Histoires de sida [p5]
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Histoires de sida [p5]
CARGO VIE de Jean-François Coleau, d’après Pascal de Duve Que deviendront ces feuillets ? Les livrerai-je un jour à quelqu’un d’autre qu’à ce moi-même qui en aura certainement bien besoin pour se souvenir et y puiser sa force pour continuer de lutter ? Alors très cher et surtout très hypothétique lecteur, choisis donc le nom de mon cargo, qui est maintenant aussi un peu le tien. Mais je serais tellement heureux que tu l’appelles « Vie ». Pascal de Duve, extrait de Cargo Vie Sommaire L’histoire [p3] L’auteur [p4] Littérature et sida [p5] Histoires de sida [p5] L’actualité du sida [p6 et 7] Note d’intention du metteur en scène [p8] Scénographie [p9] Fiche technique [p9] Extrait du spectacle [p10 et 11] Présentation de l’adaptateur / metteur en scène [p12] Présentation de Maquis’Arts Théâtre [p12 et 13] Distribution [p13 et 14] Partenariat et résonance [p15] Budget prévisionnel de création [p16] Calendrier de production [p16] Paroles d’auteurs [p17] C’est pour que ces feuillets ne restent pas lettres mortes que j’ai voulu créer ce spectacle qui mêle théâtre, installation visuelle et sonore. Jean-François Coleau, metteur en scène 2 CARGO VIE de Jean-François Coleau, d’après Pascal de Duve L’histoire Cargo Vie est le journal de bord d’un jeune homme atteint de la maladie du sida. Embarqué le 28 mai 1992 sur un cargo en partance pour les Antilles, l’auteur était de retour au Havre le 22 juin, ayant fait de cette « grande boucle » un voyage hautement symbolique, d’où par la mer, le ciel et l’écriture, il revint spirituellement transformé. Ce texte décrit les harcèlements, physiques et mentaux, de la maladie, de la proximité de la mort, mais aussi, le formidable goût de la vie qu’ils lèvent. Comme s’il fallait s’extraire du monde pour découvrir le Monde. Pascal de Duve d’entrée de texte propose en sous-titre : « Vingt-six jours du crépuscule flamboyant d’un jeune homme passionné ». Il termine par ces mots : « Ce n’était pas un voyage comme les autres, c’était mon voyage, unique, dans l’espace et dans le temps». Cargo Vie est un hymne à la vie, à la portée poétique et philosophique qui marqua son temps et la littérature autour de la maladie du sida. L’adaptation que j’en ai faite est teintée de cette portée universelle, alimentée d’une bande-son et d’images projetées. Cargo Vie aspire à créer l’émotion – celle qui fait de nos yeux des derricks dont jaillissent des larmes qui, mariées au soleil revenu, sont comme des prismes faisant honneur à toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Pascal de Duve 3 CARGO VIE de Jean-François Coleau, d’après Pascal de Duve L’auteur Pascal de Duve est né le 5 février 1964 à Anvers. Il quitte la Belgique en 1987 pour aller enseigner la philosophie à Paris. Sinologue à l’origine, mais aussi licencié en égyptologie, docteur en philosophie, il parle une multitude de langues comme le russe, le chinois, le grec, le japonais, l’arabe, le tchèque… Il publie son premier roman, Izo, considéré comme un conte philosophique, en 1990, qui lui vaut un succès immédiat. Il travaille sur un nouveau roman Le Nain et le violoniste lorsqu’il apprend qu’il est atteint du sida. Il abandonne alors la fiction et publie, en 1993, Cargo Vie, journal autobiographique de sa traversée transatlantique sur un cargo. Il décède le 16 avril 1993 à Paris à l’âge de 29 ans, laissant derrière lui une oeuvre à tout point de vue fulgurante. Il est mort alors qu’il travaillait sur un projet de livre qu’il voulait comme un carnet, un journal de fin de vie. Ses proches décidèrent donc d’achever ce projet, utilisant les nombreuses notes qu’il avait commencé à assembler à cet effet, et un livre posthume fut publié en 1994 : L’Orage de vivre. Ce recueil dévoile dans de courts récits les rencontres amoureuses de l’auteur et le type de relations qu’il entretenait avec ses compagnons, mais comporte aussi un ensemble de pensées sur la maladie, la