En sécurité sous la cagoule
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En sécurité sous la cagoule
Gros pl an Pro duct io n En sécurité sous la cagoule Mort dans les flammes ? La réalité est souvent plus sobre que les gros titres des journaux. En effet, davantage de personnes décèdent à cause des Gaz DE combustion qu’à cause du feu lui-même. depuis 30 ans, la cagoule d’évacuation incendie Parat c protège contre ces gaz et leurs dangers souvent mortels. Découpée sur mesure, la visière est ici cousue. 42 F_42-45_Schulterblick_ParatC_SP_25_08.indd 42 rEVuE drÄGEr 3 | octobrE 2011 06.09.11 11:43 É D-111122-2011 Elle protège des gaz d’incendie... Certains de ses collègues, tels que Willi Meß, technicien de fabrication, se rappellent encore exactement le développement de cette cagoule : « À la fin des années 1970, la région de Schleswig-Holstein a connu une série d’incendies dans des hôtels. De nombreuses personnes sont mortes, asphyxiées par la fumée. » Mais les incendies dans les hôtels ne sont bien sûr pas un phénomène limité à l’Allemagne. Cela se produit régulièrement : le 23 juin 2000, 18 jeunes backpackers sont morts dans un incendie en Australie. Le plus grand danger ne provient cependant pas des flammes, comme cela est parfois suggéré. Près de 85% des victimes perdent connaissance dans des cages d’escaliers enfumées, souffrent de séquelles liées aux gaz de fumée ou meurent par l’effet de gaz d’incendie dangereux tels que le monoxyde de carbone. La cagoule d’évacuation incendie protège pendant au moins 15 minutes de ces gaz, des fumées REVUE DRÄGER 3 | octobRE 2011 F_42-45_Schulterblick_ParatC_SP_25_08.indd 43 la cagoule soit portée par un top-model ou un sumo. La promesse « Une pour tous » ne peut être tenue que grâce à une construction bien pensée et un choix de matériaux ciblé. ...et même des jets de flammes D-111123-2011 tonnée, elle lève les yeux de la machine à coudre industrielle : « Combien de temps dure cette aiguille ? Quelques semaines au moins! » Ensuite, Regina Rexin retourne à sa tâche, consistant à coudre une grande visière en plastique dans une cagoule rouge à l’aide de fil aramide haute résistance. « Ce n’est qu’une parmi les nombreuses étapes de la fabrication de notre cagoule d’évacuation incendie », explique Christoph Figur, chef d’équipe et responsable d’un résultat de production annuel à 6 chiffres pour cette protection efficace contre les incendies et les gaz de combustion. D-111124-2011 Christoph Figur dirige la production. Parat C : cette cagoule protège près d’un quart d’heure contre les gaz toxiques. et des particules en suspension dans l’air ambiant, ce qui suffit généralement pour sortir par les issues de secours. Même si ce sont les incendies dans les hôtels environnants qui donnèrent à Dräger l’idée de développer le Parat C, les clients actuels sont généralement issus du secteur industriel, notamment du domaine (pétro-) chimique, du pétrole et du gaz. Mais la cagoule contribue également à la sécurité des pompiers, dans les cliniques et les maisons de retraite. Pour un équipement pouvant sauver une vie, le Parat C terminée est étonnamment simple en apparence. Mais comme c’est souvent le cas, cette apparente simplicité cache de nombreuses idées, développements technologiques et astuces de fabrication. Willi Meß explique le travail continu effectué sur la cagoule : « En cas d’incendie, on est stressé. C’est pour cela que la cagoule doit surtout être facile à mettre. » Et les exigences sont multiples. Ainsi, la cagoule doit être adaptée aux porteurs de lunettes et aux enfants autant qu’aux adultes. Le masque intérieur et la collerette doivent être étanches, que Cela se voit particulièrement si l’on observe la production, de la découpe du plastique jusqu’à la préparation du produit fini pour l’expédition. La cagoule elle-même est en fibres de polyéthersulfone (PES). Cette matière plastique particulièrement robuste résiste aux produits chimiques et est aussi utilisée dans la construction aéronautique pour répondre à des contraintes mécaniques et thermiques élevées. De plus, la PES est ignifuge et présente une viscosité de fusion élevée. Cela protège non seulement en cas d’étincelles, mais assure aussi une résistance de plusieurs heures à un jet de flamme de 850°C. Ce tissu est revêtu de PVC orange vif sur le côté extérieur du masque, bien visible même dans la fumée. La visière est en propionate de cellulose, un plastique transparent et résistant, à la plage de température de service élevée et qui se caractérise en outre par une certaine capacité d’absorption d’eau. Un revêtement anti-buée appliqué des deux côtés de la visière évite en plus la formation de buée de condensation due à la sueur. La production compte presque exclusivement des femmes parmi ses employés. « La fabrication de la cagoule nécessite beaucoup de travail manuel », explique M. Figur. Ainsi, ni les travaux de couture de la visière et encore moins ceux pour > 43 06.09.11 14:13 Gros pl an Pro duct io n la cagoule doit être étanche au niveau du cou : pour toutes les encolures, de la de taille 37 à 50 > la jonction des deux parties de la cagoule pour former un produit en 3 dimensions ne peuvent être