Peut-on bénir un couple homosexuel ? Eglise Réformée du Bouclier

Transcription

Peut-on bénir un couple homosexuel ? Eglise Réformée du Bouclier
Peut-on bénir un couple homosexuel ?
Eglise Réformée du Bouclier - 7 octobre 2007
1.
Page 2
Mariage - PACS – Union libre
2.
Page 3
Mariage homosexuel : bénira, bénira pas ?
3.
Pages 4-5
Homosexualité: un point de vue psychanalytique.
4.
Pages 6-7
Quelques arguments pour réfléchir à la question :
5.
Pages 8-9
Homosexualité: aperçu théologique et anthropologique.
6.
Pages 10-11
Homosexualité, Bible et herméneutique:
7.
Pages 12-13
Homosexualité et altérité: réflexion éthique
8.
Page 14
«Dieu bénit les couples homosexuels stables, fidèles et aimants. »
Marc Pernot in Réforme 3480 – 20 septembre 2012
9.
Page15
« Le mariage civil, non ; la bénédiction religieuse, pourquoi pas ! »
Antoine Nouis in Réforme 3480 – 20 septembre 2012
10.
Page 16-17
Sous couvert d’égalité, on refuse de reconnaître les différences"
Luc Olekhnovitch in Réforme 3482 – 4 octobre 2012
11.
Pages 18-19
« Plaidoyer en faveur du mariage pour tous » par Joël Dahan, ERF
Montpellier in Réforme 3473 – 12 juillet 2012
note d'humour…
Outils:

François Dermange, Céline Ehrwein et Denis Müller éd : La reconnaissance des couples
homosexuels, enjeux juridiques, sociaux et religieux. Labor & Fides, 2000.

Isabelle Graesslé, Pierre Bühler et Christoph D. Müller éd:
Qui a peur des homosexuel-les? Evaluation et discussion des prises de position des Eglises
Protestantes de Suisse, Labor & Fides, 2001.
Bibliographie commentée pp.227-237.
•
Dossier de travail : « Eglise et homosexualité » Fédération Protestante de France, CPLR
octobre 2002. 47 pages

Réflexions de la Commission "Couple-famille-société" de l'ERF suite à la décision 29 du
Synode National réuni à Fréjus-Saint-Raphaël du 13 au 16 mai 1999. Juin 2001.
ERF: 47, rue de Clichy 75311 Paris Cedex 09.
Document CFS (Couple-Famille-Société) de juin 2001. 12 pages

Bénir en Eglise des couples de même sexe : travaux, conférences et débats Groupe protestant
de réflexion théologique sur les bénédictions pour les couples de même sexe
PRÉSENTATION DE NOS TRAVAUX - Octobre 2008-Novembre 2011. 159 pages
« Bénir un couple homosexuel ? » 7 octobre 2012.
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MARIAGE
OBLIGATIONS
RECIPROQUES
PROPRIETE
DES BIENS
Devoir légal de secours et
d'assistance. Contribution aux
charges du mariage à proportion
des facultés respectives des
époux à défaut de convention
particulière.
Quel que soit le régime
matrimonial, solidarité des dettes
ménagères et des dettes
contractées pour l’éducation des
enfants.
Selon le régime matrimonial.
PACS
Aide matérielle et assistance
réciproques dont le contenu
dépend de la convention et à
défaut, de la loi.
Solidarité des dettes
contractées pour les besoins
de la vie courante .
Aucune obligation. Chacun
est libre de sa participation
aux charges de la vie
commune et responsable de
ses propres dettes.
Chacun est propriétaire de ce
qu'il acquiert.
Possibilité d'opter pour le
régime de l'indivision par
convention (les biens sont
réputés appartenir par moitié à
chacun des partenaires).
En cas d’abandon du domicile
ou de décès du titulaire du bail,
le bail est transféré à celui qui
reste de plein droit sans
condition de durée du pacte.
Chacun est propriétaire de
ce qu’il achète seul ou en
indivision dans les
proportions indiquées dans
l’acte.
BAUX
D’HABITATION
Les deux époux ont les mêmes
droits.
En cas de décès ou d’abandon
du domicile, le bail est transféré à
celui qui reste.
SUCCESSION
¼ en propriété ou usufruit
universel en présence
uniquement d'enfants du couple.
En présence d'enfants
noncommuns,1/4 en pleine
propriété. Possibilté de donation
entre époux, testament ou
avantage matrimonial.
Quotité disponible spéciale entre
époux.
Droits au logement (temporaire et
viager).
Exonération de droits de
succession. Pour les donations :
abattement de 80.724 € et audelà taux progressifs de taxation
de 5 à 45%.
Imposition commune par foyer.
Solidarité des époux pour le
paiement.
Imposition commune.
Les partenaires pacsés ne sont
pas héritiers l’un de l’autre.
Seul un testament permet de
léguer quelque chose à l’autre
dans la limite de la quotité
disponible ordinaire.
Droit temporaire au logement.
Possibilité d'attribution
préférentielle.
FISCALITE DES
DONATIONS
OU
SUCCESSIONS
IMPOT SUR LE
REVENU
IMPOT DE
SOLIDARITE
SUR LA
FORTUNE
PROTECTION
SOCIALE
RETRAITE
RUPTURE
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UNION LIBRE
En cas d’abandon du
domicile ou de décès du
titulaire du bail, son concubin
notoire a droit au maintien
dans les lieux, si les
concubins vivaient ensemble
depuis au moins un an (sauf
baux de la loi de 1948).
Aucun droit successoral
légal.
Seul un testament permet de
léguer quelque chose à
l’autre dans la limite de la
quotité disponible ordinaire.
Exonération de droits de
succession. Pour les donations
: abattement de 80.724 € et audelà taux progressifs de
taxation de 5 à 45%.
Imposition commune.
Solidarité.
Abattement uniquement pour
les successions de 1594 €.
Taux unique de taxation de
60%.
Imposition commune.
Imposition commune si le
concubinage est notoire.
Un époux sans couverture
sociale propre bénéficie de celle
de son conjoint.
Bénéfice du capital décès sous
conditions.
Un partenaire sans couverture
sociale propre bénéficie de
celle de l’autre.
Bénéfice du capital décès sous
conditions.
Le veuf ou la veuve a droit sous
conditions à une pension de
réversion.
Divorce prononcé judiciairement
Le partenaire pacsé n’a pas
droit à une pension de
réversion
Rupture d’un commun accord
(déclaration conjointe au greffe
du tribunal d’instance) ou
unilatérale (signification par
huissier au partenaire et
copie au greffe).
Un concubin à la charge
totale de l’autre bénéficie de
sa couverture sociale pour
les remboursements de frais
médicaux.