mort, mais surtout la vie et l’écriture. Malgré le tragique de la situation, l’auteur livre dans ce « journal d’adieu » un message d’optimisme et d’espoir : « Profitez de la vie, c’est merveilleux ! ». Il fait désormais partie des écrivains qui témoignèrent sur le sida, à l’image d’un Guibert, Koltès ou autre Copi. 4 CARGO VIE de Jean-François Coleau, d’après Pascal de Duve Littérature et sida Le sida est tout à la fois pour les écrivains un retour de la mort « jeune » : avec en filigrane les images de Rimbaud, Radiguet, Büchner, Huguenin, Crevel..., de la mort au quotidien, de l’extrême solitude et un dialogue incertain avec le désespoir. Il n’y a rien de positif dans une tragédie mais il faut bien raconter l’histoire de cette souffrance, notamment pour ceux, malades, qui sont en quête d’une mémoire collective. Frédéric MARTEL, « Guibert, Koltès, Copi: littérature et sida », dans Esprit, n° 206, novembre 1994 Le sida, c’est là sa fonction de révélateur, dévoile toujours au-delà de ce qu’il est tenu de montrer ; il se joue des voies et des protocoles du contournement ou de l’occultation; dès les premiers cas d’infection, il a renvoyé à la face de la société, dans la crudité (sodomie, sado-masochisme, toxicomanie intraveineuse), ce que cette dernière avait admis sous des dénominations abstraites pour n’avoir plus à en voir davantage. Pour qu’adviennent les conditions d’un dire authentique sur une maladie sans exemple dans son étiologie - même la syphilis ne peut lui servir de précédent quant à ses représentations - il faudra se donner les moyens conceptuels d’entendre l’intentionnalité, encore certes tâtonnante, de ces livres, tels ceux de Pascal de Duve, qui, dans les formes de la non-convention littéraire, ont rompu les charmes enchantants d’une littérature de la célébration, en même temps qu’un virus venait objecter sa morbidité au sein des jeux de l’amour ou du mal-vivre. Éric VAN DER SCHUEREN - Université de Toulouse – TEXTYLES N° 14 / 1997, LETTRES DUJOUR (II) Histoires de sida Depuis vingt ans, la maladie a été évoquée dans de multiples fictions Entre « Un printemps de glace (1985), premier téléfilm à oser évoquer le sida outre-atlantique, et « Sa raison d’être », saga sur l’épidémie en France (diffusion mars 2008), plus de vingt ans se sont écoulés. Vingt ans qui, difficilement, ont vu la maladie passer de supposé « cancer gay » à « grande cause nationale en 2005 (Cf. Le Sidaction). Télérama – Lucas Armati – mars 2008 Au théâtre, la référence en la matière est la pièce foisonnante de Tony Kushner « Angels in America » créée en 1991 et célébrée internationalement, que Mike Nichols transforma en 2004 en une magistrale série de six épisodes télé. Un opéra en fut également tiré. 5 CARGO VIE de Jean-François Coleau, d’après Pascal de Duve L’actualité du sida Le VIH/SIDA : un tueur auquel il faut faire face Le VIH/SIDA est aujourd’hui une urgence sanitaire majeure à laquelle aucune région du monde n’échappe et qui apporte mort et souffrance à des millions de gens. Mais tout le monde n’a pas, loin de là, les mêmes possibilités d’accès à la prévention et au traitement. Le syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA) constitue la principale cause de décès par maladie infectieuse dans la population adulte de la planète. En l’absence de traitement, la maladie provoquée par le VIH (ou virus de l’immunodéficience humaine) a un taux de létalité de près de 100 %. Depuis la peste bubonique au XIVe siècle, aucun agent pathogène n’a eu des effets aussi dévastateurs. Le SIDA déchire les familles et cause d’indicibles souffrances dans les régions les plus affectées. Là où il sévit le plus, et notamment dans quelques-unes des régions les plus pauvres du monde, le VIH a réduit à néant le gain d’espérance de vie réalisé au cours des trois dernières décennies du XXe siècle. Au niveau mondial, le VIH/SIDA constitue une urgence sanitaire majeure. Le VIH/SIDA est un véritable baromètre de l’état sanitaire actuel de la planète : face