Aigrette 3 - Vivons Bages
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Aigrette 3 - Vivons Bages
n°3 printemps 2016 EN QUELQUES MOTS... Pas de gel ni de neige, pas d'inondations ni de grand coup de mer, finalement assez peu de jours de vent : l'hiver a été discret cette année. Les amandiers et la vigne en témoignent... Pourtant, sous la douceur, le train de la vie et la course du monde ont poursuivi leur route sans faiblir, engendrant parfois une actualité particulièrement cruelle. Vivons Bages, de son côté, a continué de travailler pour contribuer à faire bouger le village, avec notamment une pétition en direction du Grand Narbonne et des opérateurs pour l’amélioration de la réception des téléphones portables et d’internet, et l’organisation d’un atelier participatif pour imaginer ce que pourrait être en matière d’urbanisme le village de demain. Nous en rendrons compte dans le prochain numéro. Celui-ci nous entraîne sur les pas du Bages d’hier et d’aujourd’hui : on y (re)découvre des pans de son histoire et de ses mutations récentes, certaines enrichissantes, d’autres préoccupantes, des plaisirs saisonniers liés à la nature environnante ou encore des talents grandis ou révélés dans le village. Bonne lecture, bonnes réflexions, et profitez bien du printemps ! Jacques Magnaudet 1 CUEILLETTE D’ASPERGES SAUVAGES C’est le début de l’année. L’hiver s’effiloche et laisse derrière lui les vestiges de branches dénudées et de flétrissures. Tout semble inanimé. Pourtant, tout va bien. La nature nous murmure que rien n’est achevé. On languit. On guette. On hume le parfum d’un doux présage. Et alors que l’hiver tire sa dernière révérence, les amandiers tirent leur première pétarade blanche et rose pâle. Tout en plumage nuptial, ils lancent les hostilités. La cueillette des plantes sauvages va pouvoir commencer. Il est donc temps d’arpenter la garrigue et se mettre à la recherche de l’Asparagus acutifolius. Les âmes sages choisissent les sentiers les moins escarpés. Elles laissent à d’autres penser que crapahuter fait grossir le bouquet. Mais qu’importe, l’asperge est partout à nos pieds pour qui veut bien la ramasser. Nous sillonnons les côteaux de rocailles et d’épineux afin de découvrir la fine dentelle qui picote un peu : la "mate". On la trouve au pied d’un pin ou d’un olivier, ou bien en bordure d’une friche où plus tard immortelles et asphodèles vont se mélanger. La mate est intimement liée à l’asperge, il semblerait qu’elle la protège. Mais par sa présence, elle la trahit. Dès qu’on l’aperçoit, l’or vert déniché est aussitôt cueilli. Tantôt grasse à souhait, tantôt timide à pleurer, tantôt belle et généreuse, tantôt grande, frêle et effilée, nous cueillons la tige à la pointe tressée. 2 Elle est une aubaine, un don de la terre nourricière, et par tous les temps, chaque année, la ramasser est un rituel qui nous plaît. Nous la cueillons… jusqu’à ce que pouce et index ne puissent contenir le bouquet. A la maison, nous mettons le fagot dans un pot en verre. Il s’abreuve et ravit le coin de l’évier. Il est là, parmi nous, comme un trophée, il attend de parfumer nos mets. Ses pointes à nouveau dressées témoignent des réjouissances de la simplicité. Il est là, il nous réconcilie avec la vie. Il est là, il régale nos papilles. Puis… il n’est plus là. En avril, il est de coutume de faire "pâquette". C’est l’occasion de partager la toute dernière récolte. En famille ou entre amis, on cherche l’endroit exquis, un coin de garrigue, une pinède ombragée qu’Eole aurait désertée. Ces agapes honorent l’ultime offrande et l’insouciance des affinités. Sur le madras, l’omelette pascale aux asperges sauvages rayonne comme un soleil. Isabelle Pamies JEU DES ANAGRAMMES Inversez les