un papi - Communauté de communes de l`Ile d`Oléron

Transcription

un papi - Communauté de communes de l`Ile d`Oléron
Décembre 2012
N°33
VENTPORTANT
le MAGAZINE DE LA COMMUNAUTÉ DE COMMUNES DE L’ÎLE D’OLÉRON
d’oléron LE CHÂTEAU D’OLÉRON SAINT-GEORGES D’OLÉRON
le grand village plage SAINT-TROJAN-LES-BAINS dolus
LE CHÂTEAU D’OLÉRON SAINT-GEORGES D’OLÉRON LA BRÉE-LES-BAINS saint-denis d’oléron SAINT-PIERRE D’OLÉRON
saint-denis d’oléron SAINT-PIERRE D’OLÉRON
dolus d’oléron
3
Un papi
« pour sécuriser
le littoral »
B. HAUGoMAT
p.
6
Solidarité : 1er bilan
pour la Maison médicale
6
Enfance-jeunesse : Le foyer
de Saint-Denis à la loupe
9
Découverte : Lannelongue
et les Américains
VENTPORTANT
Décembre 2012
N°33
le MAGAZINE DE LA COMMUNAUTÉ DE COMMUNES DE L’ÎLE D’OLÉRON
Dans une longue lettre datée
du 11 septembre, adressée
au président de la CdC, une
famille de Saint-Pierre se plaint
amèrement. Extraits : « Les plages
de la Biroire et de la Menounière sont
envahies d’algues qui pourrissent
au soleil, dégageant une odeur
nauséabonde, pestilentielle, perceptible
à 200 m à l’intérieur des terres. Ces
murs d’algues fourmillent de mouches
et de vers […]. Les anciens Oléronais
ramassaient ces algues et s’en
servaient d’engrais […]. A l’heure du
“Bio”, ne serait-il pas bon de remettre
cette activité à l’ordre du jour ? »
(1) En collaboration avec des agriculteurs et en partenariat avec l’association Iodde et le Céva (Centre d’étude et de valorisation des algues).
U D’OLÉRON
Journal Vent Portant
Communauté de Communes
de l’île d’Oléron
17310 Saint-Pierre d’Oléron
Fax : 05 46 47 12 88
Tél : 05 46 47 24 68
[email protected]
2
VENTPORTANT
pour nous écrire
lage
Tout à fait conscients des
désagréments subis par certains
vacanciers, nous rappelons que
la fonction écologique des algues
est très importante. Elle permet
notamment au sable de se fixer,
créant les conditions pour la
formation ou le renforcement des
dunes et limitant ainsi l’érosion de
nos côtes ; certains scientifiques
préconisent donc de n’y pas
toucher. Le phénomène d’échouage
massif sur l’île demeure en outre
très localisé et très aléatoire selon
les années. La Communauté de
communes a néanmoins pris les
choses en main, surveillant depuis
2010 l’évolution des échouages
et menant depuis cette année des
tests d’épandage, avec analyse des
sols et des récoltes (1). Principale
difficulté rencontrée : afin d’éviter la
fermentation des algues, il faut les
prélever au bon moment (en évitant
de drainer trop de sable) et les
transporter sur les lieux d’épandage
en moins de 24h, tout cela au
milieu des estivants et à condition
que les agriculteurs soient
disponibles le jour J ! Sans préjuger
des résultats de l’expérimentation
en cours, la solution du compost
d’algues semble la plus pertinente.
Reste à mettre sur pied une filière
oléronaise, peut-être sur le modèle
de la plateforme de compostage
que la CdC est allée visiter près de
Saint-Brieuc. Patience, donc.
sommaire
ezécriv
nous !
3
6
6
7
8
8
9
10
11
dossier
Mise en œuvre du PAPI : pour sécuriser le littoral.
enfance/jeunesse
Le 1er été de la Maison médicale : patients, composez le 15.
solidarité
environnement
Île à île, terre à terre : exposition Koîchi Kurita.
singularités
découverte
portraits
Les friches agricoles : un sacré dossier à défricher.
L’action touristique : une île de plus en plus accueillante.
économie
culture
L’îlot marin, le nouveau CLSH de Saint-Denis.
La vie des communes.
Le Foyer Lannelongue qui fut une base aéronavale.
Huguette et Christian Luneau.
Soizic Nadreau et Sébastien Desenne.
d’oléron LE CHÂTEAU D’OLÉRON SAINT-GEORGES D’OLÉRON
le grand village plage SAINT-TROJAN-LES-BAINS dolus
LE CHÂTEAU D’OLÉRON SAINT-GEORGES D’OLÉRON LA BRÉE-LES-BAINS saint-denis d’oléron SAINT-PIERRE D’OLÉRON
saint-denis d’oléron SAINT-PIERRE D’OLÉRON
dolus d’oléron
Des nouvelles pour
cette nouvelle année
Chers concitoyens,
L’ouragan Sandy, qui a
frappé les côtes américaines fin octobre, nous
ramène à la réalité des risques à vivre au bord de
la mer. Il est venu également nous rappeler que
mieux on est préparé à affronter les éléments,
moins graves sont les conséquences. Aussitôt
après le passage de Xynthia, la Communauté de
communes a commencé à bâtir un Plan d’actions
de prévention des inondations : c’est le PAPI de
l’île d’Oléron, qui vient d’être labellisé par l’Etat
et dont vous trouverez les grandes lignes dans
les pages suivantes.
Parmi les thèmes abordés dans ce numéro, deux
sujets de satisfaction pour les Oléronais. Le tout
nouveau centre de loisirs de Saint-Denis, projet
communal repris par la CdC (depuis que celle-ci
a pris en charge le secteur enfance-jeunesse de
l’île d’Oléron), est une réussite. Autre beau succès bâti par la collectivité : la Maison médicale
dont médecins et patients attendaient l’ouverture.
Dans six mois, elle intègrera ses locaux définitifs.
