un papi - Communauté de communes de l`Ile d`Oléron
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un papi - Communauté de communes de l`Ile d`Oléron
Décembre 2012 N°33 VENTPORTANT le MAGAZINE DE LA COMMUNAUTÉ DE COMMUNES DE L’ÎLE D’OLÉRON d’oléron LE CHÂTEAU D’OLÉRON SAINT-GEORGES D’OLÉRON le grand village plage SAINT-TROJAN-LES-BAINS dolus LE CHÂTEAU D’OLÉRON SAINT-GEORGES D’OLÉRON LA BRÉE-LES-BAINS saint-denis d’oléron SAINT-PIERRE D’OLÉRON saint-denis d’oléron SAINT-PIERRE D’OLÉRON dolus d’oléron 3 Un papi « pour sécuriser le littoral » B. HAUGoMAT p. 6 Solidarité : 1er bilan pour la Maison médicale 6 Enfance-jeunesse : Le foyer de Saint-Denis à la loupe 9 Découverte : Lannelongue et les Américains VENTPORTANT Décembre 2012 N°33 le MAGAZINE DE LA COMMUNAUTÉ DE COMMUNES DE L’ÎLE D’OLÉRON Dans une longue lettre datée du 11 septembre, adressée au président de la CdC, une famille de Saint-Pierre se plaint amèrement. Extraits : « Les plages de la Biroire et de la Menounière sont envahies d’algues qui pourrissent au soleil, dégageant une odeur nauséabonde, pestilentielle, perceptible à 200 m à l’intérieur des terres. Ces murs d’algues fourmillent de mouches et de vers […]. Les anciens Oléronais ramassaient ces algues et s’en servaient d’engrais […]. A l’heure du “Bio”, ne serait-il pas bon de remettre cette activité à l’ordre du jour ? » (1) En collaboration avec des agriculteurs et en partenariat avec l’association Iodde et le Céva (Centre d’étude et de valorisation des algues). U D’OLÉRON Journal Vent Portant Communauté de Communes de l’île d’Oléron 17310 Saint-Pierre d’Oléron Fax : 05 46 47 12 88 Tél : 05 46 47 24 68 [email protected] 2 VENTPORTANT pour nous écrire lage Tout à fait conscients des désagréments subis par certains vacanciers, nous rappelons que la fonction écologique des algues est très importante. Elle permet notamment au sable de se fixer, créant les conditions pour la formation ou le renforcement des dunes et limitant ainsi l’érosion de nos côtes ; certains scientifiques préconisent donc de n’y pas toucher. Le phénomène d’échouage massif sur l’île demeure en outre très localisé et très aléatoire selon les années. La Communauté de communes a néanmoins pris les choses en main, surveillant depuis 2010 l’évolution des échouages et menant depuis cette année des tests d’épandage, avec analyse des sols et des récoltes (1). Principale difficulté rencontrée : afin d’éviter la fermentation des algues, il faut les prélever au bon moment (en évitant de drainer trop de sable) et les transporter sur les lieux d’épandage en moins de 24h, tout cela au milieu des estivants et à condition que les agriculteurs soient disponibles le jour J ! Sans préjuger des résultats de l’expérimentation en cours, la solution du compost d’algues semble la plus pertinente. Reste à mettre sur pied une filière oléronaise, peut-être sur le modèle de la plateforme de compostage que la CdC est allée visiter près de Saint-Brieuc. Patience, donc. sommaire ezécriv nous ! 3 6 6 7 8 8 9 10 11 dossier Mise en œuvre du PAPI : pour sécuriser le littoral. enfance/jeunesse Le 1er été de la Maison médicale : patients, composez le 15. solidarité environnement Île à île, terre à terre : exposition Koîchi Kurita. singularités découverte portraits Les friches agricoles : un sacré dossier à défricher. L’action touristique : une île de plus en plus accueillante. économie culture L’îlot marin, le nouveau CLSH de Saint-Denis. La vie des communes. Le Foyer Lannelongue qui fut une base aéronavale. Huguette et Christian Luneau. Soizic Nadreau et Sébastien Desenne. d’oléron LE CHÂTEAU D’OLÉRON SAINT-GEORGES D’OLÉRON le grand village plage SAINT-TROJAN-LES-BAINS dolus LE CHÂTEAU D’OLÉRON SAINT-GEORGES D’OLÉRON LA BRÉE-LES-BAINS saint-denis d’oléron SAINT-PIERRE D’OLÉRON saint-denis d’oléron SAINT-PIERRE D’OLÉRON dolus d’oléron Des nouvelles pour cette nouvelle année Chers concitoyens, L’ouragan Sandy, qui a frappé les côtes américaines fin octobre, nous ramène à la réalité des risques à vivre au bord de la mer. Il est venu également nous rappeler que mieux on est préparé à affronter les éléments, moins graves sont les conséquences. Aussitôt après le passage de Xynthia, la Communauté de communes a commencé à bâtir un Plan d’actions de prévention des inondations : c’est le PAPI de l’île d’Oléron, qui vient d’être labellisé par l’Etat et dont vous trouverez les grandes lignes dans les pages suivantes. Parmi les thèmes abordés dans ce numéro, deux sujets de satisfaction pour les Oléronais. Le tout nouveau centre de loisirs de Saint-Denis, projet communal repris par la CdC (depuis que celle-ci a pris en charge le secteur enfance-jeunesse de l’île d’Oléron), est une réussite. Autre beau succès bâti par la collectivité : la Maison médicale dont médecins et patients attendaient l’ouverture. Dans six mois, elle intègrera ses locaux définitifs. Le devenir de milliers de friches agricoles est au cœur de la charte pour une agriculture durable de l’île d’Oléron. La CdC a entrepris de les recenser et de les caractériser, tout en menant une vaste concertation afin de définir un « zonage » équilibré entre espaces naturels, pâturages et remises en culture. La terre insulaire est d’ailleurs à l’honneur