Oncologie oculaire - Ophtalmologie
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Oncologie oculaire - Ophtalmologie
NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2005 Volume 3, numéro 6 Ophtalmologie MC Conférences scientifiques Oncologie oculaire : les tumeurs métastatiques intra-oculaires PA R S O H E L S O M A N I , M . D . La forme la plus commune de tumeur maligne intra-oculaire rencontrée par l’ophtalmologiste est la maladie métastatique, dont les sources sont le plus souvent le cancer du sein et le cancer du poumon. Dans la plupart des cas, la maladie métastatique touche la choroïde postérieure et peut être multifocale et/ou bilatérale. Des antécédents de carcinome primitif, des découvertes cliniques typiques et des résultats probants aux tests ancillaires sont essentiels pour distinguer la maladie métastatique du mélanome amélanotique primitif. Il s’agit d’une distinction importante, puisque le traitement et le pronostic de ces deux conditions ne sont pas les mêmes. Étant donné que jusqu’à 25 % des patients n’ont pas d’antécédents de carcinome primitif, les ophtalmologistes doivent tout de même envisager ce diagnostic dans les cas suspects et communiquer avec un oncologue médical pour un bilan systémique complet. Bien que la maladie métastatique intra-oculaire soit associée à un mauvais pronostic de survie, la radiothérapie des lésions qui menacent la vision peut contribuer à améliorer la vue et la qualité de vie des patients. Le présent numéro de Ophtalmologie – Conférences scientifiques porte sur le diagnostic et le traitement de la maladie métastatique intra-oculaire. Fréquence La métastase intra-oculaire est la forme la plus commune de tumeur maligne intra-oculaire. On estime qu’elle surviendrait chez 5 % à 30 % des patients présentant une affection maligne systémique1. Il n’est pas fréquent que l’on rencontre ces lésions en pratique clinique, soit parce que la maladie est asymptomatique, soit parce que la nature préterminale de l’affection maligne systémique fait en sorte que le patient n’est pas dirigé en ophtalmologie. Par ailleurs, il est environ 10 fois plus répandu que le mélanome uvéal primitif1. Cependant, chez jusqu’à 25 % des patients, il peut n’y avoir aucun antécédent d’affection maligne systémique au moment où ils présentent des métastases intra-oculaires2. Ceci souligne le fait que les médecins doivent être à l’affût de la possibilité qu’il y ait une tumeur maligne afin de s’assurer qu’une investigation diagnostique est effectuée rapidement. En dépit d’une évaluation systémique poussée, dans 17 % des cas de métastases intra-oculaires, le site primitif n’est jamais découvert3. Les métastases intra-oculaires surviennent principalement chez les adultes et rarement chez les enfants. Pathogenèse Les carcinomes comptent pour plus de 82 % des tumeurs qui produisent des métastases au globe oculaire adulte3. À l’occasion, des mélanomes cutanés (3 %) ou des tumeurs carcinoïdes (1 %) peuvent aussi faire des métastases au globe; alors que les sarcomes le font rarement3. Alors que les lymphomes ou la leucémie peuvent avoir des manifestations oculaires, ils ne sont pas inclus dans la présente discussion. Les cellules tumorales emboliques atteignent le globe oculaire par une dissémination hématogène à partir des artères ophtalmiques et ciliaires. La tendance marquée que la choroïde postérieure soit atteinte plutôt que l’uvée antérieure reflète possiblement la présence plus importante des artères ciliaires courtes. Les sources de l’affection maligne systémique primitive Le cancer du sein est l’affection maligne qui produit le plus de métastases à l’uvée; il compte pour jusqu’à 50 % de toutes les tumeurs métastatiques intra-oculaires4. Le cancer du poumon (21 %) est la deuxième source en importance de la maladie métastatique, suivi des tumeurs du tractus gastro-intestinal (4 %), du rein (2 %) et de la peau (2 %)3. On a rapporté que la tumeur carcinoïde, habituellement d’origine bronchique, produirait des métastases chez plus de 2 % Disponible sur Internet à : www.ophtalmologieconferences.ca COMPTE RENDU DES CONFÉRENCES SCIENTIFIQUES DU DÉPARTEMENT D’OPHTALMOLOGIE ET DES SCIENCES DE LA VISION, FACULTÉ DE MÉDECINE, UNIVERSITÉ DE TORONTO FACULT Y O F M E DI C I N E Un i v e r s i t y o f To r o n t o Département d’ophtalmologie et des sciences