Aigrette 3 - Vivons Bages

Transcription

Aigrette 3 - Vivons Bages
n°3
printemps 2016
EN QUELQUES MOTS...
Pas de gel ni de neige, pas d'inondations ni de grand coup de mer,
finalement assez peu de jours de vent : l'hiver a été discret cette
année. Les amandiers et la vigne en témoignent... Pourtant, sous la
douceur, le train de la vie et la course du monde ont poursuivi leur
route sans faiblir, engendrant parfois une actualité particulièrement
cruelle.
Vivons Bages, de son côté, a continué de travailler pour contribuer à
faire bouger le village, avec notamment une pétition en direction du
Grand Narbonne et des opérateurs pour l’amélioration de la réception
des téléphones portables et d’internet, et l’organisation d’un atelier
participatif pour imaginer ce que pourrait être en matière d’urbanisme
le village de demain. Nous en rendrons compte dans le prochain
numéro.
Celui-ci nous entraîne sur les pas du Bages d’hier et d’aujourd’hui : on
y (re)découvre des pans de son histoire et de ses mutations récentes,
certaines enrichissantes, d’autres préoccupantes, des plaisirs saisonniers liés à la nature environnante ou encore des talents grandis ou
révélés dans le village.
Bonne lecture, bonnes réflexions, et profitez bien du printemps !
Jacques Magnaudet
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CUEILLETTE D’ASPERGES SAUVAGES
C’est le début de l’année. L’hiver s’effiloche et laisse derrière lui les vestiges de
branches dénudées et de flétrissures. Tout semble inanimé. Pourtant, tout va
bien. La nature nous murmure que rien n’est achevé. On languit. On guette. On
hume le parfum d’un doux présage. Et alors que l’hiver tire sa dernière
révérence, les amandiers tirent leur première pétarade blanche et rose pâle. Tout
en plumage nuptial, ils lancent les hostilités. La cueillette des plantes sauvages
va pouvoir commencer.
Il est donc temps d’arpenter la
garrigue et se mettre à la
recherche de l’Asparagus
acutifolius. Les âmes sages choisissent les sentiers les moins
escarpés. Elles laissent à d’autres
penser que crapahuter fait grossir
le bouquet. Mais qu’importe,
l’asperge est partout à nos pieds
pour qui veut bien la ramasser.
Nous sillonnons les côteaux de
rocailles et d’épineux afin de
découvrir la fine dentelle qui
picote un peu : la "mate". On la
trouve au pied d’un pin ou d’un
olivier, ou bien en bordure d’une
friche où plus tard immortelles et
asphodèles vont se mélanger. La
mate est intimement liée à
l’asperge, il semblerait qu’elle la
protège. Mais par sa présence,
elle la trahit. Dès qu’on
l’aperçoit, l’or vert déniché est
aussitôt cueilli.
Tantôt grasse à souhait, tantôt
timide à pleurer, tantôt belle et
généreuse, tantôt grande, frêle et
effilée, nous cueillons la tige à la
pointe tressée.
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Elle est une aubaine, un don de la terre nourricière, et par tous les temps, chaque
année, la ramasser est un rituel qui nous plaît. Nous la cueillons… jusqu’à ce
que pouce et index ne puissent contenir le bouquet. A la maison, nous mettons le
fagot dans un pot en verre. Il s’abreuve et ravit le coin de l’évier. Il est là, parmi
nous, comme un trophée, il attend de parfumer nos mets. Ses pointes à nouveau
dressées témoignent des réjouissances de la simplicité. Il est là, il nous
réconcilie avec la vie. Il est là, il régale nos papilles. Puis… il n’est plus là.
En avril, il est de coutume de faire "pâquette". C’est l’occasion de partager la
toute dernière récolte. En famille ou entre amis, on cherche l’endroit exquis, un
coin de garrigue, une pinède ombragée qu’Eole aurait désertée.
Ces agapes honorent l’ultime offrande et l’insouciance des affinités. Sur le
madras, l’omelette pascale aux asperges sauvages rayonne comme un soleil.
Isabelle Pamies
JEU DES ANAGRAMMES
Inversez les lettres
inscrites sur la remorque
pour obtenir différentes
expressions.
