NEWS LETTER AUTOMNE-B
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ÉDITORIAL par Catherine Texier, Présidente du CIPAC LA LETTRE D’INFORMATION AUTOMNE 2015 ÉDITORIAL par Catherine Texier, Présidente du CIPAC L’INTERVIEW Alexis Fournol, Avocat à la Cour CARTE BLANCHE À… APPEA / Association nationale des classes préparatoires publiques aux écoles supérieures d’art LA FIGURATION NARRATIVE DANS LA BALANCE DU JUGE par Marie-Hélène Vignes, Avocate au barreau de Paris FOCUS SUR le réseau BOTOX(S) ACTUALITÉS DE LA FÉDÉRATION LES PROCHAINES FORMATIONS 1 Chers collègues, chers amis, L’année 2015 s’achève dans un contexte particulièrement difficile. Les valeurs démocratiques qui fondent depuis toujours notre action, la diversité, l’ouverture à l’autre, la liberté de création, sont aujourd’hui la cible de pensées fondées sur le repli, l’ignorance et l’obscurantisme. Les récentes élections régionales ont confirmé la montée en puissance des idéologies les plus réactionnaires. Si le Front National n’a pris la tête d’aucune assemblée régionale, il nous faudra désormais compter avec la présence d’élus qui ont mis en cause les politiques de démocratisation culturelle dans leurs programmes. Dans ce contexte, nos travaux et notre solidarité font plus que jamais sens. Le besoin de culture s’exprime largement, dans nos lieux, dans nos écoles. Il est l’écho d’une société où la parole de l’artiste doit pouvoir croiser celle de chacun, de la façon la plus libre qui soit. C’est dans cet esprit que nous devons poursuivre notre engagement. Nous continuerons à œuvrer à la mise en place des outils qui pérenniseront les politiques publiques de la culture dans le secteur des arts plastiques, et contribuent à l’émancipation des citoyens. En ce sens, nous sommes récemment intervenus lors de notre audition au Sénat sur le projet de loi Liberté de Création, Architecture et Patrimoine, qui ne laisse pour l’instant que peu de place aux arts plastiques. Vous avez reçu le compte-rendu de cette audition, et le texte de loi actuellement débattu est en ligne sur le site du CIPAC. Ce texte sera vraisemblablement voté dès les premiers mois de l’année 2016. Nous continuons le travail pour que son contenu soit amélioré. Néanmoins, la fragilité de notre secteur impose que chacun d’entre nous reste mobilisé. C’est pourquoi nous organiserons régulièrement en 2016 des moments mobilisateurs et fédérateurs. Le premier de nos rendez-vous se déroulera le 12 janvier au centre Pompidou Metz, où tous les professionnels des arts plastiques de la région Alsace-Champagne-ArdenneLorraine se réuniront pour une journée de rencontre et de travail. Toute l’année 2016 sera ponctuée par ces journées « grandes régions », où les acteurs des arts plastiques seront invités, aux côtés des décideurs publics, à dessiner les politiques culturelles de demain. Au début du printemps, nous tiendrons ensemble les premières Assises nationales du CIPAC. Ce sera l’occasion de nous rassembler, ainsi que tous vos adhérents, et de faire émerger les grandes priorités de notre secteur. Au nom du conseil d’administration et de l’équipe du CIPAC je vous remercie, chers collègues, pour l’ensemble de vos contributions en 2015, et je vous invite à nous retrouver très vite pour engager nos prochains chantiers. Je vous souhaite de belles et heureuses fêtes de fin d’année. 2 Dans cette rubrique, le CIPAC va à la rencontre d’une personnalité extérieure au secteur des Arts Plastiques. Pour cette édition, nous avons invité Alexis Fournol, avocat à la Cour, à nous parler du projet de Loi Liberté de Création, Architecture et Patrimoine. L’INVITÉ DU CIPAC : ALEXIS FOURNOL, AVOCAT À LA COUR Le projet de Loi d'Orientation Relative à la Création Artistique (LORCA) annoncé en 2013 par Aurélie Filippetti, alors ministre de la Culture et de la l’architecture ». Le périmètre du texte n’a cessé d’être élargi par un enrichissement provenant de nombreux rapports parlementaires. S’il n’est désormais nommé Liberté de Création