à la montée de l’incidence de la maladie et au nombre croissant de décès, l’heure n’est guère à l’optimisme. Il est indispensable que la communauté sanitaire mondiale, guidée par le souci d’assurer l’équité en matière de prévention et de soins, entreprenne une action audacieuse contre le VIH/SIDA. Source : Organisation Mondiale de la Santé – 2008 6 CARGO VIE de Jean-François Coleau, d’après Pascal de Duve Le point sur l’épidémie 2007 – Eléments essentiels Chaque jour, le VIH infecte plus de 6800 personnes et plus de 5700 personnes meurent du sida, essentiellement parce qu’elles n’ont pas un accès correct aux services de prévention et de traitement de l’infection à VIH. La pandémie de VIH reste le défi infectieux le plus grave en matière de santé publique. L’évaluation épidémiologique de la pandémie comporte néanmoins des éléments encourageants, car elle suggère : une stabilisation de la prévalence mondiale de l’infection à VIH (pourcentage de personnes infectées par le VIH), même si le nombre de personnes vivant avec le VIH dans le monde augmente à cause tant de l’accumulation de nouvelles infections que de la survie prolongée des personnes infectées, au sein d’une population qui elle-même continue de croître ; une diminution localisée de la prévalence dans certains pays ; une diminution du nombre de décès liés au VIH, attribuable en partie à l’extension récente de l’accès au traitement ; et une diminution du nombre annuel de nouvelles infections à VIH au niveau mondial. L’examen des tendances mondiales et régionales laisse à penser que l’épidémie comporte deux grands schémas : des épidémies généralisées qui persistent au sein de la population générale de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, en particulier dans la partie australe du continent ; et dans le reste du monde, des épidémies affectant essentiellement les populations les plus exposées au risque d’infection, notamment les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes, les consommateurs de drogues injectables, les professionnel(le)s du sexe et leurs partenaires sexuels. L’Afrique subsaharienne reste la région la plus gravement touchée et le sida y est toujours la principale cause de mortalité. Les épidémies de VIH en Espagne, en France, en Italie et au Royaume-Uni restent les plus importantes d’Europe occidentale et centrale. C’est en France que le plus grand nombre de diagnostics a été notifié (la notification systématique n’a commencé qu’en 2003 dans ce pays et 5750 infections à VIH ont été nouvellement diagnostiquées en 2006), ainsi qu’en Allemagne (2718) et au Portugal (2162). Source : Onusida et Oms - L’épidémie mondiale de sida - Décembre 2007 7 CARGO VIE de Jean-François Coleau, d’après Pascal de Duve « L’être humain est condamné à être un nomade chronique à travers les aléas de son existence » L’Orage de vivre, Pascal de Duve Note d’intention Tout n’est qu’histoires de vague à l’âme Cargo Vie. Comme un amour amer. Un amour de la mer. Une vague d’éternité et d’immensité. Ce journal de bord que j’ai lu et découvert voilà bien des années - pratiquement à sa parution en 1993 - à l’initiative d’une de mes professeurs de théâtre qui voulait que j’entame un travail scénographique dessus, ne me semble jamais s’être éloigné… Comme un hymne à la vie et à l’amour, une trace écrite d’une perception humaine de notre traversée à tous, qui s’est éteinte tôt à l’âge de 29 ans pour son auteur alors que son récit venait d’être publié… Alors que la mer est aujourd’hui présente dans ma vie et que le sida est loin d’être éradiqué, j’ai voulu rendre hommage à ce texte poignant en le faisant vivre scéniquement. J’y ai voulu une scénographie à la fois théâtrale et audiovisuelle, alimentée d’autres textes de Pascal de Duve tirés de son carnet de notes posthume L’orage de vivre - pensées, fragments et étincelles de vie. Parce qu’à la lecture de l’auteur se sont mêlés chez moi images, mots et sons, je souhaite que chacun puisse les ressentir à son tour et voyager