Conseil de Paris Séance des 16, 17 et 18 mars

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Conseil de Paris Séance des 16, 17 et 18 mars
Conseil de Paris
Séance des 16, 17 et 18 mars 2015
Sur proposition de Danielle Simonnet,
Voeu relatif à la librairie la Hune
Considérant que Flammarion et Gallimard ont décidé de mettre fin à la vie de la fameuse librairie
de La Hune, sans aucune consultation ni des habitants ni des salariés,
Considérant que la librairie La Hune, plus qu’une librairie, est un centre de la vie culturelle
parisienne inscrite dans l’histoire du quartier Saint Germain des Près,
Considérant que cette librairie créée en 1949, par un ancien élève de Gaston Bachelard, Bernard
Gheerbrandt, juste en face du café de Flore, fut fréquentée par Sartre et les existentialistes,
devint un rendez-vous des surréalistes, fréquentée par André Breton, Tristan Tzara ou encore
Henri Michaux, qu’elle devint également un lieu privilégié par les auteurs du Nouveau roman
comme le romancier Alain Robbe-Grillet dans les années 60,
Considérant que la Hune est fréquentée par nombre d'étudiants venus de l'Ecole des Beaux-Arts,
d’écoles de graphisme, des établissements d’enseignement supérieur et d’universités du Quartier
Latin, que la Hune offre une aide précieuse, souvent désintéressée, les secondant dans leurs
recherches bibliographiques, leur laissant consulter gracieusement les ouvrages, leur accordant
systématiquement une remise sur leurs achats, qu’elle permet également à des jeunes comédiens
d’accéder à une scène une fois par mois,
Considérant qu’à l’origine de cette fermeture, l’enseigne Louis Vuitton avait fait pression sur
Flammarion pour obtenir l’ancienne adresse du boulevard Saint-Germain située en zone
touristique, afin de pouvoir bénéficier de l’ouverture dominicale, et que depuis le transfert de la
librairie historique vers la place saint Germain des Prés, le chiffre d’affaires de la librairie avait
profondément diminué,
Considérant que cela a conduit par la suite, à la suppression de dix emplois qualifiés de médiation
culturelle,
Considérant que la fermeture de la librairie La Hune qui est envisagée conduirait à la dégradation
d’un patrimoine culturel inestimable du quartier,
Considérant que le projet annoncé d’instaurer à la place de la Librairie La Hune, une galerie de
photos d’art gérée par le groupe Yellow Korner est un leurre culturel, qu’il a l’apparence d’une
entreprise culturelle mais ne recouvre en réalité qu’une entreprise commerciale, qui ne vendra
que des livres de photo et des tirages et correspond dans les faits à une chaîne de photographies
standardisées,
Considérant qu’il s’agirait là d’une triple attaque contre des petites enseignes historiques et de
proximité, contre des emplois et contre la vie culturelle des habitants du quartier par des gros
commerces (internationaux et de luxe) et des sociétés de holding (détenues par Gallimard)
uniquement intéressées à faire du profit,
Considérant que la Ville de Paris se doit de s’opposer à ce modèle de consommation dite
culturelle imposée par l’ultra libéralisme,
Sur proposition de Danielle Simonnet, le Conseil de Paris émet le vœu que :
-
La Mairie de Paris intervienne auprès de Flammarion et Gallimard pour exiger le maintien
de la librairie La Hune.
Si les négociations échouaient, la Ville de Paris s’engage par le biais du PLU et de la
SEMAEST à tout faire dans le cadre des compétences qui sont les siennes pour garantir la
présence pérenne d’une librairie à l’emplacement de la Hune visant à préserver les emplois
existants.