Artistique, Architecture et Patrimoine (LCAP) a vu son périmètre largement étendu. délais qui ont accompagné la présentation du texte. Au-delà, la loi me semble perdre en lisibilité et en efficacité symbolique. Un texte Communication, devait marquer un tournant dans les politiques publiques en direction des secteurs de la création. Deux ans plus tard, le texte du projet de loi Comment analysez-vous cette évolution ? Des trois projets de loi distincts mis en chantier sous l’ère d’Aurélie Filippetti ne subsiste dorénavant qu’un véritable fourre-tout législatif. Surtout, le texte final a été amputé de la majorité des concertations menées avec les professionnels du secteur et des rares dispositions propres aux arts plastiques présentes dans l’avant-projet de loi de décembre 2014. Deux éléments sont marquants. D’une part, le très long silence qui a accompagné les mois précédant la présentation du projet de loi. D’autre part, la dénomination même du projet, réunissant la « liberté de la création – et non plus « la création » –, le patrimoine et 3 nullement question de dénier l’intérêt et la qualité de ces éléments, il demeure délicat de comprendre un tel processus au regard des resserré sur la création artistique, concis et ambitieux, conjuguant des rappels de principes et des solutions techniques, aurait assurément été bien mieux accueilli par les professionnels du secteur. La création est libre en France ; seuls les moyens de création et de diffusion sont davantage contraints. L'article 1 de l'actuel projet de loi LCAP (« La création artistique est libre. » sic) semble revêtir une valeur déclarative plus que normative. Quel poids peut réellement avoir une telle disposition ? La consécration autonome de la liberté de création artistique sera une première au sein de la législation française. À la différence de l’Allemagne, par exemple, cette liberté est traditionnellement dans le giron de la liberté d’opinion et d’expression. Mais elle n’en est pas moins consacrée et protégée. Le législateur semble souhaiter davantage préserver les spécificités de la démarche artistique. Ce souhait ne pourra se réaliser qu’à condition que la jurisprudence opère une telle lecture de l’article 1er de la loi. En cas contraire, sa valeur demeurera purement déclarative. Dans le contexte du vote récent de la loi relative à la Nouvelle Organisation du Territoire de la République (NOTRe), l'attente d'une clarification par la loi LCAP quant à l'exercice des politiques publiques de la culture était forte. Comment vont s'articuler - sur ce point les grands principes contenus dans les deux textes ? Il s’agit là encore d’une question bien délicate. Si l’article 2 du projet de loi, dans sa version transmise au Sénat, donne une assise légale à l’intervention de l’État, des collectivités territoriales et de leurs groupements, les objectifs listés sont, une nouvelle fois, grandiloquents et peu opératoires. Un exemple : « Favoriser la liberté dans le choix par chacun de ses pratiques culturelles et de ses modes d’expression artistique ». Pour autant, l’articulation précise de ces principes, de ces objectifs est difficile à cerner. Quelques éléments ont néanmoins émergé lors des débats sur le projet de loi ou sur le projet de loi de finances. Ainsi, la ministre de la Culture a précisé qu’il y aura bien une seule DRAC dans les régions fusionnées. Est-ce là le moyen de parvenir à l’objectif visant à « soutenir l’existence et le développement de la création artistique sur l’ensemble du territoire » ? Il ressort néanmoins de cet article un rappel nécessaire, celui de la complémentarité et de l’égalité des territoires et de l’État concernant la politique en faveur de la création artistique. 