de la vision Département d’ophtalmologie et des sciences de la vision Jeffrey Jay Hurwitz, M.D., Rédacteur Professeur et président Martin Steinbach, Ph.D. Directeur de la recherche The Hospital for Sick Children Elise Heon, M.D. Ophtalmologiste en chef Mount Sinai Hospital Jeffrey J. Hurwitz, M.D. Ophtalmologiste en chef Princess Margaret Hospital (Clinique des tumeurs oculaires) E. Rand Simpson, M.D. Directeur, Service d’oncologie oculaire St. Michael’s Hospital Alan Berger, M.D. Ophtalmologiste en chef Sunnybrook and Women’s College Health Sciences Centre William S. Dixon, M.D. Ophtalmologiste en chef The Toronto Hospital (Toronto Western Division and Toronto General Division) Robert G. Devenyi, M.D. Ophtalmologiste en chef Département d’ophtalmologie et des sciences de la vision Faculté de médecine Université de Toronto 60 Murray St. Bureau 1-003 Toronto (Ontario) M5G 1X5 Le contenu rédactionnel d’Ophtalmologie – Conférences scientifiques est déterminé exclusivement par le Département d’ophtalmologie et des sciences de la vision, Faculté de médicine, Université de Toronto. des patients5. Quant aux carcinomes de la thyroïde, de la vessie, de l’utérus, de la prostate et des glandes salivaires, ils produiraient peu de métastases à l’uvée1. On a récemment passé en revue les cas de 264 patients présentant des métastases d’un cancer du sein à l’uvée4; il s’est avéré que l’œil a été le premier site de présentation chez plus de 14 % des patients, alors que selon la littérature, l’œil est touché entre 9 % et 37 % des cas1,3. La dissémination métastatique à plus d’un organe et/ou la présence de métastases poumon/cerveau seraient des facteurs de risque d’une atteinte oculaire éventuelle4. De plus, comme il y a une corrélation importante entre l’atteinte de l’uvée et la présence de métastases au cerveau, tous les patients devraient subir une neuroimagerie le plus tôt possible après la découverte de métastases oculaires. Les sites des métastases intra-oculaires Chez 90 % des patients, la choroïde est le site oculaire le plus souvent touché par les métastases, suivie de l’iris (8 %) et du corps ciliaire (2 %)1. Dans une revue de la littérature réalisée par Shields et collaborateurs, la majorité des métastases touchant la choroïde étaient situées dans la partie postérieure à l’équateur (92 %), et il y avait atteinte maculaire dans 12 % des cas3. L’une des raisons possibles de la faible fréquence des atteintes de l’uvée antérieure pourrait être l’organisation différentielle de la circulation segmentaire antérieure comparativement à la circulation segmentaire postérieure, qui est plus importante. Il est extrêmement rare que la rétine, la papille optique et le corps vitré soient le site de métastases intraoculaires6. Bien qu’elle ne soit pas incluse dans la présente discussion, l’orbite est le deuxième site présentant le plus fréquemment des métastases, après la choroïde. L’évaluation clinique Figure 1 : Photographies cliniques de métastases choroïdiennes. a Figure 1a : Photographie clinique d’un œil droit montrant une métastase choroïdienne d’un cancer du sein. b Figure 1b : Photographie clinique d’un œil gauche montrant une métastase choroïdienne d’un cancer du poumon et décollement de la rétine secondaire. c Les antécédents Les symptômes du patient présentant une métastase intra-oculaire dépendent en grande partie du site de la métastase. Dans les cas d’atteinte de la partie postérieure de l’uvée, les symptômes comprennent une baisse de la vision, une diminution du champ visuel, la photopsie et/ou des corps flottants. Il peut y avoir de la douleur si la tumeur envahit les nerfs ciliaires ou si un glaucome secondaire survient. Dans les cas d’atteinte de la partie antérieure de l’uvée, les symptômes comprennent une baisse de la vision, une masse visible, une rougeur à l’œil et la photophobie. La douleur peut aussi être présente s’il y a iritis secondaire ou glaucome secondaire. Bien que des antécédents complets soient importants dans les cas où l’on suspecte une métastase oculaire, chez jusqu’à 25 % des patients, on n’aura pas diagnostiqué d’affection maligne primitive au moment de la présentation de la tumeur oculaire2. Dans certains cas, les métastases oculaires demeureront asymptomatiques et seront découvertes lors d’un examen de routine. L’examen clinique Chez les patients