Le devenir de milliers de friches agricoles est au
cœur de la charte pour une agriculture durable de
l’île d’Oléron. La CdC a entrepris de les recenser
et de les caractériser, tout en menant une vaste
concertation afin de définir un « zonage » équilibré
entre espaces naturels, pâturages et remises en
culture.
La terre insulaire est d’ailleurs à l’honneur au
Musée de l’île d’Oléron, où un invité de marque,
l’artiste japonais Koîchi Kurita, expose une « Bibliothèque de terres » collectées dans nos forêts, nos
champs et nos marais. Un peu de poésie dans ce
monde aux dures réalités, ça fait du bien.
Bonne année à tous,
Patrick Moquay
de
bruit
saison
Tout schuss avec la CdC !
Attention, dernières inscriptions pour la neige
jusqu’au 1er février ! En 2013, comme en 2012,
deux séjours de sports d’hiver sont organisés au
centre de vacances Lou Bercail à Campan (65) :
du 17 février au 22 février pour les 7/11 ans et
du 24 février au 1er mars pour les 12/16 ans.
Grâce au soutien financier de la Communauté
de communes, ce sont ainsi 90 petits Oléronais
qui vont avoir la chance de passer de la mer à la
montagne, à partir de 182 euros par personne
seulement (tarifs selon conditions de revenus).
Contact : Stéphanie Gaillard
au service Enfance-jeunesse de la CdC
(05 46 47 24 68 ou 05 46 47 45 10).
M. Bernard, ECOP-LIENs
dossier plein phare
Mise en œuvre du PAPI
Pour sécuriser le littoral
La violence de la tempête Xynthia a révélé en 2010 les limites des
ouvrages de défense de l’île contre les assauts de la mer. Parallèlement
aux travaux d’urgence menés par l’Etat et le Conseil général,
la Communauté de communes a commencé à élaborer un Programme
d’actions de prévention des inondations. Grâce notamment à la solidarité
locale (les huit communes de l’île participent au financement sans
forcément bénéficier de travaux), le Papi de l’île d’Oléron a été labellisé
par l’Etat en juillet 2012.
...
VENTPORTANT
3
dossier plein phare
Mise en œuvre du PAPI
Pour sécuriser
le littoral
Le PAPI : un dossier
défendu par la CdC pour la
sécurité des Oléronais
Les travaux inscrits au Papi portent
sur sept fondamentaux. Axe 1 :
l’amélioration de la connaissance et de
la conscience du risque. Axe 2 : la
surveillance, la prévision des crues et des
inondations. Axe 3 : l’alerte et la gestion
de crise. Axe 4 : la prise en compte du
risque inondation dans l’urbanisme.
Axe 5 : les actions de réduction de la
vulnérabilité des personnes et des biens.
Axe 6 : le ralentissement des écoulements.
Axe 7 : la gestion des ouvrages de
protection hydraulique.
La première des actions détaillées par le
Papi oléronais consistera à poser dans
les lieux publics des repères de niveaux
de submersion à effet « mémoire » (lire
par ailleurs). Suivront l’élaboration d’un
programme de surveillance des côtes,
la création d’un Pôle intercommunal
d’accompagnement en cas de crise et
d’un système d’alerte harmonisé, une
série de diagnostics et d’études préalables
et réglementaires portant sur la protection
des secteurs sensibles. Les zones de
(1) « Commission mixte inondation » dépendant du ministère
du Développement durable.
4
VENTPORTANT
marais feront l’objet d’un
programme spécifique visant à
limiter les risques de submersion
par contrôle et ralentissement des
écoulements.
Quant aux travaux programmés
par le Papi, il s’agit essentiellement
de la remise en état d’ouvrages
anti-submersion existants (littoral
sud-est, de Dolus au Château,
littoral sud, du Château à Saint-Trojan,
littoral ouest, de Saint-Pierre à
Saint-Georges), de la création de
protections nouvelles (La Perrotine
à Boyardville et Saint-Trojan) et du
renforcement d’ouvrages sur les
13 tronçons « sensibles » du littoral
nord-ouest. Priorité sera bien sûr
donnée aux deux « zones de
solidarité » définies comme telles
après Xynthia (lire par ailleurs).
à noter ce partenariat original :
la Communauté de communes a
chargé l’Université de La Rochelle
d’étudier les « trajectoires de
vulnérabilité » de l’île d’Oléron face
aux risques liés à la mer. « Une
analyse historique et prospective
du territoire dans toutes ses
composantes afin de mieux
comprendre sa vulnérabilité
actuelle, mais aussi son potentiel
d’évolution. » Tout un programme.
Ce n’est pas du vent
24 M€
Le budget prévisionnel du Papi
s’élève à 24,341 millions d’euros,
répartis comme suit :
• Etat : 9,781
• Conseil général : 4,670
• Région : 4,556
• Communes : 2,673
• CdC : 2,663
projet atlantique
A
u lendemain de Xynthia, la
Communauté de communes a
lancé l’étude d’un Programme
d’actions de prévention des inondations
(Papi). Pour mener à bien ce programme
destiné à réduire la vulnérabilité de l’île
d’Oléron face aux risques de submersion
marine, la CdC a créé un comité de
pilotage et embauché un technicien spécialisé à plein temps. Le 12 juillet 2012,
le Papi de l’île d’Oléron a été validé
par un comité de labellisation (1) réuni à
Paris ; préalable nécessaire à la mise en
œuvre des procédures réglementaires et
notamment à la participation financière
de l’Etat à hauteur de 40 %.
projet atlantique
...suite de la page 3
Premier rempart : la dune
Les 53 km de cordon dunaire que compte l’île
d’Oléron vont faire l’objet, dans le cadre du Papi,
d’un programme de surveillance élaboré en partenariat avec l’ONF et le Conseil général. Il s’agira par
exemple de mesurer régulièrement la largeur et la
hauteur des dunes, le degré d’érosion (marine et
éolienne), le taux de recouvrement végétal… Ce afin
d’anticiper les éventuels points faibles du cordon
dunaire et prendre les mesures qui s’imposent dès
que se présente un risque de submersion.