intérieurement, librement, suggestivement, poétiquement. Dans le respect intrinsèque de l’écriture du livre. J’ai conçu cette adaptation comme une respiration qui est rythmée par un cœur qui bat et que le temps combat - à l’image du moteur de ce cargo qui un jour a fini par s’arrêter. Lenteur et sensations. Tout se passe le 26ème jour, le dernier jour de cette traversée transatlantique unique « dans l’espace et dans le temps ». Une fin en signe d’un autre départ, celui d’avoir laissé aux lecteurs un témoignage intime qui peut servir à tous et traverser le temps. « Un tigre de papier, certes, mais qui dévore la gazelle VIH ». Je veux aujourd’hui poursuivre l’œuvre de Pascal de Duve en ouvrant modestement le rideau sur cette once d’éternité et d’espoir. « Quand je mourrai, la mer se noiera » a-t-il écrit. Sans doute la vie n’est-elle qu’histoire de vague à l’âme qui contient sa propre fin… mais que Pascal a voulu poétique et modeste, « sans pleurs ni couronnes »… Je conçois cette adaptation comme ce reflet, mêlant la force et la simplicité à un message d’universalité. Je souhaite aussi faire de ce spectacle un prétexte à actions de sensibilisation pour les jeunes générations. Autour de la question de la maladie du sida, je souhaite associer professionnels, militants associatifs de la santé et de la prévention, pour venir informer et échanger avec les publics, avant ou après le spectacle. Jean-françois Coleau 8 CARGO VIE de Jean-François Coleau, d’après Pascal de Duve Scénographie L’espace de jeu est un espace symbolique. Le plateau évoque une cabine. Il est délimité par des panneaux bleus avec des hublots blancs, disposés pour délimiter un demi-cercle sur toute la largeur scénique. Au centre, un petit lit blanc dont le prolongement est un panneau blanc qui sert d’écran pour les images projetées. A jardin, un petit bureau, une chaise. A cour, un lavabo, un petit banc ou tabouret, une petite armoire métallique. A l’arrière, une passerelle métallique au sol de laquelle sont disposées de petites ampoules jaunes. Elle est sensée symbolisée le pont du cargo. Fiche technique Durée : 1h15 Dimension minimale Ouverture : 6m Profondeur : 6 m Hauteur : 4 m Régie son et lumière Options : Vidéoprojecteur + écran 9 CARGO VIE de Jean-François Coleau, d’après Pascal de Duve Les mots de ce récit seront des enfants horribles au sein du cosmoslinguistique, baroudeurs marginaux pour l’expression de sentiments nomade et anarchique. Aucune bride ne les retiendra, ils proliféreront délicieusement pour envahir des sensibilités autres que celle dont ils seront provenus. Parfois, leur opacité rendra plus précieux leur message et en fera des tableaux abstraits de paysages magnifiques. L’orage de vivre, Pascale de Duve Début de Cargo Vie Introduction Pascal (une valise à la main) : Le destin au jour le jour s’amuse à m’amener toujours ailleurs que là où il me laissait penser devoir me guider… En sorte que toujours il advienne que je ne sois jamais arrivé… Quel délice. Et en fin de compte, nous n’aurons jamais raison l’un de l’autre, tant que nous serons tous deux aussi malicieux, aussi sincères, aussi joueurs, d’aussi parfaite mauvaise foi, bref, aussi amoureux l’un de l’autre. Mais pourrions-nous un jour, à tort ou à raison ne plus l’être ? Difficile… car nous ne serons jamais l’un sans l’autre… La mort ? N’est-ce pas encore un autre ailleurs où l’un aura amené l’autre ? De toute façon, nous n’y serons pas l’un sans l’autre. Noir progressif. Bande-son cargo. Tableau 1 Lumière progressive. Bande-son qui se poursuit durant tout le tableau. Pascal dort, allongé sur son lit. Il a une lettre à la main. Sophie : Cher Pascal… je voudrais te souhaiter un bon voyage avant ton départ pour les îles. Les enfants m’accaparent beaucoup et le temps me manque pour pouvoir un peu me consacrer à toi. Sache bien que je pense beaucoup à ce qui t’arrive, que j’admire ton courage, car ta lutte continuelle doit être parfois tellement dure et cruelle… Je te souhaite un voyage paisible, une