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Car le temps est proche€: la crise écologique et l?apocalypse sans
Socio-anthropologie
28 | 2013
Apocalypses
Car le temps est proche : la crise écologique et
l’apocalypse sans cesse annoncée
Ernest Garcia
Éditeur
Publications de la Sorbonne
Édition électronique
URL : http://socioanthropologie.revues.org/1597
ISSN : 1773-018X
Édition imprimée
Date de publication : 15 décembre 2013
Pagination : 117-131
ISBN : 978-2-85944-761-8
ISSN : 1276-8707
Référence électronique
Ernest Garcia, « Car le temps est proche : la crise écologique et l’apocalypse sans cesse annoncée »,
Socio-anthropologie [En ligne], 28 | 2013, mis en ligne le 23 septembre 2015, consulté le 01 octobre
2016. URL : http://socio-anthropologie.revues.org/1597
Ce document est un fac-similé de l'édition imprimée.
© Tous droits réservés
Car le temps est proche : la crise écologique
et l’apocalypse sans cesse annoncée
e r n e s t ga rc i a
Résumé
L’expression « il y a encore une solution mais le temps presse » se
retrouve souvent dans les rapports sur la crise écologique. Il s’agit
d’une affirmation rhétorique qui n’est pas scientifique, mais dont l’inclusion semble quasi obligatoire pour des raisons politiques. Celles-ci
ont à voir avec l’échelle de temps pour l’action, aussi bien que les
« mesures à prendre ». Il ne s’agit pourtant pas de bonnes raisons :
c’est cette opinion qui est ici exposée et développée. En ce qui concerne
les délais établis par les annonces d’apocalypse écologique, leur impact
potentiel se voit érodé par le passage du temps, l’épuisement des délais,
la répétition de l’avertissement et le fait que les réponses adéquates
n’arrivent jamais. À ce sujet, je maintiens que l’obsession du calendrier
de l’apocalypse est l’un des derniers vestiges du délire technocratique.
Mots clés : crise écologique, répétition, annonce, décroissance
Abstract
The expression “there is still a solution but time is running out” is
often found in the reports on the ecological crisis. It is a rhetorical
statement which is not scientific, but whose inclusion seems almost
mandatory for political reasons. These have to do with the timescale
for action, as well as “measures to be taken”. However, they are not
good reasons: it is this opinion which is here exposed and developed.
With regard to the time frame established by the announcements of
ecological apocalypse, their potential impact is eroded by the passage
of time, the exhaustion of the deadlines, the repetition of the warning
and the fact that suitable answers never arrive. In this regard I maintain that the obsession with the timing of the apocalypse is one of the
last vestiges of the technocratic delirium.
Keywords : ecological crisis, repetition, announcements, degrowth
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Monte ici, et je te ferai voir ce qui doit arriver dans la suite.
Apocalypse de Jean
… dans un pays où c’est justement la modération qui va mal.
Pier Paolo Pasolini, Patmos, 1969)
Pour parler de ce temps proche, les déclarations péremptoires de ce
style ne manquent pas :
Nous avons un problème. Le problème est grave et, si on ne l’affronte pas rapidement et de manière décisive, ce sera catastrophique. Bien que le défi soit gigantesque et la situation déjà dramatique, il existe des solutions et le désastre pourrait encore être
évité. Mais le temps presse. Il ne nous reste plus que vingt ans
(Ou peut-être dix, ou trente, cela dépend des versions… Où est la
différence ?).
Cette affirmation, ou d’autres assez semblables, se retrouvent souvent dans les rapports sur la crise écologique. Ou, en tout cas, dans le
résumé envoyé aux médias dans l’espoir, pour leurs auteurs, d’une
diffusion massive, et d’une sensibilisation des pouvoirs politiques
et économiques. On la retrouve sans grand effort dans les rapports
du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat,
dans l’évaluation des écosystèmes du millénaire ou dans la plupart
des documents de cette nature.
Il s’agit d’une affirmation rhétorique qui n’est pas scientifique,
mais dont l’inclusion semble quasi obligatoire pour des raisons politiques. Celle-ci concerne, en effet, l’échelle de temps pour l’action,
aussi bien que les « mesures à prendre ». Il ne s’agit pourtant pas de
bonnes raisons ni dans un cas ni dans l’autre. C’est cette opinion qui
est ici exposée et développée 1.
Combien de temps nous reste-t-il ?