au Musée de l’île d’Oléron, où un invité de marque, l’artiste japonais Koîchi Kurita, expose une « Bibliothèque de terres » collectées dans nos forêts, nos champs et nos marais. Un peu de poésie dans ce monde aux dures réalités, ça fait du bien. Bonne année à tous, Patrick Moquay de bruit saison Tout schuss avec la CdC ! Attention, dernières inscriptions pour la neige jusqu’au 1er février ! En 2013, comme en 2012, deux séjours de sports d’hiver sont organisés au centre de vacances Lou Bercail à Campan (65) : du 17 février au 22 février pour les 7/11 ans et du 24 février au 1er mars pour les 12/16 ans. Grâce au soutien financier de la Communauté de communes, ce sont ainsi 90 petits Oléronais qui vont avoir la chance de passer de la mer à la montagne, à partir de 182 euros par personne seulement (tarifs selon conditions de revenus). Contact : Stéphanie Gaillard au service Enfance-jeunesse de la CdC (05 46 47 24 68 ou 05 46 47 45 10). M. Bernard, ECOP-LIENs dossier plein phare Mise en œuvre du PAPI Pour sécuriser le littoral La violence de la tempête Xynthia a révélé en 2010 les limites des ouvrages de défense de l’île contre les assauts de la mer. Parallèlement aux travaux d’urgence menés par l’Etat et le Conseil général, la Communauté de communes a commencé à élaborer un Programme d’actions de prévention des inondations. Grâce notamment à la solidarité locale (les huit communes de l’île participent au financement sans forcément bénéficier de travaux), le Papi de l’île d’Oléron a été labellisé par l’Etat en juillet 2012. ... VENTPORTANT 3 dossier plein phare Mise en œuvre du PAPI Pour sécuriser le littoral Le PAPI : un dossier défendu par la CdC pour la sécurité des Oléronais Les travaux inscrits au Papi portent sur sept fondamentaux. Axe 1 : l’amélioration de la connaissance et de la conscience du risque. Axe 2 : la surveillance, la prévision des crues et des inondations. Axe 3 : l’alerte et la gestion de crise. Axe 4 : la prise en compte du risque inondation dans l’urbanisme. Axe 5 : les actions de réduction de la vulnérabilité des personnes et des biens. Axe 6 : le ralentissement des écoulements. Axe 7 : la gestion des ouvrages de protection hydraulique. La première des actions détaillées par le Papi oléronais consistera à poser dans les lieux publics des repères de niveaux de submersion à effet « mémoire » (lire par ailleurs). Suivront l’élaboration d’un programme de surveillance des côtes, la création d’un Pôle intercommunal d’accompagnement en cas de crise et d’un système d’alerte harmonisé, une série de diagnostics et d’études préalables et réglementaires portant sur la protection des secteurs sensibles. Les zones de (1) « Commission mixte inondation » dépendant du ministère du Développement durable. 4 VENTPORTANT marais feront l’objet d’un programme spécifique visant à limiter les risques de submersion par contrôle et ralentissement des écoulements. Quant aux travaux programmés par le Papi, il s’agit essentiellement de la remise en état d’ouvrages anti-submersion existants (littoral sud-est, de Dolus au Château, littoral sud, du Château à Saint-Trojan, littoral ouest, de Saint-Pierre à Saint-Georges), de la création de protections nouvelles (La Perrotine à Boyardville et Saint-Trojan) et du renforcement d’ouvrages sur les 13 tronçons « sensibles » du littoral nord-ouest. Priorité sera bien sûr donnée aux deux « zones de solidarité » définies comme telles après Xynthia (lire par ailleurs). à noter ce partenariat original : la Communauté de communes a chargé l’Université de La Rochelle d’étudier les « trajectoires de vulnérabilité » de l’île d’Oléron face aux risques liés à la mer. « Une analyse historique et prospective du territoire dans toutes ses composantes afin de mieux comprendre sa vulnérabilité actuelle, mais aussi son potentiel d’évolution. » Tout un programme. Ce n’est pas du vent 24 M€ Le budget prévisionnel du Papi s’élève à 24,341 millions d’euros, répartis comme suit : • Etat : 9,781 • Conseil général : 4,670 • Région : 4,556 • Communes : 2,673 • CdC : 2,663 projet atlantique A u lendemain de Xynthia, la Communauté de communes a lancé l’étude d’un Programme d’actions de prévention des inondations (Papi). Pour mener à bien ce programme destiné à réduire la vulnérabilité de l’île d’Oléron face aux risques de submersion marine, la CdC a créé un comité de pilotage et embauché un technicien spécialisé à plein temps. Le 12 juillet 2012, le Papi de l’île d’Oléron a été validé par un comité de labellisation (1) réuni à Paris ; préalable nécessaire à la mise en œuvre des procédures réglementaires et notamment à la participation financière de l’Etat à hauteur de 40 %. projet atlantique ...suite de la page 3 Premier rempart : la dune Les 53 km de cordon dunaire que compte l’île d’Oléron vont faire l’objet, dans le cadre du Papi, d’un programme de surveillance élaboré en partenariat avec l’ONF et le Conseil général. Il s’agira par exemple de mesurer régulièrement la largeur et la hauteur des dunes, le degré d’érosion (marine et éolienne), le taux de recouvrement végétal… Ce afin d’anticiper les éventuels points faibles du cordon dunaire et prendre les mesures qui s’imposent dès que se présente un risque de submersion. Deux dispositifs