réconciliation avec toi-même face à ce qui se passe et à toute la révolte qui gronde en toi. Je te souhaite assez de forces pour te remplir de belles choses, de bon air, de belles images et de beaux souvenirs, au-delà de la souffrance… Sache que je t’aime malgré le monde qui nous sépare et les mots qui me manquent…Je ne serai pas là pour voir la longue passerelle se rentrer et l’ancre du bateau se lever. Impératives, les sirènes devraient hurler à la Vie puis le cargo s’éloignera lentement… Tu regarderas alors nos parents devenir de plus en plus petits… 10 CARGO VIE de Jean-François Coleau, d’après Pascal de Duve Je n’ose imaginer vos regards, mais à cette heure précise, mon cœur saura se serrer et je serai avec vous… Nous ne te reverrons qu’une fois que tu auras traversé l’Atlantique. Je sais que tu pars vers l’inconnu, seul, accompagné de la maladie et de ce qui est le plus terrible pour toi : cet inconsolable chagrin d’amour, ce sida du cœur qu’aucun baume ne pourra soulager. Alors avant de te revoir, sache bien que ta sœur t’aime très fort et que je serai là pendant tout ton voyage, comme partout ailleurs… Pour t’encourager, je te cite cette maxime de René Char que tu aimes tant : « Il faut être l’homme de la pluie et l’enfant du beau temps ». Je te souhaite de l’être le plus souvent possible. A bientôt mon frère que j’aime. (sortie de Sophie) Fin bande-son. Image texte « Il faut être l’homme de la pluie et l’enfant du beau temps. René Char ». Tableau 2 Pascal se réveille. Il s’aperçoit de la présence de la lettre dans sa main. Pascal : Tu étais là n’est-ce pas ? Je t’ai senti un peu plus fort que d’habitude. Sans doute parce que la boucle est bouclée et que nous arriverons tout à l’heure au Havre… C’est le 26ème jour… Combien la Mort m’en laisse-t-elle encore à vivre ? De moins en moins me semble-t-il… Il me plaît à penser que c’est, avec la Naissance, la seule chose qui arrive à tout le monde… et une seule fois. Il range la lettre dans sa valise. Il se dirige vers ses médicaments qu’il ingurgite. VIH, combien de nuits viendras-tu encore me hanter… combien de fois jetteras-tu encore l’étrangeté dans mes rêves ? Ne te suffit-il pas de me ronger un peu plus chaque jour ? Il pose ses médicaments et se dirige vers la table où est posé son manuscrit. Cette nuit, on avait décidé d’une nouvelle équipée lunaire et je figurais parmi les astronautes. Le voyage s’était bien passé, l’alunissage aussi. J’étais chargé de faire des clichés de la Terre. J’avais installé mon matériel sur le sol boueux de la Lune et je prenais des photos de notre superbe planète bleue lorsque tout à coup, je la vis littéralement exploser, véritablement se désagréger. Bientôt il ne restait plus rien, rien que des petits corps célestes informes qui se dispersaient dans toute cette partie de l’Univers. Je venais d’assister à l’expression suprême de la folie humaine… Est-ce là le seul avenir que je laisse à mon journal ? Il prend son journal en main. Journal de bord, journal de corps et aussi journal de cœur. Il ne me reste plus qu’à le sous-titrer… Il écrit. « Vingt-six jours du crépuscule flamboyant d’un jeune homme passionné ». Ce journal, c’est mon testament – au sens étymologique – témoignage. C’est le témoignage de mon périple. Un voyage dans le voyage qu’est ma vie. Je tiens à disposition l’intégralité de la pièce. 11 CARGO VIE de Jean-François Coleau, d’après Pascal de Duve Une adaptation de Jean-François Coleau Dès l’âge de 15 ans, il entre au théâtre par le boulevard où il travaille des seconds rôles. Cette expérience sur trois saisons et des tournées lui forge une passion qui deviendra plus tard un métier. Il décide de se former en abordant le répertoire contemporain au Théâtre Ecole de Montreuil (Annie Thomas, Jean Guerrin). Après deux années de cours et représentations, il s’attaque au difficile exercice de l’improvisation en public avec le Théâtre d’Ile de France. L’essai transformé, il parfait sa formation en se tournant vers un répertoire