Deux dispositifs
emblématiques
CDC OLÉRON
C. BAVOUX
(Pôle-Nature du Marais aux Oiseaux)
Boyardville…
Papi + PPRN = sécurité maxi
Les huit communes de l’Ile d’Oléron sont couvertes
depuis 2004 par un Plan de prévention des risques
naturels portant sur les risques d’érosion côtière, de
submersion marine et de feux de forêt. Afin de prendre en compte certaines évolutions, et notamment
les enseignements de la tempête Xynthia, l’Etat a
engagé une procédure de révision générale de ce
plan de prévention (PPRN) avec, comme « aléas de
référence » : Xynthia + 0,2 m à court terme et Xynthia
+ 0,6 m à long terme. Chacune des huit communes de
l’île fera prochainement l’objet d’un PPRN individuel.
Objectif : définir des prescriptions urbanistiques
précises afin de rendre moins vulnérables les zones
soumises au risque de submersion marine.
Le secteur de Boyardville a été
l’un des plus gravement touchés
du département lors de Xynthia :
1 décès, 218 logements et 32
commerces inondés. La tempête
a noyé une grande partie des
zones urbanisées denses et basses
ainsi que les marais arrières. Les
travaux de protection retenus
par le Papi visent à empêcher les
entrées d’eaux marines de part et
d’autre du chenal de La Perrotine :
rehausse à + 4 m NGF (1) de l’épi
rive gauche ; réalisation de murets
anti-submersion le long des berges
nord et sud à + 4,65 m NGF ;
surélévation des digues de Fort
Royer et de la Perrotine à + 4,80 m
NGF ; remise en état des varaignes
d’évacuation des eaux ; rehausse
de voiries côté La Perrotine à
+ 4,65 m NGF.
Devoir de mémoire
Au nombre des tout premiers travaux dont la CdC
sera maître d’ouvrage, figure la pose de repères de
niveaux de submersion. Envisagés sur les secteurs les
plus touchés par Xynthia (Boyardville, La Perrotine,
Saint-Trojan…), ils seront accompagnés de panneaux
explicatifs à effet « mémoire » avec, notamment, une
carte de la zone inondée, des photographies et des
témoignages recueillis sur le vif.
cdcio
cdcio
…et Saint-Trojan
boudins géotextiles
Xynthia a noyé toutes les
habitations et commerces entourant le port, ainsi que la tranche
d’habitations basses devant le
marais, conduisant au classement
(comme à Boyardville) d’une partie
du secteur en « zone de solidarité ».
Le dispositif anti-submersion défini
par le Papi est ici encore très précis :
rechargement en enrochements
de la digue de la Taillée jusqu’à
+ 4,60 m NGF ; élévation à la même
cote d’un muret autour du port ;
rehausse de la levée de terre
jusqu’à + 3,50 m NGF ; réalisation
d’un muret de protection à la cote
+ 4,90 m NGF le long du boulevard
de la Plage.
(1) Le Nivellement général de la France (NGF)
constitue un réseau de repères altimétriques
disséminés sur le territoire métropolitain.
VENTPORTANT
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enfance/jeunesse
moussaillons
Le nouveau CLSH (1) de Saint-Denis
L’îlot marin
fait son cinéma
(1) Centre de loisirs
sans hébergement
(Blog : http://
clshilotmarin.un
blog.fr/ - Contact :
09 64 16 88 84).
(2) Organisé les
28 et 29 septembre
derniers par MO-TV
et le BiJ (bureau
d’information jeunesse
de la Communauté de
communes).
(3) A noter qu’un
autre Oléronais figure
au palmarès : Clément
Lely, 3ème prix
ex-aequo dans la
catégorie Particuliers,
pour son film Steak II.
projet atlantique
Le tout nouveau centre de loisirs
de Saint-Denis, bâti sous l’égide
de la CdC, est une réussite.
Et les jeunes Dyonisiens qui l’ont
adopté sont bourrés de talent.
D
epuis son assemblée générale
constituante du 23 novembre 1952,
tenue à l’étage d’un ancien chai, l’association du Foyer rural de Saint-Denis n’a
cessé d’œuvrer au service des Dyonisiens.
Années 1950 : création d’équipes de basket et de volley. 1978 : première fête des
battages. 1980 : voyage à la neige. 1981 :
création de la chorale des Mareyants.
1982 : restructuration de la bibliothèque.
1986 : journées de réflexion autour du
développement local. 1987 : structuration
des activités enfants. 1992 : création du
CLSH (1) dans une classe inoccupée de
l’école communale et, plus tard, du Local
jeunes (n°2 Petite rue du Port)…
En septembre 2012, « L’îlot Marin, Centre
de loisirs Accueil jeunes » a inauguré ses
locaux flambant neufs au sein du stade
Patrick Charles, à côté du terrain multisports. Le projet de cet équipement à l’architecture contemporaine et à la conception BBC (panneaux photo-voltaïques,
géothermie, récupérateur d’eau de pluie…)
a été initié par la commune de Saint-
solidarité
Denis, puis mis en œuvre par la Communauté de communes à la suite de la prise
en charge par celle-ci de la compétence
« enfance-jeunesse ».
L’îlot marin peut déjà s’enorgueillir d’abriter de la graine de réalisateur : au 1 er
festival ciné-jeunes Cut Back (2), le Local
jeunes de Saint-Denis a reçu le 4ème prix
de la catégorie Etablissements publics
pour son film Voleurs de statues (3).
contre vents & marées
Le premier été de la Maison médicale
Patients,
composez le 15
Patients soulagés et satisfaits du service
rendu, nombreux déplacements aux urgences
évités, et même deux vies sauvées : mission
(de santé publique) remplie.