emblématiques CDC OLÉRON C. BAVOUX (Pôle-Nature du Marais aux Oiseaux) Boyardville… Papi + PPRN = sécurité maxi Les huit communes de l’Ile d’Oléron sont couvertes depuis 2004 par un Plan de prévention des risques naturels portant sur les risques d’érosion côtière, de submersion marine et de feux de forêt. Afin de prendre en compte certaines évolutions, et notamment les enseignements de la tempête Xynthia, l’Etat a engagé une procédure de révision générale de ce plan de prévention (PPRN) avec, comme « aléas de référence » : Xynthia + 0,2 m à court terme et Xynthia + 0,6 m à long terme. Chacune des huit communes de l’île fera prochainement l’objet d’un PPRN individuel. Objectif : définir des prescriptions urbanistiques précises afin de rendre moins vulnérables les zones soumises au risque de submersion marine. Le secteur de Boyardville a été l’un des plus gravement touchés du département lors de Xynthia : 1 décès, 218 logements et 32 commerces inondés. La tempête a noyé une grande partie des zones urbanisées denses et basses ainsi que les marais arrières. Les travaux de protection retenus par le Papi visent à empêcher les entrées d’eaux marines de part et d’autre du chenal de La Perrotine : rehausse à + 4 m NGF (1) de l’épi rive gauche ; réalisation de murets anti-submersion le long des berges nord et sud à + 4,65 m NGF ; surélévation des digues de Fort Royer et de la Perrotine à + 4,80 m NGF ; remise en état des varaignes d’évacuation des eaux ; rehausse de voiries côté La Perrotine à + 4,65 m NGF. Devoir de mémoire Au nombre des tout premiers travaux dont la CdC sera maître d’ouvrage, figure la pose de repères de niveaux de submersion. Envisagés sur les secteurs les plus touchés par Xynthia (Boyardville, La Perrotine, Saint-Trojan…), ils seront accompagnés de panneaux explicatifs à effet « mémoire » avec, notamment, une carte de la zone inondée, des photographies et des témoignages recueillis sur le vif. cdcio cdcio …et Saint-Trojan boudins géotextiles Xynthia a noyé toutes les habitations et commerces entourant le port, ainsi que la tranche d’habitations basses devant le marais, conduisant au classement (comme à Boyardville) d’une partie du secteur en « zone de solidarité ». Le dispositif anti-submersion défini par le Papi est ici encore très précis : rechargement en enrochements de la digue de la Taillée jusqu’à + 4,60 m NGF ; élévation à la même cote d’un muret autour du port ; rehausse de la levée de terre jusqu’à + 3,50 m NGF ; réalisation d’un muret de protection à la cote + 4,90 m NGF le long du boulevard de la Plage. (1) Le Nivellement général de la France (NGF) constitue un réseau de repères altimétriques disséminés sur le territoire métropolitain. VENTPORTANT 5 enfance/jeunesse moussaillons Le nouveau CLSH (1) de Saint-Denis L’îlot marin fait son cinéma (1) Centre de loisirs sans hébergement (Blog : http:// clshilotmarin.un blog.fr/ - Contact : 09 64 16 88 84). (2) Organisé les 28 et 29 septembre derniers par MO-TV et le BiJ (bureau d’information jeunesse de la Communauté de communes). (3) A noter qu’un autre Oléronais figure au palmarès : Clément Lely, 3ème prix ex-aequo dans la catégorie Particuliers, pour son film Steak II. projet atlantique Le tout nouveau centre de loisirs de Saint-Denis, bâti sous l’égide de la CdC, est une réussite. Et les jeunes Dyonisiens qui l’ont adopté sont bourrés de talent. D epuis son assemblée générale constituante du 23 novembre 1952, tenue à l’étage d’un ancien chai, l’association du Foyer rural de Saint-Denis n’a cessé d’œuvrer au service des Dyonisiens. Années 1950 : création d’équipes de basket et de volley. 1978 : première fête des battages. 1980 : voyage à la neige. 1981 : création de la chorale des Mareyants. 1982 : restructuration de la bibliothèque. 1986 : journées de réflexion autour du développement local. 1987 : structuration des activités enfants. 1992 : création du CLSH (1) dans une classe inoccupée de l’école communale et, plus tard, du Local jeunes (n°2 Petite rue du Port)… En septembre 2012, « L’îlot Marin, Centre de loisirs Accueil jeunes » a inauguré ses locaux flambant neufs au sein du stade Patrick Charles, à côté du terrain multisports. Le projet de cet équipement à l’architecture contemporaine et à la conception BBC (panneaux photo-voltaïques, géothermie, récupérateur d’eau de pluie…) a été initié par la commune de Saint- solidarité Denis, puis mis en œuvre par la Communauté de communes à la suite de la prise en charge par celle-ci de la compétence « enfance-jeunesse ». L’îlot marin peut déjà s’enorgueillir d’abriter de la graine de réalisateur : au 1 er festival ciné-jeunes Cut Back (2), le Local jeunes de Saint-Denis a reçu le 4ème prix de la catégorie Etablissements publics pour son film Voleurs de statues (3). contre vents & marées Le premier été de la Maison médicale Patients, composez le 15 Patients soulagés et satisfaits du service rendu, nombreux déplacements aux urgences évités, et même deux vies sauvées : mission (de santé publique) remplie. D u 1er juin au 31 août 2012, la Maison médicale de garde a accueilli 1545 patients, oléronais pour près d’un tiers, qui ont unanimement apprécié le dispositif à sa juste valeur. Le directeur de l’hôpital local, Alain Le