4 Après son vote en première lecture par l'Assemblée Nationale le 6 octobre dernier, la loi LCAP a été déposée au Sénat, qui devrait la discuter en séance à partir de janvier prochain. Dans quelle mesure le texte peut-il encore être amendé à ce stade ? Le processus législatif offre, bien heureusement, toute latitude au Sénat pour pouvoir amender, à ce stade, le projet de loi. C’est là tout l’enjeu du processus parlementaire et du débat démocratique. Mais les éventuels ajouts opérés par le Sénat pourront, à leur tour, se voir amendés à l’Assemblée. Les points que la loi aurait éventuellement laissés de côté peuvent-ils être réglés par la publication de décrets ? C’est effectivement une possibilité, mais le périmètre de ces décrets éventuels est inconnu. Propos recueillis en novembre 2015 Dans le cadre de sa lettre d’information, le CIPAC offre, à chaque numéro, une carte blanche à l’une de ses associations membres. Pour cette édition, carte blanche a été donnée à l’APPEA – Association nationale des classes préparatoires publiques aux écoles supérieures d’art. CARTE BLANCHE À… l’APPEA Fondée en 2008, l’APPEA fédère les responsables de classes préparatoires publiques aux écoles d’art autour d’une charte commune. Ses 15 membres représentent des écoles créées et financées par des collectivités territoriales, principalement des communes, des communautés de communes et des communautés d’agglomération. En l’absence de tutelle pédagogique au niveau de l’État, l’un des rôles de l’APPEA est d’élaborer des critères d’exigence et d’orientation en relation avec le ministère de la Culture et l’ANdÉA, l’Association nationale des écoles supérieures d’art. Par ailleurs, sa mission est de favoriser le développement et la visibilité du réseau des classes préparatoires publiques dans un secteur où l’impact des formations privées est particulièrement fort. Une dynamique d’accroissement à l’échelle nationale Le réseau des classes préparatoires publiques n’a cessé de se développer depuis le début des années 2000 et le mouvement s’est récemment amplifié avec des ouvertures de classes à Annecy, Carcassonne, Cherbourg, Evry, Marseille et Saint-Etienne. Cette dynamique va se poursuivre avec la création, en septembre 2016, d’une classe au sein de l’École nationale des beaux-arts de Paris et d’autres projets actuellement à l’étude. Il faut également signaler que le ministère de l’Éducation nationale, qui a déjà créé trois classes préparatoires aux études supérieures en arts au sein de lycées à Fontenay-sous-Bois, Gagny et Sartène, vient d’en ouvrir une nouvelle à Bourges, où l’expérience d’atelier et le lien à la création contemporaine sont amplifiés grâce à une collaboration avec l’École nationale supérieure d’art située à proximité. L’ouverture d’autres classes de ce type est annoncée. La diversité sociale Face à l’emprise du secteur privé dans le domaine de la préparation aux formations artistiques supérieures, les classes préparatoires publiques ont un rôle à jouer dans la diversité sociale au sein de ces formations et des professions auxquelles elles conduisent. En ce sens, l’APPEA participe au programme Égalité des Chances en école d’art de la Fondation Culture & Diversité, auquel sont associés de nombreux lycées de la région parisienne situés en zone d’éducation 5 prioritaire. Depuis sa mise en place en 2007, sur plus de 200 élèves accompagnés par la Fondation, 56 ont été admis au sein d’une classe préparatoire de l’APPEA. A partir de la rentrée 2016, ce programme sera déployé dans plusieurs régions suite à l’appel que la Fondation a récemment lancé à l’ensemble des écoles supérieures d’art du réseau de l’ANdÉA. Cette nouvelle configuration permettra d’augmenter l’impact de ce programme grâce à la synergie que pourront créer les écoles d’art avec les classes préparatoires situées sur leur territoire. D’autant que ce type de collaborations existe déjà dans certaines régions. En Franche-Comté, par exemple, une convention entre la classe préparatoire de Belfort et l’Institut supérieur des beaux-arts de Besançon favorise une forme de diversité sociale en permettant à certains étudiants encore fragiles, mais particulièrement motivés, d’accéder à l’école d’art en présentant leurs travaux devant une commission réunissant des enseignants