Pas de capital décès.
Le concubin n’a pas droit à
une pension de réversion.
Imposition séparée.
Pas de solidarité.
Rupture d’un commun
accord ou unilatérale.
Aucune décl
Mariage homosexuel : bénira, bénira pas ?
Le calendrier législatif sur le projet de mariage homosexuel rejoint la réflexion des
Eglises sur la bénédiction des couples homosexuels. Le Conseil national de l’Eglise
réformée de France a mis en place un Groupe de travail sur la bénédiction des couples
PACSés ». En Alsace Moselle, un groupe informel se réunit également pour étudier la
question.
Depuis 2001, plusieurs pays européens reconnaissent le mariage homosexuel depuis: les Pays-Bas,
la Belgique, l'Espagne, la Suède (où l'Eglise est tenue de trouver un pasteur pour célébrer le
mariage religieux), la Norvège, le Portugal et l'Islande. Dans plusieurs pays, des Eglises
protestantes bénissent des unions de couples homosexuels, avec des variantes quant à la forme et
la manière de faire la différence avec une bénédiction d’une union hétérosexuelle. Ainsi, dans
l’Eglise de Rhénanie, les discussions ont commencé dès 1968, suivies du travail d’une commission
de réflexion puis de débats importants en paroisses dès 1996 jusqu’au Synode de 2000 qui,
constatant des avis partagés, encourage à accompagner (aussi par le culte) des couples non
mariés homosexuels, mais laisse chaque paroisse décider.
Où en est-on en France ?
La Mission Populaire évangélique de France, proche des Eglises historiques, autorise les pasteurs
« à participer à un geste liturgique d’accueil et de prière pour un projet de couple homosexuel
pacsé, après accompagnement du couple, dans la mesure où ce geste ne s’apparente en aucune
manière à une bénédiction de mariage et ne s’impose pas à la communauté locale ». Il faut donc
qu’un débat local ait lieu. Dans les Eglises protestantes historiques, un document de 2004 de la
Communion protestante luthéro-réformée (CPLR) fait encore référence aujourd'hui : « Il n’est pas
opportun d’envisager un culte de bénédiction qui entretiendrait la confusion entre couple
homosexuel et hétérosexuel. » Dans la pratique, des paroisses et des pasteurs accompagnent
spirituellement des couples homosexuels qui le demandent et il arrive à certains pasteurs de dire
en privé la bénédiction de Dieu sur leurs personnes. Pour une cérémonie publique, il faudra que le
Conseil presbytéral soit lui aussi d’accord et que les synodes n’interdisent pas de le faire.
Parler avec les personnes
Il sera important que les paroisses locales débattent de cette question, et de celle de
l’homoparentalité qui lui est liée. Une première étape serait de parler non pas sur les couples
homosexuels mais avec eux. J’ai rencontré des personnes homosexuelles blessées par des paroles
qui les considèrent comme des malades à soigner ou des pécheurs à convertir…
Parler du couple homosexuel, ce sera aussi parler du couple, de mon couple : la vie partagée à
deux s’enrichit des mille et une différences entre les humains, bien au-delà de la seule différence
sexuelle. Je connais des homosexuels qui espèrent bâtir une vraie vie de couple dans la fidélité, le
respect, le pardon et la foi.
Notre lecture de la Bible sera interrogée : pouvons-nous fonder une morale sur une lecture
particulière, hors contexte historique et culturel, et appliquer certaines paroles qui appellent à
exclure, lapider, tuer, réduire en esclavage ? Nos lectures auront à s’attacher aux grands thèmes
qui esquissent les contours d’une vie de couple en Dieu : fidélité, promesse, pardon, respect…
L’Eglise « ne marie pas » mais accompagne et bénit un couple déjà marié civilement et qui
souhaite dire publiquement sa reconnaissance de l’amour reçu et partagé et placer son
engagement sous la bénédiction de Dieu. Il faudra réfléchir au nom de quels principes accorder ou
refuser la bénédiction à certains, car bénir, ce n’est pas donner un jugement de valeur ou une
approbation morale de ce que les gens vivent (ainsi la bénédiction en prison), mais c’est bien dire,
à travers une parole et un geste : « Dieu n’est pas exclu de ce que vous vivez, il vous rejoint, vous
accompagne et vous souhaite un avenir. ».
Cette question s’inscrit aussi dans les temps d’une vie que les Eglise accompagnent et marquent :
la naissance, l’adolescence, le couple, la mort, mais aussi les séparations, les déménagements, les
rentrées (scolaire ?), les départs, les anniversaires (de deuil, de mariage, de naissance …), les
fiançailles, les engagements … pour dire la communion en Dieu et aider à vivre cette vie en Dieu.
Pierre Magne, membre du « Groupe de travail : bénédiction de couples PACSés » de l’ERF.
Le Nouveau Messager – décembre 2012
« Bénir un couple homosexuel ? » 7 octobre 2012.
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HOMOSEXUALITE :
un point de vue psychanalytique
1. Aperçu historique.
Le terme " Homosexualité " est récent, il apparaît entre 1870 et 1910, remplaçant les anciennes
dénominations de : inversion, sodomie, pédérastie, saphisme, lesbianisme etc.
Sigmund Freud ne fit jamais de l’homosexualité un concept propre à la psychanalyse. C’est
pourquoi il n’y a pas de théorie spécifique sur ce sujet. Cependant à partir de ses découvertes,
Freud a pris ses distances avec le discours psychiatrique de la fin du XIXième siècle qui voyait
dans l’homosexualité une tare ou une dégénérescence. Dès 1905, avec « Les trois essais sur la
théorie de la sexualité », il aborde la question de l’homosexualité, conservant le terme de
perversion pour désigner les comportements sexuels déviants par rapport à une norme structurale et
non sociale. Dans cette perspective, il retire déjà tout caractère péjoratif à l’homosexualité, je cite :
« La recherche psychanalytique s’oppose avec la plus grande détermination à la tentative de
séparer les homosexuels des autres êtres humains en tant que groupe particularisé ».
Freud fait renter l’homosexualité dans un universel de la sexualité humaine, il la conçoit comme
un choix psychique inconscient, comme conséquence de la bisexualité humaine, présente en
chacun de nous.
En 1920, Freud écrit un texte à partir d’un cas clinique, « La jeune homosexuelle », montrant qu’il
est vain de vouloir « guérir » un(e) homosexuel(le), autrement dit « ce n’est pas un malade », et que
la cure psychanalytique ne peut en aucun cas avoir cet objectif.
En 1935, à la fin de sa vie, Freud écrit à une femme américaine dont le fils est homosexuel :
« L’homosexualité n’est évidemment pas un avantage, mais il n’y a là rien dont on doive avoir
honte, ce n’est ni un vice ni un avilissement et on ne saurait la qualifier de maladie ».