présentant une métastase à la choroïde, l’ophtalmoscopie révèle habituellement des lésions de couleur crème typiques à la choroïde; ces lésions sont soit plates/placoïdes, soit bombées (figure 1). D’autres caractéristiques importantes sur le plan de la couleur comprennent des mélanomes cutanés métasta- Figure1c : Photographie clinique d’un œil droit montrant une métastase choroïdienne d’un carcinome œsophagien. tiques qui prennent la forme de tumeurs pigmentées et de tumeurs carcinoïdes. On ne peut pas voir la couleur à la figure 2, mais une tumeur carcinoïde a une teinte orangée typique. Des lésions importantes de la choroïde produisent habituellement un décollement de rétine exsudatif secondaire, que l’on peut parfois prendre par erreur pour un décollement de rétine rhegmatogène primitif. Souvent, on constate des changements au niveau de l’épithélium pigmentaire rétinien sus-jacent, une agglutination ou des « taches de léopard ». De plus, un examen oculaire complet devrait être effectué pour éliminer la possibilité d’une atteinte multifocale ou bilatérale, qui peut se produire dans plus de 25 % des cas 3. Cette Figure 2 : Photographie clinique d’un œil droit montrant une tumeur carcinoïde multifocale. Figure 4 : Métastase choroïdienne. a Figure 4a : Photographie clinique d’une métastase choroïdienne juxtapapillaire d’un cancer du sein. observation est importante, puisqu’une affection multifocale ou bilatérale n’est pas présente en cas de mélanome amélanotique primitif. Lorsque l’iris est touchée, le patient présente le plus souvent un nodule métastatique unilatéral, mais une atteinte bilatérale est aussi possible (figure 3). Le nodule métastatique de l’iris est habituellement blanc jaunâtre, charnu, solitaire et situé dans la partie inférieure de l’œil3. La libération de cellules friables entraîne souvent une iritis secondaire, une injection épisclérale et, occasionnellement, un pseudohypopion. Un glaucome secondaire survient très fréquemment, soit dans presque 40 % des cas7. Un examen oculaire complet est justifié parce que jusqu’à un tiers des cas présentent également une métastase choroïdienne ipsilatérale associée7. Seulement 10 % de ces dépôts métastatiques sur l’iris présentent des vaisseaux sanguins proéminents à l’intérieur de la tumeur, contrairement aux mélanomes amélanotiques de l’iris, dans lesquels des vaisseaux sanguins sont davantage visibles7. Les patients ayant une métastase au corps ciliaire peuvent présenter un grand vaisseau sentinel sur la sclère sus-jacente, une iridocyclite, une erreur de réfraction ou une masse visible, le plus souvent sur la moitié inférieure de l’œil. Les tests ancillaires Divers tests ancillaires peuvent aider à poser un diagnostic clinique de métastases choroïdiennes. L’angio- Figure 3 : Photographie clinique d’une métastase à l’iris située dans le quadrant supérieur de l’iris droit. (Courtoisie de Hugh McGowan) b Figure 4b : L’angiographie à la fluorescéine en 4 phases montre une hypofluorescence précoce et une hyperfluorescence tachetée tardive typique d’une métastase choroïdienne. (Courtoisie de Hugh McGowan) graphie fluorescéinique de ces lésions démontre habituellement une hypofluorescence précoce bloquée, suivie d’une coloration irrégulière de la lésion au temps miartérioveineux, suivie par une hyperfluorescence tardive tachetée alors que le motif de la coloration devient plus confluent (figure 4). Occasionnellement, l’hyperfluorescence tardive tachetée d’une lésion métastatique ressemble à un nid d’abeille. Par contraste, le motif fluorescéinique d’un mélanome amélanotique présente souvent une hyperfluorescence tachetée à un temps plus précoce. Quoi qu’il en soit, l’angiographie fluorescéinique ne permet pas toujours de faire la distinction de façon définitive entre ces deux entités. L’échographie en mode A montre généralement une réflectivité interne modérée à élevée, avec une pointe initiale élevée (figure 5a). L’échographie en mode B montre habituellement une lésion plate/placoïde ou bombée qui est solide sur le plan acoustique, et une absence de signe d’excavation choroïdienne (figure 5b). Un autre aspect caractéristique est que ces lésions n’ont habituellement pas la forme de champignons. Une forme de champignon se produit généralement en présence d’un mélanome uvéal primitif, lorsque celui-ci traverse