Ecole fondamentale des Servites de Marie, à Uccle : améliorer l
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Ecole fondamentale des Servites de Marie, à Uccle : améliorer l
Ecole fondamentale des Servites de Marie, à Uccle : améliorer l'image de marque de l'école avec un projet jardin / nature Changement de direction aux Servites de Marie également : Madame Leblanc, qui nous accueille, y enseigne depuis vingt-cinq ans ; cette année, elle en a repris la direction. Le jardin était un espace réservé aux religieuses de la Congrégation des Servites de Marie qui étaient logées dans le bâtiment. Mais si la Congrégation est encore très vivante en Italie, elle disparaît progressivement chez nous. Des parents, membres de Natagora et passionnés d'oiseaux, ont donc entrepris de convaincre la Congrégation de céder le terrain à l'école : un travail de longue haleine qui devait préserver ce superbe coin de nature de la tentation d'y bâtir quelque chose ou même, simplement, de le vendre. L'intérêt général, qui était aussi celui de l'école - la préservation de ce magnifique espace vert - a heureusement fini par l'emporter ! « Investir le terrain n'était pourtant pas sans danger, précise Catherine Leblanc : il restait encore des puits perdus dans le bas du terrain, certains arbres devenaient caducs et menaçants... Les religieuses étaint peu soucieuses d'entretien ; tant qu'elles pouvaient récolter leurs pommes et leurs noix, et planter leurs capucines le long du jardin, elles étaient satisfaites. Heureusement, d'un strict point de vue budgétaire, l'idée que l'école valorise, et donc entretienne, le terrain représentait une économie bienvenue pour la Congrégation. L'association de parents a également pesé de tout son poids pour que l'accès au parc soit enfin permis aux enfants... » Le temps aidant, le parc se para d'un petit côté sauvage qui est extrêmement sympathique, surtout aux abords de la ville... Le projet pédagogique consista donc avant tout à réinvestir cet espace naturel contigu à l'école mais une réflexion globale conduisit naturellement l'équipe pédagogique à l'évidence du potager. Son nouveau défi, tout récent, consiste à savoir comment utiliser judicieusement ce véritable trésor niché aux limites sud de Bruxelles - juste à l'entrée d'Uccle en venant de Rhode-Saint-Genèse - : valoriser le lieu, le rendre fertile et surtout le faire connaître. « Quand tous les acteurs de l'école auront pris la mesure de cette richesse, annonce sa nouvelle directrice, j'ai vraiment peu de doutes quand au fait qu'ils auront à coeur de s'en servir. » La contrainte n'est vraiment pas une chose motivante « Notre gros problème, poursuit Madame Leblanc, est que ceux qui passent devant notre façade ont plus l'impression qu'il s'agit d'une maison de repos que d'une école primaire. Nous sommes donc en recherche d'image de marque et je suis sûre que le côté jardin / nature que nous développons va contribuer à l'améliorer grandement. Mais nous tenons également à conserver la côté familial de l'école et ne pourrons pas en accroître la population au-delà de certaines limites... » Tout débuta par la préparation des carrés : les enfants eux-mêmes ont préparé la terre, avec l'aide de certains parents mais aussi avec celle des Jardins de Villers-la-Ville qui sont venus expliquer comment faire. Une fois constituées les différentes parcelles, les premières tentatives de plantations n'ont malheureusement pas pris parce que la terre était encore trop lourde… « Nous avons eu beaucoup de verdure et peu de radis, se souvient la directrice, car nous n'avons pas éclairci à temps. Autant d'essais - erreurs que les enfants ont également vécus ; ils ont appris qu'il fallait bien préparer son coup et que certaines périodes étaient plus propices que d'autres pour cultiver… Nous avons également réalisé un important travail de documentation : les plus grands ont recherché ce qu'il était intéressant de planter et quand, avec quel entretien. Nous disposons à présent de fiches didactiques pour chaque chose : une fiche technique par rapport à chaque légume - tomate, carotte ou radis - mais aussi des fiches reprenant l'ensemble des tâches à accomplir pour chaque mois. Comme les différentes classes n'ont pas toujours l'envie ni le loisir de participer aux activités, l'ensemble des tâches sont affichées sur un grand tableau mural et chacun propose ses services. Il n'y a donc aucune contrainte car nous nous sommes rendus compte qu'elle n'est vraiment pas motivante. La première année, chaque classe avait sa parcelle mais nous avons vu des classes où tout avait, par exemple, été parfaitement planté mais où il n'y avait plus personne pour arroser… Chez les petits, planter allait plutôt bien mais, dès qu'un radis sortait, hop, ils le mangeaient ! Nous avons donc plutôt choisi d'organiser les parcelles selon les plantations, les tâches étant réparties en fonction des enfants ou des classes qui ont du temps à y consacrer. Il y a des tâches au potager, des tâches au parc, etc. » Une activité