Si l’on souhaite que ceux qui ont le pouvoir de décider ou d’influencer
l’opinion publique réagissent à un message et fassent quelque chose,
il est essentiel que le terme de l’action ne soit ni trop long ni trop
court. S’il est annoncé qu’un problème sera très grave, disons d’ici
quatre-vingts ans, la réponse est assurée : « D’accord, nous nous en
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1 Cet article s’inscrit dans le projet Transitions à une société post-carbone : effets
redistributifs et vie quotidienne dans un contexte d’énergies non fossiles et changement climatique, qui fait partie (CSO2011-24275) du sous-programme des projets de recherche fondamentale non orientée du plan espagnol de R&D, ministère
de la Science et l’Innovation.
Consensus scientifique sur le maintien des systèmes de
support de vie de l’humanité au xxie siècle
Points essentiels pour les décideurs (fragment)
La Terre approche rapidement d’un point de non-retour. Les impacts
humains sont en train de produire des niveaux alarmants de préjudice à
notre planète. En tant que scientifiques qui étudient, à travers un grand
nombre d’approches, l’interaction entre les humains et le reste de la bios-
dossier
car le temps est proche : la crise écologique et l’apocalypse sans cesse annoncée occuperons d’ici soixante-quinze ans. » Si, par contre, on affirme que
la question n’a plus de solution et qu’il est trop tard pour une réponse
appropriée, la passivité est aussi assurée : pourquoi faire face à une
calamité qui ne peut plus être contournée… Plutôt prier pour que
finalement ce ne soit pas si grave et espérer qu’il existe une manière
pas trop pénible de s’y adapter (ou, plus hypocritement, espérer que,
si la douleur est inévitable, on puisse la faire retomber sur d’autres).
Cet article vise, en premier lieu, à explorer les implications de cette
ambiguïté. Non pas, évidemment, dans le but d’alimenter les campagnes négationnistes. Je n’ai aucune envie d’offrir un nouvel argument à ceux qui soutiennent, contre toute évidence, qu’il n’existe pas
de conflits fondamentaux d’ajustement entre la civilisation industrielle et la nature. De fait, pour évaluer le caractère scientifique
des études qui nous alertent de la gravité de la situation, la question
du calendrier me semble secondaire. Il est indéniable que nombre
de ces études sont scientifiques. Qui plus est, le consensus qu’elles
suscitent est de plus en plus solide (Union of Concerned Scientists,
1992 ; Cook et al., 2013). L’encart 1 présente un fragment d’une déclaration récente (Barnosky et al., 2013), mais dont l’argument vient de
loin (dans un sens il fait déjà partie de l’histoire selon les spécialistes
du passé, qui nous disent qu’il faut une perspective d’au moins vingtcinq ans pour pouvoir dire que quelque chose soit « historique »).
phère, nous sommes d’accord sur le fait que les preuves des dommages
causés par l’humanité à ses systèmes écologiques de support de vie sont
accablantes.
Nous sommes également d’accord sur le fait que, selon les meilleures
informations scientifiques disponibles, la qualité de la vie humaine souffrira d’une dégradation substantielle d’ici l’an 2050 si nous continuons sur
le même chemin.
La science révèle sans équivoque l’existence d’un ensemble préoccupant
d’impacts humains :
. Dérèglement climatique : le plus important et rapide changement climatique depuis que l’espèce humaine existe en tant que telle.
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. Extinctions : jamais depuis l’extinction des dinosaures un tel nombre
d’espèces et de populations ne s’étaient éteintes aussi rapidement, sur terre
et dans les océans.
. La perte globale de divers écosystèmes : nous avons labouré, pavé ou
autrement transformé plus de 40 % des terres libres de glace de la Terre,
et aucun endroit sur ​​terre ou dans la mer n’est affranchi de nos influences
directes ou indirectes.
. Pollution : les polluants environnementaux dans l’air, dans l’eau et dans
la terre ont atteint des niveaux extrêmes et continuent de croître, nuisant
gravement aux personnes et à la faune sous les formes les plus imprévues.
. La croissance démographique et les modes de consommation : les sept
milliards d’humains vivant aujourd’hui sur la planète vont probablement
devenir 9,5 milliards en 2050, et les lourdes pressions de la consommation
de matériaux par les classes moyennes et les riches vont probablement s’intensifier dans une grande mesure.
Au moment où les enfants d’aujourd’hui atteindront l’âge adulte, il est
plus que probable que les systèmes de soutien de la Terre, essentiels pour
la prospérité et l’existence humaine, seront irrémédiablement altérés par
l’ampleur, la portée mondiale et la combinaison de ces facteurs de stress
environnemental causés par les humains, à moins que nous ne prenions
des mesures concrètes et immédiates afin d’assurer un avenir durable et
de qualité.