Réponses :
MARDI ET REVE
MER, ART DE VIE
V... TA M…, à voir rue de l'Ancien Puits
L'Aigrette Ga(r)zette est aussi téléchargeable sur le site www.vivonsbages.fr
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AU TEMPS DE TOURNEBELLE
A chaque fois que le Grand Castelou ou la gare de GruissanTournebelle sont évoqués avec les plus anciens du village,
les souvenirs reviennent et les visages s'éclairent…
Pour ceux qui avait 15 à 20 ans au sortir de la guerre, ces lieux étaient
convoités pour le travail et les loisirs. La présence de la gare, des
exploitations agricoles et d'une usine d'engrais à Mandirac, avait fait que ce
hameau était bien peuplé. Une école existait à côté de l'écluse ainsi que deux
cafés-restaurants, à côté de l'emplacement de la guinguette actuelle.
Pierre Coustal a bien voulu nous raconter cette époque.
L'histoire commence au décès de son père en septembre 1944. A 14 ans, il le
remplace et débute dans les vignes de Réveillon en travaillant dans l'équipe
des femmes. Il partait le matin à 5h 1/2 à pied avec deux autres femmes de
Bages pour la journée "d'escaoussel". Rapidement, Pierre qui ne "papotait
pas", est remarqué par le contremaître et reçoit des remontrances car il se
tient un peu à l'écart des autres. Heureusement, une femme qui était là
explique : "Maître, vous ne voyez pas qu'il fait trois rangées quand nous on
en fait une !". Dès le lendemain, sa journée se retrouve requalifiée en journée
d'homme pour travailler avec un cheval au labour.
Mais les temps étaient durs pour les chevaux et pour les hommes : pas grand
chose à se mettre sous la dent. Les chevaux étaient si faibles qu’ils étaient en
repos à l’étable : "pendus pour ne poser les pattes qu’à peine sur le sol". Si
jamais ils se couchaient épuisés, ils ne se relevaient pas et mourraient.
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Quand, avec un peu de luzerne, ils étaient "remis en forme", ils revenaient au
travail.
Pour les hommes, et aussi pour Pierre, le manque de nourriture entraînait de
grandes difficultés à travailler ; il est alors parti à la montagne une année et
demi pour se retaper. Il nous racontera un jour en détail cet épisode qui, à lui
seul, prendrait trop de place dans ce récit.
A 17 ans, il revient et retrouve une place au labour à Réveillon. Au bout de
quelques mois, soit en mai 1947, les salaires étaient très bas et un
mouvement de grève a commencé à Réveillon, puis a gagné toutes les
exploitations autour de Bages (Prat-de-Cest, Estarac, Le Pavillon…). Tous
les travailleurs de Bages se sont ligués pour étendre le mouvement au
Narbonnais. Au bout d’un mois de bagarre… ils ont obtenu gain de cause.
Mais, revers de la lutte, une douzaine se sont retrouvés "bannis de Bages"
pour le travail. C’est à partir de ce moment-là que ce groupe a commencé à
aller travailler dans les exploitations du Grand Castelou, à Sainte-Louise et à
Narbonne.
De fin 1947 à mi-1949, le moyen de transport pour se rendre au Grand
Castelou était une grande barque à fond plat sur laquelle prenaient place
douze personnes (Léontine, Reine, Kléber, Joachim, Théophile, Chacalet,
André, Yves, Ernest, …, et Pierre). A la rame, la traversée ne prenait pas
beaucoup de temps, surtout à l’aller. "Il y avait quatre paires de rames. On
partait à 7 h pour commencer la journée de travail à 8 h. Mais quelquefois on
hissait la voile carrée et le trajet ne durait que 5 minutes. Par contre on
n’allait pas toujours où on voulait !". La navigation pour le retour était plus
compliquée : "Quatre fois on est venu nous chercher avec deux bateaux à
moteur quand le Cers soufflait très
fort".