lettres inscrites sur la remorque pour obtenir différentes expressions. Réponses : MARDI ET REVE MER, ART DE VIE V... TA M…, à voir rue de l'Ancien Puits L'Aigrette Ga(r)zette est aussi téléchargeable sur le site www.vivonsbages.fr 3 AU TEMPS DE TOURNEBELLE A chaque fois que le Grand Castelou ou la gare de GruissanTournebelle sont évoqués avec les plus anciens du village, les souvenirs reviennent et les visages s'éclairent… Pour ceux qui avait 15 à 20 ans au sortir de la guerre, ces lieux étaient convoités pour le travail et les loisirs. La présence de la gare, des exploitations agricoles et d'une usine d'engrais à Mandirac, avait fait que ce hameau était bien peuplé. Une école existait à côté de l'écluse ainsi que deux cafés-restaurants, à côté de l'emplacement de la guinguette actuelle. Pierre Coustal a bien voulu nous raconter cette époque. L'histoire commence au décès de son père en septembre 1944. A 14 ans, il le remplace et débute dans les vignes de Réveillon en travaillant dans l'équipe des femmes. Il partait le matin à 5h 1/2 à pied avec deux autres femmes de Bages pour la journée "d'escaoussel". Rapidement, Pierre qui ne "papotait pas", est remarqué par le contremaître et reçoit des remontrances car il se tient un peu à l'écart des autres. Heureusement, une femme qui était là explique : "Maître, vous ne voyez pas qu'il fait trois rangées quand nous on en fait une !". Dès le lendemain, sa journée se retrouve requalifiée en journée d'homme pour travailler avec un cheval au labour. Mais les temps étaient durs pour les chevaux et pour les hommes : pas grand chose à se mettre sous la dent. Les chevaux étaient si faibles qu’ils étaient en repos à l’étable : "pendus pour ne poser les pattes qu’à peine sur le sol". Si jamais ils se couchaient épuisés, ils ne se relevaient pas et mourraient. 4 Quand, avec un peu de luzerne, ils étaient "remis en forme", ils revenaient au travail. Pour les hommes, et aussi pour Pierre, le manque de nourriture entraînait de grandes difficultés à travailler ; il est alors parti à la montagne une année et demi pour se retaper. Il nous racontera un jour en détail cet épisode qui, à lui seul, prendrait trop de place dans ce récit. A 17 ans, il revient et retrouve une place au labour à Réveillon. Au bout de quelques mois, soit en mai 1947, les salaires étaient très bas et un mouvement de grève a commencé à Réveillon, puis a gagné toutes les exploitations autour de Bages (Prat-de-Cest, Estarac, Le Pavillon…). Tous les travailleurs de Bages se sont ligués pour étendre le mouvement au Narbonnais. Au bout d’un mois de bagarre… ils ont obtenu gain de cause. Mais, revers de la lutte, une douzaine se sont retrouvés "bannis de Bages" pour le travail. C’est à partir de ce moment-là que ce groupe a commencé à aller travailler dans les exploitations du Grand Castelou, à Sainte-Louise et à Narbonne. De fin 1947 à mi-1949, le moyen de transport pour se rendre au Grand Castelou était une grande barque à fond plat sur laquelle prenaient place douze personnes (Léontine, Reine, Kléber, Joachim, Théophile, Chacalet, André, Yves, Ernest, …, et Pierre). A la rame, la traversée ne prenait pas beaucoup de temps, surtout à l’aller. "Il y avait quatre paires de rames. On partait à 7 h pour commencer la journée de travail à 8 h. Mais quelquefois on hissait la voile carrée et le trajet ne durait que 5 minutes. Par contre on n’allait pas toujours où on voulait !". La navigation pour le retour était plus compliquée : "Quatre fois on est venu nous chercher avec deux bateaux à moteur quand le Cers soufflait très fort". Pierre évoque alors un épisode qui aurait pu mal tourner : alors qu’ils étaient en congés, le patron leur a demandé de venir quand même travailler. Un jeune contremaître "qui sortait de l’école" leur a fait mélanger du souffre avec un autre produit chimique. Sur les cinq volontaires, trois sont tombés comme des mouches. Une fois chargés sur la barque et rendus au beau milieu de La barque servait également à aller chercher le lait à Tournebelle où il y avait des vaches. 