Amiens - Association CARDAN
Transcription
Amiens - Association CARDAN
Amiens bulletin d’information populaire brigade d’intervention poétique n°6 La découverte d’Amiens par un groupe d’habitants. Édité par l’association Cardan d’Amiens. Et tout un quartier prend vie À l’ouest de l’agglomération amiénoise, construit entre Montières et Dreuil sur d’anciens marécages de la Somme, le quartier d’Étouvie est un grand ensemble d’immeubles collectifs. À partir de 1957, on a pu voir le premier bâtiment sortir de terre. Qui sommes-nous ? Les rédacteurs de bip-bip se présentent tour à tour Bruno Denis Amiens, quartier Nord bip bic Je m’appelle Bruno Denis, je suis au «Cardan depuis quelques mois maintenant. J’apprends à lire et à écrire. Je fais partie de la rédaction du Journal bip bip pour en apprendre plus sur la ville d’Amiens. Quels quartiers ont été détruits pendant la guerre et comment était la vie avant, ça m’intéresse. Ma mère m’a raconté des choses déjà sur l’histoire de ma ville, mais j’aimerais en savoir plus. + Petit poème d’Isabelle + » Cette chère Étouvie Qui sourit à la vie Elle nous accueille Et nous recueille On va, on vient On joue les malins Mais on y revient On s’y sent tellement bien Des magasins disparus Dans le quartier ont réapparu Ils ont été rénovés À notre vue extasiée Pas de sens interdit Seuls les rires des enfants Sont un enchantement Sous la pluie, on ouvre son parapluie Refrain Étouvie coquin Nous prend par la main Étouvie coquin Il est très fort ! Bordé par la Somme et ses étangs au nord et par la rocade de l’A16 à l’ouest, le quartier d’Étouvie se trouve excentré, à la périphérie ouest d’Amiens. Photo CRDP Picardie L’offre de logement est faible suite aux destructions de la guerre. Le choix d’immeubles en hauteur répond, dans les années 60 et 70, à la nécessité de loger une population rurale, en augmentation rapide, qui émigre vers la ville avec l’industrialisation. Le quartier ne comporte que des immeubles collectifs bâtis au moindre coût, mais avec des logements au loyer modéré comportant tous les éléments de confort. À proximité d’un espace industriel important, le quartier rassemble près de 8 000 habitants : c’est une ville dans la ville. Ce quartier excentré se situe à environ quatre kilomètres du centre-ville d’Amiens. Cette distance, synonyme d’enclavement et d’isolement par rapport au reste de l’agglomération amiénoise, a été perçue dès l’époque de sa création. À Étouvie, les immeubles sortent de terre régulièrement jusqu’en 1977. Le nombre de logements construits a été multiplié par quatre, sans que les équipements, commerciaux ou publics, ne se multiplient au même rythme. Pour faire leurs courses, les habitants d’Étouvie devaient parcourir plusieurs kilomètres. Il aura fallu attendre vingt ans pour voir surgir un centre commercial à la mesure de la cité, dans l’immeuble appelé « Les Coursives ». Aujourd’hui, le centre commercial est fermé pour cause de détérioration. D’autres petits commerces ont vu le jour ici et là, notamment à l’ancienne place de la « tour bleue ». > Les Coursives, barre d’immeuble de 200 mètres de long, accueille une galerie commerciale et 462 logements. La petite Venise du Nord… à découvrir en barque Tout près du parc Saint-Pierre, vous trouverez des jardins uniques en leur genre. Les hortillonnages1 d’Amiens sont en quelque sorte la Venise du Nord de la France : un réseau de 65 km de canaux parcourant de vastes étendues de jardins où la culture maraîchère2 existe depuis des siècles. Un site remarquable réparti sur quatre communes : Amiens, Camon, Longueau et Rivery. La qualité de la terre (sol argileux composé de tourbe), en fait un haut lieu de la culture maraîchère en Picardie. Les hortillonnages sont cultivés depuis environ 2 000 ans. Un millier de personnes vivaient de la culture maraîchère des hortillonnages en 1900. Aujourd’hui, il ne reste qu’une dizaine d’exploitations en activité. Les récoltes sont toujours vendues au marché sur l’eau le samedi. Les particuliers peuvent aussi posséder une parcelle au cœur de ce site. De nombreux Samariens y sont même résidents à l’année. En 2015, on compte plus de 300 hectares de jardins traversés pas les bras