la membrane de Bruch. Bien qu’ils soient rares, des cas de métastases choroïdiennes en forme de champignons ont déjà été rapportés, simulant un mélanome choroïdien8. Figure 5 : Lésion métastatique à la choroïde. Figure 6 : Photographies cliniques et imagerie ancillaire d’un mélanome amélanotique primitif. a a Figure 5a : Échographie en mode A d’une lésion choroïdienne montrant une réflectivité interne moyenne. b Figure 6a : Photographie clinique d’un œil gauche montrant un mélanome amélanotique. b Figure 6b : Échographie en mode B correspondante montrant une lésion bombée avec décollement séreux de la rétine adjacent. Figure 5b : Échographie en mode B correspondante d’une métastase choroïdienne montrant une lésion bombée acoustiquement solide avec décollement séreux de la rétine adjacent. c Bien que la tomodensitométrie et l’imagerie par résonance magnétique (IRM) puissent montrer une métastase uvéale, ils sont d’une utilité limitée pour ce qui est de préciser le diagnostic différentiel. Ils jouent un plus grand rôle dans l’évaluation systémique des tumeurs malignes primitives et la détermination de la dissémination métastatique à d’autres sites. Bien qu’elle ne soit pas souvent effectuée, on a décrit une technique de biopsie intra-oculaire9. Cette technique peut être importante quand les aspects cliniques et les tests ancillaires décrits ci-dessus ne permettent pas d’établir de façon concluante si la lésion est une métastase ou un mélanome, un lymphome ou un granulome inflammatoire primitifs. L’aspiration à l’aiguille fine peut être utile quand un bilan systémique ne permet pas de diagnostiquer une tumeur primitive et qu’un diagnostic tissulaire est nécessaire pour mettre en place un traitement approprié. Il est également prudent de diriger le patient vers un oncologue médical et un radio-oncologue afin d’établir le stade de la maladie du patient et de choisir un traitement approprié. Figure 6c : Échographie en mode A correspondante montrant une réflectivité interne basse. d Figure 6d : Angiographie fluorescéinique correspondante au temps précoce montrant une hyperfluorescence précoce tachetée. e Le diagnostic différentiel Le diagnostic différentiel d’une métastase choroïdienne de couleur crème comprend le mélanome amélanotique primitif, l’hémangione choroïdien primitif, la cicatrice disciforme exsudative, ainsi que le granulome choroïdien primitif 1. Dans certains cas atypiques, il peut être difficile d’établir la distinction entre le mélanome uvéal primitif et la métastase Figure 6e : Angiographie fluorescéinique au temps tardif montrant une hyperfluorescence retardée au centre, avec hypofluorescence bloquée en bordure. Ophtalmologie Conférences scientifiques Tableau 1 : Caractéristiques pour le diagnostic différentiel Caractéristiques Mélanome uvéal primitif Métastase uvéale Couleur Peut être amélanotique Jaune crème Forme Forme de champignon Plate ou bombée Décollement de la rétine (DR) associé Généralement, DR peu important Généralement, DR important Nombre de lésions Unilatérale, un site Bilatérale et multifocale Caractéristiques à l’échographie En mode A : réflectivité moyenne à élevée En mode B : vide acoustique, excavation de la choroïde, en forme de champignon En mode A : réflectivité basse à moyenne En mode B : solidité acoustique uvéale (figure 6). On comprend qu’il est important d’établir cette distinction, parce que le traitement et le pronostic varient significativement entre ces deux affections. Le tableau 1 illustre certaines des caractéristiques qui permettront de distinguer le mélanome uvéal de la métastase uvéale. Le diagnostic différentiel d’une métastase non pigmentée de l’iris comprend le mélanome amélanotique, le nævus amélanotique, l’iritis granulomateuse, le lymphome, la leucémie et le léiomyome7. Le diagnostic différentiel d’une métastase pigmentée de l’iris comprend le mélanome primitif de l’iris, le nævus pigmenté, l’adénome, ainsi que les kystes de l’iris7. Des antécédents d’affection maligne en conjonction avec un examen clinique typique aideront à préciser le diagnostic différentiel. Dans les cas rares où le diagnostic demeure incertain, une biopsie par aspiration à l’aiguille fine peut être indiquée. Le pronostic En général, les métastases aux yeux et aux annexes sont le signe d’un mauvais pronostic pour l’affection primitive. Le