Le consensus n’est pas une preuve, bien sûr, mais il n’empêche
que les informations accumulées dans ce domaine sont de plus en
plus abondantes, cohérentes et précises, autant en ce qui concerne la
définition que la mesure. Parfois, le moins scientifique dans les documents de référence n’est autre que cette affirmation : « Le problème
peut encore être abordé, mais il reste peu de temps. »
Par ailleurs, en insistant sur le fait que l’affirmation habituelle
sur les solutions et les échéances est politique et non scientifique,
je ne prétends pas la disqualifier, puisque je considère que la politique est très importante. De fait, dans le domaine qui nous occupe,
elle est essentielle. Mais alors : pourquoi s’arrêter sur une formule
rhétorique qui ne semble pas facile à remplacer et qui, en plus, correspond à une dimension indispensable ? Les éléments de réponse à
cette question proposés ici s’articulent autour d’une idée de base : la
politique est très importante, mais demander à ceux qui ont créé le
problème et qui en profitent de contribuer à sa solution, en leur suggérant en outre de compter sur nous parce que nous (les spécialistes
de l’environnement), nous savons ce qu’il faut faire, c’est une mauvaise politique.
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Comme nous disions plus haut, l’expression « il y a encore une solution, mais le temps presse » veut promouvoir l’action. Et cela paraît
sensé, puisque l’incertitude concernant le calendrier d’un processus
(tout comme l’éloignement dans le temps de ses échéances décisives)
est l’un des facteurs qui réduisent l’importance attribuée à ses effets
présents et, par conséquent, inhibent les réponses sur le plan pratique. Les temps de la réflexion sont beaucoup plus longs que ceux
du comportement, et il existe de bonnes raisons évolutives pour qu’il
en soit ainsi : imaginer l’avenir ouvre des chemins possibles et, dans
une certaine mesure, il s’agit d’une activité libératrice ; la survie,
en revanche, est une tâche quotidienne. L’incorporation des mécanismes d’évaluation du futur à l’analyse des conflits sociaux n’est pas
nouvelle (Hannon, 1987). Un cadre de temps approprié pour ne pas
induire la passivité est un élément important de toute proposition de
politique environnementale. Et apparemment, pour ne pas inciter à la
passivité, un cadre temporel se doit d’établir des délais qui soient à la
fois précis et pressants (mais pas au point de suggérer l’impossibilité
d’agir).
Cependant, en ce qui concerne les délais établis par les annonces
d’apocalypse écologique, leur impact potentiel se voit érodé par le
passage du temps, l’épuisement des délais, la répétition de l’avertissement et le fait que les réponses adéquates n’arrivent jamais. C’est
comme si l’on disait à un débiteur qu’il a dix ans pour payer sa dette,
mais que passé ce délai, on lui disait qu’il en a encore dix autres, et
ainsi de suite. Il semble difficile, dans ces conditions, d’éviter qu’il en
arrive à la conclusion qu’il ne devra jamais payer…
L’écologisme s’est efforcé, dans un premier temps, de décrire les
nuages ​​qui se formaient à l’horizon de la civilisation industrielle,
en préconisant un changement de cap basé sur la conscience de « l’à
venir » et la sobriété volontaire. Le message, il est vrai, a été entendu
ici et là, et a pris racine dans de nombreux points de la planète ; mais,
fondamentalement, la réponse à cet avertissement a été : « Limites ?
Qui a dit limites ? » Il a ensuite entraîné une négociation sur différents plans, trouvant une place dans les processus de gestion et d’administration, s’efforçant d’élargir l’espace « éco » sur le territoire
prétendument conciliable du développement et de la durabilité.
Là encore, les traces de cette présence sont visibles un peu partout.
Visibles et faibles, car la réponse fuse : « D’accord, vous pouvez occuper ce coin-là, mais ne dérangez pas trop. » À partir de ces « coins »,
conquis ou concédés, ont été lancées un grand nombre de règles et de
réalisations qui, opportunistes ou intentionnées, se sont révélées en
tout cas insuffisantes. Et entre temps, le futur est arrivé. Le loup qui
n’arrivait jamais est entré dans la bergerie.
