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Musée Maritime Nouméa©J-P Raynaud 2013 Musée Maritime Nouméa©J-P RAYNAUD 2013 ALBI 1741 † VANIKORO 1788 ? JEAN-FRANÇOIS GALAUP DE LA PÉROUSE OFFICIER DE LA MARINE ROYALE ET EXPLORATEUR FRANÇAIS Musée Maritime Nouméa©J-P Raynaud 2013 PRÉAMBULE Il y a quelques temps, je participais à une visite du Musée maritime de la Nouvelle Calédonie à Nouméa. Cette visite, organisée par l’un de mes amis, Gilbert CASTET, président du Musée, au profit des anciens auditeurs de l’Institut des Hautes Études de la Défense Nationale (IHEDN), m’a permis de découvrir le patrimoine maritime du « caillou ». Après le Musée, les portes d’un « dock » mis à disposition (par le Port Autonome) des associations Salomon, présidée par Alain LA BOUSSOLE CONAN, et Fortune de Mer, présidée par Philippe HOUDRET, nous furent ouvertes. Nous avons pu admirer les résultats des recherches archéologiques accomplies par ces associations au cours de leurs fouilles marines. Mais, sans aucun doute, ce fût les différents objets ramenés des différentes campagnes de fouilles concernant les épaves de la Boussole et de l’Astrolabe, à Vanikoro, qui ont retenu toutes mon attention. Passionné par l’Histoire, je me suis plongé dans l’univers de Jean-François Galaup de La Pérouse et n’ai pu m’en dégager qu’après avoir réalisé de très nombreuses recherches sur la vie et le voyage de notre marin et explorateur. Vous allez pouvoir consulter les résultats de ces travaux, que j’ai souhaité accessible à un large public, avec de nombreuses illustrations et des références au journal de bord de La Pérouse. Cette réalisation a été possible grâce aux milliers d’articles sur le sujet publiés sur Internet (bien que certains soient fantaisistes et qu’il ne faille pas les prendre en compte avant de les avoir confirmés), et de Google Earth pour la cartographie et la localisation. Vous serez peut être étonné qu’un officier en retraite de l’Armée de l’air ai pu être passionné par la vie et la dernière mission d’un officier de la Marine Royale. Peut-être faut-il rechercher les raisons de ce profond intérêt dans les années 1980-82. A cette époque j’étais Commandant de Bord de l'avion présidentiel du Mali, à Bamako. Le président de la République du Mali se déplaçait avec son avion du type SN 601 "Corvette" et on m'appelait le capitaine du corvette..... J'espère que vous prendrez autant de plaisir à lire et consulter ces dossiers que j'en ai pris à les réaliser. Colonel Air (ER) Jean-Pierre RAYNAUD Musée Maritime Nouméa©J-P Musée Maritime Nouméa©J-P Raynaud Raynaud 2013 2013 Page N° 2 JEAN-FRANÇOIS DE GALAUP DE LA PÉROUSE 1ÈRE PARTIE L’OFFICIER DE LA MARINE ROYALE 1742-1785 Jean- François de Galaup de la Pérouse, plus communément désigné par le patronyme « La Pérouse » est principalement connu dans la mémoire collective pour avoir été un explorateur du XVIIIème siècle. Avant d’être désigné par Louis XVI pour son voyage exploratoire, La Pérouse était avant tout un Officier de Marine. Nous ne devons pas l’oublier, comme le font trop souvent la multitude d’articles et de dossiers relatant sa dernière mission de Brest à Vanikoro. Musée Maritime Nouméa©J-P Raynaud 2013 Page N° 1 1741 Jean-François de Galaup naît le 23 août 1741 en Albigeois au manoir du Guo (Gô), sis dans un méandre du Tarn, à deux lieues (4 km) d'Albi, et il est baptisé le 3 octobre 1741 dans la paroisse de Saint-Julien. Il est issu d'une famille albigeoise dont la noblesse remonte à 1558. Son père, Victor-Joseph de Galaup occupera souvent les fonctions de consul de la ville d’Albi. Sa mère, Marguerite de Rességuier, fille d’un ancien commandant du second bataillon de Condé, était originaire de Sauveterre de Rouergue . Le couple se marie le 4 octobre 1740, à Sauveterre-deRouergue. De leur union naîtront 11 enfants. MARGUERITE DE RESSÉGUIER (1717-1788) VICTOR-JOSEPH DE GALAUP (1709-1784) Lorsque le nourrisson vient au monde vers 7 heures du matin, l’on craint pour sa vie, comme le précise l’acte d’ondoiement du 23 août 1741 : «L’an mil sept cent quarante-et-un, et le vingt-troisième d’août, a été ondoyé par permission de Monseigneur l’Archevêque accordée à cause du danger de mort un fils de Monsieur de Galaup et ce par nous vicaire de Saint-Julien présent ... qui a signé avec moi. » Il sera baptisé le 3 octobre 1741 en l’église Saint-Julien à Albi comme l’indique son acte de baptême : « L’an mil sept cent quaranteet-un, et le troisième jour du mois d’octobre après-midi les cérémonies du baptême ont été appelées au noble Jean François de Galaup, fils de noble Victor Joseph de Galaup, écuyer habitant Albi, et de Dame Marguerite de Rességuier mariés, lequel est né le vingt-troisième d’août dernier environ de sept heures du matin dans la maison de campagne de son dit père située au lieu du LE BAPTÊME, JOSÉ VERGARA (XVIIIE SIÈCLE) Guo dans la présente paroisse et a été ondoyé le vingt-et-troisième même jour de sa naissance par Boyer notre vicaire dans la maison de campagne. Parrain messire Jean Antoine de Galaup aïeul paternel à présent prêtre et chanoine de l’église collégiale SaintSalvy, et marraine Dame Françoise de Moly son aïeule maternelle. Présents noble Victor Joseph de Galaup père, de Dame Marguerite de Rességuier mère ... » Musée Maritime Nouméa©J-P Raynaud 2013 LA DEMEURE FAMILIALE : LE CHÂTEAU DE GUO Page N° 2 PLAQUE COMMÉMORATIVE Jean-François de Galaup aura 10 frères et sœurs : Jacquette de Galaup (1742-1824), Marie-Anne-Charlotte de Galaup (1743-1762), Antoine-Salvy-Melchior de Galaup (1745 -1747), Armand-Roch-Victor de Galaup (1746-1748), Claire-Françoise de Galaup (17471752), Jacques-Antoine-Victor de Galaup 1749, Hippolyte-Victoire de Galaup 1751, Françoise-Marie-Thérèse de Galaup (1755-1766), Victoire de Galaup (1759-1818). SITUATION DU CHÂTEAU DE GUO (GÔ) ALBI ET LA CATHÉDRALE ST CÉCILE STAT BACULUS, VIGILATQUE LEO, TURRESQUE TUETUR (La loi commande, le lion veille, la tour protège ) Musée Maritime Nouméa©J-P Raynaud 2013 Page N° 3 LOUIS XV LE BIEN AIMÉ VERSAILLES 1710-1774 Le jeune Jean-François de Galaup passera son enfance en Languedoc, en pays albigeois. Louis XV règne sur le royaume de France depuis 1710, royaume qui possède des colonies en Amérique du nord (la Nouvelle France), ainsi qu’aux Indes Occidentales (Caraïbes), aux Indes Orientales (Ile Bourbon, ile de France et Inde) et quelques comptoirs en Afrique. Pour assurer l’avenir du jeune Jean-François de Galaup recevra de son père une ferme. Cette ferme n’avait rien de particulier, mais représentait une rente de l’ordre de 200 livres tournois par an et lui assurera des revenus réguliers et conséquents pour l’avenir. Cette terre porte le nom languedocien de La Peyrouse, du latin petrosa ( lieu pierreux ) et se situait sur l’actuelle commune de Puygouzon . 