UNE SOIREE TRES CONVAINCANTE

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UNE SOIREE TRES CONVAINCANTE
UNE SOIREE TRES CONVAINCANTE
« Une soirée extraordinairement belle ». Ces quelques mots du professeur à Jean-Luc
Michaud résument la teneur de la conférence-débat organisée vendredi par Épicéa Challans
sur le thème du don d'organes.
« Quand on a commencé à organiser cette soirée, Mme Thirobois, la présidente de
France-Adot 85, nous a dit : si vous avez cinquante ou soixante personnes, allons jusqu'à
cent, ce sera très bien. On lui avait alors répondu qu'à Challans, les gens savent se
mobiliser pour les bonnes causes ». Gilbert Le Corre avait bougrement raison. Car vendredi
soir, la salle Louis-Claude Roux accueillait quelque six cents personnes venues assister à la
toute première conférence-débat d'Épicéa Challans, une association fondée voilà un an
seulement. Le succès fut au rendez-vous. Plus encore, la discussion, qui portait sur le don
d'organes, fut passionnante de bout en bout.
.
Quelque six cents personnes dans la salle Louis-Claude Roux
Un discours clair et pédagogique
Pendant près de deux heures et demie, réunis autour de la journaliste de France 2, BrigitteFanny Cohen, les intervenants ont parlé vrai, sans ambages, avec simplicité, détachement,
humour parfois. Une réunion instructive. Ceux qui, à leur entrée dans la salle, étaient
convaincus du don d'organes en sont ressortis plus convaincus encore. Les plus réticents ont
maintenant matière à réflexion. Le message est bien passé.
Le risque des conférences est qu'elles soient très « académiques ». Brigitte-Fanny Cohen,
avec finesse, a su donner a parole à la salle. Qui a posé d'excellentes questions, pratiques,
concrètes. Face à l'auditoire, chacun des cinq intervenants a apporté sa vision des choses,
Epicéa Challans était parvenue a réunir un plateau complet, très compétent : un greffé.
Daniel Montassier,;
Cécile Thirobois, la présidente de France Adot 85 ; l'abbé Michel Manceau, théologien ;
Didier Noury, médecin coordonnateur de l'établissement français des greffes à Rennes ; le
professeur Jean-Luc Michaud, chef du service cardiovasculaire au CHU de Nantes.
Les deux médecins ont eu un discours comme le citoyen lambda les aime et est en droit d'en
attendre : juste, vrai, clair, pédagogique. Que ce soit pour la demande du don, la garantie de
l'anonymat, les principes éthiques ( gratuité, anonymat et bénévolat ), la carte de donneur, le
prix d'une greffe, les médecins ont apporté des réponses concrètes à des questions simples.
« Ambassadeurs de vie »
A la fin de la soirée, un groupe d'enfants et deux musiciens ont entamé une belle chanson,
spécialement composée pour cette soirée sur le don d’ organe à la gloire des donneurs
« ambassadeurs de vie pour les receveurs ». À cet instant, il y eut un véritable frisson dans la
salle. Une émotion toute entière est passée. La salle, debout, a applaudi avec chaleur. Des
applaudissements en direction des jeunes chanteurs, à destination surtout, des intervenants
brillants.
Comme organisateurs, Gilbert Le Corre et Épicéa Challans ont fait forte impression. Ils ont
réussi une splendide réunion, sensible, comme avait été celle consacrée à la Toxicomanie voilà
quelques années à Saint-Jean-de-Monts par une équipe sensiblement identique.
Cette soirée de vendredi a sans doute marqué. Chacun dans l'assistance en retiendra quelque
chose, d' intimement personnel. Le professeur Jean-Luc Michaud n'a pas regretté son
déplacement à Challans. Fabuleux orateur,s' exprimant avec des mots simples, émouvants, avec
le sourire quand ce fut nécessaire il a eu la dernière phrase de la soirée. Elle résume tout :
« Pour avoir vécu beaucoup de réunions sur le don d'organes, celle de Challans est
extraordinairement
belle
».
S. Siret
ANONYMAT, TRAFIC, CLONAGE...
Le don d'organes en douze questions
• L'ANONYMAT EST-IL GARANTI?. - Oui, il n'y a aucun lien entre le donneur et le
receveur. « Si on connaissait la famille qui a donné, ce pourrait être sujet à un trafic énorme.