car le temps est proche : la crise écologique et l’apocalypse sans cesse annoncée L’avenir a un inconvénient : il arrive
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Un seul exemple. Le premier rapport au Club de Rome sur les
limites de la croissance (Meadows et al., 1972) lança un avertissement
qui disait, en résumé : si vous ne mettez pas un frein à la croissance
de la population et du capital, la civilisation industrielle surpassera
en quelques décennies les limites de la planète, entrant ainsi dans un
état ​​de dépassement (overshoot), qui se manifestera sous forme de
pénurie alimentaire, d’épuisement des ressources naturelles ou de
pollution excessive. L’un de ces trois problèmes, ou une combinaison de ceux-ci, supposera une régression du système, jusqu’à ce que
celui-ci revienne à nouveau dans les limites de la planète, en dessous
de sa capacité de charge. Ou, en d’autres termes : un état de dépassement est, par définition, non durable (pour employer ce mot que
l’utilisation arbitraire et abusive menace de rendre totalement inutile) (Catton, 2009). Et un état non durable est nécessairement transitoire, condamné à une phase de décroissance économique et démographique. Si le système, dans la phase de dépassement, continue
à se comporter selon les critères de l’étape précédente d’expansion
(concurrence, grande taille, accélération, mondialisation) et, surtout, si les puissants du monde tentent de prolonger cette dynamique
par des mesures économiques et politiques, des technologies plus
puissantes et agressives, des formes d’inégalité socio-économique
extrêmes et des dispositifs de contrôle plus autoritaires, alors la
décroissance se produira sous forme d’effondrement (Tainter, 1995 ;
Van der Leeuw et al., 2011), c’est-à-dire de simplification soudaine et
radicale (éventuellement, désorganisation totale du système social et
recul brutal de la civilisation). En théorie, cependant, il est possible de
concevoir une dynamique de décroissance qui évite l’effondrement,
qui se produise de manière progressive et ordonnée, avec un niveau
acceptable de bien-être matériel (c’est la théorie que s’efforcent de
promouvoir les mouvements sociaux d’objection de croissance, de
transition vers une société post-carbone et autres).
La dernière révision, à ce jour, du rapport sur ​​les limites de la croissance (Meadows et al., 2012) fut publiée en 2004. On remarque deux
évolutions notables par rapport à la version originale, publiée trente
ans plus tôt. En premier lieu, le fait que les dernières décennies du
xxe siècle ont confirmé avec une approximation remarquable les projections du « scénario tendanciel simple ». Ou mieux : si l’on tient
compte des difficultés inhérentes à tout exercice de prévision, ce qui
surprend aujourd’hui du premier rapport au Club de Rome, ce ne sont
pas ses inexactitudes, mais sa capacité de prévision (Randers, 2010 ;
Turner, 2012). En second lieu, l’affirmation selon laquelle l’entrée
dans un état d’« overshoot », estimé aux alentours de la deuxième
décennie du xxie siècle dans le rapport initial, devait avoir lieu bien
plus tôt que prévu : vers le milieu des années 1980, lorsque l’empreinte écologique de l’humanité a dépassé la capacité productive de
Oui, nous pouvons…
Le mouvement écologiste se perçoit lui-même comme une avantgarde, une minorité porteuse d’une connaissance particulière, d’une
nouvelle science à appliquer pour « sauver la planète ». Les caractéristiques de cette connaissance qui se prétend véritablement universelle ne sont pas codifiées, mais certains traits sont caractéristiques :
elle se donne comme théorie des systèmes, holistique et ouverte à
la complexité plutôt qu’analytique et positiviste, participative et
2 L’empreinte écologique mondiale est recalculée chaque année. Selon les données
publiées en 2004, incluses dans la mise à jour du rapport Meadows, l’empreinte
écologique avait égalé la biocapacité dès 1984. Cette date pouvait donc être considérée comme la date d’entrée de la civilisation industrielle dans un état de dépassement. La dernière estimation publiée (WWF, 2012) établit cette date au début
des années 1970. Ce résultat suscite une certaine perplexité, car si nous l’acceptons avec toutes ses implications, cela voudrait dire que lorsque l’avertissement de
l’écologisme a commencé à être audible, il y a plus ou moins quarante ans, il était
déjà trop tard pour repenser et convertir en durable tout projet de développement.
À mon sens, il s’agit d’un exemple de plus du risque que l’on prend à vouloir fixer
des dates et des échéances à des processus tellement indéterministes et soumis à
tant d’incertitudes que ceux relatifs au lien entre société et nature.
dossier
car le temps est proche : la crise écologique et l’apocalypse sans cesse annoncée la planète. La Terre, en quasi-totalité ou à moitié, est devenue une
Terre pleine 2.
L’histoire module les prévisions, mais elle ne les rend pas plus précises. En 1972, l’appel consistait à éviter le dépassement. Et la date
préférée pour les échéances était alors l’an 2000 (Barney, 1982). En
2012, l’appel à l’action vise à éviter l’effondrement. Et la date de référence est souvent 2050 (Randers, 2012 ; Barnosky, 2013). La rhétorique aime les chiffres ronds.