On est encore étonné aujourd’hui de la hardiesse des propos de Freud.
Ses premiers héritiers n’ont pas fait montre d’un tel courage et furent à l’égard des homosexuels
d’une extrême intolérance, à l’instar du monde ambiant.
Jacques Lacan fut le premier psychanalyste de la deuxième moitié du siècle à rompre
radicalement avec la persécution qui visait les homosexuels dans la profession; non seulement il
prit en analyse de nombreux homosexuels, mais il accepta le principe même de leur intégration en
tant que psychanalystes formateurs, didacticiens.
C’est en 1974 que l’homosexualité fut rayée de la liste des maladies mentales par la communauté
psychiatrique américaine qui fait loi.
Elisabeth Roudinesco à qui j’emprunte ces données (cf. son « Dictionnaire de la psychanalyse »
chez Fayard) donne une définition intéressante de la bisexualité, notion centrale dans la théorie
freudienne :
« C’est une disposition psychique inconsciente propre à toute subjectivité humaine dans la mesure
où celle ci est fondée sur l’existence de la différence des sexes, c’est-à-dire pour le sujet sur la
nécessité d’effectuer un choix sexuel, soit à travers le refoulement d’une des deux composantes de
la sexualité, soit à travers l’acceptation de ces deux composantes.
Page 4
2. Où en sommes nous aujourd'hui ?
L’expérience quotidienne montre bien que dès les premiers jours de la vie, le petit enfant aime
aussi bien sa mère que son père; au cours de sa croissance, il s’identifie tour à tour à l’un, à l’autre,
quel que soit son sexe, et c’est dans le creux de cette histoire, à son insu, que va se décider
l'orientation de sa sexualité. On ne choisit pas d’être homosexuel, on se découvre un jour
homosexuel, plus ou moins tard. Il reste à l’assumer…
Un document de base vient de paraître sur « La vie sexuelle en France », de Janine Mossuz-Lavau,
directrice de recherche au CNRS, aux éditions de La Martinière.
Il s’agit d’une enquête qualitative sur la sexualité des Français, menée à partir d’entretiens longs.
Une place importante est faite à la parole des homosexuels, hommes et femmes; ils y exposent
leurs difficultés à se faire accepter comme ils sont. A propos de leur « problèmes d’identité »,
M.Pollak (cité par Mossuz-Lavau) écrivait en 1988 : « La source de la plupart des problèmes liés à
la condition homosexuelle est cette coupure entre affectivité et sexualité résultant de l’absence des
institutions familiales qui cimentent les relations hétérosexuelles ». Il est vrai que les homosexuels,
compte tenu de leur marginalité, sont amenés à se poser la question de leur identité, alors qu’un
hétérosexuel n’a pas à se justifier, à ses propres yeux tout d’abord, puis à ceux de son entourage et
de ses concitoyens, d’être ce qu’il est.
Homosexualité et altérité.
Très souvent dans les débats, on entend cette remarque : l’homosexuel choisirait le même, un autre
lui-même, et il y aurait alors chez lui un refus de l’altérité. Certes la différence des sexes est
fondatrice; mais l’altérité, à mon sens, c’est bien autre chose, cela concerne tout le fonctionnement
psychique de l’autre, qui nous est radicalement opaque. Bien plus, la psychanalyse est fondée sur
l’idée que nous sommes tous étrangers à nous-même, avec un inconscient, siège du désir, qui nous
conduit, et auquel nous n’avons pas accès. Ainsi l’autre est au fond de nous-même, cette partie de
nous-même qui nous échappe, qui nous mène mystérieusement, à notre insu. Dans cette
perspective, aucun humain ne peut se soustraire à l’altérité.
Pour conclure, j’ouvrirai le débat sur l’acceptation de la différence. Pourquoi est-ce si difficile de
faire avec l’autre si différent de moi? Parce que il me remet en question au niveau de ce que j’ai de
plus secret au fond de moi? Quelles peurs, quels fantasmes réveille-t-il?
Mais aussi, quelle place je fais à cet autre qui est mon frère, pas si différent de moi dans le fond?
Peut-être que le plus difficile dans la vie, c’est d’accepter l’autre tel qu’il est, et non pas comme je
le voudrais.
Françoise Gougne, psychothérapeute.
« Bénir un couple homosexuel ? » 7 octobre 2012.
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4, rue du Bouclier -­‐ 67000 Strasbourg  : 03 88 75 77 85 [email protected] www.lebouclier.com 2010 – 2011
Catéchisme 3ème année
Nom : ………………
Prénom : ……………..
Quelques arguments pour réfléchir à la question :
« Peut-on bénir les couples homosexuels ? »
Démarche :
• lis tranquillement chacune des phrases,
• parmi les arguments proposés, marque d’une croix celui qui arrête ton attention et que
tu souhaiterais approfondir (que tu sois d’accord ou non),
• enfin tu peux rédiger ce que tu penses toi-même en complétant : « Selon moi… »
1. BIBLE
a) « La Bible contient de nombreux interdits. Pourquoi mettre en
exergue ce qui concerne l’homosexualité ? »
b) « La Bible parle de David et Jonathan comme de deux amoureux,
sans condamner cette relation. »
c) « La Bible condamne clairement l’homosexualité, point final.»
d) « Selon la Bible, seuls un homme et une femme - deux individus
de sexe différent - ont vocation à s’aimer, à vivre en couple et à
fonder une famille. »
e) « La Bible condamne le péché sous ses diverses manifestations,
donc tous les humains sont condamnés. »
f) « La Bible raconte l’amour de Dieu pour les humains, un amour
sans acception de personnes, souvent inattendu et étonnant. »
g) « Selon moi, ……………………………………….
Page 6
2. DIMENSIONS PASTORALE ET ECCLESIALE
a) « Accueillir en tant que telles des personnes homosexuelles, c’est
cautionner une déviance. »
b) « Nous avons à annoncer non une morale, un modèle, mais la grâce
sans condition, pour tous, tous pécheurs (homosexuels et
hétérosexuels), tous graciés.»
c) « Il est important de ne rien faire qui donne l’impression de relativiser la
norme hétérosexuelle. »
d) « Il faut prier et œuvrer pour la guérison des homosexuels. »
e) « Même sans faire d’équivalence et sans remettre en cause
l’hétérosexualité
comme
modèle,
notre
responsabilité
est
d’accompagner, de soutenir les personnes homosexuelles. »
f) « Ce qui constitue un couple chrétien, ce n’est pas son type de sexualité,
c’est l’amour, la responsabilité mutuelle, l’Evangile reçu et partagé. »
g) « Selon moi, …………………………………………..