Roux, témoigne : « Nous n’avons enregistré aucune réclamation ni plainte, aucun retour négatif. Les patients venus régler leur consultation le lendemain se sont déclarés satisfaits. Il faut dire que la majorité d’entre eux ont été pris en charge dans la demi-heure, voire le quart d’heure. » Au chapitre des manifestations de gratitude, Alain Le Roux cite un ami saint-trojanais qui s’est blessé en bricolant et à qui il a 6 VENTPORTANT fallu poser dix points de suture ; ou encore cette dame qui souffrait, martyrisée par un dentiste sur le continent, et qu’il a fallu soulager… Au total, cet été, ce sont 175 « simples cas de sutures » qui se sont épargnés un aller et retour aux urgences les plus proches, c’est-à-dire Rochefort. « N’oublions pas non plus les deux personnes sauvées d’un AVC et d’un infarctus au cours du week-end du 1er juin… » Les travaux d’aménagement des locaux définitifs viennent de commencer, pour une ouverture prévue en juin 2013. A noter que depuis le 17 septembre, la Maison médicale a adopté de nouveaux horaires, plus adaptés à la réalité des besoins : 21h00-24h00 du lundi au vendredi, 16h00-20h00 le samedi, 10h00-13h30 et 17h00-21h00 le dimanche. La Communauté de communes, sans laquelle ce service public n’aurait pu voir le jour, se félicite de ces premiers résultats, alors même que les conditions de prise en charge sont provisoires et la confidentialité des consultations peu satisfaisante. Par ailleurs, bonne nouvelle : après l’orthopédie et la pneumologie, l’hôpital de Saint-Pierre accueille depuis octobre des consultations de gynécologie (détails page 9). cdc oléron Le devenir des friches agricoles Un sacré dossier à défricher Le devenir des friches agricoles est au cœur de la charte pour une agriculture durable de l’île d’Oléron. Entre espaces naturels, pâturages et remises en culture, un équilibre reste à trouver. Première étape : les caractériser, une à une. Il y en a des milliers… Q u’est ce qu’une friche ? Si l’on se réfère à la définition du dictionnaire, la friche est souvent perçue de façon négative : « terrain non cultivé, soit de tout temps, soit par abandon » (Littré). Spontanément, la vue d’une parcelle en friche évoque le désordre, le laisser-aller, le no man’s land. La réalité est plus complexe, en particulier sur l’île d’Oléron. Selon une étude de la SAFER (1), on estime la surface totale des friches oléronaises à 2 000 hectares. Une mosaïque de milliers de parcelles (de quelques ares à plusieurs hectares) que la Communauté de communes a entrepris d’identifier et de caractériser une à une ; ce afin de définir un « zonage » entre espaces naturels, pâturages, terres cultivables… Parallèlement, la CdC coordonne et anime un comité de gestion qui rassemble pro- priétaires et gestionnaires : ONF, réserve de Moëze-Oléron, Conseil général, Conservatoire du littoral, organisations professionnelles du secteur primaire… Objectif, entre autres : croiser les regards sur le milieu des friches afin d’envisager toutes les manières de gérer leur devenir, en harmonie avec le développement d’une agriculture durable. Faut-il en faire des réservoirs de biodiversité ? Comment déterminer si elles sont compatibles avec une mise en valeur agricole ou si elles relèvent plutôt d’un espace naturel ? Comment concilier valorisation agricole, pression foncière et préservation de la biodiversité ?… Fin novembre, la CdC a mis en place un programme de formation à l’intention des publics concernés : élus, propriétaires terriens, chasseurs, agriculteurs, gestionnaires d’espaces naturels, naturalistes et associations… Au menu : biologie des friches, réglementation, interactions avec les activités cynégétiques, apicoles et agricoles, ateliers sur le thème de la gestion des friches (cas concrets du territoire), débats, échanges, pistes d’actions… Comme quoi, même sur l’île d’Oléron, les intérêts particuliers savent défricher ensemble un dossier d’intérêt général. Âne bâté et percheron attelé : deux alternatives au cheval-vapeur Cet été, la Communauté de communes a testé sur deux demi-journées le nettoyage des plages avec deux baudets (de l’élevage « Les Ânes d’Oléron ») : Casimir attelé à une remorque, Ulrich flanqué de deux seaux. L’expérimentation a consisté à ramasser, sur la plage des Sables Vigniers, une douzaine de kilos de micro-déchets : mégots de cigarettes, bouts de filets de pêche, morceaux de plastique… Bilan : bâts de portage bien adaptés à ce type de travail, impact pédagogique, succès auprès des enfants et des estivants, soutien à la préservation de la race locale des baudets du Poitou. Têtue comme une mule et très à cheval sur son programme d’optimisation des déchets, la CdC mène une autre expérience, en partenariat avec le Conseil général : la collecte hippomobile des sacs jaunes dans les petites rues et les voies piétonnes de La Brée et La Cotinière. C’est Polo, le cheval de trait de Sébastien Desenne (lire p. 11) qui s’y colle, attelé à une remorque porte-conteneurs. La différence ? Au passage du bruyant camion-benne, les fenêtres se ferment ; à l’approche de l’attelage de Polo, les gens sortent à sa rencontre… Bref, on ne va pas en faire un foin, mais l’énergie équine, c’est respectueux de l’environnement et du voisinage, avec