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Quels facteurs contrôlent les différents scénarios des grands séismes de subduction ? Serge Lallemand 9/6/2015 © IRD © AFP © Newscom/SIPA © NOAA Great (M > 8) Earthquakes Since 1900 9,6 9,4 Alaska, 1964 9,2 Sumatra, 2004 Kamchatka, 1952 9 Magnitude Tohuku, 2011 Ecuador, 1906 8,8 Aleutian, 1965 8,6 Maule, 2010 Mega -earthquakes 80% of earthquake energy released at subduction zones Chile, 1960 Sumatra, 2005 8,4 Interplate EQs 8,2 Other EQs 8 7,8 1900 1920 1940 1960 1980 2000 2020 Year © courtesy Paola Vanucchi « Si vous avez l’impression d’une recrudescence « anormale » de méga-séismes, d’espoirs déçus en matière de prévision sismique, vous avez raison ! » (Thorne Lay, Nature, 2012) Le taux moyen des séismes de M≥8.5 est 2.5 fois supérieur depuis 2004 qu’au siècle dernier • • • • • Sumatra-Andaman (Indonésie) tsunami *** Sumatra-Nias (Indonésie) Conception (Chili) Tohoku (Japon) Sumatra-Océan indien (Indonésie) 26 Décembre 2004 Mw9.2 28 Mars 2005 27 Février 2010 11 Mars 2011 11 Avril 2012 Mw8.6 Mw8.8 Mw9.0 Mw8.7 Tous se sont produits en lien avec des zones de subduction ! 2011 2004 2005 2012 2010 ∼227,898 ✝ ∼1313 ✝ ∼547 ✝ tsunami ** ∼20,896 ✝ tsunami *** ∼5 ✝ 7 séismes de M≥8.5 étaient survenus entre 1950 et 1965 dont le plus puissant jamais enregistré : M9.5 au Chili en 1960 1964 1965 1952 1957 1963 1950 1960 Pourquoi les sismologues ont « failli » dans la prévision de cette séquence d’évènements exceptionnels depuis 2004 ? (à nuancer pour Sumatra 2005 et Chili 2010) Parce que les outils d’acquisition et d’analyse des séismes ont essentiellement été mis en place et développés de 1970 à 2000 pendant une période de quiescence des séismes de M≥8.5. Presque tous les récents méga-séismes ont « violé » certaines théories d’où et quand ils surviendraient et quelles seraient les conséquences. La communauté a sous-estimé certains signaux et s’est laissé aveugler par l’histoire sismologique récente. Alaska 1964 Japon 2011 Sumatra 2004 Chili 1960 Une vingtaine de séismes de Mw≥8.5 depuis le siècle dernier dont plus des 2/3 lors de deux épisodes de 1950 à 1965 et de 2004 à 2012 La moitié « seulement » de ces séismes s’est accompagnée de tsunami destructeurs (Chili 1960, Alaska 1964 ….) ➙ on parle de séismes tsunamogènes Japon (Tohoku) 11 Mars 2011 – Mw9.0 et tsunamis historiques © Newscom/SIPA © Mori et al. (2011) altitude centrale altitude vague de Fukushima à Fukushima © Lay & Kanamori, Physics Today (2011) ∼ vitesse de radiation d’énergie lors de la rupture Grande variabilité dans la signature des ruptures lors des méga-séismes Certains spécialistes avaient l’espoir que la signature de la rupture initiale (si tant est qu’on puisse la déterminer en temps quasi-réel) permettait de prédire la taille de la rupture finale (et donc d’alerter les populations) mais pour l’instant la croissance de la rupture semble le plus souvent erratique ! © Lay & Kanamori, Physics Today (2011) Grande variabilité dans la signature des ruptures lors des méga-séismes La rupture qui a produit le glissement lors du séisme de Sumatra en 2004 a duré 9 minutes et s’est propagée sur 1300 km ! Les procédures d’analyse rapide du séisme ont été mises en défaut car elles étaient adaptées à des temps de rupture de 30 s. Impossible de distinguer les ondes P des ondes S par exemple car de nouvelles ondes P et S étaient générées interférant avec les premières ! A présent, les algorithmes sont modifiés et l’on est capable d’analyser la rupture de séismes géants en quelques minutes (Lay, 2012) Japon (Tohoku) 11 Mars 2011 – Mw9.0 et dynamique de la rupture Instantanés de la rupture (déplacement cumulé avec contours tous les 10 m) © Bletery et al. (2014) Contrairement à ce qu’on pensait (Chili 1960, Alaska 1964, Sumatra 2004), un large tsunami peut être déclenché par un séisme sans composante de rupture lente en champ lointain ! Japon (Tohoku) 11 Mars 2011 – Mw9.0 et nature de l’interface Chute de contraintes Δσ ↔ ΔVP Δσ ↔ ΔVP L’anomalie à fort VP se corrèle parfaitement avec la région ayant subit de fortes chutes de contraintes (Δσ ≥ 2 MPa ↔ ΔVP ≥ 0) VP ≤ 0 : zone faiblement couplée (fluides, sédiments ?) VP ≥ 0 : zone fortement couplée (roche dure ?) © Bletery et al. (2014) Couplage long-terme ? Rôle de la zone réflective et de la faille normale ? © Kodaira et al. (2012) Japon (Tohoku) 11 Mars 2011 – Mw9.0 et faille normale © Bletery