Des cochons d`Inde avaient les yeux crevés
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Des cochons d`Inde avaient les yeux crevés
8 DIMANCHE 20 NOVEMBRE 2016 COUVIN Ils quittent la maison et laissent le chien mort Les locataires ont également abandonné un chaton dans une cage, il a été sauvé in extremis a semaine dernière, un propriétaire couvinois a eu une très mauvaise surprise. Alors que ses locataires avaient quitté sa maison, un voisin a découvert un chien mort ainsi qu’un chat à l’agonie. Les locataires ayant « oublié » de les reprendre. « C’est insupportable », déclare Charles le propriétaire. L « Je promenais mon chien quand j’ai entendu des miaulements », explique un habitant de la rue des Frondrys à Gonrieux. « Mon chien m’a entraîné et j’ai découvert le chat enfermé dans une cage », ajoute ce voisin, révolté. C’était jeudi matin. « Je savais que les gens étaient partis mardi de leur habitation. Ils avaient laissé quelques affaires sur le côté de la maison. » Et c’est dans un tas de déchets, de caisses, de vieux meubles, que le voisin a fait cette affreuse découverte. « Le chat miaulait, miaulait. Il avait sans doute faim et puis par ce froid, c’est honteux de laisser un animal comme ça. Ils ne reviendront jamais rechercher leurs affaires. » MORT DEPUIS PLUSIEURS JOURS Mais… ce voisin était loin d’être au bout de ses surprises. Non loin de la cage à chat, un chien gisait là. « Je pense que cela fai- sait plusieurs jours qu’il était mort. » Cadavérique, le chiot de quelques mois traînait là, lui aussi au milieu des cartons. « J’ai prévenu le propriétaire qui était à l’étranger. Je ne pouvais pas laisser ça comme ça. J’ai donc appelé le refuge du Beaussart de Boussu-en-Fagne. Le chat pouvait peut-être encore être sauvé. » Pour le propriétaire, cette situation est insupportable. Il ne s’attendait pas à une telle mauvaise surprise. « Ces gens ne payaient pas leur loyer, je leur ai demandé de partir (lire par ailleurs) », explique Charles, le propriétaire du bâtiment. Dès le jeudi après-midi, Isabelle Dastrois, la responsable du refuge s’est rendue sur place. « Quand je suis arrivée, j’ai découvert ce chaton dans une boîte à chats. Il était dans les courants d’air, il n’avait ni à boire, ni à manger », raconte-t-elle en colère. « Il n’arrêtait pas de miauler, c’est d’ailleurs ce qui a permis de le retrouver. Quand nous sommes revenus au refuge, je l’ai sorti de la boîte remplie d’urine et d’excréments. Il était maigre, très maigre. » Le refuge a également emporté le chiot d’environ 4 mois pour l’incinérer. « Aucun des deux animaux n’avait d’identification », souligne-t-elle. Après quelques jours au refuge, le petit chat est sorti d’affaire. « Il mange et va mieux. Il sera remis à l’adoption », précise la responsable. Pour elle, ce genre de scénario se reproduit de plus en plus souvent. « Ce sont les dangers d’internet. Facebook pullule de groupes, de personnes qui donnent des animaux qui se la jouent un peu refuge. Et puis après ? Si l’animal ne convient pas, on le laisse mourir ? Dans les refuges, les animaux ont des tests de sociabilité, etc. Sur internet, on ne va sans doute pas dire que l’animal détruit tout, qu’il est difficile, on va montrer ses bons côtés. Je suis certaine que ces animaux ont été acquis de cette manière. Il n’y avait pas de mère, ce sont des gens extérieurs à la région. » DÉPÔT DE PLAINTE Pour les animaux qui viennent de refuges c’est tout le contraire. Quand il y a adoption, il y a aussi contrôle et suivi. « Ce qui me révolte le plus, c’est que cela se passe à Gonrieux, à 5 km à peine d’ici. S’ils ne le voulaient plus, qu’ils viennent le déposer ici plutôt que de le laisser mourir. Ce genre d’acte de maltraitance n’est malheureusement pas poursuivi. Les gens ne sont pas punissables. Il y a clairement un vide juridique à ce niveau et c’est bien dommage. Un animal, ce n’est pas un objet que l’on prend et dont on se sépare quand on en a envie. Ces gens mériteraient une sanction, une amende. » Le refuge va déposer une plainte auprès de la police prochainement. G.F. Isabelle Dastrois du refuge du Beaussart a récupéré les animaux dans les déchets. © G.F. D’autres soucis Plusieurs milliers d’euros de dettes Les animaux laissés pour mort, c’est une chose. Mais Charles, le propriétaire des deux maisons louées par ces personnes à la rue des Fondrys à Gonrieux a aussi rencontré d’autres soucis. C’est d’ailleurs à la suite d’un non-paiement, que les gens ont été priés de partir. « J’avais deux maisons contiguës à louer. Cette personne était intéressée par la plus grande des deux. Lors de la visite en août, elle a aussi marqué son intérêt pour la seconde. Elle a déclaré gagner 4.000€ par mois en travaillant pour une société de vente d’énergie et de services de télécommunication », explique le propriétaire. « Madame se séparait et elle avait besoin d’un endroit pour se poser. J’ai donc accepté. » Il était ainsi convenu que la