zéro pollution et sourires garantis ! cdc oléron environnement vert embrun (1) Société d’aménagement foncier et d’établissement rural. VENTPORTANT 7 économie vent en poupe L’action touristique de la CdC Une île de plus en plus accueillante On le sait, le tourisme est le « fonds de commerce » de l’île. Nature, plages, pistes cyclables, musées : tous ces trésors touristiques sont bichonnés par la CdC. culture nouvelle vague Exposition Koîchi Kurita Île à île, terre à terre Les Bibliothèques de terres du Japon et d’Oléron sont œuvres de poète. Mosaïques d’ocres dont les innombrables nuances nourrissent l’infinité chromatique de la planète-palette. cdcio Sur un territoire comme le nôtre, l’économie est étroitement liée au tourisme, c’est une évidence. Ce qui est moins connu, c’est que la plupart des actions de la Communauté de communes ont une dimension plus ou moins touristique. Outre sa participation directe au financement de la Maison du tourisme, on peut citer nombre de soutiens indirects : la surveillance, le nettoyage des plages et l’aménagement de leurs accès, la construction et l’entretien des pistes cyclables, la gestion du réseau de sites patrimoniaux (Oléron Nature et Culture) et des trois musées intercommunaux (Port des Salines, Maison Paysanne et Musée de l’île d’Oléron), la création et la gestion déléguée d’Iléo… Au chapitre des équipements portés par la CdC et profitant aux touristes, la navette des plages (gratuite) a connu cet été un succès foudroyant : 35 000 passagers, soit dix fois plus qu’en 2011, année de démarrage. Ce mode de déplacement alternatif, associé à la navette maritime et au vélo, ne rend-il pas notre territoire plus accueillant ? 8 VENTPORTANT Kôichi Kurita Pour les professionnels du tourisme, la saison estivale aura été plus clémente que ne le laissait présager la météo maussade de juillet. « Globalement, la tendance est à la baisse par rapport à un très bon été 2011 », explique Lionel Pacaud, directeur de la Maison du tourisme Marennes-Oléron. « L’île a sans doute accueilli à peu près autant de visiteurs, mais dans une certaine mesure, ils ont fait plus attention à leur porte-monnaie. » Il faudra attendre les chiffres officiels (début 2013) avant de tirer un bilan économique précis. A près Un tout petit monde en 2010 et Plug-in II en 2011, le Musée de l’île d’Oléron poursuit sa mission de sensibilisation à l’art contemporain avec l’exposition Île à île, terre à terre consacrée à Koîchi Kurita. Cet artiste-plasticien apparenté au Land-Art collecte depuis vingt ans des échantillons de terre dans tous les pays qu’il traverse, afin de nourrir l’œuvre de sa vie : la « Bibliothèque de terres ». Il arpente le monde à la manière des explorateurs naturalistes, afin de donner à voir l’infinité chromatique des nuances de la terre. Chaque fragment qu’il prélève est minutieusement répertorié, séché, épuré, broyé, parfois tamisé jusqu’à obtenir la finesse d’un pigment. Invité cet été en résidence par la Communauté de communes, il a récolté 121 fragments de terre à travers nos forêts, nos champs et nos marais. Après les avoir réduits en poudre, il en a sélectionné 30 pour composer la Bibliothèque de terres de l’île d’Oléron, exposée en flacons à côté de la Bibliothèque de terres de Poitou-charentes - 400 carrés de terre alignés sur du papier végétal à même le sol. Expo dans l’expo, une œuvre photographique met en situation de minuscules montagnes de terres du Japon dans des paysages typiquement oléronais. Quand on demande à l’artiste comment il choisit les endroits où prélever de la terre, son œil se fait malicieux : « Je m’arrête là où je trouve de la place pour garer ma voiture… » Derrière la pirouette, le travail de l’artiste est infiniment poétique, empreint de religiosité, tel une offrande en remerciement du don de la vie née de la terre. Koîchi Kurita, qui a l’éternité devant lui, a récolté pour l’instant près de 35 000 échantillons de terre à travers la planète. Prolongement de l’exposition, le Musée invite les Oléronais à participer à un projet collectif : Post-terres. Modalités à découvrir sur le document encarté dans le présent numéro. force 8 dolus Pour Noël, Oléron on ice ! A Noël, surprise : vingt et un jours durant, les amateurs s’en donneront à cœur joie dans la salle des fêtes, grâce à la location d’une patinoire écologique en résine synthétique. Il y en aura pour tout le monde, avec animation musicale et nocturnes organisés les vendredis et samedis soirs. Les enfants des écoles seront les premiers servis au cours des matinées de la première semaine. L’ouverture au public aura lieu en fin d’après-midi pour une fermeture vers 20h00 ou plus. Cette animation originale prouve le dynamisme de la commune et son désir d’offrir aux jeunes des activités sportives inédites. Bien dans la ligne d’Iléo et du Bowling, voici… Oléron Ice Indoor. pour trouver une solution. Un afflux massif d’algues, ensuite, qui a un peu perturbé les séances de bronzette ; là, c’est la Communauté de communes qui s’y colle, avec, à l’étude, un projet sur le compostage des algues d’échouage (lire p.2). L’automne a apporté un rayon de soleil aux Brénais : la collecte hippomobile des sacs jaunes (lire p.6). « Une initiative appréciée par les