3. BENEDICTION
a) « Une bénédiction d’un couple homosexuel est possible mais elle ne doit
pas entretenir la confusion avec une bénédiction de mariage d’un couple
hétérosexuel.»
b) « La bénédiction ne nous appartient pas, elle appartient à Dieu.
Comment pourrions-nous la refuser à celles et ceux qui la demandent
?»
c) « Bénir, c’est dire ‘Dieu dit du bien de vous et vous souhaite du bien’ ;
on ne peut dire cela à un couple homosexuel. »
d) « Dans une bénédiction d’un couple homosexuel, c’est leur amour, leur
projet de vie en couple qui est mis en avant et qui est béni. »
e) « On peut bénir des personnes tout en étant en désaccord avec leur
projet. »
f) « Une bénédiction, c’est l’occasion d’accompagner pastoralement et
d’annoncer l’Evangile à des personnes que les discours des Eglises ont
éloignées de l’Evangile.»
g) « Selon moi, ……………………………………..
A Partir de : Sophie Schlumberger (pasteur, animatrice biblique à la Fédération Protestante de
France) : « Peut-on bénir les couples homosexuels ? Et VOUS, qu’en pensez-vous ? » Débat lors
de Protestants en Fête– Strasbourg – Bouclier - 31 octobre 2009.
« Bénir un couple homosexuel ? » 7 octobre 2012.
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Homosexualité :
aperçu théologique
et anthropologique
Une approche théologique ne peut pas faire l'économie d'un centre théologique (le canon dans le
canon) à partir duquel se construit la réflexion (point 1.).
Il est nécessaire aussi de rappeler les autres centres théologiques (point 2.) et la tension qui en découle
pour l'anthropologie (point 3.).
1.
la
justification
par la foi.
Dans notre perspective, l’identité du croyant se situe ailleurs que dans une
identification sexuelle (homosexuelle ou hétérosexuelle) : la conception que Paul a de
l'existence chrétienne s’oppose à une compréhension de soi qui trouverait sa valeur et
son sens ultime dans un particularisme identitaire (sexuel, social, religieux… Gal.3,28).
C'est pourquoi, il faut redire que, d'un point de vue théologique, la question de
l’homosexualité est seconde, en regard d’une reconnaissance qui ne dépend pas de
l'orientation sexuelle du croyant.
Le fondement de cette compréhension de l’existence chrétienne est la justification par
la foi (ou: justification par Grâce au moyen de la foi de Jésus-Christ) comprise de la
manière suivante : la réalité ultime, la reconnaissance, ne dépendent pas de ce qui
qualifie positivement ou négativement un être humain aux yeux du monde. Nous
sommes tous (homosexuels et hétérosexuels) justifiés malgré quelque chose.
Si la justification par la foi est ainsi centrale,
2.
et
d'autres
théologies
• on ne pourra néanmoins pas faire l’économie des discours liés à une théologie
naturelle: se développant à partir de Gn.1-3, la théologie naturelle estime qu'il y a
un lien indissoluble entre la différence théologique Dieu-être humain et la différence
sexuelle homme-femme inscrite dans le corps humain. Ici, l’homosexualité est
“ désordre ”, refus des distinctions;
• mais on ne pourra pas non plus faire l’économie des discours liés à une théologie de
l’alliance (où l’homosexualité a sa place comme alliance entre deux personnes, une
alliance scellant une relation d'amour, de durée, de fidélité),
ou à une théologie de la libération (où une union homosexuelle est l'expression
d'une relation et d'un amour libérés).
Le premier point met en évidence l'importance de l'ordre issu de la création. Il a pour
conséquence de renforcer le sentiment d'exclusion et de jugement vis-à-vis des
homosexuels.
Le deuxième point met l'accent sur la qualité d'une relation amoureuse entre deux
personnes, indépendamment de leurs pratiques sexuelles.
Cette tension se retrouve aussi dans l'anthropologie (cf. aussi ci-dessous:
"homosexualité et altérité: réflexion éthique" pp.14-15)
que l'on peut présenter de la manière typologique suivante:
(cf. Isabelle Graesslé: "Différentes images de l'être humain: évaluation des
enjeux anthropologiques" pp.59-70 in Qui a peur des homosexuel-les ? )
Page 8
3.
d'où la tension entre
différenciation et acceptation
3.1.
une conception de l'être humain fondée sur la différenciation:
considère que tout être humain est unique et fondamentalement différent d'un autre être
humain. Je ne peux pas réduire l'autre à l'image que j'en ai, je ne peux pas l'enfermer
dans mes représentations: il est différent, autre.
Pour cette conception fondée sur la différenciation, la différence sexuelle est essentielle
et constitutive: elle contribue alors à donner une norme de comportements, de relations
humaines et d'alliance, norme dont découle le couple hétérosexuel.
Sur cette polarité naturelle "mâle- femelle" est élaborée une théologie dite "naturelle" :
il y a un ordre, une norme qui est celle de la différence sexuelle homme-femme.
Cette anthropologie de la différenciation des êtres humains se retrouve dans une lecture
des traditions bibliques (Gen.1-3) qui lie la différence théologique Dieu-être humain
avec la différence sexuelle homme-femme. Il en résulte que l'altérité de Dieu serait
atteinte lorsque l'altérité corporelle entre l'homme et la femme n'est pas respectée.
3.2.
Une conception de l'homme fondée sur l'acceptation
Pour cette approche, chaque être humain, quelque soit son genre, son orientation
sexuelle, son origine ethnique, sociale, religieuse, culturelle, ... chaque être humain est
accepté et appelé par Dieu à accomplir sa dignité humaine.
La justification par la foi vaut pour tous, indépendamment de la sexualité. L’identité du
croyant se situant ailleurs que dans une identification sexuelle, homosexuelle ou
hétérosexuelle, (cf. ci-dessus à propos de Paul), cette conception se réfère au Christ de
l'Evangile qui "accueille les êtres humains quels qu'ils soient" et souligne la liberté de
la nouvelle alliance par rapport à l'ancienne.
Dans cette perspective de l'acceptation,
l'altérité ne peut se réduire à la différence sexuée, mais doit prendre en compte les
autres axes de l'existence (cf. ci-dessous pp.14-15); la question n'est pas alors entre
homosexualité d'un côté et hétérosexualité d'un autre côté, mais sur la sexualité: ce qui
important c'est la qualité relationnelle, l'engagement, la confiance, le partenariat, bien
plus que le genre du ou de la partenaire.
Pierre Magne à partir de :
 Isabelle Graesslé, Pierre Bühler et Christoph D. Müller éd:
Qui a peur des homosexuel-les? Evaluation et discussion des prises de position des Eglises
Protestantes de Suisse, Labor & Fides, 2001.