Pierre évoque alors un épisode qui
aurait pu mal tourner : alors qu’ils
étaient en congés, le patron leur a
demandé de venir quand même
travailler. Un jeune contremaître "qui
sortait de l’école" leur a fait mélanger
du souffre avec un autre produit
chimique. Sur les cinq volontaires,
trois sont tombés comme des
mouches. Une fois chargés sur la
barque et rendus au beau milieu de
La barque servait également à aller chercher le
lait à Tournebelle où il y avait des vaches.
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l'étang, ils ont été secourus par les pêcheurs. C’est un médecin en vacances
au village qui les a soignés.
La barque ne servait pas qu’au transport pour les jours de travail. Le
dimanche venu, c’est au café que la jeunesse se retrouvait. Ces jours-là, il
fallait faire attention à ne pas salir les habits du dimanche et la barque devait
nécessairement arriver au ponton…
Ce café, tenu au départ par Mme Olive, fut repris par la famille Cabrol et
plus tard par la famille Moulins. Après la période du "pick-up" juste après la
guerre, l’orchestre Carbonnel venait y jouer ; plus tard c’était la famille Ross
(le père à l’accordéon, le fils à la batterie et la fille qui dansait en jouant des
castagnettes). En dernier, c’était Candide Corte en homme-orchestre portant
le piano à bretelles et une grosse caisse avec la cymbale.
La famille Ross… et voilà Pierre qui repart sur une autre anecdote :
"On dansait aussi à La Nouvelle au bord du canal et un dimanche l’orchestre
avait déclaré forfait et nous avons demandé à la famille Ross de le remplacer.
Ils sont venus et Paul avait pris la trompette ; il y avait du monde "comme
ça" ! Ca avait été une soirée mémorable !".
Devant le café. Au fond, l’école et l’écluse.
L’équipe de Bages était toujours au moins constituée de Claude, Lucien, Paul
et Pierre également musiciens, aux clairons, à la trompette et au tambour. Ils
ne faisaient pas danser, mais le spectacle musical était assuré. Pierre regrette
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encore ce jour de carnaval où ils s'étaient déguisés : Pierre en vahiné avec
jupette de raphia, reconnu par sa mère, s'est retrouvé à la maison alors que
les autres également en petite tenue ont bravé les embruns et le froid pour
aller faire le spectacle…
La musique, Pierre l’avait apprise pendant la guerre auprès de M. Rosenberg
(violoniste) qui s’était réfugié au village et il a continué à l’étudier par la
suite ; il allait le soir à Narbonne en vélo après la journée de travail pour
préparer son diplôme. Quand il est parti au service militaire en 1950, cela lui
a permis d'intégrer la musique du régiment.
Le travail au Grand Castelou et les traversées journalières de l'étang se sont
arrêtées en 1949 avec la faillite de l'exploitation. Les Bageots ont alors
retrouvé du travail à l'entrée de Narbonne, à l'emplacement de ce qui reste
aujourd’hui de l’usine "Egretier". Le vélo à remplacé la barque ; mais celleci était toujours utilisée pour aller danser à Tournebelle.
Pour Pierre, c'est la fin de cette histoire qui coïncide avec son départ au
service militaire.
Propos recueillis par Alain Pamies auprès de Pierre Coustal
BAGES DEMAIN ?
Une bonne quarantaine de
personnes ont participé à
l’atelier créatif que Vivons
Bages organisait le dimanche
10 avril, dans une ambiance
très conviviale.
Nous en ferons une synthèse
dans le prochain numéro de
l’Aigrette.
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POUR NATHALIE ET JEAN-CLAUDE
Le bord de l'étang est vide
Où est donc Nathalie ?
Je ne vois plus de camion, ni de
Nathalie.
Elle se retroussait les manches,
Elle n'avait jamais fini,
Travaillait même le dimanche,
Nathalie.
Elle s'installait à la Rivière
On pouvait y boire un verre
ou bien un chocolat.
Et quand on criait famine,
On allait à l'heure où l'on dîne
Manger un petit plat.
Plus question à la Rivière
D'aller y boire un verre
Puisqu’elle n'est plus là.
Les encornets à la rouille,
Maintenant on se débrouille
Pour faire la paëlla.
Avec Jean-Claude, au moment de l'été,
Quelques tables, quelques bancs
Pour passer un bon moment.
Jean-Claude, il les installait ;
Quand ils venaient là le soir,
Nathalie cuisinait.