et al. (2014) Observation d’une faille NORMALE avec un escarpement frais réactivé lors du séisme de Tohoku ➙ le toit du Crétacé est décalé de 800 m (cumulé). L’anomalie à fort VP se corrèle parfaitement avec la région ayant subit de fortes chutes de contraintes (Δσ ≥ 2 MPa ↔ ΔVP ≥ 0) VP ≤ 0 : zone faiblement couplée (fluides, sédiments ?) © Tsuji et al. (2011) VP ≥ 0 : zone fortement couplée (roche dure ?) © McKenzie & Jackson (2012) Couplage long-terme ? Rôle de la zone réflective et de la faille normale ? © Kodaira et al. (2012) Accrétion tectonique vs. érosion tectonique Accretionary margin Plate boundary cuts through downgoing plate INPUT into plate boundary: oceanic sediments Erosive margin Plate boundary cuts through upper plate INPUT into plate boundary: upper plate «basement» © courtesy Paola Vanucchi Différentes phases d’une rupture sismique attenuation dynamic friction propagation nucleation stress threshold overpass – static friction Une aspérité sismique est une zone de glissement co-sismique maximum. C’est une région de l’interface plus résistante, verrouillée pendant la phase inter-sismique. maximum slip seismic asperity stopping seismic energy loss seismic energy abrupt loss = barrier Une barrière sismique est une zone de ralentissement, voire d’arrêt du glissement co-sismique. C’est une région de l’interface peu résistante, peu ou pas verrouillée pendant la phase inter-sismique. Caractérisation du couplage dans la zone sismogène ? © Lay et al. (2012) © Wang (Nature, 2012) Toute la difficulté consiste à caractériser le comportement des roches qui constituent les failles majeures comme les interfaces de subduction de manière non seulement statique mais aussi dynamique On aimerait que les grands séismes soient « caractéristiques ». La réalité est souvent différente © Herrendorfer et al. (2015) ! ➙ notion de « supercycles » pour les zones sismogènes très larges De la difficulté d’estimer le couplage en mer à partir de stations à terre ! © Laurence Audin / IRD Golfe de Guayaquil et cordillère des Andes Estimation du couplage interplaque déduit de mesures GPS depuis 1994 © Nocquet et al. (Nature Geosciences, 2014) On notera le patch (couplage) sur l’île de La Plata totalement du à la présence d’une station GPS De la difficulté d’estimer le couplage en mer à partir de stations à terre ! © Laurence Audin / IRD © Sanclemente (PhD thesis, 2014) Estimation du couplage interplaque déduit de mesures GPS depuis 1994 © Nocquet et al. (Nature Geosciences, 2014) Le fort couplage sous l’île de La Plata serait du à la présence d’un massif volcanique en subduction Facteurs long-terme pouvant influer sur les méga-ruptures • Ruff (1989) : « excess trench sediment » forms a coherent sedimentary layer and thus a strong contact zone that favors large ruptures • Heuret et al. (2012) : « large trench fill and neutral upper plate strain » favors mega-Eqs • Scholl et al. (2015) : « well-sedimented SZs » or the « combination of low bathymetric relief and subduction erosion » produce smooth trenchparallel distribution of coupling favoring lengthy rupturing and thus high-magnitude Eqs Facteurs long-terme pouvant influer sur les méga-ruptures • Wang and Bilek (2014) : « rough subducting seafloor » favors creeping, « large topographic features » act as barriers, « smooth subducting seafloor » favors highmagnitude Eqs (geodetic and coupling studies) • Müller and Landgrebe (2012) : « FZ – SZ intersections » favors highmagnitude Eqs, « subducting volcanic ridges and chains » produce smaller Eqs (statistic studies) Rugosité des fonds marins (proxy de l’interface de subduction) et comportement sismogène Travail en cours à Géosciences Montpellier (S. Lallemand, M. Peyret, D. Arcay, A. Heuret) Caractériser la rugosité des fonds océaniques au large de la fosse, étendre les observations dans la zone sismogène et comparer avec les ruptures bien documentées Seafloor roughness characterization - worldwide bathymetric dataset (LR for most GEBCO data: ∼12 km in xy and ∼0.2-0.5 km in z vs HR swathbathymetric data in some areas: ∼0.1 km for xy and <0.1 km in z, sampling every 30’’ ≈ 926 m) - study area between 10 and 260 km seaward of the subduction front Studied areas off most of the SZ Mix between LR and HR HR only Seafloor roughness characterization 2 - wrapping the seafloor to get a « reference 3D envelope » from seriated trench-normal bathymetric sections masking