1756 Il entre dans la compagnie des Gardes de la Marine de Brest à 15 ans, le 19 novembre 1756, ayant ajouté au sien le nom de La Pérouse, nom francisé de la terre reçue de son père. Il est encouragé dans sa démarche d’embrasser une carrière d’Officier de Marine par l'un de ses parents, le marquis Clément de Taffanel de La Jonquière qui est Capitaine de Vaisseau dans la Marine Royale de Louis XV. ARMOIRIES DE BREST LE PORT DE BREST AU XVIIIÉME SIÈCLE UNIFORME DES GARDES DE MARINE Musée Maritime Nouméa©J-P Raynaud 2013 Page N° 4 NOUVELLE FRANCE INDES OCCIDENTALES INDES ORIENTALES LE ROYAUME DE FRANCE ET SES COLONIES AU DÉBUT DU XVIII SIÈCLE Le jeune La Pérouse intègre donc les Gardes Marine de Brest à 15 ans, le 19 novembre 1756. Cette école d’Officiers de Marine a été crée par le Cardinal de Richelieu en 1627. Mais c’est Colbert qui mettra en place les « Compagnies des Gardes de la Marine », réservés aux Nobles, en 1669, l’une au Levant (Toulon), l’autre au Ponant (Rochefort). E n 1 6 8 3 s e ra c r é é e l a Compagnie de Brest. LE CADET LA PÉROUSE LE CARDINAL DE RICHELIEU 1757 TAFFANEL DE LA JONQUIÈRE EN ROUTE POUR LA NOUVELLE-FRANCE En mars 1757, Le cadet La Pérouse embarque sur le Vaisseau « Le Célèbre », vaisseau de l’escadre de Dubois de La Motte à destination de la Nouvelle-France. Ce navire est commandé par le Capitaine de Vaisseau Taffanel de La Jonquière, qui embarque donc son jeune cousin. La Pérouse est âgé de 16 ans, et s’embarque pour sa première campagne en mer. Le Capitaine de Vaisseau Taffanel de La Jonquière sera son tuteur pendant ses premières années de Garde Marine. De même il sera celui de son autre cousin Armand de Saint-Félix, embarqué avec lui. Musée Maritime Nouméa©J-P Raynaud 2013 BRITANNIQUES POSSESSIONS ESPAGNOLES Lorsque le jeune La Pérouse intègre la Compagnie des Gardes Marines de Brest le Royaume de France est en guerre. Le 18 mai 1756, la Grande-Bretagne avait déclaré formellement la guerre à la France à la suite de l’attaque prussienne contre la Saxe : c’est le début officiel de la guerre de Sept Ans. Alors que la France se concentre avant tout sur sa stratégie européenne, la Grande-Bretagne veut profiter de ce conflit pour régler définitivement les conflits Nord-Américains et affirmer sa main mise sur tout le continent, de la baie d’Hudson jusqu’aux Antilles. Une des clés stratégique de la Nouvelle France est le port de Louisbourg qui contrôle l’entrée au Saint Laurent et donc des territoires français. C’est dans ce contexte que le Cadet La Pérouse va effectuer la première mission opérationnelle de sa carrière de marin. Embarqué sur le Navire de son cousin le Capitaine de Vaisseau Taffanel de La Jonquière dans l’escadre commandée par Dubois de la Motte, il vogue vers la Nouvelle France à la défense de nos colonies. Louis XV demande au Vice-amiral Dubois de La Motte d’assurer la sécurité de la ville. Le Roi donne des moyens importants pour réussir cette mission; l’Escadre qui partira de Brest sera renforcée par deux autres formations qui viendront de Toulon et de Saint Domingue. LOUISBOURG (FRANCE) DE LA MOTTE DU REVEST DE BEAUFFREMONT SAINT DOMINGUE (FRANCE) UR EN T COLONIES GUERRE DE SEPT ANS LA NOUVELLE FRANCE Page N° 5 ST (APRÈS LES TRAITÉS D'UTRECHT, EN 1713) LOUISBOURG Musée Maritime Nouméa©J-P Raynaud 2013 Page N° 6 1757 La mise en place de ces forces militaires commencera avec le départ de Brest de De Beauffremont le 30 janvier, pour St Domingue, qu’il quittera le 19 mars pour arriver à Louisbourg le 23 mai. Du Revest sortira de la rade de Toulon le 18 mars, passera Gibraltar le 5 avril et atteindra la Nouvelle France le 15 juin. Enfin, De La Motte quittera Brest le 3 mai et rejoindra la flotte le 19 juin avec des troupes terrestres qu’il fera acheminer à Quebec : Les 2éme et 3éme Bataillons du Régiment du Berry en renfort des régiments déjà sur place. FORCES NAVALES DE LA MARINE ROYALE FRANÇAISE DEVANT LOUISBOURG VICE-AMIRAL EMMANUEL-AUGUSTE DE CAHIDEUC DUBOIS DE LA MOTTE CAPITAINE JOSEPH-FRANÇOIS DE NOBLE DU REVEST VAISSEAUX : VAISSEAUX : Le Formidable, 80 canons Lieutenant Général De La Motte Le Duc de Bourgogne, 80 canons Chef d’Escadre d’Aubigny le Superbe, 74 canons Capitaine De Choisel le Glorieux, 74 canons Capitaine De Chavagnac le Héros, 74 canons Capitaine De Châteloger le Dauphin-Royal, 70 canons Capitaine Durturbie le Belliqueux, 64 canons Capitaine d’Orvilliers le Célèbre, 64 canons Capitaine de La Jonquière le Bizarre, 64 canons Capitaine De Montalais FREGATES : la Fleur-de-Lys, 36 canons Lieutenant Chevalier Dubos l'Hermione, 26 canons Le Hector, 74 canons L'Achille, 64 canons Le Vaillant, 64 canons Le Sage, 64 canons CAPITAINE JOSEPH DE BEAUFFREMONT VAISSEAU 74 CANONS( 2 PONTS) VAISSEAUX : Le Tonnant, 80 canons Le Défenseur, 74 canons Le Diadème, 74 canons L'Inflexible, 64 canons L'Eveillé, 64 canons FREGATES : FRÉGATE 36 CANONS La Brune, 36 canons La Fochine, 26 canons Déjà sur place : L’Abékanise, 36 canons Musée Maritime Nouméa©J-P Raynaud 2013 A la demande de Lord Loudoun, Cdt en Chef britannique à Halifax, Londres dépêcha une flotte aux ordres de l’Amiral Francis Holburne. La flotte de la Royal Navy rejoignit Halifax. Elle apparut, le 20 août 1757, mais devant le dispositif français elle rebroussa chemin. Elle consistait en 22 voiles, dont 16 gros vaisseaux, quatre frégates, une galiote et un brûlot. Page N° 7 AMIRAL FRANCIS HOLBURNE JOHN CAMPBELL 4 ÉME LORD LOUDOUN La place forte française était sauvée. Le 24 septembre , la flotte britannique est dispersée par une violente tempête, mais les Français ne peuvent leur donner la chasse car les équipages sont touchés par des épidémies de typhus et de malaria. LOUISBOURG Dubois de La Motte rentre à Brest, après de nombreux décès dus aux maladies, et quelques 2000 malades, en novembre 1757. Ce retour à Brest déclenchera une terrible épidémie qui fît environ 3000 morts. Les Britanniques parviendront finalement à capturer Louisbourg l'année suivante. Cette première mission de La Pérouse, Pérouse comme élève Officier, le marquera à jamais. Sa 1ére mission de guerre lui a fait traverser l’Atlantique vers la Nouvelle France, il s’est rendu compte de l’importance des colonies de la Couronne française et du devoir de les sauvegarder. Il a surement ressenti un sentiment de puissance au sein de cette force navale qui a dissuadé les britanniques de passer à l’attaque. La violente tempête qui dispersa la Royal Navy lui appris la force et les dangers des phénomènes météorologiques, et enfin, les fléaux du typhus et la malaria lui permirent surement de s’endurcir, tout en faisant preuve de compassion devant les malades. Mais aussi il fût convaincu de la nécessité de tout mettre en œuvre pour garder les équipages et bonne santé. Après cette aventure, pendant laquelle il ne fût ni blessé ni malade, il pouvait affronter tout les dangers. Musée Maritime Nouméa©J-P Raynaud 2013 Page N° 8 Guerre contre les anglais 1758 La nouvelle France étant menacée, quatre divisions sortent de Brest en 1758. La seule qui réussit à passer est celle du Comte Du Chaffault de Besné, chargée de troupes pour le Canada Il appareille de l'île