La saga des ducs de Nemours Un député nommé Dupont

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La saga des ducs de Nemours Un député nommé Dupont
La saga des ducs de Nemours
Après Charles III de Navarre, premier duc de Nemours, Jacques d’Armagnac (1461), Louis
Mallet, les enfants du duc d’Armagnac, Gaston de Foix (1507), Philippe de Savoie, dont le
fils sera le héros de » La Princesse de Clèves » et Philippe d’Orléans se succéderont à la tête
du baillage de Nemours, devenu indépendant en 1514. En 1674, le château devient le lieu de
réunion des juridictions du baillage de l’Election et de l’Hôtel-de-Ville puis accueille le palais
de justice et les cachots. En 1724, le canal du Loing s’ouvre à la batellerie. La nouvelle voie
d’eau, qui emprunte parfois le lit de la rivière, permet d’acheminer vers Paris les
marchandises provenant du bassin de la Loire. C’est dans cette longue période qui précède la
Révolution que le pont sur le Loing sera emporté par une crue (1770) et que, sept ans plus
tard, les restes des seigneurs de Nemours seront transférés à l’église Saint-Jean-Baptiste. En
ce XVIIIe siècle marqué par les règnes de Louis XV et Louis XVI, Nemours devient une
importante cité administrative, siège d’une maîtrise des Eaux et Forêts et d’un grenier à sel et
de deux paroisses, Saint-Jean-Baptiste et Saint-Pierre. Deux communautés religieuses de
femmes, Notre-Dame de la Joie (de l’ordre de Cîteaux) et le Couvent de la congrégation, et
une communauté masculine, les Récollets, y sont fortement implantées. Fonctionnaires
(greffiers, huissiers..), artisans, tanneurs et vignerons constituent, avec la bourgoisie locale,
l’essentiel de la population de l’époque.
Un député nommé Dupont
La Révolution de 1789, qui fait de Saint-Pierre une commune indépendante de Nemours, puis
l’Empire, annoncent le déclin de la capitale du Gâtinais français au profit de Fontainebleau
qui devient le centre régional et administratif de la région. L’abolition des institutions
féodales donne un coup d’arrêt à l’ère des ducs et du duché et en 1790, l’Assemblée nationale
partage la France en départements. Nemours devient alors l’un des cinq districts de la jeune
Seine-et-Marne, elle-même composée de la réunion de la Brie et du Gâtinais.
En 1880, Fontainebleau devient sous-préfecture, relèguant Nemours au rang de simple cheflieu de canton. La ville ne se remettra jamais vraiment de cette » concurrence » avec la cité
impériale. La période pré-révolutionnaire met sur le devant de la scène l’un des personnages
les plus connus de l’histoire locale. Samuel Dupont, dit » Dupont de Nemours » est député
du Tiers-Etat dans la commune. Son cahier de doléances, qui contient les principales
remontrances exprimées par le baillage de Nemours, pose tous les problèmes de l’Etat
français en cette fin du XVIIe siècle. On y trouve également les idées les plus neuves des
droits et des libertés de l’Homme et du Citoyen.
Pendant la Révolution, les paysans du Gâtinais se révoltent. Ils refusent de payer le »
champart « , un impôt féodal représenté par le versement aux seigneurs d’une partie de la
récolte. Le château, acquis par le maire Hedelin, est rétrocédé à la commune en 1811. Le
prieuré, le couvent des Récollets et l’ancien Hôtel-Dieu deviennent des biens nationaux. C’est
pendant cette période que l’ingénieur Boistard construit le Grand-pont, inauguré en 1804 par
le pape Pie VII qui se rend à Paris pour le couronnement de Napoléon.
Les années noires
En 1814 les Cosaques entrent dans Nemours, mais l’événement sera effacé par le souvenir de
» l’Année terrible » de 1870 au cours de laquelle 3.000 Prussiens envahissent la ville et
incendient le quartier de la gare. Cette occupation ennemie durera quatre mois, mais quarante
ans plus tard, la première guerre mondiale épargnera la ville. Pas la seconde, au cours de
laquelle Nemours subira, comme une grande partie de la France, l’occupation allemande.
La Libération sera l’occasion, pour la commune, d’écrire, avec les alliés, quelques belles
pages d’Histoire. Le 23 août 1944, La Chapelle-la-Reine vient d’être libérée par l’armée du
général Patton après une bataille d’une rare violence. La 5e division d’infanterie américaine
fait route vers Nemours. A son arrivée, le commandant Harris C. Walker trouve quinze
bombes de 1.000 livres sous le Grand-pont que les Allemands s’apprêtaient à faire sauter.
Pendant ce temps-là, une colonne alliée fonce sur la cité par la route de Larchant, démine le
pont et fait place nette pour l’arrivée des libérateurs accueillis par une foule en liesse. Depuis
le 14 juillet 1994, un square de la ville porte le nom de le 5e D.I US en hommage aux
militaires américains.
Les Trente glorieuses
Ce n’est qu’après la seconde guerre mondiale, et une période de relative stagnation entre les
deux guerres, que Nemours connaîtra son véritable essor à la fois économique et
démographique. Le bourg rural, qui en 1946 comptait 5 418 habitants, endosse peu a peu les
habits d’une ville moyenne. En moins de trente ans, la population de Nemours va plus que
doubler pour atteindre, en 1973, le chiffre record de 11 137 habitants.
L’explosion de l’industrie verrière et l’extraordinaire développement des voies de
communication sont passés par là. Au cours des Trente glorieuses, Nemours se dote des
équipements sociaux, culturels et sportifs correspondant à son expansion démographique. Les
années 60/70 sont marquées par la création de la zone d’activité du Rocher Vert, la naissance
des quartiers du Mont Saint-Martin et de Beauregard, la construction de plusieurs écoles
maternelles et primaires, de deux collèges et d’un lycée, puis d’un hôpital, pour ne citer que
ceux-là.
Par ailleurs, le patrimoine historique de la ville, château, église, bords du Loing, sont mis en
valeur.
La reconquête
Cette attachante cité de 13.000 habitants, qui, bien que francilienne, cultive un certain » art
de vivre » enraciné dans sa culture rurale, aborde le XXIème siècle avec l’un des plus
ambitieux projets de renouvellement urbain que la ville ait jamais connu. Il s’agit d’un
programme de redynamisation de la cité qui s’étend sur plusieurs années et concerne tous les
secteurs de la ville. La première étape consiste à revaloriser en profondeur l’ensemble du
Mont Saint-Martin, où vit actuellement la moitié de la population de Nemours. Ce quartier
bénéficie d’une grande opération d’amélioration du cadre de vie conduite en partenariat avec
l’Office HLM, l’Etat et la Région.
Elle concerne aussi bien le bâti que les espaces publics, le tissu associatif ou l’accueil social.
Les premiers travaux ont commencé en 2006 pour une durée d’au moins 5 ans. Une seconde
étape permettra de revitaliser le centre ville historique et d’améliorer les conditions de vie
dans le quartier de Beauregard. L’ancienne capitale du Gâtinais français aura alors toutes les
cartes en main pour reconquérir son titre de ville-phare du sud Seine-et-Marne.

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