D
u 1er juin au 31 août 2012, la Maison
médicale de garde a accueilli
1545 patients, oléronais pour près d’un
tiers, qui ont unanimement apprécié le
dispositif à sa juste valeur.
Le directeur de l’hôpital local, Alain Le Roux,
témoigne : « Nous n’avons enregistré aucune
réclamation ni plainte, aucun retour
négatif. Les patients venus régler leur
consultation le lendemain se sont déclarés satisfaits. Il faut dire que la majorité
d’entre eux ont été pris en charge dans la
demi-heure, voire le quart d’heure. » Au
chapitre des manifestations de gratitude,
Alain Le Roux cite un ami saint-trojanais
qui s’est blessé en bricolant et à qui il a
6
VENTPORTANT
fallu poser dix points de suture ; ou encore
cette dame qui souffrait, martyrisée par
un dentiste sur le continent, et qu’il a
fallu soulager… Au total, cet été, ce sont
175 « simples cas de sutures » qui se sont
épargnés un aller et retour aux urgences
les plus proches, c’est-à-dire Rochefort.
« N’oublions pas non plus les deux personnes sauvées d’un AVC et d’un infarctus au cours du week-end du 1er juin… »
Les travaux d’aménagement des locaux
définitifs viennent de commencer,
pour une ouverture prévue en juin
2013. A noter que depuis le 17 septembre, la Maison médicale a adopté
de nouveaux horaires, plus adaptés à
la réalité des besoins : 21h00-24h00
du lundi au vendredi, 16h00-20h00 le
samedi, 10h00-13h30 et 17h00-21h00
le dimanche.
La Communauté de communes, sans laquelle
ce service public n’aurait pu voir le jour,
se félicite de ces premiers résultats, alors
même que les conditions de prise en
charge sont provisoires et la confidentialité des consultations peu satisfaisante.
Par ailleurs, bonne nouvelle : après
l’orthopédie et la pneumologie, l’hôpital de Saint-Pierre accueille depuis
octobre des consultations de gynécologie (détails page 9).
cdc oléron
Le devenir des friches agricoles
Un sacré dossier
à défricher
Le devenir des friches agricoles
est au cœur de la charte pour
une agriculture durable de l’île
d’Oléron. Entre espaces naturels,
pâturages et remises en culture,
un équilibre reste à trouver.
Première étape : les caractériser,
une à une. Il y en a des milliers…
Q
u’est ce qu’une friche ? Si l’on
se réfère à la définition du dictionnaire, la friche est souvent
perçue de façon négative : « terrain non
cultivé, soit de tout temps, soit par abandon » (Littré). Spontanément, la vue d’une
parcelle en friche évoque le désordre, le
laisser-aller, le no man’s land. La réalité
est plus complexe, en particulier sur l’île
d’Oléron. Selon une étude de la SAFER (1),
on estime la surface totale des friches oléronaises à 2 000 hectares. Une mosaïque
de milliers de parcelles (de quelques ares
à plusieurs hectares) que la Communauté
de communes a entrepris d’identifier et de
caractériser une à une ; ce afin de définir
un « zonage » entre espaces naturels, pâturages, terres cultivables…
Parallèlement, la CdC coordonne et anime
un comité de gestion qui rassemble pro-
priétaires et gestionnaires : ONF, réserve
de Moëze-Oléron, Conseil général, Conservatoire du littoral, organisations professionnelles du secteur primaire… Objectif, entre
autres : croiser les regards sur le milieu des
friches afin d’envisager toutes les manières
de gérer leur devenir, en harmonie avec le
développement d’une agriculture durable.
Faut-il en faire des réservoirs de biodiversité ? Comment déterminer si elles sont
compatibles avec une mise en valeur agricole ou si elles relèvent plutôt d’un espace
naturel ? Comment concilier valorisation
agricole, pression foncière et préservation
de la biodiversité ?…
Fin novembre, la CdC a mis en place un
programme de formation à l’intention des
publics concernés : élus, propriétaires terriens, chasseurs, agriculteurs, gestionnaires
d’espaces naturels, naturalistes et associations… Au menu : biologie des friches,
réglementation, interactions avec les activités cynégétiques, apicoles et agricoles,
ateliers sur le thème de la gestion des
friches (cas concrets du territoire), débats,
échanges, pistes d’actions… Comme quoi,
même sur l’île d’Oléron, les intérêts particuliers savent défricher ensemble un dossier
d’intérêt général.
Âne bâté et percheron
attelé : deux alternatives au cheval-vapeur
Cet été, la Communauté de communes a
testé sur deux demi-journées le nettoyage
des plages avec deux baudets (de l’élevage
« Les Ânes d’Oléron ») : Casimir attelé à une
remorque, Ulrich flanqué de deux seaux.
L’expérimentation a consisté à ramasser,
sur la plage des Sables Vigniers, une douzaine de kilos de micro-déchets : mégots de
cigarettes, bouts de filets de pêche, morceaux
de plastique… Bilan : bâts de portage bien
adaptés à ce type de travail, impact pédagogique, succès auprès des enfants et des
estivants, soutien à la préservation de la race
locale des baudets du Poitou.
Têtue comme une mule et très à cheval sur
son programme d’optimisation des
déchets, la CdC mène une autre
expérience, en partenariat avec
le Conseil général : la collecte
hippomobile des sacs jaunes
dans les petites rues et les voies
piétonnes de La Brée et La
Cotinière. C’est Polo, le cheval
de trait de Sébastien Desenne
(lire p. 11) qui s’y colle, attelé à une
remorque porte-conteneurs. La différence ?
Au passage du bruyant camion-benne, les
fenêtres se ferment ; à l’approche de l’attelage de Polo, les gens sortent à sa rencontre…
Bref, on ne va pas en faire un foin, mais
l’énergie équine, c’est respectueux de l’environnement et du voisinage, avec zéro pollution et sourires garantis !
cdc oléron
environnement vert embrun
(1) Société d’aménagement foncier et d’établissement rural.