Le bord de l'étang est vide,
Vers l'Espagne sont repartis,
Pas besoin de guide
Au pays de Nathalie.
Vous les joueurs de pétanque,
Maintenant qu'elle est partie,
Je suis sûr qu'elle vous manque,
Nathalie.
Alain Pamies
Vous aimez l'Aigrette ?
Ce journal est écrit, réalisé et distribué bénévolement
dans l'ensemble de la commune par Vivons Bages.
Il est tiré à 560 exemplaires. Son coût d'impression représente environ les 3/4 des
recettes de l'association.
S’il vous intéresse, si vous pensez qu'il est utile au village et si vous souhaitez nous
aider à le faire vivre, vous pouvez contribuer à son financement en adressant un
chèque du montant de votre choix au siège de l'association :
27 Lotissement Le Village des Pêcheurs, 11100 Bages.
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MAIS QUEL EST DONC CE VENT NOUVEAU ?
Tout le monde à Bages connaît le Cers, le Grec ou encore le Marin. Ils
façonnent en profondeur la vie et les activités du village. Mais voilà que dans la
période récente, un vent nouveau a fait son apparition et semble inexorablement
gagner en puissance : le vent du laisser-aller et du laisser-faire…
Petite randonnée à l’intérieur et autour du village, permettant d’apprécier
quelques éléments de la situation climatique actuelle :
Les tas de gravats fleurissent : parcelles et chemins sont envahis, de "discrets"
remblais poussent ici et là. Certes, certains sont "saisonniers", enlevés ou
aplanis au bout de quelques temps, mais la contagion gagne doucement. Effet
inattendu de la surproduction de la cimenterie de La Nouvelle ? Destockage
sauvage des magasins de bricolage de Narbonne ? Mystère…
Les déchets végétaux ont aussi fait une apparition remarquée, sans doute en vue
de constituer le futur poumon vert du village. Continuons notre promenade…
Ici un mur traditionnel en pierres sèches cède soudain le pas à un enrochement
dont le style n’est pas sans rappeler celui de la Grande Muraille. Là, une façade
brille désormais de mille feux, éclairant la route départementale de jour comme
de nuit. Ici encore, en plein cœur
du village, un
cyprès situé sur
avant...
le domaine public
et mille fois pris
en photo ou représenté en peinture
est généreusement
"étêté" par un
propriétaire privé
dont il limitait la
vue…
En bord d’étang, les
palettes prolifèrent,
concurrençant peu à
peu la salicorne. Le
chemin de planches
tend à se transformer en ligne pointillée, offrant un joli parcours du combattant à
ceux qui ne se résignent pas à passer au travers. Quelques touches de barrières
en bois brisées et de lampadaires en lambeaux viennent compléter le tableau.
Sur ce sujet, la comparaison avec un village voisin est cruelle…
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Mais que s’est-t-il donc passé ? Est-ce une conséquence imprévue du réchauffement climatique faisant dire à chacun : "puisque tout ça va bientôt disparaître
sous l’eau, autant ne pas me fatiguer et faire ce qui m’est le plus facile ou le plus
agréable" ?
Soyons un peu sérieux : nous sommes tous responsables !
La voix du moindre effort, celle qui murmure à l’oreille de chacun de nous que
la déchetterie se trouve trop loin ou coûte trop cher, qu’une fois obtenu un permis de construire il est urgent d’oublier ce qu’on a déclaré dans la demande déposée, ou encore que l’espace public n’appartient à personne et peut donc être
utilisé et transformé à sa guise, cette voix-là est celle qui, de petits arrangements
avec soi-même en petites tricheries, peut rapidement transformer un site unique
et envié en banale arrière-cour des zones d’activités du sud de Narbonne.
Nos élus ont aussi un rôle central à jouer : la commune possède (heureusement,
mais peut-être pas pour longtemps) des responsabilités en matière de permis de
construire. En faire respecter le contenu fait partie de ses fonctions, même s’il
s’agit d’un "sport" qui rend rarement populaire auprès des demandeurs rappelés
à l’ordre.
