télécharger

Transcription

télécharger
Séminaire transdisciplinaire « Philosophie et Musicologie,
parcours, perspectives, rencontres »
Troisième session
Vendredi 22 mars, 14 h – 18 h, salle 33 de l’Institut du Monde Anglophone.
(5 rue de l’Ecole de médecine, 75006 Paris, métro Odéon ou Cluny-la Sorbonne)
14 – 16 h : lectures
François Balanche (Montréal / EHESS) : « " Ecouter, c’est agir ; écouter,
c’est faire. " André Boucourechliev, penseur de l’écoute. »
Julien Labia (post-doctorant, Université Sorbonne-Nouvelle, CEREG) :
« Franz Grillparzer et la musique selon Hanslick, ou le chaînon manquant ? »
16 h – 18 h : statuts
Jérôme Cambon (Tours) : « Hector Berlioz et le saint-simonisme : un
artiste en quête d’un statut ».
Anne-Laetitia Garcia (université Sorbonne-Nouvelle) : « Le monstre sacré
en acte : qui est en scène ? ou quoi ? »
La prochaine séance du séminaire aura lieu le 12 avril à l’Institut du monde
anglophone (5 rue de l’Ecole de médecine, 75006 Paris, métro Odéon ou Cluny-la Sorbonne),
en salle 16 ; nous retrouverons la salle 410 du centre Censier pour la séance du 26 avril.
Pour contacter les organisateurs : [email protected] ; [email protected].
Franz Grillparzer et la musique selon Hanslick, ou le chaînon manquant ?
Intervention de Julien Labia.
« Non ces étincelles sautillantes de l’esprit qu’on trouve, et même assez brillantes,
chez un esprit non musical comme Heine, mais les rayons d’une conception de l’art,
intangible et unitaire. »
(Hanslick, Grillparzer und die Musik, [1876], nous traduisons, p. 335)
« Alors le bon autrichien découvre la culture autrichienne. L’Autriche a Grillparzer, et
Karl Kraus. […] Pour toutes les occasions, elle a de plus la Neue Freie Presse et l’esprit de
finesse. […] Cependant, il lui manque certains de ses fils les plus significatifs, ceux dont
l’esprit a fui à temps vers l’étranger. »
(Musil, « L’Autrichien de Buridan », trad. F. de Buzon, in : l’Energumène, 1975/5)
I. Le poète-musicien d’une Autriche sans intérieur ?
1. La tentation de l’hypothèse carriériste : Croce lecteur du formalisme… lecteur de sa
propre histoire.
2. Une piste de lecture centrifuge.
3. Un éclair et puis la nuit ?
4. La piste scientifique : une orientation théorique.
II. Le souterrain de la musique.
1. Maillon d’une chaîne ou point d’ancrage ? Grillparzer sous la plume de Hanslick.
2. La musique comme déclinaison de la culture viennoise : une orientation pratique.
3. Hanslick et Grillparzer, le partage des « bêtes noires » contre l’avenir ?
III. La sortie du souterrain, ou l’Autriche sans extérieur ?
1. Les altérités musicales, inventées ou rencontrées.
2. Du particulier à l’universel :
a. L’individu face au système ou la valeur présumée de toute singularité
b. Le souci de la simplicité
c. Du joséphisme à la vision du monde
d. Humanisme pessimiste et réalisme : le terreau philosophique d’une idée de la
modernité viennoise.
3. Le formalisme au secours d’une esthétique spécifique.
1.
2.
3.
4.
IV. Also sprach Grillparzer, ou l’avenir d’une intuition.
La modestie du prophète comme qualité autodestructrice.
L’invention d’un nouveau discours sur la musique, seconde orientation théorique.
Parler de musique : l’aphorisme contre « l’explosion ».
Entre embryon desséché et germe musical : l’aphorisme.
Hector Berlioz et le saint-simonisme : un artiste en quête
d’un statut.
Intervention de Jérôme Cambon.