temps de latence entre le diagnostic du carcinome primitif et l’atteinte du globe oculaire dépend du type de tumeur. Habituellement, les tumeurs primitives qui tendent à produire des métastases rapidement au globe oculaire sont les tumeurs au poumon, au rein et à la prostate, alors que le cancer du sein et le mélanome cutané métastasent plus tardivement1. Dans leurs séries intitulées Metastatic Tumours to the Eye and Orbit, Freedman et Folk ont constaté que le laps de temps médian entre le diagnostic de la tumeur primitive et le développement de métastases choroïdiennes était d’environ trois ans avec le cancer du sein et de un an avec le cancer du poumon10. La durée de survie médiane varie également selon le type d’affection primitive diagnostiquée. Par exemple, la durée de survie médiane dans les cas de métastases intra-oculaires d’un cancer du poumon est de 6 mois, comparativement à 22 mois dans les cas de cancer du sein 10. Dans une revue plus récente, Shields et ses collaborateurs ont déterminé que la durée moyenne de survie à la suite d’un cancer du sein avec métastases à l’uvée était de 21 mois, avec un taux de survie global de 24 % à 5 ans 4. La durée médiane de survie des patientes présentant un cancer du sein qui étaient plus âgées ou qui avaient des métastases de l’orbite tendait à être plus longue que celle des patientes plus jeunes 10. De façon similaire aux tendances observées dans le cas des métastases choroïdiennes, les durées de survie médianes dans les cas de métastases à l’iris étaient de 13 mois en présence de cancer du sein et de 4 mois en présence de cancer du poumon 7. Les métastases oculaires de tumeurs carcinoïdes seraient associées à des durées de survie plus longues, avec une survie moyenne de 34 mois selon une revue récente5. Le traitement Les possibilités de traitement des métastases oculaires dépendent de la santé générale du patient, de la nature de l’atteinte oculaire, et de la tumeur primitive sous-jacente. De plus, tout traitement devra faire l’objet de discussions avec l’oncologue médical et le radio- oncologue traitants. Il est certain que les patients qui présentent des métastases oculaires qui menacent leur vision et/ou des tumeurs qui augmentent rapidement de volume, pourraient bénéficier d’une radiothérapie externe pour améliorer leur vision et leur qualité de vie. La dose de radiation peut varier entre 20 Gy sur une semaine à une dose de 40 Gy fractionnée sur 4 semaines, et on l’administre habituellement par une approche orbitale latérale 2 . La durée de survie des patients n’est habituellement pas assez longue pour que le patient éprouve des effets secondaires oculaires, tels qu’une rétinopathie radio-induite ou des cataractes radioinduites. En général, de 80 % à 90 % des patients répondent favorablement à la radiothérapie, et la tumeur s’aplatit en un à deux mois, alors qu’il faut légèrement plus de temps pour que le fluide sousrétinien se résorbe1. Les autres méthodes de radiothérapie comprennent la brachythérapie par plaques d’iode-125 (I-125), de même que la radiothérapie stéréotactique2. La chimiothérapie est une autre approche thérapeutique qui est efficace chez les patients qui présentent de petites lésions peu actives et, en particulier, chez les patients qui ont une maladie métastatique dans des endroits autres que l’œil2. Chez les patients dont la maladie évolue en dépit de la chimiothérapie, la radiothérapie externe serait recommandée pour le traitement de la métastase intra-oculaire. On choisira l’observation dans le cas des patients qui présentent des lésions inactives cliniquement, asymptomatiques ou de petite taille qui ne menacent pas la vision 2. L’énucléation peut être indiquée chez les patients dont l’œil est rendu aveugle et douloureux ou dans les rares cas où l’on ne peut éliminer de façon concluante la possibilité que la lésion soit un mélanome uvéal primitif de grande taille. Ophtalmologie Conférences scientifiques Conclusions Il est important que l’ophtalmologiste généraliste comprenne bien la maladie métastatique intra-oculaire, étant donné qu’il s’agit de l’affection maligne que l’on trouve le plus fréquemment dans l’œil. Les carcinomes, le plus souvent ceux du sein ou du poumon, produisent fréquemment des metastases à l’œil. Cependant, comme le patient n’a pas toujours des antécédents de carcinome