« Bénir un couple homosexuel ? » 7 octobre 2012.
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Homosexualité, Bible & herméneutique
Note d'humour !
Dans une lettre adressée à un journal de la presse régionale protestante,
Monsieur X. écrit (c'est nous qui soulignons):
… Jésus n'est pas venu pour condamner les hommes mais pour les sauver (Jn.3,,17). De
la même façon les chrétiens doivent faire preuve de délicatesse et de compréhension à
l'égard de ceux qui luttent quotidiennement contre leurs tendances homosexuelles. Il y
a peu de référence dans la Bible concernant l'homosexualité, mais celles que l'on peut
trouver sont toutes négatives. Par deux fois la Loi de l'Ancien Testament la condamne.
C'est une pratique "monstrueuse" (Lv18,22; 20,13) et "infâme" (Jg.19,23) (…) La Loi
de l'Ancien Testament est toujours valable…. Les personnes homosexuelles … ne
doivent pas considérer l'Eglise comme un tribunal mais un lieu où ils pourront trouver
le réconfort, quelqu'un à qui parler et prier, se repentir et trouver le pardon et le Salut.
…
La réponse ci-dessous se veut une approche humoristique de la question herméneutique lorsqu'on
utilise les textes bibliques sur l'homosexualité:
Cher Monsieur X.,
J’ai été bien intéressé par votre lettre (Le Cep-Janvier, p.65) et plus particulièrement par la clarté et
l’aisance de votre lecture de la Bible agrémentée de fraternelles « délicatesse et compréhension » à
l’égard des homosexuels.
C’est pourquoi, je me permets de faire appel à la clarté et à l’aisance de votre lecture biblique pour
que vous m’aidiez à prendre au sérieux cette « Loi de l’Ancien Testament toujours valable » en
l’appliquant avec une fraternelle « délicatesse et compréhension » :
1. Ainsi, lorsque j’offre en holocauste dans mon jardin un animal et que la fumée monte, je sais
que (selon Lév.1,9) cela est agréable à Dieu ; mais mon voisin prétend que cette fumée n’est
pas agréable du tout ! Comment devrais-je, selon vous, faire taire ce voisin ?
2. Un ami, ayant quelques problèmes d’argent, voudrait bien vendre sa fille en esclavage, comme
cela est autorisé en Ex.21,7. Quel serait aujourd’hui, d’après vous, un prix correct pour cette
vente ?
3. Je sais que je dois jamais être proche d’une femme qui a ses règles (selon Lev.15,19-24). Le
problème est : comment puis-je le savoir ? J’ai bien essayé de poser la question, je n’ai reçu que
des silences et des regards bizarres ! Pouvez-vous m’indiquer comment vous faites ?
4. Lév.25,44-45 dit que je peux avoir des esclaves, tant hommes que femmes et enfants, lorsque je
les achète chez les nations voisines. Un ami me dit que cela concerne les Nord-africains, les
Noirs, éventuellement (et actuellement) les Roumains, mais pas les Allemands, les Hollandais
ou les Suisses ! Pouvez-vous m’expliquer cela ? Pourquoi ne pourrais-je pas posséder un
esclave Suisse ?
5. J’ai un voisin qui travaille toujours le samedi ! Selon Ex.35,2 il doit être mis à mort. Serais-je,
d’après vous, obligé de le tuer avec mes propres mains ?
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6. Selon Lév.11,10-11, manger des animaux aquatiques sans nageoire ni écailles (comme les
moules) est une « abomination » (affirmée trois fois!). Mais un ami (habitant Arcachon, et
grand amateur de moules) prétend que manger ces animaux serait une « abomination » moindre
que l’ « abomination » de l’homosexualité (Lév.18,22). Si on suit la clarté et l’aisance de votre
lecture biblique, cet ami a tort ! Dois-je le conduire à « se repentir et trouver le pardon et le
salut », ou bien dois-je, selon votre conseil, « faire preuve de délicatesse et de compréhension »
, … à condition qu’il « lutte quotidiennement contre cette tendance » abominable à manger des
moules?
7. En Lév.21,17-20 il est dit que je ne dois pas m’approcher de la Table Sainte, lorsque mes yeux
(entre autres) sont atteints d’une maladie. Je dois avouer que je porte de sérieuses lunettes pour
lire. Est-ce que ma vision doit être parfaite, ou bien y a-t-il ici une marge de manœuvre, de
« délicatesse et de compréhension », pour s’approcher de la Table Sainte ?
8. Je sais aussi que, selon Lév.11,6-8, je me rend impur lorsque je touche la peau d’un porc mort.
Comme je joue au rugby, dois-je porter des gants, des pantalons et des chemises longues pour
éviter de toucher le ballon, ou bien dois-je imposer des ballons en matière synthétique ? Et dans
ce cas, pourriez-vous m’aider, par votre clarté et votre aisance, à faire accepter cette Loi avec
« délicatesse et compréhension » ?
9. Mon oncle a une ferme. Il transgresse Lév.19,19 en ce qu’il sème dans un même champ deux
semences différentes. D’autre part, sa femme porte des vêtements qui sont fait de deux fibres
différentes (coton et polyester). En plus, mon oncle jure avec le nom de Dieu et dit des
mauvaises choses des autres. Est-il vraiment nécessaire de rassembler tout le village pour les
lapider (selon Lév.24,10-16) ? Ne suffit-il pas que nous les brûlions lors d’une petite cérémonie
familiale, comme on le fait simplement pour l’homme et sa belle-mère qui ont couché ensemble
(Lév.20,14) ?
Je me permets de vous soumettre aussi le cas suivant :
10. Je connais une famille où il apparaît que le père aime beaucoup, beaucoup sa petite fille, au
point que je m’inquiète d’un risque d’inceste ! J’ai scruté avec attention le fameux chapitre 18
du Lévitique : j’ai bien lu que toutes sortes d’inceste sont interdits à l’homme : avec ses petits
enfants, avec sa belle-fille , avec sa belle-mère, avec ses tantes, avec sa belle-sœur … une liste
qui se veut exhaustive de relations sexuelles interdites ; mais il n’est nul part écrit dans Lév.18
que l’inceste Père/fille soit interdit ! Comme, d’autre part, Gen.19,30-36 décrit avec aisance et
simplicité, et sans jugement moral, l’inceste de Loth avec ses deux filles, puis-je en conclure
que ces textes bibliques, de manière aisée et simple, ne condamnent pas l’inceste Père/fille ?
Dois-je néanmoins « faire preuve de délicatesse et de compréhension à l’égard de ceux qui
quotidiennement luttent contre cette tendance » incestueuse ?