plus classique à Acte Neuf-Fondation Boris Vian Paris (Brigitte Girardey). En 1997, il crée le collectif Maquis’Arts Théâtre avec lequel il développe des projets personnels et collectifs, du théâtre dans et hors les murs, de la formation, de l’événementiel… Il se forme au Théâtre du Mouvement-Paris (Claire Heggen) en 2006 à la théâtralité du corps et du mouvement. Aujourd’hui à 40 ans, il a participé à plus de 20 créations (y compris à l’international), a mis en scène et dirigé 10 créations dont principalement des écritures personnelles et/ou collectives, a tourné dans 6 productions cinématographiques. Il partage depuis longtemps sa passion et son savoir-faire à travers des ateliers d’écriture, de formation théâtrale, de dispositifs d’insertion « jeunes »… CV complet sur demande Par Maquis’Arts Théâtre Naissance : Collectif associatif né en octobre 1997 à Saint-Denis : dionysien et... dionysiaque ! MAT est agréé par le Ministère de la Culture en tant qu’entrepreneur de spectacles depuis 1998 et soutenu par la ville de Saint-Denis depuis 1999. En 2006, MAT s’étend à la région Bretagne pour un développement de ses activités sur l’Ouest. Basé à Vannes, un nouveau groupe se constitue afin de définir ensemble de nouveaux projets, dans la lignée de l’expérience parisienne. Une association... deux implantations pour deux fois plus d’activités artistiques ! Activité : Agitation artistique en général et théâtrale en particulier. MAT rassemble artistes du spectacle et non-artistes, en reconsidérant ainsi la place et le rôle de l’art et de la culture dans la cité. MAT milite en faveur d’une création totale et citoyenne, dans un esprit de partage, de redécouverte, de ferveur, sur les traces du grand Dionysos. Si l’activité dramatique est le nœud du travail artistique, MAT entend œuvrer avec toute forme d’expression en voulant décloisonner les arts et leurs publics respectifs. C’est ainsi que le travail de coopération avec d’autres associations artistiques est devenu une démarche active au sein du Collectif. 12 CARGO VIE de Jean-François Coleau, d’après Pascal de Duve La création MAT est organisée en différentes programmations qui ont chacune leur spécificité : créations théâtrales dans et hors les murs, à la carte et personnalisées pour événementiels en tous genres (publics et privés), théâtre de poche, de rue, de sensibilisation, créations pour enfants, déambulations urbaines... notre création est variée et visible partout. Du premier spectacle « Le rêves de Georges » d’après les Diablogues de Roland Dubillard créé en 1997 et joué une quarantaine de fois en tournée parisienne, en passant par « Eluard en guerre » création poétique autour de l’œuvre de Paul Eluard créée en 2000, au théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis (Stanislas Nordey), jusqu’à notre dernière création clownesque « Cnoukonélà ! » jouée plus de 80 fois sur Paris, c’est depuis 1997, date de sa naissance, une vingtaine de créations (pièces écrites et théâtre de création collective) que Maquis’Arts Théâtre a à son actif. Fort de cette expérience, de nombreuses actions de formation ont été menées (y compris à l’international), en tentant ainsi de transmettre les compétences et passion qui nous animent. Nous sommes également présents dans les quartiers, dans les aspects de formation et de création, qui témoigne bien de notre démarche de créer du lien avec les populations. Monter des projets avec des populations cibles du Fonds Européen ou de la politique de la ville est récurrent au sein de notre Collectif. MAT est un collectif qui promeut l’art théâtral comme outil et jamais exclusivement comme une finalité. En ce sens, la démarche de création autour de Cargo Vie de Pascal de Duve, s’inscrit totalement dans notre travail artistique de fond depuis 1997. Avec Pascal David Gale A 26 ans, il finit de parfaire sa formation de comédien au conservatoire du 11ème arrondissement de Paris, après celui de la région Centre, et a eu comme professeurs Alain Hitier et Philippe