VENTPORTANT
7
économie vent en poupe
L’action touristique
de la CdC
Une île de plus en
plus accueillante
On le sait, le tourisme est le « fonds de
commerce » de l’île. Nature, plages, pistes
cyclables, musées : tous ces trésors touristiques sont bichonnés par la CdC.
culture nouvelle vague
Exposition Koîchi Kurita
Île à île,
terre à terre
Les Bibliothèques de terres du Japon et d’Oléron
sont œuvres de poète. Mosaïques d’ocres dont
les innombrables nuances nourrissent l’infinité
chromatique de la planète-palette.
cdcio
Sur un territoire comme le nôtre, l’économie est
étroitement liée au tourisme, c’est une évidence.
Ce qui est moins connu, c’est que la plupart des
actions de la Communauté de communes ont une
dimension plus ou moins touristique. Outre sa participation directe au financement de la Maison du tourisme, on peut citer nombre de soutiens indirects :
la surveillance, le nettoyage des plages et l’aménagement de leurs accès, la construction et l’entretien
des pistes cyclables, la gestion du réseau de sites
patrimoniaux (Oléron Nature et Culture) et des trois
musées intercommunaux (Port des Salines, Maison
Paysanne et Musée de l’île d’Oléron), la création et la
gestion déléguée d’Iléo…
Au chapitre des équipements portés par la CdC
et profitant aux touristes, la navette des plages
(gratuite) a connu cet été un succès foudroyant :
35 000 passagers, soit dix fois plus qu’en 2011,
année de démarrage. Ce mode de déplacement
alternatif, associé à la navette maritime et au vélo,
ne rend-il pas notre territoire plus accueillant ?
8
VENTPORTANT
Kôichi Kurita
Pour les professionnels du tourisme, la saison estivale aura été plus clémente que ne le laissait présager la météo maussade de juillet. « Globalement,
la tendance est à la baisse par rapport à un très bon
été 2011 », explique Lionel Pacaud, directeur de la
Maison du tourisme Marennes-Oléron. « L’île a sans
doute accueilli à peu près autant de visiteurs, mais
dans une certaine mesure, ils ont fait plus attention
à leur porte-monnaie. » Il faudra attendre les chiffres
officiels (début 2013) avant de tirer un bilan économique précis.
A
près Un tout petit monde en 2010 et Plug-in II en 2011, le Musée de
l’île d’Oléron poursuit sa mission de sensibilisation à l’art contemporain avec l’exposition Île à île, terre à terre consacrée à Koîchi Kurita.
Cet artiste-plasticien apparenté au Land-Art collecte depuis vingt ans
des échantillons de terre dans tous les pays qu’il traverse, afin de nourrir
l’œuvre de sa vie : la « Bibliothèque de terres ». Il arpente le monde à la
manière des explorateurs naturalistes, afin de donner à voir l’infinité chromatique des nuances de la terre. Chaque fragment qu’il prélève est minutieusement répertorié, séché, épuré, broyé, parfois tamisé jusqu’à obtenir
la finesse d’un pigment.
Invité cet été en résidence par la Communauté de communes, il a récolté
121 fragments de terre à travers nos forêts, nos champs et nos marais.
Après les avoir réduits en poudre, il en a sélectionné 30 pour composer
la Bibliothèque de terres de l’île d’Oléron, exposée en flacons à côté de la
Bibliothèque de terres de Poitou-charentes - 400 carrés de terre alignés sur
du papier végétal à même le sol. Expo dans l’expo, une œuvre photographique met en situation de minuscules montagnes de terres du Japon dans
des paysages typiquement oléronais.
Quand on demande à l’artiste comment il choisit les endroits où prélever
de la terre, son œil se fait malicieux : « Je m’arrête là où je trouve de la
place pour garer ma voiture… » Derrière la pirouette, le travail de l’artiste
est infiniment poétique, empreint de religiosité, tel une offrande en remerciement du don de la vie née de la terre. Koîchi Kurita, qui a l’éternité
devant lui, a récolté pour l’instant près de 35 000 échantillons de terre à
travers la planète.
Prolongement de l’exposition, le Musée invite les Oléronais à participer à un projet collectif : Post-terres. Modalités à découvrir sur le
document encarté dans le présent numéro.
force 8
dolus
Pour Noël,
Oléron on ice !
A Noël, surprise : vingt et un jours durant, les
amateurs s’en donneront à cœur joie dans
la salle des fêtes, grâce à la location d’une
patinoire écologique en résine synthétique.
Il y en aura pour tout le monde, avec animation musicale et nocturnes organisés les
vendredis et samedis soirs. Les enfants des
écoles seront les premiers servis au cours
des matinées de la première semaine.
L’ouverture au public aura lieu en fin
d’après-midi pour une fermeture vers 20h00
ou plus. Cette animation originale prouve
le dynamisme de la commune et son désir
d’offrir aux jeunes des activités sportives
inédites. Bien dans la ligne d’Iléo et du
Bowling, voici… Oléron Ice Indoor.
pour trouver une solution. Un afflux massif
d’algues, ensuite, qui a un peu perturbé les
séances de bronzette ; là, c’est la Communauté de communes qui s’y colle, avec, à
l’étude, un projet sur le compostage des
algues d’échouage (lire p.2). L’automne a
apporté un rayon de soleil aux Brénais : la
collecte hippomobile des sacs jaunes (lire
p.6). « Une initiative appréciée par les habitants, qu’il faut pérenniser », a déclaré le
maire, Jean-Jacques Naud.
projet atlantique
singularités
dans le village de la Michelière tout proche
existe une… place de la Concorde (quelques
dizaines de m2 tout de même) ! Pas d’obélisque au milieu, mais un vieux puits inscrit
à l’inventaire du patrimoine, dont la date de
construction est aussi inconnue que l’identité du soldat de l’arc de Triomphe. Mais ça,
c’est sur une autre place et on s’éloigne
du sujet…
saint-trojan
Rendez-vous
autour de Babel
saint-georges
le grand village
Maison heureuse
et généreuse
Qui ne se serait douté que le dispositif
expérimental avec horodateurs et zone
bleue allait allumer le feu dans les esprits ?
