La famille KOMORNIK : de Vienne (Autriche) à Bouloc, puis Auschwitz

Transcription

La famille KOMORNIK : de Vienne (Autriche) à Bouloc, puis Auschwitz
De nouvelles arrestations sont donc programmées en zone dite « libre ».
C’est ainsi que le mercredi 26 août 1942, au petit matin, les habitants de la
« promenade » sont réveillés par des hurlements et sortent de leur maison.
Jean, le petit-fils des propriétaires où loge la famille Komornik aperçoit un
fourgon de gendarmerie et une femme à terre, traînée par les cheveux. Les
voisins interpellent et prennent à partie les forces de l’ordre en leur
reprochant de ne pas avoir prévenu la veille pour qu’ils puissent s’enfuir.
Pierre s’approche du fourgon où étaient déjà les 4 membres de la famille et
crie à son copain « Tu m’écriras, Max ! Oui, lui répond-il ». Mais la lettre
n’est jamais arrivée !
La famille KOMORNIK :
de Vienne (Autriche) à Bouloc, puis Auschwitz
Max
15 ans
Nous savons depuis peu qu’ils ont effectué un bref séjour au camp de Noé,
puis ont été transférés à Drancy, déportés à Auschwitz le 4 septembre 1942
par le convoi n° 28 et exterminés à leur arrivée, parce qu’ils étaient juifs.
Max avait 15 ans, Susi 19 ans, la maman Régine 44 ans et le papa Hersch
49 ans.
Dans cette maison ont vécu
Les 4 membres de la famille Komornik
Arrêtés le 26 août 1942, déportés et exterminés à Auschwitz
Parce qu'ils étaient juifs
Les enfants Max 15 ans et Susi 19 ans
Leurs parents Régine et Hersch
N'OUBLIONS JAMAIS
Photo de classe 1941 / 1942 à Bouloc
Il y a un peu plus d’une année, nous avons été
contactés par la présidente de l’Association à la
Mémoire des Enfants Juifs Déportés car elle
avait eu connaissance que 2 enfants juifs
figuraient sur une photo de classe de Bouloc de
l’année 1941- 1942.
Après des mois de recherche, nous avons eu la
confirmation qu’un de ces enfants, Max
Komornik et sa famille avaient été arrêtés,
déportés et exterminés.
Mairie de BOULOC
55 rue Jean Jaurès 31620 BOULOC
[email protected]
05.62.79.94.94
Le 1er juillet 2010
Association Toulouse MEJD
2 place Riquet 31000 TOULOUSE
[email protected]
05.61.80.65.88
Susi 19 ans
Le souhait de l’association était qu’une plaque commémore ces tragiques
événements, ce qui se réalise aujourd’hui, 1er juillet 2010.
Hersch et Régine Komornik sont nés, à la fin du 19° siècle dans le Sud de la
Pologne que l’Autriche (puis l’Empire austro-hongrois) occupait depuis le
3° partage de la Pologne de 1795.
Les traités de paix de 1919-1920, dépeçant l’Autriche-Hongrie,
reconstituent la Pologne. La vie est difficile pour les Juifs, très nombreux,
dans cette Pologne reconstituée. Aussi, comme ils en ont le droit, les
Komornik s’installent à Vienne où ils ouvrent une petite épicerie.
C’est là que naissent leurs enfants : Susi puis Max.
En 1933, Hitler prend le pouvoir en Allemagne et l’influence du nazisme
avec l’antisémitisme se manifeste de façon de plus en plus ostentatoire en
Autriche.
Au mépris d’un traité signé en 1939 avec l’Autriche, le 12 mars 1938, les
troupes allemandes entrent à Vienne, où les habitants les accueillent avec
enthousiasme. Le lendemain c’est l’Anschluss, c’est-à-dire l’union entre ces
deux pays.
Immédiatement , les mesures anti-juives des lois de Nuremberg sont
appliquées et aggravées : boycott des magasins, marginalisation des Juifs,
interdiction d’exercer un certain nombre de professions, exclusion des
élèves juifs des écoles …
La vie des Komornik devient de plus en plus difficile à Vienne. Mais ce
n’est qu’un début.
Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, à travers tout le Reich les Juifs
subissent un véritable pogrom : des milliers de magasins sont mis à sac avec
leurs vitres brisées, près de 200 synagogues sont incendiées, des livres sont
brûlés, de nombreux Juifs sont molestés, arrêtés, parfois même massacrés.
C’est la fameuse « Nuit de Cristal » organisée par les SA et les jeunesses
hitlériennes… « Le Juif doit décamper » lance Goëring…Mais où aller ?
Aucun pays ne veut des Juifs allemands. Les Komornik décident néanmoins
de fuir et ,à la fin 1938, ils passent, clandestinement en Belgique.
En septembre 1939, débute la seconde guerre mondiale. Le 10 mai 1940,
l’Allemagne envahit la Belgique et la Hollande. Des centaines de milliers de
personnes fuient devant les chars et les bombes et parmi eux la famille
KOMORNIK.
Des dizaines de milliers de réfugiés se retrouvent à Toulouse. Un rapport de
police du 6 juin 1940 signale l’arrivée ,en quelques jours, à Toulouse de
20742 étrangers dont 16569 venant de Belgique.
Après l’armistice, de nombreux réfugiés belges regagnent leurs foyers, mais
les Juifs préfèrent rester en zone dite « libre ». Cependant, la loi du 4
octobre 1940 autorise les préfets à « interner les ressortissants étrangers de
race juive ».
C’est ainsi qu’à la fin de 1940 de nombreux Juifs étrangers, surtout ceux
entrés en France pendant l’exode, sont internés dans un des multiples camps
de la région toulousaine ou assignés à résidence dans de petites communes
du département.
Les 4 membres de la famille : Hersch le papa, Régine la maman, Susi la
fille aînée et Max arrivent à Bouloc au début de l’année 1941. Ils logent au
1er étage de la maison BOUE qui appartient aujourd’hui à la famille BALS.
Ils sont très bien acceptés par la population boulocaine.
En 1941-42, Max fréquente le cours fin d’études à l’école communale de
Bouloc tandis que le reste de la famille aide aux travaux agricoles
notamment dans la famille Crespy. Des parents de la famille Komornik
avaient tenté de les convaincre de les rejoindre à Lyon pour fuir en Suisse
mais ils avaient refusé car ils se sentaient plus en sécurité à Bouloc.
Pendant l’été 1942, les persécutions s’accélèrent. René Bousquet, secrétaire
général de la police, prépare avec Karl Oberg, chef de la police et de la S.S.
en France, une vaste opération visant à faire arrêter par la police française
25 000 juifs étrangers ou apatrides de Paris et de la banlieue. C’est la
fameuse rafle du Vel d’hiv du 16 juillet 1942 qui aboutit à l’arrestation de
13 000 juifs qui seront déportés à Auschwitz. Mais cela représente
« seulement » la moitié des prévisions.