d'Aix le 2 mai 1758, avec une division composée de cinq vaisseaux et trois frégates : Les vaisseaux Le Dragon, 64 canons, qu'il commande, Le Belliqueux, 64, commandé par le marquis de Martel, Le Sphinx, 64, commandé par Turgot, Le Hardi, 64, commandé par Latouche-Tréville, et Le Brillant, 56, capitaine de Saint-Médart. Les frégates Le Zéphyre, COMTE DU CHAFFAULT ET SES ARMOIRIES Louisbourg est bloqué par dix vaisseaux britannique, et du Chaffault débarque les troupes dans la baie SainteAnne. Le contingent de renfort se compose du Régiment de Cambris (2e bataillon) et du Régiment des VolontairesÉtrangers (2e bataillon). Ces bataillons rejoignirent les régiments de Bourgogne et d‘Artois déjà présents à Louisbourg. La Valeur et La Mignonne et une flûte, Le Rhinocéros. Le jeune La Pérouse sert à bord du Zéphyre pour une nouvelle campagne de guerre. Du Chaffaut. doit renforcer une escadre arrivée de Brest, Le 28 avril, et commandée par de Boissier. Ces navires sont : L' Entreprenant de 74 canons, commandant, de Boissier, Le Célèbre* de 64 canons armé en flûte (de Marolle), Le Capricieux de 64 canons armé en flûte (Chevalier de Tourville), Le Bienfaisant de 64 canons armé en flûte (Chevalier de Courseran), La Commette frégate de 24 canons Cdt de BAIE SAINTE-ANNE Sorgerre. Le 29 mai, l'escadre du Comte du Chaffault mouille à Port-Dauphin sur l'île Royale, elle trouve les anglais devant le port de Louisbourg . Le rapport des forces est, fin 1758, défavorable à la Marine royale, qui lutte avec deux fois moins de navires que la Royal Navy (60 vaisseaux et 30 frégates contre 120 vaisseaux et 75 frégates). L’avenir semble sombre pour les français. PRISE DE LOUISBOURG PAR LES ANGLAIS (26 JUILLET 1758) Musée Maritime Nouméa©J-P Raynaud 2013 Page N° 9 Ce secours tardif n'empêchera pas la colonie de tomber au pouvoir des Britannique le 26 juillet et Chaffault revient en France. Il rencontre en chemin une escadre anglaise composée de sept vaisseaux et d'une frégate qu'il réussit à éviter et arrive sans encombre à Rochefort, le 12 novembre 1758. La perte de Louisbourg offre une base d'attaque idéale aux anglais vers la ville de Québec en remontant par le fleuve Saint-Laurent. La chute de la place forte de l’île Royale annonce la chute progressive du Canada français. * Le Célèbre (64 canons), sur lequel La Pérouse a effectué sa 1ére campagne de guerre sera coulé par les anglais lors du funeste siège, ainsi que tous les navires français, sauf le Bienfaisant qui échappe à la destruction est intégré à la flotte anglaise. D’août 1758 à novembre 1758, La Pérouse sert à bord de la flûte de 300 tonneaux Le Cerf commandé par le Lieutenant de Vaisseau La Malène. Guerre contre les anglais 1759 La France essaya néanmoins de réagir et de débarquer quelques troupes en Cornouailles. Hubert de Brienne comte de Conflans,(viceamiral du Ponant en 1756 et Maréchal de France en 1758) bien que réticent, fut chargé de l'expédition. Partie de Brest, sa flotte de 21 vaisseaux et 3 frégates naviguait vers Auray, près de Vannes, pour embarquer des troupes quand elle tomba, le 20 novembre 1759, au large de Belle-Ile, sur l'escadre anglaise de l'amiral Hawke forte de 27 vaisseaux et 6 frégates. (La Pérouse avait embarqué sur le vaisseau Le Formidable). Refusant le combat, le comte de Conflans s'engagea entre Belle-Ile et la terre, par les récifs les Cardinaux. Les Cardinaux sont des roches situées à l'est de l'île d'Hoëdic. Mais Hawke l'y suivit, le rattrapa, et s’engagea alors la bataille de Quiberon. L'arrière-garde française subit l'assaut. Deux vaisseaux coulèrent, un autre se rendit. Nuit et tempête s'abattirent sur les deux flottes. Au matin, huit vaisseaux français avaient quitté le champ de bataille pour Rochefort. Les autres se dirigèrent vers l'embouchure de la Vilaine et de la Loire : deux s'échouèrent et furent brûlés, un autre coula. Tel fut le bilan de ce que la Cour appela hypocritement la "journée" de Monsieur de Conflans. AMIRAL HAWKE BATAILLE DE QUIBERON Le navire de La Pérouse, le vaisseau Le Formidable est pris par les britanniques et son capitaine, le chef d’Escadre du Verger de St André, tué au combat. La tête emportée par un boulet, son second sera également tué. QUIBERON, LE LENDEMAIN Lors de la bataille. La Pérouse qui a fait montre de courage et de valeur dans les combats, a reçu deux blessures légères (l’une au bras, l’autre au ventre) et est fait prisonnier. Des négociations seront menées par le duc d'Aiguillon et l'amiral Hawke pour des échanges de prisonniers. Musée Maritime Nouméa©J-P Raynaud 2013 Page N° 10 La délégation anglaise abordera à Pénerf du 23 à fin novembre (le navire amiral mouillant à un mille au large) pour la restitution des prisonniers du Formidable, entre autres La Pérouse , et 114 blessés qui entreront aux hôpitaux de Vannes avant la fin du mois. Sa bonne étoile, après l’avoir protégé des maladies, lui avait permis de sortir vivant de combats navals meurtriers. La Pérouse avait reçu son Baptême du feu, connu les blessures et la captivité. Il avait 18 ans (et le comte de Conflans, né en 1690 en avait 69). BILAN DE LA BATAILLE. Sept vaisseaux (le Glorieux, le Robuste, l’Inflexible, le Dragon, l’Eveillé, le Brillant et le Sphinx), deux frégates (la Vestale et l’Aigrette) et deux corvettes (la Calypso et le Prince Noir) français sont près de l'embouchure de la Vilaine, au pied du corps de la Pointe de Pen Lan qui est armé de canons pour résister à la flotte anglaise et protéger les réfugiés. Sept autres ont choisi, de leur propre initiative, de gagner la haute mer et de faire voile vers Rochefort. Il s’agit de L'Intrépide, L'Orient, Le Bizarre, Le Dauphin Royal, Le Magnifique, Le Solitaire, Le Tonnant et du Northumberland (ex HMS). Ces navires étaient sous les ordres du chef d ‘escadre le chevalier de Bauffremont. Le Hébé est le seul à rejoindre Brest. BATAILLE DE QUIBERON EMBOUCHURE DE LA VILAINE Les autres 6 navires seront pris par l’ennemi, échoués, brûlés ou sabordés. Les anglais ne perdirent que 3 navires, naufragés par méconnaissance des fonds rocheux. Cette défaite avait affaibli la Marine royale mais n’avait pas entamé les convictions du jeune La Pérouse. Ce désastre avait été causé par plusieurs facteurs : Le manque général de ROCHEFORT EMBOUCHURE DE LA VILAINE POINTE DE PEN LAN marins qualifiés pour armer les bâtiments de la Royale, tant à Brest qu’à Toulon. Et l’Escadre de Toulon qui, le 5 août 1759, avait appareillé avec douze vaisseaux et trois frégates, commandée par le chef d'escadre La Clue, avait été vaincue par l'amiral Boscawen, en Atlantique. La flotte s’était désunie durant la nuit : une partie des navires s’était réfugiée dans le port de Cadix (Espagne), l’autre détruite à proximité de Lagos (Portugal). De Conflans n’avait pas tous les atouts en main pour réussir sa mission. (Il à noter que dans cette même baie de Quiberon, en 56 AV-JC, une bataille navale avait opposé la flotte gauloise du peuple Vénète aux navires