de la Somme, au cœur de la cité amiénoise. C’est en 1975 que l’Association pour la protection et la sauvegarde du site et de l’environnement des hortillonnages a été créée. Elle fut reconnue d’utilité publique en 1991. L’association œuvre pour sa mise en valeur et pour la protection du site. Des visites en barque sont proposées au départ du 54 boulevard de Beauvillé. (1) Le terme hortillonnage dérive du nom hortillon, terme picard utilisé dès le XVe siècle et issu du latin hortellus, petit jardin. (2) Le maraîchage, que l’on appelle aussi horticulture maraîchère, consiste en la culture professionnelle de légumes à usage alimentaire. C’est ce caractère professionnel qui le distingue du jardinage. La tour bleue, l’emblème d’Étouvie Elle a été construite en 1962 pour accueillir les cadres (les gens qui gagnent bien leur vie), et qui travaillaient dans les zones industrielles de Montières et d’AmiensNord. Pour l’époque, elle possédait tout le confort moderne (salle de bains, W.-C.). Dans les années 90, les pouvoirs publics décident de la détruire. À partir de 2000, la tour a commencé à se dépeupler. En 2004, les derniers habitants quittent la tour pour d’autres logements. Alors qu’elle est vide depuis quatre ans, un personnage fictif, Bleuette Delatour, crée par des habitants, en lien avec l’équipe du CSC d’Étouvie, anime l’immeuble. Elle devient la mascotte du quartier et l’ambassadrice des habitants. La tour a été détruite le 29 juillet 2010. 1 1 – Un bâtiment plus modeste remplace la tour bleue place des Provinces françaises. 2 – La tour bleue avec au premier plan un débris de maçonnerie et son parement de mosaïque bleue (montage illustrationphoto). 2 Qu’en ditesvous ? Comment vit-on à Étouvie ? J’ai habité cinq ans à Étou- Depuis que j’habite dans ce quartier, il y a eu vie. Mon appartement se de nombreux changements : il y a eu la démosituait en face du pont qui lition de la tour bleue, les réaménagements de reliait les coursives. À cet beaucoup d’appartements (isolation thermique endroit il y avait des logements avec différentes et sonore) et la suppression des magasins des catégories sociales. C’était un immeuble po- coursives. pulaire. La population était mélangée et ça se Dorothée passait très bien. Une fois, en sortant de l’école, alors que mon aîné était contrarié pour une rai- • J’habite le quartier d’Étouvie depuis juin 1988. son que j’ai oubliée, il était parti en courant. Tous Une amie y habitait, alors je suis venue pour être les enfants s’étaient mis à courir pour le rattra- près d’elle. À l’époque, il y avait beaucoup de per. Après quelques minutes, ils étaient revenus magasins. Aujourd’hui, à cause de la fermeture avec mon fils. Il y avait une vraie sodu centre commercial des coursives, lidarité. Mes enfants ont pleuré quand « Il y avait une on doit aller faire nos courses à Interon est parti. Ils ont eu la meilleure école vraie solidarité » marché ou Netto et on y va à pied. C’est du monde là-bas. Par la suite, nous Annie pas facile de porter deux sacs pleins de avons alors inscrit notre fils au collège courses. Je pense que la population a Amiral Lejeune. Il n’y avait pas de cantine dans augmenté depuis 30 ans, il faudrait construire cet établissement. Une idée avait émergé : un un supermarché au cœur du quartier. bus amènerait les élèves à la cantine du collège Armande d’Étouvie. Mon fils était ravi ! Annie • Mon immeuble a été refait. Maintenant, il y a un interphone avec une caméra. Mais les loyers • Je suis arrivée à Étouvie en 2007, juste après ont augmenté. Je ne sais pas si mon allocation mon divorce. Après beaucoup de démarches, j’ai logement va nous aider en conséquence. réussi à trouver un appartement. Marcelline Bip bip est édité par l’association Cardan, 91 rue St-Roch 80000 Amiens – 03 22 92 03 26 – Internet : http://www.assocardan.org Courriel : [email protected] – Responsable de l’édition : Edith de Bruyn, présidente de Cardan – Rédaction : Armande A., Bruno D., Hugues R., Isabelle L., Jonathan C., Marcelline D., Mohamed E., Nicole C., Rabah F., Yougourthen G. – Graphisme : T. Martin Imprimé en octobre 2015 PRÉFET DE LA RÉGION PICARDIE DIRECTION RÉGIONALE DES AFFAIRES CULTURELLES