Couverture: l`apport des procédés industriels L`entreprise de

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Couverture: l`apport des procédés industriels L`entreprise de
REPORTAGE PHOTOS XAVIER PIERRE
»
chantier artisan
Couverture: l’apport des
procédés industriels
L’entreprise de couverture Collet, à Redon, cible un marché de particuliers et
industriels. Un positionnement qui implique un changement des procédures.
C’
Collet
Couverture
Activité:
couverture,
étanchéité
Date de
création : 1994
Effectif : 15
Ville : Redon
(35)
est la cinquième
génération. À la tête
de
l’entreprise
depuis 1994, Pierrick Collet reste un
artisan dans l’esprit et dans le fonctionnement de son entreprise. Pourtant, le « boom » immobilier de ces
dernières années, dû à la proximité
du Golfe du Morbihan, a fait grossir l’effectif de 10 à 15 personnes. Un
seuil maximum, selon le dirigeant,
pour espérer maintenir un fonctionnement « artisanal », c’est-à-dire
sans intermédiaires ou presque. Ce
développement est également lié à
un déménagement récent. La volonté
d’être plus visible mais aussi de disposer de bureaux et d’entrepôts
mieux adaptés aux besoins de l’en-
24 – Mai 2009 I N° 118 I Prévention BTP
treprise ont amené une clientèle plus
importante de particuliers, ainsi
qu’une nécessité de diversification.
De nouvelles techniques
moins contraignantes
Cette diversification accompagne la
réalisation de chantiers plutôt haut
de gamme, des maisons neuves,
contemporaines, en bois et parfois
très typées « éco-construction ».
Autant pour des raisons techniques
(faible pente, poids) qu’esthétiques,
l’entreprise est amenée à mettre en
œuvre des membranes PVC, une
technique relativement peu utilisée
par les étancheurs comparativement
aux systèmes d’étanchéité multicouches et « noirs ». L’entreprise
découvre avec ces systèmes des
modes de pose plus rapides, moins
contraignants (pas de flamme),
moins nocifs pour le personnel de
chantier et réduisant de façon sensible la pénibilité. Par extension, Pierrick Collet va proposer la membrane
PVC là où on ne l’attend pas vraiment : en remplacement du zinc,
voire des ardoises. En rénovation,
l’argument « légèreté » porte, et la
teinte « gris souris » de la membrane
s’intègre parfaitement au milieu des
toits d’ardoise.
L’influence de l’industrie
Cette recherche de matériaux plus
simples, plus rapides à poser est également liée à une certaine expérience
du milieu de l’industrie. En effet,
l’entreprise assure depuis plusieurs
DR
années des opérations de maintenance de bâtiments industriels. Dans
cet environnement, les procédures de
prévention et de travail en hauteur
ne laissent jamais la place aux
approximations. « Cette rigueur
nous a tirés vers le haut, explique
l’entrepreneur. Les plans de prévention n’ont plus de secret pour nous,
et nous avons gardé ce fonctionnement sur nos chantiers. Un exemple
concret, ce sont les EPI. Nous avons
pris l’habitude de distribuer un package complet et individualisé à nos
salariés, qu’ils gèrent ensuite en fonction des contraintes de chaque chantier. Autre exemple, l’échafaudage de
pied qui remplace petit à petit l’écha-
Pierrick Collet, un dirigeant qui a réussi
à développer son entreprise tout en
conservant une structure artisanale.
faudage en console, même pour des
interventions relativement courtes. »
Les mentalités évoluent, mais l’encadrement se doit de rester toujours
vigilant. Les compagnons les plus
jeunes sont plus naturellement sensibilisés à la prévention, les plus
anciens ont besoin de formation
et d’information. Pierrick Collet a
également profité de la culture
« prévention » de personnes ayant
auparavant travaillé dans des
groupes importants.
La direction de l’entreprise dispense
également à ses salariés une information régulière sur le risque routier
et, plus récemment, elle a sensibilisé
les compagnons aux risques liés au
cannabis. L’entreprise est également
confrontée au retrait d’amiante non
friable, essentiellement de la plaque
ondulée et des ardoises fibres-ciment.
« Là encore, la rigueur est de mise,
ajoute Pierrick Collet. Nous nous
sommes équipés d’un abri de décontamination, et nous avons formé 10
personnes à ces procédures. » S
Gérard Guérit
» LOCAUX ET CONDITIONS DE TRAVAIL
Un contrat de progrès initié avec l’OPPBTP a permis d’officialiser, mais
aussi d’affiner, des procédures qui étaient avant tout orales. Enfin, toutes
ces actions engagées, dont le document unique, ont montré à quel
point l’amélioration des conditions de travail était intimement liée à la
mise en œuvre de nouveaux locaux. Cette quête s’est transformée en
véritable projet d’entreprise. Les bureaux, l’accueil, un espace suffisant
pour créer un showroom, tout a été pensé pour accueillir le client et lui
faire découvrir, au travers de maquettes, différentes solutions possibles.
