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L’Encéphale (2011) Hors-série 3, 6-8 Actualités sur le thermalisme Intérêt de l’hydrothérapie en psychiatrie O. Dubois Clinique psychiatrique et Établissement thermal, 17600 Saujon, France La crénothérapie est définie comme l’utilisation des eaux minérales dans un but thérapeutique. Le thermalisme utilise la crénothérapie et structure pendant trois semaines la prise en charge du patient en cure thermale. L’hydrothérapie est l’utilisation à visée thérapeutique des eaux non-minérales. Elle peut être exploitée dans tout service hospitalier. Le terme international « balneotherapy » désigne l’ensemble des soins à base d’eau minérale ou non-minérale. Le terme de « crenobalneotherapy » est proposé aujourd’hui pour devenir le terme usité. Les cures thermales sont prescrites par le médecin traitant ou le spécialiste sur imprimé spécial délivré par l’assurance maladie. Elles durent 3 semaines et sont remboursées partiellement ou totalement (ALD 30) par l’assurance maladie. Les soins thermaux font l’objet d’un suivi au moins hebdomadaire en station par le médecin thermal. Environ 10 000 curistes réalisent chaque année une cure thermale dans l’une des cinq stations thermales à orientation psychiatrique françaises. La cure thermale est une convention signée entre un patient, l’assurance maladie et la station thermale. Le patient s’engage à respecter une prescription médicale de soins crénothérapiques qui, en psychiatrie, est basée sur quatre modalités thérapeutiques différentes : * Correspondance. Adresse e-mail : [email protected] (O. Dubois) © L’Encéphale, Paris, 2011. Tous droits réservés. • la douche thermale est généralement prescrite à forte pression (2 à 4 bars), à température de 36-38° C (durée de 3 minutes). Les zones mobilisées sont essentiellement l’abdomen, le plexus solaire, les régions cervicodorsales et lombaires ; l’effet attendu est plutôt stimulant, mais varie en fonction de la puissance et de la température de l’eau ; • les bains bouillonnants généralement complets (sujet totalement immergé). Les effets thérapeutiques varient en fonction de la température, de la durée et de la puissance de l’eau. Il existe différentes variantes de bains bouillonnants (avec douche en immersion, douche ventrale ou douche sous marine) ; • les massages sous l’eau réalisés sous affusion d’eau à faible pression par un masseur-kinésithérapeute. Les zones privilégiées sont les régions cervicodorsales et lombaires, les membres inférieurs, la zone plantaire et l’abdomen, à faible pression. La durée des massages est de 10 à 20 min ; • les soins en piscine sont préconisés essentiellement pour leur fonction de communication entre patients. La dimension de liberté dans un espace limité, la présence de soignants à proximité est également un élément rassurant. La régression rencontrée avec les soins en piscine évoque les soins maternels précoces ou le retour à la vie fœtale. Elle permet un réveil sensoriel et cénesthésique. Intérêt de l’hydrothérapie en psychiatrie 7 Conditions de l’effet hydrothérapique optimal (Tableau 1) Tableau 1 Conditions de l’effet hydrothérapique optimal Effets sédatifs Effets stimulants Immersion complète Durée prolongée Thermicité élevée Fréquence des soins Mobilisation de l’eau Variation de la force de percussion Thermicité basse Effets généraux de l’hydrothérapie Certains effets généraux sont bien connus et ont été démontrés dans différents travaux : • action hydrocinétique liée à l’immersion du corps entier dans l’eau ; • effet vasodilatateur/action veinotonique [5,9] ; • effet endocrinien par variation de la sécrétion d’hormones : vasopressine, aldostérone, facteur natridiurétique atrial [7,8] ; • diminution du tonus musculo tendineux [10] ; • augmentation de la vitesse de conduction à l’EMG [13, 14] ; • régulation en ondes α à l’électroencéphalogramme en fin de cure [4] ; • variation du taux d’immunoglobulines [1] ; • développement de cycles circaseptidiens dès l’initiation de la cure qui expliquerait le phénomène de crise thermale rencontrée à mi-cure [1,2]. Indications de la crénothérapie en psychiatrie (Tableau 2) Hypothèses biologiques Plusieurs études ont permis d’avancer sur des bases physiopathologiques explicatives des effets thérapeutiques rencontrées. Bellometti et Galzigna (1999) [3] a démontré que l’association trazodone-balnéothérapie entraînait une modification de la réaction neurovégétative au stress se traduisant par une stimulation de l’axe hypothalamo-hypophysosurrénalien, du CRF et de l’ACTH avec une augmentation du taux sanguin de l’ACTH, du cortisol et de β-endorphines associée au plan clinique à la réduction des symptômes douloureux de la fibromyalgie et une amélioration de la dépression et de la qualité de vie. Kock et Prasten [11] ont démontré l’existence d’un lien entre stimulation des cellules cutanées α-MSH (à potentiel endocrine surrénalien) et augmentation du taux sanguin d’ACTH. Ce lien pourrait expliquer l’action crénothérapique à l’origine d’une modification du système corticosurrénalien et d’une diminution symptomatique du stress et de l’anxiété après les soins Toda et al. [15] ont démontré une diminution du taux de cortisol salivaire (marqueur du stress) après des bains hydrothérapiques Yamamoto et al. [16] ont démontré l’existence d’une diminution du taux de cortisol sanguin et une augmentation des IgA salivaires induite par des bains hydrothérapiques Donmez et Karagülle [6] proposent la théorie du Gate control pour expliquer la réduction du phénomène douloureux rencontré très fréquemment dans le cadre de la balnéothérapie. En effet, une stimulation douloureuse peut être supprimée par l’introduction d’une nouvelle stimulation. Ainsi l’application d’eau chaude puissante pourrait entraîner une réduction des sensations douloureuses Lange et al. [12] ont démontré que l’hydrothérapie entraînait une modification du taux sanguin de β-endorphines et Tableau 2 Indications de la crénothérapie en psychiatrie Indications en psychiatrie Actions thérapeutiques recherchées Troubles anxieux, … Troubles douloureux chroniques Troubles du sommeil Asthénie Sevrage de BZD Dépression réactionnelle Effets anxiolytiques Effets antalgiques Anxiolyse, sédation Stimulation (douches thermales) Effets substitutifs Effets cumulés : balnéothérapie + prise en charge + éloignement des stresseurs Avantages Inconvénients Innocuité/Tolérance Action naturelle et prolongée Absence de dépendance Absence d’investissement intellectuel lourd Accès techniquement limité Action non immédiate Existence de non répondeurs Peu d’accès à la psychopathologie 8 O. Dubois stimulait la réponse immunitaire. Ils proposent en conséquence l’hypothèse d’une action de l’hydrothérapie sur des récepteurs cutanés stimulant la sécrétion des endomorphines cérébrales. La stimulation des endorphines cérébrales pourrait expliquer d’une part la réduction de la symptomatologie douloureuse et l’augmentation des β-endorphines plasmatiques rencontrée dans les suites des soins balnéothérapiques [2] Conclusion [6] Le thermalisme présente de nombreux avantages qui tiennent essentiellement, au faible risque de dépendance, à l’innocuité et au caractère naturel de sa prescription. De récents travaux ont confirmé l’intérêt de la prescription de cette thérapeutique dans l’indication des troubles anxieux Les principales autres indications sont les syndromes douloureux chroniques (fibromyalgie), les syndromes dépressifs légers ou modérés réactionnels et la fatigue chronique. [3] [4] [5] [7] [8] [9] [10] [11] Conflits d’intérêt [12] O. Dubois : intérêts financiers dans une entreprise (SA les thermes de Saujon) ; propriétaire, dirigeant, employé, participation à un organe décisionnel d’une entreprise (SA les thermes de Saujon). Références [1] Agishi Y, Hildebrandt G. 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