romains. La flotte romaine, commandée par Décimus Julius Brutus avait anéanti la marine à voiles en cuir gauloise en attaquant avec leurs navires équipés de voiles mais surtout de rames. Les bateaux gaulois ne purent changer de cap par manque de vent et la manœuvrabilité donnée par les rameurs romains fît la différence) Navire de guerre romain à rames et voiles Musée Maritime Nouméa©J-P Raynaud 2013 Page N° 11 1762 Le ministre de la Guerre et de la Marine Étienne ÉTIENNE FRANÇOIS CHEVALIER DE TERNAY DE CHOISEUL François, duc de Choiseul nomme le chevalier Charles-Henri-Louis d’Arsac de Ternay responsable d'une expédition secrète où il est chargé de ravager les côtes de Terre-Neuve, prendre Saint-Jean et affaiblir la flotte britannique stationnant dans la région. Ces diverses manœuvres ayant pour but de réaffirmer la présence française en Amérique du nord et à terme, d'attaquer le Canada, un an après, en 1763. Il dirigera une flotte de cinq navires, avec à bord un millier de passagers dont environ 900 militaires aux ordre du colonel Joseph-Louis-Bernard Cléron de d'Haussonville . Les forces terrestres embarquées se composent des régiments d’infanteries : Le Beauvaisis (4 compagnies), Le Penthièvre (2 compagnies), le Montrevel (2 compagnies), la Marine (4compagnies) et le Royal-la-Marine (6 compagnies). La Pérouse embarque sur le Robuste* et la Division commandée par Du Ternay part de Brest le 8 mai 1762 avec deux vaisseaux de ligne, une frégate et deux flûtes. Il rejoint la ville de Saint-Jean en juin, capturée par les troupes d'infanteries du colonel de d'Haussonville, qui en fait sa base arrière. Du Ternay mène à bien cette mission, détruisant systématiquement tous les établissements de pêche ennemis et capture ou coule 460 bateaux de toutes tailles. Les pertes anglaises sont alors estimées à plus de 1 000 000 £ en dommages et en prises marchandes. RÉGIMENT DU DOUAISIS DE PENTHIÈVRE DE MONTREVEL DE LA MARINE ROYAL-LA-MARINE Mais les britanniques passent à l’offensive et repoussent les français à bataille de Signal Hill, promontoire avec une position fortifiée qui domine St Jean. Devant le désastre terrestre et face à une flotte britannique supérieure en nombre, De Ternay prend la décision de quitter Terre-Neuve pour rallier l'Europe avec ses vaisseaux, et abandonne le contingent fançais. D’Hausonville et une partie de ses troupes devront capituler face aux Anglais. Poursuivi dans Atlantique par deux navires britanniques, il ne rejoindra Brest que le 28 janvier 1763, après s'être réfugié dans le port de La Corogne en Espagne. Du Ternay a réussi à sauver ses navires : il ne sera pas sanctionné. BATAILLE DE SIGNAL HILL SIGNAL HILL SUR LES HAUTEURS DE ST JEAN TERRE NEUVE ET LABRADOR *Le Robuste : De Ternay, avait réussi à déséchouer, à sortir de la Vilaine et à ramener à Brest le vaisseau Le Robuste. Ce navire était bloqué dans le fleuve breton depuis 1759, après le désastre de la bataille de Quiberon. La Pérouse, Pérouse qui avait repris ses études à Brest, avait participé à cette mission qui fût pour lui d’excellents travaux pratiques. Musée Maritime Nouméa©J-P Raynaud 2013 Page N° 12 1762/63 Le ministre de la Guerre et de la Marine Choiseul, à la fin de la Guerre de Sept Ans, fit appel à la générosité des habitants du royaume pour financer la construction de vaisseaux : la flotte française ayant perdu nombre de ses unités lors des confrontations avec les britanniques et surtout l'État étant très largement endetté. Les villes et provinces offrirent donc des navires à la marine royale. Sur les trente vaisseaux lancés dans la décennie 1760-1769, dix-huit sont financés par les dons, notamment les deux seuls trois-ponts français (la Ville-de-Paris et la Bretagne) employés lors de la Guerre d'Amérique. Les Six Corps des marchands de Paris offrirent assez d'argent pour faire construire un vaisseau de 74 canons (28 pièces de 36 livres, 30 de 18 livres et 16 de 8 livres), lancé en 1762 et qui resta en service jusqu'en 1779. Le Capitaine Bidé de Chézac prend avec lui quelques Gardes de la Marine, dont La Pérouse, Pérouse pour conduire de Lorient à Brest le vaisseau neuf baptisé Les Six Corps en reconnaissance aux commerçants de Paris. LA BELLE POULE LE MARSELLAIS FINANCÉ PAR MARSEILLE 1764/71 Le Cadet La Pérouse est promu enseigne de vaisseau le 1er octobre 1764, il a 24 ans. De 1765 à 1769, il est affecté au transport maritime en France. Il navigue sur les flûtes l’Adour, La Gave. Puis, il commande les flûtes l’Adour, la Dorothée, le Bugalet. Le 11 avril 1771, La Pérouse navigue sur La BellePoule et parti pour les Antilles et Saint-Domingue (Haïti). Sur le rôle de l’équipage, on trouve le nom de l’enseigne de vaisseau Paul Antoine Marie Fleuriot de Langle. C’est sans doute à cette époque qu’il se lia d’amitié avec cet officier. 1772 Le Chevalier d’Arsac de Ternay obtient une place de gouverneur de l’Ile de France (Maurice). Il n’oubliera pas son protégé La Pérouse et le prendra avec lui. Louis XV avait décidé de reprendre la gestion directe de cette base d’appui dans l’Océan Indien, la Compagnie des Indes Orientales ne pouvant en supporter la charge. ENSEIGNE DE VAISSEAU LA PÉROUSE BREST La Pérouse s’acclimatera à ce nouveau milieu en faisant du Cabotage de ravitaillement dans le sud de l’Océan Indien entre l’Ile Bourbon (Réunion), l’Ile de France (Maurice) et les comptoirs des Indes.. . ILE DE FRANCE (MAURICE) ILE BOURBON (RÉUNION) Musée Maritime Nouméa©J-P Raynaud 2013 Page N° 13 C’est l’époque où il rencontre sa future femme, Eléonore Broudou (fille d’un armateur nantais devenu chef du bureau des Armements et Classes ), à Vieux grand port (Ile de France, Maurice), pendant une escale. Le Chevalier de Ternay lui confie le FRANÇOIS ET ELÉONORE commandement de la gabare militaire La Seine (Gabare : du provençal gabarra, issu du grec gabarai, coquille), bâtiment de transport armé d’une douzaine de canons. Il effectue avec elle deux campagnes aux Indes, l’une sur la côte Est de Pondichéry à Chandernagor (Calcutta), l’autre vers la côte ouest vers Mahé et Surate. C’est au cours de ce deuxième voyage que La Pérouse aura l’occasion d’obtenir une vraie victoire militaire, en GABARE MILITAIRE 20 CANONS défendant brillamment avec petits moyens le comptoir de Mahé contre une attaque d’indous supposés francophiles. Rentrant de Surate à l'embouchure de l'Indus, il découvre une troupe d'indous armés par Hayder Ali Khan, un "allié" auquel il avait livré 3 mois auparavant des armes sur ordre du Gouverneur de Pondichéry, et qui asCOMPTOIRS FRANÇAIS DES INDES siégeaient notre poste. La Pérouse débarque hommes et canons de son navire et aidé par les CANON EMBARQUÉ hommes d'un autre navire de commerce français ( Les trois amis), commandé par de Clonard, établit des retranchements, tire à mitraille sur des milliers d’assaillants et en tue des centaines. Mahé reste sous souveraineté française. C'est sa première bataille comme chef militaire. Pendant son séjour à