Le brasier fut ardent en juillet ; les médias
entretinrent la flamme. La réunion, fin octobre,
entre les représentants des acteurs économiques de la commune, inquiets de l’éventuelle baisse de fréquentation touristique,
et les élus a été constructive. Si l’on n’ en
est pas encore à fumer le calumet de la
paix, l’échange de propositions concrètes
pour améliorer ce plan de stationnement a
permis de circonscrire l’incendie, sinon de
l’éteindre. Espérons qu’un nouveau vent de
fronde ne viendra pas raviver l’étincelle sur
des cendres encore chaudes.
la brée
Algues + érosion
= plage triste
cdc oléron
Parcmètre le feu
aux poudres
Du 23 juillet au 5 août 2012, le collectif Noir
de Mars et la commune ont organisé un festival d’art contemporain réunissant 9 plasticiens de divers horizons autour d’une œuvre
collective : Babel opus II. Comme un chœur à
9 voix, 9 installations inspirées du Land-art,
originales et insolites, ont su interpeller de
nombreux curieux. Tout en se promenant
dans les rues de Saint-Trojan et sur le front
de mer, ils ont pu apprécier ce Rendez-vous
de juillet à ciel ouvert évoquant l’air, le vent,
le ciel, la lumière. La reconduction de cette
manifestation propice au « métissage des
écritures » est envisagée l’été prochain (catalogue en vente à l’office de tourisme).
saint-denis
cdc oléron
Anecdote pour
tourner en rond
Sur la plage de La Brée, l’été aura été marqué
par deux phénomènes naturels, récurrents
et embêtants. L’érosion, d’abord, qui grignote chaque année un peu plus de sable ;
la commune compte sur le Conseil général
Depuis le printemps 2012, un giratoire réalisé par le Conseil général a été mis en service sur la RD 734 à hauteur du village de la
Bétaudière, afin de sécuriser le carrefour. Le
maire Jean-Michel Massé révèle qu’en tournant autour de ce rond-point, seuls les initiés
ont à l’esprit une célèbre place parisienne :
Pendant la guerre d’Espagne, suite aux bombardements de Guernica en avril 1937, les
Républicains ont cherché à mettre leurs
enfants à l’abri. Ceux-ci ont été envoyés
en France par bateaux entiers et accueillis
dans différentes colonies de vacances. A la
Maison Heureuse de Boyardville, l’Entraide
coopérative a offert aux petits réfugiés
les meilleures conditions, des soins, de la
nourriture, de l’affection. 75 ans après, pour
ne pas oublier cet épisode à la fois douloureux et chargé d’humanité, une cérémonie
commémorative a eu lieu le 12 octobre en
présence du consul d’Espagne, d’une représentante de l’Unesco et d’une association de
réfugiés espagnols.
saint-pierre
Ortho, pneumo,
gynéco & Co
Pour son premier été, la Maison médicale
aura connu efficacité et reconnaissance
(lire p.5). A ce service attendu par tous les
Oléronais se sont ajoutées dès la rentrée des
consultations non moins espérées par toutes
les Oléronaises : celles de gynécologieobstétrique. Fini les quelque 80 à 120 kilomètres aller et retour à Rochefort pour un
rendez-vous souvent retardé par de longues
listes d’attente. Avec l’ouverture des consultations d’orthopédie en octobre 2011, de
pneumologie en mars 2012 et maintenant
de gynécologie, l’hôpital local de Saint-Pïerre
a pris une nouvelle dimension qui change la
vie des îliens. Pour un rendez-vous avec le
Dr Otillia Pereira, gynécologue : 05 46 47 00 98.
VENTPORTANT
9
découverte
nez au venT
L’histoire du Foyer Lannelongue
Ce fut une base aéronavale
Si l’ambassade des Etats-Unis
s’est intéressée aux travaux
d’aménagement du Foyer
Lannelongue (pour y
accueillir les lycéens du CEPMO),
c’est que l’origine du site remonte
à la guerre de 14-18. L’occasion de
relater une histoire qui puise ses
racines à la fin du XIXe siècle, au
fond de l’âme philanthrope d’une
certaine… Marie Lannelongue.
• Source
historique :
site Internet du
P’tit train de
Saint-Trojan
(www.le-ptittrain.com).
• Cartes postales
de la collection
personnelle
de Françoise
Frétier, reproduites ici avec
son aimable
autorisation.
C
cdcio
omme pour fêter ses 30 ans, le
CEPMO, établissement emblématique
de l’île (1), a donc quitté la Maison
heureuse de Boyardville pour prendre ses
quartiers sur un autre site historique oléronais,
celui du Foyer Lannelongue à Saint-Trojan. Ce
déménagement est la concrétisation d’une démarche inédite et originale de mixité sociale :
réunir les soixante adultes handicapés de
Lannelongue, les cent vingt élèves du CEPMO
et les enfants du centre de loisirs L’Atalante.
Pour accueillir dignement les nouveaux « pensionnaires », la Communauté de communes a
réhabilité trois bâtiments du Foyer, y aménageant 1051,40 m2 de surfaces utiles : salle à
manger, infirmerie, sanitaires, espace administratif, espaces pédagogiques et salles de
classes. Au sein du pool de financement du
chantier va peut-être figurer… l’ambassade
des Etats-Unis. Sans les Américains, en effet,
le Foyer Lannelongue n’aurait sans doute
jamais vu le jour…
1836 :
date de naissance de Marie
Cibiel, future épouse du chirurgien Odilon
Lannelongue. Cette philanthrope créera
deux écoles gratuites et financera la recherche médicale.