Veiller à la qualité des espaces publics, notamment des abords de l’étang et des
rues et chemins du village, est aussi
l’une de leurs missions, en premier lieu
par respect pour tous les habitants et
électeurs, mais aussi pour la "carte de
visite" que ne peut ignorer un village
qui met en avant son site et son environnement exceptionnels, ainsi que ses
liens avec l’art.
"Il faut être fier d’avoir hérité de tout ce
que le passé avait de meilleur et de plus
noble. Il ne faut pas souiller son patrimoine en multipliant les erreurs
passées" affiche le site internet de la
Mairie en citant Gandhi…
Espérons que ce "coup de gueule" contribuera modestement à rappeler à chacun de nous ses responsabilités et nous
aidera à ne pas perdre de vue que nos
actes d’aujourd’hui, petits et grands, conditionnent dans l’immédiat notre
qualité de vie collective et l’attractivité de notre village, mais aussi la valeur du
patrimoine que nous léguerons demain aux générations futures.
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x!
i
o
h
c
Au
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LE HASARD FAIT PARFOIS BIEN
LES CHOSES...
Souvent on nous pose la question suivante à Bages : "Comment se fait-t-il qu'il
y ait un nombre relativement important de suisses-allemands et d'allemands
dans ce petit village de viticulteurs et de pêcheurs de l'Aude ?"
Etant moi-même depuis 1976, un de ces "estrangers", comme on appelle traditionnellement les non-bageots au village, je vous
livre ma réflexion. Et mon analyse est relativement
simple : "c'est plutôt par hasard qu’on en est
arrivés là !".
Tout a commencé avec Matias Spescha, cet
artiste, peintre-sculpteur suisse, qui découvre
Bages en 1958 et y vit 50 ans jusqu'à la fin de
sa vie en juin 2008. En route pour l'Espagne,
avec un copain américain et sa compagne, sa
voiture, une vieille Renault Frégate, tombe
en panne à Narbonne. Elle est difficile à
réparer, le mécanicien consulté dit à Matias
qu'il faut compter quelques jours. Les
finances étant au plus juste, ils décident,
sur le conseil du garagiste narbonnais, de
chercher un logement pas cher à Bages pour
attendre la réparation de la Frégate.
Les trois voyageurs trouvent leur lieu d’accueil plutôt charmant et agréable et
décident de s'y installer au moins pendant quelques temps en laissant tomber
l'idée de la visite en Espagne. Une maison en ruine rue des Remparts est vite
trouvée, achetée à un prix très abordable et remise en état par le trio de jeunes
artistes. La Frégate est réparée mais le voyage en Espagne s'arrête
définitivement à Bages.
L’arrivée de Matias est bien le fait du hasard, n'est-ce-pas ? On l'appelle alors
"Mathieu", et il s'intègre très vite dans la petite communauté. Son travail
d'artiste, la remise en état de sa petite maison ainsi que la construction de la
première galerie d'art du village l'occupent à fond. Les soirs, il joue à la belote
au bar d'Henri Tesquié, sur la place Juin 1907.
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Avec lui, tous les dimanches et parfois en semaine avant la "soupe", les mêmes
"suspects habituels", tels que Camille, Pierre, Régis et l'épicier Louis Castan,
qui discutent et jouent aux cartes. Il fume ses Gauloises et boit son anis préféré,
le Berger Blanc.
Voilà l'artiste bien intégré et apprécié
des bageots. Chaque année en été, il
reçoit pendant les mois de vacances
ses amis de la Suisse allemande.
Plusieurs d'entre eux décident
également d'acquérir de vieilles
maisons dans le village pour les
retaper et y séjourner pendant les
vacances. Aloïs Carigiet, le fameux
peintre, dessinateur-lithographe,
auteur de livres pour enfants, originaire de Trun en Suisse comme Mathieu, est
certainement le plus connu. Il y a également les familles Ziegler, Reist Kuhn,
Baer et Niederreuter, qui ont toutes encore des maisons dans le vieux village et
font naturellement partie de la population de l'été à Bages.
Ces "estrangers-suisses", qui ont simplement suivi Mathieu, sont donc ici dans
la suite logique du même hasard.
