Vrac Vinyl - Friendship First

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Vrac Vinyl - Friendship First
ARNOLD TURBOUST :
Toute Sortie Est Définitive
CD Encore Merci © 2007 (36’57”)
Quelques Notions De Géométrie Plus Tard /
Hillary / French Letters / Varouna / La Pompadour / D’Un Côté Comme De L’Autre / L’Espace D’Un Instant / Avec Les Yeux, Avec La
Bouche / D’Août à Août / Platonique / Toute
Sortie Est Définitive.
Il y a d’autres façons d'imaginer la chanson
que la restreindre à seulement deux types,
celle dite à paroles dont la musique n'est bien
souvent que le porte fardeau, ou à l'opposé,
une forme plus musicale, la chanson à voix,
mais qui n’est alors que le support de propos
dégoulinants.
Notre homme à choisi lui les chemins de traverses, avec une Pop légère où les mots font
sonner la mélodie. Longtemps homme de
l’ombre d’Etienne Daho, avec qui il écrit
Tombé Pour La France, Pop Satori, ou
encore Epaule Tatoo, il expose parcimonieusement ses propres chansons à nos oreilles.
Cela fait du bien d’avoir enfin des nouvelles
d’Arnold le bienheureux, que l’on imagine
vivant caché dans un manoir de sa Normandie natale.
26
Il connut en son temps (1986) un succès
public avec Adélaïde, en duo avec Zabou, et
il le rappelle lui-même avec humour, dans la
chanson d’introduction de son album
“Quelques notions de géométrie plus loin, j’en
suis toujours au même point”. Prendre cette
remarque comme un sentiment d’échec serait
un non-sens. Non, l’homme est plutôt fier de
son terroir qu’il cultive loin de la grosse cavalerie de la variété hexagonale. En ces temps,
où la fuite en avant et le besoin de rentabilité
immédiate font perdre la tête à certains, c’est
plutôt rassurant.
Puis d’expériences en expériences, il a su
passer de Brigitte Fontaine à Sylvie Vartan,
une belle prouesse lorsque l’on connaît les
univers des deux chanteuses. Souvent Pygmalion, il habilla Tess, Lina, Clémentine et
dernièrement Cédric Atlan pour qui il compose Aparté Pop.
Vrac
Vinyl
La Pompadour, chanson, la plus évidente de
ce nouvel album, nous rappelle que, sous son
“règne”, l’Elysée était dédié à d’autres plaisirs ! Mélodie évidente, et chute qui nous
ramène à la comédie du pouvoir actuel.
De Lady Hillary en Correspondante Etrangère, d’amour Platonique, ou plus osé Avec
Les Yeux, Avec La bouche, il promène des
sentiments discrets, assaisonnés d’une pointe de dérision.
Sous ses réminiscences de Lovin Spoonful,
la chanson finale, Toute Sortie Est Définitive, résume on ne peut mieux sa philosophie :
“Moi je cultive l’art de l’esquive,
Puisque que toute sortie est définitive,
Moi j’enjolive les perspectives
J’ai tout le temps d’attendre
de me sentir poussé - vers la sortie”
Son nouvel album sortira le 26 avril. Vous
pouvez déjà goûter une de ces chansons, sur
Internet : www.arnoldturboust.com
Christian ZURBACH - 30/03/07
JJ CALE & ERIC CLAPTON :
The Road To Escondido
CD Reprise 9362-44418 © 2006 (57’12”)
Danger / Heads In Georgia / Missing Person /
When This War Is Over / Sporting Life Blues /
Dead End Road / It’s Easy / Hard To Thrill /
Anyway The Wind Blows / Three Little Girls /
Don’t Cry Sister / Last Will And Testament /
Who Am I Telling You ? / Ride The River.
On l’avait rêvé, ils l’ont fait. JJ Cale (cf. Vinyl
44 p.25) ET Eric Clapton ensemble !
Rappelons que le premier, réputé pour sa
nonchalance, fut exposé en vitrine au grand
JJ Cale (69 ans) & Eric Clapton (62 ans).
Les “papys” font de la résistance...
VINYL n°58 • Mai - Juin 2007
public grâce à After Midnight issu de son
premier LP confidentiel en 1972, titre immortalisé par le second peu de temps après (il lui
placera ensuite Cocaine sur orbite). Ce qui
explique sans doute la double signature de
cet album pourtant essentiellement composé
et interprété par JJ Cale seul (onze titres sur
quatorze). Un retour à l’envoyeur qu’il aurait
aussi bien pu intituler “Gratitude” !
Que dire enfin de Clapton, instigateur du
“blues blanc” (ou british blues) au début des
années 60, co-fondateur du formidable et
éphémère groupe Cream (3 albums d’anthologie), guitariste hors-pair, copain de George
Harrison - à qui il piquera la femme, et légende vivante surnommé “God” par tous les afficionados de la 6 cordes ?
Que font donc le Dieu et le Fainéant lorsqu’ils
se retrouvent autour d’un Jack Daniel’s ? Ils
sortent les guitares et nous rappellent avec
plaisir qu’on “savait faire de la musique en ce
temps là”, bienheureuse époque où quelques
cordes bien maîtrisées donnaient mille fois
plus de frissons que ces sons gérés par informatique qui nous déforment irréversiblement
les oreilles aujourd’hui. Un voyage de plus de
cinquante minutes où personne ne cherche le
tube-qui-va-cartonner (y’en a pas, la seule
plage que l’auditeur un peu instruit identifiera
est Don’t Cry Sister, single extrait du LP “5”
de JJ en 1979), mais que l’on déguste comme
un very very long long drink offert par deux
sexagénaires n’ayant rien à prouver, sauf ce
plaisir de jouer ensemble.
Plaisir communicatif auquel participent de
nombreux instrumentistes dont le talent est,
une fois encore, inversement proportionnel à
leur reconnaissance médiatique (à mon avis,
ils s’en foutent !), parmi lesquels il me faut
citer l’organiste Billy Preston - disparu entretemps - proche des Beatles (ensemble ou
séparément) et Christine Lakeland, fidèle lady
de JJ Cale.
A recommander pour ton meilleur hamac prévacances. Pour infos complémentaires, visiter jjcalemusic.com ou ericclapton.com, par
exemple. Y’en a sûrement d’autres...
Robin RIGAUT - 05/07