habitants, qu’il faut pérenniser », a déclaré le maire, Jean-Jacques Naud. projet atlantique singularités dans le village de la Michelière tout proche existe une… place de la Concorde (quelques dizaines de m2 tout de même) ! Pas d’obélisque au milieu, mais un vieux puits inscrit à l’inventaire du patrimoine, dont la date de construction est aussi inconnue que l’identité du soldat de l’arc de Triomphe. Mais ça, c’est sur une autre place et on s’éloigne du sujet… saint-trojan Rendez-vous autour de Babel saint-georges le grand village Maison heureuse et généreuse Qui ne se serait douté que le dispositif expérimental avec horodateurs et zone bleue allait allumer le feu dans les esprits ? Le brasier fut ardent en juillet ; les médias entretinrent la flamme. La réunion, fin octobre, entre les représentants des acteurs économiques de la commune, inquiets de l’éventuelle baisse de fréquentation touristique, et les élus a été constructive. Si l’on n’ en est pas encore à fumer le calumet de la paix, l’échange de propositions concrètes pour améliorer ce plan de stationnement a permis de circonscrire l’incendie, sinon de l’éteindre. Espérons qu’un nouveau vent de fronde ne viendra pas raviver l’étincelle sur des cendres encore chaudes. la brée Algues + érosion = plage triste cdc oléron Parcmètre le feu aux poudres Du 23 juillet au 5 août 2012, le collectif Noir de Mars et la commune ont organisé un festival d’art contemporain réunissant 9 plasticiens de divers horizons autour d’une œuvre collective : Babel opus II. Comme un chœur à 9 voix, 9 installations inspirées du Land-art, originales et insolites, ont su interpeller de nombreux curieux. Tout en se promenant dans les rues de Saint-Trojan et sur le front de mer, ils ont pu apprécier ce Rendez-vous de juillet à ciel ouvert évoquant l’air, le vent, le ciel, la lumière. La reconduction de cette manifestation propice au « métissage des écritures » est envisagée l’été prochain (catalogue en vente à l’office de tourisme). saint-denis cdc oléron Anecdote pour tourner en rond Sur la plage de La Brée, l’été aura été marqué par deux phénomènes naturels, récurrents et embêtants. L’érosion, d’abord, qui grignote chaque année un peu plus de sable ; la commune compte sur le Conseil général Depuis le printemps 2012, un giratoire réalisé par le Conseil général a été mis en service sur la RD 734 à hauteur du village de la Bétaudière, afin de sécuriser le carrefour. Le maire Jean-Michel Massé révèle qu’en tournant autour de ce rond-point, seuls les initiés ont à l’esprit une célèbre place parisienne : Pendant la guerre d’Espagne, suite aux bombardements de Guernica en avril 1937, les Républicains ont cherché à mettre leurs enfants à l’abri. Ceux-ci ont été envoyés en France par bateaux entiers et accueillis dans différentes colonies de vacances. A la Maison Heureuse de Boyardville, l’Entraide coopérative a offert aux petits réfugiés les meilleures conditions, des soins, de la nourriture, de l’affection. 75 ans après, pour ne pas oublier cet épisode à la fois douloureux et chargé d’humanité, une cérémonie commémorative a eu lieu le 12 octobre en présence du consul d’Espagne, d’une représentante de l’Unesco et d’une association de réfugiés espagnols. saint-pierre Ortho, pneumo, gynéco & Co Pour son premier été, la Maison médicale aura connu efficacité et reconnaissance (lire p.5). A ce service attendu par tous les Oléronais se sont ajoutées dès la rentrée des consultations non moins espérées par toutes les Oléronaises : celles de gynécologieobstétrique. Fini les quelque 80 à 120 kilomètres aller et retour à Rochefort pour un rendez-vous souvent retardé par de longues listes d’attente. Avec l’ouverture des consultations d’orthopédie en octobre 2011, de pneumologie en mars 2012 et maintenant de gynécologie, l’hôpital local de Saint-Pïerre a pris une nouvelle dimension qui change la vie des îliens. Pour un rendez-vous avec le Dr Otillia Pereira, gynécologue : 05 46 47 00 98. VENTPORTANT 9 découverte nez au venT L’histoire du Foyer Lannelongue Ce fut une base aéronavale Si l’ambassade des Etats-Unis s’est intéressée aux travaux d’aménagement du Foyer Lannelongue (pour y accueillir les lycéens du CEPMO), c’est que l’origine du site remonte à la guerre de 14-18. L’occasion de relater une histoire qui puise ses racines à la fin du XIXe siècle, au fond de l’âme philanthrope d’une certaine… Marie Lannelongue. • Source historique : site Internet du P’tit train de Saint-Trojan (www.le-ptittrain.com). • Cartes postales de la collection personnelle de Françoise Frétier, reproduites ici avec son aimable autorisation. C cdcio omme pour fêter ses 30 ans, le CEPMO, établissement emblématique de l’île (1), a donc quitté la Maison heureuse de Boyardville pour prendre ses quartiers sur un autre site historique oléronais, celui du Foyer Lannelongue à Saint-Trojan. Ce déménagement est la concrétisation d’une démarche inédite et originale de mixité sociale : réunir les soixante adultes handicapés de Lannelongue, les cent vingt élèves du CEPMO et les enfants du centre de loisirs L’Atalante. Pour accueillir dignement les nouveaux « pensionnaires », la Communauté de communes a réhabilité trois bâtiments du Foyer, y aménageant 1051,40 m2 de surfaces utiles : salle à manger, infirmerie, sanitaires, espace administratif, espaces pédagogiques et salles de classes. Au sein du pool de financement du chantier va peut-être figurer… l’ambassade des Etats-Unis. Sans les Américains, en effet, le Foyer Lannelongue n’aurait sans doute jamais vu le jour… 1836 : date de naissance de Marie Cibiel, future épouse du chirurgien Odilon Lannelongue. Cette philanthrope créera deux écoles gratuites et financera la recherche médicale. 