l’Île-de-France il se tient informé des explorations de Grenier, Kerguelen et Saint-Allouant puis de Cook (2éme voyage). Au cours d’une dernière et 5éme année à terre dans les services de la Marine à Port Louis La Pérouse approfondira sa relation avec Eléonore, qu’il reçoit dans sa maison de sa propriété de l’Eau Coulée (achetée le 20 avril 1775, avec son camarade Charles de Mengaud de la Haye, par acte passé devant Maître Boybelleau, notaire à Port-Louis), mais ses parents mettent pour l’instant un veto au mariage envisagé. Il apprendra beaucoup pendant ce séjour sur le système colonial de l’époque, la concurrence entre nations, et le commerce lointain, source de richesses et de contrôle du monde. Ces préoccupations planétaires l’éloignent le plus en plus de celles de ses parents, s’ajoutant au conflit dû au refus d’un mariage d’amour, Eléonore n’étant pas issue de la noblesse. Il vend donc sa propriété le 22 mai 1776 la finalisation de sa relation étant CIE DES INDES ORIENTALES impossible. Musée Maritime Nouméa©J-P Raynaud 2013 Page N° 14 1774 LOUIS XVI Début du règne de Louis XVI, petit fils de Louis XV, sacré le 10 mai 1774. Louis XVI jouera un rôle important dans la modernisation de la Marine française. Selon l'historien de la mer André Zysberg (université de Caen) : « C’est un roi géographe qui se passionne pour la mer ; il lit avec passion les récits de voyage, s’informe sur les techniques nouvelles de navigation. Il développe un programme de construction, augmente les crédits de la flotte de guerre, améliore les conditions de vie des matelots, sujet crucial à l’époque; il promeut au mérite, contre la tradition, les chefs d’escadre » privilégiant ainsi ceux qui réussissent aux cours des batailles : faire partie de la noblesse ne suffit plus. La flotte française retrouvera un niveau de puissance qu'elle n'avait plus connu depuis Louis XIV. 1775 BENJAMIN FRANKLIN La guerre d'indépendance des États-Unis oppose les colons des 13 colonies britanniques d'Amérique du Nord, fondées entre 1607 à 1733, à leur métropole, la Grande-Bretagne. Ce conflit durera de 1775 à 1783. La France , malgré sa délicate situation financière, cherche à prendre sa revanche sur la Grande-Bretagne et le Traité de Paris de 1763. La France s'engagea donc aux cotés des « patriots », d’abord par la fourniture de matériel et d'aides diverses, puis officiellement en 1778 en apportant des forces navales et terrestres. En décembre 1777, Benjamin Franklin se rendit à Versailles afin de négocier une alliance entre la France et les treize colonies. 1777 Dés son retour en France La Pérouse est promu en 1777 Lieutenant de Vaisseau le 4 avril : il a 35 ans. Le 27 juillet , en reconnaissance de ses exploits militaire à Mahé, Le Lieutenant de Vaisseau La Pérouse est fait Chevalier de l’Ordre de Saint Louis*, et est doté d’une pension de 300 livres. LTT DE VAISSEAU LA PÉROUSE LES 13 COLONIES BRITANNIQUES Cet Ordre est créé le 05 avril 1693 par un édit de Louis XIV portant création et institution de ordre Royal et Militaire de St Louis. Si cette institution à caractère démocratique : il fallait avoir fait preuve de bravoure pour l’obtenir, elle portait toujours la marque de son temps : nul ne pouvait entrer dans l’Ordre s’il n’était officier et de religion catholique, mais il n’était pas obligatoire d’être noble. Et en 1750, Louis XV édicta qu’un chevalier de Saint-Louis roturier pouvait être anobli dès lors qu’il comptait deux ascendants en ligne directe décorés de même. Cet Ordre, tant par son inspiration démocratique pour désigner les nouveau membres (Mérite et non noblesse), que par son aspect (ruban rouge et croix) inspirera beaucoup Napoléon Bonaparte pour la création de Légion d’honneur en 1802. MÉDAILLE DE ST LOUIS Musée Maritime Nouméa©J-P Raynaud 2013 Page N° 15 La franc-maçonnerie s'est implantée très tôt en Bretagne. Les premières loges apparaissent en Angleterre en 1717. Puis, à Paris entre 1725 et 1735. La première loge bretonne voit le jour à Lorient, en 1744. L'année d'après, à Brest, est crée la loge de « l'Heureuse Rencontre ». La franc-maçonnerie est très liée au pouvoir royal et à la Marine. La maçonnerie est le lieu de rencontre des aristocrates de l'amirauté et banquiers, des armateurs et des négociants. Les loges offrent des opportunités de rencontres à des personnes qui n'auraient pas pu se côtoyer autrement. Les marins de la Royale sont majoritaires parmi les francs-maçons. C'est dans la loge de la Marine, l' «Accord Parfait », que fut initié l'explorateur Bougainville, avant de partir autour du monde en 1766. Et La Pérouse , lui, le fut à l' « Heureuse Rencontre ». Le roi, ses frères et Marie-Antoinette elle-même, étaient initiés à la loge maçonnique des « trois frères » à l'Orient de Versailles. 1778 Le Vice-amiral comte d’Estaing, qui est à l’origine un officier de l’Armée de terre, quitte Toulon le 13 avril 1778 avec douze vaisseaux de ligne et quatre frégates, franchit le détroit de Gibraltar le 17 mai et n'arriva à l'embouchure de la Delaware que le 8 juillet après une trop longue traversée, et n’y trouva pas l'escadre anglaise. Il leva donc l'ancre, et alla de concert avec les Américains, et le 8 août arriva devant Rhode-Island. Dès que le corps des troupes américaines eûrent pris position sur cette île, le comte d'Estaing força le passage de New-Port. A cette approche subite, les Anglais évacuèrent leurs positions et brûlèrent cinq frégates ; la Juno, la Flora, la Lark, l’Orpheus et le Cerberus; deux corvettes et plusieurs magasins. AMIRAL RICHARD HOWE COMTE D’ESTAING Le 10 août il appareille et veut engager le combat contre l'Amiral Howe*. Les deux escadres avaient pris la mer et manœuvraient, les français pour engager le combat, les britanniques pour éviter le l’affrontement, lorsque survint un terrible coup de vent. Tous les navires furent maltraités et dispersés. Le Languedoc, que montait le comte d'Estaing perdit son gouvernail et tous ses mats. L'escadre française se retira à Boston et les américains bâtirent en retraite. Le 7 septembre les anglais prennent St Dominique et tentent début décembre de prendre Boston. Le 4 novembre D’Estaing appareille, passe au travers de la flotte britannique et relie Port Royal à la Martinique le 8 décembre. Le 28 décembre St Lucie est prise par les anglais, D’Estaing essaie en vain de la reprendre et demande des renforts. * l'Amiral Richard Howe (né le 8 mars 1726 à Londres et mort le 5 August 1799) est le frère de William Howe (né le 10 août 1729, en Angleterre et mort le 12 juillet 1814 à Plymouth) général britannique, commandant en chef des forces de Sa Majesté pendant la guerre d'indépendance américaine. Leur père était gouverneur de la Barbade et leur mère fut l'une des maîtresses du roi George Ier, roi de G-B et d’Irlande de 1714 à sa mort en 1727. Richard et William Howe sont des ancêtres de Diana, princesse de Galles, et par conséquent, du Prince William, duc de Cambridge et du Prince Harry de