170 à propos des répartiteurs des impôts locaux..

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170 à propos des répartiteurs des impôts locaux..
A propos des répartiteurs des impôts locaux…
En cette époque d’il y a trente sept années
accomplies aujourd’hui, la paisible et sereine commune de Beaumont vivait alors au rythme
de sa très constituante élaboration du Plan d’Occupation des Sols. En effet, la municipalité
ayant accédé aux affaires au mois de mars 1977, animait la légitime ambition de doter la
commune d’un schéma directeur local devant faire place à une construction anarchique de
constructions d’habitations incohérentes les unes par rapport aux autres sur toute
l’étendue du territoire communal. C’était dire que tous les propriétaires fonciers du secteur
se montraient particulièrement attentifs aux classements des parcelles dans les zones
constructibles donc cessibles. Cette occurrence administrative influait ou conditionnait la
valeur des terrains en eux-mêmes par rapport aux autres. Dont Monsieur Alcide Gensel, un
villageois habitant au quartier des Foulons. Cet habitant de la bourgade était alors un bien
curieux personnage. Certainement un être aux facultés intellectuelles émoussées ou
inexistantes et même fortement anachroniques.
Les vieux villageois appelaient de façon très
affectueuse Alcide par le surnom de Cidou. Alors, quand il était presque à jeun, Cidou
advenait au secrétariat de la mairie pour m’entretenir du classement de sa propriété en
zone constructible, ce qu’il voulait au plus haut point et rapidement. Il était certes un peu
débile mais il savait pertinemment où se situaient ses fieffés intérêts. Alors Cidou me faisait
également part de ses histoires de famille mais aussi de son impécuniosité le voyant
comme un pauvre ère sans ressources apparentes. Lui souhaitant recevoir des subsides
sociaux qui lui auraient permis de mieux vivre. Alors, pour me débarrasser de cette visite
équivalente à une perte de temps précieux, je lui proposais de rencontrer la collègue
s’occupant du service social municipal mais aussi et surtout l’assistante sociale du secteur.
Certaines fois, Cidou un peu alcoolisé au mauvais vin me déclinait ses délires. Il était pour
moi une visite habituelle à laquelle, je devais mettre un terme rapidement, faute d’avoir du
temps à lui consacrer
En effet, comme il se disait invalide, il voulait
être dispensé de payer des impôts locaux. Tant pour lui les répartiteurs d’impôts
concernaient sa personne. Cidou avait la conviction qu’en ma qualité de secrétaire de
mairie j’influais lourdement sur le calcul des impôts locaux. Pour lui c’était donc moi le
véritable interlocuteur. Certes Cidou était astreint à s’acquitter d’une taxe d’habitation et
aussi une taxe foncière au regard de sa propriété des Foulons. Alors, Cidou, un pied dans la
vigne en venait à être coléreux au sujet de ceux à la mairie, fixant le montant des impôts
locaux l’accablant. Encore qu’il faille savoir que la commission municipale des impôts
travaillant avec un inspecteur des impôts, met annuellement à jour le rôle des assujettis aux
trois impôts locaux : La Taxe d’Habitation, le Taxe Foncière et la Taxe professionnelle. Parce
que Cidou savait que l’adjoint aux Finances était une personne influente pour le calcul de
l’impôt et ceux pouvant en être exonérés.
Alors un jour que l’adjoint était en mairie, de
même que Cidou, je l’invitais à rencontrer cet élu, lequel fut pendant son activité, un
inspecteur du Trésor Public. Certes Cidou ne comprit pas tout ce qui lui était simplement
expliqué. Il se trouve des impossibilités incontournables d’être exonéré sans raison
reconnue par le Code Général des Impôts. Tant Cidou nous embrouillait dans ses irascibles
considérations. Il voulait avoir une entrevue avec l’Inspecteur des Impôts lui-même. Ce
simplet personnage avait la certitude que certains contribuables étaient comme
prétendument ses voisins parvenus à bénéficier d’une exonération fiscale : Un fantasme,
une certitude de buveur de vin. C’était pour lui une fixation de nature alcoolique. Pendant
que je le consolais en lui disant qu’il n’y avait pas droit, Cidou un peu plus gris que
d’habitude, me disait alors qu’un des jours suivants il adviendrait en mairie avec son fusil
pour régler des comptes avec les répartiteurs d’impôts, qu’il avait tout simplement dans le
nez, une marotte.
Au demeurant respectant sa personne au
jugement altéré pour raison grave et irréversible, j’éprouvais un sentiment de pitié à son
égard. Lui qui était une personne typique, un simplet, un original, un peu l’idiot du village à
l’habitation souillée par les poules, la chèvre, les chiens et le manque d’entretien. Une
masure délabrée installée au quartier des Foulons tout là-haut en amont de la rivière
l’Ecoutay. Parce qu’au fil des années, les responsables du moment de la mairie firent
interner Cidou à la maison de retraite de Montéléger. Lui qui perdit la vie et dont la
propriété fut vendue par l’autorité de tutelle. Ainsi s’en allait l’image de Cidou ayant
marqué son époque à Beaumont-lès-Valence. Il était le fils d’une grande et respectable
famille. Parce que je garde en précieuse mémoire ses innombrables et innommables
facéties d’homme inclassable dans notre société villageoise beaumontoise. Lui qui
véhiculait une odeur fortement nauséabonde. Un personnage manquant hautement
d’hygiène. Pourtant un homme obstiné lequel avait simultanément le vin mauvais et
surtout dans le nez les décideurs des impôts locaux…
A propos des répartiteurs des impôts…
Jean d’Orfeuille