1917 : implantation d’une base aéronavale américaine dans la baie de SaintTrojan afin de sécuriser l’accès des navires de ravitaillement à l’estuaire de la Gironde. La United states air station se composera de trois hangars à hydravions, de deux cales de mise à l’eau et de baraquements qui abriteront jusqu’à 343 hommes et 26 officiers. Elle sera désaffectée le 19 janvier 1919. 1922 : le préfet de la Seine ayant fait l’acquisition de la base après un « deal » avec l’œuvre des maisons américaines de convalescence, l’Office public d’hygiène sociale de la Seine la transforme en Préventorium Lannelongue. D’une capacité de 300 lits, l’établissement accueille des enfants originaires de la région parisienne et atteints de primo-infection tuberculeuse. 1939 : évacuation des malades et réqui- sition des lieux qui deviennent Base auxiliaire navale de Saint-Trojan avant d’être désertés en 1940 à l’approche des Allemands. 1946 : endommagés par les pillages et les bombardements, les locaux sont remis en état et peu à peu réoccupés par les enfants. 1974 : suite à la régression de la tuberculose, le Préventorium accueille des jeunes parisiens convalescents de rhumatismes articulaires et de cardiopathies, puis des malades de toutes régions. 1987 : la reconversion se poursuit et deux structures cohabitent sur le lieu, le Centre Lannelongue (15 lits pour « insuffisants respiratoires chroniques graves ») et le Foyer (40 lits pour adultes lourdement handicapés). 1992 : le Conseil général achète la propriété. Aujourd’hui, les services médicaux du Foyer départemental Lannelongue (kiné, psychologue, orthophoniste, ergothérapeute, infirmiers…) prennent en charge une soixantaine de malades : polyhandicapés, autistes et traumatisés crâniens. (1) Le centre expérimental pédagogique maritime en oléron, alias CEPMO, est l’un des quatre lycées publics autogérés créés par le ministère de l’éducation en 1982. 10 VENTPORTANT portraits figures de proue Huguette et Christian Luneau Rayons de quincaille Les voltigeurs Benjamin Grain et « Sébastien Desenne livrent une performance stylée, empreinte de sensualité. » Cet hommage (1) faisait référence au spectacle équestre Cheval-Théâtre, donné à Québec en 2001. C’était l’époque où Sébastien bourlinguait à travers le monde sous les chapiteaux de Gilles Saintes-Croix (Cheval-Théâtre), Valérie Fratellini (Ô Cirque) ou Bartabas (Zingaro). Un jour de 2006, fini les numéros d’équilibriste au galop avec une partenaire sur le dos : une hernie discale l’oblige à lever le pied (de l’étrier). Il rejoint sa compagne Soizic sur les terres de celle-ci, à Chaucre, et tous deux se lancent dans le maraîchage à cheval. Mais ramasser des melons et des haricots, ça va un temps. La passion est la plus forte, d’autant plus que Soizic est acrobate trapéziste, formée comme Sébastien aux arts du cirque et à la voltige, au sein de troupes comme Archaos, Chapiteau d’Afrique, le Cirque Romanès… Ils créent l’association Acrocheval (2) et, avec leurs percherons Polo, Trésor et Monoï, proposent des stages de découverte, d’initiation et de perfectionnement à leur discipline. Parallèlement, ils mettent sur pied, ou plutôt sur pattes, les numéros de voltige à cheval qu’ils donnent un peu partout : Feria de Nîmes, Internationaux de dressage de Compiègne, Haras d’Hennebont… ce labyrinthe de 33 pièces sur trois niveaux, pas un centimètre carré qui ne soit occupé par une boîte de vis, un tapis-brosse, un seau en zinc, du bois vendu à la baguette, un tuyau coudé de gazinière, un débouche-évier en caoutchouc… Avec son épouse Huguette, Christian est seul à connaître par cœur l’emplacement de chacune des 12 000 références du magasin. Sans une hésitation, le bientôtnonagénaire grimpe à l’échelle et s’empare d’un geste vif du « rasoir à fromage » réclamé par une cliente hollandaise. Mais le plus bel objet du magasin n’est pas une marchandise. Rangé dans un tiroir, un « press-book » illustre l’impressionnant palmarès cycliste d’Huguette et de Christian. Elle 3 ème au championnat de France 1952 (Monthléry), lui champion du Poitou 1953, une cinquantaine de coupes à eux deux, un nombre incalculable de courses : La Bossis, le Pruneau, la Pierre Jodet, la Limousine, l’Ecureuil de la Souterraine… Ils n’ont arrêté les randonnées qu’en 2010 ! On comprend qu’entre les rayons de la quincaillerie ouverte six jours sur sept et ceux de leurs vélos tous les dimanches, les fringants octogénaires n’aient jamais pris un seul jour de vacances ! Francis, leur fils, nous ont-ils confié, va prendre la relève. La dernière quincaille oléronaise n’a pas vendu son dernier clou. eau r d a n ic z i o S Sebastien Desenne Projet atlantique La quincaillerie d’Huguette (85 ans) et de Christian (87), sise place de la République au Château, fut