Personne ne sait ni ne peut savoir si le début du dépassement a eu
lieu en 1970, en 1984, hier, ou s’il est pour demain. Personne ne sait ni
ne peut savoir s’il nous reste encore vingt ans pour tenter d’éviter l’effondrement ou si tous les délais sont déjà dépassés. En fait, c’est du
pareil au même. Les meilleures informations disponibles nous disent
que, vers le milieu du xxe siècle, la civilisation industrielle est entrée
à toute vitesse dans une trajectoire mortelle ; et qu’elle a atteint un
point où aucun miracle, ni technique ni politique, ne pourra prolonger
son chemin. Le changement de direction ne requiert pas des jalons,
mais des critères. Décélérer, démondialiser, désagrandir, démocratiser, relocaliser, coopérer… Peu importe qu’il s’agisse de prévention ou
d’atténuation, peu importe si l’objectif est de naviguer dans l’océan
de l’« overshoot » ou de rester sur ses rives, peu importe s’il s’agit de
pratiquer une décroissance conviviale ou seulement de minimiser les
impacts de l’effondrement. L’obsession du calendrier de l’apocalypse
est l’un des derniers vestiges du délire technocratique, de la vaine
illusion d’être encore « aux commandes ».
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antitechnocratique, écocentrique et non anthropocentrique (et dans
certaines versions, aussi, écoféministe et non androcentrique). La
mission du mouvement, dès lors, est de convaincre toute la société de
la nécessité du maintien de l’activité humaine dans les limites de la
planète, grâce à un processus d’apprentissage collectif. Une enquête
menée par Martínez Iglesias (Martínez Iglesias, 2012) a montré très
clairement cette remarquable auto-conscience du mouvement écologiste en Espagne, mais je crois que ses conclusions sont aussi applicables à beaucoup d’autres pays.
La double conviction que la crise écologique est un problème qui a
une solution et que cette solution passe par l’intégration de la science
et de la conscience collective est présente dans de nombreuses
expressions du mouvement écologiste. À titre d’exemple, je citerai
deux fragments d’un article récent dans lequel deux vétérans de la
fraction académique de l’écologisme se demandent explicitement
s’il est possible d’éviter l’effondrement de la civilisation mondiale
(Ehrlich et Ehrlich, 2013).
Le premier préconise une alliance entre la science et les citoyens
afin d’engendrer une conscience suffisamment orientée vers l’avenir :
La pression nécessaire peut être exercée par un mouvement populaire basé sur le milieu universitaire et sur la société civile pour
contribuer à guider l’humanité vers l’élaboration d’une nouvelle
intelligence multiple, une « intelligence prospective » capable
d’offrir l’analyse et la planification à long terme que les marchés
ne peuvent pas fournir.
Le deuxième fragment affirme que le dénouement heureux est
possible :
Croyons-nous que la société globale peut éviter un effondrement
au cours de ce siècle ? La réponse est oui, car la société moderne a
fait preuve d’une certaine capacité à faire face aux menaces à long
terme, du moins lorsque celles-ci sont évidentes ou sont rappelées
en permanence (pensez aux risques de conflit nucléaire). L’humanité possède les atouts nécessaires pour ce travail, mais les chances
d’éviter l’effondrement semblent réduites, car les risques ne sont
pas évidents pour la plupart des gens et les signes classiques de
l’effondrement imminent, en particulier les rendements décroissants de la complexité, sont partout.
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En écrivant ces phrases, les Ehrlich reformulent des arguments
qui ont fait partie du message écologiste depuis ses débuts (de
même qu’ils ont accompagné, probablement, tous les mouvements
modernes de réforme ou de transformation sociale).
dossier
car le temps est proche : la crise écologique et l’apocalypse sans cesse annoncée Les visions de l’avenir alimentées par les études de prospective et
par la théorie des systèmes sont toujours allées de pair avec l’affirmation selon laquelle la pédagogie de la catastrophe peut être remplacée par un « apprentissage anticipatoire » (Botkin et al., 1979).
Ou, autrement dit : les êtres humains ne sont pas réduits à s’adapter
a posteriori aux altérations de leur environnement, puisque grâce
à leur culture ils peuvent anticiper les états futurs des systèmes
socio-écologiques et y introduire les ajustements nécessaires. Non
seulement ils peuvent connaître l’avenir, comme Cassandre, mais
aussi, contrairement à celle-ci, le soumettre à leur volonté.
Soit, mais éviter l’effondrement, est-ce possible ? Si celui-ci n’est
pas déterminé par les lois de la nature, son évitement devrait être
socialement et culturellement possible. Car c’est la liberté qui caractérise les dynamiques sociales. N’est utopique que ce qui va à l’encontre de la nécessité naturelle, disait Marcuse (Marcuse, 1968).
Et peut-on dire que l’effondrement dû au dépassement soit déterminé par la nature ? Les réponses « pessimistes » à cette question
le prétendent. Elles supposent que la décroissance est énergétiquement déterminée : la réduction de l’énergie disponible par habitant
implique une réduction proportionnelle de la population, de l’organisation et des activités (Price, 1995 ; Duncan, 2001) 3. Et le mécanisme biologique de la sélection naturelle impose que la rareté et la
simplification se manifestent sous forme de conflits, de désordre, de
décomposition et de chaos social (Morrison, 1999), et la décroissance
ne peut se produire que sous forme d’effondrement.