5 l'étang, ils ont été secourus par les pêcheurs. C’est un médecin en vacances au village qui les a soignés. La barque ne servait pas qu’au transport pour les jours de travail. Le dimanche venu, c’est au café que la jeunesse se retrouvait. Ces jours-là, il fallait faire attention à ne pas salir les habits du dimanche et la barque devait nécessairement arriver au ponton… Ce café, tenu au départ par Mme Olive, fut repris par la famille Cabrol et plus tard par la famille Moulins. Après la période du "pick-up" juste après la guerre, l’orchestre Carbonnel venait y jouer ; plus tard c’était la famille Ross (le père à l’accordéon, le fils à la batterie et la fille qui dansait en jouant des castagnettes). En dernier, c’était Candide Corte en homme-orchestre portant le piano à bretelles et une grosse caisse avec la cymbale. La famille Ross… et voilà Pierre qui repart sur une autre anecdote : "On dansait aussi à La Nouvelle au bord du canal et un dimanche l’orchestre avait déclaré forfait et nous avons demandé à la famille Ross de le remplacer. Ils sont venus et Paul avait pris la trompette ; il y avait du monde "comme ça" ! Ca avait été une soirée mémorable !". Devant le café. Au fond, l’école et l’écluse. L’équipe de Bages était toujours au moins constituée de Claude, Lucien, Paul et Pierre également musiciens, aux clairons, à la trompette et au tambour. Ils ne faisaient pas danser, mais le spectacle musical était assuré. Pierre regrette 6 encore ce jour de carnaval où ils s'étaient déguisés : Pierre en vahiné avec jupette de raphia, reconnu par sa mère, s'est retrouvé à la maison alors que les autres également en petite tenue ont bravé les embruns et le froid pour aller faire le spectacle… La musique, Pierre l’avait apprise pendant la guerre auprès de M. Rosenberg (violoniste) qui s’était réfugié au village et il a continué à l’étudier par la suite ; il allait le soir à Narbonne en vélo après la journée de travail pour préparer son diplôme. Quand il est parti au service militaire en 1950, cela lui a permis d'intégrer la musique du régiment. Le travail au Grand Castelou et les traversées journalières de l'étang se sont arrêtées en 1949 avec la faillite de l'exploitation. Les Bageots ont alors retrouvé du travail à l'entrée de Narbonne, à l'emplacement de ce qui reste aujourd’hui de l’usine "Egretier". Le vélo à remplacé la barque ; mais celleci était toujours utilisée pour aller danser à Tournebelle. Pour Pierre, c'est la fin de cette histoire qui coïncide avec son départ au service militaire. Propos recueillis par Alain Pamies auprès de Pierre Coustal BAGES DEMAIN ? Une bonne quarantaine de personnes ont participé à l’atelier créatif que Vivons Bages organisait le dimanche 10 avril, dans une ambiance très conviviale. Nous en ferons une synthèse dans le prochain numéro de l’Aigrette. 7 POUR NATHALIE ET JEAN-CLAUDE Le bord de l'étang est vide Où est donc Nathalie ? Je ne vois plus de camion, ni de Nathalie. Elle se retroussait les manches, Elle n'avait jamais fini, Travaillait même le dimanche, Nathalie. Elle s'installait à la Rivière On pouvait y boire un verre ou bien un chocolat. Et quand on criait famine, On allait à l'heure où l'on dîne Manger un petit plat. Plus question à la Rivière D'aller y boire un verre Puisqu’elle n'est plus là. Les encornets à la rouille, Maintenant on se débrouille Pour faire la paëlla. Avec Jean-Claude, au moment de l'été, Quelques