Chronologiquement,
mon tour arrive en
1976. Convaincu par
ma compagne de
l'époque, Liesel
Graph, nous nous
rendons à Bages où
elle a trouvé une
petite maison à
louer. Cette maison
appartient à Richard
et Ulrike Rosellen,
comme
nous
originaires de
Fribourg en Forêt Noire. Ces vacances s’avèrent tout simplement fantastiques et
nous ressentons le coup de foudre pour Bages. La maison au n°2 de la rue du
Cadran Solaire, voisine du bar d'Henri Tesquié (!), est achetée l'année suivante
et les vacances à Bages sont désormais assurées.
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Cela ressemble donc plutôt aussi à un coup de hasard. Nous sommes vite
intégrés dans la communauté bageote. Je joue aux boules presque tous les jours
au boulodrome et les fêtes mémorables au foyer et au boulodrome se succèdent
pendant tout l'été : sardinade, moulade, thonade, bourride, etc... sont organisés
par la Boule Bageoise et le fameux Football Club de Bages présidé par Pierre
Coustal et Céline Busto.
La bonne ambiance permet la communication entre tous les participants,
"estrangers" et "autochtones" et nous faisons la fête. Le mélange est très
sympathique. Nous profitons de la gentillesse, de la simplicité et de l’ouverture
d'esprit de tous ces fêtards jeunes ou vieux. Nous nous régalons et nos enfants
également. D'autre
part, j'ai une grande
chance grâce à mon
ami Mathieu : nous
sympathisons dès
notre première rencontre et il y a avec
lui toute sa bande de
copains et copines
suisses. Nous
passons ensemble
des soirées entières à jouer au billard, au poker, à
faire des repas chez
l'un ou l'autre, à
aller à la plage et au restaurant à Gruissan, Narbonne-Plage ou Port-la-Nouvelle.
Des vacances simplement merveilleuses !!!
Les visites des amis de Fribourg pendant les vacances se multiplient chez
Mathieu et chez nous. Les acquisitions de maisons à retaper continuent. Tout ce
monde vient donc en quelque sorte s’installer à Bages par la prolongation du
même hasard. Richard et Ulrike ont déjà une maison depuis quelques années,
quand Till et Ina, suivis rapidement par Bernd et Angela, s'installent aussi rue
des Remparts. Walter et Françoise et Horst et Christiane deviennent mes
copropriétaires au n°4 de la rue du Cadran Solaire, communément appelé "la
maison des quatre coins". La petite communauté de Fribourg est alors
bien contaminée par le "virus de Bages" qui infecte déjà "la bande à Mathieu".
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Une nouvelle vague de "migration allemande" vers Bages a lieu ensuite dans les
années 1990. Le Village des Pêcheurs est loti et les parcelles et maisons sont
vendues à grande vitesse par des promoteurs qui opèrent aussi en Allemagne.
C'est ainsi que les familles Bitzer, Wunderle, Grimm, Dietz et autres arrivent
dans ce lotissement. Le "hasard" de la promotion immobilière… est venu en
complément ! En ajoutant Franka Hendorf à la Rivière et Ingrid Hornef au
lotissement de la rue Jean Moulin, on
compte donc aujourd'hui une importante
communauté d'allemands et de suisses
germanophones à Bages.
Certains y viennent de temps en temps,
d’autres y vivent en permanence comme
moi-même, et d'autres y passent le plus
souvent possible leurs vacances.
Comme je l’ai expliqué plus haut, les
allemands et les suisses sont venus plutôt
par hasard, mais ils sont restés par
conviction de vivre dans un village magique qui offre une grande qualité de vie
à ses habitants grâce à son emplacement et son architecture pittoresques, à
l’environnement du parc naturel avec son étang magnifique. Mais avant tout,
grâce à la gentillesse des bageots qui accueillent volontiers leurs "estrangers"
dans la simplicité et avec un grand cœur.
Bien évidemment il n'y a pas eu qu’eux
pour s'installer à Bages depuis les années
50 et 60. On compte aussi des français
de toutes les régions de l’Hexagone
notamment l'Alsace, la Bretagne, les
régions parisienne et lyonnaise, sans
oublier les américains, anglais, belges,
danois, néerlandais, norvégiens et …
que l'on peut rencontrer à l’entour, qui
comme nous font partie des "estrangers"
du "village international" du bord de
l'étang de Bages.