Les variantes « optimistes » soutiennent, au contraire, que la
décroissance ne doit pas nécessairement prendre la forme d’un
effondrement catastrophique. Il existe différentes versions de ce
point de vue. Certaines reposent sur une formulation particulière
des lois de la nature, par exemple l’hypothèse de la dynamique cyclique des systèmes vivants mentionnée par Howard Odum (Odum et
Odum, 2001). D’autres invoquent directement l’autonomie de l’action sociale (Latouche, 2006). Toutes expriment, d’une manière ou
d’une autre, une croyance basée sur les facultés extraordinaires de la
conscience humaine.
3 Il est intéressant de constater la réapparition, dans le contexte du débat sur la
crise écologique, de ce principe classique de la socio-anthropologie évolutionniste.
Leslie A. White a formulé ainsi ce qui, à son sens, devrait être accepté comme la
première loi du développement culturel : Toutes choses étant égales par ailleurs, le
degré de développement culturel est fonction de la quantité d’énergie exploitée par
habitant et par an (White L. A. 1943 , p. 338). Il convient de noter, cependant, que,
comme la plupart des évolutionnistes sociaux des xixe et xxe siècles, White avait
beaucoup plus confiance que la majorité des écologistes dans la possibilité d’augmenter, grâce à la technologie, la productivité par unité d’énergie dissipée.
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Le moment critique de l’humanité
et la possibilité de choisir, selon Edward Wilson
« L’humanité a créé un problème de dimensions planétaires. Personne
ne le voulait, mais nous sommes la première espèce qui s’est transformée
en une force géophysique, en altérant le climat de la Terre, un rôle qui était
préalablement réservé à la tectonique, aux flambées solaires et aux cycles
glaciaires. Nous sommes, de même, les plus grands destructeurs de vie
depuis la météorite de dix kilomètres de diamètre qui est tombée près du
Yucatan et qui a mis fin à l’ère des reptiles il y a soixante-cinq millions d’années. À travers la surpopulation nous nous sommes mis en danger de rester
sans aliment et sans eau. De sorte que sur nous plane un choix très faustien :
ou bien accepter notre comportement corrosif et risqué comme le prix inévitable de la croissance démographique et économique, ou bien évaluer notre
situation et chercher une nouvelle éthique environnementale. »
(Wilson, 1999, p. 303-304, souligné par Ernest Garcia).
Je cite souvent un extrait du biologiste Wilson pour souligner les
racines de l’optimisme anthropologique (fragment reproduit dans
l’encart 2). Ce qui m’intéresse dans ce texte ce n’est pas tant sa description vive et précise de l’état du monde, mais l’affirmation selon
laquelle nous pouvons choisir. C’est important, à mon sens, car Wilson, considéré comme étant le père de la sociobiologie, et souvent
critiqué pour son inclination au réductionnisme biologiste, révèle
dans ce texte une foi profonde dans le caractère exceptionnel de la
dimension culturelle 4.
Tout ce débat sur la liberté et la nécessité peut sembler trop métaphysique. Ceux qui le voient ainsi peuvent aborder la question en
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4 Une considération similaire pourrait être faite à l’égard du texte des Ehrlich. Paul
Ehrlich a été souvent critiqué pour son prétendu biologicisme et son déterminisme
néomalthusien. Cependant, le texte cité est une claire déclaration de confiance
dans la culture et dans l’apprentissage collectif et conscient. Un élément, soit dit en
passant, auquel Malthus lui-même n’était pas étranger : dans le dernier chapitre de
son célèbre traité sur la population, l’espoir dans la prévalence de la morale et dans
les effets bénéfiques de l’éducation était lié à sa critique féroce de l’égalitarisme
socio-économique : « En observant la société dans les périodes antérieures et en la
comparant à son état présent, je puis dire avec certitude que les maux résultant du
principe de population ont plutôt diminué qu’augmenté, malgré l’ignorance totale
où l’on était resté quant à la cause de ce changement. Si nous nous laissons aller à
l’espérance que cette ignorance sera graduellement dissipée, il n’est pas déraisonnable de s’attendre à voir ces maux diminuer eux aussi à l’avenir » (Malthus, 2001).
L’exceptionnalisme humain ne devrait pas être entendu comme une foi exclusive
du progressisme, mais plutôt comme une caractéristique générale de la modernité.
… et, en plus, nous savons ce qu’il faut faire
La solution, c’est la relocalisation ! La solution, c’est l’énergie solaire !