tables, quelques bancs Pour passer un bon moment. Jean-Claude, il les installait ; Quand ils venaient là le soir, Nathalie cuisinait. Le bord de l'étang est vide, Vers l'Espagne sont repartis, Pas besoin de guide Au pays de Nathalie. Vous les joueurs de pétanque, Maintenant qu'elle est partie, Je suis sûr qu'elle vous manque, Nathalie. Alain Pamies Vous aimez l'Aigrette ? Ce journal est écrit, réalisé et distribué bénévolement dans l'ensemble de la commune par Vivons Bages. Il est tiré à 560 exemplaires. Son coût d'impression représente environ les 3/4 des recettes de l'association. S’il vous intéresse, si vous pensez qu'il est utile au village et si vous souhaitez nous aider à le faire vivre, vous pouvez contribuer à son financement en adressant un chèque du montant de votre choix au siège de l'association : 27 Lotissement Le Village des Pêcheurs, 11100 Bages. 8 MAIS QUEL EST DONC CE VENT NOUVEAU ? Tout le monde à Bages connaît le Cers, le Grec ou encore le Marin. Ils façonnent en profondeur la vie et les activités du village. Mais voilà que dans la période récente, un vent nouveau a fait son apparition et semble inexorablement gagner en puissance : le vent du laisser-aller et du laisser-faire… Petite randonnée à l’intérieur et autour du village, permettant d’apprécier quelques éléments de la situation climatique actuelle : Les tas de gravats fleurissent : parcelles et chemins sont envahis, de "discrets" remblais poussent ici et là. Certes, certains sont "saisonniers", enlevés ou aplanis au bout de quelques temps, mais la contagion gagne doucement. Effet inattendu de la surproduction de la cimenterie de La Nouvelle ? Destockage sauvage des magasins de bricolage de Narbonne ? Mystère… Les déchets végétaux ont aussi fait une apparition remarquée, sans doute en vue de constituer le futur poumon vert du village. Continuons notre promenade… Ici un mur traditionnel en pierres sèches cède soudain le pas à un enrochement dont le style n’est pas sans rappeler celui de la Grande Muraille. Là, une façade brille désormais de mille feux, éclairant la route départementale de jour comme de nuit. Ici encore, en plein cœur du village, un cyprès situé sur avant... le domaine public et mille fois pris en photo ou représenté en peinture est généreusement "étêté" par un propriétaire privé dont il limitait la vue… En bord d’étang, les palettes prolifèrent, concurrençant peu à peu la salicorne. Le chemin de planches tend à se transformer en ligne pointillée, offrant un joli parcours du combattant à ceux qui ne se résignent pas à passer au travers. Quelques touches de barrières en bois brisées et de lampadaires en lambeaux viennent compléter le tableau. Sur ce sujet, la comparaison avec un village voisin est cruelle… 9 Mais que s’est-t-il donc passé ? Est-ce une conséquence imprévue du réchauffement climatique faisant dire à chacun : "puisque tout ça va bientôt disparaître sous l’eau, autant ne pas me fatiguer et faire ce qui m’est le plus facile ou le plus agréable" ? Soyons un peu sérieux : nous sommes tous responsables ! La voix du moindre effort, celle qui murmure à l’oreille de chacun de nous que la déchetterie se trouve trop loin ou coûte trop cher, qu’une fois obtenu un permis de construire il est urgent d’oublier ce qu’on a déclaré dans la demande déposée, ou encore que l’espace public n’appartient à personne et peut donc être utilisé et transformé à sa guise, cette voix-là est celle qui, de petits arrangements avec soi-même en petites tricheries, peut rapidement transformer un site unique et envié en banale arrière-cour des zones d’activités du sud de Narbonne. Nos élus ont aussi un rôle central à jouer : la commune possède (heureusement, mais peut-être pas pour longtemps) des