des deux établissements. Accès aux bourses d’étude L’accès aux bourses d’étude pour les étudiants inscrits dans les classes préparatoires de son réseau est une demande que l’APPEA porte auprès du ministère de la Culture depuis sept ans. Sans cet accès, toute action en faveur de la diversité sociale est d’une portée très limitée. C’est pourquoi l’APPEA se félicite de voir ce dossier sur le point d’aboutir à la faveur du projet de loi « Liberté de création, architecture et patrimoine » qui prévoit que les classes préparatoires publiques pourront recevoir un agrément de l’État permettant à leurs étudiants de bénéficier des avantages sociaux en vigueur dans le cadre de leur formation. Le texte, adopté par l’Assemblée nationale le 6 octobre 2015 et actuellement en lecture au Sénat, sera accompagné d’un décret d’application à l’écriture duquel l’APPEA est associée. Un contexte difficile A l'heure où les collectivités doivent faire face au désengagement financier de l'État et participer plus encore à la réduction des déficits publics, les classes préparatoires risquent d'être fragilisées. En effet, la nouvelle organisation territoriale de la République validée par la loi NOTRe supprime la clause générale de compétences, d'une part, et impose des compétences spécifiques aux différents échelons de collectivités, d'autre part. Bien que l'intercommunalité soit renforcée via des découpages en « bassins de vie », les collectivités sont « incitées » à se recentrer sur des missions « obligatoires » et au plus près de leurs administrés. De fait, plusieurs classes préparatoires portées par des communes ou des communautés d’agglomération sont adossées à des ateliers d’arts plastiques tous publics destinés à la population locale. Accueillant le plus souvent des jeunes issus de l'ensemble du territoire national, parfois de l’étranger, dans ce nouveau contexte 6 économique, la classe préparatoire peut être perçue comme une variable d'ajustement par des élus qui n'en mesurent pas toujours l'utilité et l'importance pour leur propre territoire. Pourtant, c’est souvent l’un des rares espaces qui permettent de mettre en contact un territoire avec l'art contemporain à travers de nombreuses occasions de rencontres avec des artistes : ceux qui enseignent dans ces écoles et ceux qui se déplacent lors de workshops, de résidences, de conférences ou d'expositions -quand l'école possède une galerie. C'est d'autant plus important qu'elles sont implantées dans des villes qui le plus souvent n'ont pas d'autres structures dévolues (centres d'art, galeries etc.). On constate qu'elles participent dans certaines régions à l'émergence de scènes artistiques identifiées. C’est à ce titre que dans le champ de l'art contemporain, le réseau APPEA est de plus en plus repéré. Tandis que le ministère de la Culture reconnaît pleinement son rôle, des passerelles entre les classes préparatoires publiques et l'ensemble du secteur des arts plastiques se multiplient (écoles supérieures d’art, Frac, centres d’art, musées, etc.). L'enjeu est donc bien de conforter ce réseau, jeune mais efficient, face aux formations privées, et ce, en accompagnant partout où c'est possible l'émergence de nouvelles classes préparatoires publiques. Orienter et sensibiliser aux enjeux de l’art dans la société contemporaine Car les classes préparatoires publiques ont pour objectif de contribuer à l'orientation et à l'accompagnement de jeunes bacheliers vers les filières artistiques, publiques elles aussi, le plus souvent sous la tutelle pédagogique du ministère de la Culture. Contrairement à certains lieux communs, il ne s'agit pas de formater des dossiers nécessaires pour passer les concours des écoles supérieures d’art et de design mais d’ouvrir ces étudiants à tous les champs et enjeux de la création actuelle afin qu'ils s'épanouissent dans leur projet d'études et donc dans leur projet de vie personnelle et professionnelle. L’enjeu est de taille à l’heure où les formations privées en art ne désemplissent