La solution, c’est une économie coopérative ! La solution, c’est le
contrôle démographique ! La solution, c’est une technologie conviviale ! La solution c’est de consommer moins ! La solution, c’est tout ça
en même temps ! Chaque jour, une initiative dans l’un de ces domaines
rencontre un certain succès. Cela justifie l’affirmation qui nous dit
que c’est possible (celle-ci serait même triviale, n’était-ce l’énorme
effort que suppose le fait de ramer toujours à contre-courant !).
Autre chose est de considérer l’une de ces initiatives, ou une combinaison de plusieurs d’entre elles, comme la solution. Arrivé à ce
stade, le terrain devient encore plus glissant. Décider des critères
compatibles avec l’objectif à atteindre serait même simple d’un certain point de vue. Nous savons que différentes civilisations et cultures
du passé ont fait face à des contraintes environnementales sévères.
Nous savons aussi que certaines d’entre elles n’ont pas trouvé à temps
la réponse appropriée et se sont effondrées. S’agissant de cultures
locales, les trajectoires de la civilisation, interrompue ici et là, se
sont poursuivies ailleurs. Nous savons aussi que la problématique de
l’humanité actuelle n’est pas neuve parce qu’elle est écologique – car
il existe de nombreux précédents. Elle est neuve parce que, pour la
première fois, c’est une civilisation mondiale qui atteint les limites
physiques de son monde. Et elle est neuve, aussi, parce que la transition vers la non-durabilité s’est produite dans un temps très court
(à peine quelques décennies). Ce qui est nouveau, donc, c’est qu’il
s’agit d’une crise d’accélération et de mondialisation. Et, par conséquent, une certaine dose de décélération et de « démondialisation »
doit faire partie du retour à une échelle physique compatible avec la
capacité de charge de la Terre, que le retour prenne la forme d’une
décroissance consciente et conviviale ou bien qu’il soit le résultat
involontaire d’une catastrophe.
dossier
car le temps est proche : la crise écologique et l’apocalypse sans cesse annoncée suivant le fil de ce qui s’affirme actuellement comme la plus courante de ses versions empiriques : l’examen des effondrements et des
réussites des sociétés du passé (Diamond, 2005 ; McAnany et Yoffee,
2010 ; Kirch, 2002). Les données historiques et/ou archéologiques
nous permettent de penser que, face à des contraintes environnementales sévères, certaines sociétés se sont décomposées et ont décliné
de manière catastrophique, alors que d’autres ont réussi à subsister.
Si les habitants de Pâques ont dégénéré jusqu’au bord de l’extinction,
tandis que ceux de Tikopia, dans des conditions environnementales
similaires, ont maintenu un certain niveau de sophistication culturelle, il devrait être possible d’éviter l’effondrement. Peut-être ! Mais
il est bien difficile de savoir…
127
ernest garcia
128
Toutefois, le fait de signaler les critères qui seront présents sur le
chemin inévitable du retour à la durabilité ne garantit pas que l’application volontaire et organisée de ces critères permette d’éviter l’effondrement. Ce doute ne trouvera pas de réponse, au moins pour les
deux raisons suivantes :
1) Nous ne savons pas si le dépassement est un problème (qui,
par conséquent, doit avoir une solution qui est à découvrir) ou s’il
s’agit plutôt d’un dilemme formulé par un sphinx (une croisée des
chemins avec l’incertitude radicale du changement social). J’ai plutôt
tendance à choisir cette seconde possibilité, mais je ne suis pas devin
et personne ne l’est sans doute.
2) D’autre part, l’application pratique des « critères de la transition vers la durabilité » suscite des effets contradictoires et ne peut
se faire que par essais et erreurs. Pour les sciences sociales, la notion
de communauté est associée à une plus grande cohésion sociale, mais
aussi à plus d’uniformité, de contrôle et de restrictions de la liberté
individuelle. Nous savons aussi que la décentralisation ne produit ni
une amélioration généralisée ni son contraire, mais plutôt la diversité : ce qui est petit peut être beau, mais aussi fragile (la viabilité
dans le temps semble associée à des valeurs intermédiaires, ni trop
hautes ni trop basses, des variables fondamentales). La relocalisation
peut favoriser l’élimination des excès superflus, mais aussi entraîner la rareté provisoire de ressources de base. L’état stationnaire
favorise l’équilibre, mais il renvoie aussi aux « phases froides » des
sociétés humaines. Etc., etc. Par conséquent, quiconque dit : « J’ai un
plan pour éviter l’effondrement » promet plus qu’il ne peut offrir. Il
est préférable de libérer les tentatives éventuelles des contraintes
de l’obligation de faire partie d’un plan d’ensemble détaillé et d’un
calendrier établi à l’avance. Autrement dit, il vaut mieux les affranchir de tout cadrage politique.