Galles, qui sont les deuxième et troisième prétendants au trône britannique. Musée Maritime Nouméa©J-P Raynaud 2013 Page N° 16 1779 Le comte de Grasse, chef d’escadre, quitte Brest le 14 janvier 1779 et arrive à la Martinique le 19 février avec 2 vaisseaux de 74 canons Le Robuste et Le Magnifique, ainsi que Le Dauphin Royal 64 canons, Le Vengeur 50 canons, le Fier-Rodrigue, la corvette La Favorite et le cotre l’Alerte. Ces navires transportent le 2éme Bataillon du régiment de Champagne. Le 19 avril, le Marquis de Vaudreuil, chef d’escadre arrive avec les vaisseaux Le Fendant et Le Sphinx. Le 27 juin, le chef d’escadre Lamotte Picquet arrive lui aussi à la Martinique avec deux vaisseaux de 74 canons Le Diadème et l’Annibal, deux de 64 canons Le Réfléchi et l’Artésien et enfin deux de 50 canons l’Amphion et Le Fier. DE LA MOTTE PICQUET DE VAUDREUIL DE GRASSE Lors de la reprise des hostilités en 1778, La Pérouse a reçu le commandement de la frégate L’Amazone qui est incorporée dans la division de La Motte-Piquet. Il participera à toutes les opérations dirigées par D’Estaing à compter de 1779. L’armée navale de Martinique sous les ordres du vice-amiral d’Estaing est maintenant forte de 25 vaisseaux et peut engager de nouveaux combats. Durant le mois de juin, avec quelques frégates, les français se sont emparés de l'île de St- Vincent. L’Escadre appareille alors de Fort Royal le 30 juin et fait voile sur l’île de Grenade anglaise depuis 1763.Le Comte d'Estaing ancre sa flotte près de la capitale Saint-Georges le 2 juillet 1778. De là, il débarque une force de 1 400 hommes du régiment Dillon ainsi que 700 hommes provenant des régiments de Champagne, de Foix, de l'Auxerrois et de l'Hainaut et l’ile est conquise sans coup férir. RÉGIMENT DE DILLON RÉGIMENT DE CHAMPAGNE RÉGIMENT DE FOIX RÉGIMENT DE L‘AUXERROIS RÉGIMENT DE L’HAINAULT Puis il livre une violente bataille navale à l'escadre du vice-amiral Byron venu secourir l'île. Byron est lourdement battu, mais d'Estaing ne saisit pas l'occasion de détruire l'escadre anglaise, malgré les demandes pressantes de Suffren et de La Motte-Picquet et Byron réussit à se replier avec ses vaisseaux démâtés. La destruction de cette importante escadre aurait porté un coup terrible à la Royal Navy et livré à la France toutes les Antilles : Mais d’Estaing n’a pas écouté les conseils avisés de ses chefs d’Escadres. Les Français ont eu 176 tués, dont 3 capitaines de vaisseau, et environ 770 blessés. « Le général (d'Estaing) s’est conduit, par terre et par mer, avec beaucoup de valeur. La victoire ne peut lui être disputée ; mais s'il avait été aussi marin que brave, nous n'aurions pas laissé échapper 4 vaisseaux anglais démâtés » juge Suffren dans sa correspondance. Il aurait donc fallut engager la poursuite de l’ennemi et parfaire cette victoire navale. BATAILLE DE GRENADE AMIRAL JOHN BYRON Avec le recul, les historiens sont bien plus sévères. Cette bataille fut « la défaite la plus désastreuse de la Royal Navy depuis la bataille de Béveziers en 1690 » estime le stratège américain Alfred Mahan à la fin du XIXe siècle. Musée Maritime Nouméa©J-P Raynaud 2013 Page N° 17 RETOUR DE LA FLOTTE D'Estaing, qui reste fondamentalement un homme de l'armée de terre (son corps d'origine) n’avait pas perçut pas la portée stratégique de la maîtrise des mers et regarde les escadres que comme des transports de troupes. Benjamin Lincoln et le comte d’Estaing décidèrent de lancer une offensive terrestre et maritime contre Savannah, en Georgie. Dans un premier temps, d’Estaing décida de bombarder la ville avec ses navires (début octobre 1779), puis, voyant que sa manœuvre n’aboutissait pas, il décida finalement de lancer un assaut frontal (les Français manquaient de vivres et ils étaient frappés par la dysenterie et le scorbut). Le 9 octobre au matin, trois mille cinq cents hommes de troupes français, six cents de troupes continentales et trois cent cinquante de la milice de Charleston passèrent à l’offensive. Toutefois, l’attaque fut repoussée, et d’Estaing, à la mi-octobre 1779, fut contraint de lever le siège de Savannah et de prendre le chemin du retour. La Pérouse a participé à la prise de la Grenade et au violent combat contre l’escadre de John Byron. Par la suite, à bord de L’Amazone, lorsqu’il est en surveillance devant Charleston en Caroline du Sud La Pérouse prend en chasse avec son navire une frégate anglaise de douze canons, l'Ariel, dont il s’empare après une forte résistance. 1780/81 La Pérouse a 39 ans lorsqu’il est promu capitaine de vaisseau le 4 avril 1780. Il reçoit le 18 décembre suivant le commandement de la frégate L'Astrée et rejoint les côtes du nouveau continent dans le contexte de l'alliance francoaméricaine. Dès cette époque, une expédition est prévue contre les établissements britanniques de la baie d’Hudson mais divers contretemps provoquent son ajournement. Un jour qu’il patrouillait dans les parages de Louisbourg, sur les CNE DE VAISSEAU côtes de la Nouvelle-Ecosse, avec L’Astrée et L’Hermione*, LATOUCHE-TRÉVILLE LA PÉROUSE commandée par Latouche-Tréville, La Pérouse livre, avec L’Hermione, le 21 juillet 1781, un brillant combat contre l’escorte d’un convoi britannique composé de 18 navires marchands et de son escorte. Trois frégates viennent à la rencontre des français pour protéger le convoi. Ces 3 bâtiments sont rejoint par 3 autres qui veulent intimider La Pérouse et La Touche Tréville, 2 se joignent aux 3 premiers pour la bataille, le 6éme restant hors de portée des canons. Les 6 navires britanniques sont : L'Allégeance 24 canons, Le Vernon 24 canons, Le Charlestown 28 canons, Le Vautour 20 canons, Le Jack 14 canons et Le Thompson 18 canons. Après un 21 JUILLET 1781 âpre combat à 2 contre 6 de 2 à 3 heures, La Pérouse et La Touche Tréville s’emparent des bateaux Jack et Charlestown. Le Charlestown s’était rendu mais parvint à fuir avec les 4 autres L’HERMIONE navires. En infériorité numérique, même si la majorité du convoi britannique a été sauvé par le sacrifice de son escorte, les français ont remporté une éclatante victoire et les pertes humaines minimes sont minimes : 6 tues, 24 blessés alors que les britanniques comptent 17 tués (dont le Capitaine Evans), 48 blessés, 1 navire de guerre capturé. *L’Hermione est un navire de guerre français en service de 1779 à 1793. C'est une frégate de 12 (calibre de ses canons), 34 canons. Construite à partir de 1777 à l'arsenal de Rochefort. Elle est connue pour avoir conduit le Marquis de La Fayette aux États-Unis en 1780, lui permettant de rejoindre, à Boston, les insurgés américains en lutte pour leur indépendance. Musée Maritime Nouméa©J-P Raynaud 2013 Alors qu'une partie des navires destinés à l'escorte réparaient dans le port de Spanish River, les bâtiments de transport chargent néanmoins leur cargaison de charbon et mettent les voiles en direction d'Halifax. Les Français capturent le Thorn au large du port Halifax, ainsi que trois navires faisant partie