C’est avec confiance que je m’en remets à l’aisance et à la clarté de votre lecture biblique, tout
comme à votre « délicatesse et compréhension » pour trouver des solutions à ces exemples de la
« Loi de l’Ancien Testament toujours valables ».
J’aurais aussi des conseils à solliciter de votre part concernant une lecture aisée et simple des trois
seuls textes du NT abordant l’homosexualité, mais je ne veux pas abuser de votre temps.
Par avance merci de votre attention et de votre « délicate compréhension » à mes questions.
Bien fraternellement, PMC – Castres (nach der Jake’s Antwort zu Laura im Internet).
« Bénir un couple homosexuel ? » 7 octobre 2012.
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Homosexualité et altérité :
réflexion éthique
1.
à propos
de la
sexualité
Si la sexualité a été longtemps cantonnée dans le domaine privé et donc secret, culpabilisée et
soupçonnée de « mal », l’exagération est aujourd’hui plutôt dans le sens inverse : il « suffirait d’aimer,
d’être libre et sincère » sans se poser de question au-delà.
Si la diminution de la culpabilisation et l’amélioration de l’accueil de l’autre sont heureuses, tout dans la
sexualité n’est pas pour autant égal, facile et « à prendre ».
Fondamentalement, l’enjeu n’est pas dans une alternative entre homosexualité d’un côté et
hétérosexualité de l’autre, mais concerne la sexualité en général, en rapport avec des comportements de
violence, de contrainte, de disqualification de l’autre.
Autrement dit, les hommes, les femmes face à leur désir et leurs choix de vie ont à répondre de
l’interpellation déterminante : « qu’est-ce que je fais de l’autre ? ».
A ce niveau, l’éthique n’interroge pas seulement des comportements extrêmes tels que la prostitution, le
tourisme sexuel ou la perversion, indépendamment de l’hétérosexualité ou de l’homosexualité, mais
interroge très largement la qualité relationnelle et sexuelle dans tout couple.
Nous savons aussi que l’homosexualité a été stigmatisée, rejetée dans la clandestinité et d’une certaine
manière exaspérée, ne laissant alors souvent que peu d’espace à l’épanouissement d’une relation mais
favorisant plutôt l’instrumentalisation du corps de l’autre pour la seule jouissance de l’individu.
L’exigence éthique doit donc être claire pour rappeler la nécessaire humanisation de la sexualité. Elle
s’adresse aussi à la société quant à la place qu’elle reconnaîtra aux personnes homosexuelles.
2.
à propos
de
l’altérité
Du point de vue éthique la question de l’altérité s'inscrit en filigrane à toute réflexion
sur l’homosexualité, tant y est prégnante cette problématique de la relation à l’autre.
Il apparaît nécessaire de se dégager d’une certaine approche psychanalytique de la
sexualité qui s’arrête au manque d’altérité dans la relation homosexuelle.
Dès lors le concept d’altérité peut être exploré à partir de la notion de solitude
intrinsèque à l’être humain, solitude captive de son identité : « je suis seul et unique ».
Quatre axes de réflexions peuvent être alors énoncés :
2.1.
L’altérité
en tant que
« caractère
de ce qui
est autre »,
2.1.
L’altérité en tant que « caractère de ce qui est autre », et qui définit « tout être humain
autre que moi », comme « celui que je ne suis pas » et non comme un autre moi-même.
En ce sens, le JE est exposé dans un JE-TU qui définit à la fois mon identité et ma
relation à l’autre : cette altérité-là n’a rien à voir avec la différence des sexes et l’usage
(sexualité) qu’on en fait : elle est intrinsèque à toute relation interhumaine.
D’un point de vue éthique,
ce premier axe fait poser la question de la façon suivante : comment est-ce que je
rencontre l’autre et me constitue son prochain ?
Question cruciale, car instinctivement JE est plus enclin à nier l’autre, le TU, pour
mieux s’affirmer , mais on peut aussi renverser la proposition et accepter d’être soimême l’autre d’autrui, reconnaître que sa propre solitude intrinsèque est un « manque
de l’autre » : c’est l’altérité réciproque, où je deviens le prochain de l’autre, dans une
dynamique de rencontre, de présence et de disponibilité : j’accueille pleinement l’autre,
quel qu’il soit, et je me laisse accueillir par lui.
2.2.
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L’altérité de l’autre « sexué » :
L’altérité
de
l’autre
« sexué »
l’altérité n’apparaît pas seulement comme l’envers de mon identité, elle est aussi
différence, voire opposition ; l’autre peut être différent jusqu’à être « du sexe
opposé » ; dans une relation interhumaine, le sexe de l’autre (qui fait partie de son
identité : JE est masculin ou féminin, en atteste l’accord de l’attribut du sujet) n’est pas
indifférent et s’exprime notamment (mais pas uniquement) dans sa sexualité : on parle
ainsi d’hétérosexualité, d’homosexualité masculine ou d’homosexualité féminine ; dans
tous les cas il s’agit d’une relation d’altérité qui ne fait pas l’impasse sur le fait que
chacun est « il » ou « elle ».
La difficulté réside dans le fait que reconnaître le « TU » c’est d’abord accepter le
« JE » et être clair avec sa propre sexualité, c’est aussi recevoir l’autre dans sa propre
différence. Or la relation homosexuelle renvoie au même sexe que soi, à l’image du soi,
accentuant l’aspect narcissique de la relation, dans la mesure où elle ne constitue pas
une relation de complémentarité masculin-féminin.
D’un point de vue éthique,
il s’agit d’accepter cette incomplétude, cette marque du « manque » ; celui-ci est en
effet générateur à la fois d’angoisse et de désir, source de peur et possibilité de
rencontre.
2.3.
L’altérité
dans la
relation à
l’ « autre
de moi »
L’altérité concerne aussi la relation à l’« autre de moi », celui qui est autre dans une
dynamique de changement de génération. Cet axe d’altérité renvoie ici à la notion du
temps : la fécondité (paternité, maternité), en engendrant une génération, est altérité
dans le temps. L’enfant, à la fois moi et autrui, n’est pas un alter ego, c’est une altérité
« tout autre ». On ne peut pas faire l’impasse sur cette fécondité (paternité et maternité
biologiques, adoptives ou éducatives) qui conduit à la prise en compte de « l’autre de
moi ».
D’un point de vue éthique,
il s’agira d’interroger la capacité d’une personne, homosexuelle ou hétérosexuelle, à
être père ou mère et à faire ainsi place à « l’autre de soi » (biologique, adoptif ou
éducatif). Au delà de la capacité parentale individuelle, comment deux conjoints
homosexuels peuvent-ils vivre leur différence parentale ?
2.4.
l’altérité
de l’autre
comme
appartenant
à un
corpus
social
Le dernier axe ne concerne plus l’altérité dans la relation JE-TU, mais celle de l’autre
comme appartenant à un corpus social, avec ses diverses institutions (dont les Eglises).
