lace
des Martyrs- de-la-Résistance. «Nous
sommes le secret le mieux gardé de Colmar», s'amuse Rémy Casin, conservatew: en chef de la biblfothèque des Dominicains. Quelques mètres dans , la
pénombre, -encore un porch e et, derrière
d'épaisses lianes de vigne vierge, apparaît
un cloître moyenâgeux avec son jardin
fleuri et ses voûtes gothiques surmontées
de fresques. Le calme règne. Plus pour
longtemps. Dans les étages exigus, quinze
relieurs et bibliothécaires perch és sur des
escabeaux font face à W1 chantier titanesque: 10,5 kilomètres de linéaires à dépoussiérer à la main, nn demi-million de
documents à déménager. Près d e
30 000 manuscrits carolingiens et incunables à la valeur inestimable attendent
leur tour. « Le couvent rouvrira fin 2019
pour devenir 1'un des plus beaux centres de
livres anciens d'Europe», promet Rémy
Casin. Bien décidé à attirer des milliers de
visiteurs, il imagine des lnnettes virtuelles grâce auxquelles « le public sera projeté
dans les bruits et les odeurs du XVI• siècle,
aux côtés d'un moine dans un atelier
d'imprimerie».
Installés face au nouveau musée Unterlinden - dont le retable d'Issenheim
sert de pôle d'attraction-, les «Dominicains» coûteront 14,5 nùllions d'euros
aux contribuables. «Avec Unterlinden et
la rénovation prochaine du Musée d'histoire naturelle, notre investissement dépasse
les 56 millions d'euros», explique René
Frieh, adtoint à la culture à la mairie de
Colmar. A 25 kilomètres, Sélestat rêve
aussi de flots de touristes grâce à sa collection de livres anciens inscrite au registre de la mémoire du monde de !'Unesco.
« Dix pour cent des 600 000 v isiteurs annuels du chdteau du Haut-Kœnigsbourg,
juste à côté, et nous serons ravis!» confesse Stéphane Machi, directeur du cabinet
du maire. Amén agemen ts ext érieurs,
circulation ... cette ville de 20000 habitants s'offre pour juin 2018 une refont e
complète construite autour d'une Bibliothèque humaniste signée Rudy Ricciotti.
Si cet architecte star réussit à Sélest at ce
qu'il a fait à Marseille avec le MuCEM, ce
sera un jackpot en term es de visibilité
internationale.
D'ici à 2019, plus de quinze musées
vont ouvrir en France. Le 7 novembre
prochain, la ministre de la Culture,
Audrey Azoulay, est attendue à Saint-
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Rémy-lès-Chevreuse dans la «MaisonMusée» Raymond-Devos. De m ême, et
malgré la concurrence des boutiquesmusées Fragonard autour de l'Opéra
Garnier, un grand Musée du parfum
ouvrira ses portes près de la Madeleine le
16 décembre. « La scénographie interactive et sensorielle va surprendre», promet
son président, Guillaume de Maussion,
qui table sur une fréquentation de
" Notre investissement
dépasse les 56 millions
d'euros"
RENÉ FRIEH, ADJOINT À LA CUL TURE À COLMAR
300 000 visiteurs par an. À Strasbourg, le
Parlementarium permettra d e s'initier à
la politique dès juillet 2017. À Caen, le
Fonds régional d'art contemporain (Frac}
Normandie a quant à lui obtenu 9 millions
d'euros pour emménager fin 2017 dans
l'ancien couvent des Visitandines. « Une
façon de montrer plus régulièrement une
collection jusque-là éclatée entre plusieurs
lieux», se réjouit la directrice, Sylvie
Frou. L'occasion aussi pour la ville de ne
plus se limiter au « tourisme de guerre>>.
Plus au sud, Bayonne ne sera b ientôt
plus le parent pauvre de Biarritz. « Grdce
à 17 millions d 'euros investis dans le nou-
veau Musée Bonnat-Helleu et sa collection
de Léonard de Vinci, Raphaël, Michel-Ange et Rubens, nous espérons séduire plus de
70 000 visiteurs par an, contre
25000 autrefois», explique la conservatrice en chef, Sophle Harent.
À l'heure où l'État n'a p lus de grand
projet de musée, les collectivités locales
et les mécènes veulent encore y croue.
Conscient qu'il ne s'agit pas de dilapider
l'argent public, chaque « petit nouveau»
espère avoir tr_o uvé «la» formule pour
attirer les visit eurs, les mécènes et les entreprises susceptibles de louer les espaces
pour des soirées privées.
Érigé au cœur du bocage de !'Avesnois,
entre Maubeuge et la frontière belge, le
MusVerre est le projet le plus osé. Il a coûté 15 millions d'euros. Dans ce département du Nord où 150000 personnes sont
au RSA, le MusVerre est censé faire venir
Belges, Luxembomgeois et amateurs de
verre contemporain que sont les Scandinaves et les Américains. Le lieu a la même
vocation sociale que le Louvre-Lens:
« Faire sortir les habitants de chez eux et
redonner confiunce aux jeunes à l'aide
d'ateliers», détaille la directrice Aude
Cordonnier. L'autre am bition de ce nouveau lieu PSt de transformer l 'Avesnois en
destination touristique en jouant sur la
campagne et sur le triptyque MusVerreMusée Matisse-Forum antique de Bavay.