La prétention de tracer des visions détaillées de l’avenir semble
vouée à l’échec dans un déploiement d’oppositions stériles. Toutes
ces propositions ont, en effet, en commun une illusion : l’évolutionnisme social. Sous l’affirmation : « Nous connaissons la solution
et nous avons encore vingt ans pour l’appliquer » se cache l’un des
derniers refuges du rêve de connaissance et de maîtrise du changement social. Et, comme l’écrit Alain Gras (Gras, 2007), ne fût-ce que
pour être capables de penser sans liens, nous devons abandonner ce
refuge : « L’essentiel est de se libérer de la métaphilosophie du progrès, de s’évader de cette prison imaginaire dans laquelle les idées
reçues de l’évolutionnisme nous ont enfermés. Le chemin de l’avenir
Austérité et décroissance, sans échéances et sans plans
En réalité, non seulement la soumission aux plans et aux délais est
confrontée à des difficultés techniques insurmontables, mais encore
l’action est soumise au « réalisme politique » , ce qui en pleine récession mène trop facilement à la passivité.
Vue de mon pays, la perspective est singulière. Depuis le début de
la crise économique actuelle, en 2008, les peuples d’Espagne souffrent
des effets d’une combinaison perverse de capitalisme et de décroissance. Certes, les militants du mouvement de l’objection de croissance nous disent : « Leur récession n’est pas notre décroissance. »
Mais les faits sont là. Au cours des dernières années, nous avons vu
diminuer le PIB, la population, la consommation intérieure et l’émission de gaz à effet de serre (paramètres essentiels de la décroissance).
Et, en même temps, une dérégulation extrême fait place à un capitalisme sauvage avec d’inquiétantes composantes de corruption et de
pillage. Nous assistons à la preuve empirique que le capitalisme et
la décroissance sont compatibles. Et, de plus, nous constatons que ce
couple est pervers.
Personne ne peut savoir si nous assistons aux premiers épisodes
de l’effondrement. Cela pourrait bien être le cas, et personne ne peut
le nier. Pourtant, de manière dramatique, la conscience critique est
l’une des premières victimes de la récession. Comme dans d’autres
périodes de crise économique, le consensus productiviste se confirme
et se durcit, et la question environnementale disparaît de la politique,
de l’économie et de l’opinion publique. Actuellement, rien ne révèle
mieux ce consensus productiviste que l’omniprésent schéma idéologique selon lequel la croissance est bonne et souhaitable, alors que
l’austérité est mauvaise (et inévitable, même si elle n’est que temporaire, d’après les gouvernements ; ou résulte d’une volonté politique,
pour l’opposition).
Il est devenu presque impossible d’affirmer publiquement une
évidence, en tout cas aux yeux de toute personne informée de la surcharge imposée aux écosystèmes :
1) qu’une certaine composante d’austérité (entendue comme le
fait de renoncer à ce qui est superflu pour conserver ce qui est nécessaire) sera indispensable pour revenir à des paramètres d’empreinte
écologique compatibles avec la capacité de régénération de la Terre ;
2) que le retour à la croissance n’est pas impossible, mais pour
des laps de temps de plus en plus courts, déséquilibrés et turbulents,
5 Gras A. (2007), « El mundo encendido y la metafilosofía del progreso », Arxius de
Ciències Socials, 16, p. 37-43.
dossier
car le temps est proche : la crise écologique et l’apocalypse sans cesse annoncée est ouvert non par l’innovation en ligne droite, mais par la rupture,
qui brise le temps du devenir et nous redonne notre liberté 5. »
129
ernest garcia
sachant qu’elle sera en tout cas de moins en moins souhaitable parce
que ses contributions au bien-être vont se réduire, alors que ses coûts
sociaux et environnementaux vont augmenter (Garcia, 2013). Le
concept d’austérité est séquestré et perverti par ceux qui le réduisent
(comme c’est le cas actuellement en Espagne) à un grand nombre de
mesures de démolition des droits sociaux, appliquées par un gouvernement de voleurs. Il faudrait arracher ce concept des griffes de ses
ravisseurs, car une refonte socialement constructive et favorable de
l’austérité est l’un des éléments importants de toute proposition de
transition vers la durabilité, pour faire en sorte que cette transition
ne soit pas effondrement.
En résumé : dans le domaine de la connaissance, il faudra peutêtre attendre l’an 2050 pour savoir si la décroissance se produit
d’une manière ordonnée ou chaotique, douce ou ardue, relativement
bénigne ou extrêmement douloureuse. Cependant, dans le domaine
des pratiques sociales, il ne semble pas très sensé d’attendre jusque-là.
Jean l’a dit : « Le temps est venu de détruire ceux qui détruisent
la terre. »
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