1917 : implantation d’une base aéronavale américaine dans la baie de SaintTrojan afin de sécuriser l’accès des navires
de ravitaillement à l’estuaire de la Gironde.
La United states air station se composera de
trois hangars à hydravions, de deux cales de
mise à l’eau et de baraquements qui abriteront jusqu’à 343 hommes et 26 officiers.
Elle sera désaffectée le 19 janvier 1919.
1922 : le préfet de la Seine ayant fait
l’acquisition de la base après un « deal »
avec l’œuvre des maisons américaines de
convalescence, l’Office public d’hygiène
sociale de la Seine la transforme en Préventorium Lannelongue. D’une capacité
de 300 lits, l’établissement accueille des
enfants originaires de la région parisienne
et atteints de primo-infection tuberculeuse.
1939 : évacuation des malades et réqui-
sition des lieux qui deviennent Base auxiliaire
navale de Saint-Trojan avant d’être désertés
en 1940 à l’approche des Allemands.
1946 : endommagés par les pillages et
les bombardements, les locaux sont remis
en état et peu à peu réoccupés par les enfants.
1974 :
suite à la régression de la
tuberculose, le Préventorium accueille des
jeunes parisiens convalescents de rhumatismes articulaires et de cardiopathies,
puis des malades de toutes régions.
1987 : la reconversion se poursuit et
deux structures cohabitent sur le lieu, le
Centre Lannelongue (15 lits pour « insuffisants respiratoires chroniques graves ») et
le Foyer (40 lits pour adultes lourdement
handicapés).
1992 :
le Conseil général achète la
propriété.
Aujourd’hui, les services médicaux
du Foyer départemental Lannelongue
(kiné, psychologue, orthophoniste, ergothérapeute, infirmiers…) prennent en charge
une soixantaine de malades : polyhandicapés, autistes et traumatisés crâniens.
(1) Le centre expérimental pédagogique maritime en oléron,
alias CEPMO, est l’un des quatre lycées publics autogérés créés
par le ministère de l’éducation en 1982.
10
VENTPORTANT
portraits
figures de proue
Huguette et Christian Luneau
Rayons de quincaille
Les voltigeurs Benjamin Grain et
«
Sébastien Desenne livrent une performance stylée, empreinte de sensualité. »
Cet hommage (1) faisait référence au spectacle équestre Cheval-Théâtre, donné
à Québec en 2001. C’était l’époque où
Sébastien bourlinguait à travers le monde
sous les chapiteaux de Gilles Saintes-Croix
(Cheval-Théâtre), Valérie Fratellini (Ô Cirque)
ou Bartabas (Zingaro). Un jour de 2006, fini
les numéros d’équilibriste au galop avec
une partenaire sur le dos : une hernie discale l’oblige à lever le pied (de l’étrier). Il
rejoint sa compagne Soizic sur les terres de
celle-ci, à Chaucre, et tous deux se lancent
dans le maraîchage à cheval. Mais ramasser
des melons et des haricots, ça va un temps.
La passion est la plus forte, d’autant plus
que Soizic est acrobate trapéziste, formée
comme Sébastien aux arts du cirque et à la
voltige, au sein de troupes comme Archaos,
Chapiteau d’Afrique, le Cirque Romanès…
Ils créent l’association Acrocheval (2) et, avec
leurs percherons Polo, Trésor et Monoï,
proposent des stages de découverte, d’initiation et de perfectionnement à leur discipline. Parallèlement, ils mettent sur pied,
ou plutôt sur pattes, les numéros de voltige
à cheval qu’ils donnent un peu partout :
Feria de Nîmes, Internationaux de dressage de Compiègne, Haras d’Hennebont…
ce labyrinthe de 33 pièces sur trois niveaux,
pas un centimètre carré qui ne soit occupé
par une boîte de vis, un tapis-brosse, un
seau en zinc, du bois vendu à la baguette, un
tuyau coudé de gazinière, un débouche-évier
en caoutchouc… Avec son épouse Huguette,
Christian est seul à connaître par cœur l’emplacement de chacune des 12 000 références
du magasin. Sans une hésitation, le bientôtnonagénaire grimpe à l’échelle et s’empare
d’un geste vif du « rasoir à fromage » réclamé
par une cliente hollandaise. Mais le plus bel
objet du magasin n’est pas une marchandise. Rangé dans un tiroir, un « press-book »
illustre l’impressionnant palmarès cycliste
d’Huguette et de Christian. Elle 3 ème au
championnat de France 1952 (Monthléry), lui
champion du Poitou 1953, une cinquantaine
de coupes à eux deux, un nombre incalculable de courses : La Bossis, le Pruneau, la
Pierre Jodet, la Limousine, l’Ecureuil de la
Souterraine… Ils n’ont arrêté les randonnées qu’en 2010 ! On comprend qu’entre
les rayons de la quincaillerie ouverte six
jours sur sept et ceux de leurs vélos tous les
dimanches, les fringants octogénaires n’aient
jamais pris un seul jour de vacances ! Francis,
leur fils, nous ont-ils confié, va prendre la
relève. La dernière quincaille oléronaise n’a
pas vendu son dernier clou.
eau
r
d
a
n
ic
z
i
o
S
Sebastien Desenne
Projet atlantique
La quincaillerie d’Huguette (85 ans) et de
Christian (87), sise place de la République
au Château, fut créée avant-guerre par Alfred
Luneau. « C’est historique, ici, on n’a pas le
droit de toucher les murs », dit Christian. Cette
demeure bourgeoise fut construite, paraît-il,
par un architecte qui avait fait la campagne
d’Egypte avec Napoléon. A la lampe-torche,
le quincailler révèle les tapisseries murales
d’époque dissimulées derrière des rouleaux
de toile cirée, une superbe rosace dans la pénombre d’un plafond, une cheminée émaillée
sous des tuyaux d’arrosage. Sous la verrière
où s’entassent des rayonnages vertigineux,
il y avait autrefois une salle de billard… Dans
projet atlantique
A eux deux, ils cumulent les records : 172 ans,
12 000 références en magasin dans 33 pièces, un
mois d’inventaire chaque année, pas un jour de congé
en 60 ans de métier. Et des millions de km à vélo.