seamounts and ridges - this « reference 3D envelope » is used to remove the bending of the plate before subduction real bathymetry reference 3D envelope relative bathymetry Seafloor roughness characterization 3 - measuring morphological parameters from the relative bathymetry (real bathymetry – reference bathymetry) : altitude, slope, azimuth … - frequential analysis : amplitude (or energy) vs radial frequency (Δz vs distance between pairs of points) ➙ HR and LR spectra (linear regression, mean slope, intercept of mean slope with f = 1 km) 1 km 100 km 12 km HF (λ < 12 km) high energy I intercept LF (λ > 12 km) I : intercept (∼energy level) β : regression slope D : fractal dimension H : Hurst coefficient β = 2H + 1 D = 3 – H low energy pixel size : 50 km sliding window size : 200 km ∅ (computation when 50%+ are documented) linear regression between 12 and 100 km for LR and 1 and 12 km for HR Seafloor roughness characterization 4 - considering that mean slope is a proxy of the balance between LF and HF amplitudes and that the intercept is a proxy of the amplitude (of HF), we observe that in a diagram « slope vs intercept », the data cluster within an ellipsoidal cloud with a positive slope - we thus define 4 domains within a mean cloud integrating all worldwide data (we first cut the cloud into two domains apart from the regression line and then divide again the cloud into two parts apart from the line normal to the barycenter along the regression line - we first examine LR dataset because high it covers all areas, thus allowing comparisons 1 km These domains are defined worldwide so that we can compare one SZ to another with the same criteria because if we do it for a particular SZ, we will have an equal distribution of the colored sectors within that SZ ! intercept frequency HF amplitude intercept amplitude seamounts ? ridges ? FZ ? smooth ? low LFA>>HFA slope LFA=HFA Balance between LF and HF amplitudes Résultats préliminaires : rugosité de la plaque plongeante et méga-séismes © Peyret, Lallemand, Arcay (travaux en cours) Objectif : dresser une cartographie des zones susceptibles de constituer des « sources de nucléation » de séismes, des zones de propagation de la rupture, d’aspérités et de barrières sismiques Comment étendre nos résultats dans la zone sismogène ? Quelques exemples : Japon et PSP 2006 8.4 2011 9.0 Quelques exemples : la Sonde 2004 9.2 2005 8.6 2007 8.5 Quelques exemples : Kamtchatka, Aléoutiennes, Alaska & Cascades 1964 9.2 1923 8.3 1965 8.8 1957 8.6 1952 9.0 1700 9.0 Comparaison avec les ruptures de méga-séismes : Sumatra Nias 2005 8.6 Sumatra – Andaman 2004 9.2 Rupture after Ji, Caltech, 2005 Rupture after Ammon et al., Science, 2005 Comparaison avec les ruptures de méga-séismes : Chili Maule 2010 8.8 Rupture after Luttrell et al., JGR, 2011 Comparaison avec les ruptures de méga-séismes : Japon Tohoku 2011 9.0 subducting seamount Tonankai Nankaido 1944 8.1 1946 8.1 IBR Rupture after Lay, EPSL, 2015 Ruptures after Tanioka and Satake, EPSL, 2001 and Ichinose et al., JGR, 2003 Rupture after Wei et al., EPSL, 2012 A l’échelle d’une vie humaine ➙ observations sur seulement une partie du cycle sismique de quelques zones de subduction, or à chaque méga-séisme, on confirme nos théories ou on découvre un comportement singulier ➙ prolonger notre connaissance des grands séismes de subduction par le biais de la paléosismologie (idéal : forts séismes rares ; difficulté : être capable de distinguer une turbidite déclenchée par séisme d’une turbidite déclenchée par un évènement météo) © Goldfinger (2011) ➙ apport des modèles analogiques couplés aux modèles numériques pour mieux comprendre les processus en jeu dans le comportement d’un interface de subduction © courtesy Stéphane Dominguez © courtesy Stéphane Dominguez © courtesy Stéphane Dominguez © courtesy Stéphane Dominguez © courtesy Stéphane Dominguez © courtesy Stéphane Dominguez © courtesy Stéphane Dominguez © courtesy Stéphane Dominguez © courtesy Stéphane Dominguez Après l’électrochoc, au sein de la communauté scientifique concernée, des catastrophes qui ont frappé les populations ces 10 dernières années, on assiste à un foisonnement d’approches complémentaires pour relever le défi de la caractérisation de l’aléa sismique et tsunami qui devraient permettre de délivrer une information plus fiable et de prendre les mesures nécessaires en matière de construction et d’alerte