pas quel que soit leur coût. Entre les carences en matière d’éducation et d’expérience artistiques de la plupart des jeunes au sortir du bac, le niveau d’exigence des écoles supérieures d’art publiques et les fantasmes que font miroiter les industries culturelles, quelles que soient leurs qualités, ces formations ont encore une certaine marge de croissance – comme en témoigne l’intérêt spéculatif que leur portent les fonds de pension. En resserrant les liens avec les écoles supérieures d'art, en participant à un niveau souvent intermédiaire au développement des arts plastiques sur les territoires, les classes préparatoires publiques du réseau APPEA remplissent un rôle important dans le contexte politique et économique actuel. Avec un ministère engagé à ses côtés et le soutien de la Fondation Culture & diversité, nul doute que ce réseau parviendra à mieux se structurer encore au service de la formation des jeunes et de l'art dans notre société. 7 LA FIGURATION NARRATIVE DANS LA BALANCE DU JUGE RETOUR SUR L’ARRÊT DE LA COUR DE CASSATION DU 15 MAI 2015 PAR MARIE-HÉLÈNE VIGNES, AVOCATE AU BARREAU DE PARIS EN DROIT D’AUTEUR, DROIT DES MÉDIAS ET DE LA COMMUNICATION, COFONDATRICE DU CABINET GÔ ASSOCIÉS Depuis un demi-siècle, le mouvement de la Figuration narrative s’illustre par son déployé l’arsenal des moyens de défense classiques qu’il dénonce au travers d’œuvres d’art défaut d’originalité des trois photographies, les engagement contre la société de consommation intégrant souvent des objets et des images issus permettant de faire échec au droit d’auteur, tels le exceptions de parodie et de courte citation, le du quotidien ou des médias. Son potentiel caractère accessoire de l’utilisation dans ses toiles, Cour de cassation ? artistique. Si l’argument du défaut d’originalité des C’est la réflexion qu’inspire l’étonnant arrêt du devant le Tribunal de grande instance de Paris1 et subversif aurait-il fini par contaminer jusqu’à la 15 mai 2015 opposant l’artiste allemand Peter Klasen, tenant de la Figuration narrative, au mais aussi le principe de liberté d’expression photographies avait provisoirement fait mouche conduit au débouté du photographe, aucun de ces moyens n’avait convaincu la Cour d’appel qui avait photographe de mode américain Alix Malka. Ce condamné Peter Klasen à payer à Alix Malka 50.000 incorporé dans une vingtaine de toiles trois de ses droit patrimonial et moral d’auteur2. publiées dans un magazine de mode. L’atteinte lui La démarche artistique de Peter Klasen a trouvé un modifié le cadrage et les couleurs des visuels avait formé un pourvoi, cette fois sur le fondement peintre exposait qu’il avait voulu susciter une de la Convention européenne de sauvegarde des dernier avait découvert que le peintre avait photographies de visages féminins initialement semblait d’autant plus grave que Peter Klasen avait d’origine. Devant les juridictions saisies du litige, le réflexion en détournant des images symbolisant à 8 ses yeux la publicité et la surconsommation. Il avait euros de dommages intérêts pour atteinte à son écho auprès la Cour de cassation devant laquelle il de la liberté d’expression protégée par l’article 10 droits de l’homme et des libertés fondamentales3. Tout en reconnaissant le droit d’auteur du photographe sur ses images, la Haute juridiction a en effet cassé la décision de la Cour de Paris, faute pour elle « d’expliquer de façon concrète en quoi pour emprunter à ses œuvres. Si la cour de Versailles devait se plier à la la recherche d’un juste équilibre entre les droits en recherche du juste équilibre entre le droit d’auteur prononçait ». En d’autres termes, la Cour de peintre, faut-il craindre que sa quête soit guidée présence commandait la condamnation qu’elle cassation incitait les juges à mettre en balance les droits et libertés concurrents en présence, soit en l’espèce le droit d’auteur du photographe et la liberté d’expression artistique du peintre, afin d’arbitrer au profit de l’un ou l’autre. Cette