responsabilités en matière de permis de construire. En faire respecter le contenu fait partie de ses fonctions, même s’il s’agit d’un "sport" qui rend rarement populaire auprès des demandeurs rappelés à l’ordre. Veiller à la qualité des espaces publics, notamment des abords de l’étang et des rues et chemins du village, est aussi l’une de leurs missions, en premier lieu par respect pour tous les habitants et électeurs, mais aussi pour la "carte de visite" que ne peut ignorer un village qui met en avant son site et son environnement exceptionnels, ainsi que ses liens avec l’art. "Il faut être fier d’avoir hérité de tout ce que le passé avait de meilleur et de plus noble. Il ne faut pas souiller son patrimoine en multipliant les erreurs passées" affiche le site internet de la Mairie en citant Gandhi… Espérons que ce "coup de gueule" contribuera modestement à rappeler à chacun de nous ses responsabilités et nous aidera à ne pas perdre de vue que nos actes d’aujourd’hui, petits et grands, conditionnent dans l’immédiat notre qualité de vie collective et l’attractivité de notre village, mais aussi la valeur du patrimoine que nous léguerons demain aux générations futures. 10 x! i o h c Au 11 LE HASARD FAIT PARFOIS BIEN LES CHOSES... Souvent on nous pose la question suivante à Bages : "Comment se fait-t-il qu'il y ait un nombre relativement important de suisses-allemands et d'allemands dans ce petit village de viticulteurs et de pêcheurs de l'Aude ?" Etant moi-même depuis 1976, un de ces "estrangers", comme on appelle traditionnellement les non-bageots au village, je vous livre ma réflexion. Et mon analyse est relativement simple : "c'est plutôt par hasard qu’on en est arrivés là !". Tout a commencé avec Matias Spescha, cet artiste, peintre-sculpteur suisse, qui découvre Bages en 1958 et y vit 50 ans jusqu'à la fin de sa vie en juin 2008. En route pour l'Espagne, avec un copain américain et sa compagne, sa voiture, une vieille Renault Frégate, tombe en panne à Narbonne. Elle est difficile à réparer, le mécanicien consulté dit à Matias qu'il faut compter quelques jours. Les finances étant au plus juste, ils décident, sur le conseil du garagiste narbonnais, de chercher un logement pas cher à Bages pour attendre la réparation de la Frégate. Les trois voyageurs trouvent leur lieu d’accueil plutôt charmant et agréable et décident de s'y installer au moins pendant quelques temps en laissant tomber l'idée de la visite en Espagne. Une maison en ruine rue des Remparts est vite trouvée, achetée à un prix très abordable et remise en état par le trio de jeunes artistes. La Frégate est réparée mais le voyage en Espagne s'arrête définitivement à Bages. L’arrivée de Matias est bien le fait du hasard, n'est-ce-pas ? On l'appelle alors "Mathieu", et il s'intègre très vite dans la petite communauté. Son travail d'artiste, la remise en état de sa petite maison ainsi que la construction de la première galerie d'art du village l'occupent à fond. Les soirs, il joue à la belote au bar d'Henri Tesquié, sur la place Juin 1907. 12 Avec lui, tous les dimanches et parfois en semaine avant la "soupe", les mêmes "suspects habituels", tels que Camille, Pierre, Régis et l'épicier Louis Castan, qui discutent et jouent aux cartes. Il fume ses Gauloises et boit son anis préféré, le Berger Blanc. Voilà l'artiste bien intégré et apprécié des bageots. Chaque année en été, il reçoit pendant les mois de vacances ses amis de la Suisse allemande. Plusieurs d'entre eux décident également d'acquérir de vieilles maisons dans le village pour les retaper et y séjourner pendant les vacances. Aloïs Carigiet, le fameux peintre, dessinateur-lithographe, auteur de livres pour enfants, originaire de Trun en Suisse comme