créée avant-guerre par Alfred Luneau. « C’est historique, ici, on n’a pas le droit de toucher les murs », dit Christian. Cette demeure bourgeoise fut construite, paraît-il, par un architecte qui avait fait la campagne d’Egypte avec Napoléon. A la lampe-torche, le quincailler révèle les tapisseries murales d’époque dissimulées derrière des rouleaux de toile cirée, une superbe rosace dans la pénombre d’un plafond, une cheminée émaillée sous des tuyaux d’arrosage. Sous la verrière où s’entassent des rayonnages vertigineux, il y avait autrefois une salle de billard… Dans projet atlantique A eux deux, ils cumulent les records : 172 ans, 12 000 références en magasin dans 33 pièces, un mois d’inventaire chaque année, pas un jour de congé en 60 ans de métier. Et des millions de km à vélo. Leur numéro actuel, « Poppins », mêle équilibre, grâce, poésie, et virtuosité lorsque Soizic-Mary Poppins s’envole enrubannée au-dessus de Sébastien-Bert le ramoneur virevoltant sur la croupe de Polo au galop ! Le colosse (près d’une tonne) se donne également en spectacle dans les ruelles de La Brée et de Saint-Pierre, où il s’attire les regards bienveillants des habitants en expérimentant la collecte hippomobile des sacs jaunes, attelé à une remorque ; en attendant la fauche des prairies, le débardage des robiniers, l’entretien des pistes cyclables… Le ramonage des cheminées, c’est quand les chevaux auront des ailes, comme Mary Poppins. Les accros d’Acrocheval Chaucrins mais pas chauvins, ils ont voltigé autour du monde avant de poser selle et trapèze. De l’acrobatie équestre à la collecte hippomobile, il n’y a qu’un pas, ou plutôt un trot. Quand on est accro… (1) Extrait de l’article intitulé « L’acrobate, le cheval et la nature : arts du cirque et théâtralité » (erudit.org, plateforme du Consortium interuniversitaire canadien de revues culturelles francophones). (2) [email protected] ou 06 79 94 97 09 VENTPORTANT 11 par Finosiâ d’Ol’ron (Philippe Schaefer) Les sourdons Histouère inédite de « Ghéghé le Prochouée », récoltée par Finosiâ (suite et fin) 1 (1) Sylvère et Dédé, la pêche met l’ bas (éditions Le Croît Vif), un album publié en 2012 avec le soutien de la Communauté de communes. Doud Le nom de notre île s’écrit-il avec ou sans accent ? Le numéro 8 des Cahiers d’Oleron nous éclaire (juillet 1993), sous la plume érudite de Gérard brève Chagneau : « Le “e” d’Oleron est traditionnellement buse muet. Loti a conservé cet usage dans les premières de cam éditions de ses œuvres. Mais l’accent, introduit par son éditeur, apparaît vers 1914, conformément à une circulaire des Postes destinée à éviter la confusion avec Oloron-Sainte-Marie. » Un petit sondage auprès d’autres sources littéraires confirme la tradition du “e” muet : les mémoires d’Agrippa d’Aubigné (1552-1630), la Petite histoire de l’île d’Oleron de Marcel Delafosse (1915-2000), les Nouveaux contes d’Aunis et de Saintonge de Robert Colle (1918-1994), la Mythologie de Charente-Maritime d’Aurore Lamontellerie (18981985)… Vent Portant se gardera bien de trancher entre Oleron et Oléron en adoptant ce bon mot du grammairien Vaugelas sur son lit de mort : « Je m’en vais ou je m’en vas, l’un ou l’autre se dit ou se disent. » Vent Portant est une publication de la Communauté de Communes de l’Île d’Oléron VENTPORTANT Imprimé sur PEFC Directeur de la Publication : Patrick Moquay Patrick Moquay, Christine Granger Maillet, Jean-Jacques Bazerbes, Patrice Robillard, Marie-Hélène César Comité de rédaction : Rédacteur en chef : Bande dessinée : Charles Vincent Doud Conception, réalisation : 12 VENTPORTANT Arrivés sus l’ tail, jh’ avons pas été en feignants. O y’en avait tant et tant qu’ol’ était’ à n’en pus finit’. Pis des grousses, des PPTG (1) coumme dit Jhean-Marc Chaloyâ qui sait d’quoué qu’i cause (« si grousses, qu’o n’en f’lait pas borchouse, por faire in cent !!! »). Nous siâs étiant presque piens quand tout d’in cot’, v’lat’ô pas qu’in gars s’mettit’ à s ébrailler cont’ nous : - Nous v’la beun’ encore ine fouée avec chiellés baignassout’s. Faut pas vous faire ch… (ier) ! Faut-ô pas tout’ vous dounner pendant qu’on y’est ? - Mais qu’est-ô qu’ol’ est qu’ chieu ? Z’êtes dans les pars à sourdons… dans les pars à sourdons !, qu’i répétait’, de pus en pus fort’. A l’époque, j’causis pas l’patouée mais jh’ me souvins qu’i m’avait beun’ énarvé. M’adressant à li, jh ‘yi disis’, en baignassout’, pour le calmer : « Sourdon, c’est mon neveu, mon neveu de Port-des-Barques ; nous avons l’autorisation pour pêcher dans ses viviers ! » D’au cot’, l’aut’ se fighat’, raide coumme ine balise, dret’ dans ses d’mi-bottes, sans pus dire auquin mot’ ! Pis i fesit’ in ghess’ et s’en r’tournat’ en groummelant… Jh’avons tout d’minme rentré vit’ fait’ avec nous siâs piens d’ chiellées bounnes chouses. Jhe marchis vit’, aut’ fouée. Jh’avis pas coumme asteur in’embouneuil de goret’ sur la route de l’abattouére. Mais in jhour, maîtrisant meux l’patouée des Chius Salés, j’ai appris qu’les sourdons oléronais ol est des coques, les coques des baignassout’s. Alors, jh’ai tout compris ! Dépeus chieu temps, nout’ châ est dev’nut’ SOURDON. Chieut dau continent, ol’ est l’Sourdon d’la târre, et moué, l’Sourdon d’la mer. (1) PPTG : Pas Por Ta Goule