du convoi, et ramènent triomphalement leurs prises à Boston,dans ce port où eut lieu le signal de l’insurrection américaine, le 16 décembre 1773. Page N° 18 BOSTON TEA PARTY* 16 DÉCEMBRE 1773 François Joseph Paul de Grasse remporte un succès décisif à l’embouchure de la Chesapeake le 5 septembre 1781 contre la flotte du contre-amiral britannique Thomas Graves. En décembre 1781 La Pérouse escorte un convoi vers les Antilles. * Boston tea party : C’est le nom donné à la une révolte politique qui éclata à Boston, la capitale de la Colonie de la baie du Massachusetts, contre le Parlement britannique en 1773. Le 16 décembre 1773, soixante Bostoniens nommés Les Fils de la liberté grimpèrent à bord des trois navires (le Dartmouth, le Eleanor et le Beaver) costumés en Amérindiens de la tribu des Mohawks, car ils suscitaient la terreur à cette époque. Silencieusement, entre 18 et 19 heures ils ouvrirent les cales des navires et jetèrent le thé contenu dans des caisses par dessus bord, puis ils les refermèrent pour les remettre à leur place, vides. Rien ne fut volé ou détruit intentionnellement, hormis les 45 tonnes de thé, d'une valeur de 10 000 £.La Boston Tea Party fut l'un des évènements symboliques de la Révolution américaine et annonçait la Guerre d'indépendance. 1782 La Pérouse participe à l’attaque de Saint-Christophe en février 1782. De Grasse* connait un grave revers lors de la bataille des Saintes contre l’escadre de l’amiral George Brydges Rodney. La Pérouse a la chance dès le début de ce désastreux combat d’avoir eu pour mission de conduire le vaisseau Zélé à l’abri à Basse Terre en Guadeloupe, alors que l’affrontement tournait mal, les 9 et 12 BRYDGES RODNEY avril au large des îles des Saintes (le Zélé s’était retrouvé désemparé, sans mât de beaupré ni de misaine à la suite BATAILLE DES SAINTES d’une mauvaise manœuvre : De Grasse donne l’ordre à la frégate l’Astrée, commandée par La Pérouse, de le prendre en remorque et de le convoyer aux Antilles. * George Brydges Rodney, baptisé le 13 février 1718 à Walton-on-Thames et mort le 24 mai 1792 à Hanover Square, Londres, 1er baron de Rodney, a fait toute sa carrière dans la Royal Navy et la termine avec le grade d’Amiral. En 1757, il prend part à l'expédition contre Rochefort, comme commandant du Dublin (74), puis l'année suivante, sur le même navire, sous les ordres de l'amiral Boscawen à la prise de Louisbourg. En 1762, il réussit à prendre la Martinique, importante base navale française, alors que Sainte-Lucie et la Grenade se sont rendues à son escadre. De 1964 à 1980 George Brydges Rodney mène une vie compliquée qui mélange politique, carrière dans la Royal Navy et les jeux de hasard qui feront fondre sa fortune comme neige au soleil. En 1780, Rodney fut envoyé pour remplacer Byron aux Indes occidentales. Après des victoires, mais quelques revers; notamment la prise d’un important convoi par l'amiral de La Motte Piquet, il revient en 1781 à Londres reprendre des forces. Sa santé était très affectée par sa campagne aux Antilles. Rodney revient à son poste en janvier 1782, hissant sa marque sur le Formidable de 98 canons. Après un court engagement le 9 avril, il finit par affronter la flotte française, du comte de Grasse, renforcée de bâtiments espagnols, au large de l'archipel des Saintes le 12 avril 1782. Rodney écrivit alors : « En deux petites années, j'ai capturé deux amiraux espagnols, un Français et un hollandais. » Au moins six bâtiments de la Royal Navy furent baptisés HMS Rodney en son honneur, et le nom de Rodney est devenu un prénom. . Musée Maritime Nouméa©J-P Raynaud 2013 Page N° 19 1782 En 1782 après la défaite britannique à Yorktown et après la Bataille des Saintes en 1782, Louis-Philippe de Vaudreuil* remplace De Grasse*. Il se trouve sur le navire Le Triomphant à Boston, et c’est de là qu’il ordonne à La Pérouse d’attaquer les intérêts britannique au travers de la Hudson bay Compagnie en détruisant les comptoirs fortifiés situés autour de la Baie d’Hudson. Pour exécuter ce raid dont il assurera le commandement, il donne à La Pérouse la responsabilité du vaisseau le Sceptre, 74 canons (doublé de cuivre), la frégate l'Astrée, 36 canons, qu'il vient de quitter, est confié à son ami Fleuriot de Langle et une seconde frégate l'Engageante, 36 canons, au lieutenant de vaisseau de la Jaille. LA PÉROUSE DE LANGLE DE LA JAILLE Il embarque également pour cette mission le Capitaine de Monneron, du corps du génie. Ainsi que des détachements des régiments d'Armagnac et d'Auxerrois, d’un détachement du corps d’infanterie Royal-la-Marine et un détachement des Canonniers Bombardiers de Saint DomingueIl a fallut préserver le secret de cette TERRITOIRES ET BLASON DE LA HUDSON BAY COMPAGNIE expédition dans des Antilles remplies d'espions. De plus, le créneau nautique pour pénétrer dans la baie d'Hudson est très court entre la débâcle des fontes des glaces et les grands froids. Et les cartes marines sont très D’AUXERROIS D’ARTILLERIE DES COLONIES D’ARMAGNAC ROYAL-LA-MARINE insuffisantes, bien que l'on connaisse la forme générale de la baie puisqu’elle faisait partie autrefois de la Nouvelle France maintenant terre britannique. Les préparatifs de cette expédition sont terminés. Le 31 mai, et La Pérouse sort de la rade du Cap Haïtien, à St Domingue, sur le vaisseau le Sceptre, avec les frégates l'Astrée, et l'Engageante. Le 3 juillet les trois bateaux passent le Labrador dans les icebergs. Le 17 juillet La Pérouse arrive au niveau de l'île de la Résolution, située au milieu de l'entrée du détroit d'Hudson, et pénètre dans ILE DE BAFFIN le détroit. Quoique l'été fût avancé les glaces fermèrent 23 JUILLET rapidement le passage. Des interstices se formèrent ceILE DE LA RÉSOLUTION RÉGIMENT RÉGIMENT RÉGIMENT 17 JUILLET CORPS ROYAL NAVIGATION ENTRE LES ICERBERGS 3 JUILLET 31 MAI 1782 pendant à plusieurs reprises, et les navires purent s'engager. Des brumes épaisses viennent augmenter les dangers et les difficultés de la navigation : il est facile de perdre les autres. Les navires restèrent pendant plusieurs jours sans pouvoir faire route. Le 23 juillet les hommes sont à terre sur l'île de Baffin, ils rencontrent les Esquimaux et font du commerce pour acquérir des fourrures et de l'habillement chaud. Puis ils naviguent dans la Baie d'Hudson vers le sud-ouest.. * Voir page 18 Musée Maritime Nouméa©J-P Raynaud 2013 NAVIGATION DANS LE BROUILLARD Page N° 20 Enfin, le 8 août au soir, La Pérouse vient mouiller devant le fort Prince de Galles, situé à l'embouchure de la rivière Churchill, qui se trouve sur la côte occidentale de la baie. Le fort se rend à la première sommation. Le commandant du fort, Samuel Hearne, est fait prisonnier, le navire Le Serven qui mouillait dans la Baie est saisi et le fort détruit. La Pérouse, Pérouse avec son escadre quitte alors la rivière Churchill et met les voiles vers le sud. FORT PRINCE DE GALLES ATTAQUE DU FORT PRINCE DE GALLES Il s'empare avec la même facilité