Si dans la justification par la foi la relation à Dieu n’est pas liée à l’orientation sexuelle,
la relation à l’autre dans un corpus social intègre la dimension sexuée des personnes et
son expression (bien que la sexualité soit d’abord du domaine privé).
La question éthique
pourrait se poser ainsi : qu’est-ce que je fais de l’autre avec, grâce à, ou malgré les
institutions notamment ecclésiales ? Comment l’altérité homosexuelle rejaillit-elle dans
la réalité sociale dans son ensemble ?
Ces quatre axes où joue la problématique de l’altérité, montrent que la question de l’altérité ne peut se
réduire à la différence « sexuée » (mais ne peut pas non plus l’évacuer). Les homosexuels comme les
hétérosexuels sont confrontés à la question de l’autre, à la place donnée à l’autre dans les différentes
situations de l’existence.
Extrait du document CFS de juin 2001:
"Réflexions de la Commission Couple-Famille-Société de l'ERF suite à la décision 29 du Synode National réuni à
Fréjus-Saint-Raphaël du 13 au 16 mai 1999".
« Bénir un couple homosexuel ? » 7 octobre 2012.
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« Bénir un couple homosexuel ? » 7 octobre 2012.
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" Sous couvert d’égalité, on refuse de reconnaître les différences"
Luc Olekhnovitch est pasteur, commission d'éthique libro-baptiste.
Une amie a reçu la confidence d’un homosexuel troublé : sa fille voit à la crèche les
mamans qui viennent chercher leurs enfants et elle lui demande pourquoi elle n’a pas
de maman…
Tout est dit. L’union homosexuelle est refus de l’autre sexe, une « parentalité »
homosexuelle est fondée sur la négation d’un père ou d’une mère. Certes, j’ai lu le
témoignage d’un couple d’homosexuelles élevant un enfant dire qu’elles ont
conscience de cette part manquante pour l’enfant et qu’elles veillent à ce qu’elle soit
compensée par la présence d’hommes dans son environnement. C’est louable, mais
cela n’efface pas le fait que cet enfant a été volontairement privé de père, fait qui
s’inscrira forcément dans son esprit. Quant à ceux qui en appellent à des cultures où
c’est la tribu qui élève l’enfant et non les seuls parents, je leur répondrai que nous ne
vivons pas en tribus mais dans une société individualiste et qu’on ne peut ainsi
transposer des modèles d’autres cultures dans le vide.
Que deux personnes de même sexe décident de vivre ensemble ne regardent
qu’elles ; que la société ait le souci de donner à leur union un cadre juridique qui
assure la justice est légitime ; mais intégrer cela dans l’institution du mariage change
complètement le sens de cette institution. C’est nier que l’union d’un homme et d’une
femme est à l’origine de la vie humaine et de la vie en société. Le mariage cesse de
correspondre à la structure de base de la société, avec ce que cela comporte de
différence sexuelle et de perspective de procréation possible et d’éducation des
enfants, pour ne plus reposer que sur l’amour de deux personnes.
Mettre sur le même plan l’union par nature féconde d’un homme et d’une femme et
l’union par nature stérile d’un couple du même sexe relève d’une idéologie égalitariste
qui, sous couvert d’égalité, refuse de reconnaître la réalité des différences et les
complémentarités. On en vient, par souci de contenter le désir de quelques-uns, à
créer une société qui se déconnecte symboliquement du monde réel pour entrer dans
une réalité découplée de la réalité naturelle. Cette négation symbolique aura des
effets concrets : devra-t-on enlever les termes de père et de mère dans le livret de
famille pour remplacer par parent 1 et parent 2 ? La loi française accorde à l’enfant
qui naît dans un couple marié la présomption que l’époux est son père, protégeant
ainsi sa filiation. Que devient cette présomption de paternité dans un couple de
femmes ?
Cette évolution a pour but de satisfaire le désir d’adultes au point d’en oublier la
réalité humaine. On affirme de manière péremptoire et trop rapide que tout cela ne
saurait avoir de conséquences sur les enfants. En fait, on n’a que très peu de
données réellement scientifiques sur le sujet, beaucoup trop peu et trop peu sûres
pour apporter une quelconque certitude. Cette incertitude même implique qu’on
devrait s’abstenir de faire courir un risque psychologique ou éducatif, même éventuel,
à un enfant en lui donnant délibérément pour parents un couple homosexuel. Et le
principe de précaution ? D’autant qu’on connaît déjà la souffrance des enfants dont la
lignée généalogique est brisée (adoptés, nés sous X, issus de donneurs de
gamètes…) ! On ne devrait donc pas prendre ce risque. Bien sûr, on va toujours
trouver des psychologues pour dire que tout cela ne pose aucun problème, mais il est
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clair que l’on ne peut pas considérer que les images du père et de la mère sont sans
importance pour la construction de l’identité de l’enfant. Bien sûr, beaucoup d’enfants
sont élevés par un parent seul, et, Dieu merci, beaucoup n’en souffriront pas trop. Il
en est même dès maintenant qui sont élevés par des couples homosexuels, mais tout
cela se passe dans une société où la différence et la complémentarité homme-femme
demeure symboliquement affirmée. Ce qui nous est proposé, c’est de faire disparaître
toute différence symbolique et c’est cette « officialisation » qui rend la situation
autrement plus grave, car ce sont les repères communs qui sont en cause. En
introduisant le couple homosexuel dans le cadre du mariage, on brise ce cadre et on
crée un flou social. Nous risquons l’avenir de nos enfants et de nos jeunes, et donc de
notre société, pour répondre à l’impulsion égalitariste du moment.
Procréation assistée
Pour satisfaire ce désir d’enfant des couples homosexuels, on aboutit également à
instrumentaliser une personne de l’autre sexe (recours à une mère porteuse, etc.),
tout en la niant symboliquement. Un premier projet de la garde des Sceaux a exclu
les couples homosexuels de l’assistance médicale à la procréation (AMP), mais cette
exclusion a déjà provoqué un tollé, et il n’est pas sûr qu’elle soit maintenue. En effet,
comme l’a bien noté la sociologue de la famille Irène Théry, pour le regretter, la
législation française sur l’AMP est calquée sur la procréation naturelle. Il est
intéressant d’ailleurs de signaler que le rapport des états généraux de la bioéthique
en 2009 à Rennes concluait en refusant l’accès de l’AMP à des couples homosexuels,
au nom de cette nature si décriée aujourd’hui quand elle est dite humaine. Mais si
l’on nie la nature en accordant aux homosexuels le mariage, pourquoi et comment
s’opposer à ce que la technique contourne la nature ?