automatisés : « C’est une question d’habileté manuelle ! » Cela vaut également pour la couture de fixation de la collerette. Elle est constituée d’une large bande de coton, agréable au contact de la peau et absorbante, que des fils élastomères intégrés rendent très extensible et donc extrêmement adaptable en terme de taille : la bande de 370 mm peut s’étendre jusqu’à 980 mm. 370 mm correspondent à une taille de col de 37, les tailles de vêtement normales se terminant à 50 (tour de cou de 500 mm). « Mais la tête entière doit pouvoir passer lorsque l’on met la cagoule, menton en premier » explique Christoph Figur. « Ensuite, elle doit être étanche au niveau du cou, quel qu’il soit. » La production est organisée selon le principe de la division du travail. Certaines étapes sont hautement spécialisées et exigent une longue initiation. Pour les étapes plus longues, les postes de travail sont doublés, afin d’assurer un flux constant de matériau, dirigé en fonction de la consommation via des procédures de stock d’alerte. Les étapes terminales sont particulièrement complexes. Tout d’abord, la mise en place de la manchette en caoutchouc, assurant l’étanchéité du demi-masque couvrant la bouche et le nez dans la partie intérieure, de façon universelle pour tous les utilisateurs. Ce demimasque, se plaçant automatiquement dans la bonne position lorsque l’on enfile la cagoule, accueille un filtre respiratoire performant à l’extérieur de la cagoule. « Il s’agit de notre filtre combiné CO-P2 44 F_42-45_Schulterblick_ParatC_SP_25_08.indd 44 contre les gaz de combustion », explique M. Figur au sujet de cette protection, notamment contre le monoxyde de carbone et les particules. Le filtre, qui ne protège pas uniquement du sulfure d’hydrogène, est encastré hermétiquement dans la manchette et est solidement connecté au masque par un collier de serrage. « Cela assure une surface d’étanchéité de 360 degrés et la fixation est réalisée à l’aide d’une pince pneumatique avec une force dosée à 2400 Newton précisément », explique M. Figur. Des pinces cousues à la cagoule fixent les deux extrémités de la bride de fixation de tête, qui maintient solidement la cagoule quelle que soit la forme de la tête. autrefois, les cagoules séchaient sur une corde à linge Pour le stockage, le filtre est fermé hermétiquement des deux côtés à l’aide de bouchons obturateurs lui permettant de résistant aux vapeurs d’eau. La durée de vie totale de la cagoule est de 12 ans. Le plomb de sûreté est appliqué de façon à être facilement vérifiable et à s’enlever quasiment de lui-même lorsque la cagoule est déballée. Ce n’est pas par hasard que ce concept rappelle la corde de déclenchement automatique des parachutes, assurant également la sécurité de personnes en état de stress. « Autrefois, » se souvient le pionnier des cagoules d’évacuation incendie Willi Meß, « nous accrochions les cagoules à des cordes à linge pour les sécher dans des fours à 80°C et nous les scellions ensuite dans des pochettes plastiques. La méthode actuelle avec des bouchons obturateurs en caoutchouc a permis de faire passer le délai de stockage de 3 à 6 ans. » Le fait que le filtre s’insère de façon télescopique dans le demi-masque, économisant de la place pour l’emballage, est un détail datant également des débuts du Parat C. Les ouvertures latérales du masque accueillent en plus la valve d’expiration, facilitant la respiration et protégeant le filtre de l’humidité. « Pour la mise en place, nous écartons l’ouverture à l’aide de 2 mandrins. Car si l’on fait cela 500 fois par jour sans outil, cela use les muscles, les tendons et les articulations », précise Christoph Figur. La cagoule d’évacuation incendie est maintenant pratiquement terminée. Mais ses emballages différents en fonction de l’utilisation font partie de la production, car c’est également là qu’est fixée la « bande d’ouverture » pour rompre le scellement du filtre. Le Parat C a fêté ses 30 ans en milieu d’année 2011. Il a été vendu à près d’un million d’exemplaires. Même si les premiers exemplaires sont d’apparence quasiment identiques aux versions actuelles, les nouveaux matériaux les ont constamment allégés et rendus plus sûrs. Le processus de production également a connu une optimisation constante, maintenant le prix du Parat C à un niveau raisonnable. Christoph Figur en est convaincu : « Grâce à ce soin continu apporté au produit, cette cagoule contribuera à sauver et à protéger la santé de nombreuses personnes dans les prochaines 30 années à venir. » nils schiffhauer La suite sur internet, entre autres sous : informations produit www.draeger.com/3/paratc rEVuE drÄGEr 3 | octobrE 2011 06.09.11 14:13 D-111125-2011 D-111127-2011 D-111126-2011 Les découpes rouge vif des futures cagoules d’évacuation incendie s’empilent comme chez un fabricant textile. D-111129-2011 D-111128-2011 La liaison avec l’extérieur se fait par le filtre, qui est soigneusement adapté et contrôlé lors de ces étapes de production. Il faut de la force pour fixer hermétiquement le filtre à la cagoule : des machines (à droite) allègent le travail des employées. REVUE DRÄGER 3 | octobRE 2011 F_42-45_Schulterblick_ParatC_SP_25_08.indd 45 45 06.09.11 11:43