dame, originaire de la région de Mons, prendrait tout à son nom et payerait plusieurs mois de loyers (septembre-octobre), la caution ainsi que le mazout. Une somme qui s’élève à plus de 8.000€. « J’ai reçu un mail avec une soi-disant preuve de paiement. Les clefs ont été remises… » Trois personnes s’installent donc dans la plus grande maison et une personne plus âgée dans la dernière. « Mais je n’ai jamais vu l’argent. Le manège des preuves s’est reproduit deux fois. Et Madame ne comprenait pas comment cela se faisait. » Charles est même allé à la banque avec la locataire. En vain. « Avec ses explications alambi- Sur le côté de la maison, des déchets sont entassés. © G.F. quées, elle a réussi à me faire patienter six semaines avant que je ne lui demande de partir. L’épisode aura duré deux mois. C’est une spécialiste de la grivèlerie locative. » Néanmoins Charles déposera une plainte à son encontre. « Je sais que je ne récupérerai rien. Mais au moins, elle m’a remis les maisons en bon état et j’ai épargné l’huissier. » Mais… au moment du déménagement, Charles a reçu un étrange coup de fil. « Cette per- petits animaux vivants ou réchauffés. C’est comme cela que ça fonctionne. Mais cela nous fait mal de voir que des personnes élèvent des cochons d’Inde n’importe comment, uniquement pour qu’ils se fassent étouffer ou manger vivant par un serpent. La quarantaine de cobayes saisis avait été tapés là, dans une caisse avec un peu de paille. Certains avaient les yeux crevés… Pour une société d’aide aux animaux comme la nôtre, c’est inacceptable et on ne pouvait pas ne pas intervenir », déclare Noël Hespel. cueillir un à la maison. Les autres se sont étonnés de ce sauvetage, estimant que des serpents se nourrissent de petits animaux comme les cochons d’Inde, les mulots, ou autres petits rongeurs. « C’est la nature. sonne me disant être une employée de Madame et m’informant qu’elle était dans la même situation que moi et qu’elle n’avait pas été payée. Elle m’a expliqué que mes maisons étaient, en fait, utilisées pour le commerce en ligne alors que toute utilisation à des fins professionnelles était explicitement et totalement bannie dans les baux. » L’affaire est donc loin d’être terminée. - FLORENNES « Des cochons d’Inde avaient les yeux crevés » Parmi les dizaines d’interventions sur lesquelles se rendent les membres de la SAPAD (Société d’Aide et de Protection des Animaux en Détresse) chaque mois, certaines sortent de l’ordinaire. En l’occurrence, on ne parle pas de dromadaires, de lamas ou d’autres animaux exotiques. Non, pas cette fois. Le refuge, situé à Morialmé (Florennes), s’est cette fois chargé de sauver une vingtaine de cochons d’Inde. Pas grand-chose d’exceptionnel, direz-vous, sauf que ces petits cobayes étaient élevés pour connaître un triste sort : nourrir des serpents. « Ils étaient mal traités et destinés à servir de nourriture aux serpents et donc considérés comme telle, et non comme des petits êtres vivants », a signalé la SAPAD sur sa page Facebook, ce lundi. « C’est une de mes bénévoles qui a eu l’idée de recueillir les petits animaux qui sont utilisés pour nourrir des reptiles », nous précise Noël Hespel, le fondateur de la société d’aide aux animaux. « On a donc regardé sur les réseaux sociaux après des internautes qui vendent des cobayes, des souris, des hamsters, même des petits chats, comme nourriture pour serpents. On en a trou- vé une quarantaine du côté de Verviers. C’est un début, mais on ne va pas s’arrêter là. » JETÉS DANS UNE CAISSE C’est véritablement leur amour pour les animaux et leur bienêtre qui les a poussés à agir. « On ne veut pas que ces petits animaux vivent ce triste sort. On préfère les recueillir et les donner ou les vendre à d’autres personnes qui en prendront soin. » Le fondateur de la SAPAD reconnaît qu’il n’y a pas vraiment de législation en matière de nourrissage des reptiles et autres N.A.C. (nouveaux animaux de compagnie). « Les serpents Pauvres bêtes... © D.R. doivent évidemment être nourris et pas n’importe comment. Ils ont besoin d’une proie à sang chaud, c’est pour cela qu’on leur livre des CONTROVERSE ET POLÉMIQUE Ce sauvetage a toutefois divisé les internautes, qui ont réagi au post sur la page Facebook du refuge. Les uns se sont émus de cette intervention, attendris par ces petites boules de poils et souhaitant se rendre rapidement au refuge pour en re- Comme nous mangeons des bœufs, des porcs, des chevaux, etc., les serpents se nourrissent d’autres petits animaux. Comment les serpents seront-ils nourris, désormais ? », estiment plusieurs internautes. Pour la SAPAD, ce qui compte, c’est le bien-être animal, même si cela engendre des frais et du travail supplémentaire. « Au niveau des soins, vu l’état de certains cobayes, cela exige du travail en plus. Mais c’est important, on préfère cela que voir ces petits animaux maltraités avant d’être dévorés vivant ou agoniser », conclut Noël Hespel. XAVIER DE BRABANDER 8