À l’opposé de cette zone administrative et commerciale, le dépôt, dont
la surface a été multipliée par deux par rapport aux anciens locaux,
autorise plus facilement les stockages volumineux, permet une circulation plus aisée, un accès facilité et, donc, plus rapide aux différents matériaux. Entre les deux, des vestiaires, des sanitaires et un réfectoire
entièrement équipé, assurent au personnel de l’entreprise des conditions de confort, en phase avec les attentes actuelles.
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chantier artisan
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Couverture: l’apport des procédés industriels
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Échafaudages. Les
chantiers de particuliers
représentent une part
importante de l’activité
de l’entreprise. Les
échafaudages de pied
sont devenus la norme.
Malgré l’absence, ici, des
plinthes, ils optimisent la
prévention et assurent des
conditions d’intervention
des plus confortables.
2
Véhicules. L’entreprise
est équipée de
véhicules utilitaires
permettant de
transporter une équipe
de trois personnes,
avec tout le matériel
nécessaire pour
traiter une couverture
classique.
26 – Mai 2009 I N° 118 I Prévention BTP
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Technique. La réfection
des couvertures passe
souvent, comme sur
ce chantier, par la mise
en place d’un complément
d’isolation, tout en laissant
la structure existante.
Cette solution limite les
manipulations, réduit
le temps de découverture
et supprime la gestion
de volumes importants
de déchets.
4
EPI. Chaque
compagnon possède
son « pack »
contenant les EPI
nécessaires
à son activité.
Les remontées
d’information
du terrain aident
également à affiner
les EPI comme
les protections
collectives.
5
Matériel. L’entreprise
a investi dans deux
remorques « Altrad »
permettant de transporter
chacune 120 m2
d’échafaudages. L’activité
de retrait d’amiante non
friable a imposé l’achat
d’une unité de
décontamination,
également utilisée comme
bungalow de chantier.
SÉCURITÉ
Une maîtrise d’ouvrage encore peu
sensible à la prévention
Pierrick Collet regrette que la maîtrise d’ouvrage
intègre encore peu la prévention. Les lois ne
poussent pas non plus à une prise de conscience.
Sur la plupart des chantiers que traite l’entreprise,
il n’y a pas de coordonnateur SPS, pas d’animateur
sécurité. La maîtrise d’ouvrage privée n’y pense pas,
ce n’est pas son métier. Les maîtres d’ouvrage
professionnels, comme les maîtres d’œuvre,
regardent d’abord le prix de la prestation. Pourtant,
une évolution se fait sentir parmi les interlocuteurs
les plus jeunes, « mais il faut argumenter pour
expliquer des coûts liés aux échafaudages, aux
moyens d’accès, à la prévention en général »,
explique l’entrepreneur, qui est toujours étonné de
constater encore le fossé culturel, au niveau de la
prévention, entre l’industrie et le bâtiment.
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COMMUNICATION
Une nécessaire remise en question
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Dépôt. L’organisation
du dépôt est améliorée
du fait de la surface
disponible. Tous les
matériaux stockés sont
accessibles rapidement
et sans prise de risque.
Une unité de façonnage
permet également de
réaliser la zinguerie et
les différents profilés
sans avoir à dépendre
d’un prestataire extérieur.
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Bureaux. L’organisation
des nouveaux bureaux
et du dépôt découle
d’un projet
d’entreprise, qui a
associé l’ensemble
du personnel, afin
d’intégrer les
contraintes et les
besoins de chacun,
en fonction des
différentes activités.
Réfectoire.
Le réfectoire,
suffisamment vaste
et entièrement
équipé en vaisselle,
couverts, microondes, réfrigérateur,
autorise la prise de
repas pour l’ensemble
du personnel.
« L’artisan ne sait pas vendre sa qualité », dénonce
Pierrick Collet. Il regrette de voir le grand public
sensible aux chants des sirènes de structures
souvent très performantes au plan commercial,
mais parfois beaucoup plus limites au plan
technique. « Nous devons améliorer notre
communication,
ajoute l’entrepreneur,
et surtout nous
devons améliorer nos
deux points faibles
que sont les délais de
remise des devis et le
respect des dates de
Dans la zone d’accueil,
un espace suffisamment
début et de fin de
important est prévu
chantier. La qualité de
pour mettre en place
nos réalisations passe
un vrai showroom ainsi
qu’un petit salon d’attente.
aussi par la qualité du
Un aménagement
matériel, la tenue des
essentiellement conçu pour
chantiers,
l’image que
la clientèle de particuliers.
nous donnons de nos
professions. » Ces remarques, souvent entendues
des artisans et des petites entreprises, sont d’abord
une réaction à ces structures commerciales,
toujours très organisées, structurées, et qui attirent
comme un aimant le particulier.
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