du fort d'York dont il connaît les détails concernant le contingent militaire, les armements et munitions. Fort d'York, (ou YorkFactory) s'était autrefois appelé le fort Bourbon, et avait appartenu à la France, il le détruit également. Il y avait 3 autres forts au fond de la baie d’Hudson ; Les forts Albany, Charles et Rupert. On trouve des indices indiquant que La Pérouse, devant la facilité avec laquelle il a investi et détruis les 2 premières places fortes a continué sa mission contre les intérêts britanniques. Par contre il ne détruisit pas les 3 derniers bastions britanniques : Il a simplement confisqué les fourrures en laissant vie sauve aux occupants. Il est rapporté qu’un journal manuscrit britannique a été trouvé par La Pérouse lorsqu'il s'empare de Fort Albany (Titre : Un voyage au Fort du Prince de Galles dans la baie d'Hudson vers l’extrême nord de l'océan de Samuel Hearne*). Le manuscrit fût remis aux britanniques à conditions qu'il soit publié. De même, on signale la frégate l'Engageante à proximité du fort Rupert. *Samuel Hearne : Il a d’abord commencé sa carrière sur les navires de l’Hudson Bay Company. Puis a exploré le grand nord canadien de 1769 à 1772. En 1775, Hearne est promu au poste de commandant du Fort Prince of Wales, le plus important et le plus solide poste de traite de la Compagnie. Mais il sera célègre grâce à son odyssée qui demeure l'un des périples terrestres les plus étonnants de l'histoire de l'Amérique du Nord et a rarement, voire jamais, été égalée. Au total, Hearne a parcouru plus de 5 600 kilomètres (3 500 milles). Il fut le premier homme blanc à atteindre l'océan Arctique en passant par le continent. Il décède en Novembre 1792, mais le Manuscrit saisi, puis restitué par La Pérouse et retravaillé par Hearne ne sera publié pour la 1ére fois à Londres que trois ans après sa mort. SAMUEL HEARNE Musée Maritime Nouméa©J-P Raynaud 2013 Page N° 21 . Le 1 septembre 1782, La Pérouse met cap au nord avec ses 3 navire et le Serven qui ramène les prisonniers et Samuel Hearne. Il passe le travers sur du Gröenland le 12 septembre et le Serven est autorisé à mettre le cap pour le port de Stromness, en Ecosse. La Pérouse avec le Spectre et l’Engageante fait route avec de La Jaille vers Cadix*, en Espagne. Quant à De Langle il rentre directement à Brest avec l’Astrée. TRAVERS DU GRÖENLAND 12 SEPT BAIE D’HUDSON 1ER SEPT PORT DE STROMNESS LE SERVEN L’ASTRÉE LE SPECTRE L’ENGAGEANTE PORT DE BREST 15 OCT PORT DE CADIX 13 OCT Les marins et militaires Français sont épuisés, et ont beaucoup sont malade du scorbut Cette opération fait douter les britanniques qui se sentent vulnérables et leur coute des milliers de livres et la récolte des fourrures. Quand à La Pérouse qui n’avait plus à démontrer ses qualités militaires, tant il avait fait la preuve de son courage et d’un grand sens de la stratégie lors de ses différentes campagne de guerre antérieures. Il a montré que ses qualités ne s’arrêtent pas là : Il a été remarqué lors de cette expédition pour ses capacités de navigation exceptionnelles, et une pour sa grande humanité (il a laissé aux anglais, armes et nourritures, pour ne pas mourir de faim et de froid, lors de l'hivernage). Le bilan global est plus contestable; Si la réussite sur les plans militaire et polilitique est incontestable, presque cent hommes sont morts sur les trois bateaux en exécutant leur devoir. **Cadix : La ville de Cadix qui a également porté les noms de Gadès, Gadir et Didýme l’une des plus ancienne cité d'Occident. Son histoire trimillénaire est portée par une situation géographique unique entre Europe et Afrique mais aussi entre Atlantique et Méditerranée. La tradition classique situe la fondation de la Cité par les Phéniciens entre le XIIe et le XIe siècle av. J.-C. De 700 av. J.-C. à 600 av. J.-C. la ville est un riche marché où s'échange ambre et étain. Les Carthaginois s'emparèrent de la ville en 501 avant J.-C. Elle devient romaine quand, assiégée par Scipion l'Africain, elle se rend en 206 avant J.-C. pendant la 2éme guerre punique. Les Grandes Invasions "barbares" provoquent la chute de l'Empire romain et la ville de Cadix est détruite au Ve siècle. Au printemps 711, Tariq ibn Ziyad commence la conquête de la péninsule et prend rapidement Algésiras et Cadix. Le 19 juillet 711 se déroule la bataille du Guadalete aux abords immédiat de la baie de Cadix. Les Omeyyades triomphent des Wisigoths. C’est l'avènement d'Al-Andalus(Péninsule ibérique et LanguedocRoussillon). Cadix rebaptisé Qadis est reconstruite par les maures. En 858, elle est pillée par le chef viking Hasting. Puis Alphonse X, roi de Castille et de León, reprit la ville en 1262. ARRIVÉE DANS LE PORT DE CADIX C’est alors que la ville devint une des plus riches d'Europe. Mais Cadix fit face à des nombreuses attaques anglaise en 1587 et 1596 et, au cours du siècle suivant, Cadix fut attaquée par les britanniques à 3 reprises. La ville compte aux XVIIe et XVIIIe siècles une importante communauté française et les commerçants français établis à Cadix et Séville travaillent pour les négociants étrangers, spécialement anglais (Ce qui explique peut-être le choix de cette escale par : Il a des peaux prises aux anglais plein les cales !). Le Règlement du commerce libre de 1778 décidé par Charles III met fin au monopole espagnole du commerce avec l'Amérique détenu depuis la fin du XVIIe siècle par le port de Cadix. Musée Maritime Nouméa©J-P Raynaud 2013 Page N° 22 1783 Après avoir envisagé de quitter Éléonore, ce que souhaitaient ses parents (Monsieur de Galaup, le père de Jean-François, qui ne peut comprendre que son fils se soit entiché d’une gamine ayant quinze ans de moins que lui et qui n’est pas de la noblesse), il finit par l’épouser, le 8 juillet 1783, secrètement à Paris. Après avoir proposé à celle qu’il avait promis d’épouser de reprendre sa parole, il décide devant le désarois d’Eléonore, de respecter la sienne donnée à l’Ile de France. La Pérouse et son épouse s'installent à Albi dans une maison achetée rue de l'École Mage, à 2 pas de la Cathédrale, (aujourd’hui rue Toulouse Lautrec). Il a 42 ans et Eléonore 28. À cette occasion, La Pérouse est forcé de demander à son père son émancipation par manumission, comme au Moyen Âge, car le droit d'Ancien Régime en fait toujours un mineur incapable de se marier et d'acheter des biens im- ELÉONORE RUE DE L'ÉCOLE MAGE, ALBI Son rôle dans la guerre d'indépendance américaine vaudra à La Pérouse de faire partie de la très sélect et fermée Société de Cincinnati qui réunit tous ceux qui ont joué un rôle déterminant dans la création des Etats-Unis. La Médaille de Cincinnatti a été crée en 1783 et destinée aux Officiers supérieurs américains et français ayant participé à la guerre d’indépendance. La création de la Société française a été autorisée par le Roi Louis XVI le 18 décembre 1783. MÉDAILLE DE SOCIÉTÉ DE CINCINNATI LA PÉROUSE PORTANT LES MÉDAILLES DES ORDRES DE ST LOUIS ET DE CINCINNATI