Paracha_Chelakh_Lekh..
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Paracha_Chelakh_Lekh..
La paracha de la semaine est la section hebdomadaire de la Torah, lue rituellement chaque Chabbat, dans toutes les synagogues à travers le monde Ces cours ont été dispensés dans le cadre de journées d'études organisées à la mémoire du regretté Grand Rabbin de Paris David Messas (zatsal), par et à l'initiative de son fils, rav Ariel Messas, en la synagogue Beth Hamidrach Maguen David - Ahavat Shalom, fondée par son père zatsal en 2005. Paracha Chélakh Lékha Rabbin Moché Sebbag de la Victoire Monsieur le Rabbin Ariel Messas, votre frère Emmanuel, votre sœur Nathalie, Madame l’épouse du Grand Rabbin David Messas zatsal, Madame Dolly Messas, chers amis, chers Rabbins, Monsieur le Président. La parachah Chélakh Lékha parle de la faute des explorateurs. Le peuple exprima son souhait de voir Moché envoyer une délégation pour explorer la terre d’Israël. Je dis, le peuple, car plus tard nous verrons que la demande émanait du peuple et non de D.ieu (Deutéronome 1, 22). Moché choisit les meilleurs hommes, les dirigeants du peuple d’Israël, les dirigeants des tribus d’Israël pour explorer la terre. Les choses se sont très mal terminées. Les explorateurs ont calomnié la terre d’Israël. Ils ont commencé leur propos en disant du bien de la terre d’Israël : érets zavat 'halav oudvach, « une terre où coulent le lait et le miel ». Ils montrèrent même ses magnifiques fruits aux enfants d’Israël. Mais ensuite, ils dirent : « Il y a des géants sur cette terre ; nous étions à leurs yeux comme des nains, comme des sauterelles ». « Nous ne sommes rien par rapport à eux ». Ils ont découragé le peuple. Le peuple s’est mis alors à pleurer, au point d’en être déprimés. © Consistoire de Paris Le Talmud enseigne que ces pleurs étaient des pleurs gratuits et qu’ils furent versés un 9 av. Le Talmud, ajoute que cette date a été, par la suite, un jour où se sont déroulés des évènements tragiques pour le peuple d’Israël qui ont été à l’origine de pleurs biens fondés : les destructions des deux Temples de Jérusalem. A la suite de la parachah, la haftarah [passage des prophètes que l’on a coutume de lire le sahbbat après la lecture de la parachah] raconte l’histoire des explorateurs envoyés par Yéhochou’a bin Noun, par Josué. Yéhochou’a bin Noun envoya deux explorateurs ; non pas douze explorateurs, mais uniquement deux. Ces deux explorateurs n’étaient pas des dirigeants du peuple ou des princes d’Israël comme cela est mentionné dans la parachah Chélakh lékha, mais des personnes dont on ne cite même pas le nom. Le verset dit simplement : chnayim anachim méraguélim, « Deux personnes, deux espions ». Il est écrit aussi à leur sujet : « ’hérech », c’est-à-dire : « en discrétion ». Mais, n’est-il pas évident que l’on envoie des explorateurs, des espions, en toute discrétion ? Evidemment ! Une première question s’impose à nous : Pourquoi les deux explorateurs à l’époque de Josué, de Yéhochoua ont-ils réussi leur mission, alors que ceux envoyés par Moché rabbénou, une génération plus tôt, les élus du peuple, ont échoué ? Deuxième question : Pourquoi « ’hérech », en discrétion ? Que veut dire « ’hérech » ? Pourquoi préciser ce qui paraît évident quand on envoie des espions ? Le Yalkout Chimoni, Midrach sur le livre de Yéhochou’a, écrit à propos de « ’hérech » que les deux explorateurs de Josué se sont déguisés en vendeurs de marmites. © Consistoire de Paris 2 Ils proposaient aux gens d’acheter des marmites dans les rues de Jéricho. Tel est le sens de « ’hérech », la discrétion. Ils avaient une « couverture » ! Tentons de comprendre ce midrach. Mais avant tout, répondons à notre première question : Pourquoi les explorateurs envoyés par Moché n’ont-ils pas réussi leur mission ? Ceux qui sont chargés d’une mission, des dirigeants du peuple, des personnes qui jouent un rôle public important ; ceux qui agissent au nom du peuple, doivent veiller à ne pas tenir compte de la partie qui les a envoyés. Les douze explorateurs étaient envoyés au nom du peuple d’Israël et non au nom de leur tribu respective. Le midrach raconte que telle ne fut pas l’attitude des douze princes d’Israël. Chacun d’entre eux est parti en se demandant quel intérêt sa tribu allait retirer de la terre d’Israël. Réouven, avait beaucoup de bétails, finalement il s’installera dans un endroit où il pouvait faire paître aisément son bétail et développer ainsi ses troupeaux. Il restera de l’autre côté du Jourdain pour cette