cassation a surpris plus d’un commentateur. Car jusqu’à présent, la Cour de cassation n’envisageait pas que le droit d’auteur puisse s’incliner face au principe de liberté d’expression, aussi fondamental soit-il. Ainsi la Haute juridiction du photographe et la liberté d’expression du par la valeur artistique, autrement dit par le mérite respectif des œuvres en cause ? Le critère du mérite est banni lorsqu’il s’agit de détecter si une œuvre peut accéder au bénéfice du droit d’auteur. La loi protège en effet les œuvres de l’esprit indépendamment de toute idée de mérite. Mais rien ne s’oppose à ce que ce critère refasse surface pour arbitrer un litige mettant aux prises la liberté d’expression avec un droit concurrent. On l’a observé au détour des affaires Luc avait-elle approuvé la condamnation de France 2 Delahaye5 ou François-Marie Bannier6 confrontant celle-ci avait brièvement filmé pour son journal leur insu qui invoquaient leur droit à l’image pour pour contrefaçon de droit d’auteur lorsque que télévisé les tableaux d’une exposition consacrée à Utrillo sans autorisation de l’ayant droit : il n’était alors pas question que le sacro-saint droit d’auteur s’efface devant la liberté d’expression et son principe corollaire de liberté d’information4. L’affaire Malka c/ Klasen devra donc à nouveau ces deux artistes à des anonymes photographiés à s’opposer à la publication de leur portrait au sein d’un ouvrage. Dans ces deux affaires, les artistes ont obtenu gain de cause en considération du mérite de leurs œuvres. Car sans le nommer, les juges se sont subrepticement référés à ce critère en plébiscitant des ouvrages salués par la critique et les institutions, louant tantôt la « qualité des être jugée et c’est à la Cour d’appel de Versailles images », tantôt leur « intérêt artistique », voire ne manquent pas qui permettraient aux juges conclure au débouté pur et simple des personnes la Cour de cassation : en ouvrant la voie à une photographies « volées » au nom de la liberté qu’il revient à présent de statuer. Les arguments versaillais de résister au vent dissident soufflé par « l’originalité de la démarche des auteurs » pour photographiées. Par cet accueil bienveillant de nouvelle dérogation au droit d’auteur fondée sur la d’expression artistique, le Tribunal et la Cour de allègrement le dos au principe selon lequel les plus légitime mais également donné une prime au liberté d’expression, l’arrêt du 15 mai 2015 tourne exceptions sont limitativement fixées par la loi. Il s’affranchit par la même occasion du régime légal de l’œuvre composite définie comme celle à laquelle est incorporée une œuvre préexistante sans la collaboration de l’auteur de cette dernière. Dans un tel cas, la loi réserve Paris ont certes pris en considération l’intérêt le mérite des œuvres en cause. Est-il envisageable que le critère de la valeur artistique ou de la reconnaissance médiatique et institutionnelle serve lui aussi de référence pour concilier liberté d’expression artistique et droit expressément les droits de l’auteur de l’œuvre d’auteur dans le conflit opposant deux artistes ? au nom de la liberté d’expression artistique, que méconnu n’ait aucune chance de faire le poids antérieure, là où la Cour de cassation envisage, 9 l’on puisse se passer du consentement de l’auteur Est-il admissible que le travail d’un photographe dans la balance judiciaire contrairement à celui d’un Helmut Newton ayant connu les honneurs du Grand Palais ? Est-il enfin tolérable que telle œuvre jugée médiocre, triviale, voire choquante par un tribunal n’ait qu’un droit d’auteur de seconde zone ? Ce serait s’exposer à des débats dignes de ceux que la protection de la photographie par le droit d’auteur avait engendrés dès son apparition au XIXème siècle : avant d’accéder au rang des œuvres protégées, la photographie avait tour à tour été réduite à une banale reproduction du réel ou à la mise en œuvre d’un vulgaire procédé chimique et industriel, puis assimilée à un dessin ou