Mathieu, est certainement le plus connu. Il y a également les familles Ziegler, Reist Kuhn, Baer et Niederreuter, qui ont toutes encore des maisons dans le vieux village et font naturellement partie de la population de l'été à Bages. Ces "estrangers-suisses", qui ont simplement suivi Mathieu, sont donc ici dans la suite logique du même hasard. Chronologiquement, mon tour arrive en 1976. Convaincu par ma compagne de l'époque, Liesel Graph, nous nous rendons à Bages où elle a trouvé une petite maison à louer. Cette maison appartient à Richard et Ulrike Rosellen, comme nous originaires de Fribourg en Forêt Noire. Ces vacances s’avèrent tout simplement fantastiques et nous ressentons le coup de foudre pour Bages. La maison au n°2 de la rue du Cadran Solaire, voisine du bar d'Henri Tesquié (!), est achetée l'année suivante et les vacances à Bages sont désormais assurées. 13 Cela ressemble donc plutôt aussi à un coup de hasard. Nous sommes vite intégrés dans la communauté bageote. Je joue aux boules presque tous les jours au boulodrome et les fêtes mémorables au foyer et au boulodrome se succèdent pendant tout l'été : sardinade, moulade, thonade, bourride, etc... sont organisés par la Boule Bageoise et le fameux Football Club de Bages présidé par Pierre Coustal et Céline Busto. La bonne ambiance permet la communication entre tous les participants, "estrangers" et "autochtones" et nous faisons la fête. Le mélange est très sympathique. Nous profitons de la gentillesse, de la simplicité et de l’ouverture d'esprit de tous ces fêtards jeunes ou vieux. Nous nous régalons et nos enfants également. D'autre part, j'ai une grande chance grâce à mon ami Mathieu : nous sympathisons dès notre première rencontre et il y a avec lui toute sa bande de copains et copines suisses. Nous passons ensemble des soirées entières à jouer au billard, au poker, à faire des repas chez l'un ou l'autre, à aller à la plage et au restaurant à Gruissan, Narbonne-Plage ou Port-la-Nouvelle. Des vacances simplement merveilleuses !!! Les visites des amis de Fribourg pendant les vacances se multiplient chez Mathieu et chez nous. Les acquisitions de maisons à retaper continuent. Tout ce monde vient donc en quelque sorte s’installer à Bages par la prolongation du même hasard. Richard et Ulrike ont déjà une maison depuis quelques années, quand Till et Ina, suivis rapidement par Bernd et Angela, s'installent aussi rue des Remparts. Walter et Françoise et Horst et Christiane deviennent mes copropriétaires au n°4 de la rue du Cadran Solaire, communément appelé "la maison des quatre coins". La petite communauté de Fribourg est alors bien contaminée par le "virus de Bages" qui infecte déjà "la bande à Mathieu". 14 Une nouvelle vague de "migration allemande" vers Bages a lieu ensuite dans les années 1990. Le Village des Pêcheurs est loti et les parcelles et maisons sont vendues à grande vitesse par des promoteurs qui opèrent aussi en Allemagne. C'est ainsi que les familles Bitzer, Wunderle, Grimm, Dietz et autres arrivent dans ce lotissement. Le "hasard" de la promotion immobilière… est venu en complément ! En ajoutant Franka Hendorf à la Rivière et Ingrid Hornef au lotissement de la rue Jean Moulin, on compte donc aujourd'hui une importante communauté d'allemands et de suisses germanophones à Bages. Certains y viennent de temps en temps, d’autres y vivent en permanence comme moi-même, et d'autres y passent le plus souvent possible leurs vacances. Comme je l’ai expliqué plus haut, les allemands et les suisses sont venus plutôt par hasard, mais ils sont restés par conviction de vivre dans un village magique qui offre une grande qualité de vie à ses habitants grâce à son emplacement et son architecture pittoresques, à