Bien sûr, le mariage homosexuel est avant tout une revendication de reconnaissance
symbolique. Bien sûr, les homosexuels souffrent d’être rejetés. Mais qu’une minorité
active de certains militants homosexuels obtienne la légalisation du mariage
homosexuel ne va pas, à mon avis, contribuer à une meilleure acceptation sociale de
l’homosexualité. Et, de ce point de vue, il faudrait se méfier des sondages en se
rappelant qu’il y a toujours un décalage entre une opinion émise dans un cadre
anonyme et sans enjeux personnels, et les réactions en situation. Cette
revendication, loin de favoriser l’acceptation, choque au contraire et contribue au
rejet des homosexuels. Ce mariage homosexuel est un marché de dupes aussi pour
les homosexuels.
Mais, me dira-ton, ne devrions-nous pas en tant que chrétiens suivre le
commandement d’aimer donné par notre maître, et accueillir le désir des couples
homosexuels de se marier ? Le Christ nous invite à aimer notre prochain sans nous
demander s’il est homo ou hétéro. Le Christ m’invite à aller à la rencontre d’une
personne et non d’une orientation sexuelle. Mais contribuer à détruire un ordre
anthropologique et symbolique n’est pas de l’amour. Le Christ n’est pas venu abolir la
loi mais l’accomplir. Il a défendu la valeur du mariage entre un homme et une femme
face à des religieux qui le dévaluaient. Le mariage homosexuel par la confusion qu’il
introduit vient encore contribuer à la dévaluation du mariage. Aux homosexuels qui
disent : « Nous voulons être libres de nous marier », le Christ répond : « La vérité
vous rendra libres. » La vérité et non le mariage. La vérité, c’est que l’homosexualité
est un amour qui se trompe de chemin, mais que le Christ est venu chercher et
sauver ceux qui étaient perdus.
« Bénir un couple homosexuel ? » 7 octobre 2012.
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Plaidoyer en faveur du mariage pour tous, par
Joël Dahan, ERF Montpellier
La question de mariage revient en force ! Avec de nombreuses Églises
protestantes, nous pouvons affirmer :
qu’il n’y a pas dans la Bible une seule forme de conjugalité vécue par les
croyants : monogamie, polygamie, célibat choisi ou subi…
que l’on ne peut pas fonder une éthique sur une lecture littérale de la
Bible, hors contexte, et donc appliquer aujourd’hui certains
commandements bibliques d’une autre époque qui appellent à exclure
ou même à tuer celui ou celle qui vit hors normes (lapidation en cas
d’un adultère, de blasphème).
que ce sont surtout les grands thèmes bibliques qui esquissent les
contours d’une vie de couple devant Dieu : fidélité, promesse, respect,
pardon… L’alliance, cette relation unique que Dieu construit avec chaque
être humain, a été illustrée dans la Bible par de nombreux dialogues
amoureux entre Dieu et son peuple, l’époux et l’épouse, Jésus et
l’Église.
qu’une relation amoureuse entre deux êtres humains trouve dans la
monogamie un cadre favorable pour s’épanouir.
que devant Dieu, « il n’y a plus ni juif, ni grec, ni homme, ni femme »,
mais des enfants de Dieu, aimés de la même manière, quels que soient
leur statut social, leur identité sexuelle, leur richesse.
que sous le regard de Dieu, la vie partagée à deux s’enrichit des
différences, bien au-delà de la seule différence sexuelle.
que la vie à deux a déjà son sens en elle-même et que la sexualité est
un don dont le but n’est pas seulement la procréation ou un projet
parental.
qu’il n’y a pas de pratiques interdites. L’acte sexuel est un dialogue des
corps, complexe, lieu de déception parfois, mais un lieu de désir, de
tendresse, de jeu, d’attente, de plaisir… un lieu où l’on fait (vivre)
l’amour !
que les seules normes de l’acte sexuel sont l’écoute, l’amour, la
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tendresse, le respect de l’autre et de soi-même.
que ce dialogue est une construction permanente entre deux personnes,
un choix heureux de chaque jour, avec ses joies et ses contraintes.
que le mariage n’est pas un sacrement, à la différence de la cène et du
baptême, explicitement commandés par le Christ.
que l’Église « ne marie pas », mais accompagne et bénit un couple déjà
marié civilement, pour qu’il s’engage, rende un témoignage public et
qu’il dise sa reconnaissance de l’amour reçu et partagé.
que la bénédiction d’un couple est une simple parole et un geste
d’accompagnement de la part de Dieu. Souvent évoquée dans la Bible,
elle est donnée à des hommes et des femmes, sans condition d’identité
ou de statut social, à l’occasion des événements de leur vie : naissance,
départ, ministère.
que le mariage reste un acte terrestre et profane, à travers lequel le
citoyen décide de prendre sa place et ses responsabilités dans la société,
sous une loi qui le protège, donne des droits et lui rappelle ses devoirs.
que le Christ a toujours ouvert des espaces qui semblaient fermés par
un pouvoir, une loi, une tradition, des regards, pour que l’amour ancré
dans la fidélité à Dieu puisse se dire et s’épanouir, au-delà des réussites
et des échecs.
que la Bible ne peut pas être prise en otage pour justifier des positions
éthiques, et que cette compilation de témoignages si divers et si riches
vient nous interroger, nourrir nos convictions et nous mettre à l’écoute
de la parole de Dieu, révélée et accomplie en Jésus-Christ, mais
toujours à accueillir dans des contextes particuliers.
Il apparaît alors que toutes ces convictions laissent clairement ouverte la
possibilité d’une bénédiction de l’union de deux personnes de même
sexe. N’est-il pas nécessaire maintenant d’ouvrir à nouveau un débat
apaisé sur ce sujet ? Pour les personnes concernées, le silence de
l’institution ecclésiale est pesant... Une parole ne saurait tarder.
Réforme 3473 12 juillet 2012
« Bénir un couple homosexuel ? » 7 octobre 2012.
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1. Dans votre famille, fille, fils, neveu, nièce, cousin, cousine, frère,
soeur, beau-frère… vit en coupe homosexuel depuis 13 ans ;
comment réagissez-vous à ce choix de vie ?
2. Ce couple va se marier en Allemagne et va recevoir la
bénédiction de mariage par l’évêque luthérienne de Munich.
Qu’en pensez-vous ?
1.
Dans votre famille, fille, fils, neveu, nièce, cousin, cousine,
frère, soeur, beau-frère… vit en coupe homosexuel depuis 13
ans ; comment réagissez-vous à ce choix de vie ?
2.
Ce couple va se marier en Allemagne et va recevoir la
bénédiction de mariage par l’évêque luthérienne de Munich.
Qu’en pensez-vous ?
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