soumise à l’arbitraire de juges chargés d’en apprécier la valeur artistique ou documentaire… Le chaos jurisprudentiel auquel on avait assisté jusqu’au milieu des années 1980 s’était soldé par une insécurité juridique hautement préjudiciable aux intérêts de créateurs et d’utilisateurs de photographies n’ayant d’autre choix que de naviguer à vue entre domaine public et tribunaux correctionnels. L’invitation de la Cour de cassation à rechercher le juste équilibre entre droit d’auteur et liberté de création artistique ouvre une brèche où seront tentés de s’engouffrer les artistes désireux d’emprunter à des œuvres préexistantes. Les plasticiens, les cinéastes, les compositeurs ou les écrivains pourront-ils dorénavant s’emparer et au besoin déformer le travail d’autres auteurs au sein de leurs propres œuvres ? Il n’en évidemment pas question, surtout à l’heure où l’on ignore si l’arrêt du 15 mai 2015 est une décision isolée ou au contraire l’amorce d’un nouveau courant jurisprudentiel inspiré du fair use américain. Si cette tendance devait se confirmer, les artistes pourront au mieux faire le pari de puiser dans l’œuvre d’autrui, à charge pour l’auteur s’estimant lésé de prendre à son tour le risque de faire valoir son droit patrimonial ou son droit moral devant des tribunaux tentés de se transformer en jurys d’art. 10 1. TGI Paris 3ème ch. 1ère sect. 31 janvier 2012, RG 10/2898. 2. Cour d’appel de Paris, pôle 5, ch. 1, 18 sept. 2013, RG 12/02480. 3. Article 10 de la CESDH : « 1. Toute personne a droit à la liberté d’expression (…). 2. L’exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique (…) à la protection de la réputation ou des droits d’autrui (…) » . 4. Cass. Civ. 1ère 13 nov. 2003, RG n° 01-14385. 5. Ouvrage L’Autre (L. Delahaye et J. Baudrillard) TGI Paris, 17ème ch. civ., 2 juin 2004, Légipresse 2004, n° 214, III, p. 156, note Chr. Bigot. 6. Ouvrage Perdre la tête (F.-M. Bannier) TGI Paris, 17ème ch. civ., 25 juin 2007, Légipresse 2007, n° 246, III, p. 234, note A. Fourlon D. 2009, jur. 470, note Chr. Bigot. ; Paris 11ème ch. 5 nov. 2008, FOCUS SUR… BOTOX(S) RÉSEAU ART CONTEMPORAIN DE LA CÔTE D’AZUR BOTOX(S) – réseau d’art contemporain de la côte d’azur, fédère près d’une trentaine de lieux engagés dans la production et la diffusion de l’art contemporain. Fondé en 2007, la vitalité de ce réseau vient de la nature très diverse des structures qui le composent : centres d’art, galeries, lieux privés, associations, collectifs d’artistes, maisons d’édition, musées… à travers les lieux d’expositions, les programmations, les divers événements (performances, conférences, lectures, rencontres-débats, etc.) de ses membres et les projets du réseau. Le réseau s’est constitué avec pour objectif d’être une plateforme d’échanges, un espace de réflexion, de communication et de travail pour les acteurs azuréens de l’art contemporain. Porte d’entrée de l’art contemporain sur le territoire pour le grand public, la presse, les collectionneurs ou encore les autres réseaux, en France comme à l’international, BOTOX(S) donne les clefs de compréhension et d’accès à la création contemporaine azuréenne, dans une volonté de médiation, d’ouverture et d’éclairage. Le réseau BOTOX(S) met en œuvre une communication commune pour tous ses membres qui comprend notamment un site internet, une newsletter mensuelle, un dossier de presse trimestriel et l’édition de documents valorisant les actions des membres du réseau auprès des publics. Expertise, réflexion, concertation BOTOX(S) partage son expertise avec les acteurs de la culture et participe à la réflexion transdisciplinaire mise en œuvre par le Collectif Culture 06 autour des bonnes pratiques et de la mutualisation des actions. Les projets artistiques annuels Chaque année, BOTOX(S) imagine des événements ciblés mettant l’art contemporain en relation directe avec la réalité du réseau et de son 11 territoire. Parmi ces manifestations : « Les traversées du territoire », « Les voix publiques », le projet