6 VOYAGE ACTUEL DANS LE PASSE VIETNAMIEN photos SIMPSON
Transcription
6 VOYAGE ACTUEL DANS LE PASSE VIETNAMIEN photos SIMPSON
VOYAGE ACTUEL DANS LE PASSE VIETNAMIEN : VOL THAN SON NHUT – DA NANG Etre un Bac 68 confère une position stratégique ! Je n’ai pas cinq ans à la chute de Dien Bien Phu et l’Indochine n’est, pour l’enfant que je suis, qu’un pays lointain, torride, humide et peuplé d’aventuriers. Le vieux poste de TSF à lampes a bien diffusé quelques mélopées langoureuses et sucrées de cet Extrême Orient inaccessible mais je n’ai pas le souvenir de récits haletants d’envoyés spéciaux surexcités. Dans les vaisseliers de mes grands tantes, les plateaux de laques incrustés de nacre m’ont longtemps fait imaginer un continent de paysages en noir et blanc et j’ai mis des années à admettre que cet art se déclinait aussi en d’autres nuances … En 68, l’actualité quotidienne, c’est la guerre du Vietnam : Khe Shan ou Bien Hoa font la une des journaux. Les symboles de Peace and Love sont les tags d’alors. Impossible d’ouvrir un transistor sans entendre Leonard Cohen ou des groupes américains pacifistes. Les journaux télévisés débutent sur des manifestations antiaméricaines et Woodstock emplit les salles de cinéma durant des mois … Trente ans plus tard, décoller de l’aéroport d’Ho Chi Min City – Than Son Nhut – ne peut laisser indifférent ! Aujourd’hui, l’aérogare a les allures de tous ces halls d’embarquement des quatre coins du monde. L’explosion urbaine de la mégapole a grignoté l’espace et les pistes se retrouvent presque dans l’agglomération ! Le trafic international, peu dense, compte surtout des liaisons avec les capitales voisines. Une affiche encourage les jeunes vietnamiens à poursuivre leurs études en Australie… L’enregistrement des bagages pour Da Nang se fait sans difficultés. Depuis la vaste baie vitrée du hall d’embarquement, je cherche, sans m’en rendre compte, à retrouver des traces de l’époque des années 60 – 70. Au loin, des rangées de dizaines d’alvéoles pour avions de chasse, vides, et, à l’écart, quelques bimoteurs de transport de fabrication russe. A côté d’une aérogare flambant neuve et qui s’agrandit encore, des hangars qui ont connu des décennies de saisons humides vivent leurs derniers mois. Je ne sais pas pourquoi mais ces images me rappellent quelque chose …Je les ai déjà vues et, je retrouverai effectivement l’un des clichés pris sous le même angle, en 1969, dans le DOCAVIA n° 27 USAF et SVNAF… Le 767 pour Da Nang est tout neuf et, en 20 minutes, il sera tout plein. Après une vaste boucle au dessus du delta du Mékong, la navigation se fait sur la cordillère annamitique, vers la frontière cambodgienne puis celle du Laos. A aucun moment, nous ne voyons la mer. L’air est chaud mais non turbulent ; nous prenons un cap Nord. Tant que l’on survole la plaine, l’habitat est dense et l’eau omniprésente mais, rapidement, une terre rouge fait son apparition et le relief se découpe. Un maquis dense mais bien vert recouvre vite le sol ne laissant que quelques entailles où s’engouffrent les torrents à la saison des pluies. Comme sur les compagnies charter de la belle époque, l’hôtesse donne à chaque passager une belle boite en carton contenant un sandwich, une barre chocolatée et un berlingot de boisson. Ici, en plus, on a droit à une serviette parfumée et rafraîchissante ! J’ai la chance d’être à côté d’un hublot et je scrute le sol à la recherche de quelque vestige mais, hormis un terrain militaire aperçu de loin (Pleiku ; ancien nid de Skyraider A1, d’EC 47 et de Huey UH 1 H) les villages sont rares et les toits de tôle ne font que réfléchir un soleil de feu. Puis le relief devient bien plat. Longue finale pour la 07 de Da Nang puis posé un peu dur. Dans le prolongement de l’aile droite du Boeing, d’anciens bâtiments militaires américains ont été repris par les forces vietnamiennes mais je n’ai pas le temps d’identifier la demi douzaine de chasseurs alignés, comme à la parade. En bout de piste, lorsque notre appareil gagne le taxiway, je repère une petite casemate avec des militaires qui mettent en ballot des parachutes rouges et blancs. Tiens, tiens ! Nous sommes à peine sortis de l’avion qu’un bruit déchirant de chasseur décollant, postcombustion allumée, fait tourner la tête de tous les passagers. Un Mig 21 ! Je n’en avais jamais vu, en vrai. « Les militaires s’entraînent pour le trentième anniversaire de la libération, dimanche ! » nous dit la guide. En attendant la livraison des bagages, deux autres appareils se livrent à la même démonstration. Mais, image encore plus intéressante, je réussis à fixer un Mig 21 biplace avec parachute de freinage ! Une rareté probable lorsqu’on sait que le premier vol du Mig 21 de série est intervenu en 1957 et que ces appareils volaient déjà en 1970, à l’époque où sur ce terrain, étaient stationnés des F 100 Super Sabre et des F4 Phantom … A l’extérieur de l’aéroport, la vie quotidienne du Vietnam reprend son cours avec des nuées de gracieuses lycéennes à vélo, des rues grouillantes de vie, des commerces animés et des artisans travaillant sur les trottoirs. Les anciennes bâtisses américaines ont presque toutes disparu, remplacées par des étranges maisons tarabiscotées, de cet inimitable style sino-versaillais tout en étages, des usines ou des terrains encore vagues mais plus pour longtemps… En route pour la ville de Hoï An, ancienne petite bourgade commerçante chinoise, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Mais ça, c’est une autre histoire …