Hector Berlioz manifeste un intérêt pour le saint-simonisme durant une courte et
intense période de sa vie. À partir du mois d’octobre 1830, il multiplie les contacts et les
échanges avec ses membres, dont le dramaturge et idéologue Charles Duveyrier avec lequel il
entretiendra une correspondance parcellaire en 1831. Sans pour autant adhérer aux
orientations mystiques impulsées par son chef spirituel Enfantin, le compositeur s’emploie
alors à la promotion du mouvement par des projets musicaux originaux. En effet, fort de
l’obtention du Prix de Rome et de la création réussie de la Symphonie fantastique, le musicien
recherche désormais une véritable reconnaissance musicale. Le saint-simonisme accordant à
l’artiste un rôle égal à celui de l’industriel et du savant dans l’instauration d’un nouvel ordre
social, le compositeur voit probablement dans cette philosophie un moyen d’obtenir un statut
dans une société où il souffre d’isolement, se sentant ignoré et luttant contre un académisme
stérile.
De leur côté, les saint-simoniens connaissent à la même époque des déboires les
contraignant à s’entourer de talents montants pouvant contribuer au développement et à la
popularisation de leurs idées. Après avoir connu un moment faste pendant lequel quelques
disciples s’attachent à reformuler et à diffuser la doctrine de leur maître, les années 1831 et
1832 voient une crise transitoire conduisant à la séparation des deux « pères », Bazard et
Enfantin. Passant du « dogme » au « religieux », le mouvement opère alors un revirement
idéologique, la vie religieuse de la Famille occupant dorénavant une place prépondérante.
Regrettant que les aspirations saint-simoniennes s’écartent des positions sociales initialement
énoncées au profit d’une seule ligne mystique, Hector Berlioz se désolidarise de la doctrine et
poursuit son propre chemin à son retour à Paris au printemps 1832.
Bien qu’ayant davantage partagé des aspects esthétiques que des liens soutenus, son
attrait pour le saint-simonisme résultant surtout de la conjonction d’un moment historique et
d’une situation personnelle, Hector Berlioz cultive finalement de surprenantes analogies entre
des idéaux promus par des utopistes sociaux et une démarche créative propre. Les aspirations
saint-simoniennes imprègnent ainsi imperceptiblement son œuvre musicale et littéraire,
trouvant leur aboutissement dans la description d’une cité musicale imaginaire, Euphonia ou
la ville musicale.
Bibliographie :
BARRAUD Henry, Hector Berlioz, coll. Les indispensables de la musique, Paris,
Fayard, 1989, 506 pages.
BOOTH Arthur John, Saint-Simon and Saint-Simonism: A Chapter in the History of
Socialism in France (1871), London, Kessinger Publishing, 2010, 272 pages.
BERLIOZ Hector, Mémoires, coll. Mille et une pages, Paris, Flammarion, 2001, 628
pages.
CATTEAU Dominique, Hector Berlioz ou la philosophie artiste, tome 1, coll.
Philosophie, Paris, Publibook, 2002, 292 pages.
CHARLETY Sébastien, Histoire du saint-simonisme, Paris, Éditions Gonthier, 1931
et 1965, 286 pages.
CITRON Pierre et REYNAUD Cécile, Dictionnaire Berlioz, Paris, Fayard, 2003, 614
pages.
DUFRESNE Claude, Hector Berlioz, coll. Biographies, Paris, Tallandier Éditions,
2002, 400 pages.
FAUQUET Joël-Marie, Dictionnaire de la musique en France au XIXe siècle, coll.
Musique, Paris, Fayard, 2003, 1046 pages.
GRANGE Juliette, Saint-Simon, coll. Philo-Philosophes, Paris, Ellipses, 2005, 80
pages.
JANET Paul, Saint-Simon et le saint-simonisme, Paris, Librairie Germer Baillière et
Cie, 1878, 181 pages.
MAUBON René, Hector Berlioz ou la passion de la musique 1803-1869, coll. Essais
et document, Paris, Les Éditions de Paris, 2003, 272 pages.
MUSSO Pierre, Saint-Simon et le saint-simonisme, Paris, P.U.F, Que sais-je n° 3468,
1999, 128 pages.
RALPH (P.) et LOCKE, Les Saint-simoniens et la Musique, Mardaga, 1992, 497
pages.
RAMAUT Alban, Hector Berlioz compositeur romantique français, coll. Musique,
Paris, Actes Sud, 1993, 170 pages.
REMY Pierre-Jean, Berlioz, Paris, Albin Michel, 2002, 650 pages.
RUDENT Catherine et PISTONE Danièle, Berlioz, hier et aujourd’hui, coll. Univers
musical, Paris, L’Harmattan, 2003, 238 pages.
THIBERT Marguerite, Le rôle social de l’art d’après les saint-simoniens, Paris,
Librairie des Sciences économiques et sociales, 1923, 74 pages.