raison. Zevouloun dont-on dit : lé'hof yamim yichkon : « Il demeurera au bord des mers » chercha un endroit à proximité de la mer pour pouvoir construire des ports pour ses bateaux. Voici deux exemples qui montrent que les explorateurs cherchèrent d’abord l’intérêt de leur propre tribu. Aucun n’est allé au nom du peuple, hormis Josué et Caleb. Le midrach ajoute que chacun commença par rechercher l’intérêt de la tribu qui l’envoyait, mais qu’en définitive chacun finit par chercher son intérêt personnel. Ils se dirent : « Que vais-je devenir en Israël ? Vais-je continuer à rester un dirigeant d’Israël ? » Cet égoïsme eut pour effet d’authentifier, de valider, de rendre cachère à leurs yeux tous les moyens utiles, leur permettant d’atteindre leur objectif. © Consistoire de Paris 3 Leur objectif étant de garder leur statut de dirigeants du peuple en Israël comme dans le désert. En revanche, les explorateurs envoyés par Yéhochou’a sont partis au nom du peuple. Chacun était un chaliah mitsvah, était mandaté pour accomplir une bonne action. Un chaliah mitsva est quelqu’un qui donne sa vie et son âme pour le peuple et pour ceux qui l’ont missionné. Tout ce qu’ils font, ils le font lechem chamaïm, au nom du Ciel. Cette expression lechem chamaïm, Rabbi David avait l’habitude de l’utiliser. On l’entendait très souvent dans sa bouche. Voilà la différence entre les deux groupes d’explorateurs. D’un côté des gens qui regardent leur intérêt et de l’autre des gens qui font des choses au nom du peuple. Nous avons parlé de marmites ! Que représente une marmite ? Dans une cuisson, il existe deux forces contradictoires : le feu et l’eau. On ne peut les mettre ensemble, car l’eau éteint le feu. Seule une marmite peut faire la paix entre l’eau et le feu. Au traité Bérakhot, nous lisons : Haroé kédérah bahalom, siman léchalom « Celui qui voit une marmite dans un rêve, c’est un signe de paix ». La marmite fait la paix entre l’eau et le feu. Le feu symbolise la jeune génération, pleine d’enthousiasme, pleine de dynamisme. L’eau symbolise les ainés, nos sages, plus apaisés, plus réfléchis. Pour que l’histoire avance, il faut conjuguer l’ancienne génération, celle des aînés, avec la nouvelle génération. Il faut conjuguer la génération des sages, des adultes, avec la jeune génération, avec la jeunesse. Yéhochou’a bin Noun a réussi ce pari. Yéhochou’a envoya Pin’has ben Eléazar, un jeune explorateur, avec Caleb ben Yéfouné qui avait plus de quatre-vingt ans et qui faisait partie des premiers explorateurs. Selon le midrach, ces deux explorateurs ont été comparés à des vendeurs de marmites, pour signifier qu’il existait entre eux une harmonie réussie, pour indiquer qu’à travers eux, 4 © Consistoire de Paris il était possible d’affirmer qu’il existait une réelle harmonie entre la génération des anciens et la jeune génération. Ce n’est qu’ainsi que l’on peut entrevoir un avenir pour le peuple d’Israël. C’est cela réussite ! Pour terminer et pour conclure je dirais que lorsqu’on est rabbin, lorsqu’on est dirigeant, nous devons tout faire lechem chamaïm, nous devons tout faire de façon désintéressée. Cela apparait quand un rabbin est prêt à donner sa vie et son âme pour son peuple. Pour réussir une communauté, pour lui donner un avenir, il faut créer un lien intergénérationnel. Personnellement, j’ai eu la chance d’étudier et de beaucoup écouter les conseils de Rav David Messas. Il était toujours de bon conseil. Je sais aussi qu’il était très heureux de ma nomination à ce poste, malgré mon jeune âge. J’avais 34 ans. Il a dit à mon Président, mon Président ne me l’a jamais dit cela du vivant de Rav David, à Monsieur Jacques Canet, que bien que fatigué, c’était ses derniers temps de vie, il aurait souhaité que je monte tous les matins pour étudier avec lui, car il devait écrire un livre. Je crois que c’est cette attention qui a permis la réussite des deux explorateurs qui a donné un avenir au peuple lui permettant l’entrée en terre d’Israël. Je voulais vous dire que lorsqu’on lit les noms dans le livre de Yéhochou’a, on découvre le nom de Ra’hab qui a été cette femme qui a caché les deux explorateurs. Il est écrit, vatika'h haicha èt chné anachim : « La femme prit les explorateurs », vatistpénou : « Elle Le cacha ». Pourtant ils étaient deux, et le texte aura dû dire « Elle LES cacha » ? Pourquoi utiliser le singulier ? Il faut comprendre qu’il y avait l’unité entre les deux générations. C’est ainsi qu’on peut donner un avenir à un peuple. Merci © Consistoire de Paris 5