Leur numéro actuel, « Poppins », mêle équilibre, grâce, poésie, et virtuosité lorsque
Soizic-Mary Poppins s’envole enrubannée
au-dessus de Sébastien-Bert le ramoneur
virevoltant sur la croupe de Polo au galop !
Le colosse (près d’une tonne) se donne
également en spectacle dans les ruelles
de La Brée et de Saint-Pierre, où il s’attire
les regards bienveillants des habitants en
expérimentant la collecte hippomobile des
sacs jaunes, attelé à une remorque ; en
attendant la fauche des prairies, le débardage des robiniers, l’entretien des pistes
cyclables… Le ramonage des cheminées,
c’est quand les chevaux auront des ailes,
comme Mary Poppins.
Les accros
d’Acrocheval
Chaucrins mais pas chauvins,
ils ont voltigé autour du monde
avant de poser selle et trapèze.
De l’acrobatie équestre à la
collecte hippomobile, il n’y a
qu’un pas, ou plutôt un trot.
Quand on est accro…
(1) Extrait de l’article intitulé « L’acrobate, le cheval et la nature :
arts du cirque et théâtralité » (erudit.org, plateforme du Consortium
interuniversitaire canadien de revues culturelles francophones).
(2) [email protected] ou 06 79 94 97 09
VENTPORTANT
11
par Finosiâ d’Ol’ron
(Philippe Schaefer)
Les sourdons
Histouère inédite de
« Ghéghé le Prochouée »,
récoltée par Finosiâ
(suite et fin)
1
(1) Sylvère et Dédé, la pêche met l’ bas
(éditions Le Croît Vif), un album publié en 2012
avec le soutien de la Communauté de communes.
Doud
Le nom de notre île s’écrit-il avec ou sans accent ?
Le numéro 8 des Cahiers d’Oleron nous éclaire
(juillet 1993), sous la plume érudite de Gérard
brève
Chagneau :
« Le “e” d’Oleron est traditionnellement
buse
muet. Loti a conservé cet usage dans les premières
de cam
éditions de ses œuvres. Mais l’accent, introduit
par son éditeur, apparaît vers 1914, conformément à une circulaire des Postes
destinée à éviter la confusion avec Oloron-Sainte-Marie. » Un petit sondage auprès d’autres sources littéraires confirme la tradition du “e” muet : les mémoires
d’Agrippa d’Aubigné (1552-1630), la Petite histoire de l’île d’Oleron de Marcel
Delafosse (1915-2000), les Nouveaux contes d’Aunis et de Saintonge de Robert Colle
(1918-1994), la Mythologie de Charente-Maritime d’Aurore Lamontellerie (18981985)… Vent Portant se gardera bien de trancher entre Oleron et Oléron
en adoptant ce bon mot du grammairien Vaugelas sur son lit de mort :
« Je m’en vais ou je m’en vas, l’un ou l’autre se dit ou se disent. »
Vent Portant est une publication de la
Communauté de Communes de l’Île d’Oléron
VENTPORTANT
Imprimé sur PEFC
Directeur de la Publication :
Patrick Moquay
Patrick Moquay,
Christine Granger Maillet, Jean-Jacques Bazerbes,
Patrice Robillard, Marie-Hélène César
Comité de rédaction :
Rédacteur en chef :
Bande dessinée :
Charles Vincent
Doud
Conception, réalisation :
12
VENTPORTANT
Arrivés sus l’ tail, jh’ avons pas été en
feignants. O y’en avait tant et tant qu’ol’
était’ à n’en pus finit’. Pis des grousses, des
PPTG (1) coumme dit Jhean-Marc Chaloyâ
qui sait d’quoué qu’i cause (« si grousses,
qu’o n’en f’lait pas borchouse, por faire in
cent !!! »).
Nous siâs étiant presque piens quand tout
d’in cot’, v’lat’ô pas qu’in gars s’mettit’ à s
ébrailler cont’ nous :
- Nous v’la beun’ encore ine fouée avec
chiellés baignassout’s. Faut pas vous faire
ch… (ier) ! Faut-ô pas tout’ vous dounner
pendant qu’on y’est ?
- Mais qu’est-ô qu’ol’ est qu’ chieu ? Z’êtes
dans les pars à sourdons… dans les pars à
sourdons !, qu’i répétait’, de pus en pus fort’.
A l’époque, j’causis pas l’patouée mais
jh’ me souvins qu’i m’avait beun’ énarvé.
M’adressant à li, jh ‘yi disis’, en baignassout’, pour le calmer : « Sourdon, c’est mon
neveu, mon neveu de Port-des-Barques ; nous
avons l’autorisation pour pêcher dans ses
viviers ! »
D’au cot’, l’aut’ se fighat’, raide coumme ine
balise, dret’ dans ses d’mi-bottes, sans pus
dire auquin mot’ ! Pis i fesit’ in ghess’ et s’en
r’tournat’ en groummelant… Jh’avons tout
d’minme rentré vit’ fait’ avec nous siâs piens
d’ chiellées bounnes chouses. Jhe marchis
vit’, aut’ fouée. Jh’avis pas coumme asteur
in’embouneuil de goret’ sur la route de
l’abattouére.
Mais in jhour, maîtrisant meux l’patouée
des Chius Salés, j’ai appris qu’les sourdons
oléronais ol est des coques, les coques des
baignassout’s. Alors, jh’ai tout compris !
Dépeus chieu temps, nout’ châ est dev’nut’
SOURDON. Chieut dau continent, ol’ est
l’Sourdon d’la târre, et moué, l’Sourdon d’la
mer.
(1) PPTG : Pas Por Ta Goule

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