éditorial « En attendant… » ou encore « Slowmo », « Le ralentisseur »… balisent la création contemporaine en offrant des pistes de réflexion, de compréhension et de sensibilisation. Commissariat d’exposition BOTOX(S) met également son savoir-faire au service des entreprises, écoles, fondations et d’autres établissements publics ou privés qui souhaitent organiser des expositions clé-en-main dans un espace de leur choix. Cette expertise et cet accompagnement s’adressent non seulement aux structures déjà familiarisées à l’art contemporain mais aussi aux néophytes qui hésitent à franchir le pas. Certaines des actions spécifiques et récurrentes portées par le réseau sont : Les visiteurs du samedi Un samedi après-midi par mois, BOTOX(S) propose un parcours d’art contemporain dans 4 à 5 lieux de son réseau, en bus, pour un public individuel. À chacune des étapes, les Visiteurs sont accueillis par les directeurs, conservateurs, médiateurs, artistes, commissaires d’exposition du lieu pour un moment à part et toujours convivial de rencontre, autour de la création contemporaine. Les visites privilège BOTOX(S) crée des programmes « sur-mesure » adaptés à tout groupe désireux de découvrir la vie artistique du territoire (Tours opérateurs, associations, congrès, comités ou séminaires d’entreprises, clients VIP…).Ces visites exceptionnelles offrent une expérience unique, de haute qualité artistique, dans les lieux de l’art contemporain azuréens. Un accueil personnalisé par les directeurs, médiateurs, artistes ou commissaires d’expositions en font un moment privilégié et unique à la rencontre des acteurs de l’art contemporain sur la Côte d’Azur. Les visiteurs du soir Une fois par an, au printemps, BOTOX(S) organise les « Visiteurs du soir », nocturnes de l’art contemporain et événement-phare de la vie culturelle niçoise. Cet évènement présente des expositions, des performances, des projections, des concerts… Le public est invité pendant ces deux jours, à un parcours libre et gratuit à la découverte d’une soixantaine de lieux niçois : lieux membres du réseau, lieux associés, invités, ateliers d’artistes, appartements privés, lieux culturels ou décalés... Le but de cette manifestation festive est de faire sortir l’art contemporain de ses murs et de le rendre plus accessible à travers un itinéraire surprenant qui donne à voir la création d’aujourd’hui là où on ne l’attend pas. Ces temps forts sont autant d’occasions pour le public de rencontrer les artistes professionnels ou amateurs et de partager la richesse de l’art en train de se faire. 12 ACTUALITÉS DE LA FÉDÉRATION 21 septembre 2015 Conseil d’Administration du CIPAC 26 octobre 2015 Audition du CIPAC par la commission Culture du Sénat sur le Projet de Loi de Finances 2016 2 décembre 2015 Participation de Catherine Texier au déjeunerconférence relatif à la loi LCAP organisé par l’Institut Art & Droit 3 décembre 2015 Audition du CIPAC par la commission Culture du Sénat sur la loi Liberté de Création, Architecture et Patrimoine 14 décembre 2015 Conseil d’Administration du CIPAC 12 janvier 2016 Journée régionale « Grand-Est » LES PROCHAINES FORMATIONS 7, 8, 9 mars 2016 Stratégie du web culturel et réseaux sociaux 10, 11 mars 2016 Le public jeune et familial : construire une offre de médiation 14, 15, 16 mars 2016 La photographie contemporaine : conservation, prévention et exposition 17 mars 2016 Les œuvres vidéo dans les collections d’art contemporain 21, 22, 23 mars 2016 La régie en art contemporain : les fondamentaux 24 mars 2016 L’anglais de la régie des œuvres d’art contemporain 27 janvier 2016 Participation du CIPAC au groupe de travail de l’Institut Art & Droit dédié à la fiscalité du marché de l’art CIPAC www.cipac.net Le CIPAC reçoit le soutien du ministère de la Culture et de la Communication. Le caractère Infini utilisé dans ce document a été créé par Sandrine Nugue dans le cadre d’une commande publique du Centre national des arts plastiques : www.cnap.graphismeenfrance.fr/infini/ 13