primitif, l’ophtalmologiste doit donc garder un niveau élevé de suspicion clinique. Les cas suspects devraient faire l’objet d’un examen clinique complet, d’une angiographie fluorescéine, d’une échographie, ainsi que d’un bilan systémique, pour établir la distinction entre des lésions semblables. Le traitement le plus approprié pour le patient dépend de la consultation avec l’oncologue médical et le radio-oncologue, ainsi que de la compréhension de l’état visuel et général du patient. La majorité des patients présentant des lésions menaçant leur vision répondent favorablement à la radiothérapie externe. Bien que la maladie métastatique intra-oculaire soit associée à un mauvais pronostic sur le plan de la survie des patients, une évaluation effectuée en temps utile, un diagnostic précis et un traitement mis en place rapidement peuvent aider à améliorer la qualité de vie de ces patients. Le D r Somani est chargé d’enseignement de clinique au Département d’ophtalmologie et des sciences de la vision, à l’Université de Toronto. Il fait partie du personnel du Princess Margaret Hospital, University Health Network, Toronto. Remerciements : L’auteur souhaite remercier E. Rand Simpson, qui a révisé le manuscript du présent article, les docteurs Hugh D. McGowan et Allan Connor, pour les photographies cliniques, et le Dr Charles J. Pavlin, pour la biomicroscopie ultrasonique. La prise en charge clinique a été fournie par Lee Penney, coordonnateur de l’oncologie oculaire, et par le personnel de soutien de la clinique d’oncologie oculaire. Références 1. Volpe NJ, Albert DM. Metastases to the uvea. In: Albert DM, Jakobiec FA. Principles and Practice of Ophthalmology. Philadelphia: WB Saunders Co.; 2000. 2. Shields JA. Metastatic tumors to the uvea. Int Ophthalmol Clin 1993; 33(3):155-161. 3. Shields CL, Shields JA, Gross NE, et al. Survey of 520 eyes with uveal metastases. Ophthalmol 1997;104:1265-1276. 4. Demirci H, Shields CL, Chao AN, Shields JA. Uveal metastasis from breast cancer in 264 patients. Am J Ophthalmol 2003;136:264-271. 5. Harbour JW, De Potter P, Shields CL, Shields JA. Uveal metastases from carcinoid. Ophthalmol 1994;101(6):1084-1090. 6. Truong SN, Fern CM, Costa DL, Spaide RF. 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Réunion scientifique à venir 25 février au 3 mars 2006 32nd North American Neuro-Ophthalmology Society (NANOS) Annual Meeting Tucson, Arizona Renseigements : Courriel : [email protected] Site web : http://www.nanosweb.org/ meetings/nanos2006/ Université de Toronto Département d’ophtalmologie et des sciences de la vision Prochains événements 12 janvier 2006 CPI – Dr Ronald Casey, Edmonton, Alberta “Optic Nerve Head and Retinal Fibre Layer Analysis: A Digital Revolution” 19 janvier 2006 CPI – Dr Jeff Hurwitz, Chair, U of T Ophthalmology, Toronto “What to do with the tearing patient when the lacrimal system is patent” 28 janvier 2006 2006 Toronto Cataract Course Jan Spencer (416) 978-1617 9 février 2006 CPI – Dr Paul Harasymowycz, Montréal, Québec “Angle Closure Glaucoma: diagnosis and treatment” Note : Les conférences des professeurs invités (CPI) de cette année (septembre 2005 à mai 2006) seront tenues à : The Hospital for Sick Children 555 University Avenue, Toronto Amphithéatre principal La version française a été révisée par le professeur Pierre Lachapelle, Montréal. Les avis de changement d’adresse et les demandes d’abonnement pour Ophtalmologie – Conférences Scientifiques doivent être envoyés par la poste à l’adresse C.P. 310, Succursale H, Montréal (Québec) H3G 2K8 ou par fax au (514) 932-5114 ou par courrier électronique à l’adresse [email protected]. Veuillez vous référer au bulletin Ophtalmologie – Conférences Scientifiques dans votre correspondence. Les envois non distribuables doivent être envoyés à l’adresse ci-dessus. Poste-publications #40032303 L’élaboration de cette publication a bénéficié d’une subvention à l’éducation de Novartis Ophthalmics © 2005 Département d’ophtalmologie et des sciences de la vision, Faculté de médecine, Université de Toronto, seul responsable du contenu de cette publication. Édition : SNELL Communication Médicale Inc. avec la collaboration du Département d’ophtalmologie et des sciences de la vision, Faculté de médecine, Université de Toronto. 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