Combien de hasards inexplicables ?
Pour conclure ce jeu du "Qu’est ce qui
m’arrive Ô Bages", le "Hasard" s’est maintenant arrêté, mais il nous reste l’Amour…
Stefan Frowein
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Die Tatsache, dass deutschsprachige Mitbürger den Löwenanteil der
ausländischen Anwohner in Bages ausmachen kam durch mehrere Zufälle
zustande :
Ein erster aber wichtiger Zufall war die Ansiedlung des rätoromanischen
Künstlers Matias Spescha
im Jahre 1958. In seinem
Schlepptau siedelten sich
einige schweizerdeutsche
Freunde von ihm in Bages
an und retteten durch ihre
Renovationen das alte
Dorf vor dem Zerfall.
U l r i k e u n d R i c h a rd
Rosellen waren die ersten
Deutschen, die zufällig
ein Haus in Bages
erwarben. Stefan Frowein
kaufte deren Haus am
Cadran Solaire und ihm folgten viele seiner Freunde wovon einige im alten
Dorf Häuser erstanden und sanierten. Die Bekanntschaft mit Matias Spescha,
der freundliche Empfang durch die Bevölkerung, spannende Spiele bei La Boule
Bageoise und die vielen geselligen
Feste der Bager Dorfvereine sowie
die tolle landschaftliche Umgebung
waren deren Motive sich in Bages
niederzulassen.
Der letzte Zufall war, dass beinahe
die Hälfte der Grundstücke des
Lotissement du village des Pêcheurs
über Anzeigen in deutschen
Tageszeitungen verkauft werden
konnten, was die deutsche Kolonie in
Bages erheblich erweitert hat.
Till Sachsenheimer
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CA AURAIT PU...
A Bages, on aurait pu intégrer du fleurissement aux récents travaux routiers :
moins de surfaces imperméabilisées, plus de diversité, un aspect plus avenant et
mieux fini…
Qu’en pensez-vous ?
Aux Pesquis, on aurait pu intégrer du fleurissement aux récents travaux
routiers : moins de surfaces imperméabilisées, plus de diversité, un aspect plus
avenant et mieux fini…
Qu’en pensez-vous ?
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SPIRULINE EN CORBIÈRES
Ayant grandi à Bages, l'étang, ses poissons, ses crabes et ses algues ont été son
terrain de jeu et ses jouets pendant bien des années. Pas de mystère alors dans le
fait que son premier métier fut pêcheur sur l'étang. Puis d'autres centres d'intérêt
l'ont amené vers d'autres activités, d'autres cieux.
Aujourd'hui, 30 ans plus tard, voici Emmanuel Rousseau de nouveau dans les
algues (clin d'œil aux étangs de sa jeunesse ?), mais cette fois-ci dans les
Corbières, entre Lagrasse et Carcassonne.
"Vouloir cultiver des algues dans les
Corbières ?!" s'est exclamé un vieux,
croisé ici à l'époque où il recherchait du
terrain pour ce projet… le prenant
vraiment pour un fou ! Aujourd'hui le
projet est devenu réalité et Emmanuel
cultive une algue microscopique, la
spiruline, depuis bientôt 2 ans à
Pradelles-en-Val. La culture se fait sous
serre à la belle saison (de mai à
septembre), dans des bassins de faible
profondeur, agités par des roues à aubes.
La spiruline est l’un des aliments les plus
complets que l'on connaisse actuellement, et
qui intéresse pour des raisons diverses de
plus en plus de secteurs économiques,
notamment la recherche médicale et
l'industrie pharmaceutique.
Pourquoi Emmanuel a-t-il choisi la
spiruline ? Parce que c'est un aliment hors
norme, qui apporte au quotidien une
panoplie impressionnante de nutriments, et qui a fait ses preuves, notamment en
Afrique, dans la lutte contre la malnutrition. Parce que c'est une agriculture très
peu consommatrice d'eau et qui ne demande aucun traitement. Mais aussi parce
qu'il existe une demande grandissante au niveau local.