À Pon t-Aven, Bayonne, Caen et Colmar, déjà très prisées, l'objectif est différent. « Le musée est un moteur touristique», résume Estelle Guille des ButtesFresneau , conservatrice en chef du Musée
de Pont-Aven. Inauguré en mars 2016, ce
site est à ce jour nne réussite exemplaire.
Lui qui visait 100 000 visiteurs la première année les a atteints en six mois. Laboutique, conçue selon les conseils des.spécialistes Joël Cam et Joëlle Marty, est prise
d'assaut. « Le placement des références au
bon endroit nous a évité bien des erreurs et,
au lieu de jouer sur la carte faci1e des produits dérivés de Gauguin, nous avons misé
sur l'un de ses amis: Filiger, un artiste protégé du comte de La Rochefoucauld.», détaille la conservatrice.
Hors saison, quand la plupart des.commerces de Pont-Aven baissent le rideau,
elle compte sur des conférences. Pour
2017, elle enten d à nouveau créer l'événement avec une synthèse de la création
en Bretagne de 1870 à 1940. Une exposition scindée en deux volets don t la
conception est confiée à Loretta Gaïtis,
nne star de la scénographie. Reste à
convaincre les h ôteliers de suivre. À
Pont-Aven ou Sélestat, sans parler de
l'Avesnois, l' accueil de groupes en quête
d 'nn grand nombre de chambres ou de
particuliers avides d 'adresses de charme
est sérieusemen t à la traîne.•
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SÉLESTAT
Pour la Bibliothèque
humaniste, l'architecte Rudy
Ricclotti a Imaginé évider
une halle aux blés
d'architecture néoromane
avec ses 16 m de hauteur.
COLMAR
Manclulescu ACMH
& Associés a rendu le cloître,
caché depuis le x111e siècle,
visible depuis le parvis. La
nouvelle entrée du couvent
des Dominicains fera face à
celle du nouvel Unterllnden.
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BAYONNE
Pour doubler la surface
du Musée Bonnat- Helleu,
les architectes de Brochet
Lajus Pueyo annexent l'école
primaire voisine.
CAEN
Pour repenser le Frac
Normandie, Gérard Le Goff,
architecte chez Rudy Ricciotti,
a imaginé un lieu ouvert sur
la ville où les salles d'exposition
seront baignées de lumière
grâce à de larges baies vitrées.
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«Annus horribilis » pour les sites les plus touristiques
CLAIRE BOMMELAER I mmelaer(;i)leflgllro.fr
Les mauvais chiffres sont tombés comme
à Gravelotte. Moins 15 % de visiteurs au
château de Versailles en 2016, moins 15 %
au Musée du Louvre, moins 7% au château de Fontainebleau... L'année qui
vient de passer est nne annus horribilis
pour les grands monumen ts culturels
français, notammen t ceux situés en Îlede-France. Ce sont eux qui tirent la locomotive du tourisme, pu isqu'une dizaine
d'entre eux attire plus de la moitié des
visiteurs.
Inutile d e chercher bien loin les raisons premières de cette descen te aux enfers. La chute globale du nombre d e visiteurs en France avoisine les 10 % , les
attentats ayant fait fuir les étrangers. Not amment les Japonais et les Américains,
premiers aficionados de la culture française. Or, le Mont-Saint-Michel, le Lou vre ou le Musée d'Orsay reçoiven t nettement plus de touristes étrangers que de
Français (jusqu'à 75 %).
Paradoxalement et dans un premier
temps, la diminution du nombre de visiteurs peut avoir nn effet positif dans les
salles : « Nous étions confrontés à un pro-
blème de surfréquentation dans la galerie
des Glaces ou à l'intérieur du chdteau, rappelle Catherine Pégard, présidente de
Versailles. De f acto, la question de savoir
s'il fallait restreindre l'accès aux salles
n'est plus d'actualité.»
Mécénat fragile
Mais qui dit baisse de la fréquentation dit
forcément baisse des recettes, y compris
d ans les boutiques. Et qui dit attentats dit
gardiens supplémentaires à l'entrée, qu'il
faut bienrémnnérer. En 2017, l'argen t va
manquer, et chacun est en train de faire
ses calculs pour savoir à quel manque à
gagner il devra faire face. « Les entrées
payantes, soit 60 % des billets, servent
pour partie à financer nos acquisitions
d'œuvres d'art, explique-t-on au Musée
du Louvre. Nous allons devoir compter
davantage sur un mécénat par essence
fragile. » Le château de Fontainebleau
pourrait renoncer à un certain nombre de
manifestations, dont les très populaires
reconstitutions hlstoriques en costumes.
Si l'État n'est pas non plus très riche, il
apparaît comme le seul à pouvoir donner
W1 coup de pouce. Le budget récemment
alloué à la ministre de la Culture va
d'ailleurs dans ce sens. En hausse signifi-
Ellen Burstyn • Julie Delpy • Danny De Vito • Greta Gerwig
DF
T.T.F.
cative (plus 5,5 % ) , il dépasse pour la première fois le seuil symbolique de 1 % du
budget de l'État pour atteindre le chiffre
symbolique de 10 milliards d 'euros.
Pour 2017, Audrey Azoulay a débloqué
9 millions d'euros de crédits pour aider à
payer les frais liés au maintien de la sécurité (équivalent de 73 emplois}. Le
gouvernement devrait enfin mener une
grande campagne de commnnication
int ernationale, à partir de janvier.
«Nous allons aller chercher les touristes
là où ils sont, indique-t - on dans l' entourage d 'Au drey Azoulay. La con.fiance doit
revenir. » •
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