Perussel. On le verra très bientôt dans « Dommage qu’elle soit une Putain » de John Ford mis en scène par Benjamin Kerautret et « Le véritable St Genest » de Jean de Rotrou mis en scène par Julien Capron. Comédien prometteur, Cargo Vie marquera le début de sa jeune carrière… 8 13 CARGO VIE de Jean-François Coleau, d’après Pascal de Duve Sophie et Nicole Claire Giacommetti Le théâtre est entré tardivement dans sa vie, à l’âge des passions réfléchies. L’envie de jouer, de monter sur scène s’est imposée à elle… Elle a eu la chance de rencontrer sur sa route des hommes passionnés qui lui transmettront la flamme du métier. Avec eux elle fait ses premières armes (Eudoxie dans « le satyre de La Villette » d’Obaldia en 2001 - Rebeka dans « Rosmersholm » d’Ibsen en 2003 / 2004 – She dans « le roi hâtif » de Françoise Gerbaulet en 2004 / 2005 + d’autres petits rôles dans des créations), tirant profit à chaque fois de leurs enseignements. Arrivé le jour du grand saut dans l’arène du professionnalisme, elle choisit de franchir le pas avec Oscar, ce petit garçon leucémique d’une pièce d’Eric-Emmanuel Schmitt. (« Oscar et la dame rose »). Avec lui, elle prend plaisir à arpenter les planches des collèges et lycées de Bretagne, entre autres, depuis maintenant deux ans. Elle entreprend maintenant de faire de Cargo Vie sa prochaine grande aventure. Et aussi… un scénographe/décorateur en cours de distribution une graphiste : Emilie Goret un costumier : Jean-Pierre Avonts-Saint Lager un ingénieur du son : Nicolas Kermorvant un vidéaste : Rodolphe Lecointre crédits photos : Jean-François Coleau + en cours de distribution 14 CARGO VIE de Jean-François Coleau, d’après Pascal de Duve Partenariat et résonance Une création artistique ancrée dans la réalité sociale Un travail de prospection a été entamé auprès des associations de lutte contre le sida. Les contacts en cours sont prometteurs eu égard au bon accueil que le projet a eu auprès d’elles, régionalement mais pas seulement (L’Union Nationale des Associations de Lutte contre le Sida, Aides, Sida Info Service…). Rien n’est encore établi de façon concrète à l’heure de l’écriture de ce dossier, mais on peut dire que Cargo Vie peut avoir une résonance aux niveaux national et international puisque des contacts intéressants sont également en cours en Belgique et en Suisse. J’attends de pouvoir tisser un premier réseau partenarial avant de contacter des institutions publiques, culturelles et sociales, régionales et nationales, afin d’obtenir des aides à la production du spectacle. Fort de ce partenariat existant, la production n’en sera que facilitée. Je crois aussi que le fond du spectacle est également sujet à intéresser les institutions publiques puisqu’en dehors de la culture, les institutions sociales peuvent également se porter partenaires de cette action artistique à résonances multiples. En dehors de l’objet artistique même, Cargo Vie se veut être un point d’ancrage pour un travail de prévention et de sensibilisation du public jeune. Les opportunités de séances pour les collégiens, lycées et étudiants sont donc nombreuses. Y associer des associations partenaires au projet pourra donner au spectacle une finalité également sociale, de façon à faire correspondre le fond et la forme. C’est aussi respecter l’écriture de l’auteur qui voulait témoigner pour mieux prévenir et faire prendre conscience. Dans ce sens, je veux également contacter des fondations que ce projet peut intéresser (Fondation de France…). Enfin, Cargo Vie peut aussi médiatiquement être porté à travers les temps forts organisés nationalement (la journée mondiale du sida du 1er décembre, le Sidaction d’avril, Solidays de juillet… ainsi que tous les événements créés en régions autour de la prévention de la maladie). La viabilité du projet est donc plutôt positive. Il me reste à trouver un lieu partenaire de création afin que Cargo Vie puisse voguer à la rencontre des publics. 15 CARGO VIE de Jean-François Coleau, d’après Pascal de Duve Budget prévisionnel Charges inhérentes à la création 1.