Cannes à l`épreuve des données

13 mai 2015
Cannes à l’épreuve des données
1946-2015 : rétrospective du Festival de Cannes
Par Emmanuel Frot, Vice-président Data de Microeconomix
Le Festival de Cannes concentre une attention médiatique exceptionnelle et conserve une
aura dont aucun autre festival cinématographique ne peut se prévaloir. Cette visibilité
entraîne son lot de critiques et de clichés plus ou moins étayés : la sélection serait trop
française, trop masculine, aurait ses réalisateurs favoris toujours présents, consacrerait des
films rarement plébiscités par le public, etc.
Qu’en est-il vraiment ? Le cabinet d’analyse économique Microeconomix propose de
confronter ces critiques aux données historiques du Festival pour éclaircir le débat.
Les statistiques présentées reposent sur des données collectées sur le site officiel du Festival
de Cannes qui recense de manière exhaustive les sélections passées, les récompenses
attribuées, ainsi que la composition des jurys depuis 1946. Ces données permettent de
dresser un portrait de l’évolution du Festival depuis sa création.
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Une compétition officielle de plus en plus française ?
Le festival de Cannes est un festival international. Cependant à chaque édition réapparaît le débat de
la représentation des films français, la plupart des observateurs s’accordant à souligner la surreprésentation du cinéma hexagonal.
Cette critique récurrente apparaît justifiée au regard du renforcement de la présence des films
français au sein de la compétition officielle depuis 1946.
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Depuis la création du festival, cette proportion a, en tendance, constamment augmenté. Dans les
années 1950 – 1960, elle plafonnait à moins de 10 % alors qu’elle se situait ses dernières années audelà de 15 %. La sélection en compétition officielle, celle qui attire le plus d’attention, affiche un
nouveau record en 2015 puisque la proportion dépasse les 25 %. Un film sur quatre y est français
cette année.
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Un festival de moins en moins ouvert ?
La compétition officielle du festival de Cannes est parfois critiquée pour sa capacité à sélectionner,
de manière récurrente, les mêmes réalisateurs. Ce sentiment reflète-t-il la réalité ? Le graphique
suivant présente, pour chaque année depuis 1946, le pourcentage de réalisateurs sélectionnés en
compétition officielle pour la première fois.
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Le pourcentage de « nouveaux » réalisateurs diminue progressivement depuis la création du festival
en 1946. C’est naturel les premières années du festival où, par définition, tous les réalisateurs
participaient pour la première fois. Il est plus troublant de constater que cette tendance se poursuit
depuis plus de 60 ans. Dans les années 70, environ 60 % des réalisateurs étaient présents pour la
première fois en compétition officielle sur la Croisette. Depuis 2010, cette proportion peine à
dépasser les 40 %.
La sélection officielle de l’année 2009 est la plus marquante de ce point de vue puisque seulement
une réalisatrice (Isabel Coixet) était présente pour la première fois en compétition officielle.
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Un festival trop masculin ?
Autre critique récurrente, les femmes seraient trop peu présentes au sein de la sélection du Festival
de Cannes. Une seule d’entre elles – Jane Campion – s’est en outre vue décerner la Palme d’Or, il y a
maintenant 12 ans. La 65ème édition du Festival en 2012 s’était même caractérisée par l’absence
totale de réalisatrices en compétition, causant un certain émoi.
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La compétition officielle compte au plus trois réalisatrices (par exemple en 2011) mais en général une
ou deux, voire aucune. La sélection reflète la féminisation de la profession mais cette évolution est
lente.
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Des réalisateurs présents à chacun de leurs films ?
Certains réalisateurs sont-ils des privilégiés de la compétition officielle ? La sélection officielle de
2015 montre que, si certains réalisateurs voient en effet un nombre important de leurs films
sélectionnés, il existe souvent un écart important entre la taille de leur filmographie et leur nombre
de sélections en compétition officielle. La sélection 2015 confirme par ailleurs la tendance de la
sélection à regrouper des habitués de la Croisette, deux d’entre eux ayant même déjà remporté une
Palme d’Or.
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La figure ci-dessous le confirme en présentant la proportion de films de chaque réalisateur de la
compétition officielle en 2015 ayant été déjà sélectionnés dans cette même sélection dans le passé.
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La sélection regroupe ainsi des habitués de Cannes, comme Paolo Sorrentino dont 60 % des films ont
été présentés en compétition officielle ou Jacques Audiard et des personnalités plus rares, comme
Guillaume Nicloux ou Denis Villeneuve.
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Un jury d’habitués ?
Le Festival de Cannes possède ses réalisateurs fétiches qui passeront souvent de la sélection au jury.
Faut-il avoir été sélectionné pour espérer faire un jour partie du jury de la compétition officielle ? En
grande partie et de plus en plus. En effet dans les années 1960-1970, à peu près la moitié des
membres avait déjà été présente sur la Croisette. Cette proportion atteint aujourd’hui en moyenne à
peu près 80 % et est au minimum de deux tiers, comme cette année.
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Des films moins populaires ?
Le Festival de Cannes consacre des films d’auteurs dont le succès en salle est plus ou moins modeste.
Cette tendance est de plus en plus marquée depuis 1975. Lorsqu’on mesure le nombre d’entrées
moyen des cinq dernières Palmes d’Or, il apparaît que cette moyenne est de plus en plus faible. Elle
est passée depuis 2009 en dessous de la barre du million d’entrées.
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Pour tout complément d’informations et/ou demande d’interview, merci de contacter :
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Yaëlle BESNAINOU / [email protected] / 01 44 82 66 75
A propos de Microeconomix
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expertise statistique et économétrique de haut niveau et des compétences pointues en matière de
modélisation et de conception d’outils informatiques, Microeconomix permet aux entreprises
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Fondé en 2002 par François Lévêque, professeur d’économie à Mines ParisTech et dirigé par Gildas
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