II faut laisser le don gratuit et anonyme », explique Daniel Montassier, qui a reçu un rein
voilà dix ans. « Connaître la famille du donneur placerait le receveur dans un état de
remerciement obligé extrêmement difficiles Et cela peut être une dérive vers des relations
pécuniaires, des trafics. II faut être ferme là-dessus. Quand on va donner son sang, c'est
anonyme et ça ne fait que rendre l'affaire plus belle », souligne Jean-Luc Michaud. « De
notre côté, ajoute Didier Noury, l'établissement français des greffes peut donner des
nouvelles, mais de façon anonyme, juste dire si le receveur est un homme, une femme, s'il
va bien ou non. C'est tout ».
• FAUT-IL AVOIR UNE CARTE DE DONNEUR ?. - Les cartes délivrées, entre autres,
par France Adot, ne sont pas officielles. On peut aussi porter sur soi un papier libre avec ses
intentions. « C'est un peu un porte-bonheur, nous ne la trouvons jamais », explique JeanLuc Michaud. « La première démarche à faire, c'est d'en parler avec son entourage pour
qu'il y ait un consensus familial. La carte n'est pas officielle, mais si nous la trouvons,
souligne Didier Noury, nous respectons la volonté de la personne. À moins que la famille
apporte un témoignage comme quoi la personne avait changé d'avis ». « Quand il y a un
désaccord dans la famille et s'il n'y a pas de carte, on ne prélève pas. Dans ce cas, c'est
toujours le non qui l'emporte. S'il y a une carte, on prélève». Et si la famille n'est pas
trouvée ? « Nous devons tout mettre en oeuvre ( police, procureur...) pour la retrouver,
mais au bout d'un laps de temps, on peut prélever. D'après la jurisprudence, ce temps est
évalué à environ sept ou huit heures ».
• RENDRE OFFICIELLE LA CARTE ?. Ce sera peut-être le cas un jour au l'autre. La mention donneur ou non-donneur pourrait être
inscrite sur la carte de Sécurité sociale. C'est le législateur qui en décidera. « Carte ou pas
carte, l'important c'est d'en parler et savoir qu'il y a des gens qui sont en attente urgente »,
explique Daniel Montassier. « Avant tout, il faut avoir été informé de ce qu'est le don »,
ajoute Cécile Thirobois.
• UN MINEUR PEUT-IL ETRE PORTEUR D'UNE CARTE ?. - Oui, à la condition
que son père et sa mère aient donné leur autorisation écrite et signée.
• L'AVIS DE L'ÉGLISE. - « La personne est plus large que son corps. II n'y a rien de
plus beau que de donner de nous même », explique l'abbé Michel Manceau.
• Y A-T-IL DU COMMERCE À CRAINDRE ? « La loi Bioéthique de 1994 est claire,
explique Didier Noury. Si un trafic existe, les peines sont très lourdes. Toutes les greffes se
passent dans les hôpitaux publics et non pas dans le privé. II y a une certitude : en France
le trafic n'existe pas, mais le commerce légal existe à l'étranger. Cela dit, les Français qui
iraient se faire greffer à l'étranger sont condamnables en France ».
• LE PRIX D'UNE GREFFE ?. Pour un coeur, 300 000 francs la première année, puis le
coût de traitement de tous les ans. Une greffe de rein, 230 000 francs la première année et
30000 francs de traitement chaque année. « Pour comparer, une dialyse coûte 300 000
francs par an et par personne ».
• UN GREFFON PEUT FONCTIONNER COMBIEN DE TEMPS ?. - « La greffe est
un moyen de traitement, pas une guérison », souligne Didier Noury. Statistiquement, une
greffe rénale est fonctionnelle douze ans. On peut être greffé plusieurs fois. »
• UN GREFFON D'HOMME DANS UN CORPS DE FEMME, OU L'INVERSE ?. - «
Nous pouvons mettre un cœur de femme dans un cœur d'homme, mais nous sommes un
peu méfiant pour les cœurs de femme pour des raisons de morphologie ».
• JUSQU'À QUEL AGE PEUT-ON PRÉLEVER ?
Le rein et le foie jusqu'à 65 ans ; le coeur jusqu'à 50 ans ; les poumons jusqu’ à 45-50 ans ; la
cornée jusqu’à un âge très avancé . « II n'y a pas de prélèvement sur les enfants de moins de
douze mois , sauf le cœur si un receveur est en attente . »
• LA XENOTRANSPLANTATION : Autrement dit , un organe animal dans un corps
humain ? « C' est une recherche qui avance mais prudence » souligne Jean-Luc Michaud
• LE CLONAGE ? - « Je ne me vois pas avec deux Michaud » , ( explique le
professeur de médecine. La version originale et les pièces de rechange »
• DON D’ ORGANES ET DON DE SON CORPS A LA MEDECINE
Totalement différent, dans le premier cas, on donne la vie dans le second, on rend service aux
étudiants de médecine