- Location ou Frais de Salle 2.- Charges de Création Achats et services extérieurs - décors - costumes - accessoires - technique - bande-son - publicité-communication - déplacements (rdvs projets et répétitions) - frais d’administration - autres frais (crédits photos) Salaires et charges sociales-artistes - salaires interprètes (nets) - charges sociales Salaires et charges-autres personnels - adaptateur - metteur en scène (nets) - décorateur (honoraires) - costumier (honoraires) - technicien son / enregistrement studio (facture) - technicien vidéo (nets) - graphiste communication (honoraires) - charges sociales TOTAL CHARGES DE CRÉATION _______ 2000.00 150.00 80.00 1500.00 100.00 400.00 1000.00 360.00 500.00 2400.00 1900.00 _ _ 500.00 6090.00 4300.00 8150.00 3000.00 1600.00 1600.00 150.00 100.00 150.00 150.00 1400.00 19040.00 Calendrier de production Les droits d’adaptation et d’exploitation, rapidement obtenus, démarrent à partir de septembre 2008 jusqu’à août 2010 dans un premier temps, sur tout le territoire national plus Belgique. Un premier travail de répétition autour des personnages a démarré. Il nous faut maintenant passer à la mise en espace, ce qui pour l’instant, faute de plateau, ne nous est pas permis. Idéalement, nous pensons être prêts pour novembre de cette année 2008 (temps de création plus recherche partenariale professionnelle, institutionnelle, associative et privée). L’idée serait de pouvoir créer le spectacle autour de la journée mondiale de lutte contre la maladie du 1er décembre. 16 CARGO VIE de Jean-François Coleau, d’après Pascal de Duve Paroles d’auteurs Le 16 avril 1993, Pascal est parti rejoindre les comètes et les astres, il aurait dit : "je me suis encielé". Depuis son départ, j’ai voulu conserver le dialogue qui nous unissait. Je lui ai écrit, de manière éparse. Pendant cinq ans, j’ai tenu un journal, où je continuais de lui parler. Les souvenirs et les impressions se sont réunis d’eux-mêmes au fil des pages en forme de témoignage d’amitié tenace que j’ai voulu lui apporter. Les années passent, l’état de choc n’a pas disparu, et le regret immense de tout ce qu’il n’a pas pu écrire, dire. Peut-être, avec plus de temps devant lui, aurait-il été le philosophe phare de sa génération. Il aura eu une vie riche et forte jusqu’au bout. C’est cet hommage que je veux lui rendre, hommage fait de rage et de révolte, d’amitié et de reconnaissance, de découvertes et de joie, hommage à l’homme-mage qui a su me guider. Hommage à l’ami disparu. Pascal de Duve. Lettres à un ami disparu, Michel Robert. 2001 En 1991, j’ai lu Izo. Je ne savais rien de Pascal de Duve, à part sa jeunesse et sa nationalité. Cela n’avait pas d’importance : lire Izo était suffisant pour savoir que l’auteur de cet étrange roman était quelqu’un d’exceptionnel. D’emblée, je fus sous le charme… Amélie Nothomb Je suis heureux. Tout seul comme un grand, Cargo Vie sautille allègrement d’un cœur à l’autre, de plus en plus. Il brave l’océan du désarroi et de la souffrance pour gagner ces cœurs qui sont les îles de l’espoir et de la combativité. Il ne reprend sa barque de pèlerin qu’après s’être assuré que toutes ces îles qui déclinaient puissent, après son passage à sauts de puce, se débrouiller pour échapper au syndrome de l’Atlantide qui les menaçait de sombrer dans les flots du désespoir. Ambassadeur itinérant de la Vie, ses lettres de créance sont le rire, le soleil et l’azur. Oui, Cargo Vie aspire à créer l’émotion – celle qui fait de nos yeux des derricks dont jaillissent des larmes qui, mariées au soleil revenu, sont comme des prismes faisant honneur à toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Oui, également pour moi qui en suis devenu un lecteur comme les autres, Cargo Vie est un modeste évangile de poche qui ne se lasse pas d’exhaler l’Existence. Ce livre nous chuchote des choses éternelles. Et chaque île maudite de devenir île au trésor. L’orage de vivre, Pascal de Duve 17