l’environnement du parc naturel avec son étang magnifique. Mais avant tout, grâce à la gentillesse des bageots qui accueillent volontiers leurs "estrangers" dans la simplicité et avec un grand cœur. Bien évidemment il n'y a pas eu qu’eux pour s'installer à Bages depuis les années 50 et 60. On compte aussi des français de toutes les régions de l’Hexagone notamment l'Alsace, la Bretagne, les régions parisienne et lyonnaise, sans oublier les américains, anglais, belges, danois, néerlandais, norvégiens et … que l'on peut rencontrer à l’entour, qui comme nous font partie des "estrangers" du "village international" du bord de l'étang de Bages. Combien de hasards inexplicables ? Pour conclure ce jeu du "Qu’est ce qui m’arrive Ô Bages", le "Hasard" s’est maintenant arrêté, mais il nous reste l’Amour… Stefan Frowein 15 Die Tatsache, dass deutschsprachige Mitbürger den Löwenanteil der ausländischen Anwohner in Bages ausmachen kam durch mehrere Zufälle zustande : Ein erster aber wichtiger Zufall war die Ansiedlung des rätoromanischen Künstlers Matias Spescha im Jahre 1958. In seinem Schlepptau siedelten sich einige schweizerdeutsche Freunde von ihm in Bages an und retteten durch ihre Renovationen das alte Dorf vor dem Zerfall. U l r i k e u n d R i c h a rd Rosellen waren die ersten Deutschen, die zufällig ein Haus in Bages erwarben. Stefan Frowein kaufte deren Haus am Cadran Solaire und ihm folgten viele seiner Freunde wovon einige im alten Dorf Häuser erstanden und sanierten. Die Bekanntschaft mit Matias Spescha, der freundliche Empfang durch die Bevölkerung, spannende Spiele bei La Boule Bageoise und die vielen geselligen Feste der Bager Dorfvereine sowie die tolle landschaftliche Umgebung waren deren Motive sich in Bages niederzulassen. Der letzte Zufall war, dass beinahe die Hälfte der Grundstücke des Lotissement du village des Pêcheurs über Anzeigen in deutschen Tageszeitungen verkauft werden konnten, was die deutsche Kolonie in Bages erheblich erweitert hat. Till Sachsenheimer 16 CA AURAIT PU... A Bages, on aurait pu intégrer du fleurissement aux récents travaux routiers : moins de surfaces imperméabilisées, plus de diversité, un aspect plus avenant et mieux fini… Qu’en pensez-vous ? Aux Pesquis, on aurait pu intégrer du fleurissement aux récents travaux routiers : moins de surfaces imperméabilisées, plus de diversité, un aspect plus avenant et mieux fini… Qu’en pensez-vous ? 17 SPIRULINE EN CORBIÈRES Ayant grandi à Bages, l'étang, ses poissons, ses crabes et ses algues ont été son terrain de jeu et ses jouets pendant bien des années. Pas de mystère alors dans le fait que son premier métier fut pêcheur sur l'étang. Puis d'autres centres d'intérêt l'ont amené vers d'autres activités, d'autres cieux. Aujourd'hui, 30 ans plus tard, voici Emmanuel Rousseau de nouveau dans les algues (clin d'œil aux étangs de sa jeunesse ?), mais cette fois-ci dans les Corbières, entre Lagrasse et Carcassonne. "Vouloir cultiver des algues dans les Corbières ?!" s'est exclamé un vieux, croisé ici à l'époque où il recherchait du terrain pour ce projet… le prenant vraiment pour un fou ! Aujourd'hui le projet est devenu réalité et Emmanuel cultive une algue microscopique, la spiruline, depuis bientôt 2 ans à Pradelles-en-Val. La culture se fait sous serre à la belle saison (de mai à septembre), dans des bassins de faible profondeur, agités par des roues à aubes. La spiruline est l’un des aliments les plus complets que l'on connaisse actuellement, et qui intéresse pour des raisons diverses de plus en plus de secteurs économiques, notamment la recherche médicale et l'industrie pharmaceutique. Pourquoi Emmanuel a-t-il choisi la spiruline ? Parce que c'est un aliment hors norme, qui apporte au quotidien