confortable et conviviale Certains professeurs viennent au jardin d'initiative ; d'autres n'ont pas forcément le même engouement même si les enfants ont envie d'y aller. La solution des parcelles par classe étant abandonnée, le potager est conçu globalement : on y cultive différentes choses et un certain nombre de tâches doivent y être accomplies. « Comme il s'agit d'un projet d'école qui a demandé pas mal d'énergie, poursuit Madame Leblanc, et maintenant que les parcelles sont installées et ne demandent plus qu'à être cultivées, nous veillons évidemment à ce que chaque enfant, de la maternelle à la sixième primaire, ait bien l'occasion d'y participer. Nous organisons cette participation dans le cadre d'ateliers pour lesquels un encadrement complémentaire est prévu et qui fonctionnent donc par demi-classes. Une demi-classe peut ainsi opter pour une activité et une demi-classe pour une autre. Une institutrice qui était aussi illustratrice a mis en oeuvre des tableaux qui ont permis d'organiser l'activité au jardin. L'équipe maternelle a également bénéficié de l'apport d'une passionnée de nature : c'est elle qui s'occupe de nos poules - Biscotte et Craquotte que les enfants ont connues poussins - et qui récolte les oeufs... D'autres institutrices nous ont même mis leurs lapins en pensions... » Les parents furent sollicités en ce qui concerne l'outillage : il y a toujours bien une bêche ou un rateau qui sert peu à la maison et c'est la responsabilité des plus grands de ranger tout cela dans la cabane. Notre prof de gymnastique fut dispensée de surveillance lors des récréations et passe, en contrepartie, toutes ses heures dehors ; elle a constitué une équipe de passionnés avec les aînés - on les reconnaît à leur petit gilet jaune ! - qui doivent se charger de tout ce qui reste à faire, lors de chaque récréation et de chaque temps de midi. « Evidemment, quand il fait très beau, dit la directrice, il faut s'arranger sur base d'un horaire d'occupation pour éviter qu'on se marche sur les pieds. Le jardin est donc une impulsion interne à l'école et pas quelque chose qui nous serait imposé par tel ou tel pouvoir. Nous cherchons à le rendre confortable et convivial : par exemple, quand il y encore beaucoup d'humidité dans le sol, nous activons l' opération pantoufles, un espace où les enfants retirent leurs chaussures et mettent leurs pantoufles quand ils reviennent du jardin.... » Une pédagogie qui s'active L'été est évidemment une autre paire de manches. Mais les solutions existent, pour peu qu'on veuille bien se donner la peine de les chercher... « Notre équipe pédagogique est suffisamment dynamique pour prendre soin du lieu, affirme Madame Leblanc : nous organisons, par exemple, un pique-nique fin juillet et ceux qui sont présents travaillent ensuite au jardin ; nous organisons aussi une "tournante" pour s'occuper des animaux. Nous avons installé un arroseur automatique programmable pendant les mois d'été... Enfin, nous avons une production, aussi limitée soit-elle : l'an passé, les enfants ont pu organiser un mini-marché de céléris, d'oignons, de potirons et même de quelques chouxfleurs. Ils en mangent aussi bien sûr mais, comme nous sommes encore rationnés en quantités, il est difficile d'en faire profiter tout le monde. Tel instituteur peut faire un potage avec sa classe, tel autre utilise les oeufs de nos poules pour confectionner des speculoos vendus au maché de Noël... Nous récoltons également pas mal de pommes que nous ferons presser pour avoir du jus ; nous avons installé une ruche et la présence des abeilles devrait favoriser la production de fruits. Cette année, toutes les classes - de la première maternelle à la sixième primaire - ont concocté des préparations à base de pommes. Et tout cela a également été vendu aux parents... Toutes choses qui font que notre pédagogie s'active ; elle retrouve un lien beaucoup plus étroit avec le milieu où nous vivons, avec la nature aussi. Toute l'école doit s'y adapter et cela ne se fait pas en un jour. Cette année, un de nos jeunes enseignants a préféré deux intérims chez nous à un temps plein ailleurs ; il a choisi de rester parmi nous et c'est le projet qui a fait la différence à ses yeux. Une telle adhésion, une telle implication nous rassurent quant à la qualité du travail pédagogique que nous menons. Bien sûr, il est difficile d'imaginer que la production de l'école puisse un jour ravitailler notre cantine scolaire mais l'important, pour nous, est d'abord que chaque enfant découvre et comprenne de quoi son alimentation est faite. C'est une chose qui ne va pas de soi et il est essentiel que l'école contribue à le lui apprendre. Nous voudrions maintenant allier davantage l'art à la nature et développer des projets créatifs au sein du magnifique espace dont nous disposons... Non que nous pensions que c'est mieux de peindre ou de sculpter que de gratter la terre et de cultiver ; c'est juste un autre chemin d'accès aux mêmes réalités que nous voulons rendre présent au sein de l'école... »