Si vous êtes curieux de voir à quoi ressemble une ferme de spiruline, n'hésitez
pas à le contacter ([email protected]).
Propos recueillis auprès d’Emmanuel Rousseau
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JUMELAGE
Le 19 octobre 2015, le village de Jalboun a fêté l'inauguration de la Maison pour
Tous, rénovée par les soins de l'association Riwak grâce aux financements
conjoints de la Suède, de la région Midi-Pyrénées, du département de l'Aude et
de la mairie de Bages.
Ce jour-là, l'atmosphère était
très chaleureuse : jeunes,
vieux, hommes et femmes se
côtoyaient. Trois habitants de
Bages (Jean Costadau, Sylvie
Mantel et Annick Thévenin)
avaient fait le déplacement
pour cette inauguration. Ils
ont présenté leurs vœux de
réussite de la part du Comité
de Jumelage et de la municipalité. La dernière des
interventions de la matinée inaugurale a été celle d'une jeune fille du cours de
français qui a rappelé que "les amis de Bages qui viennent de très loin sont
toujours les bienvenus dans leur village de Palestine". Puis les jeunes garçons
ont dansé le dabké en costume traditionnel.
Sylvie Mantel
PELE-MELE...
La Distillerie Jazz, Château de Prat-de-Cest (infos, réservation : 06 79 92 89 49)
Samedi 28 mai 2016, 21h00
Sangoma Everett Trio
Il a accompagné Jimmy Smith, Steve Lacy, Dizzy Gillespie, Laurent de Wilde...
et a récemment créé ce trio avec deux brillants jeunes musiciens lyonnais :
proche de la perfection !
Mercredi 3 août 2016, 21h30
Pedro Soler / Gaspar Claus
Guitare flamenco et violoncelle, père et fils, 2 artistes exceptionnels, un superbe
concert chargé d'émotion et de créativité.
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Sur les murs de la galerie L’Etang d’Art (www.letangdart.com)
• En ce moment jusqu’au 1er mai :
Marie-Hélène Carcanague (peinture)
et Félix Valdelièvre (sculpture)
• Exposition de l’été : Philippe Sentou - Vernissage le 21/05 à partir de 18h30
• Marché de l’Art : le 04/09 avec la Guinguette en bord d'étang
• Du 10/09 au 05/11 : Martine Trouïs et Michel Alquier
Vernissage le 10/09 à partir de 18h30
Expositions au Lab Latuvu (www.latuvu.fr)
Un printemps et un été sur le thême "Les copains d'abord" de Georges Brassens :
• Yves Beaumont : Fluctuat nec mergitur, 10/04 - 29/05
• Jean Bilquin : Le radeau, 12/06 - 24/07
• Yves Velter : Sémaphores, 31/07 - 04/09
Expositions à Caviart (www.marierenard-caviart.vpweb.fr)
• "Lien(s)" par Aïdée Bernard et Loïc Trévelot : 24/06 - 17/07
• "Sans filet(s)" par Roeger Gordon Ree et Doyce Schläpfer : 22/7 - 14/8
• "Brouillage(s)" par Claudine Capdeville et Marie Renard : 19/8 - 11/9
Pour les balades
Bages, une lagune, des paysages : 2 dates
Déambulation paysagère permettant de découvrir la lagune. Partant du village de Bages,
venez basculer vers les étangs et leur grand paysage, comprendre le fonctionnement, la
naissance et la vie de la lagune. (5 km environ)
• Samedi 16/07 (9h30 - 12h30), rdv galerie l’Etang d’Art.
• Jeudi 04/08 (9h30 - 12h30), rdv galerie l’Etang d’Art.
D’autres dates de balades paraîtront prochainement dans les publications des Espaces
Naturels Sensibles.
Renseignements à la galerie l’Etang d’Art - tél. 04 68 42 81 11.
Au prochain numéro à l'automne 2016 !
Les personnes et associations souhaitant annoncer leur programme d'activité
au village peuvent contacter Vivons Bages.
Journal édité par l'association Vivons Bages
Tous droits de reproduction réservés.
Adresse postale : 27 Lotissement Le Village des Pêcheurs, 11100 Bages
Courriel : [email protected] - www.vivonsbages.fr
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