une panoplie impressionnante de nutriments, et qui a fait ses preuves, notamment en Afrique, dans la lutte contre la malnutrition. Parce que c'est une agriculture très peu consommatrice d'eau et qui ne demande aucun traitement. Mais aussi parce qu'il existe une demande grandissante au niveau local. Si vous êtes curieux de voir à quoi ressemble une ferme de spiruline, n'hésitez pas à le contacter ([email protected]). Propos recueillis auprès d’Emmanuel Rousseau 18 JUMELAGE Le 19 octobre 2015, le village de Jalboun a fêté l'inauguration de la Maison pour Tous, rénovée par les soins de l'association Riwak grâce aux financements conjoints de la Suède, de la région Midi-Pyrénées, du département de l'Aude et de la mairie de Bages. Ce jour-là, l'atmosphère était très chaleureuse : jeunes, vieux, hommes et femmes se côtoyaient. Trois habitants de Bages (Jean Costadau, Sylvie Mantel et Annick Thévenin) avaient fait le déplacement pour cette inauguration. Ils ont présenté leurs vœux de réussite de la part du Comité de Jumelage et de la municipalité. La dernière des interventions de la matinée inaugurale a été celle d'une jeune fille du cours de français qui a rappelé que "les amis de Bages qui viennent de très loin sont toujours les bienvenus dans leur village de Palestine". Puis les jeunes garçons ont dansé le dabké en costume traditionnel. Sylvie Mantel PELE-MELE... La Distillerie Jazz, Château de Prat-de-Cest (infos, réservation : 06 79 92 89 49) Samedi 28 mai 2016, 21h00 Sangoma Everett Trio Il a accompagné Jimmy Smith, Steve Lacy, Dizzy Gillespie, Laurent de Wilde... et a récemment créé ce trio avec deux brillants jeunes musiciens lyonnais : proche de la perfection ! Mercredi 3 août 2016, 21h30 Pedro Soler / Gaspar Claus Guitare flamenco et violoncelle, père et fils, 2 artistes exceptionnels, un superbe concert chargé d'émotion et de créativité. 19 Sur les murs de la galerie L’Etang d’Art (www.letangdart.com) • En ce moment jusqu’au 1er mai : Marie-Hélène Carcanague (peinture) et Félix Valdelièvre (sculpture) • Exposition de l’été : Philippe Sentou - Vernissage le 21/05 à partir de 18h30 • Marché de l’Art : le 04/09 avec la Guinguette en bord d'étang • Du 10/09 au 05/11 : Martine Trouïs et Michel Alquier Vernissage le 10/09 à partir de 18h30 Expositions au Lab Latuvu (www.latuvu.fr) Un printemps et un été sur le thême "Les copains d'abord" de Georges Brassens : • Yves Beaumont : Fluctuat nec mergitur, 10/04 - 29/05 • Jean Bilquin : Le radeau, 12/06 - 24/07 • Yves Velter : Sémaphores, 31/07 - 04/09 Expositions à Caviart (www.marierenard-caviart.vpweb.fr) • "Lien(s)" par Aïdée Bernard et Loïc Trévelot : 24/06 - 17/07 • "Sans filet(s)" par Roeger Gordon Ree et Doyce Schläpfer : 22/7 - 14/8 • "Brouillage(s)" par Claudine Capdeville et Marie Renard : 19/8 - 11/9 Pour les balades Bages, une lagune, des paysages : 2 dates Déambulation paysagère permettant de découvrir la lagune. Partant du village de Bages, venez basculer vers les étangs et leur grand paysage, comprendre le fonctionnement, la naissance et la vie de la lagune. (5 km environ) • Samedi 16/07 (9h30 - 12h30), rdv galerie l’Etang d’Art. • Jeudi 04/08 (9h30 - 12h30), rdv galerie l’Etang d’Art. D’autres dates de balades paraîtront prochainement dans les publications des Espaces Naturels Sensibles. Renseignements à la galerie l’Etang d’Art - tél. 04 68 42 81 11. Au prochain numéro à l'automne 2016 ! Les personnes et associations souhaitant annoncer leur programme d'activité au village peuvent contacter Vivons Bages. Journal édité par l'association Vivons Bages Tous droits de reproduction réservés. Adresse postale : 27 Lotissement Le Village des Pêcheurs, 11100 Bages Courriel : [email protected] - www.vivonsbages.fr 20